Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-10-22
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 octobre 1869 22 octobre 1869
Description : 1869/10/22 (A4,N1282). 1869/10/22 (A4,N1282).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4718284m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
ï Enp V ■, c'est râMndon et lè,béèôth dèsé'créflr
Ve c existence ; ce sont des liaisons contrac-
tées d ■ des conditions illicites. Une fois sur cette
pente, tiédie ne s'arrête ^ plus, elle descend tou-
jours. i is viennent la rnisère, les expédients, les
faux, < conséquences desquels:on ne peut se
Knst. 'j' que par le: suicide.
No', nnsacrons cet article à lat première partie
éc l'h ! ■ :'e de cette jeune femme, qui s'est don-
!lé lu mort à vingtrsix ans dans tout l'éclat de sa
ieaulc.
Amélie était merveilleusement douée par la na-
ture. Klitî se faisait remarquer par ses manières
affable-. par la distinction de sa conversation,,par-
lois fin! àsque, romanesque toujours. La douceur
de sa son air de bienveillance la rendaient
sympa * que à première vue; son sourdre était ir-
1'ésisti Il: " et charmant.
, Celte .icune femme, bien qu'abreuvée de tant de
déceptiot!S, souriait à la mort comme on sourit à
l'aspect tl'un être aimé ! " ^
En sortant du pensionnat à l'âge de quinze ans
et demi, ses parents songent à la marier. Un parti
ne présente; le prétendant a le double de son âge;
mais il est en possession d'une position sociale; il
est ingénieur.
•. Elle ai cueille sans déplaisir la demande de sa
inain.. -
Le mariage a lieu sous les auspices les plus
favorahles; il y avait de part et d'autre une com-
: munanic' de sentiments d'estime et de sympathie,
la faveur desquels naquit une tendre, et mu-
fÍiIuelle affection.
M. E... loua tout exprès pour sa femme de
;])eaux appartements qu'il meubla avec un cer-
tain luxe sur le boulevard Saint-Germain, récem-
'ment construit.
La jeune femme racontait dernièrement encore,
mais avec un sourire empreint de tristesse et,
de mélancolie, avec quelle fébrile impatience elle
attendait, le soir, le retour de son mari.
— Nous étions si heureux ! s'écriait-elle. Lors-
que j'entendais monter dans l'escalier, mon cœur
battait ;< » ec une violence à rompre les artères, et
lorsque la sonnette s'agitait, je courais, en pous-
sant un cri de joie, ouvrir la porte et tombais dans
les bras de mon mari presque défaillante.
Puis prenant un air grave et refoulant dans son
cœur des souvenirs contrastant avec l'état de son
esprit, elle ajoutait avec un accent navrant
— C'csl lui qui l'a voulu. Je l'aimais, il s'est
■îîait délester, mépriser ; il n'a pas compris ou plu-
tôt il a oublié que le respect, la dignité sont indi-
visibles. que le bonheur de l'un est subordonné
au bonheur de l'autre , que l'amour est une idole
et qu'en la brisant il n'y a plus d'espoir d'en re-
constituer les débris.
Ces paroles faisaient allusion à une scène de
ménage que nous avons déjà fait pressentir et que
nous lions rapporter.
M. E... fréquentait un ami de collège qui l'en-
tralll:';t au café. Cet ami abusait de l'absinthe, la
boisson la plus funeste, le plus actif dissolvant des
facultés intellectuelles; si bien que M. E... fi-
nit ïiov r'y habituer également.
Un snir, étant rentré chez lui après en avoir
absoi ' é une certaine quantité en compagnie de son
a.mi, surexcité par les vapeurs de cette boisson, il
'Oublia le respect et les égards qu'il devait à sa
jcmiT)", d'une nature impressionnable et délicate,
11 s'oublia jusque la souffleter.
Cet a no de violence insolite opéra une révolu-
tion dans le cœur de la jeune femme. Son bon-
heur venait de s'évanouir pour jamais. A partir
de cc moment, un abîme infranchissable la sépa-
rait ch snn mari.
Elle quitta le domicile conjugal pour n'y plus
rentrer.
Abandonné à lui-même, à sa propre réflexion,
M. E... ne tarda pas à s'apercevoir du vide que
l'absence de sa femme faisait dans sa vie.
Il loi témoigna par écrit le regret de s'être porté
à de:' vies de fait indignes d'elle et de lui-même,
3t lui exprimait un sincère repentir. Mais le mal
était t'ait.
Ke .veevant pas de réponse, il menaça la fllJi-
tive de recourir à la loi, qui oblige la femme de
ioha! iler avec son mari.
Celle-ci lui adressa cette lettre glaciale:
« Monsieur, depuis le jour Orl vous m'avez frap-
pée,, je n'ai plus éprouvé pour vous qu'un profond
Ü{';J;:in. 11 n'y a pas de remède co.ntrc une pareille
i)le:..si• re. Ni le repentir, ni le temps ne sauraient
effacer le souvenir d'un pareil outrage.
« \oll:derez ce que vous voudrcx. Ma résolution
est ir''évocab!c. Je ne vous pardonnerai jamais.
« Adieu pour la vie,
« AMHU!-;. »
Eh bien ! ce soufflet donné dans un accès d'i-
vresse va causer la perle de cette-jeune femme r.ée
pour vivre heureuse; ce soufflet va ta.fairp des-
cendre d'échelon en échelon dans les bas-futids so-
ciaux , et la conduire il la misère, au crime et à la
Kiort. —
F
LE MARQUIS DES ORANGERS
La rentrée des orangers du jardin des Tuucncs,
qui s'est faite ces jours derniers, me remet en mé-
moire l'histoire d'un brave homme au'on dési
gnaii, ii y a une dizaine d'années, sous le nom de
marquis des Orangers.
n était gai, aimable, promeneur intrépide, et
Iec 'icinme un c'ou. Pendant six u-.o'.», il était
l'hôte le plus assidu du jardin, des Tuiiei':os. Ce
j&rdin éteit son salon et il ne recevait jamais ail-
s
' teurs allée quiîorfge la rue de '
Rivoli.
QuandTYiné de ses connaissances payait par ha-
sard dans cette allée on il était toujours, il allait
a'HHe, le sourire aux ievres, la main tendue, le
visage épanoui, et il .remerç.iait comme si l'on
était venu lui faire visite.
— Que vous êtes donc aimable de vous sonve-
nir de moi! disait-il.
111 causait avec agrément de toutes choses. SI
l'on faisait mine de poursuivre son chemin, il n'in-
.sm&it pas pour qu'on restât plus longtemps avec
lui. Il se contentait de dire :
— Vous savez que vous me trouverez tous les
jobrs, ici, de deux à six heures, jusqu'au jour où
l'on rentrera les orangers.
!Et en effet, il paraissait aux Tuileries avec les
orangers, et il disparaissait avec eux : de là le sur-
nom donné à ce solitaire vieillard.
Ce qu'il devenait pendant l'hiver, Oll il allait, on
ne le savait pas.
'Ce n'était qu'au printemps suivant, quand les
orangers sortaient de la serre, que notre gentil-
homme sortait, lui aussi, de sa carapace inconnue.
Mais comme il était fier et pimpant aux premiers
rayons du soleil printanicr!
!Un jour, il me raconta son histoire. ^
i « Vous voyez en moi, me disait-il, l'élève le plus
distingué de M. Flourens. Je suis une preuve vi-
vante à l'appui de son système. J'entrai dans ce
monde si chétif qu'on ne me donnait pas quinze
jours d'existence. Chétif je suis venu, chétif j'ai
grandi, chétif j'ai vieilli; mais si vous saviez au
prix de quelle volonté j'ai disputé ma vie à la
mort!
Dès l'âge de dix ans, je commençai à veiller sur
ma. santé, et depuis ce moment je ne me rappelle
pas avoir commis le moindre excès qui pût la
compromettre. Je me lève à heure fixe, je mange
à heure fixe, je suis une pendule vivante.
Pendant tout l'hiver je me claquemure dans
ma chambre, et -ce n'est que lorsque de ma fenê-
tre j'aperçois le premier oranger qu'on roule vers
la grande allée, que je md hasarde à mettre le vi-
sage dehors. J'ai en effet l'existence végétative de
l'r.i'anger.
J'ai supprimé de ma vie les passions, les émo-
Lions, ces liqueurs fortes de l'âme et de l'esprit
qui tuent le corps. Amour, enthousiasme, indi-
gnation, ne me parlez pas de tout cela, je ne sais
ce que c'est. Je ne me suis pas même permis le
charme de l'amitié intime pour n'avoir pas un
jour à en subir les mécomptes.
Si après cela vous prenez "que je su's un égoïste,
je ne vous contredirai pas ; la seule passion que
j'ai eue en ce monde, celle qui a éteint toutes les
autres, c'est la passion de vivre, et j'ai vécu. Fai-
blement constitué comme je l'étais en entrant dans
la vie, j'avais tout nu plus vingt ans à y rester; et
à l'heure qu'il est, j'ai prolongé le bail de près de
cinquante ansau-dela_dc ces vingt arm "cs; aussi
je vous jure que je me promets un bel éclat de
rire, le jour où le caporal noir, qui depuis cin-
quante ans fait le pied de grue à ma porte, vien-
dra me relever de ma faction. »
C'est en 18o7 que le caporal noir entra chez-ce
sublime égoïste, le lendemain du jour où l'on
avait rentré les orangers. (Le National.) '
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
PROLOGUE
VI
L'Hercule
— Ah ! te voilà donc ! grommela Richard, en
mettant son poing fermé sous le menton du jeune-
mousse.
Roger ne broncha pas.
?—Vous avez à me parler, maître Gording, dit-il
d'un ton sous la fermeté duquel perçait une mé-
prisante ironie.
— Tu en doutes, toi ?
— Que voulez-vous?
— Il est temps que ça finisse.
— Quoi ?
— Ignores-tu ce que je veux dire ?
— Puisque je le demande.
— Tu te moques de moi.
— Oh 1 je n'oserais pas.
Richard proféra un juron énergique, et sa large
main secoua rudement le bras de l'enfant...
— J'en ai assez, dit-il d'une voix dont il cher-
chait vainement à contenir les éclats. Voilà huit
jours que cela dure, et c'est trop.
— Vous trouvez...
— Ne m'interromps pas.
— Parlez.
— Je t'ai vu ce soir avec le pilotin, et je ne
veux plus que tu lui parles.
— Est-ce tout?
— Non.
— Continuez.
| — Depuis huit jours, tu n'as cessé de m'évi-
i 1er, et si nous devons jouer ce jeu-]aj j'aime au- I
j tant en finir... tout de suite.
— Que ferez-vous?
— Je te tuerai !
— Des menaces !
— Tu n'y crois pas... <
Roger .;ç, tut un moment.
(1) Voir les numéros à partir du 17 octobre.
ii' -.-.s .......,
Le pauvre enfant, -etait violemment ému: ses
dents mordaient, ses lèvres jusqu'au sang. Par ^
moments, même, sous l'empire d'un sentiment <
inexplicable, de grosses larmes emplissaient ses
yeux, et des sanglots mal étouffés gonflaient sa i
poitrine.
Enfin il secoua, la tète, et, à son tour, saisissant
le bras du matelot avec une sombre énergie :
. — Richard, lui dit-il d'un accent impérieux,
Richard, tu ne te souviens donc plus -de la bar-
rière Satnt-Jacquea?
— Misérable Loo interrompit Gording avec un
cri.
— Il n'y a pas bien longtemps d'e cela, cepen-
dant.
— Tais-toi!...
— Ce jour-là, j'avais fait un sèrment que j'ai
tenu..
— C'est vrai ! c'est vrai !
— Et depuis, j'en ai fait un autre que je tien-
drai avec la même fermeté et la même résolution.
— Malheur! malheur!
Le petit mousse eut un sourire amer.
— Ecoute... Richard!... reprit-il .au bout de
quelques secondes,... et prends bien garde à toi!
Tu sais si je suis courageux; je t'ai montré que la
vue même de l'échafaud ne pouvait m'effrayer, ni
me faire pâlir. Èh bien, n'oublie pas que ta vie
est entre mes mains, et qu'au _ moindre mot, au
moindre geste, que ta colère vienne de l'ivresse
ou de la haine, je n'hésiterai pas à te rendre au
châtiment auquel tu t'es soustrait.
— Ah ! tu ne ferais pas cela!
— Je ne te conseille pas d'essayer.
— Tu as de l'affection pour Raymond?
— Quand cela serait.
— Si cela était!.. Tiens, ne me pousse pas à
bout. Si cela était, ce n'est. pas toi que je tuerais,
mais c'est ce misérable pilotin.
Roger ne répondit pas tout de suite.
Un frisson passa à cette menace sur ses épaules,
et sa main pressa rapidement son front pâle.
— En voilà assez, dit-il brusquement ; je n'ai
ni le temps, ni le désir d'en entendre davantage.
Fais donc ce qui te plaira désormais et ne t'en
prends qu'à toi-même de ce qui pourra advenir..
En parlant ainsi, l'enfant se ( retourna vers
Bally, et lui prenant le bras, il s'éloigna sans se
préoccuper cde. son interlocuteur.
Toutefois, et malgré l'accent d'autorité avec le-
quel il s'était exprimé, en dépit de la résolution
à laquelle il paraissait s'être arrêté, le mousse
réfléchit sans doute pendant la nuit, car, le len-
demain soir, au lieu de se rendre chez Raymond, ^
ainsi qu'il l'avait promis, il resta auprès de Le- '
clerc et ne monta même pas sur le pont.
Est-ce pour lui qu'il avait peur? Est-ce pour le
pilotin qu il redoutait la colère de Richard Gor-
ding? Nous ne saurions le dire.
Toujours est-il qu'à partir de cette nuit, et pen-
dant près de deux mois, il vécut tout à fait isolé,
c'est-à-dire dans la seule compagnie de Bally.
Il n'avait plus revu Raymond.
Ce dernier paraissait lui-même l'avoir eublié ;
depuis le départ de Bordeaux, les choses avaient
d'ailleurs bien changé fi bord ; une mésintelligence
sourde encore était bien près d'éclater.
Marsaud avait été, à plusieurs reprises, vivement
réprimandé pour sa paresse et son insubordination,
et il s'était formé dès lors deux partis, dont l'un,
le plus faible, soutenait le capitaine, dont l'autre,
le plus fort et le plus audacieux, se serrait autour
de Marsaud, qui était le neveu de l'armateur.
Bien qu'il ne se mêlât que fort peu à la vie du
bord, Roger était tenu au courant de ce qui s'y
passait, par les cancans que lui rapportait son ca-
marade.
Il avait appris ainsi que l'équipage était mécon-
tent, et que Marsaud ne négligeait aucune occa-
sion d'exciter les matelots contre le malheureux
commandant.
Mais, jusque là, il n'y avait rien de bien grave,
ni de danger imminent. Aussi une seule pensée
paraissait préoccuper Roger, et plus d'une fois, le
nom de Raymond revint dans ses conversations
avec BaHr.
On eût dit qu'il avait un intérêt puisant à con-
naître l'attitude qu'allait prendre le jeune homme
^ au milieu des dissentiments qui se préparaient, et
' il s'inquiétait souvent du rôle qu il aHuit. jouer,
ou du parti auquel il était disposé à se rallier.
I Une nuit, Roger étant seul dans i 'entrepont, il
ne fut pas peu étonné de voir re venir Ral'y glissant
silencieusement le long des sabords, comme s'il
eût craint qu'on ne le surprit.
— Est-ce toi? fit Roger à voix basse, et en
étendant la main.
— C'est moi, répondit Bally sur le même ton,
et il y a du nouveau.
—"Qu'est-ce donc ?
— J'ai passé auprès de la cabine de Marsaud.
— Eh bien ?
— 11 causait avec Bellégou.
i — Après ?
— J'ai écouté.
" — Que se disaient-ils ?
t | — Je n'ai entendu que quelques mots, mais
cela a suffi. Ils parlaient du capitaine, de Morpain,
du maître d'équipage. Bellégou a demandé à
Marsaud si l'on pouvait compter sur Raymond, et
Marsaud a répondu qu'il-était sur de lui.
e — Est-ce possible ?
— Il l'a dit ; du reste, il n'y a rien là d'éton-
nant. Depuis quelque temps Marsaud et Raymond
ne se quittent plus, preuve qu'il se passe entre
eux quelque chose d'extraordinaire. En outre, j'a!
observé le pilotin ; lui qui était si gai au départ.
l- depuis un mois il est devenu soucieux, taciturne,
pensif.
— Turf-oîs?
— iia quelque chose, c'est certain.
— Le malheureux !...
— Pour ce qui est de ça, c'est bien le sel1i qu
I suit iiueicasant. C'est triste de le voir aeca-
~ i parc par les .autres.
I " — Maûs (j ue faire''
'- Rièn du tout. Nous sommes trop peu de chose,
vois-tu, pour nous fourrer là-dedans. Le mieux
est d'attendre et de voir venir.
— Tu as peut-être raison, et cependant, si j'o-
sais...
— Quoi ?
— Non ! rien... C'est insensé, et tu as dis vraL-
Attendons.
— A la bonne heure !
'- Je vais dormir.
— Et moi de même.
Bally grimpa dans son hamac avec l'agilité d'un
singe. N
Mais, tandis qu'il s'arrangeait de son mieux pour
se livrer au sommeil, Roger, obéissant à un senti-
ment plus puissant que sa volonté même, s'éloi-
gna furtivement et se perdit bientôt dans l'ombre
de l'entfepont. -,
Un instant plus tard, il s'arrêtait auprès de la
cabine de Raymond dont la porte était entr'ou-
verte.
Raymond était seul, assis à une table et le front
dans les mains. %
Roger hésita une seconde.
Mais il fit presque aussitôt un effort sur lui-
même, et poussa la porte.
A ce bruit inattendu, Raymond se leva vive-
ment, et en reconnaissant l'enfant, il jeta un cri
de joie et courut à lui.
Roser mit un doigt sur ses lèvres.
PIERRE ZACCONE.
[La suie a aemainl)
LE TRÉSOR DU FOYER
PHARMACIE DOMESTIQUE.
La camomille est de toutes les espèces pharmaceu-
tiques utiles celle qui doit toujours se trouver dans
une maison de campagne. C'est un stimulant et un
tonique. Elle doit ses propriétés à son principe amer
et à son essence. Elle peut remplacer une multitude
d'agents coûteux, annoncés sous toutes les formes. La
camomille romaine ou camomille noble est une plante
commune dans les parties sablonneuses des bois. Sa
tige longue, coushée et rameuse, striée et garnie de
feuilles courtes, se redresse par les extrémités de ses
rameaux, qui portent chacun une seule fleul-.
Ces fleurs, de la famille des composées (Epicorollie),
tribu dos Corymbifères, sont à corolle irrégulière. Les
fleurons du centre sont jaunes, les demi-fleurons de la
circonférence sont blancs. La fleur seule est employée
en médecine.
Avant la découverte du quinquina, la camomille
était un fébrifuge fort utile. On peut encore l'employer
à cet effet dans les fièvres peu intenses.
En infusion, elle réveille' les forces digestives, et,
par conséquent, est prise avec succès dans les indiges-
tion?.
Elle calme les coliques causées par des gaz accu-.
mulés dans l'estomac ou les intestins.
Elle réussit, unie à la feuille d'oranger, dans les
affections spasmodiques ou nerveuses.
On l'emploie aussi comme vermifuge.
En tisane, quatre, à six têtes pour un demi-litre
d'eau bouillante.
L'huile de camomille est très-employée en frictions
comme excitante, notamment dans la fièvre typhoïde
(embrocations sur le ventre).
Pour obtenir l'huile de camomille, on prend :
F]Gurs sèches de camomille... 50 grammes
Huile d'olive ............ 400 —
préparée par digestion, c'est-à-dire le mélange main-
tenu pendant plusieurs heures à une température de
40 degrés centigrades supérieure à la température
atmosphérique.
En ajoutant du camphre dans la proportion de
1 sur 7, soit une once de camphre pour sept onces
d'huile, on a un excellent Uniment contre les douleurs
rhumatismale légères.
CH. PLACE.
UN CONSEIL PAR JOUR
Plus j'avance dans la carrière de la vie, et plus
je trouve le travail nécecs iire.
Il devient à la longue le plus grand des plaisirs,
et tient lieu de toutes les illusions qu'ort a perdues.
PIERRE CORNEILLE.
LIBRAIRIE — SCIENCES — ARTS — AGRICULTURE
L'UNION
DES
ACTIONNAIRES
Le prix des abonnements pris pour un an au journal
financier rUnion des Æclionnal¡'c,' :10, place Vendôme),
paraissant deux fois par semaine, les mardi et vcn-''
dredi, est réduit à 5 francs distinction pour Pa-
ris et les dcpartemcn-Ls.
ÏNSËNSI^ISÂTEUR DUCHESNE
E;;.[;;,:(;:;o,1 i:l pose de dents s mj douleur. Brochure
cxpJi<:¡¡lin'. f*.r> cf;"!times, rue Lafayette, 45.
PROTúXYDE D'AZOTE, extraction des dents
et pièces dentaires sans douleur. Broch", 1 f. fl. PRETEBRE,
chir -dentiste , bl des It:diens, 29. Je premier qui rait
appliqué en Europe. Méd. d'or unique, Exposition 4867.
'
LIBRAIRIE LAt HALL', iA), i EUR
4, PLACE DU TIIÉ A Tn E -1 ' B A Ç AIS, A 3>ARlS
Hommes et, femmes, silhouettes humoristiques et
comparées des deux sexes, par Charles Malo, auteur
de Femmes et Fleurs. — Prix : 1 fr. 50.
* *
i Typographie JANNiN; quai Voltaire, 13.
Ve c existence ; ce sont des liaisons contrac-
tées d ■ des conditions illicites. Une fois sur cette
pente, tiédie ne s'arrête ^ plus, elle descend tou-
jours. i is viennent la rnisère, les expédients, les
faux, < conséquences desquels:on ne peut se
Knst. 'j' que par le: suicide.
No', nnsacrons cet article à lat première partie
éc l'h ! ■ :'e de cette jeune femme, qui s'est don-
!lé lu mort à vingtrsix ans dans tout l'éclat de sa
ieaulc.
Amélie était merveilleusement douée par la na-
ture. Klitî se faisait remarquer par ses manières
affable-. par la distinction de sa conversation,,par-
lois fin! àsque, romanesque toujours. La douceur
de sa son air de bienveillance la rendaient
sympa * que à première vue; son sourdre était ir-
1'ésisti Il: " et charmant.
, Celte .icune femme, bien qu'abreuvée de tant de
déceptiot!S, souriait à la mort comme on sourit à
l'aspect tl'un être aimé ! " ^
En sortant du pensionnat à l'âge de quinze ans
et demi, ses parents songent à la marier. Un parti
ne présente; le prétendant a le double de son âge;
mais il est en possession d'une position sociale; il
est ingénieur.
•. Elle ai cueille sans déplaisir la demande de sa
inain.. -
Le mariage a lieu sous les auspices les plus
favorahles; il y avait de part et d'autre une com-
: munanic' de sentiments d'estime et de sympathie,
la faveur desquels naquit une tendre, et mu-
fÍiIuelle affection.
M. E... loua tout exprès pour sa femme de
;])eaux appartements qu'il meubla avec un cer-
tain luxe sur le boulevard Saint-Germain, récem-
'ment construit.
La jeune femme racontait dernièrement encore,
mais avec un sourire empreint de tristesse et,
de mélancolie, avec quelle fébrile impatience elle
attendait, le soir, le retour de son mari.
— Nous étions si heureux ! s'écriait-elle. Lors-
que j'entendais monter dans l'escalier, mon cœur
battait ;< » ec une violence à rompre les artères, et
lorsque la sonnette s'agitait, je courais, en pous-
sant un cri de joie, ouvrir la porte et tombais dans
les bras de mon mari presque défaillante.
Puis prenant un air grave et refoulant dans son
cœur des souvenirs contrastant avec l'état de son
esprit, elle ajoutait avec un accent navrant
— C'csl lui qui l'a voulu. Je l'aimais, il s'est
■îîait délester, mépriser ; il n'a pas compris ou plu-
tôt il a oublié que le respect, la dignité sont indi-
visibles. que le bonheur de l'un est subordonné
au bonheur de l'autre , que l'amour est une idole
et qu'en la brisant il n'y a plus d'espoir d'en re-
constituer les débris.
Ces paroles faisaient allusion à une scène de
ménage que nous avons déjà fait pressentir et que
nous lions rapporter.
M. E... fréquentait un ami de collège qui l'en-
tralll:';t au café. Cet ami abusait de l'absinthe, la
boisson la plus funeste, le plus actif dissolvant des
facultés intellectuelles; si bien que M. E... fi-
nit ïiov r'y habituer également.
Un snir, étant rentré chez lui après en avoir
absoi ' é une certaine quantité en compagnie de son
a.mi, surexcité par les vapeurs de cette boisson, il
'Oublia le respect et les égards qu'il devait à sa
jcmiT)", d'une nature impressionnable et délicate,
11 s'oublia jusque la souffleter.
Cet a no de violence insolite opéra une révolu-
tion dans le cœur de la jeune femme. Son bon-
heur venait de s'évanouir pour jamais. A partir
de cc moment, un abîme infranchissable la sépa-
rait ch snn mari.
Elle quitta le domicile conjugal pour n'y plus
rentrer.
Abandonné à lui-même, à sa propre réflexion,
M. E... ne tarda pas à s'apercevoir du vide que
l'absence de sa femme faisait dans sa vie.
Il loi témoigna par écrit le regret de s'être porté
à de:' vies de fait indignes d'elle et de lui-même,
3t lui exprimait un sincère repentir. Mais le mal
était t'ait.
Ke .veevant pas de réponse, il menaça la fllJi-
tive de recourir à la loi, qui oblige la femme de
ioha! iler avec son mari.
Celle-ci lui adressa cette lettre glaciale:
« Monsieur, depuis le jour Orl vous m'avez frap-
pée,, je n'ai plus éprouvé pour vous qu'un profond
Ü{';J;:in. 11 n'y a pas de remède co.ntrc une pareille
i)le:..si• re. Ni le repentir, ni le temps ne sauraient
effacer le souvenir d'un pareil outrage.
« \oll:derez ce que vous voudrcx. Ma résolution
est ir''évocab!c. Je ne vous pardonnerai jamais.
« Adieu pour la vie,
« AMHU!-;. »
Eh bien ! ce soufflet donné dans un accès d'i-
vresse va causer la perle de cette-jeune femme r.ée
pour vivre heureuse; ce soufflet va ta.fairp des-
cendre d'échelon en échelon dans les bas-futids so-
ciaux , et la conduire il la misère, au crime et à la
Kiort. —
F
LE MARQUIS DES ORANGERS
La rentrée des orangers du jardin des Tuucncs,
qui s'est faite ces jours derniers, me remet en mé-
moire l'histoire d'un brave homme au'on dési
gnaii, ii y a une dizaine d'années, sous le nom de
marquis des Orangers.
n était gai, aimable, promeneur intrépide, et
Iec 'icinme un c'ou. Pendant six u-.o'.», il était
l'hôte le plus assidu du jardin, des Tuiiei':os. Ce
j&rdin éteit son salon et il ne recevait jamais ail-
s
' teurs allée quiîorfge la rue de '
Rivoli.
QuandTYiné de ses connaissances payait par ha-
sard dans cette allée on il était toujours, il allait
a'HHe, le sourire aux ievres, la main tendue, le
visage épanoui, et il .remerç.iait comme si l'on
était venu lui faire visite.
— Que vous êtes donc aimable de vous sonve-
nir de moi! disait-il.
111 causait avec agrément de toutes choses. SI
l'on faisait mine de poursuivre son chemin, il n'in-
.sm&it pas pour qu'on restât plus longtemps avec
lui. Il se contentait de dire :
— Vous savez que vous me trouverez tous les
jobrs, ici, de deux à six heures, jusqu'au jour où
l'on rentrera les orangers.
!Et en effet, il paraissait aux Tuileries avec les
orangers, et il disparaissait avec eux : de là le sur-
nom donné à ce solitaire vieillard.
Ce qu'il devenait pendant l'hiver, Oll il allait, on
ne le savait pas.
'Ce n'était qu'au printemps suivant, quand les
orangers sortaient de la serre, que notre gentil-
homme sortait, lui aussi, de sa carapace inconnue.
Mais comme il était fier et pimpant aux premiers
rayons du soleil printanicr!
!Un jour, il me raconta son histoire. ^
i « Vous voyez en moi, me disait-il, l'élève le plus
distingué de M. Flourens. Je suis une preuve vi-
vante à l'appui de son système. J'entrai dans ce
monde si chétif qu'on ne me donnait pas quinze
jours d'existence. Chétif je suis venu, chétif j'ai
grandi, chétif j'ai vieilli; mais si vous saviez au
prix de quelle volonté j'ai disputé ma vie à la
mort!
Dès l'âge de dix ans, je commençai à veiller sur
ma. santé, et depuis ce moment je ne me rappelle
pas avoir commis le moindre excès qui pût la
compromettre. Je me lève à heure fixe, je mange
à heure fixe, je suis une pendule vivante.
Pendant tout l'hiver je me claquemure dans
ma chambre, et -ce n'est que lorsque de ma fenê-
tre j'aperçois le premier oranger qu'on roule vers
la grande allée, que je md hasarde à mettre le vi-
sage dehors. J'ai en effet l'existence végétative de
l'r.i'anger.
J'ai supprimé de ma vie les passions, les émo-
Lions, ces liqueurs fortes de l'âme et de l'esprit
qui tuent le corps. Amour, enthousiasme, indi-
gnation, ne me parlez pas de tout cela, je ne sais
ce que c'est. Je ne me suis pas même permis le
charme de l'amitié intime pour n'avoir pas un
jour à en subir les mécomptes.
Si après cela vous prenez "que je su's un égoïste,
je ne vous contredirai pas ; la seule passion que
j'ai eue en ce monde, celle qui a éteint toutes les
autres, c'est la passion de vivre, et j'ai vécu. Fai-
blement constitué comme je l'étais en entrant dans
la vie, j'avais tout nu plus vingt ans à y rester; et
à l'heure qu'il est, j'ai prolongé le bail de près de
cinquante ansau-dela_dc ces vingt arm "cs; aussi
je vous jure que je me promets un bel éclat de
rire, le jour où le caporal noir, qui depuis cin-
quante ans fait le pied de grue à ma porte, vien-
dra me relever de ma faction. »
C'est en 18o7 que le caporal noir entra chez-ce
sublime égoïste, le lendemain du jour où l'on
avait rentré les orangers. (Le National.) '
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
PROLOGUE
VI
L'Hercule
— Ah ! te voilà donc ! grommela Richard, en
mettant son poing fermé sous le menton du jeune-
mousse.
Roger ne broncha pas.
?—Vous avez à me parler, maître Gording, dit-il
d'un ton sous la fermeté duquel perçait une mé-
prisante ironie.
— Tu en doutes, toi ?
— Que voulez-vous?
— Il est temps que ça finisse.
— Quoi ?
— Ignores-tu ce que je veux dire ?
— Puisque je le demande.
— Tu te moques de moi.
— Oh 1 je n'oserais pas.
Richard proféra un juron énergique, et sa large
main secoua rudement le bras de l'enfant...
— J'en ai assez, dit-il d'une voix dont il cher-
chait vainement à contenir les éclats. Voilà huit
jours que cela dure, et c'est trop.
— Vous trouvez...
— Ne m'interromps pas.
— Parlez.
— Je t'ai vu ce soir avec le pilotin, et je ne
veux plus que tu lui parles.
— Est-ce tout?
— Non.
— Continuez.
| — Depuis huit jours, tu n'as cessé de m'évi-
i 1er, et si nous devons jouer ce jeu-]aj j'aime au- I
j tant en finir... tout de suite.
— Que ferez-vous?
— Je te tuerai !
— Des menaces !
— Tu n'y crois pas... <
Roger .;ç, tut un moment.
(1) Voir les numéros à partir du 17 octobre.
ii' -.-.s .......,
Le pauvre enfant, -etait violemment ému: ses
dents mordaient, ses lèvres jusqu'au sang. Par ^
moments, même, sous l'empire d'un sentiment <
inexplicable, de grosses larmes emplissaient ses
yeux, et des sanglots mal étouffés gonflaient sa i
poitrine.
Enfin il secoua, la tète, et, à son tour, saisissant
le bras du matelot avec une sombre énergie :
. — Richard, lui dit-il d'un accent impérieux,
Richard, tu ne te souviens donc plus -de la bar-
rière Satnt-Jacquea?
— Misérable Loo interrompit Gording avec un
cri.
— Il n'y a pas bien longtemps d'e cela, cepen-
dant.
— Tais-toi!...
— Ce jour-là, j'avais fait un sèrment que j'ai
tenu..
— C'est vrai ! c'est vrai !
— Et depuis, j'en ai fait un autre que je tien-
drai avec la même fermeté et la même résolution.
— Malheur! malheur!
Le petit mousse eut un sourire amer.
— Ecoute... Richard!... reprit-il .au bout de
quelques secondes,... et prends bien garde à toi!
Tu sais si je suis courageux; je t'ai montré que la
vue même de l'échafaud ne pouvait m'effrayer, ni
me faire pâlir. Èh bien, n'oublie pas que ta vie
est entre mes mains, et qu'au _ moindre mot, au
moindre geste, que ta colère vienne de l'ivresse
ou de la haine, je n'hésiterai pas à te rendre au
châtiment auquel tu t'es soustrait.
— Ah ! tu ne ferais pas cela!
— Je ne te conseille pas d'essayer.
— Tu as de l'affection pour Raymond?
— Quand cela serait.
— Si cela était!.. Tiens, ne me pousse pas à
bout. Si cela était, ce n'est. pas toi que je tuerais,
mais c'est ce misérable pilotin.
Roger ne répondit pas tout de suite.
Un frisson passa à cette menace sur ses épaules,
et sa main pressa rapidement son front pâle.
— En voilà assez, dit-il brusquement ; je n'ai
ni le temps, ni le désir d'en entendre davantage.
Fais donc ce qui te plaira désormais et ne t'en
prends qu'à toi-même de ce qui pourra advenir..
En parlant ainsi, l'enfant se ( retourna vers
Bally, et lui prenant le bras, il s'éloigna sans se
préoccuper cde. son interlocuteur.
Toutefois, et malgré l'accent d'autorité avec le-
quel il s'était exprimé, en dépit de la résolution
à laquelle il paraissait s'être arrêté, le mousse
réfléchit sans doute pendant la nuit, car, le len-
demain soir, au lieu de se rendre chez Raymond, ^
ainsi qu'il l'avait promis, il resta auprès de Le- '
clerc et ne monta même pas sur le pont.
Est-ce pour lui qu'il avait peur? Est-ce pour le
pilotin qu il redoutait la colère de Richard Gor-
ding? Nous ne saurions le dire.
Toujours est-il qu'à partir de cette nuit, et pen-
dant près de deux mois, il vécut tout à fait isolé,
c'est-à-dire dans la seule compagnie de Bally.
Il n'avait plus revu Raymond.
Ce dernier paraissait lui-même l'avoir eublié ;
depuis le départ de Bordeaux, les choses avaient
d'ailleurs bien changé fi bord ; une mésintelligence
sourde encore était bien près d'éclater.
Marsaud avait été, à plusieurs reprises, vivement
réprimandé pour sa paresse et son insubordination,
et il s'était formé dès lors deux partis, dont l'un,
le plus faible, soutenait le capitaine, dont l'autre,
le plus fort et le plus audacieux, se serrait autour
de Marsaud, qui était le neveu de l'armateur.
Bien qu'il ne se mêlât que fort peu à la vie du
bord, Roger était tenu au courant de ce qui s'y
passait, par les cancans que lui rapportait son ca-
marade.
Il avait appris ainsi que l'équipage était mécon-
tent, et que Marsaud ne négligeait aucune occa-
sion d'exciter les matelots contre le malheureux
commandant.
Mais, jusque là, il n'y avait rien de bien grave,
ni de danger imminent. Aussi une seule pensée
paraissait préoccuper Roger, et plus d'une fois, le
nom de Raymond revint dans ses conversations
avec BaHr.
On eût dit qu'il avait un intérêt puisant à con-
naître l'attitude qu'allait prendre le jeune homme
^ au milieu des dissentiments qui se préparaient, et
' il s'inquiétait souvent du rôle qu il aHuit. jouer,
ou du parti auquel il était disposé à se rallier.
I Une nuit, Roger étant seul dans i 'entrepont, il
ne fut pas peu étonné de voir re venir Ral'y glissant
silencieusement le long des sabords, comme s'il
eût craint qu'on ne le surprit.
— Est-ce toi? fit Roger à voix basse, et en
étendant la main.
— C'est moi, répondit Bally sur le même ton,
et il y a du nouveau.
—"Qu'est-ce donc ?
— J'ai passé auprès de la cabine de Marsaud.
— Eh bien ?
— 11 causait avec Bellégou.
i — Après ?
— J'ai écouté.
" — Que se disaient-ils ?
t | — Je n'ai entendu que quelques mots, mais
cela a suffi. Ils parlaient du capitaine, de Morpain,
du maître d'équipage. Bellégou a demandé à
Marsaud si l'on pouvait compter sur Raymond, et
Marsaud a répondu qu'il-était sur de lui.
e — Est-ce possible ?
— Il l'a dit ; du reste, il n'y a rien là d'éton-
nant. Depuis quelque temps Marsaud et Raymond
ne se quittent plus, preuve qu'il se passe entre
eux quelque chose d'extraordinaire. En outre, j'a!
observé le pilotin ; lui qui était si gai au départ.
l- depuis un mois il est devenu soucieux, taciturne,
pensif.
— Turf-oîs?
— iia quelque chose, c'est certain.
— Le malheureux !...
— Pour ce qui est de ça, c'est bien le sel1i qu
I suit iiueicasant. C'est triste de le voir aeca-
~ i parc par les .autres.
I " — Maûs (j ue faire''
'- Rièn du tout. Nous sommes trop peu de chose,
vois-tu, pour nous fourrer là-dedans. Le mieux
est d'attendre et de voir venir.
— Tu as peut-être raison, et cependant, si j'o-
sais...
— Quoi ?
— Non ! rien... C'est insensé, et tu as dis vraL-
Attendons.
— A la bonne heure !
'- Je vais dormir.
— Et moi de même.
Bally grimpa dans son hamac avec l'agilité d'un
singe. N
Mais, tandis qu'il s'arrangeait de son mieux pour
se livrer au sommeil, Roger, obéissant à un senti-
ment plus puissant que sa volonté même, s'éloi-
gna furtivement et se perdit bientôt dans l'ombre
de l'entfepont. -,
Un instant plus tard, il s'arrêtait auprès de la
cabine de Raymond dont la porte était entr'ou-
verte.
Raymond était seul, assis à une table et le front
dans les mains. %
Roger hésita une seconde.
Mais il fit presque aussitôt un effort sur lui-
même, et poussa la porte.
A ce bruit inattendu, Raymond se leva vive-
ment, et en reconnaissant l'enfant, il jeta un cri
de joie et courut à lui.
Roser mit un doigt sur ses lèvres.
PIERRE ZACCONE.
[La suie a aemainl)
LE TRÉSOR DU FOYER
PHARMACIE DOMESTIQUE.
La camomille est de toutes les espèces pharmaceu-
tiques utiles celle qui doit toujours se trouver dans
une maison de campagne. C'est un stimulant et un
tonique. Elle doit ses propriétés à son principe amer
et à son essence. Elle peut remplacer une multitude
d'agents coûteux, annoncés sous toutes les formes. La
camomille romaine ou camomille noble est une plante
commune dans les parties sablonneuses des bois. Sa
tige longue, coushée et rameuse, striée et garnie de
feuilles courtes, se redresse par les extrémités de ses
rameaux, qui portent chacun une seule fleul-.
Ces fleurs, de la famille des composées (Epicorollie),
tribu dos Corymbifères, sont à corolle irrégulière. Les
fleurons du centre sont jaunes, les demi-fleurons de la
circonférence sont blancs. La fleur seule est employée
en médecine.
Avant la découverte du quinquina, la camomille
était un fébrifuge fort utile. On peut encore l'employer
à cet effet dans les fièvres peu intenses.
En infusion, elle réveille' les forces digestives, et,
par conséquent, est prise avec succès dans les indiges-
tion?.
Elle calme les coliques causées par des gaz accu-.
mulés dans l'estomac ou les intestins.
Elle réussit, unie à la feuille d'oranger, dans les
affections spasmodiques ou nerveuses.
On l'emploie aussi comme vermifuge.
En tisane, quatre, à six têtes pour un demi-litre
d'eau bouillante.
L'huile de camomille est très-employée en frictions
comme excitante, notamment dans la fièvre typhoïde
(embrocations sur le ventre).
Pour obtenir l'huile de camomille, on prend :
F]Gurs sèches de camomille... 50 grammes
Huile d'olive ............ 400 —
préparée par digestion, c'est-à-dire le mélange main-
tenu pendant plusieurs heures à une température de
40 degrés centigrades supérieure à la température
atmosphérique.
En ajoutant du camphre dans la proportion de
1 sur 7, soit une once de camphre pour sept onces
d'huile, on a un excellent Uniment contre les douleurs
rhumatismale légères.
CH. PLACE.
UN CONSEIL PAR JOUR
Plus j'avance dans la carrière de la vie, et plus
je trouve le travail nécecs iire.
Il devient à la longue le plus grand des plaisirs,
et tient lieu de toutes les illusions qu'ort a perdues.
PIERRE CORNEILLE.
LIBRAIRIE — SCIENCES — ARTS — AGRICULTURE
L'UNION
DES
ACTIONNAIRES
Le prix des abonnements pris pour un an au journal
financier rUnion des Æclionnal¡'c,' :10, place Vendôme),
paraissant deux fois par semaine, les mardi et vcn-''
dredi, est réduit à 5 francs distinction pour Pa-
ris et les dcpartemcn-Ls.
ÏNSËNSI^ISÂTEUR DUCHESNE
E;;.[;;,:(;:;o,1 i:l pose de dents s mj douleur. Brochure
cxpJi<:¡¡lin'. f*.r> cf;"!times, rue Lafayette, 45.
PROTúXYDE D'AZOTE, extraction des dents
et pièces dentaires sans douleur. Broch", 1 f. fl. PRETEBRE,
chir -dentiste , bl des It:diens, 29. Je premier qui rait
appliqué en Europe. Méd. d'or unique, Exposition 4867.
'
LIBRAIRIE LAt HALL', iA), i EUR
4, PLACE DU TIIÉ A Tn E -1 ' B A Ç AIS, A 3>ARlS
Hommes et, femmes, silhouettes humoristiques et
comparées des deux sexes, par Charles Malo, auteur
de Femmes et Fleurs. — Prix : 1 fr. 50.
* *
i Typographie JANNiN; quai Voltaire, 13.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 92.81%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 92.81%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
- Auteurs similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4718284m/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4718284m/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4718284m/f4.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4718284m/f4.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4718284m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4718284m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4718284m/f4.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest