Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-04
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 avril 1868 04 avril 1868
Description : 1868/04/04 (A3,N716). 1868/04/04 (A3,N716).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47177181
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
0 RÉ cent. le numéro
5 CCIi.f. le numéro -
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 2 s fr.
Départements.. S fil 99
Administrateur : E. DELSAUX.
1 gme année. — SAMEDI & AVRIL 4868. — N" Il 6
Directeur- Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en chçf : A. DE B^LATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : l'ue D¡¡'.ouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 3 AVRIL 1868.
LE CARÊME
Parler du Carême est
tualité. f , : * '•*
La re1igion, J'!!ygiène etfi&i%nVië sc^iaté;,
son: également intéressées la^la
\
Les peuples de l'Orient ont toujours été de
grands jeûneurs. Ce fait, ainsi quele fait très-
;uon observer le dictionnaire de Larousse,
5 explique naturellement par l'influence du
climat et le caractère des peuples.
Les Orientaux, doués de plus d'imagina-
tion que d'appétit, ne sentent pas au même
degré que nous le besoin (ie 'la nourriture ;
pondant que leur âme, fortement impres-
sionnable et continuellement ouverte à tous
les phénomènes de la pensée et du rêve,
? e'iève dans les plus hautes, régions, leur
forps reste ordinairement abandonné à une
douce indolence ; et comme, par la loi de la
n:1tnre, la nourriture matérielle doit être en
■•apport avec le travail musculaire, il arrive
!'■ chez eux, le besoin des aliments de l'in-
telligence, de l'imagination surtout, est bien
pressant quo celui des aliments du
Jurps.
les juifs pratiquaient le jeûne, comme les
musulmans le pratiquent encore. La sobriété
' !;til chez eux ]a vertu - favorite des gens
metix. Lorsque Jésus-Christ, à l'exemple de
.i-';!n-n:tpt!.stp, alla passer quelques semaines
in '!)s:'!'t, il jeûna pendant quarante jours.
Ma>. chez lui, les pratiques religieuses, on
suit, étaient toujours subordonnées à la
!>i l't au bon sens. Les pénitences réglées
lui semblaient inférieures à l'élan du- re-
lir, et il ne se gênait pas pour blâmer les
pharisiens qui observaient les termes de la
10 sans se pénétrer do son esprit, et qui
croyaient avoir acquis, parle jeûne, le droit
de ne pas aimer leur prochain.
Les papes, désireux de concilier l'esprit de
:'!>:!ngik avec tes règles de l'Eglise, fixèrent
le jeûne des fidèles d'après celui du Christ,
'1 instituèrent le Ca!'cmc.
L,' C;¡¡I:'me, jusqu'au cinquième siècle, ne
:!ura que tieMte-six jours. Il fut alors jJortéÙ
quarante par toutes les églises, une seule
exceptée, celle de Milan, qui conserva l'ancien
usage.
Le malheur est que les rois voulurent faire
exécuter par la force les ordonnances des
papes et des conciles.
Ils firent jeûner leurs soldats: ce n'était
rien ; mais ils allèrent jusqu'à défendre aux
\n bouchrrs de vendre ou d'étaler de la viande
*en Carême, sous peine de mort. Des agents
Ile police visitaient, les hôtelleries et les palais,
$es chaumières et les châteaux, constatant
les fraudes et dénonçant les citoyens qui fai-
saient gras. Pour une livre de bœuf, un bour-
geois de Paris pouvait très-bien être attaché
au carcan et mis en prison. Les grands sei-
gneurs bâtonnaient les commi's chargés de
l'inspection, et les commis se vengeaient sur
d'autres.
L'Hôtel-Dieu de Paris avait le monopole de
vendre la viande de boucherie pendant les
quarante jours qui précédaient Pàques. Mais,
pour voir le droit de s'approvisionner, on
dqvait présenter un certificat du médecin, at-
testant qu'on était malade; et ce certificat
devait porter la signature du curé de La pa-
roisse.
En France, ces mesures furent toujours
trouvées rigoureuses. Autant les chrétiens du
moyon âge aimaient à jeûner pour plaire à
Dieu, autant ils se révoltaient à la pensBe >-¿l'y
être forcés de par le roi. Aussi se vengeaient-
ils de la contrainte p*,eu, des mascarades co-
miques, des fabliaux et des chansons. Il est
vrai qu'après avoir chanté, ils priaient.
Les coutumes propres au Carême variaient
à l'infini. Augustin Challamel, dans les Mé-
moires du Peuple français, en cite quelques-
unes :
Dans le Limousin, le mercredi des Cendres,
on exposait sur la cheminée de la cuisine un
tab!eau composé d'autant de lettres qu'il y a
de jours en Carême, et l'on effaçait tous les
soirs une de ces lettres, qui formaient l'in-
sription suivante :
Mors .... La mort
Imperat ... Commande
Regibut, ... Aux rois,
Hazimis, ... Aux plus grands -
Minimis, ... Aux p'us petits,
Dcnique ... Enfin
Omnibus.... A tous.
Au commencement du Carême,. les sœurs
de Sainte-Claire, religieuses qui faisaient.
vœu de pauvreté, quittaient leur couvent
chaque année pour recueillir les aumônes des
fidèles. Aussi le -peuple les appelait « hiron-
delles de Carême, » parce qu'elles étaient
vêtues de noir et de blanc.
Dans le Var, le jour des Rameaux, les en-
fants attachaient des fruits à des palmes et à
des branches de laurier.
Les œufs de Pâques, appelés teinturiers, à
cause de leur mise en couleur, étaient solen-
nellement bénits. Puis on les offrait en pré-
sents aux ,parents et amis. Les clercs des
églises et .les jeunes gens, dans certaines
villes, allaient à la quête des œufs de Pâques.
Aujourd'hui encore, le Carême exerce son
influence. On néglige sans doute quelques-
unes denses prescriptions, mais je ne crois
pas qu'on trouve beaucoup de familles en
France qui fassent gras le vendredi saint. Les
soldats eux-mêmes renoncent, ce jour-là, à la
soupe grasse de l'ordinaire
« Sous le rapport hygiénique, dit le Dic-
tionnaire Universel, le Carême a sur la santé
des peuples une heureuse influence, qui a été
constatée par des hommes verses dans la
science et n'ayant d'autre parti pris que celui
de dire la vérité. Le printemps est, pour la
nature entière, peur la nature organique sur-
tout, un moment de réveil, de renaissance.
En même temps qu'une exubérance de séve
vient animer la plante, les animaux sentent,
eux aussi, un redoublement de .vie travailler
leurs organes. Le sang circule avec plus de
force ef de chliteur ; la digestion s'opère d'mre
manière plus active et plus complète; tout,
dans le corps de l'anim:d, ressent une heu-
reuse influence; mais cette exubérance même
de vie peut devenir un danger pour la santé,
et l'équilibre, qui en est la condition essen-
tielle, peut être dérangé. C'est ce qui arrive
en effet: nous voyons, à cette époque de l'an-
née, le nombre des maladies s'aocroître, et
bien des personnes, dont le tempéramentn'e>t
pas assez robuste pour résister à cette espèce
de révolution qui se produit en elles, sentent
la nécessité de se débarrasser par des purga-
tions ou par des saignées de cet excès de vie
qui met leur santé en péril 01', si l'on réflé-
chit que le Carême se trouve placé à l'entrée
de cette sarson critique, on comprendra sans
difficulté que le système de privations qu'il
nous impose -doit naturellement, en ne satis-
faisant pas à tous les appétits du corps, entra- ;
ver ce mouvement, et favoriser ainsi la santé
d une manière d'autant plus efficace qu'H
agit comme préservatif, et non comme re-
mède. o
Au mois de juin 1793, des citoyens de
Paris, pour remédier à la misère publique et
au renchérissement des denrées, proposèrent
de se soumettre à un jeûne patriotique et de
se réduire, pendant un certain temps, au strici
nécessaire. Plusieurs sections jurèrent de
s'abstenir de viande pendant six semaines.
L'hiver suivant, Barrère proposa, au nom
du comité du Salut Public, un Carême civique.
Legendre, qui était boucher, mais qui ce
jour-là ne prêchait pas pour son saint, monta
à la tribune et demanda que la Convention
ne se bornât pas à inviter les bons citoyens à
ce Carême, mais encore qu'elle le décrétât.
Cambon lui répondit que la République ne
devait pas imiter les formes de la Monarchie.
et que l'Assemblée devait s'en rapporter à
l'initiative individuelle.
La question revint encore une fois devant
la Convention.
Un député, Vialard, prit la parole :
» VIALARD. — Je viens de parcourir les dé-
partements; je dois faire part d'un moyen
sûr qu'emploient les habitants des campagnes
pour parvenir à faire revenir l'abondance.
Ils se sont imposé eux-mêmes un carême
civique ; ils ne délivrent de la viande qu'aux
malades et infirmes. Si ce moyen était en
usage ici, vous verriez bienlêi-FemUre l'abon-
dance.
» UN REPRÉSENTANT.— Dans un moment ora-
geux, dans un moment de disette, car elle
existe, et personne n'en doit douter, de vrais
républicains doivent faire des sacrifices; ils
doivent se montrer dignes de la cause qu'ils
défendent, en apprenant aux égoïstes et aux
accapareurs, que leur patience ne se lassera.
jamais, qu'ils sauronfse- contenter de pain et
d'eau. (Rumeurs dans une des tribunes.)
» Sans doute, citoyens, je le sais comme
vous, nous sommes loin d'être réduits à cetta
extrémité; en disant que des républicains
pouvaient se contenter de pain et d'e'Hu, j'ai
voulu les inviter an courage des privations
qui doit les rendre inYincib!cs. C'c:-,t par sa
sobriété que Sparte s'est élevée à une grande
hauteur et qu'elle a fait triompher la liberté.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
VIII
M 147
Ces mots : pour l'Irlande, accentués d'une cer-
.aine façon par miss Enon, av.vent suffi pour
établir comme un murant de sympathie tlec-
trique entre elle et le révérend Pet ers' Town.
Elle continua :
— Mon révérend, la fslie de lord Palmure,
comme vous le pensez bien, est au courant de
la politique. " - -
Voir le numéro du 22 novembre.
— Cela doit être, fit le prêtre en saluant de
nouveau.
— Et elle n'ignore aucune des questions qui
intéressent en ce moment l'Angleterre.
Ici, il y eut un nouveau salut du révérend.
Miss Ellen poursuivit :
— Mon père n'a pas d'autre secrétaire que
moi.
— Ah!
— Je décachète son courrier et je réponds
souvent en son nom aux plus hauts person-
nages.
Miss Ellen disait vrai, et on le sentait, en
dépit de sa jeunesse, à cette voix calme, légère-
ment ironique, et douée d'un timbre plein
d'autorité.
— Mon père, poursuivit miss Eilen, a, comme
vous le savez, une grande autorité à la Cham.
bre In
Le r-vérend -fit un geste affirm:Uif
— EL 0,1 le sait un ennemi acharné de l'Ir-
lande pL de cas misérables qui ont depuis
quoique temps déclaré à. l'Angleterre une
guerre '-ênébreuse.
Lé ;'''u:. œ>l du révérend eut un nouvel éclair
du il;:. ' '
— Cepeud -nt, reprit la jeune fille. l'Irlande t
-des ennemis plus acharnés qae. mon pàro^et les
hommes de s-ju ^arli.
— Et,.. fit le révérend en fronçant le sourcil,
quels sont ces hommes, mademoiselle?
— Vous et les vôtres.
— Vous croyez ?
— La haine de parti s'émousse quelquefois,
continua miss Ellen, la ha:ne de secte, jaw
fmais.
Le cierge anglican hait mortellement le clergé
catholique, dont le foyer, puur les trois royau-
mes, est l'Irlande.
" —Fort bien, dit le prêtre.
-4 C'est une haine sans trêve, sans merci, que
eellj que vous avez vouée à ri; innée, reprit
mis| Ellen , et cest pour cela que je suis
vente.
L4 révérend attendait que la j:a:r.c)enn.'. s'ex-
pliquât nettement.
— Vous avez ot'!'?rt à mon pè:e le secours d?
cette armée occulte que vous co:riiiKu:dcz, :¡'C8t-
ce p£S ?
Sir Peters Town regarda de nouveau miss
Ellen.
Celte-ci avait aux iè'vres ce sourire confiant et
moqueur qui sied à ceux qui touchent à la di-
piornaUe ^
— La religion ang:kane. comme le cati,
licisme, poursuivit* miss E!l<::,n, a ses' affilia tiens
religieuses qui ou; un bj;. :'o!.itiqut<, s.>s sociéiés '
mïuû.iattseaôt a.jcrc..cj qui Ujn..eui ea k.Uae fa I
clergé régulier et l'archev(Y{ue de Cunlorbéry
lui-mème.
■Or, vous êtes le chef suprême d'une de ces
associations, la plus puissant.1, selon moi, celle
qui a voué une guerre ù'e::..:tenniilation à l'Ir-
lande ..
— Cela est \Tai, mis? Eilen.
— EL c'est, pour cola (¡¡Lm lion de dédaigner
vot e concours, comme mon père, qui a été mal
inspiré ce jour-là, je viens à vous.
— Ah! fit le r¿Yúl'c!1Ù, qui SI- mép it aux pa- -
roI s de miss Ellen, lord t'ai mure "J ravise?
— Non, je Lr> viens pas de sa !J,ti't.
r- De laqUl\ le dont venez-vou-? -
. — De ia ¡;¡ÎClllll', dit froidement miss Eilen.,
Le révérend la rej'ardT. de nouveau.
Et, ce:te fois, il eut un tressaillement par
tout !on être.
Son regard avait heurté celui de miss Ellen,
connue se heurteraient, deux - l.«m-.?3 . d'èpée for-
gée,; et trempée* ensemble, upiès avoir éCil ti-»
rées du même bloc d'acier. 1
Et Je prêtre eut soudain une connance avfcu.gl'ô
en cette jeune itho à .'œii domina' e.ur, que la
nature avait armée pour LI. lutte, en lui donnant
tlne, beauté souveraine.
— Va-!oz, miss Ellen, dit-P.
(Je!i va-.:'ait t!!fe.
JOURNAL QUOTIDIEN
0 RÉ cent. le numéro
5 CCIi.f. le numéro -
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 2 s fr.
Départements.. S fil 99
Administrateur : E. DELSAUX.
1 gme année. — SAMEDI & AVRIL 4868. — N" Il 6
Directeur- Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en chçf : A. DE B^LATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : l'ue D¡¡'.ouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 3 AVRIL 1868.
LE CARÊME
Parler du Carême est
tualité. f , : * '•*
La re1igion, J'!!ygiène etfi&i%nVië sc^iaté;,
son: également intéressées la^la
\
Les peuples de l'Orient ont toujours été de
grands jeûneurs. Ce fait, ainsi quele fait très-
;uon observer le dictionnaire de Larousse,
5 explique naturellement par l'influence du
climat et le caractère des peuples.
Les Orientaux, doués de plus d'imagina-
tion que d'appétit, ne sentent pas au même
degré que nous le besoin (ie 'la nourriture ;
pondant que leur âme, fortement impres-
sionnable et continuellement ouverte à tous
les phénomènes de la pensée et du rêve,
? e'iève dans les plus hautes, régions, leur
forps reste ordinairement abandonné à une
douce indolence ; et comme, par la loi de la
n:1tnre, la nourriture matérielle doit être en
■•apport avec le travail musculaire, il arrive
!'■ chez eux, le besoin des aliments de l'in-
telligence, de l'imagination surtout, est bien
pressant quo celui des aliments du
Jurps.
les juifs pratiquaient le jeûne, comme les
musulmans le pratiquent encore. La sobriété
' !;til chez eux ]a vertu - favorite des gens
metix. Lorsque Jésus-Christ, à l'exemple de
.i-';!n-n:tpt!.stp, alla passer quelques semaines
in '!)s:'!'t, il jeûna pendant quarante jours.
Ma>. chez lui, les pratiques religieuses, on
suit, étaient toujours subordonnées à la
!>i l't au bon sens. Les pénitences réglées
lui semblaient inférieures à l'élan du- re-
lir, et il ne se gênait pas pour blâmer les
pharisiens qui observaient les termes de la
10 sans se pénétrer do son esprit, et qui
croyaient avoir acquis, parle jeûne, le droit
de ne pas aimer leur prochain.
Les papes, désireux de concilier l'esprit de
:'!>:!ngik avec tes règles de l'Eglise, fixèrent
le jeûne des fidèles d'après celui du Christ,
'1 instituèrent le Ca!'cmc.
L,' C;¡¡I:'me, jusqu'au cinquième siècle, ne
:!ura que tieMte-six jours. Il fut alors jJortéÙ
quarante par toutes les églises, une seule
exceptée, celle de Milan, qui conserva l'ancien
usage.
Le malheur est que les rois voulurent faire
exécuter par la force les ordonnances des
papes et des conciles.
Ils firent jeûner leurs soldats: ce n'était
rien ; mais ils allèrent jusqu'à défendre aux
\n bouchrrs de vendre ou d'étaler de la viande
*en Carême, sous peine de mort. Des agents
Ile police visitaient, les hôtelleries et les palais,
$es chaumières et les châteaux, constatant
les fraudes et dénonçant les citoyens qui fai-
saient gras. Pour une livre de bœuf, un bour-
geois de Paris pouvait très-bien être attaché
au carcan et mis en prison. Les grands sei-
gneurs bâtonnaient les commi's chargés de
l'inspection, et les commis se vengeaient sur
d'autres.
L'Hôtel-Dieu de Paris avait le monopole de
vendre la viande de boucherie pendant les
quarante jours qui précédaient Pàques. Mais,
pour voir le droit de s'approvisionner, on
dqvait présenter un certificat du médecin, at-
testant qu'on était malade; et ce certificat
devait porter la signature du curé de La pa-
roisse.
En France, ces mesures furent toujours
trouvées rigoureuses. Autant les chrétiens du
moyon âge aimaient à jeûner pour plaire à
Dieu, autant ils se révoltaient à la pensBe >-¿l'y
être forcés de par le roi. Aussi se vengeaient-
ils de la contrainte p*,eu, des mascarades co-
miques, des fabliaux et des chansons. Il est
vrai qu'après avoir chanté, ils priaient.
Les coutumes propres au Carême variaient
à l'infini. Augustin Challamel, dans les Mé-
moires du Peuple français, en cite quelques-
unes :
Dans le Limousin, le mercredi des Cendres,
on exposait sur la cheminée de la cuisine un
tab!eau composé d'autant de lettres qu'il y a
de jours en Carême, et l'on effaçait tous les
soirs une de ces lettres, qui formaient l'in-
sription suivante :
Mors .... La mort
Imperat ... Commande
Regibut, ... Aux rois,
Hazimis, ... Aux plus grands -
Minimis, ... Aux p'us petits,
Dcnique ... Enfin
Omnibus.... A tous.
Au commencement du Carême,. les sœurs
de Sainte-Claire, religieuses qui faisaient.
vœu de pauvreté, quittaient leur couvent
chaque année pour recueillir les aumônes des
fidèles. Aussi le -peuple les appelait « hiron-
delles de Carême, » parce qu'elles étaient
vêtues de noir et de blanc.
Dans le Var, le jour des Rameaux, les en-
fants attachaient des fruits à des palmes et à
des branches de laurier.
Les œufs de Pâques, appelés teinturiers, à
cause de leur mise en couleur, étaient solen-
nellement bénits. Puis on les offrait en pré-
sents aux ,parents et amis. Les clercs des
églises et .les jeunes gens, dans certaines
villes, allaient à la quête des œufs de Pâques.
Aujourd'hui encore, le Carême exerce son
influence. On néglige sans doute quelques-
unes denses prescriptions, mais je ne crois
pas qu'on trouve beaucoup de familles en
France qui fassent gras le vendredi saint. Les
soldats eux-mêmes renoncent, ce jour-là, à la
soupe grasse de l'ordinaire
« Sous le rapport hygiénique, dit le Dic-
tionnaire Universel, le Carême a sur la santé
des peuples une heureuse influence, qui a été
constatée par des hommes verses dans la
science et n'ayant d'autre parti pris que celui
de dire la vérité. Le printemps est, pour la
nature entière, peur la nature organique sur-
tout, un moment de réveil, de renaissance.
En même temps qu'une exubérance de séve
vient animer la plante, les animaux sentent,
eux aussi, un redoublement de .vie travailler
leurs organes. Le sang circule avec plus de
force ef de chliteur ; la digestion s'opère d'mre
manière plus active et plus complète; tout,
dans le corps de l'anim:d, ressent une heu-
reuse influence; mais cette exubérance même
de vie peut devenir un danger pour la santé,
et l'équilibre, qui en est la condition essen-
tielle, peut être dérangé. C'est ce qui arrive
en effet: nous voyons, à cette époque de l'an-
née, le nombre des maladies s'aocroître, et
bien des personnes, dont le tempéramentn'e>t
pas assez robuste pour résister à cette espèce
de révolution qui se produit en elles, sentent
la nécessité de se débarrasser par des purga-
tions ou par des saignées de cet excès de vie
qui met leur santé en péril 01', si l'on réflé-
chit que le Carême se trouve placé à l'entrée
de cette sarson critique, on comprendra sans
difficulté que le système de privations qu'il
nous impose -doit naturellement, en ne satis-
faisant pas à tous les appétits du corps, entra- ;
ver ce mouvement, et favoriser ainsi la santé
d une manière d'autant plus efficace qu'H
agit comme préservatif, et non comme re-
mède. o
Au mois de juin 1793, des citoyens de
Paris, pour remédier à la misère publique et
au renchérissement des denrées, proposèrent
de se soumettre à un jeûne patriotique et de
se réduire, pendant un certain temps, au strici
nécessaire. Plusieurs sections jurèrent de
s'abstenir de viande pendant six semaines.
L'hiver suivant, Barrère proposa, au nom
du comité du Salut Public, un Carême civique.
Legendre, qui était boucher, mais qui ce
jour-là ne prêchait pas pour son saint, monta
à la tribune et demanda que la Convention
ne se bornât pas à inviter les bons citoyens à
ce Carême, mais encore qu'elle le décrétât.
Cambon lui répondit que la République ne
devait pas imiter les formes de la Monarchie.
et que l'Assemblée devait s'en rapporter à
l'initiative individuelle.
La question revint encore une fois devant
la Convention.
Un député, Vialard, prit la parole :
» VIALARD. — Je viens de parcourir les dé-
partements; je dois faire part d'un moyen
sûr qu'emploient les habitants des campagnes
pour parvenir à faire revenir l'abondance.
Ils se sont imposé eux-mêmes un carême
civique ; ils ne délivrent de la viande qu'aux
malades et infirmes. Si ce moyen était en
usage ici, vous verriez bienlêi-FemUre l'abon-
dance.
» UN REPRÉSENTANT.— Dans un moment ora-
geux, dans un moment de disette, car elle
existe, et personne n'en doit douter, de vrais
républicains doivent faire des sacrifices; ils
doivent se montrer dignes de la cause qu'ils
défendent, en apprenant aux égoïstes et aux
accapareurs, que leur patience ne se lassera.
jamais, qu'ils sauronfse- contenter de pain et
d'eau. (Rumeurs dans une des tribunes.)
» Sans doute, citoyens, je le sais comme
vous, nous sommes loin d'être réduits à cetta
extrémité; en disant que des républicains
pouvaient se contenter de pain et d'e'Hu, j'ai
voulu les inviter an courage des privations
qui doit les rendre inYincib!cs. C'c:-,t par sa
sobriété que Sparte s'est élevée à une grande
hauteur et qu'elle a fait triompher la liberté.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
VIII
M 147
Ces mots : pour l'Irlande, accentués d'une cer-
.aine façon par miss Enon, av.vent suffi pour
établir comme un murant de sympathie tlec-
trique entre elle et le révérend Pet ers' Town.
Elle continua :
— Mon révérend, la fslie de lord Palmure,
comme vous le pensez bien, est au courant de
la politique. " - -
Voir le numéro du 22 novembre.
— Cela doit être, fit le prêtre en saluant de
nouveau.
— Et elle n'ignore aucune des questions qui
intéressent en ce moment l'Angleterre.
Ici, il y eut un nouveau salut du révérend.
Miss Ellen poursuivit :
— Mon père n'a pas d'autre secrétaire que
moi.
— Ah!
— Je décachète son courrier et je réponds
souvent en son nom aux plus hauts person-
nages.
Miss Ellen disait vrai, et on le sentait, en
dépit de sa jeunesse, à cette voix calme, légère-
ment ironique, et douée d'un timbre plein
d'autorité.
— Mon père, poursuivit miss Eilen, a, comme
vous le savez, une grande autorité à la Cham.
bre In
Le r-vérend -fit un geste affirm:Uif
— EL 0,1 le sait un ennemi acharné de l'Ir-
lande pL de cas misérables qui ont depuis
quoique temps déclaré à. l'Angleterre une
guerre '-ênébreuse.
Lé ;'''u:. œ>l du révérend eut un nouvel éclair
du il;:. ' '
— Cepeud -nt, reprit la jeune fille. l'Irlande t
-des ennemis plus acharnés qae. mon pàro^et les
hommes de s-ju ^arli.
— Et,.. fit le révérend en fronçant le sourcil,
quels sont ces hommes, mademoiselle?
— Vous et les vôtres.
— Vous croyez ?
— La haine de parti s'émousse quelquefois,
continua miss Ellen, la ha:ne de secte, jaw
fmais.
Le cierge anglican hait mortellement le clergé
catholique, dont le foyer, puur les trois royau-
mes, est l'Irlande.
" —Fort bien, dit le prêtre.
-4 C'est une haine sans trêve, sans merci, que
eellj que vous avez vouée à ri; innée, reprit
mis| Ellen , et cest pour cela que je suis
vente.
L4 révérend attendait que la j:a:r.c)enn.'. s'ex-
pliquât nettement.
— Vous avez ot'!'?rt à mon pè:e le secours d?
cette armée occulte que vous co:riiiKu:dcz, :¡'C8t-
ce p£S ?
Sir Peters Town regarda de nouveau miss
Ellen.
Celte-ci avait aux iè'vres ce sourire confiant et
moqueur qui sied à ceux qui touchent à la di-
piornaUe ^
— La religion ang:kane. comme le cati,
licisme, poursuivit* miss E!l<::,n, a ses' affilia tiens
religieuses qui ou; un bj;. :'o!.itiqut<, s.>s sociéiés '
mïuû.iattseaôt a.jcrc..cj qui Ujn..eui ea k.Uae fa I
clergé régulier et l'archev(Y{ue de Cunlorbéry
lui-mème.
■Or, vous êtes le chef suprême d'une de ces
associations, la plus puissant.1, selon moi, celle
qui a voué une guerre ù'e::..:tenniilation à l'Ir-
lande ..
— Cela est \Tai, mis? Eilen.
— EL c'est, pour cola (¡¡Lm lion de dédaigner
vot e concours, comme mon père, qui a été mal
inspiré ce jour-là, je viens à vous.
— Ah! fit le r¿Yúl'c!1Ù, qui SI- mép it aux pa- -
roI s de miss Ellen, lord t'ai mure "J ravise?
— Non, je Lr> viens pas de sa !J,ti't.
r- De laqUl\ le dont venez-vou-? -
. — De ia ¡;¡ÎClllll', dit froidement miss Eilen.,
Le révérend la rej'ardT. de nouveau.
Et, ce:te fois, il eut un tressaillement par
tout !on être.
Son regard avait heurté celui de miss Ellen,
connue se heurteraient, deux - l.«m-.?3 . d'èpée for-
gée,; et trempée* ensemble, upiès avoir éCil ti-»
rées du même bloc d'acier. 1
Et Je prêtre eut soudain une connance avfcu.gl'ô
en cette jeune itho à .'œii domina' e.ur, que la
nature avait armée pour LI. lutte, en lui donnant
tlne, beauté souveraine.
— Va-!oz, miss Ellen, dit-P.
(Je!i va-.:'ait t!!fe.
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