Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-11-01
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1866 01 novembre 1866
Description : 1866/11/01 (N196). 1866/11/01 (N196).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717379b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
1 avaient donné à la porte trois sous destinés par
. leur mère à l'empiète d'un chausson aux pom-
IDes. Ils regardaient, les pauvres innocents, cette
chose sans nom, et écoutaient épouvantés le ré-
cit du démonstrateur. [Even&rrient.)
*-
LE DUEL MYSTÉRIEUX
Les circonstances dans lesquelles s'accomplit
Je duel nocturne dont tout Paris s'occupe et dont j
ïious avons parlé ne sont encore que très-impar-
faitement connues, même par la justice.
'Voici tout ce qu'on en sait, d'après nos infor.
mations que nous avons lieu de croire exactes.
Une de ces dernières nuits, vers trois heures
du matin, M. L..., lieutenant de zoua-ves, se pré-
senta dans un poste de police du huitième ar-
rondissement et demanda un brancard et le
concours d'agents, pour transporter, dit-il, à son
domicile un de ses amis, qui venait d'être griè-
vement blessé.
1 On s'empressa de satisfaire il sa réquisition;
M. H . fut enlevé de l'endroit où il gisait inani-
mé placé, sur le brancard, porté chez lui ; des
médecins furent mandés et reconnurent que
tous soins étaient inutiles. La mort, déterminée
par un coup de fleuret reçu en pleine poitrine,
dans la région du cœur, avait dû être instanta-
née
M. L..., questionné sur ce qui s'était passé,
d'abord par l'officier de paix, et, plus tard, par
.un magistrat chargé d'instruire l'affaire, s'est
borné à déclarer qu'il avait assisté M. S..., son
ami, dans le duel qui lui a été fatal, et qui a eu
lieu dans des conditions honorables pour les
deux adversaires, de même que pour les témoins,
et qu'il considérait comme un devoir sacré non-
seulement de ne rien dire des causes de la ren-
conti'G, mais encore de ne pas faire connaître
l'adversaire de M. S..., ni les autres témoins, se
résignant Ù assumer sur lui seul les conséquen-
ces de cette regrettable affaire.
Comme on faisait observer à M. L. qu'il pour-
rait bien être lui-même l'adversaire qu'il cherche
à cacher, il aurait, nous assure-t-on, fourni la
.preuve qu'il était l'ami intime de M...S... et n'a-
vait pu être que son témoin.
M. le lieutenant L... a, jusqu'à présent fer-
mement persisté dans sa résolution ; ! enquête
judiciaire se poursuit et elle amènera très-proba-
blement la découverte des faits que cet officier
par un sentiment quo. l'on comprend, s'obstine
à ne pas révéler. —
P...
FAITS DIVERS
PARIS
Le maharajah de Lahore est depuis avant-
hier au Grand-Hôtel. Le prince reprendra sous
peu la route de Singapore.
La commission chargée de répartir le produit
de la souscription en faveur des inondés a tenu
hier sa seconde séance.
Dans cette réunion, elle a décida qu'une som-
me de 280,000 fr. serai mise immédiatement à
la disposition des préfets pour les secours urgents
à distribuer aux victimes les pius nécessiteuses.
Elle a fixé la part de chacun des départements
appelés à profiter de cette première allocation,
. dont il sera tenu compte dans la répartition gé-
nérale qui sera faite ultérieument.
Le comité central suédois pour l'Eupo.-ition
- de 1807 a fuit construire le modèle d'une maison
suédoise en bois. Ce modèle aura la forme, la
hauteur, la largeur et toutes les proportions de
la maison que Gustave Wasa habitait à Ornacs
(Dalécarlie) .
Ce curieux travail, qui a pour but de donner
une idée de l'ancienne architecture suédoise, a
été exécuté sous la direction du capitaine
Normal!.
Tous les journaux annonçaient dernièrement d'une
manière quasi-officielle que {'MM de Carnavalet ve-
nait d'être acheté par la ville de Paris, pour recevoir
ie nouveau musée historique parisien, que l'on a eu
l'heureuse idée de fonder. Cependant, on voit sur
tous les murs une grande affiche annonçant que ce
même hôtel de U¡ruavo.rot sci a vendu aux enchères,
au Palais-do-Justice, le 7 novembre pror'hain, sur
la mise à prix de 900,000 fr.
L ¡;l('J1(lard annonce une nouvelle organisation de
sapours-pompiers de Paris.
Ce corps dY'iitc se compo's.er:'!. de douze compagnies
formant deux bataillons que commandera un colone
ayant sous ses ordres : un i(,'Il t- colonel, deux
chefs de bataillon, un major.
L'effectif de chaque compagnie se décomposera
ainsi :
1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant.
Total : 3 officiers.
1 sergent-major, 6 sergents, 1 fourrier, 32 capo-
raux, 3 clairons, 80 sapeurs.
Total : 122 hommes de troupe.
Ce nombre extraordinaire de caporaux pour une
seule compagnie s'explique par la nécessité de don-
ner un chef à chacun des petits postes qui sont dis-
séminés pour le bien des services quotidiens et la
plus grande promptitude des secours.
L'effectif général du corps dépassera ainsi lé chiffre
de 1,500 hommes.
Cette augmentation était depuis longtemps re-
connue indispensable, en raison des charges du ser-
vice devenues si nombreuses depuis l'annexion des
anciennes communes de la banlieue. -
L'affaire du directeur du Vaudeville contre
M. Sardou a été jugée samedi en référé.
M. Sardou a été oondamné à payer à M. Har-
mant. 500 fr. par jour, s'il continuait à ne pas
paraître aux répétitions.
Lundi, l'auteur de Maison neuve est venu au
théâtre, et a, bon gré, mal gré, surveillé et di-
rigé les répétitions de sa pièce.
D'un autre côté l'Enlr'acle annonce que
M. Sardou, grâce à l'intervention de la Commis-
sion des auteurs, a rendu sa pièce au Vaude-
ville. La première représentation de Maison
neuve aura lieu dans la première quinzaine de
novembre.
Il y a trois jours, en poursuivant des travaux de
terrassement au Champ-de-Mars, des ouvriers ont
mis à déceuvert une tête d'homme complétement
décharnée. - X.
Lundi matin, vers huit heures, un déplorable ac-
cident a eu lieu dans l'usine de Cail et C% construc-
teurs-mécaniciens, quai de Grenelle. Un ouvrier,
nomméjFlavigny, demeurant rue de l'Eglise, au Gros-
Caillou, a eu le bras pris dans un engrenage. Par la
force de [pression, le membre a été broyé jusqu'au
coude et détaché du tronc. Ce -malheureux a été
transporté à l'hôpital Necker dans un état désès-
péré.
Avant-hier, à 9 heures et demie du matin, le sieur
Bertrand, marinier, demeurant rue de Lyon, n, 13,
a retiré du canal Saint-Martin, en face du n° 129,
le cadavre d'une jeune fille âgée tout au plus de vingt
ans.Lccorpsaétéporté à la Mor,;tie, où il aété constaté
: que la pauvre fille était à la veille .de devenir mère.
On a retrouvé dans ses vêtements ces quelques mots :
« Ma faute allait être découverte et je ne puis sur-
vivre à ma honte. »
- Quel drame dans ces quelques mots et quel ensei-
gnement douloureux ! —
X.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Mgr l'archevêque de Tours adresse au Monde
la lettre suivante:
Tours, le 27 octobre 1866.
Monsieur le rédacteur,
On fait circuler parmi les fidèles de petites
feuilles contenant des prophéties, des récits d'ap-
paritions surnaturelles précédées ou suivies de
prières.
Le tout est présenté sous l'approbation de
plusieurs évoques, parmi lesquels on fait figurer
mon nom.
Je n'ai jamais rien approuvé de semblable, et
j'ai tout lieu de croire que les vénérables prélats
que 1'011 cite n'ont pas plus approuvé que moi.
Je suis disposé, en ce qui me concerne, à dé-
noncer à qui de droit les personnes qui, après
cet avertissement, se permettraient encore un
abus aussi compromettant pour la gravité du ca-
ractère épiscopal.
Je vous serais très-obligé, monsieur le rédac-
teur, si vous aviez la bonté d'insérer cet avis
dans votre journal.
Agréez, monsieur le rédacteur,, l'assurance de
mes sentiments dévoués.
t IIipp, archevêque, de Tours.
h'Eclia saumurais de samedi nous apporte les nou-
veaux détails suivants sur l'accident de Verrie
(Maine-et-Loire), que nous avons rapporte :
« Les autorités de Saumur n'ont pas quitté Ville-
molle de quarante-huit heures. Jour etnuit, ellespré-
sident aux travaux, encouragent les ouvriers, et
chacun travaille avec un zèle et une activité au-des-
sus de tout éloge.
Hier soir, à dix heures, de plus grandes dif-
ficultés se sont présentées. Il a fallu redoubler de
précautions pour éviter de nouveaux malheurs.
L'enlèvement des terres n'a pu être poussé lanuitder-
nière avec la même activité que la veille; mais ce
malin, tous les obstacles sont levés et les travaux
de consolidation sont complets.
Cet accident nous rappelle celui qui eut lieu en
1853, il Vernoil, et le sauvetage d'un jeune homme
qui était resté, au fond d'un puits pendant huit
ours, et qui, quoique n'ayant ni bu ni mangé, a été
retire vivant. »
Le Courrier de Saumur, de dimanche, ajoute :
« Nous, apprenons que ce matin, à une profondeur
de 21 mètres 40 centimètres du sol, on a découvert
le cadavre de Poirier père. Il est présumable que
celui du fils auquel il ava t voulu porter secours, ne
cardera pas non plus à ètre retrouvé. >»
Un vol audacieux a été commis dernièrement à
Marseille par deux filous anglais. Sous prétexte de
marchander un bracelet chez un des principaux bi-
outiers de la ville, ils avaient enlevé une magnifique
rivière en diamants.
Ces deux individus avaient échappé aux recher- .
ches-de la police; mais leur signalement étaitdonné donné
partout. Enfin, un bijoutier de Lyon remarqua deux
Anglais qui entrèrent dans sa boutique et mar-
chandèrent différents objets sans rien acheter..
Leurs allures lui ayant paru suspectes, il avertit la
police.
Conduits devant le commissaire central de Lyon,
ils prétendirent n'être encore descendus dans aucun
hôtel, mais ayant été conduits chez plusieurs hôte-
liers, ils ne tardèrent pas à être reconnus par l'un
d'eux, qui dit les avoir logés la nuit précédente et
avoir encore leurs malles dans les chambres qu'ils
avaient occupées.
Alors celui des deux Anglais, qui parlait un peu
le français, déclara qu'on trouverait dans sa malle
la rivière soustraite chez M. T..., bijoutier à Mar-
seille.
Il paraît que ces deux adroits filous, mis cepen-
dant en présence du bijoutier de Marseille qui a été
mandé à Lyon, n'ont pas été reconnus par celui-ci
pour être les mêmes qui lui avaient soustrait la ri-
vière trouvée en leur possession, bien qu'ils décla-
rassent eux-mêmes être les auteurs de ce vol.
Ce fait important amènera sans doute la découverte
d'une association de filous qui doit compter un cer-
tain nembre d'individus dont les signalements se
rapportent â des vols considérables commis à Ge-
nève et à Francfort,. chez les bijoutiers. Le vol de
Genève s'élèverait à 72,000 fr., et celui de Francfort |
à 30,000. I
La rivière en diamant du bijoutier de Marseille:
lui a été rendue, en présence du filou qui a cru de
voir dire, avec un flegme britannique à M. le juge :
Ohl yes to p01'ez rendre la robberie, car le bijoutier I
avoir été bien misfortionné ! vo pavcz 1 !
ÉTRANGER
Le second des fils de Victor-Emmanuel, le j
prince Amédé, va épouser, dit une feuille de j
Milan) la richissime Mlle de la Cisterna, d'une
famille de Turin. La mère de M"' de la Cisterna
est née de Mérode, ajoute la même feuille.
La réception de la princesse Dagmar dans le
sein de l'église orthodoxe a eu lieu le 22 octobre,
! au palais d'hiver, avec toute la solennité que
I comportait l'importance de la cérémonie. j
j Les immenses salles du palais étaient occu- !
! pées par les hauts dignitaires, la maison de
l'empereur, les membres du Sénat, les généraux
! et les dames de la cour, toutes en costume offi-
! ciel, le nakonétchnik (sorte de ferret) au front, et
; la robe à traîne.
Cette brillante foule formait la haie sur le pas-
sage de Leurs Majestés : les hommes d'un côté,
les femmes de l'autre.
La princesse Dagmar a traversé, au bras du
duc héritier, les salons du palais jusqu'à l'entrée
de la chapelle.
A cet endroit, l'empereur a pris la main de
son Altesse royale et l'a conduite auprès du mé-
tropolitain.
La princesse Dagmar portait une robe à traîne
en satin blanc, bordée de cygne. Elle était coif-
fée en cheveux, sans voile ni ornements.
L'impératrice, marraine de la princesse, avait
un manteau de cours en velours bleu, bordé-
d'une large garniture. d'hermine.
Après la cérémonie de la confirmation, et à
l'issue de la messe, l'auguste famille est rentrée
avec le même cérémonial dans les appartements
intérieurs. Au sortir de l'église, une légère émo-
tion colorait le visage de la princesse et ajoutait
un charme de plus à ses grâces naturelles. On
remarquait qu'elle portait au cou, attaché à un
ruban rose, la croix d'or du baptême ortho-
doxe.
Le mariage reste fixé au 7 ou au 9 novembre.
NÉCROLOGIE
M. Hecquart, consul de France à Damas, est
mort, le 19, à Beyroutb, frappé d'une attaque
d'apoplexie foudroyante dans une visite qu'il
aisait avec sa famille chez les sœurs de l'Or-
phelinat. On lui a fait de magnifiques funé-
railles.
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
(Suite 1)
XXII
QUELQUES HEURES AVANT L'ATTAQUE
C'était quelques jours après les événements
que nous avons rapportés dans nos précédents
chapitres, un peu après le coucher du soleil, au
fond d'un ravin profond, dans l'un des parages
les plus déserts et les plus désolés de la forêt de
l'artibonite Plusieurs hommes bien armés, au
nombre d'une trentaine environ, étaient réunis.
(1) Voir la numéro du 22 octobre.
Les uns dormaient étendus sur le sol leurs armes
à portée de la main pour être prêts à s'en servir
au plus léger signal. Quelques autres accroupis
en rond buvaient et fumaient sans prononcer
une parole, le sabre ramené devant, et le fusil
appuyé sur la cuisse. Un peu à l'écart, assis sur
un tronc de frômager renversé, trois hommes de
couleur qui par leur costume paraissaient appar-
tenir à la haute société de l'île, armés eux aussi
jusqu'aux dents, causaient entre eux à voix
basse avec une certaine animation.
Ces trois hommes étaient M. Colette, M.
d'Antrague, et le colonel Daudin, aide de camp'
du général Geffrard, président de la Républi-
que.
- Un bruit lointain de bronze apporté par la
brise passa au-dessus de la tête des causeurs.
Huit heures sonnaient à l'église de Léogane.
Encore quatre heures à attendre, dit M. d'An.
trague avec un bâillement étouffé.
. — Il est impossible de rien préciser, fit obser-
ver le colonel, peut être le signal sera-t-il donné
plus tôt.
— Dieu le veuille, j'ai hâte d'en finir avec
cette nichée de serpents.
— Cette fois, on leur appuiera si rudement le
pied sur le corps, reprit le colonel, que j'espère
qu'ils seront étouffés jusqu'au dernier.
— Mais, qu'est-ce que vous avez donc, mon
cher Colette, vous semblez soucieux?
— Je vous l'avoue, mon cher d'Antrague, ;
reprit M. Colette en relevant la tête, je ne vois :
pas s'approcher le moment fatal sans une cer- 1
taine anxiété; je suis inquiet de mon beau-père
surtout, depuis hier. Vous savez qu'il a quitté
la grotte des montagnes noires.
— En effet, il est sans doute allé à Jérémip, où
l'appellent, vous ne l'ignorez pas, des affaires
très-pressantes et de très-graves intérêts.
Le planteur hocha la tête.
— Vous ne connaissez pas Jules, reprit-il,
c'est une nature de fer, ce qu'il a résolu il l'exé-
cute. Il n'existe en ce moment q.u'une seule
affaire pressante et un intérêt grave, venger sa
femme et sauver son enfant.
— Réussira-t-il? murmura M. d'Antrague.
— Je l'espère, s'il n'est pas tombé dans quel-
que guet-à-pens, car je vous le répète, depuis
hier il a disparu, et nul ne sait ce qu'il est de-
venu.
Le colonel écoutait cette conversation, le sou- .
rire sur les lèvres, tout en feignant par bien
séance de ne rien entendre.
— Dites-moi coloncl? lui demanda subitement le
planteur, vous avez vu, je crois, M. Chauvelin
ce matin.
— Je l'ai vu, en effet, monsieur, j'ai eu l'hon-
neur de causer avec lui assez longtemps à la
maison nationale, en présence de SonExcellence
le président.
— Comment? il a quitté le poste qu'il avait
choisi à Léogane!
— Pour quelques heures seulement, monsieur,
il doit être de retour, maintenant à son quartier-
général, nous avons quitté ensemble Port-au-
Prince.
— Il ne vous a. donné aucune nouvelle de
mon beau-frère?.
— Aucune, monsieur, cependant je prendrai
sur moi de vous engagera vous rassurer sur son
compte ; quant à présent du moins, il ne court
aucun danger.
— Vous savez donc où il est?
— A peu près, de même que lui sait probable-
ment où nous sommes. -
— Et puis-je savoir?...
— Excusez-moi, monsieur, interrompit lo co-
lonel en saluant le planteur avec une exquise
politesse, j'ai l'ordre de garder le plus profond
secret sur ce sujet, il m'est donc impossible de
répondre à la question que vous me faites l'hon-
neur de m'adresser.
— Je n'insiste pas, monsieur.
— Mais, continua le colonel, vous verrez bien-
tôt une personne qui vous donnera, je l'espère,
tous les renseignements que-vous désirez.
•— Qui donc, colonel?
— Monsieur Chauvelin. , .
— Monsieur Chauvelin?
— Lui-même.
— 11 viendra ici où uous sommes ? .
— Il 'arrivera avant une demi-heure
— Qu'est-ce que cela veut dire? fit le planteur
d'un'air pensif.
— Vous le saurez bientôt, monsieur.
— Je ne serai pas taché non plus par la même
occasion, fit observer monsieur d'Antrague, de
savoir ce que nous faisons ici, et pourquoi on
nous a priés de nous y rendre awc nos servi-
teurs armés, Cil nou; plaçant sous vos ordres,
mon cher colonel.
— Cela, je puis à peu près, vous l'apprendre,
dit-il en souriant.
— J'en serai charmé, bien que je ne regrette
nullement, croyc?-l() bien, d'être provisoirement
votre subordonné, mon cher colonel.
— C'est moi, messieurs, qui suis au contraire
honoré de la mission qui m'a été'confie o et m'a
mis en rapports directs avec vous.
— Vous disiez donc, colonel, reprit le jeune
homme en s'inclinant poliment. ■
. leur mère à l'empiète d'un chausson aux pom-
IDes. Ils regardaient, les pauvres innocents, cette
chose sans nom, et écoutaient épouvantés le ré-
cit du démonstrateur. [Even&rrient.)
*-
LE DUEL MYSTÉRIEUX
Les circonstances dans lesquelles s'accomplit
Je duel nocturne dont tout Paris s'occupe et dont j
ïious avons parlé ne sont encore que très-impar-
faitement connues, même par la justice.
'Voici tout ce qu'on en sait, d'après nos infor.
mations que nous avons lieu de croire exactes.
Une de ces dernières nuits, vers trois heures
du matin, M. L..., lieutenant de zoua-ves, se pré-
senta dans un poste de police du huitième ar-
rondissement et demanda un brancard et le
concours d'agents, pour transporter, dit-il, à son
domicile un de ses amis, qui venait d'être griè-
vement blessé.
1 On s'empressa de satisfaire il sa réquisition;
M. H . fut enlevé de l'endroit où il gisait inani-
mé placé, sur le brancard, porté chez lui ; des
médecins furent mandés et reconnurent que
tous soins étaient inutiles. La mort, déterminée
par un coup de fleuret reçu en pleine poitrine,
dans la région du cœur, avait dû être instanta-
née
M. L..., questionné sur ce qui s'était passé,
d'abord par l'officier de paix, et, plus tard, par
.un magistrat chargé d'instruire l'affaire, s'est
borné à déclarer qu'il avait assisté M. S..., son
ami, dans le duel qui lui a été fatal, et qui a eu
lieu dans des conditions honorables pour les
deux adversaires, de même que pour les témoins,
et qu'il considérait comme un devoir sacré non-
seulement de ne rien dire des causes de la ren-
conti'G, mais encore de ne pas faire connaître
l'adversaire de M. S..., ni les autres témoins, se
résignant Ù assumer sur lui seul les conséquen-
ces de cette regrettable affaire.
Comme on faisait observer à M. L. qu'il pour-
rait bien être lui-même l'adversaire qu'il cherche
à cacher, il aurait, nous assure-t-on, fourni la
.preuve qu'il était l'ami intime de M...S... et n'a-
vait pu être que son témoin.
M. le lieutenant L... a, jusqu'à présent fer-
mement persisté dans sa résolution ; ! enquête
judiciaire se poursuit et elle amènera très-proba-
blement la découverte des faits que cet officier
par un sentiment quo. l'on comprend, s'obstine
à ne pas révéler. —
P...
FAITS DIVERS
PARIS
Le maharajah de Lahore est depuis avant-
hier au Grand-Hôtel. Le prince reprendra sous
peu la route de Singapore.
La commission chargée de répartir le produit
de la souscription en faveur des inondés a tenu
hier sa seconde séance.
Dans cette réunion, elle a décida qu'une som-
me de 280,000 fr. serai mise immédiatement à
la disposition des préfets pour les secours urgents
à distribuer aux victimes les pius nécessiteuses.
Elle a fixé la part de chacun des départements
appelés à profiter de cette première allocation,
. dont il sera tenu compte dans la répartition gé-
nérale qui sera faite ultérieument.
Le comité central suédois pour l'Eupo.-ition
- de 1807 a fuit construire le modèle d'une maison
suédoise en bois. Ce modèle aura la forme, la
hauteur, la largeur et toutes les proportions de
la maison que Gustave Wasa habitait à Ornacs
(Dalécarlie) .
Ce curieux travail, qui a pour but de donner
une idée de l'ancienne architecture suédoise, a
été exécuté sous la direction du capitaine
Normal!.
Tous les journaux annonçaient dernièrement d'une
manière quasi-officielle que {'MM de Carnavalet ve-
nait d'être acheté par la ville de Paris, pour recevoir
ie nouveau musée historique parisien, que l'on a eu
l'heureuse idée de fonder. Cependant, on voit sur
tous les murs une grande affiche annonçant que ce
même hôtel de U¡ruavo.rot sci a vendu aux enchères,
au Palais-do-Justice, le 7 novembre pror'hain, sur
la mise à prix de 900,000 fr.
L ¡;l('J1(lard annonce une nouvelle organisation de
sapours-pompiers de Paris.
Ce corps dY'iitc se compo's.er:'!. de douze compagnies
formant deux bataillons que commandera un colone
ayant sous ses ordres : un i(,'Il t- colonel, deux
chefs de bataillon, un major.
L'effectif de chaque compagnie se décomposera
ainsi :
1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant.
Total : 3 officiers.
1 sergent-major, 6 sergents, 1 fourrier, 32 capo-
raux, 3 clairons, 80 sapeurs.
Total : 122 hommes de troupe.
Ce nombre extraordinaire de caporaux pour une
seule compagnie s'explique par la nécessité de don-
ner un chef à chacun des petits postes qui sont dis-
séminés pour le bien des services quotidiens et la
plus grande promptitude des secours.
L'effectif général du corps dépassera ainsi lé chiffre
de 1,500 hommes.
Cette augmentation était depuis longtemps re-
connue indispensable, en raison des charges du ser-
vice devenues si nombreuses depuis l'annexion des
anciennes communes de la banlieue. -
L'affaire du directeur du Vaudeville contre
M. Sardou a été jugée samedi en référé.
M. Sardou a été oondamné à payer à M. Har-
mant. 500 fr. par jour, s'il continuait à ne pas
paraître aux répétitions.
Lundi, l'auteur de Maison neuve est venu au
théâtre, et a, bon gré, mal gré, surveillé et di-
rigé les répétitions de sa pièce.
D'un autre côté l'Enlr'acle annonce que
M. Sardou, grâce à l'intervention de la Commis-
sion des auteurs, a rendu sa pièce au Vaude-
ville. La première représentation de Maison
neuve aura lieu dans la première quinzaine de
novembre.
Il y a trois jours, en poursuivant des travaux de
terrassement au Champ-de-Mars, des ouvriers ont
mis à déceuvert une tête d'homme complétement
décharnée. - X.
Lundi matin, vers huit heures, un déplorable ac-
cident a eu lieu dans l'usine de Cail et C% construc-
teurs-mécaniciens, quai de Grenelle. Un ouvrier,
nomméjFlavigny, demeurant rue de l'Eglise, au Gros-
Caillou, a eu le bras pris dans un engrenage. Par la
force de [pression, le membre a été broyé jusqu'au
coude et détaché du tronc. Ce -malheureux a été
transporté à l'hôpital Necker dans un état désès-
péré.
Avant-hier, à 9 heures et demie du matin, le sieur
Bertrand, marinier, demeurant rue de Lyon, n, 13,
a retiré du canal Saint-Martin, en face du n° 129,
le cadavre d'une jeune fille âgée tout au plus de vingt
ans.Lccorpsaétéporté à la Mor,;tie, où il aété constaté
: que la pauvre fille était à la veille .de devenir mère.
On a retrouvé dans ses vêtements ces quelques mots :
« Ma faute allait être découverte et je ne puis sur-
vivre à ma honte. »
- Quel drame dans ces quelques mots et quel ensei-
gnement douloureux ! —
X.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Mgr l'archevêque de Tours adresse au Monde
la lettre suivante:
Tours, le 27 octobre 1866.
Monsieur le rédacteur,
On fait circuler parmi les fidèles de petites
feuilles contenant des prophéties, des récits d'ap-
paritions surnaturelles précédées ou suivies de
prières.
Le tout est présenté sous l'approbation de
plusieurs évoques, parmi lesquels on fait figurer
mon nom.
Je n'ai jamais rien approuvé de semblable, et
j'ai tout lieu de croire que les vénérables prélats
que 1'011 cite n'ont pas plus approuvé que moi.
Je suis disposé, en ce qui me concerne, à dé-
noncer à qui de droit les personnes qui, après
cet avertissement, se permettraient encore un
abus aussi compromettant pour la gravité du ca-
ractère épiscopal.
Je vous serais très-obligé, monsieur le rédac-
teur, si vous aviez la bonté d'insérer cet avis
dans votre journal.
Agréez, monsieur le rédacteur,, l'assurance de
mes sentiments dévoués.
t IIipp, archevêque, de Tours.
h'Eclia saumurais de samedi nous apporte les nou-
veaux détails suivants sur l'accident de Verrie
(Maine-et-Loire), que nous avons rapporte :
« Les autorités de Saumur n'ont pas quitté Ville-
molle de quarante-huit heures. Jour etnuit, ellespré-
sident aux travaux, encouragent les ouvriers, et
chacun travaille avec un zèle et une activité au-des-
sus de tout éloge.
Hier soir, à dix heures, de plus grandes dif-
ficultés se sont présentées. Il a fallu redoubler de
précautions pour éviter de nouveaux malheurs.
L'enlèvement des terres n'a pu être poussé lanuitder-
nière avec la même activité que la veille; mais ce
malin, tous les obstacles sont levés et les travaux
de consolidation sont complets.
Cet accident nous rappelle celui qui eut lieu en
1853, il Vernoil, et le sauvetage d'un jeune homme
qui était resté, au fond d'un puits pendant huit
ours, et qui, quoique n'ayant ni bu ni mangé, a été
retire vivant. »
Le Courrier de Saumur, de dimanche, ajoute :
« Nous, apprenons que ce matin, à une profondeur
de 21 mètres 40 centimètres du sol, on a découvert
le cadavre de Poirier père. Il est présumable que
celui du fils auquel il ava t voulu porter secours, ne
cardera pas non plus à ètre retrouvé. >»
Un vol audacieux a été commis dernièrement à
Marseille par deux filous anglais. Sous prétexte de
marchander un bracelet chez un des principaux bi-
outiers de la ville, ils avaient enlevé une magnifique
rivière en diamants.
Ces deux individus avaient échappé aux recher- .
ches-de la police; mais leur signalement étaitdonné donné
partout. Enfin, un bijoutier de Lyon remarqua deux
Anglais qui entrèrent dans sa boutique et mar-
chandèrent différents objets sans rien acheter..
Leurs allures lui ayant paru suspectes, il avertit la
police.
Conduits devant le commissaire central de Lyon,
ils prétendirent n'être encore descendus dans aucun
hôtel, mais ayant été conduits chez plusieurs hôte-
liers, ils ne tardèrent pas à être reconnus par l'un
d'eux, qui dit les avoir logés la nuit précédente et
avoir encore leurs malles dans les chambres qu'ils
avaient occupées.
Alors celui des deux Anglais, qui parlait un peu
le français, déclara qu'on trouverait dans sa malle
la rivière soustraite chez M. T..., bijoutier à Mar-
seille.
Il paraît que ces deux adroits filous, mis cepen-
dant en présence du bijoutier de Marseille qui a été
mandé à Lyon, n'ont pas été reconnus par celui-ci
pour être les mêmes qui lui avaient soustrait la ri-
vière trouvée en leur possession, bien qu'ils décla-
rassent eux-mêmes être les auteurs de ce vol.
Ce fait important amènera sans doute la découverte
d'une association de filous qui doit compter un cer-
tain nembre d'individus dont les signalements se
rapportent â des vols considérables commis à Ge-
nève et à Francfort,. chez les bijoutiers. Le vol de
Genève s'élèverait à 72,000 fr., et celui de Francfort |
à 30,000. I
La rivière en diamant du bijoutier de Marseille:
lui a été rendue, en présence du filou qui a cru de
voir dire, avec un flegme britannique à M. le juge :
Ohl yes to p01'ez rendre la robberie, car le bijoutier I
avoir été bien misfortionné ! vo pavcz 1 !
ÉTRANGER
Le second des fils de Victor-Emmanuel, le j
prince Amédé, va épouser, dit une feuille de j
Milan) la richissime Mlle de la Cisterna, d'une
famille de Turin. La mère de M"' de la Cisterna
est née de Mérode, ajoute la même feuille.
La réception de la princesse Dagmar dans le
sein de l'église orthodoxe a eu lieu le 22 octobre,
! au palais d'hiver, avec toute la solennité que
I comportait l'importance de la cérémonie. j
j Les immenses salles du palais étaient occu- !
! pées par les hauts dignitaires, la maison de
l'empereur, les membres du Sénat, les généraux
! et les dames de la cour, toutes en costume offi-
! ciel, le nakonétchnik (sorte de ferret) au front, et
; la robe à traîne.
Cette brillante foule formait la haie sur le pas-
sage de Leurs Majestés : les hommes d'un côté,
les femmes de l'autre.
La princesse Dagmar a traversé, au bras du
duc héritier, les salons du palais jusqu'à l'entrée
de la chapelle.
A cet endroit, l'empereur a pris la main de
son Altesse royale et l'a conduite auprès du mé-
tropolitain.
La princesse Dagmar portait une robe à traîne
en satin blanc, bordée de cygne. Elle était coif-
fée en cheveux, sans voile ni ornements.
L'impératrice, marraine de la princesse, avait
un manteau de cours en velours bleu, bordé-
d'une large garniture. d'hermine.
Après la cérémonie de la confirmation, et à
l'issue de la messe, l'auguste famille est rentrée
avec le même cérémonial dans les appartements
intérieurs. Au sortir de l'église, une légère émo-
tion colorait le visage de la princesse et ajoutait
un charme de plus à ses grâces naturelles. On
remarquait qu'elle portait au cou, attaché à un
ruban rose, la croix d'or du baptême ortho-
doxe.
Le mariage reste fixé au 7 ou au 9 novembre.
NÉCROLOGIE
M. Hecquart, consul de France à Damas, est
mort, le 19, à Beyroutb, frappé d'une attaque
d'apoplexie foudroyante dans une visite qu'il
aisait avec sa famille chez les sœurs de l'Or-
phelinat. On lui a fait de magnifiques funé-
railles.
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
(Suite 1)
XXII
QUELQUES HEURES AVANT L'ATTAQUE
C'était quelques jours après les événements
que nous avons rapportés dans nos précédents
chapitres, un peu après le coucher du soleil, au
fond d'un ravin profond, dans l'un des parages
les plus déserts et les plus désolés de la forêt de
l'artibonite Plusieurs hommes bien armés, au
nombre d'une trentaine environ, étaient réunis.
(1) Voir la numéro du 22 octobre.
Les uns dormaient étendus sur le sol leurs armes
à portée de la main pour être prêts à s'en servir
au plus léger signal. Quelques autres accroupis
en rond buvaient et fumaient sans prononcer
une parole, le sabre ramené devant, et le fusil
appuyé sur la cuisse. Un peu à l'écart, assis sur
un tronc de frômager renversé, trois hommes de
couleur qui par leur costume paraissaient appar-
tenir à la haute société de l'île, armés eux aussi
jusqu'aux dents, causaient entre eux à voix
basse avec une certaine animation.
Ces trois hommes étaient M. Colette, M.
d'Antrague, et le colonel Daudin, aide de camp'
du général Geffrard, président de la Républi-
que.
- Un bruit lointain de bronze apporté par la
brise passa au-dessus de la tête des causeurs.
Huit heures sonnaient à l'église de Léogane.
Encore quatre heures à attendre, dit M. d'An.
trague avec un bâillement étouffé.
. — Il est impossible de rien préciser, fit obser-
ver le colonel, peut être le signal sera-t-il donné
plus tôt.
— Dieu le veuille, j'ai hâte d'en finir avec
cette nichée de serpents.
— Cette fois, on leur appuiera si rudement le
pied sur le corps, reprit le colonel, que j'espère
qu'ils seront étouffés jusqu'au dernier.
— Mais, qu'est-ce que vous avez donc, mon
cher Colette, vous semblez soucieux?
— Je vous l'avoue, mon cher d'Antrague, ;
reprit M. Colette en relevant la tête, je ne vois :
pas s'approcher le moment fatal sans une cer- 1
taine anxiété; je suis inquiet de mon beau-père
surtout, depuis hier. Vous savez qu'il a quitté
la grotte des montagnes noires.
— En effet, il est sans doute allé à Jérémip, où
l'appellent, vous ne l'ignorez pas, des affaires
très-pressantes et de très-graves intérêts.
Le planteur hocha la tête.
— Vous ne connaissez pas Jules, reprit-il,
c'est une nature de fer, ce qu'il a résolu il l'exé-
cute. Il n'existe en ce moment q.u'une seule
affaire pressante et un intérêt grave, venger sa
femme et sauver son enfant.
— Réussira-t-il? murmura M. d'Antrague.
— Je l'espère, s'il n'est pas tombé dans quel-
que guet-à-pens, car je vous le répète, depuis
hier il a disparu, et nul ne sait ce qu'il est de-
venu.
Le colonel écoutait cette conversation, le sou- .
rire sur les lèvres, tout en feignant par bien
séance de ne rien entendre.
— Dites-moi coloncl? lui demanda subitement le
planteur, vous avez vu, je crois, M. Chauvelin
ce matin.
— Je l'ai vu, en effet, monsieur, j'ai eu l'hon-
neur de causer avec lui assez longtemps à la
maison nationale, en présence de SonExcellence
le président.
— Comment? il a quitté le poste qu'il avait
choisi à Léogane!
— Pour quelques heures seulement, monsieur,
il doit être de retour, maintenant à son quartier-
général, nous avons quitté ensemble Port-au-
Prince.
— Il ne vous a. donné aucune nouvelle de
mon beau-frère?.
— Aucune, monsieur, cependant je prendrai
sur moi de vous engagera vous rassurer sur son
compte ; quant à présent du moins, il ne court
aucun danger.
— Vous savez donc où il est?
— A peu près, de même que lui sait probable-
ment où nous sommes. -
— Et puis-je savoir?...
— Excusez-moi, monsieur, interrompit lo co-
lonel en saluant le planteur avec une exquise
politesse, j'ai l'ordre de garder le plus profond
secret sur ce sujet, il m'est donc impossible de
répondre à la question que vous me faites l'hon-
neur de m'adresser.
— Je n'insiste pas, monsieur.
— Mais, continua le colonel, vous verrez bien-
tôt une personne qui vous donnera, je l'espère,
tous les renseignements que-vous désirez.
•— Qui donc, colonel?
— Monsieur Chauvelin. , .
— Monsieur Chauvelin?
— Lui-même.
— 11 viendra ici où uous sommes ? .
— Il 'arrivera avant une demi-heure
— Qu'est-ce que cela veut dire? fit le planteur
d'un'air pensif.
— Vous le saurez bientôt, monsieur.
— Je ne serai pas taché non plus par la même
occasion, fit observer monsieur d'Antrague, de
savoir ce que nous faisons ici, et pourquoi on
nous a priés de nous y rendre awc nos servi-
teurs armés, Cil nou; plaçant sous vos ordres,
mon cher colonel.
— Cela, je puis à peu près, vous l'apprendre,
dit-il en souriant.
— J'en serai charmé, bien que je ne regrette
nullement, croyc?-l() bien, d'être provisoirement
votre subordonné, mon cher colonel.
— C'est moi, messieurs, qui suis au contraire
honoré de la mission qui m'a été'confie o et m'a
mis en rapports directs avec vous.
— Vous disiez donc, colonel, reprit le jeune
homme en s'inclinant poliment. ■
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