Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-10-02
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 octobre 1866 02 octobre 1866
Description : 1866/10/02 (N166). 1866/10/02 (N166).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717350v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
il avait prOinpïëmént oublié les tracas de Ce
mondé.
Les mains vigotirëtises de dëilx sergents de
ville que lé sieur D... avait été chercher, ont a.r-
rafchë le dormetir à ses rêves, et l'ont bTusqaë-
quemétit rendu à la réalité. Comme il ne pouvait
nier son méfait, le commissaire de policé du
quartier chez lequel on l'a conduit, n'a eu qu'à
ordonner son envoi à la Préfecture. (Droit;)
LE COMTE BACIOCCHI, SÉNATEUR
Le Moniteur publie les lignes suivantes sur le
cofritë Baciocchl, décédé le 23 septembre :
M. le comte Baciocchi, premier chambellan
de S. M. l'Empereur, était né à Ajaccio (Corse)
le 2 mars 1803. Son existence a été consacrée
avant tout aux devoirs que sa profonde et inalté-
rable affection à la personne de l'Empereur avait
acceptés. Là a été sa pensée constante, son but,
son ambition. Son nom comptera surtout par son
' dévouement et sa fidélité. On pêut dire que s'il
a touché à la vie publique, il voulut que ce ne
fût qu'accessoirement pour ainsi dire, réservant
la meilleure part de ses facultés et de son zèle
pour les fonctions où son cœur était tout en-
tier.
M. le comte Baciocchi était, en décembre 1848,
colonel d'état major de la gardé nationale ; le
le Prince Président de la République l'appela
auprès de lui comme officier d'ordonnance.
Lors de l'avénement de l'Empereur, Sa Ma-
jeg-té le fit son premier chambellan ; plus tard,
il fut nommé surintendant des spectacles de la
cour, de la musique de la chambre et de la cha-
pelle. Le 1er juillet 1863, il fut appplé aux fonc-
tions de surintendant général des théâtres.
Grand officier de l'ordre impérial de la Légion
d'honneur depuis le 12 août 1865, M. le comte
Baciocchi était grand-croix de plusieurs ordres
étrangers. Elevé à la dignité de sénateur le
&mai 1866, et déjà gravement atteint dans sa
santé, M. le comte Baciocchi n'a pu prendre au-
cune part aux travaux du Sénàt.
D'après sa volonté expresse, ses funérailles
ont eu lieu sans cérémonial..
FAITS DIVERS
PARIS
Les portraits dé LL. MM. l'Empereur ,et l'Im-
pératrice, de grandeur naturelle, d'après Win-
terhalter, magnifiquement encadrés et très-réus-
sis, ont été transportés hier à la légation de
Saint-Marin, Cours-la-Reine.
Ces portraits ont été exécutés d'après l'ordre
du gouvernement de Saint-Marin,et sont destinés
à figurer dans la salle du conseil souverain de la
petite République.
'• Le ministre de l'intérieur a remis vendredi, au
nom de l'Empereur, à la disposition des préfets,
pour secourir immédiatement les inondés, les.
sommes suivantes :
Gironde .' .. 8' r .. 2,000 fr.
Lot. 2,000
Loire 1,500
Savoie... .' .- f- ï. 3,500
Lozère . 6,000 .. •
Nièvre' 4,000
Allier ...<,« *■ •• . 4,000
/ Haute-Loire..... 2,000.
Yonne........ 2,000'
Loiret. , « . .- , 2,000
I Le ministre dé l'intérieur a engagé les- préfet*
! à ouvrir des souscriptions dans leurs départe-
| ments. (Etendard.)
La 27 septembre, un enfant de treize ans, nemnléP...,
dont les parents demeurent rue du Chaudron, 10 (10*
arrondissement), traversait la chaussée pour rentrer à
son domicile. Un énorme chien, appartenant à un sieur
H..., charron, môme rué, s'élança sur cet enfant, lui
sauta à ta figure èt lui mordit d'un seul coup les dèux
lèvres.
La lèvre inférieure a .été presque entièrement déta-
chée de la mâchoire ; la lèvre supérieure a été traversée
en plusieurs endroits par les crocs d'e l'animal.
Le blessé a été pansé dans une pharmacie et J'écon-
duit ensuite chez ses parents; il est défiguré pour le
reste de sa viè.
Un accident qui aurait pu avoir les plus terribles con-
séquences est arrivé samedi à la Villette.
Vers midi, le nommé Chazette, âgé de trente-quatre
ans, ouvrier aiguiseur, travaillant dans les ateliers de
fonderie de MM. Charpentier et Patault, a été tué par
l'explosion d'une énorme meule en grès, mise en mou-
vement par une machine à vapeur.
L'un des éclats, en sautant, a emporté le malheureux
ouvrier, dont le corps, après avoir enfoncé une cloison
en bois, a été jeté à plus de 10 mètres.
La machine, d'une valeur de 5 à 6,000 francs, a été
brisée.
Peu d'instants avant l'accident, une trentaine d'ou-
vriers travaillaient dans le même atelier, et c'est au mo-
ment- où ils prenaient leur repas que leur camarade a
été broyé.
Un enfant de sept ans qui passait, entraîné
par le courant, près du pont de Pantin, a été
retiré vivant par les sieurs Lanez, ouvrier méca-
nicien, et Hermann, marinier. Cet enfant, nommé
Michel PaúlÜs, originaire du grand-duché de
Luxembourg, a été ramené chez ses parents, rue
de Meaux.
Des vols nombreux étaient depuis quelques temps si-
gnalés dans la gare aux marchandises du chemin de
fer du Nord. Des mesures de surveillance ayant été
prises par le commissaire de police, avec le concours
de M. Lousteau, chef dè l'économat, ont amené la dé-
couverte suivante.
Un homme d'équipe attaché à l'administration s'en-
tendait avec un charretier au service d'une importante
maison de commerce qui fait de fréquentes expéditions.
Chaque fois que ce dernier avait apporté pour le
compte de son patron des marchandises au chemin de
fer, il se retirait en suivant un passage obscur.
Là, il était attendu par l'homme d'équipe, qui avait
à l'avance empli d'objets soustraits un certain nombre
de caisses vides ; ces caisses étaient promptement his-
sées sur la voiture, qui s'éloignait et sortait par la
grille de la rue des Poissonniers, sans que POT-io'aue se
doutât de rien.
On a arrêté et mis à la disposition de la: justice les
deux coupables pris en flagrant délit.
DÉPARTEMENTS
Les auteurs d'un homicide viennent d'être
arrêtés, à la suite des circonstances suivantes.
Depuis quelque temps le chef de la station du
chemin de fer, à Pierrefitte, avait constaté que
fréquemment, surtout Je soir de huità dix heures,
des pierres ou des débris de bouteilles étaient
lancés sur les trains montant ou descendant la
voie.
Un conducteur, le sieur Maréchal, atteint à
l'œil droit par un de ces projectiles -fut, si griève-
ment blessé, qu'il mourut quelques jours après.
L'information judiciaire, motivée par ces faits
odieux, a amené la mise à la*disposition de la
justice des nommés Georges L..., Victor P..., et
Auguste B... —
P.
On lit danâ le messd#é' du Midi:
J tfh affreux événement est arrivé roercre'di dernier à
Montpellier.
I- Vers huit heures du soir, à la suite d'une discussion
survenue éntre le sieur Pierre Goulet et ses deux eiv-
. fants, Jules-A.lexis, âgé dé vingt-deux ans, et Rayroond.
Charles, âgé de vingt àTts, Coulât père, dins un mo-
ment de fureur, s'est saisi d'un couteau qu'il a enfonc
dats lé bas-centre de son fris Rayraond.
L'état blêrié est dès plus graVés.
Une enquête se poursuit.
ÉTRANGER
La vieille fabrique de poudre 'de Rottweil,
dans le Wurtemberg, près du Neckar, a: sauté
en l'air l'une des dernières nuits; ,quatre ouvriers
ont-saúté avec. On a ressenti l'ébranlement du
sol 'et entendu le bruit jusqu'à Oberndorf et
Schwemm in gen.
Une trombe d'eàu, tombée dans la nuit du 24 sur lè
mont Cenis, a causé de grands dégâts au chemin. Lés
eaux n'ayant pas pu être détournées à temps à causedu
remblai exécuté pour le chemin de fer Fell, les dégâts
ont été plus considérables. L'interruption principale est
à Barr. Le courrier passa difficilement. Les voyageurs
sont obligés de passer à pied dans beaucoup d'en-
droits.
TRIBUNAUX
LA MARCHANDE DE JOURNAUX
Ce n'est pas une sinécure que de vendre des jour-
naux, à Paris, sur la voie publique, de cinq à six
heures du soir, surtout depuis l'apparition des journaux
à un sou. C'est pourtant le métier que fait la veuve
Simon, en plein boulevard des Variétés, et nul n'y est
plus habile ; tout en pliant ses journaux, elle en dis-
tribue des deux mains à qui lui en demande, et veille
surtout à ne pas les distribuer gratis..
En la voyant si occupée, il est venu une bien mau-
vaise idée à Mabille, un ajusteur mécanicien de vingt
et un ans, sans ouvrage, et de ceux qui craignent d'en
trouver. Il s'avance vers la veuve Simon une pièce
blanche à la main, mais sans la lâcher, prend un petit
journal d'un sou en disant de lui rendre sur une pièce
de 2 francs. La veuve Simon donné d'une main 39 sous
et reçoit de l'autre une petite rondelle de fer-blanc.
Pendant que le voleur s'esquive au plus vite, la veuve
Simon quitte ses journaux et. court après lui en pous-
sant de tels cris et du doigt montrant si bien le fuyard
que, la foule se resserrant, il était presque aussitôt ar--
rêté.
— Il était nuit, dit aujourd'hui l'ajusteur mécani-
cien ; il était sept heures du soir, je venais de trouver
ce morceau de fer blanc, et croyant que c'était une
pièce de 2 francs, comme j'ai l'habitude de lire mon
journal tous les soirs, j'ai donné la préférence à ma-
daihe.
LÀ VEUVE SIMON. —'■ Ah ! garnement 1 je t'en donnerai
des préférences. S'adresser à UM pauvre femme comme
moi pour la voler! Tu ne sais donc pas que pour re-
gagner mes quarante sous,. il faut que jli' vende deux
cents petits journaux ?
MA.BILLE. — Pardon, madame, je ne savais pas- vous
voler ; comme je vous dis, je croyais que c'était une
bonne pièce.
LA VEUVE SIMON. — Oui, une bonne pièce comme
toi.
Mabille a été condamné à un mois de prison.
(Gazette des Tribunaux.)
UN DOCTEUR ASSASSIN
On nous écrit de Florence : I
« La Cour d'assises de Brescia vient de terminer un- !
procès digne de figurer parmi les causes célèbres. Le
docteur J.-B. Féltrinelli et deux complices sont'accusés '
d'avoir voulu exterminer la famine du docteur Sal-
vèlti. C'est une jalousie de métier. Les débats ont éta- '
bli- que les accusés ont voulu faire avaler Yingt-quatre -,
morceaux d'ifguillè àu $îu's j&Uiï& des enfanta du àoè-
teut S'sttvèfti ; que pàt Crois fois on a essaye dé noyef
le fis aîné dans le lac de Garde ; qu'on à Votâu tuer tt
coups de poing dans l'estomac un troisième fils, èfc
qu'enfin on a' tenté d'en empoisonner un quatrième etf
mettant du pé4role dans sou bouillon.
)J Les débats ont occupé dix-sept audiences; on a en-
tendu cent vingt témoins. La défense avait fait fairer*
une expertise- par les docteurs Zatnini, de Pivie, ét
Bon fin ti, de îïilàn. Chosé rare, en Italie, dans les ai-
nalés de la justice, le tribunal tout entier: juges, juTe's,
avocats, a quitté la salle d'audience pour so rendre sur
leg lieux où les crimes ont été commis; il n'a pas fallu,
moins de dix voitures pour transporter sur les bords
de la rivière Benoco tout ce personnel en grande tenus
de magistrats et d'avocats.
>» Deux avocats s'étaient chargés de la défense des
trois accusés. Les plaidoiries ont duré six heures. L»
verdict du jury a été affirmatif sur toutes les question^)
L'arrêt a été prononcé le 22 courant.
» Le docteur Feltrinelli a été condamné à seize ant-'
de travaux forcés, la servante qui éxécutait ses ordres
a vingt et un ans de la même peine, et une jeuna
fille qui était leur complice, sans trop savoir ce qu'elle
faisait, a été condamnée à huit ans de réclusion. - -
LA CUEILLETTE
L'International raconte l'anecdote suivante trouvée
dans un vieux bouquin :
Le roi Charles 11, de joyeuse mémoire, visita
un jour l'école dirigée par le célèbre docteur
Busby. Ce dernier conduisit son royal hôte dans
les salles d'études, mais en le précédant toujours
et le chapeau sur la tête, tandis que le roi te-v '
nait le sien sous son bras. ,
r Cependant, quand Charges II allait se retirer,, •
le savant, professeur lui dit avec humilité:
— Sire, j'espère que Votre Majesté me par.
donnera mon manque de respect, mais, vérita-
blement, si mes élèves allaient s'imaginer qu'il y
a un homme au-dessus de moi dans le royaume,
je ne saurais plus en venir à bout! -
Nous lisons dans le même journal : )t
Un des gros bonnets d'un village du pays de
Galles ayant appris que le pauvre vicaire de l'en-
droit employait les heures de loisir que lui lais-
sait son ministère à réparer les horloges détra-
quées de ses paroissiens, en fut fort scandalisé
et porta plainte à' l'évêque de Saint-Asaph, qui,
promit au squire que bonne et prompte justice
serait faite.
En effet, il manda le pauvre clergyman-horio-
ger et lui dit du ton le plus sévère :
— Comment osez-vous avilir votre saint ca-
ractère en vous livrant à des travaux aussi peu
dignes, contrairement aux statuts de l'Eglise ?,
Ne savez-vous pas que cette conduite est une"
honte pour le diocèse !
— Hélas, monseigneur, répond le pauvre vi-
caire plus mort que vif, pardonnez-moi ; mai5
mes émoluments seraient à peine suffisants pour
faire vivre un homme seul, et j'ai une femme et
dix enfants...
— Ces raisons ne saura^nt trouver grâce près
de moi, interrompt l'évèq'ue ; et je vais vous in-
fliger uiï .tgi châtimeht, que vous quitterez votri
métier de rafistoleur de vieilles pendules, jè vous'
le promets ! ,
Monseigneur sonne et fait appeler son secré- -
tatre, auquel il dicte à voix basse quelques li-
gnes ; il signe cet écrit ; y appose son seing, et, '
le-présentant au clergyman tremblant : .
— Emportez ceci, dit-il avec la même sévé- "
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1) -
lies Vaudoux s'affublèrent tant bien que mal
devêtementsrouges, se mirent sur une seule ligne
et prenant le pas gymnastique, ils passèrent trois
fois devant l'autel en imitant les ondulations
d'un immense serpent et le troisième tour ac-
compli, ils se rangèrent devant l'autel en Chan-
tant en chœur ces paroles singulières dont la
cadence était réglée par un coup de bâton frappé
à intervalles égaux sur une énorme bamboula
ou tambour, tenue par un vieux papa et réputé
sacré :
A ia bombaia bombé,
Lamma samana quana
E van vanta,
Vana docki.
.. Cfes paroles, suivant Drouin de Bercy, ne
sont qu'un refrain, et signifient:
« Jurons de détruire les blancs et tout ce qu'ils
O~'j Voir les numéros parus depuis le 28 août.
possèdent , mourons plutôt que d'y renon- '
cer. »
Reste à savoir si cette traduction est exacte.
Nous avouons franchement notre ignorance à ce
sujet.
Le roi leva son sceptre; le silence se rétablit.
La cérémonie commença ; tous les assistants-
renouvelèrent d'abord leur serment au serpent.
Sur un signe du roi, Congo Pellé, qui se tenait
près de lui un couteau à la main, égorgea une
chèvre qui gisait attachée à ses pieds, reçut le
sang dans un vase ; puis il fit circuler ce vase
rempli de ce sang fumant de mains en mains.
Parmi les assistants, chacun but à son tour, en
jurant obéissance aveugle au serpent et secret
inviolable au dieu Vaudou.
Ce deyoir accompli, la caisse fut descendue;
la reine, montant alors dessus comme la pythie
sur son trépied, fut presque aussitôt en proie à
des convulsions étranges; elle s'agitait, frémis-
sait, parlait, éclatait, maudissait, prophétisait et
répondait au nom de la divinité à tous les assis-
tants, qui tour à tour s'approchaient respeetueu-
sement d'elle et adressaient des demandes à la
couleuvre.
Les uns interrogeaient l'oracle sur leur santé,
les autres voulaient savoir le moyen le plus pro-
pre à réussir dans leurs entreprises; ceux-là gui-
dés par la haine, ceux-ci par l'amour et la passion^
qui a le crime pour objet, ne trouvaient jamais
le Vaudou sourd à leurs sollicitations.
Un vase à demi recouvert servait à recevoir les
offrandes que les initiés déposaient à tour de rôle
en présent pour le dieu.
C'est avec ces offrandes qu'on paye toutes les
dépenses du culte, qu'on subvient aux besoins
des sectaires malades ou embarrassés dans leurs
affaires et qu'on maintient l'influence de la
- secte.
Puis chacun proposa des plans p ourse venger
de certains hommes de couleur puissants, on
arrêta des démarches, on prescrivit des ordres,
et on convint de moyens d'exécution que la
reine appuyait toujours de la volonté du dieu.
Ces divèrs complots étaient surtout tramés
contre la famille de M. Colette et celle de M. Du-
vauchelles contre lesquels, les Vaudoux sem-
blaient avoir une haine profonde.
Lorsque toutes ces dispositions eurent été dé-
finitivement arrêtées, les adeptes se reculèrent
et formèrent un immense demi-cercle autour de
l'autel.
— Les néophytes! cria le roi d'une voix reten-
tissante.
Vingt-deux nègres au nombre desquels se
trouvait Marcelin furent immédiatement ame-
nés par leurs parrains respectifs et placés sur
une seule ligne au centre du cercle.
Le jeune homme assis avec Guerrier à l'extré-
mité opposée de la clairière, n'avait pu voir que
très-imparfaitement ce qui s'était passé devant
l'autel et ne s'en était pas rendu compte; grâce
au laps de temps qui s'était écoulé depuis son
arrivée, la réflexion, en lui faisant voirsapositioii
telle quelle était réellement, avait rétabli le
calme dans son esprit J tout son courage lui était
revenu et ce fut d'un pas- ferme qu'il alla pren-
dre place au milieu du cercle. Guerrier François
l'avait averti à peu près des épreuves qu'il de-
vait subir, il attendait calme et digne.
— Que veux-tu? demanda d'un air féroce le
roi au récipiendaire le plus rapproché de lui.
— Je désire, répondit humblement le nègre.
baiser la couleuvre sacrée et recevoir de la reine
Vaudou ses ordres et ses poisons.
— Connais-tu les conséquences de la démarche
que tu tentes en ce moment ?
— Je les connais.
— Te crois-tu assez brave pour supporter sans
te plaindre les épreuves qu'il te faut subir pour
être admis parmi les enfants de la couleuvre ? '
— Je le crois.
Le nègre n'avait pas achevé de prononcer ces,
trois mots, que le roi s'était élancé sur lui d'un,
bond de tigre et lui avait d'un coup de poignard
traversé le bras droit de part en part ; le mal-
heureux, surpris ainsi àl'improvigte, jeta un hor-,
rible cri de douleur, cri auquel répondit aussitôt
un rire strident des Vaudoux.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain.)
mondé.
Les mains vigotirëtises de dëilx sergents de
ville que lé sieur D... avait été chercher, ont a.r-
rafchë le dormetir à ses rêves, et l'ont bTusqaë-
quemétit rendu à la réalité. Comme il ne pouvait
nier son méfait, le commissaire de policé du
quartier chez lequel on l'a conduit, n'a eu qu'à
ordonner son envoi à la Préfecture. (Droit;)
LE COMTE BACIOCCHI, SÉNATEUR
Le Moniteur publie les lignes suivantes sur le
cofritë Baciocchl, décédé le 23 septembre :
M. le comte Baciocchi, premier chambellan
de S. M. l'Empereur, était né à Ajaccio (Corse)
le 2 mars 1803. Son existence a été consacrée
avant tout aux devoirs que sa profonde et inalté-
rable affection à la personne de l'Empereur avait
acceptés. Là a été sa pensée constante, son but,
son ambition. Son nom comptera surtout par son
' dévouement et sa fidélité. On pêut dire que s'il
a touché à la vie publique, il voulut que ce ne
fût qu'accessoirement pour ainsi dire, réservant
la meilleure part de ses facultés et de son zèle
pour les fonctions où son cœur était tout en-
tier.
M. le comte Baciocchi était, en décembre 1848,
colonel d'état major de la gardé nationale ; le
le Prince Président de la République l'appela
auprès de lui comme officier d'ordonnance.
Lors de l'avénement de l'Empereur, Sa Ma-
jeg-té le fit son premier chambellan ; plus tard,
il fut nommé surintendant des spectacles de la
cour, de la musique de la chambre et de la cha-
pelle. Le 1er juillet 1863, il fut appplé aux fonc-
tions de surintendant général des théâtres.
Grand officier de l'ordre impérial de la Légion
d'honneur depuis le 12 août 1865, M. le comte
Baciocchi était grand-croix de plusieurs ordres
étrangers. Elevé à la dignité de sénateur le
&mai 1866, et déjà gravement atteint dans sa
santé, M. le comte Baciocchi n'a pu prendre au-
cune part aux travaux du Sénàt.
D'après sa volonté expresse, ses funérailles
ont eu lieu sans cérémonial..
FAITS DIVERS
PARIS
Les portraits dé LL. MM. l'Empereur ,et l'Im-
pératrice, de grandeur naturelle, d'après Win-
terhalter, magnifiquement encadrés et très-réus-
sis, ont été transportés hier à la légation de
Saint-Marin, Cours-la-Reine.
Ces portraits ont été exécutés d'après l'ordre
du gouvernement de Saint-Marin,et sont destinés
à figurer dans la salle du conseil souverain de la
petite République.
'• Le ministre de l'intérieur a remis vendredi, au
nom de l'Empereur, à la disposition des préfets,
pour secourir immédiatement les inondés, les.
sommes suivantes :
Gironde .' .. 8' r .. 2,000 fr.
Lot. 2,000
Loire 1,500
Savoie... .' .- f- ï. 3,500
Lozère . 6,000 .. •
Nièvre' 4,000
Allier ...<,« *■ •• . 4,000
/ Haute-Loire..... 2,000.
Yonne........ 2,000'
Loiret. , « . .- , 2,000
I Le ministre dé l'intérieur a engagé les- préfet*
! à ouvrir des souscriptions dans leurs départe-
| ments. (Etendard.)
La 27 septembre, un enfant de treize ans, nemnléP...,
dont les parents demeurent rue du Chaudron, 10 (10*
arrondissement), traversait la chaussée pour rentrer à
son domicile. Un énorme chien, appartenant à un sieur
H..., charron, môme rué, s'élança sur cet enfant, lui
sauta à ta figure èt lui mordit d'un seul coup les dèux
lèvres.
La lèvre inférieure a .été presque entièrement déta-
chée de la mâchoire ; la lèvre supérieure a été traversée
en plusieurs endroits par les crocs d'e l'animal.
Le blessé a été pansé dans une pharmacie et J'écon-
duit ensuite chez ses parents; il est défiguré pour le
reste de sa viè.
Un accident qui aurait pu avoir les plus terribles con-
séquences est arrivé samedi à la Villette.
Vers midi, le nommé Chazette, âgé de trente-quatre
ans, ouvrier aiguiseur, travaillant dans les ateliers de
fonderie de MM. Charpentier et Patault, a été tué par
l'explosion d'une énorme meule en grès, mise en mou-
vement par une machine à vapeur.
L'un des éclats, en sautant, a emporté le malheureux
ouvrier, dont le corps, après avoir enfoncé une cloison
en bois, a été jeté à plus de 10 mètres.
La machine, d'une valeur de 5 à 6,000 francs, a été
brisée.
Peu d'instants avant l'accident, une trentaine d'ou-
vriers travaillaient dans le même atelier, et c'est au mo-
ment- où ils prenaient leur repas que leur camarade a
été broyé.
Un enfant de sept ans qui passait, entraîné
par le courant, près du pont de Pantin, a été
retiré vivant par les sieurs Lanez, ouvrier méca-
nicien, et Hermann, marinier. Cet enfant, nommé
Michel PaúlÜs, originaire du grand-duché de
Luxembourg, a été ramené chez ses parents, rue
de Meaux.
Des vols nombreux étaient depuis quelques temps si-
gnalés dans la gare aux marchandises du chemin de
fer du Nord. Des mesures de surveillance ayant été
prises par le commissaire de police, avec le concours
de M. Lousteau, chef dè l'économat, ont amené la dé-
couverte suivante.
Un homme d'équipe attaché à l'administration s'en-
tendait avec un charretier au service d'une importante
maison de commerce qui fait de fréquentes expéditions.
Chaque fois que ce dernier avait apporté pour le
compte de son patron des marchandises au chemin de
fer, il se retirait en suivant un passage obscur.
Là, il était attendu par l'homme d'équipe, qui avait
à l'avance empli d'objets soustraits un certain nombre
de caisses vides ; ces caisses étaient promptement his-
sées sur la voiture, qui s'éloignait et sortait par la
grille de la rue des Poissonniers, sans que POT-io'aue se
doutât de rien.
On a arrêté et mis à la disposition de la: justice les
deux coupables pris en flagrant délit.
DÉPARTEMENTS
Les auteurs d'un homicide viennent d'être
arrêtés, à la suite des circonstances suivantes.
Depuis quelque temps le chef de la station du
chemin de fer, à Pierrefitte, avait constaté que
fréquemment, surtout Je soir de huità dix heures,
des pierres ou des débris de bouteilles étaient
lancés sur les trains montant ou descendant la
voie.
Un conducteur, le sieur Maréchal, atteint à
l'œil droit par un de ces projectiles -fut, si griève-
ment blessé, qu'il mourut quelques jours après.
L'information judiciaire, motivée par ces faits
odieux, a amené la mise à la*disposition de la
justice des nommés Georges L..., Victor P..., et
Auguste B... —
P.
On lit danâ le messd#é' du Midi:
J tfh affreux événement est arrivé roercre'di dernier à
Montpellier.
I- Vers huit heures du soir, à la suite d'une discussion
survenue éntre le sieur Pierre Goulet et ses deux eiv-
. fants, Jules-A.lexis, âgé dé vingt-deux ans, et Rayroond.
Charles, âgé de vingt àTts, Coulât père, dins un mo-
ment de fureur, s'est saisi d'un couteau qu'il a enfonc
dats lé bas-centre de son fris Rayraond.
L'état blêrié est dès plus graVés.
Une enquête se poursuit.
ÉTRANGER
La vieille fabrique de poudre 'de Rottweil,
dans le Wurtemberg, près du Neckar, a: sauté
en l'air l'une des dernières nuits; ,quatre ouvriers
ont-saúté avec. On a ressenti l'ébranlement du
sol 'et entendu le bruit jusqu'à Oberndorf et
Schwemm in gen.
Une trombe d'eàu, tombée dans la nuit du 24 sur lè
mont Cenis, a causé de grands dégâts au chemin. Lés
eaux n'ayant pas pu être détournées à temps à causedu
remblai exécuté pour le chemin de fer Fell, les dégâts
ont été plus considérables. L'interruption principale est
à Barr. Le courrier passa difficilement. Les voyageurs
sont obligés de passer à pied dans beaucoup d'en-
droits.
TRIBUNAUX
LA MARCHANDE DE JOURNAUX
Ce n'est pas une sinécure que de vendre des jour-
naux, à Paris, sur la voie publique, de cinq à six
heures du soir, surtout depuis l'apparition des journaux
à un sou. C'est pourtant le métier que fait la veuve
Simon, en plein boulevard des Variétés, et nul n'y est
plus habile ; tout en pliant ses journaux, elle en dis-
tribue des deux mains à qui lui en demande, et veille
surtout à ne pas les distribuer gratis..
En la voyant si occupée, il est venu une bien mau-
vaise idée à Mabille, un ajusteur mécanicien de vingt
et un ans, sans ouvrage, et de ceux qui craignent d'en
trouver. Il s'avance vers la veuve Simon une pièce
blanche à la main, mais sans la lâcher, prend un petit
journal d'un sou en disant de lui rendre sur une pièce
de 2 francs. La veuve Simon donné d'une main 39 sous
et reçoit de l'autre une petite rondelle de fer-blanc.
Pendant que le voleur s'esquive au plus vite, la veuve
Simon quitte ses journaux et. court après lui en pous-
sant de tels cris et du doigt montrant si bien le fuyard
que, la foule se resserrant, il était presque aussitôt ar--
rêté.
— Il était nuit, dit aujourd'hui l'ajusteur mécani-
cien ; il était sept heures du soir, je venais de trouver
ce morceau de fer blanc, et croyant que c'était une
pièce de 2 francs, comme j'ai l'habitude de lire mon
journal tous les soirs, j'ai donné la préférence à ma-
daihe.
LÀ VEUVE SIMON. —'■ Ah ! garnement 1 je t'en donnerai
des préférences. S'adresser à UM pauvre femme comme
moi pour la voler! Tu ne sais donc pas que pour re-
gagner mes quarante sous,. il faut que jli' vende deux
cents petits journaux ?
MA.BILLE. — Pardon, madame, je ne savais pas- vous
voler ; comme je vous dis, je croyais que c'était une
bonne pièce.
LA VEUVE SIMON. — Oui, une bonne pièce comme
toi.
Mabille a été condamné à un mois de prison.
(Gazette des Tribunaux.)
UN DOCTEUR ASSASSIN
On nous écrit de Florence : I
« La Cour d'assises de Brescia vient de terminer un- !
procès digne de figurer parmi les causes célèbres. Le
docteur J.-B. Féltrinelli et deux complices sont'accusés '
d'avoir voulu exterminer la famine du docteur Sal-
vèlti. C'est une jalousie de métier. Les débats ont éta- '
bli- que les accusés ont voulu faire avaler Yingt-quatre -,
morceaux d'ifguillè àu $îu's j&Uiï& des enfanta du àoè-
teut S'sttvèfti ; que pàt Crois fois on a essaye dé noyef
le fis aîné dans le lac de Garde ; qu'on à Votâu tuer tt
coups de poing dans l'estomac un troisième fils, èfc
qu'enfin on a' tenté d'en empoisonner un quatrième etf
mettant du pé4role dans sou bouillon.
)J Les débats ont occupé dix-sept audiences; on a en-
tendu cent vingt témoins. La défense avait fait fairer*
une expertise- par les docteurs Zatnini, de Pivie, ét
Bon fin ti, de îïilàn. Chosé rare, en Italie, dans les ai-
nalés de la justice, le tribunal tout entier: juges, juTe's,
avocats, a quitté la salle d'audience pour so rendre sur
leg lieux où les crimes ont été commis; il n'a pas fallu,
moins de dix voitures pour transporter sur les bords
de la rivière Benoco tout ce personnel en grande tenus
de magistrats et d'avocats.
>» Deux avocats s'étaient chargés de la défense des
trois accusés. Les plaidoiries ont duré six heures. L»
verdict du jury a été affirmatif sur toutes les question^)
L'arrêt a été prononcé le 22 courant.
» Le docteur Feltrinelli a été condamné à seize ant-'
de travaux forcés, la servante qui éxécutait ses ordres
a vingt et un ans de la même peine, et une jeuna
fille qui était leur complice, sans trop savoir ce qu'elle
faisait, a été condamnée à huit ans de réclusion. - -
LA CUEILLETTE
L'International raconte l'anecdote suivante trouvée
dans un vieux bouquin :
Le roi Charles 11, de joyeuse mémoire, visita
un jour l'école dirigée par le célèbre docteur
Busby. Ce dernier conduisit son royal hôte dans
les salles d'études, mais en le précédant toujours
et le chapeau sur la tête, tandis que le roi te-v '
nait le sien sous son bras. ,
r Cependant, quand Charges II allait se retirer,, •
le savant, professeur lui dit avec humilité:
— Sire, j'espère que Votre Majesté me par.
donnera mon manque de respect, mais, vérita-
blement, si mes élèves allaient s'imaginer qu'il y
a un homme au-dessus de moi dans le royaume,
je ne saurais plus en venir à bout! -
Nous lisons dans le même journal : )t
Un des gros bonnets d'un village du pays de
Galles ayant appris que le pauvre vicaire de l'en-
droit employait les heures de loisir que lui lais-
sait son ministère à réparer les horloges détra-
quées de ses paroissiens, en fut fort scandalisé
et porta plainte à' l'évêque de Saint-Asaph, qui,
promit au squire que bonne et prompte justice
serait faite.
En effet, il manda le pauvre clergyman-horio-
ger et lui dit du ton le plus sévère :
— Comment osez-vous avilir votre saint ca-
ractère en vous livrant à des travaux aussi peu
dignes, contrairement aux statuts de l'Eglise ?,
Ne savez-vous pas que cette conduite est une"
honte pour le diocèse !
— Hélas, monseigneur, répond le pauvre vi-
caire plus mort que vif, pardonnez-moi ; mai5
mes émoluments seraient à peine suffisants pour
faire vivre un homme seul, et j'ai une femme et
dix enfants...
— Ces raisons ne saura^nt trouver grâce près
de moi, interrompt l'évèq'ue ; et je vais vous in-
fliger uiï .tgi châtimeht, que vous quitterez votri
métier de rafistoleur de vieilles pendules, jè vous'
le promets ! ,
Monseigneur sonne et fait appeler son secré- -
tatre, auquel il dicte à voix basse quelques li-
gnes ; il signe cet écrit ; y appose son seing, et, '
le-présentant au clergyman tremblant : .
— Emportez ceci, dit-il avec la même sévé- "
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1) -
lies Vaudoux s'affublèrent tant bien que mal
devêtementsrouges, se mirent sur une seule ligne
et prenant le pas gymnastique, ils passèrent trois
fois devant l'autel en imitant les ondulations
d'un immense serpent et le troisième tour ac-
compli, ils se rangèrent devant l'autel en Chan-
tant en chœur ces paroles singulières dont la
cadence était réglée par un coup de bâton frappé
à intervalles égaux sur une énorme bamboula
ou tambour, tenue par un vieux papa et réputé
sacré :
A ia bombaia bombé,
Lamma samana quana
E van vanta,
Vana docki.
.. Cfes paroles, suivant Drouin de Bercy, ne
sont qu'un refrain, et signifient:
« Jurons de détruire les blancs et tout ce qu'ils
O~'j Voir les numéros parus depuis le 28 août.
possèdent , mourons plutôt que d'y renon- '
cer. »
Reste à savoir si cette traduction est exacte.
Nous avouons franchement notre ignorance à ce
sujet.
Le roi leva son sceptre; le silence se rétablit.
La cérémonie commença ; tous les assistants-
renouvelèrent d'abord leur serment au serpent.
Sur un signe du roi, Congo Pellé, qui se tenait
près de lui un couteau à la main, égorgea une
chèvre qui gisait attachée à ses pieds, reçut le
sang dans un vase ; puis il fit circuler ce vase
rempli de ce sang fumant de mains en mains.
Parmi les assistants, chacun but à son tour, en
jurant obéissance aveugle au serpent et secret
inviolable au dieu Vaudou.
Ce deyoir accompli, la caisse fut descendue;
la reine, montant alors dessus comme la pythie
sur son trépied, fut presque aussitôt en proie à
des convulsions étranges; elle s'agitait, frémis-
sait, parlait, éclatait, maudissait, prophétisait et
répondait au nom de la divinité à tous les assis-
tants, qui tour à tour s'approchaient respeetueu-
sement d'elle et adressaient des demandes à la
couleuvre.
Les uns interrogeaient l'oracle sur leur santé,
les autres voulaient savoir le moyen le plus pro-
pre à réussir dans leurs entreprises; ceux-là gui-
dés par la haine, ceux-ci par l'amour et la passion^
qui a le crime pour objet, ne trouvaient jamais
le Vaudou sourd à leurs sollicitations.
Un vase à demi recouvert servait à recevoir les
offrandes que les initiés déposaient à tour de rôle
en présent pour le dieu.
C'est avec ces offrandes qu'on paye toutes les
dépenses du culte, qu'on subvient aux besoins
des sectaires malades ou embarrassés dans leurs
affaires et qu'on maintient l'influence de la
- secte.
Puis chacun proposa des plans p ourse venger
de certains hommes de couleur puissants, on
arrêta des démarches, on prescrivit des ordres,
et on convint de moyens d'exécution que la
reine appuyait toujours de la volonté du dieu.
Ces divèrs complots étaient surtout tramés
contre la famille de M. Colette et celle de M. Du-
vauchelles contre lesquels, les Vaudoux sem-
blaient avoir une haine profonde.
Lorsque toutes ces dispositions eurent été dé-
finitivement arrêtées, les adeptes se reculèrent
et formèrent un immense demi-cercle autour de
l'autel.
— Les néophytes! cria le roi d'une voix reten-
tissante.
Vingt-deux nègres au nombre desquels se
trouvait Marcelin furent immédiatement ame-
nés par leurs parrains respectifs et placés sur
une seule ligne au centre du cercle.
Le jeune homme assis avec Guerrier à l'extré-
mité opposée de la clairière, n'avait pu voir que
très-imparfaitement ce qui s'était passé devant
l'autel et ne s'en était pas rendu compte; grâce
au laps de temps qui s'était écoulé depuis son
arrivée, la réflexion, en lui faisant voirsapositioii
telle quelle était réellement, avait rétabli le
calme dans son esprit J tout son courage lui était
revenu et ce fut d'un pas- ferme qu'il alla pren-
dre place au milieu du cercle. Guerrier François
l'avait averti à peu près des épreuves qu'il de-
vait subir, il attendait calme et digne.
— Que veux-tu? demanda d'un air féroce le
roi au récipiendaire le plus rapproché de lui.
— Je désire, répondit humblement le nègre.
baiser la couleuvre sacrée et recevoir de la reine
Vaudou ses ordres et ses poisons.
— Connais-tu les conséquences de la démarche
que tu tentes en ce moment ?
— Je les connais.
— Te crois-tu assez brave pour supporter sans
te plaindre les épreuves qu'il te faut subir pour
être admis parmi les enfants de la couleuvre ? '
— Je le crois.
Le nègre n'avait pas achevé de prononcer ces,
trois mots, que le roi s'était élancé sur lui d'un,
bond de tigre et lui avait d'un coup de poignard
traversé le bras droit de part en part ; le mal-
heureux, surpris ainsi àl'improvigte, jeta un hor-,
rible cri de douleur, cri auquel répondit aussitôt
un rire strident des Vaudoux.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain.)
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