L'ottïs ne répondait lèf;j,".:s accès de colère qu'en
dodelinant sa gross'e tètp et en appuyant son
tjoi! sur le visage de l'enfant. Dès que celle-ci
s'apaisait. l'ours tout joyeux se roulait autour
d'elle et fùuait, sinon avec, toute la grâce, du
moins avec tout l'entrain d'un jeune chai.
îcr.'tin, le père ravi demandant à l'enfant si
n'avait ' as souffert de la fraîcheur de la nuit
. dans cet endroit marécageux, elle lui répondit
que, du soir au matin, l'ours était resté étendu j
iur le r]Ds, la tenant entre ses pattes velues, i
ivec la sollicitude d'une nourrice. i
LA VÉRITÉ SUR THÉODOROS
~ — 'T:héodoros, le roi d'Abyssinie s'est-il sui-
cidé ?..
—. La bataille de Magdala était-elle une vraie
ka'iaUte?
— Thuodoroa u'étaii-il absolument qu'un bar-
bare?
— Enfin l'expédition anglaise en Abyssinie a-
| ïwelle été profitable aux prisonniers f,,a .cat.. de
"Théodoros? Sera-t elle profitable à l'Abys«
"*%inie?
•Nos. — Théodoros ne s'estpas tué lui-même,
, J quoiqu'en disent les journaux anglais, quoique
l'ait raconté hier encore M. H. de Blerzy, dans
- son .in'éressant anicle.. de la. Revue des Deux-
i Éondes.
NON. — La bataille de Magdala n'a pas été
Tjpe vraie bataille.
NON. — Théodoros n'était pas absolument un
barbare. Si vanité lui fit faire des folies ri iicules,
.la colère et la vengeance le poussèrent à des cru-
: aut-és épouvantables,m :is par sa rare» intelligence,
fson courage incroya' le, son appétit d'ap^rendre
■ tout ce que la civilisation inventait de nouveau
■ r=et. d'en doter sa barbare patrie, c'était bien le
:j)1cmier des Abyssins, le nejus, le roi des rois,
comme il a mait à se faire appeler.
Enfin. NON, — l'expédition anglaise n'a pas
, - pror it t' .au£ prisonniers français de Théodoros, et
surtout n,e profitera, pas — bien au contraire —
, 'à 1 Aby,g,inie. -
Nous allons le prouver.
Mais, me dira-t-on, comment se fait-il qu'un
Journaliste de la presse légè. e ait à dire lion mot
sur cette question, toute (l'actualité, du reste,
pui-que le teiésraphe, les let,ros seulement en
, avaient parlé jusqu à présent, et que les témoins,
les acteurs de la guerre d Abyssi . ie sont à peine
.rapatriés depuis quoique Jours f
C'est par suite d'une de Les bonnes for-
Mu ne,,s, qui sont presque la seule compensation
. de notre vie de lutte et de travail. A qui tient
honorablement une plume il se présente de
temps à autre l'occasion de faire connaître une
\" îk-nno action, de signaler un abus, de révéler
urt talent, d'opposer à un mensonge ou à une
. légende la vraie vérité.
Je viens d'avoir cette bonne aubaine. Le ha-
a3F ) , m'a fait rencontrer un homme qui,
: pendant onze ans, a v&cu auprès du roi Théo-
doros, non pas prisonnier dans la stricte accep-
tion du mot, puisqu'il n'a jamais été aux fers,
puisqu'il vivait ranquillement dans sa propriété
de Kauta avec sa femme et ses enfants, puisque
le roi Théodoros l'appelait « Mon fi Is » et le
comblait de cadeaux. Il est vrai nue si l'armurier
du roi avait seulement essayé de s'éloigner
d'une lieue de latente roya e, Thëcd u'o; lui eût
¡ tah couper les jambes et h-s bras. Mais enfin,
cet honnête et habile ouvrier a vécu onze ans à
côté de Théodoros, il l'a vu mort. Ce que je vais
dire, c'est lui qui me l'a raconté à la. suite de
singulières circonstances.
J'entrais, il y a une quinzaine de jours, dans
une imprimerie modèle de province, — celle
du Mémorial de la Loire. — qui se charge éga-
lement des affiches, avis et lettres de faire part
de la ville de Saint-Etienne.
Au guichet de l'employé était un homme de
taille petite, jaune comme un citron, le do»
voùté, les yeux pleins de larmes.
— Il .omm'mdait. les lettres de faire part
pour l'enterrement de sa petite fille et j'entendis
qu'il répondait à une interrogation de l'em-
ployé: , ,....
« Elle avait huit ans! »
Aux pieds de cet homme était assis, les jam-
bes repliées comme celles d'un tailleur, et ses
souliers à la main, un négrillon d'une dizaine
d'années, aux lèvres lippues, aux cheveux épais
comme la toison d'un mouton noir, mais le teint
à peine cuivré, la tigure intelligente au possible,
et les yeux — des yeux superbes — fixés sur
son maître, dont il ne perdait pas un mouve-
ment.
— Allons, Baptisé, dit le maître d'une voix
douce, mets tés souliers et partons 1 ,
Ils sortirent.
— C'es" ce pauvre François Bourgaud, qui est
revenu d'Abyssinie, me dit l'employé - sans at-
tendre ma question.
— Bah! m'écriai-je, celui qui était depuis onze
ans prisonnier de Théodoros ?
, M. Bourgaud rentrait en ce moment pour
chercher un objet qu'il avait oublié. Il entendit
ma phrase et murmura :
— Plùt à Dieu que je fusse encore avec !
Théodoros !
Cette réponse m'intrigua.
— Eh quoi! me dis-je, voilà un homme qui
est revenu dans son beau pays de Saint-
Etienne et qui regrette sa captivité!
Je flairai quelque chose d'inconnu, et après
avoir laissé plusieurs jours à la douleur d'un
père, je me hasardai à all-r le trouver au domi. s
cile qui m'avait été indiqué, chez sa belle-
mère, une boulangère de la grande rue Saint-
Roch.
Quand j'arrivai devant la maison, la porte
était tendue de noir.
M. Bourgaud venait de perdre sa seconde
fille !
" Ce n'est pas tout, me dit un voisin. L'aîné
à des trois enfants qui lui restent est bien mal
» aussi. Que voûtez-vous? L'air de l'Abys-
» sinieleur valait mieux. »
« Allons donc, pensai-je, il doit y avoir quel-
» que chose à faire, il faut relever le courage de
> cet homme, il faut faire visiter ses enfants. »
Et, de complicité avec mon excellent confrère,
M. Antonin Baudin, nous allâmes quelques
jours après, avec un habile médecin de nos amis,
faire une visite à M Bourgaud, qui s'est ré(ugié
cuez son frère, dans une délicieuse campagne'
de La Fouillouse.
Dieu merci! les soins du médecin étaient
inutiles. Les deux aînés, Emile et Alphonse,
jouaient au jardin ; la mère, une courageuse
créature qui a été retrouver son mari dès la
deuxième année de sa captivité, allaitait son
dernier né, une petite fille qui est venue au
monde quelques jours après Magdala, dans un
ravin!
Haptisé, le Il égrillon , paraissait enchanté de la
civilisa!ijn au point de vue de la balançoire.qu'il
ne veut jamais quitter.
C'est le contraire pour ses souliers, qu'il a en
horreur.
Quant à l'ex-armurier du roi Théodoros,
M. Bourgaud, il était,.en train de nettoyer les fili-
granes d'or et les clochettes d'argent d'une su-
perbe selle de mulet que lui adonnée, entre au-
tres choses, ce barbare de négus !
Peu à peu, avec bien des ménagements, car
il est bien abattu, bien brisé, nous arrivâmes à
faire causer M. Bourgaud; il nous montra l'ad-
mirable collection de curiosités qu'il rapporte
d'Abyssinie, mais ce qui surtout nous paya de
notre bon mouvement, c'est tout ce qu'il noua I
apprit, et ce que nous allons redire à notre tour, I
pour rétablir la vérité sur Théodoros. , I
ADOLPHE DUPEUTY.
. e. - (Sera continué). - ... - : i
Tribunaux étrangers
MONOMANIE HOMICIDE
Une correspondance adressée de Genève au
Salut public de Lyon, contient de longs détails
sur une affaire dont les débats ne tarderont pas
à s'ouvrir et sur laquelle la Petite Presse a, long-
temps avant tous les autres journaux français,
appelé l'attention de ses lecteurs.
Notre chronique locale s'alimente, à cette heure,
d'un fait étrange et mystérieux.
Sur la déposition de deux médecins, on arrêtait,
il y a quelques jours, une demoiselle Jeanneret,
originaire du canton de Yaud ou de Neuchâtel,
personne d'âge mûr, qui exerçait,avec une sorte de
considération exceptionnelle, là profession de garde-
malade. Bonne éducation, dévouement, piété, con-
naissances techniques, tout mettait cette personne
au-dessus du commun de ses confrères et lui assu-
rait une clientèle d'élite.
Mais. voici que, chez le dernier malade confié à
ses soins, se. manifestent des svmptômessans aucun
rapport avec la maladie : dilatation de la pupille,
délire, etc. Le médecin, étonné et alarmé, réclame
l'assistance d'un de ses confrères, et il arrive que
celui-ci reconnaît, dans le cas présent, t es carac-
tères identiques à ceux qui l'avaient frappé et dé-
concerté lui-même dans des cas antérieurs. Il ob-
serve, de plus, que c'était la même garde-malade,
contre laquell -, d'ailleurs, il n'avait élevé jusqu'ici
aucune suspicion.
G pendant, la coïncidence était trop singulière
pour demeurer inaperçue. On interroge la garde-
malade, on la presse: elle fait des réponses trou-
bléps et évasives. On fait une visite à son domicile,
et on y trouve un certain nombre de fioles ayant
contenu le poison connu sous le nom d'atropine,
employé parfois en médecine.
Pour justifier la présence des fioles , Mlle Jean-
neret dit qu'elle s'était servie souvent de cette sub-
stance, à l'occasion d'une maladie d'yeux dont elle
avait été affectée. Mais la suite de l'enquête fit
connaître que le médecin consulté par elle ,dans
cette circonstance lui avait démontré , par des ex-
périences concluantes, que cette maiadie n'existait
que dans son imagination. Il le pensait, du moins,
ne 'achant pas que ce fùt un prétexte allégué pour
obtenir, par ordonnance, chez les pharmaciens, la
substance en question.
Uno fois sur la trace des révélations, on les vit
s'accumuler. Une huitaine de malades, sinon plus,
étaient morts depuis deux ans entre les mains de
cette femme, avec les mêmes symptômes patholo-
giques et peut-être par la même cause. 11 fut même
constaté que l'une de ces morts avait causé une
impression sinistre dans la localité.- La garde-ma-
lade habitait alors Vevey, ' — ce qui décida cette
malheureuse à émigrer.
Bref, Mlle Jeanneret, arrêtée, passera bientôt ién
cour d'assises. Pour les besoins de l'enquête, on
procédait hier à l'exhumation d'un certain nombre
de défunts ayant été soignés dans leurs derniers
jours par l'accusée, afin de procéder à l'autopsie
juridique.
Que faut-il penser de cette étrange affaire? Les
médecins eux-mêmes sont très-partagés. Y avait-il
assassinat avec préméditation, ou monomanie mé-
dicamenteuse? perversité effroyable ou folie?.,.
L'accusée se."retranche dans un système de dénéga-
tion, tout en avouant qu'elle peut bien s'être trom-
pée quelquefois.
Les débats judiciaires établiront la v0r:té. *"3>
Mais quel adoucissement en sortfta-t-il pour tOU.f
tes ces familles, qui, à la douleur naturelle qu'elle»
ont ressentie, voient succéder l'hoffiblie apprêhenVl
sion d'avoir été victimes d'un abominable crime? I
— On a empoisonné ma mère! s'écrivit un mon-f
sieur 'a se tordant les mains, lorsque l'enquêdr
eut rendu authentiques les faita que tef Viens de
,IaWr. -
UN CONSEIL PAR JOUR
Le crédit a cela de fâcheux, qu'il rend- j
vidu tolérant pour ses faiblesses.
Un objet quelconque pris à crédit ne sembla
pas trop cher.
On hésiterait avant de l'acheter si l'on sériait
de suite de sa poche l'argent nécessaire pour léf
payer, car on pèserait le sacrifice nécessité Das.
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Paris. — Imprimerie Vallée. 15. rue Breda.- 1 1
: il s'appelait "M. Sibon, et les pauvres voulaient
Voir dans ce nom comme une espèce de pré-
destination mystérieuse.
Sur l'ordre du curé malade, on fit venir
M. Sihon.
— Mon cher al-bé, lui dit-il, voici madame
Lollier, dont vous ignorez sans doute l'his-
toire....
— Je connais au contraire, interrompit le vi-
caire, toutes les particularités concernant la fa-
mille Mme Lol'ier.
Ces paroles étaient dites d'un ton de voix si
. doux qu *il en semblait éthéré. La bonne mère
! Lollier regardait de tous ses y,,i-,x ce jeune pré-
dire, dont il lui semblait reconnaître les traits el
jusqu'à la voix.
% M. Sibon était un homme d'environ vingt-cinq
ans, qui paraissait tour à tour plus jeune et plus
âgé qu'il Tl éuit réellement ; plus jeune lorsque
la pure flamme de la charité venait illuminer sou
• 4 regard, plus vieux quand un souvenir d'antre-
' foit=, assombrissant son âme, ternissait l'éclat de
/ ses yeux.
i Cependant il semblait à Mme Lollier qu'elle
* connaissait le jeune prêtre. Mettre un IW01 sur
Cette figure était impossible, maix elfe t:'! nagi-
flait, fiàrie pouvoir ee rendre compte de c,'ft-:
Jmprpfielon, qu'elle aurait r:¡pid"ment: trouva ce:
nom qui lui échappait, si le vica;re,an lieu d'êt'e 1
.Îlretu de la robe des ministres de V:àiji, eikt été
tfè&S[£e la ikjjd du epidat.
— Vous savez tout, mon cher abbé, reprit le
curé, tout de ce qui tient aux souffrances de
ceux (,ui méritent votre attention. Eh bien 1 les
chagrins de la famille Lollier semblent près de
finir. !\,ai-iette est retrouvée.
— Vous avez retrouvé votre fille, s'écria le
vicaire en faisant vivement un pas vers la mère
Lollier; croyez, madame, que je prends à cet
événement la part la plus vive.
— Oui, monsieur l'abbé, répondit Mme Lol-
lier. ma pauvre fille est en route, elle revient,
grâce à M. Médard et à mes fils, et je vou-
lais...
L'hôtesse des Lop 'ns philosophes avait, comme '
on dit, le cœur sur la main, et n'avait pas,
comme or, dit encore, sa langue dans sa poche.
Mais le jeune prêtre, avec son auréole de cha-
rit,,, lui imposait un peu. En vain chrrcha-t-elle
à lui tourner son invitation en manière de com-
i,littient, elle ne put y parvenir.
1) ailleurs cette figure, qu'elle était bien cer-
taine de reconnaître et sur laquelle se fixaient en
vain tous ses souvenirs, la troublait extraordi-
naiempnt.
Heureusement le curé vint à son aide et ex-
posa au vicaire le but de la visite de la mère
L -iiier. Il termina en disant:
— Comme je suis malade, qu'il m'est impossi-
ble d'accf-ptt'r pour mon compte, ' j'ai pensif*,
I m'-neieur l'abbé, que vous voudriezl>ién me re&-
; pLcer. j (
[ Le front do -b4. Sibon i.)arut s'assombrir. i
— Vous serez, au surplus, en pays de connais-
sance, monsieur l'abbé, lit observer la mère
Lollier, M. Médard sera certainement au nombre
de nos convives.
Cette observation produisit exactement l'effet
opposé à celui qu'espérait Mme Lollier. Les
nuages qui semblaient couvrir le front de M. Si-
bon s'épaissirent, pour ainsi dire, quelque chose
comme un rayonnement fauve traversa ses
yeux, le doux sourire qui errait l'instant d'au-
paravant sur ses lèvres disparut entièrement.
— M. Médard! murmura-t-il d'un air pensif.
— Oui, appuya le curé, en regardant attenti-
vement son vicaire, M. Médard. N'etes-voua
pas au mieux avec lui?
— Au mieux, en effet, répondit avec amer-
tume le jeune prêtre.
Puis, rejetant la tête en arrière comme s'il
voulait chasser loin de lui les pensées sombres
et los cruels souvenirs, il dit, avec son doux
sourire renais-ant :
— J'irai, madame, et j'e remercie M. le curé
de l'agréable mips -on qu'il veut bien me con-
fier.'
La mère Lollier, à son tour, remercia le vi-
caire de l'honneur qu il faisait à sa maison. Il
fut convenu qu'elle viendrait avertir son con-
vive du jour de l'arrivée des voyageurs, et que
le repas aurait lieu, ce jour-là, à hùit Meures du
soir, 'IiF-ure à laquelle soupaient alors les bour-
geois de Paris.
tout aijjsi réglé,.-, Mme tomer "tA revint.
joyeuse et souriante, vers la maison de la ruç^
des Ecrivains, maison que les cinq frères, déj]»'
arrivés, s'occupaient, dans l'intervalle de leurfe-
t ravaux habituels, à remettre à neuf et à parer
leur mieux pour la fête prochaine. :
Comme elle y arrivait, Décembre, un pïnôèaâ!
de badigeonneur à la main, lui dit ce siropl®
mot : *
— Eh bien ? . f
— M. le curé est-malade, répondit l'excer,
lente fomme, mais son vicaire le rom lacera. jï
—- Son vicaire? %
— Oui, M. Sibon, celui qui, dit-on, ressemîïiii
tant à M. Médard. "v
— Mère 1 mère!... dit Décembre, priez Diie.,
de n'avoir pas commis une étour.derie.
Décembre savait sans doute quêta liens uns(^,
saient M. Médard au jeune prêtre.
P. DE LA MOULIÈRE
(La suite au prochain numéro,} 1
LES HALLES CENTRALES
De nombreux ouvriers sont occupés en
ment à la réfêcîiftn de l'étngesoutfrraih dû
des Hal|es en rates où le feu S'est déclaré dar®
la nuit du 10 au 11 de ce mois. et qui seimjBrcflMp
tçpient rétabli dans 80n état firimUA
dodelinant sa gross'e tètp et en appuyant son
tjoi! sur le visage de l'enfant. Dès que celle-ci
s'apaisait. l'ours tout joyeux se roulait autour
d'elle et fùuait, sinon avec, toute la grâce, du
moins avec tout l'entrain d'un jeune chai.
îcr.'tin, le père ravi demandant à l'enfant si
n'avait ' as souffert de la fraîcheur de la nuit
. dans cet endroit marécageux, elle lui répondit
que, du soir au matin, l'ours était resté étendu j
iur le r]Ds, la tenant entre ses pattes velues, i
ivec la sollicitude d'une nourrice. i
LA VÉRITÉ SUR THÉODOROS
~ — 'T:héodoros, le roi d'Abyssinie s'est-il sui-
cidé ?..
—. La bataille de Magdala était-elle une vraie
ka'iaUte?
— Thuodoroa u'étaii-il absolument qu'un bar-
bare?
— Enfin l'expédition anglaise en Abyssinie a-
| ïwelle été profitable aux prisonniers f,,a .cat.. de
"Théodoros? Sera-t elle profitable à l'Abys«
"*%inie?
•Nos. — Théodoros ne s'estpas tué lui-même,
, J quoiqu'en disent les journaux anglais, quoique
l'ait raconté hier encore M. H. de Blerzy, dans
- son .in'éressant anicle.. de la. Revue des Deux-
i Éondes.
NON. — La bataille de Magdala n'a pas été
Tjpe vraie bataille.
NON. — Théodoros n'était pas absolument un
barbare. Si vanité lui fit faire des folies ri iicules,
.la colère et la vengeance le poussèrent à des cru-
: aut-és épouvantables,m :is par sa rare» intelligence,
fson courage incroya' le, son appétit d'ap^rendre
■ tout ce que la civilisation inventait de nouveau
■ r=et. d'en doter sa barbare patrie, c'était bien le
:j)1cmier des Abyssins, le nejus, le roi des rois,
comme il a mait à se faire appeler.
Enfin. NON, — l'expédition anglaise n'a pas
, - pror it t' .au£ prisonniers français de Théodoros, et
surtout n,e profitera, pas — bien au contraire —
, 'à 1 Aby,g,inie. -
Nous allons le prouver.
Mais, me dira-t-on, comment se fait-il qu'un
Journaliste de la presse légè. e ait à dire lion mot
sur cette question, toute (l'actualité, du reste,
pui-que le teiésraphe, les let,ros seulement en
, avaient parlé jusqu à présent, et que les témoins,
les acteurs de la guerre d Abyssi . ie sont à peine
.rapatriés depuis quoique Jours f
C'est par suite d'une de Les bonnes for-
Mu ne,,s, qui sont presque la seule compensation
. de notre vie de lutte et de travail. A qui tient
honorablement une plume il se présente de
temps à autre l'occasion de faire connaître une
\" îk-nno action, de signaler un abus, de révéler
urt talent, d'opposer à un mensonge ou à une
. légende la vraie vérité.
Je viens d'avoir cette bonne aubaine. Le ha-
a3F ) , m'a fait rencontrer un homme qui,
: pendant onze ans, a v&cu auprès du roi Théo-
doros, non pas prisonnier dans la stricte accep-
tion du mot, puisqu'il n'a jamais été aux fers,
puisqu'il vivait ranquillement dans sa propriété
de Kauta avec sa femme et ses enfants, puisque
le roi Théodoros l'appelait « Mon fi Is » et le
comblait de cadeaux. Il est vrai nue si l'armurier
du roi avait seulement essayé de s'éloigner
d'une lieue de latente roya e, Thëcd u'o; lui eût
¡ tah couper les jambes et h-s bras. Mais enfin,
cet honnête et habile ouvrier a vécu onze ans à
côté de Théodoros, il l'a vu mort. Ce que je vais
dire, c'est lui qui me l'a raconté à la. suite de
singulières circonstances.
J'entrais, il y a une quinzaine de jours, dans
une imprimerie modèle de province, — celle
du Mémorial de la Loire. — qui se charge éga-
lement des affiches, avis et lettres de faire part
de la ville de Saint-Etienne.
Au guichet de l'employé était un homme de
taille petite, jaune comme un citron, le do»
voùté, les yeux pleins de larmes.
— Il .omm'mdait. les lettres de faire part
pour l'enterrement de sa petite fille et j'entendis
qu'il répondait à une interrogation de l'em-
ployé: , ,....
« Elle avait huit ans! »
Aux pieds de cet homme était assis, les jam-
bes repliées comme celles d'un tailleur, et ses
souliers à la main, un négrillon d'une dizaine
d'années, aux lèvres lippues, aux cheveux épais
comme la toison d'un mouton noir, mais le teint
à peine cuivré, la tigure intelligente au possible,
et les yeux — des yeux superbes — fixés sur
son maître, dont il ne perdait pas un mouve-
ment.
— Allons, Baptisé, dit le maître d'une voix
douce, mets tés souliers et partons 1 ,
Ils sortirent.
— C'es" ce pauvre François Bourgaud, qui est
revenu d'Abyssinie, me dit l'employé - sans at-
tendre ma question.
— Bah! m'écriai-je, celui qui était depuis onze
ans prisonnier de Théodoros ?
, M. Bourgaud rentrait en ce moment pour
chercher un objet qu'il avait oublié. Il entendit
ma phrase et murmura :
— Plùt à Dieu que je fusse encore avec !
Théodoros !
Cette réponse m'intrigua.
— Eh quoi! me dis-je, voilà un homme qui
est revenu dans son beau pays de Saint-
Etienne et qui regrette sa captivité!
Je flairai quelque chose d'inconnu, et après
avoir laissé plusieurs jours à la douleur d'un
père, je me hasardai à all-r le trouver au domi. s
cile qui m'avait été indiqué, chez sa belle-
mère, une boulangère de la grande rue Saint-
Roch.
Quand j'arrivai devant la maison, la porte
était tendue de noir.
M. Bourgaud venait de perdre sa seconde
fille !
" Ce n'est pas tout, me dit un voisin. L'aîné
à des trois enfants qui lui restent est bien mal
» aussi. Que voûtez-vous? L'air de l'Abys-
» sinieleur valait mieux. »
« Allons donc, pensai-je, il doit y avoir quel-
» que chose à faire, il faut relever le courage de
> cet homme, il faut faire visiter ses enfants. »
Et, de complicité avec mon excellent confrère,
M. Antonin Baudin, nous allâmes quelques
jours après, avec un habile médecin de nos amis,
faire une visite à M Bourgaud, qui s'est ré(ugié
cuez son frère, dans une délicieuse campagne'
de La Fouillouse.
Dieu merci! les soins du médecin étaient
inutiles. Les deux aînés, Emile et Alphonse,
jouaient au jardin ; la mère, une courageuse
créature qui a été retrouver son mari dès la
deuxième année de sa captivité, allaitait son
dernier né, une petite fille qui est venue au
monde quelques jours après Magdala, dans un
ravin!
Haptisé, le Il égrillon , paraissait enchanté de la
civilisa!ijn au point de vue de la balançoire.qu'il
ne veut jamais quitter.
C'est le contraire pour ses souliers, qu'il a en
horreur.
Quant à l'ex-armurier du roi Théodoros,
M. Bourgaud, il était,.en train de nettoyer les fili-
granes d'or et les clochettes d'argent d'une su-
perbe selle de mulet que lui adonnée, entre au-
tres choses, ce barbare de négus !
Peu à peu, avec bien des ménagements, car
il est bien abattu, bien brisé, nous arrivâmes à
faire causer M. Bourgaud; il nous montra l'ad-
mirable collection de curiosités qu'il rapporte
d'Abyssinie, mais ce qui surtout nous paya de
notre bon mouvement, c'est tout ce qu'il noua I
apprit, et ce que nous allons redire à notre tour, I
pour rétablir la vérité sur Théodoros. , I
ADOLPHE DUPEUTY.
. e. - (Sera continué). - ... - : i
Tribunaux étrangers
MONOMANIE HOMICIDE
Une correspondance adressée de Genève au
Salut public de Lyon, contient de longs détails
sur une affaire dont les débats ne tarderont pas
à s'ouvrir et sur laquelle la Petite Presse a, long-
temps avant tous les autres journaux français,
appelé l'attention de ses lecteurs.
Notre chronique locale s'alimente, à cette heure,
d'un fait étrange et mystérieux.
Sur la déposition de deux médecins, on arrêtait,
il y a quelques jours, une demoiselle Jeanneret,
originaire du canton de Yaud ou de Neuchâtel,
personne d'âge mûr, qui exerçait,avec une sorte de
considération exceptionnelle, là profession de garde-
malade. Bonne éducation, dévouement, piété, con-
naissances techniques, tout mettait cette personne
au-dessus du commun de ses confrères et lui assu-
rait une clientèle d'élite.
Mais. voici que, chez le dernier malade confié à
ses soins, se. manifestent des svmptômessans aucun
rapport avec la maladie : dilatation de la pupille,
délire, etc. Le médecin, étonné et alarmé, réclame
l'assistance d'un de ses confrères, et il arrive que
celui-ci reconnaît, dans le cas présent, t es carac-
tères identiques à ceux qui l'avaient frappé et dé-
concerté lui-même dans des cas antérieurs. Il ob-
serve, de plus, que c'était la même garde-malade,
contre laquell -, d'ailleurs, il n'avait élevé jusqu'ici
aucune suspicion.
G pendant, la coïncidence était trop singulière
pour demeurer inaperçue. On interroge la garde-
malade, on la presse: elle fait des réponses trou-
bléps et évasives. On fait une visite à son domicile,
et on y trouve un certain nombre de fioles ayant
contenu le poison connu sous le nom d'atropine,
employé parfois en médecine.
Pour justifier la présence des fioles , Mlle Jean-
neret dit qu'elle s'était servie souvent de cette sub-
stance, à l'occasion d'une maladie d'yeux dont elle
avait été affectée. Mais la suite de l'enquête fit
connaître que le médecin consulté par elle ,dans
cette circonstance lui avait démontré , par des ex-
périences concluantes, que cette maiadie n'existait
que dans son imagination. Il le pensait, du moins,
ne 'achant pas que ce fùt un prétexte allégué pour
obtenir, par ordonnance, chez les pharmaciens, la
substance en question.
Uno fois sur la trace des révélations, on les vit
s'accumuler. Une huitaine de malades, sinon plus,
étaient morts depuis deux ans entre les mains de
cette femme, avec les mêmes symptômes patholo-
giques et peut-être par la même cause. 11 fut même
constaté que l'une de ces morts avait causé une
impression sinistre dans la localité.- La garde-ma-
lade habitait alors Vevey, ' — ce qui décida cette
malheureuse à émigrer.
Bref, Mlle Jeanneret, arrêtée, passera bientôt ién
cour d'assises. Pour les besoins de l'enquête, on
procédait hier à l'exhumation d'un certain nombre
de défunts ayant été soignés dans leurs derniers
jours par l'accusée, afin de procéder à l'autopsie
juridique.
Que faut-il penser de cette étrange affaire? Les
médecins eux-mêmes sont très-partagés. Y avait-il
assassinat avec préméditation, ou monomanie mé-
dicamenteuse? perversité effroyable ou folie?.,.
L'accusée se."retranche dans un système de dénéga-
tion, tout en avouant qu'elle peut bien s'être trom-
pée quelquefois.
Les débats judiciaires établiront la v0r:té. *"3>
Mais quel adoucissement en sortfta-t-il pour tOU.f
tes ces familles, qui, à la douleur naturelle qu'elle»
ont ressentie, voient succéder l'hoffiblie apprêhenVl
sion d'avoir été victimes d'un abominable crime? I
— On a empoisonné ma mère! s'écrivit un mon-f
sieur 'a se tordant les mains, lorsque l'enquêdr
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: il s'appelait "M. Sibon, et les pauvres voulaient
Voir dans ce nom comme une espèce de pré-
destination mystérieuse.
Sur l'ordre du curé malade, on fit venir
M. Sihon.
— Mon cher al-bé, lui dit-il, voici madame
Lollier, dont vous ignorez sans doute l'his-
toire....
— Je connais au contraire, interrompit le vi-
caire, toutes les particularités concernant la fa-
mille Mme Lol'ier.
Ces paroles étaient dites d'un ton de voix si
. doux qu *il en semblait éthéré. La bonne mère
! Lollier regardait de tous ses y,,i-,x ce jeune pré-
dire, dont il lui semblait reconnaître les traits el
jusqu'à la voix.
% M. Sibon était un homme d'environ vingt-cinq
ans, qui paraissait tour à tour plus jeune et plus
âgé qu'il Tl éuit réellement ; plus jeune lorsque
la pure flamme de la charité venait illuminer sou
• 4 regard, plus vieux quand un souvenir d'antre-
' foit=, assombrissant son âme, ternissait l'éclat de
/ ses yeux.
i Cependant il semblait à Mme Lollier qu'elle
* connaissait le jeune prêtre. Mettre un IW01 sur
Cette figure était impossible, maix elfe t:'! nagi-
flait, fiàrie pouvoir ee rendre compte de c,'ft-:
Jmprpfielon, qu'elle aurait r:¡pid"ment: trouva ce:
nom qui lui échappait, si le vica;re,an lieu d'êt'e 1
.Îlretu de la robe des ministres de V:àiji, eikt été
tfè&S[£e la ikjjd du epidat.
— Vous savez tout, mon cher abbé, reprit le
curé, tout de ce qui tient aux souffrances de
ceux (,ui méritent votre attention. Eh bien 1 les
chagrins de la famille Lollier semblent près de
finir. !\,ai-iette est retrouvée.
— Vous avez retrouvé votre fille, s'écria le
vicaire en faisant vivement un pas vers la mère
Lollier; croyez, madame, que je prends à cet
événement la part la plus vive.
— Oui, monsieur l'abbé, répondit Mme Lol-
lier. ma pauvre fille est en route, elle revient,
grâce à M. Médard et à mes fils, et je vou-
lais...
L'hôtesse des Lop 'ns philosophes avait, comme '
on dit, le cœur sur la main, et n'avait pas,
comme or, dit encore, sa langue dans sa poche.
Mais le jeune prêtre, avec son auréole de cha-
rit,,, lui imposait un peu. En vain chrrcha-t-elle
à lui tourner son invitation en manière de com-
i,littient, elle ne put y parvenir.
1) ailleurs cette figure, qu'elle était bien cer-
taine de reconnaître et sur laquelle se fixaient en
vain tous ses souvenirs, la troublait extraordi-
naiempnt.
Heureusement le curé vint à son aide et ex-
posa au vicaire le but de la visite de la mère
L -iiier. Il termina en disant:
— Comme je suis malade, qu'il m'est impossi-
ble d'accf-ptt'r pour mon compte, ' j'ai pensif*,
I m'-neieur l'abbé, que vous voudriezl>ién me re&-
; pLcer. j (
[ Le front do -b4. Sibon i.)arut s'assombrir. i
— Vous serez, au surplus, en pays de connais-
sance, monsieur l'abbé, lit observer la mère
Lollier, M. Médard sera certainement au nombre
de nos convives.
Cette observation produisit exactement l'effet
opposé à celui qu'espérait Mme Lollier. Les
nuages qui semblaient couvrir le front de M. Si-
bon s'épaissirent, pour ainsi dire, quelque chose
comme un rayonnement fauve traversa ses
yeux, le doux sourire qui errait l'instant d'au-
paravant sur ses lèvres disparut entièrement.
— M. Médard! murmura-t-il d'un air pensif.
— Oui, appuya le curé, en regardant attenti-
vement son vicaire, M. Médard. N'etes-voua
pas au mieux avec lui?
— Au mieux, en effet, répondit avec amer-
tume le jeune prêtre.
Puis, rejetant la tête en arrière comme s'il
voulait chasser loin de lui les pensées sombres
et los cruels souvenirs, il dit, avec son doux
sourire renais-ant :
— J'irai, madame, et j'e remercie M. le curé
de l'agréable mips -on qu'il veut bien me con-
fier.'
La mère Lollier, à son tour, remercia le vi-
caire de l'honneur qu il faisait à sa maison. Il
fut convenu qu'elle viendrait avertir son con-
vive du jour de l'arrivée des voyageurs, et que
le repas aurait lieu, ce jour-là, à hùit Meures du
soir, 'IiF-ure à laquelle soupaient alors les bour-
geois de Paris.
tout aijjsi réglé,.-, Mme tomer "tA revint.
joyeuse et souriante, vers la maison de la ruç^
des Ecrivains, maison que les cinq frères, déj]»'
arrivés, s'occupaient, dans l'intervalle de leurfe-
t ravaux habituels, à remettre à neuf et à parer
leur mieux pour la fête prochaine. :
Comme elle y arrivait, Décembre, un pïnôèaâ!
de badigeonneur à la main, lui dit ce siropl®
mot : *
— Eh bien ? . f
— M. le curé est-malade, répondit l'excer,
lente fomme, mais son vicaire le rom lacera. jï
—- Son vicaire? %
— Oui, M. Sibon, celui qui, dit-on, ressemîïiii
tant à M. Médard. "v
— Mère 1 mère!... dit Décembre, priez Diie.,
de n'avoir pas commis une étour.derie.
Décembre savait sans doute quêta liens uns(^,
saient M. Médard au jeune prêtre.
P. DE LA MOULIÈRE
(La suite au prochain numéro,} 1
LES HALLES CENTRALES
De nombreux ouvriers sont occupés en
ment à la réfêcîiftn de l'étngesoutfrraih dû
des Hal|es en rates où le feu S'est déclaré dar®
la nuit du 10 au 11 de ce mois. et qui seimjBrcflMp
tçpient rétabli dans 80n état firimUA
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.28%.
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