Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-12
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 février 1868 12 février 1868
Description : 1868/02/12 (A3,N664). 1868/02/12 (A3,N664).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717666r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN .
5 cent. le numéro
1 5 cent. le nsiméco
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 48 fr.
. Départements.. fi 11 99
Administrateur: E. DELSAUX. 1.
aIDe anf-,M,dr. - MERCREDI 12 FEVRIER 1868. — N" 664
Directeur-Proprié taire : JANNIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE*
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot. «
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 11 FEVRIER 1868.
UN HÉROS D'AUTREFOIS
12 février 1714. — Charles XII
à Bender.
Vers la fin du dix-septième sielâîg, lâ Swè3e,
était gouvernée par un bon roi,^gfH>ïatit,
mais économe et ami. de la paix. Il vivait
bien avec tout le monde, et, quand ses Voisins
Fe battaient entre eux, il trouvait toujours
moyen de garder la neutralité. Lorsqu'il mou-
rut, le 5 avril 1697, il laissa le trésor public
plein de rixdalers, et la nation tout entière
Jans un état de prospérité qu'elle n'avait ja-
mais connue.
L'histoire ne peut faire à Charles XI, c'é-
tait le nom du bon roi, qu'un seul reproche :
t'est d'avoir trop eu souci de l'axiome latin :
Si vis lJaceln, para bellum (si tu veux la' paix,
prépare la guerre).
En effet, il organisa une magnifique armée
st une flotte formidable, instruments dange-
reux dans les mains de l'enfant qui allait lui
succéder. • •
Cet enfant, très-bien élevé, très-instruit,
rêva la gloir'é des armes dès l'âge' de sept ans.
Jamais il n'envisagea la vie-que comme un
roman fait d'expéditions, de batailles et
rayentnres.
Il monta sur lé trône, à quinze ans, sous le
Will de Charles' XII.,
** ■*
ftoien 1RÎÏ7, iT quitta sa'càpT-"
'aie, au printemps de l'année 1700, pour ne
plus jamais y revenir.
Ses débuts furent ceux d'un soldat, plutôt
que d'un général. On allait combattre le Da-
nemilrk, La.flotte suédoise était composée de
qmu'.uue-trois vaisseaux. La flotte danoise
évita le combat. Charles XII alors proposa de
faire une de^nte, et d'assiéger Copenhague
par terre, tandis que ses vaisseaux la bloque-
raient par mer.;
Voltaire a. raconté cette première équipée
du roi-soldat :
« Il brûlait d'impatience de ne pas aborder
des premiers ; il se précipite de sa chaloupe
dans les flots, l'épée à la main, ayant de
l'eau par delà la ceinture. Ses ministres, l'am-
bassadeur de France, les officiers, les soldats
suivent aussitôt son exemple, et marchent au
rivage, malgré une grêle de mousquetades.
Le roi, qui n'avait jamais entendu de sa vie
sde mousqueterie chargée à balles, demanda
àsçi major-général Stuart, qui se trouvait auprès
4é^u'> ce que c'était que ce petit sifflement
qu?,il entendait à ses oreilles. — « C'est le
brjirit que font les balles de fusil qu'on vous
' \¡fe, dit le major.
iA' » — Bon ! dit le roi, ce sera là doréna-
vant ma musique. » -,
« Dans le même moment le major, qui
expliquait le bruit des mousquetades, en reçut
une dans l'épaule, et un lieutenant tomba
mort à l'autre côté du roi. »
Copenhague envoya une dépntation au roi
de Suède, pour le supplier de ne pas brûler
la ville. Aussitôt celui-ci de se contenter d'une
rançon et de signer un traité de paix, La
guerre avait duré six semaines.
Si Charles XII s'était montré aussi em-
pressé à terminer sa première campagne!,'
c'était pour en commencer une seconde.
Qui, de l'empereur de Russie ou du roi de
Suède, donnerait à la Pologne un roi de sa
main? Le czar voulait d'Auguste, électeur de
Saxe; Charles soutenait les prétentions' ,d6,
S.tanislas Leczinski. Il battit le czar, et pos&
son homme sur le trône.
La Russie demanda la paix. Pour toute ré-
ponse, les troupes suédoises envahirent le j
territoire de l'électeur de Saxe. L'électeur I
battu, on se dirigea vers la Russie.
Les Russes, en 1708, employèrent la même
ktactique qui %vait leur réussir une seconde
fois, en 1812. Ils se retirèrent devant l'en-
nemi. Quand Charles XII parvint enfin à at-
teindre les troupes du czar, les siennes étaient
épuisées, et il avait perdu son artillerie.
Pultawa fut plus qu'une défaite, cé fut une
déroute. L'armée suédoise se dispersa, et
Charles XII, blessé, sans un régiment autour
de lui, fut réduit à s'enfuir avec quelques ser-
viteurs. A travers des périls de toute espèce,
il arriva en Turquie, où il fut reçu par le
pacha de Bender.,
Pendant qu'il courait les steppes, l'électeur
de Saxe reprenait la Pologne à Stanislas Lec-
zinski, et à la Suède ses possessions au sud
de la Baltique.
Rien n'était encore perdu, si le vaincu oe
Pultawa avait consenti à rentrer chez lui.
Mais non. A peine en Turquie, il rêva d'en-
vahir la Russie avec une armée turque. Lè
czar paralysa ce projet, en achetant à beaux
deniers comptants le grand vizir. !
Tout ayitre se serait rendu, et aurait accepté
de revenir en Suède. Charles, qui s'était pro-
mis de rejatrer que vainqueur à Stock-
holm, tint bon. Il se fit construire une mai-
son près de Bender, réussit, Dieu sait comme,
à grouper autour de lui quelques-uns de ses
officiers et de ses soldats fugitifs, et passa ses
journées à leur faire faire l'exercice et à mon-
ter à cheval.
Pendant ce temps-là, ses sujets se défen-
daient de, leur mieux contre les Danois et
l'empereur de Russie, Pierre-le-Grand.
Quant aux Turcs, après avoir mis deux ar-
mées en ,impa-ne contre ce dernier, ils si-
gnent avffc lui une paix de vingt-cinq ans, et
prient Cl irles XII de les délivrer de sa pré-
sence. lia y mettent beaucoup de formes:
Charles leur répond en mettant à la porte de
chez lui$ pacha de Bender, et en faisant en-
tourer si maison de retranchements. Il a
trois cen|fc soldats, des secrétaires, des domes-
tiques: - ut le:IDonde prend part à l'ouvrage.
Une foisie logis bien barricadé, Charles se
met à jof er aux échecs, et il attend.
' Ceci sa passait, il y a aujourd'hui cent cin-
quante-(j|iàtre ans.
Le sultan envoya toute une armée, avec
dix piècftB de canon, pour forcer les Suédois
Les queues de cheval floUaient en l'air,
les clairons sonnaient, les cris de : « Allah'!'
Allah! » se faisaient entendre de toute part.
Le camp fut forcé en une minute. Vingt sol-
dats à peine tirèrent l'épée; les autres furent
faits prisonniers sans résistance.
Le roi était à cheval, entre sa maison et
son camp, avee trois officiers.
Voyant que tous ses hommes s'étaient
laissé prendre, il se mit à rire :
— Allons défendre la maison, dit-il ; nous
combattrons pro aris et focis.
Dans la maison, il y avait quarante domes-
tiques dans la salle en bas, et deux cents
Turcs qui étaient entrés par les fenêtres du
premier étage. La porte était gardée par une
foule de janissaires.
Charles. Xll les attaqua bravement. Il tuait
tous ceux qui s'approchaient de sa personne.
Un janissaire blessé lui tire un- coup de
mousqueton à bout portant. La balle lui
glisse sur le nez, lui emporte le bout de
l'oreille, et va casser le bras à l'un de ses
officiers. Les domestiques parviennent à ou-
vrir la porte de la salle basse. Il entre, et l'on
sê barricade.
Le reste de la maison est plein d'ennemis.
Charles s'impatiente, ouvre une porte, et se
jette sur eux. Ils s'enfuient, deux exceptés, qui
se cachent sous le lit du roi. Il en tue un
d'un coup d'épée. L'autre demande grâce.
— Je te donne la vie, dit le roi, à condition
que tu iras raconter au pacha ce que tu
as. vu.
L'autre promet, et saute par la fenêtre.
Un siége en règle commence. Le canon
tonne. Les soixante Suédois tirent à bout por-
tant par les fenêtres, et tuent deux cent? Turcs
Le feu se met à la maison. On essaye de l'é-
teindre ; impossible. Un garde parle de se
rendre.
— Voilà un homme étrange, dit le roi, qui
s'imagine qu'il n'est pas plus beau d'être
brûlé que d'être prisonnier.
Un autre garde fait observer qu'il y a à
cinquante pas une maison en pierre à l'é-
preuve du feu, qu'il faut faire une sortie, ga-
gner cette maison, et s'y défendre.
— Toi! tu es un vrai Suédois, dit le roi.
Il l'embrasse, et le fait colonel.
— Allons, mes amis, ajouta-t-il*,, prenez
avec vous le plus de poudre et de plomb que
vous pourrez, et sortons l'épée à 'la main.
On ouvre les portes. On s'élance. Les Turcs,
sous le choc, reculent. Mais, ,en un clin.d'œiJ,
la petite troupe est entourées Le roi, ,en bottes
selon sa coutume, s'embarrasse-éarw «es ép»-
rons-,11 tombe, et on le fait prisonnier. ,
Au mois d'octobre enfin, Charles, — qui,
prisonnier, avait fait le malade pour ne pas
partir, —consent à profiter'de la liberté qu'on
n'avait jamais songé à lui enlever; mais, au
lieu d'accepter les offres de service des rois,
ses confrères, il se met en ro;ge avec, deux
ses compagnons, sous le nom de capitaine
Rarl.Frisch. ,
Il avait une perruque noire, un habit brun
et un manteau bleu.
On voyage au hasard. On perd son chemin,
on le retrouve. L'un des compagnons, abîmé
de fatigue, est obligé de s'arrêter. Les deux
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
K' 95
XXIX
L'homme gris était armé et Shoking aussi.
Tous deux avaient un revolver et un poignard
qu'ils montrèrent tout d'abord à mistress Fa-
noche.
— Ma chère dame, dit l'homme gris, vous
savez aussi bien que moi que vous n'avez pas
Voir le numéro du 8 novembre.
de voisins, que, s'il vous prenait fantaisie d'ap-
peler, on ne viendrait pas à votre secours.
D'ailleurs, l'habit que je porte doit vous prou-
ver que personne ne vous prêterait main-forte.
Mistress Fano-che, en proie à une terreur
inouïe, s'était jetée à genou et joignait les mains
en demandant grâce.
L'homme gris fit un signe à Shoking :
— Emmène cette fille, dit-il, en désignant
Mary l'Ecossaise, conduis-la à la cuisine et
tiens-la en respect. J'ai besoin de rester seul
avec madame.
Shoking obéit.
L'Ecossaise, malgré sa force herculéenne,
comprit, en présence du revolver et du poignard j
de Shoking, qu'il n'y avait pas à plaisanter, et |
elle le suivit.
Alors l'homme gris dit à mistress Fanoche :
— Ma chère dame, rassurez-vous un peu, je
vous prie, et laissez-moi vous dire tout de suite
que je ne viens pas vous arrêter. j
Ces mots produisirent un effet magique.
Mistress Fanoche se releva, attacha un regard
avide sur son nocturne visiteur, et se suspendit
pour ainsi dire à ses lèvres.
— Je ne vous arrêterai pas, poursuivit-il, bien
que j'en aie le pouvoir et que j'aie, en outre, la
nreuve de tous vos crimes : si ie le faisais, c'est
que nous n'aurions pas pu nous entendre, et
vous êtes, cependant, une femme d'esprit.
Mistress Fanoche tressaillit.
Elle se trompa même au sens véritable de ces
dernières paroles et crut qu'elle avait affaire à
un homme de police qui ne demandait pas mieux
que de la laisser échapper, si elle payait une
somme convenable.
— Hélas! monsieur, dit-elle, je ferai tout ce
que je pourrai ; mais je ne suis pas riche...
Un sourire vint aux lèvres de l'homme gris :
— Vous vous trompez, dit-il, je ne veux pas
d'argent.
— Ah! fit mistress Fanoche, stupéfaite.
. — Ecoutez-moi bien et asseyez-vous là, près
de moi.
Mistress Fanoche obéit.
— Voyons, poursuivit-il, laissez-moi jeter tout
d'abord un coup d'oeil sur votre situation. Vous
ayez commis assez de crimes pour faire pendre
dix personnes..
Mistress Fanoche frissonna. : r-
— Demain, le major Waterley vous récla-
mera son fils, et ce fils, vous ne pourrez le lui
rendre.
— Hélas 1 dit-elle en pleurant.
— Le major portera une plainte, et vous irez
à Newgate, où l'on vous tissera un collier de
chanTR»
Le tremblement nerveux de mistress Fano-
che reparut.
— Cependant, il y a moyen de tout arran-
ger. , • -,
Elle leva de nouveau sur lui un œil anxieux.
— L'enfant perdu est retrouvé, dit l'homme
gris. • , i ' i
Mistress Fanoche jeta un cri. ( .
— Et vous pouvez le représenter au major
comme son fils.
Cette fois, mistress Fanoche jeta tin grand cri
et se lev i tout debout.
— L'enfant est retrouve ! s'ecria-t-elle.
— Oui.
— Où est-il?
— Je l'ai en mon pouvoir.
Et vous me le rendriez?
Non, mais je le placerai dans une maisoi
où yops courrez conduire miss Emiry et Water-
ley en toute sûreté. Ils l'y trouveront.
— Je ne comprends pas, dit mistress Fa-
noche.
— Il est inutile que vous compreniez, pour le
moment du moins, dit l'homme gris.
Puis il prit mistress Fanoche par la main et
la conduisit vers la croisée, qui était toujours
ouverte, et lui montrant le grand mur qui fer- v
mait le jardin à l'ouest :
— Il y a là une maison ? dit-il»
JOURNAL QUOTIDIEN .
5 cent. le numéro
1 5 cent. le nsiméco
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 48 fr.
. Départements.. fi 11 99
Administrateur: E. DELSAUX. 1.
aIDe anf-,M,dr. - MERCREDI 12 FEVRIER 1868. — N" 664
Directeur-Proprié taire : JANNIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE*
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot. «
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 11 FEVRIER 1868.
UN HÉROS D'AUTREFOIS
12 février 1714. — Charles XII
à Bender.
Vers la fin du dix-septième sielâîg, lâ Swè3e,
était gouvernée par un bon roi,^gfH>ïatit,
mais économe et ami. de la paix. Il vivait
bien avec tout le monde, et, quand ses Voisins
Fe battaient entre eux, il trouvait toujours
moyen de garder la neutralité. Lorsqu'il mou-
rut, le 5 avril 1697, il laissa le trésor public
plein de rixdalers, et la nation tout entière
Jans un état de prospérité qu'elle n'avait ja-
mais connue.
L'histoire ne peut faire à Charles XI, c'é-
tait le nom du bon roi, qu'un seul reproche :
t'est d'avoir trop eu souci de l'axiome latin :
Si vis lJaceln, para bellum (si tu veux la' paix,
prépare la guerre).
En effet, il organisa une magnifique armée
st une flotte formidable, instruments dange-
reux dans les mains de l'enfant qui allait lui
succéder. • •
Cet enfant, très-bien élevé, très-instruit,
rêva la gloir'é des armes dès l'âge' de sept ans.
Jamais il n'envisagea la vie-que comme un
roman fait d'expéditions, de batailles et
rayentnres.
Il monta sur lé trône, à quinze ans, sous le
Will de Charles' XII.,
** ■*
ftoien 1RÎÏ7, iT quitta sa'càpT-"
'aie, au printemps de l'année 1700, pour ne
plus jamais y revenir.
Ses débuts furent ceux d'un soldat, plutôt
que d'un général. On allait combattre le Da-
nemilrk, La.flotte suédoise était composée de
qmu'.uue-trois vaisseaux. La flotte danoise
évita le combat. Charles XII alors proposa de
faire une de^nte, et d'assiéger Copenhague
par terre, tandis que ses vaisseaux la bloque-
raient par mer.;
Voltaire a. raconté cette première équipée
du roi-soldat :
« Il brûlait d'impatience de ne pas aborder
des premiers ; il se précipite de sa chaloupe
dans les flots, l'épée à la main, ayant de
l'eau par delà la ceinture. Ses ministres, l'am-
bassadeur de France, les officiers, les soldats
suivent aussitôt son exemple, et marchent au
rivage, malgré une grêle de mousquetades.
Le roi, qui n'avait jamais entendu de sa vie
sde mousqueterie chargée à balles, demanda
àsçi major-général Stuart, qui se trouvait auprès
4é^u'> ce que c'était que ce petit sifflement
qu?,il entendait à ses oreilles. — « C'est le
brjirit que font les balles de fusil qu'on vous
' \¡fe, dit le major.
iA' » — Bon ! dit le roi, ce sera là doréna-
vant ma musique. » -,
« Dans le même moment le major, qui
expliquait le bruit des mousquetades, en reçut
une dans l'épaule, et un lieutenant tomba
mort à l'autre côté du roi. »
Copenhague envoya une dépntation au roi
de Suède, pour le supplier de ne pas brûler
la ville. Aussitôt celui-ci de se contenter d'une
rançon et de signer un traité de paix, La
guerre avait duré six semaines.
Si Charles XII s'était montré aussi em-
pressé à terminer sa première campagne!,'
c'était pour en commencer une seconde.
Qui, de l'empereur de Russie ou du roi de
Suède, donnerait à la Pologne un roi de sa
main? Le czar voulait d'Auguste, électeur de
Saxe; Charles soutenait les prétentions' ,d6,
S.tanislas Leczinski. Il battit le czar, et pos&
son homme sur le trône.
La Russie demanda la paix. Pour toute ré-
ponse, les troupes suédoises envahirent le j
territoire de l'électeur de Saxe. L'électeur I
battu, on se dirigea vers la Russie.
Les Russes, en 1708, employèrent la même
ktactique qui %vait leur réussir une seconde
fois, en 1812. Ils se retirèrent devant l'en-
nemi. Quand Charles XII parvint enfin à at-
teindre les troupes du czar, les siennes étaient
épuisées, et il avait perdu son artillerie.
Pultawa fut plus qu'une défaite, cé fut une
déroute. L'armée suédoise se dispersa, et
Charles XII, blessé, sans un régiment autour
de lui, fut réduit à s'enfuir avec quelques ser-
viteurs. A travers des périls de toute espèce,
il arriva en Turquie, où il fut reçu par le
pacha de Bender.,
Pendant qu'il courait les steppes, l'électeur
de Saxe reprenait la Pologne à Stanislas Lec-
zinski, et à la Suède ses possessions au sud
de la Baltique.
Rien n'était encore perdu, si le vaincu oe
Pultawa avait consenti à rentrer chez lui.
Mais non. A peine en Turquie, il rêva d'en-
vahir la Russie avec une armée turque. Lè
czar paralysa ce projet, en achetant à beaux
deniers comptants le grand vizir. !
Tout ayitre se serait rendu, et aurait accepté
de revenir en Suède. Charles, qui s'était pro-
mis de rejatrer que vainqueur à Stock-
holm, tint bon. Il se fit construire une mai-
son près de Bender, réussit, Dieu sait comme,
à grouper autour de lui quelques-uns de ses
officiers et de ses soldats fugitifs, et passa ses
journées à leur faire faire l'exercice et à mon-
ter à cheval.
Pendant ce temps-là, ses sujets se défen-
daient de, leur mieux contre les Danois et
l'empereur de Russie, Pierre-le-Grand.
Quant aux Turcs, après avoir mis deux ar-
mées en ,impa-ne contre ce dernier, ils si-
gnent avffc lui une paix de vingt-cinq ans, et
prient Cl irles XII de les délivrer de sa pré-
sence. lia y mettent beaucoup de formes:
Charles leur répond en mettant à la porte de
chez lui$ pacha de Bender, et en faisant en-
tourer si maison de retranchements. Il a
trois cen|fc soldats, des secrétaires, des domes-
tiques: - ut le:IDonde prend part à l'ouvrage.
Une foisie logis bien barricadé, Charles se
met à jof er aux échecs, et il attend.
' Ceci sa passait, il y a aujourd'hui cent cin-
quante-(j|iàtre ans.
Le sultan envoya toute une armée, avec
dix piècftB de canon, pour forcer les Suédois
Les queues de cheval floUaient en l'air,
les clairons sonnaient, les cris de : « Allah'!'
Allah! » se faisaient entendre de toute part.
Le camp fut forcé en une minute. Vingt sol-
dats à peine tirèrent l'épée; les autres furent
faits prisonniers sans résistance.
Le roi était à cheval, entre sa maison et
son camp, avee trois officiers.
Voyant que tous ses hommes s'étaient
laissé prendre, il se mit à rire :
— Allons défendre la maison, dit-il ; nous
combattrons pro aris et focis.
Dans la maison, il y avait quarante domes-
tiques dans la salle en bas, et deux cents
Turcs qui étaient entrés par les fenêtres du
premier étage. La porte était gardée par une
foule de janissaires.
Charles. Xll les attaqua bravement. Il tuait
tous ceux qui s'approchaient de sa personne.
Un janissaire blessé lui tire un- coup de
mousqueton à bout portant. La balle lui
glisse sur le nez, lui emporte le bout de
l'oreille, et va casser le bras à l'un de ses
officiers. Les domestiques parviennent à ou-
vrir la porte de la salle basse. Il entre, et l'on
sê barricade.
Le reste de la maison est plein d'ennemis.
Charles s'impatiente, ouvre une porte, et se
jette sur eux. Ils s'enfuient, deux exceptés, qui
se cachent sous le lit du roi. Il en tue un
d'un coup d'épée. L'autre demande grâce.
— Je te donne la vie, dit le roi, à condition
que tu iras raconter au pacha ce que tu
as. vu.
L'autre promet, et saute par la fenêtre.
Un siége en règle commence. Le canon
tonne. Les soixante Suédois tirent à bout por-
tant par les fenêtres, et tuent deux cent? Turcs
Le feu se met à la maison. On essaye de l'é-
teindre ; impossible. Un garde parle de se
rendre.
— Voilà un homme étrange, dit le roi, qui
s'imagine qu'il n'est pas plus beau d'être
brûlé que d'être prisonnier.
Un autre garde fait observer qu'il y a à
cinquante pas une maison en pierre à l'é-
preuve du feu, qu'il faut faire une sortie, ga-
gner cette maison, et s'y défendre.
— Toi! tu es un vrai Suédois, dit le roi.
Il l'embrasse, et le fait colonel.
— Allons, mes amis, ajouta-t-il*,, prenez
avec vous le plus de poudre et de plomb que
vous pourrez, et sortons l'épée à 'la main.
On ouvre les portes. On s'élance. Les Turcs,
sous le choc, reculent. Mais, ,en un clin.d'œiJ,
la petite troupe est entourées Le roi, ,en bottes
selon sa coutume, s'embarrasse-éarw «es ép»-
rons-,11 tombe, et on le fait prisonnier. ,
Au mois d'octobre enfin, Charles, — qui,
prisonnier, avait fait le malade pour ne pas
partir, —consent à profiter'de la liberté qu'on
n'avait jamais songé à lui enlever; mais, au
lieu d'accepter les offres de service des rois,
ses confrères, il se met en ro;ge avec, deux
ses compagnons, sous le nom de capitaine
Rarl.Frisch. ,
Il avait une perruque noire, un habit brun
et un manteau bleu.
On voyage au hasard. On perd son chemin,
on le retrouve. L'un des compagnons, abîmé
de fatigue, est obligé de s'arrêter. Les deux
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
K' 95
XXIX
L'homme gris était armé et Shoking aussi.
Tous deux avaient un revolver et un poignard
qu'ils montrèrent tout d'abord à mistress Fa-
noche.
— Ma chère dame, dit l'homme gris, vous
savez aussi bien que moi que vous n'avez pas
Voir le numéro du 8 novembre.
de voisins, que, s'il vous prenait fantaisie d'ap-
peler, on ne viendrait pas à votre secours.
D'ailleurs, l'habit que je porte doit vous prou-
ver que personne ne vous prêterait main-forte.
Mistress Fano-che, en proie à une terreur
inouïe, s'était jetée à genou et joignait les mains
en demandant grâce.
L'homme gris fit un signe à Shoking :
— Emmène cette fille, dit-il, en désignant
Mary l'Ecossaise, conduis-la à la cuisine et
tiens-la en respect. J'ai besoin de rester seul
avec madame.
Shoking obéit.
L'Ecossaise, malgré sa force herculéenne,
comprit, en présence du revolver et du poignard j
de Shoking, qu'il n'y avait pas à plaisanter, et |
elle le suivit.
Alors l'homme gris dit à mistress Fanoche :
— Ma chère dame, rassurez-vous un peu, je
vous prie, et laissez-moi vous dire tout de suite
que je ne viens pas vous arrêter. j
Ces mots produisirent un effet magique.
Mistress Fanoche se releva, attacha un regard
avide sur son nocturne visiteur, et se suspendit
pour ainsi dire à ses lèvres.
— Je ne vous arrêterai pas, poursuivit-il, bien
que j'en aie le pouvoir et que j'aie, en outre, la
nreuve de tous vos crimes : si ie le faisais, c'est
que nous n'aurions pas pu nous entendre, et
vous êtes, cependant, une femme d'esprit.
Mistress Fanoche tressaillit.
Elle se trompa même au sens véritable de ces
dernières paroles et crut qu'elle avait affaire à
un homme de police qui ne demandait pas mieux
que de la laisser échapper, si elle payait une
somme convenable.
— Hélas! monsieur, dit-elle, je ferai tout ce
que je pourrai ; mais je ne suis pas riche...
Un sourire vint aux lèvres de l'homme gris :
— Vous vous trompez, dit-il, je ne veux pas
d'argent.
— Ah! fit mistress Fanoche, stupéfaite.
. — Ecoutez-moi bien et asseyez-vous là, près
de moi.
Mistress Fanoche obéit.
— Voyons, poursuivit-il, laissez-moi jeter tout
d'abord un coup d'oeil sur votre situation. Vous
ayez commis assez de crimes pour faire pendre
dix personnes..
Mistress Fanoche frissonna. : r-
— Demain, le major Waterley vous récla-
mera son fils, et ce fils, vous ne pourrez le lui
rendre.
— Hélas 1 dit-elle en pleurant.
— Le major portera une plainte, et vous irez
à Newgate, où l'on vous tissera un collier de
chanTR»
Le tremblement nerveux de mistress Fano-
che reparut.
— Cependant, il y a moyen de tout arran-
ger. , • -,
Elle leva de nouveau sur lui un œil anxieux.
— L'enfant perdu est retrouvé, dit l'homme
gris. • , i ' i
Mistress Fanoche jeta un cri. ( .
— Et vous pouvez le représenter au major
comme son fils.
Cette fois, mistress Fanoche jeta tin grand cri
et se lev i tout debout.
— L'enfant est retrouve ! s'ecria-t-elle.
— Oui.
— Où est-il?
— Je l'ai en mon pouvoir.
Et vous me le rendriez?
Non, mais je le placerai dans une maisoi
où yops courrez conduire miss Emiry et Water-
ley en toute sûreté. Ils l'y trouveront.
— Je ne comprends pas, dit mistress Fa-
noche.
— Il est inutile que vous compreniez, pour le
moment du moins, dit l'homme gris.
Puis il prit mistress Fanoche par la main et
la conduisit vers la croisée, qui était toujours
ouverte, et lui montrant le grand mur qui fer- v
mait le jardin à l'ouest :
— Il y a là une maison ? dit-il»
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