Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-09-30
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 septembre 1866 30 septembre 1866
Description : 1866/09/30 (N164). 1866/09/30 (N164).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717348s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
Un employé du télégraphe, en résidence à Laon, se
trouvant mercredi soir, à la gare de Saint-Quentin, a
échappé miraculeusement pour ainsi dire, à un terri-
ble danger. Traversant la voie au moment du départ
d'un train de voyageurs, il a été violemment frappé à
la tête par le tampon de la machine et jeté au milieu
des rails de la voie parallèle où arrivait précisément
ua train de marchandises. Tous les wagons de ce
dernier train ont passé au-dessus de son corps gi-
sant inerte entre les deux rails. La seule blessure
qu'on ait eu à constater est la mutilation du gros doigt
de pied gauche,\dont il a été nécessaire de pratiquer
l'amputation.
On écrit de Port-Vendres, le 23 septembre :
Un événement de mer vient de jeter le 'deuil
dans une famille honorable de Banyuls-sur-Mer
et la consternation dans la localité.
Le nommé Sauveur Ribes et deux de ses fils,
l'un âgé de vingt-huit ans et l'autre de vingt-un,
ont péri aujourd'hui en rner à une faible dis-
tance de la côte, au moment où ils retiraient
leurs engins de pèche. Ces malheureux montaient
une frêle embarcation qui n'a pu lutter contre la
tempête. I
Accourue à leur secours, l'excellente popula-
tion de Banyuls a fait de courageux, mais vains
efforts pour arracher à la mort ces trois infor-
tunés.
Nous lisons dans lo Journal des Pyrénées- Orientales :
« Lo tunnel Saint-Elme est entièrement percé. C'est
samedi que les mineurs des deux attaques so sont ren-
contrés. L'alignement et le niveau de ce souterrain de
huit cents mètres se sont trouvés mathématiquement
exacts. Cette dernière particularité jointe aux difficultés
tic cette magnifique percée, font le plus grand honneur
aux ingénieurs qui ont tracé et dirigé ce travail, ainsi
qu'aux entrepreneurs qui l'ont exécuté sous leurs or-
dres.
» Le 'ni vellement de la plate-forme et le revêtement
do la voûte vont marcher avec la construction des bâ-
timents de la gare de Port-Vendres, déjà adjugés, et
tout nous fait croire qu'au printemps prochain, nous
pourrons aller en wagon jusqu'à Port-Vendres, et voir
le commencement des travaux de cette ville à la fron-
tière d'Espagne. » .
ÉTRANGER
On raconte le fait suivant, qui s'est passé à
Saar-Union :
Dans la soirée du 20 septembre, deux enfants,
Alphonse Gérard, âgé de 8 ans, et Louis Bauer,
âgé de 8 ans, jouaient ensemble aux noix. Une
querelle s'éleva entre eux ; Gérard, sous pré-
texte de s'arranger, amena son camarade
à une petite distance de la route où ils avaient
joué ; mais à peine hors de vue, il tira un couteau
de sa poche et le plongea dans la poitrine de
Bauer, qui, en tombant, invoqua l'assistance de
sa mère. Comme le coup a été porté dans la ré-
gion du cœur, le médecin désespère de sauver le
pauvre petit blessé.
Un fait curieux, nous apprend le Courrier des États-
Unis, vient de se révéler, c'est que la prison des Tom-
bes est infestée de rats à ce point que les détenus ont
à endurer, par le fait, une aggravation de peine ex-
trêmement sérieuse. Avant-hier, un jeune garçon de
quinze ans, amené devant le tribunal, portait sur le
visage des marques de morsures et d'égratignures que
lui avaient faites les rats, tandis qu'il était renfermé
dans une chambre contenant dix-sept prisonniers. Ces
rongeurs sont, suivant la déclaration de cc jeune gar-
çon, aussi gros que de jeunes chats, et aussi féroces
que des loups.
' Le 12 septembre deux hommes ont été en-
trainés dans la chute du Niagara en essayant de
traverser la rivière au-dessus des rapides où les
a poussés un coup de vent subit. On n'a pas revu
les malheureux, et leurs corps même n'ont pas
été retrouvés dans la rivière au-dessous de la
cataracte.
Un enfant de trois ans vient d'être condamné aux ga-
lères ! Voici dans quelles circonstances :
A Dublin, il y a quelques jours, on amenait devant le
juge deux enfants, l'une âgée de huit ans, l'autre âgé
de trois ans et six mois, accusés tous deux de mendi-
cité. Le fait étant reconnu, le juge se tenant aux ter-
mes de la loi, condamna la petite fille de huit ans à
huit jours de prison et travaux forcés (hard labour), et
le petit garçon à la même peine. Mais le gouverneur
ne trouvant pas d'habits de pénitencier, mit le petit
garçon aux mains des infirmiers, pensant que, pour
fout châtiment, c'était assez de le priver de gâteaux.
Le gouvernement, instruit de ce fait, n'a pas encore
répondu.
Au départ du dernier courrier de la Nouvelle-Or-
léans, la première balle de coton de la saison actuelle
venait d'être roçue au port de Galveston (Texas), où
on l'avait expédiée d'une plantation voisine. Une prime
de 40 cents ou 2 fr. par livre, et un beau pot à eau en
argent ont été accordés, selon la coutume, au planteur
qui le premier avait envoyé son coton au marché.
NÉCROLOGIE
On lit dans la Sentinelle toulonnaise :
« Le capitaine Magnan, qui s'est acquis une
certaine célébrité par ses expéditions sur le
Danube et sur les côtes de la Circassie, est mort
: . à Paris dans les premiers jours de septembre,
enlevé en quelques heures par une maladie fou-
droyante.
» On avait déjà fait mourir le capitaine Magnan
à Marseille au commencement de l'année ; mais
cette nouvelle avait été démentie. Aujourd'hui
cette perte n'est malheureusement que trop cer-
taine. "
UNE VICTIME DE LA FOUDRE
Dans la matinée du 23 septembre, d'épais
nuages s'étaient amoncelés au zénith de Mont-
blanc (Hérault), leur opacité était telle qu'il fai-
sait presque nuit.
I Un double courant électrique s'est élancé des
! nuages et a frappé le village sur deux points si-
tués à l'ouest.
L'un des courants, dirigé sur le tuyau de la
cheminée d'une maison, en a démoli le revête-
ment en briques au-dessus de la toiture ainsi
qu'au-dessous, dans l'étendue d'un deuxième éta-
ge ; il a fendu une épaisse muraille sur plusieurs
mètres de longueur et s'est ensuite perdu au de-
hors dans l'atmosphère.
Un courant partiel a tracé un sillon en zigzag,
| large de deux à trois travers de doigt, dans la
suie de la cheminée ; il s'est écoulé par la créma-
lière et sortant de la hotte, a foudroyé une jeune
femme de vingt-cinq ans, la jetant inanimée sur
, le plancher d'une pièce qui dans cette maison
sert de cuisine.
Le fluide électrique a ensuite perforé le plan-
cher aux pieds de sa victime ; il a brisé les vitres
et le bois des dormants d'une croisée, puis est
: allé se perdre au dehors par la fenêtre et la
porte d'entrée de la maison, en laissant sur son
! passage des ruines, des vestiges d'incendie et la
1 mort.
En effet, la malheureuse victime de ce sinis-
tre, du nom de Rosine Divillès, épouse François
Cavaillé, relevée par son mari et par lesperson-1
nes accourues à son secours, a été trouvée dans
un état complet de nudité, couchée-sur des lam-
beaux d'étoffe fumants et encore brûlants.
Malgré les soins empressés de deux médecins,
elle n'a pu survivre aux perturbations qu'avait
subies son organisme et à ses horribles brûlures.
Elle a succombé lundi matin à six heures, après
avoir reçu les secours de la religion.
L'autre courant électrique, en se bifurquant, a
pénétré dans deux maisons.
Dans l'une, le feu du ciel a traversé uue cui-
sine, pour sortir par la porte, en passant par-
dessus la tète des personnes présentes, que cette
apparition a frappées de terreur.
Dans l'autre, une jeune fille, du seuil de son
alcôve, a vu rouler de l'âtre, dont la pierre angu-
laire a été écornée, une boule de couleur-violette
vers l'escalier de communication du premier étage
avec le rez-de-chaussée, où s'est produite sa su-
bite disparition.
De mémoire d'homme, on n'avait vu pareil
cataclysme se déchaîner sur notre village.
La population reste sous la pénible impression
de ce douloureux événement.
TRIBUNAUX
A LA BELLE ÉTOILE
Il y a décidément dos noms qui portent malheur.
Voici encore un prévenu qui se nomme Collignou !
Mais, Dieu merci ! celui-là n'a personne ; on ne
lui reproche que de vivre dans un état continuel de
vagabondage.
Est-ce vie, est-ce malheur? est-il entraîné par la pa-
resse, ou, comme il le prétend, le jouet d'un mauvais
sort? En tous cas, le résultat est triste, on ne peut ré-
fléchir de sang-froid à ces existences errantes, au sort
de ces êtres abandonnés, végétant isolés d'ans le monde,
allant devant eux au jour le jour sans jamais être sùrs
du lendemain.
Thomas Collignon n'a que vingt-sept ans ; il n'est
pas infirme comme il le dit, infirme de corps du moins,
mais son intelligence parait peu développée. Sa voix
aiguë et grèle ressemble à celle d'un enfant de cinq
ans : lorsqu'il veut s'expliquer il pleure : le corps est
celui d'un homme, mais l'énergie lui fait défaut.
Le 5 mai dernier déjà, il avait été arrêté comme va-
gabond et condamné à quatre mois de prison; le 4
septembre, il sortait du dépôt de Saint-Denis, et le
26, on le trouvait couché dans un hangar sur la com-
mune d'Aubervilliers.
— Vous n'avez pas de domicile ?
— Non, je ne sais où aller.
— Vous êtes donc seul ? vous n'êtes pas marié ?
— Si, je me suis macié le 9 avril 1865, mais j'ai
quitté ma femme.
— Où est-elle ?
Je n'en sais rien.
— Où couchez-vous?
— Où je peux.
— Et de quoi vivez-vous?
— De légumes que je maraude dans les champs.
— Votre père vit-il encore ?
— Je le crois. i
— Où demeure-t-il ?
- Je l'ignore. ;
- Avez-vous un état ?
— Je suis journalier.
- Pourquoi ne travaillez-vous pas?
— On ne veut pas me donner de l'ouvrage.
Collignon sanglote, son petit filet de voix s'étrangle
dans sa gorge.
Joue-t-il la comédie ? il n'en a pas l'air. En tous cas
la pitié prend devant cet homme, qui ne sait plus où
demeure son père, qui couche où il peut, dans un han-
gar, sous un arbre, en plein champ ; qui vit de légu-
mes crus ramassés à terre, et qui se trouve heureux
peut-être quand la prison lui offre un asile.
Que faire ?
Le tribunal, condamne Thomas COllignon 1 un moîfcr
. d'emprisonnement. (Droit.) -
Le 18 août, une jeune fille était arrêtée par una
ronde do nuit, couchée place Vanban et profondément
endormie.
Elle comparait aujourd'hui devant le Tribunal cor-
rectionnel, sous la prévention de vagabondage.
Elle se nomme Angélina Brivant; elle est âgée d8
dix-neuf ans et déclare être saltimbanque.
M. le président lui demande par suite de quelles -cir.
constances elle s'est trouvée seule à Paris, sans ressottr*
ces et sans domicile.
Elle répond d'une voix douce et d'un ton modeste,
peu ordinaire chez ses pareilles : J'ai été obligée, bien
malgré moi, de quitter mon père, qui est saltimbanque-
et fait les foires; depuis, je ne sais ce qu'il est devenu..
M. LE PRÉSIDENT. — Vous dites que c'est à regret qua
vous avez quitté votre père, quel est donc le motif qui
vous y a obligée?
ANGÉLINA. Ma mère étant morte, mon père voulait
prendre une autre femme; cela ma faisait de la peina
que ma mère était si vite oubliée. Il voulait se débar-
rasser do moi et m'a menacée de me mettre en correc-
tion ; c'est alors que je me suis sauvée.
M. LE PRÉSIDENT. — Et depuis quatre mois vous ôtu
en état de vagabondage?
ANGÉHNA. — Oui, monsieur.
M. LE THÉSIDENT. — On a écrit à Sens et dans d'autres
villes de la Bourgogne que vous avez indiquées comme
étant habituellement parcourues par votre pèra, et d'au-
cune on n'a reçu de renseignements sur lui. N'avez-vous
pas d'autres parents que lui?
ANGKUNA. — J'ai des tantes, mais elles voyagent
comme mon père, et je ne sais où elles peuvent être.
M. le président, après a voir prononcé contre Angélina
une condamnation à un mois de prison, ajoute : Pendant
que vous serez dans la maison de détention, faites des
démarches, écrivez pour savoir où sont vos tantes, dont
l'une ou l'autre vous réclamera, snns doute. Il ne se peut
qu'une fille de votre âge vive dans un état permanent da
vagabondage.
ANGÉLINA. — Si je savais où est mon père, je lui écri-
rais de me reprendre; mais peut-être qu'il est mort.
M. LE PRÉSIDENT. — Rassurez-vous ; on ne connaît
pas le lieu où il est en ce moment, mais on sait qu'il
n'est pas mort.
AKGËHNA. AhI tant mieux!
1 (Gazette, des Tribunaux).
LA CUEILLETTE
Une charman'e historiette coupée dans l'International :
La reine Victoria fait de temps en temps de
petites courses à pied aux environs du château
de Balmoral.
Quelques jours après son arrivée dans cette
dernière résidence, Sa Majesté, accompagnée
d'une de -ses dames d'honneur, s'en revenait au
château, lorsqu'en traversant un sentier étroit,
elle aperçut une femme qui travaillait dans un
champ de pommes de terre. A côté se trouvaient
plusieurs bêches témoignant que la vieille femme
avait des compagnons de travail.
La Reine s'arrêta un instant.
Vous travaillez toute seule, ma bonne femme?
lui demanda-t-elle en s'asseyant sur le tronc d'un
arbre abattu.
— Il le faut bien, les autres sont partis. Ori7
dit que la Reine est arrivée, et ils ont voulu la.
voir.
— Pourquoi n'avez- vous pas fait comme eux?
demanda Sa Majesté.
La femme haussa les épaules.
— Moi? et pourquoi faire ? fi t-elle. Est-ce que,
vous croyez que je vais me déranger pour voir
la reine? Ça me rapporterait grand'chose!
Les fous qui sont allés autour du chàteau
perdront une journée de travail, voilà tout. Moi,
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
Marcelin s'arrêta, un frisson d'épouvante par-
courut tout son corps, au spectacle étrange qui
tout à coup s'offrit à ses yeux ; mais il eut assez
de puissance sur lui-même pour dissimuler toute
trace d'émotion ; il s.e sentait observé et il sa-
vait que la plus légère marque de dégoût ou de
défaillance, serait le signal de sa mort.
— Tant mieux, répondit-il tranquillement,
en s'essuyant négligemment le visage avec un
pan de son vêtement, je suis heureux d'être ar-
rivé. Quelle course endiablée tu m'as fait faire !
Dix minutes de plus, je crois que je serais resté
en. route.
— Allons, reprit en ricanant Guerrier Fran-
çois, tu es brave, je crois que tu me feras hon-
neur.
— Moi aussi, répondit-il ; que faisons-nous
maintenant ?
— Rien , encore, assieds-toi là près de moi et
1) Voir les numéros parus depuis le 28 août.
; attendons. Marcelin et son compagnon se pla- ]
cèrent alors sur un tronc d'arbre renversé où
d'autres iadn'idus étaient dejà -assis. . I
XII
L'INITIATION
Goethe dans son immortel Faust, à un certain
moment, fait conduire son héros par Méphisto-
phclès au sommet des montagnes du Harz, dans
la nuit du Walpurgis pour assisterau sabbat des
sorcières ; jamais l'imagirtation du célèbre poète
ne s'est montrée plus riche et plus féconde que
1 dans la description de ce fantastique pandémo-
; nium. Mais si vigoureuses que soient les tou-
ches du maître, si complets que soient les dé-
: tails auxquels il S'est complu, ce tableau étrange
ne saurait approcher du spectacle réel et saisis-
sant que Marcelin voyait, comme un infernal
1 kaléidoscope, se dérouler devant ses regards
' épouvantés.
; La clairière affectait une forme ovale ; elle
! était, ainsi que nous l'avons dit, éclairée par
d'immenses bûchers de bois résîneux qui lan-
ç lient des flammes semblables à des incendies,
' agitées sans cesse par le vent et éparpillant ainsi
de grandes masses d'ombre et de lumière qui
5 imprimaient aux objets une apparence fantasti-
que. Au pied même du piton de Guridas, s'éle-
t , vait un autel grossier peint en rouge et sur lequel
i, reposait une caisse assez grande, dont l'un des
côtés était fermé par des barreaux disposés
comme ceux d'une cage.
Cette caisse était l'arche sainte de la Couleu-
vre sacrée.
De chaque côté de l'autel, droits, immobiles,
superbes, vêtus tout de rouge, se tenaient le roi
et la reine.
Le roi avait le front ceint d'un diadème d'étoffe
rouge, portait un large ruban bleu en sautoir et
tenait de la main droite un bâton court et teint
de sang en guise de sceptre. • |
La reine -était vêtue à peu près de la même
manière. Le roi était Floréal Apollon, la reine
Roséide Suméra. Plusieurs Vaudoux, à demi-
nus, agenouillés devant l'autel, se labouraient le
visage avec leurs ongles, d'autres couraient de
branche en branche sur les arbres avec une vé-
locité et une dextérité merveilleuse ; d'autres ac-
complissaient des tours de force qui paraissaient <
au-dessus de la nature humaine et dont les con-
vulsionnaires de la tombe du diacre Paris nous
ont laissé les preuves évidentes.
Ceux-ci plongeaient leurs bras nus dans un
chaudron rempli de substances en ébullition,
ceux-là, couchés sur le dos/avaient fait pl icer sur
leur poitrine un énorme mortier dans lequel plu-
sieurs hommes vigoureux pilaient avec une sorte
de rage des ignames et des bananes, sans que
les patients en éprouvassent aucun mal.
Des femmes se livraient à une danse fréné-
tique en portant sur leur tête, sans le secours
des mains, une grande cruche pleine d'eau, dont
elles ne laissaient pas.t9mber une goutte.
Plus loin des sorciers et des sorcières faisaient
des incantationsjmagiques, vendaient des remè-
des pour certaines maladies réputées incurables
et jonglaient avec des serpents de l'espèce la plus,
dangereuse.
Ce n'étaient que chants, cris et rires ; et pour
compléter le tableau, les sifflements furieux du
vent, les éclairs et les éclats retentissants de la.
foudre.
Le pauvre Marcelin, se croyait transporté eii
enfer, il se sentait faiblir, l'épouvante s'emparait
de lui ; la force seule de sa volonté l'empêchait de
se lever et de prendre la fuite.
Tout à coup un coup de sifflet retentit ; aussi-
tôt, comme par enchantement, chacun s'arrêta elj.
un silence complet remplaça le tumul 'e effroya-
ble qui régnait une seconde auparavant.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain.)
Le Charivari, dont la spirituelle rédaction et ics des-
sins pleins de verve. obtiennent une vogue toujours
croissante, annonce la publication de trois nouvelles
séries mordantes: Les Coups cle bec sincères, les En-
tractes parisiens et Jérôme Palvrot fils ci la recherche
d'une position sociale. Trois succè ; assurés.
trouvant mercredi soir, à la gare de Saint-Quentin, a
échappé miraculeusement pour ainsi dire, à un terri-
ble danger. Traversant la voie au moment du départ
d'un train de voyageurs, il a été violemment frappé à
la tête par le tampon de la machine et jeté au milieu
des rails de la voie parallèle où arrivait précisément
ua train de marchandises. Tous les wagons de ce
dernier train ont passé au-dessus de son corps gi-
sant inerte entre les deux rails. La seule blessure
qu'on ait eu à constater est la mutilation du gros doigt
de pied gauche,\dont il a été nécessaire de pratiquer
l'amputation.
On écrit de Port-Vendres, le 23 septembre :
Un événement de mer vient de jeter le 'deuil
dans une famille honorable de Banyuls-sur-Mer
et la consternation dans la localité.
Le nommé Sauveur Ribes et deux de ses fils,
l'un âgé de vingt-huit ans et l'autre de vingt-un,
ont péri aujourd'hui en rner à une faible dis-
tance de la côte, au moment où ils retiraient
leurs engins de pèche. Ces malheureux montaient
une frêle embarcation qui n'a pu lutter contre la
tempête. I
Accourue à leur secours, l'excellente popula-
tion de Banyuls a fait de courageux, mais vains
efforts pour arracher à la mort ces trois infor-
tunés.
Nous lisons dans lo Journal des Pyrénées- Orientales :
« Lo tunnel Saint-Elme est entièrement percé. C'est
samedi que les mineurs des deux attaques so sont ren-
contrés. L'alignement et le niveau de ce souterrain de
huit cents mètres se sont trouvés mathématiquement
exacts. Cette dernière particularité jointe aux difficultés
tic cette magnifique percée, font le plus grand honneur
aux ingénieurs qui ont tracé et dirigé ce travail, ainsi
qu'aux entrepreneurs qui l'ont exécuté sous leurs or-
dres.
» Le 'ni vellement de la plate-forme et le revêtement
do la voûte vont marcher avec la construction des bâ-
timents de la gare de Port-Vendres, déjà adjugés, et
tout nous fait croire qu'au printemps prochain, nous
pourrons aller en wagon jusqu'à Port-Vendres, et voir
le commencement des travaux de cette ville à la fron-
tière d'Espagne. » .
ÉTRANGER
On raconte le fait suivant, qui s'est passé à
Saar-Union :
Dans la soirée du 20 septembre, deux enfants,
Alphonse Gérard, âgé de 8 ans, et Louis Bauer,
âgé de 8 ans, jouaient ensemble aux noix. Une
querelle s'éleva entre eux ; Gérard, sous pré-
texte de s'arranger, amena son camarade
à une petite distance de la route où ils avaient
joué ; mais à peine hors de vue, il tira un couteau
de sa poche et le plongea dans la poitrine de
Bauer, qui, en tombant, invoqua l'assistance de
sa mère. Comme le coup a été porté dans la ré-
gion du cœur, le médecin désespère de sauver le
pauvre petit blessé.
Un fait curieux, nous apprend le Courrier des États-
Unis, vient de se révéler, c'est que la prison des Tom-
bes est infestée de rats à ce point que les détenus ont
à endurer, par le fait, une aggravation de peine ex-
trêmement sérieuse. Avant-hier, un jeune garçon de
quinze ans, amené devant le tribunal, portait sur le
visage des marques de morsures et d'égratignures que
lui avaient faites les rats, tandis qu'il était renfermé
dans une chambre contenant dix-sept prisonniers. Ces
rongeurs sont, suivant la déclaration de cc jeune gar-
çon, aussi gros que de jeunes chats, et aussi féroces
que des loups.
' Le 12 septembre deux hommes ont été en-
trainés dans la chute du Niagara en essayant de
traverser la rivière au-dessus des rapides où les
a poussés un coup de vent subit. On n'a pas revu
les malheureux, et leurs corps même n'ont pas
été retrouvés dans la rivière au-dessous de la
cataracte.
Un enfant de trois ans vient d'être condamné aux ga-
lères ! Voici dans quelles circonstances :
A Dublin, il y a quelques jours, on amenait devant le
juge deux enfants, l'une âgée de huit ans, l'autre âgé
de trois ans et six mois, accusés tous deux de mendi-
cité. Le fait étant reconnu, le juge se tenant aux ter-
mes de la loi, condamna la petite fille de huit ans à
huit jours de prison et travaux forcés (hard labour), et
le petit garçon à la même peine. Mais le gouverneur
ne trouvant pas d'habits de pénitencier, mit le petit
garçon aux mains des infirmiers, pensant que, pour
fout châtiment, c'était assez de le priver de gâteaux.
Le gouvernement, instruit de ce fait, n'a pas encore
répondu.
Au départ du dernier courrier de la Nouvelle-Or-
léans, la première balle de coton de la saison actuelle
venait d'être roçue au port de Galveston (Texas), où
on l'avait expédiée d'une plantation voisine. Une prime
de 40 cents ou 2 fr. par livre, et un beau pot à eau en
argent ont été accordés, selon la coutume, au planteur
qui le premier avait envoyé son coton au marché.
NÉCROLOGIE
On lit dans la Sentinelle toulonnaise :
« Le capitaine Magnan, qui s'est acquis une
certaine célébrité par ses expéditions sur le
Danube et sur les côtes de la Circassie, est mort
: . à Paris dans les premiers jours de septembre,
enlevé en quelques heures par une maladie fou-
droyante.
» On avait déjà fait mourir le capitaine Magnan
à Marseille au commencement de l'année ; mais
cette nouvelle avait été démentie. Aujourd'hui
cette perte n'est malheureusement que trop cer-
taine. "
UNE VICTIME DE LA FOUDRE
Dans la matinée du 23 septembre, d'épais
nuages s'étaient amoncelés au zénith de Mont-
blanc (Hérault), leur opacité était telle qu'il fai-
sait presque nuit.
I Un double courant électrique s'est élancé des
! nuages et a frappé le village sur deux points si-
tués à l'ouest.
L'un des courants, dirigé sur le tuyau de la
cheminée d'une maison, en a démoli le revête-
ment en briques au-dessus de la toiture ainsi
qu'au-dessous, dans l'étendue d'un deuxième éta-
ge ; il a fendu une épaisse muraille sur plusieurs
mètres de longueur et s'est ensuite perdu au de-
hors dans l'atmosphère.
Un courant partiel a tracé un sillon en zigzag,
| large de deux à trois travers de doigt, dans la
suie de la cheminée ; il s'est écoulé par la créma-
lière et sortant de la hotte, a foudroyé une jeune
femme de vingt-cinq ans, la jetant inanimée sur
, le plancher d'une pièce qui dans cette maison
sert de cuisine.
Le fluide électrique a ensuite perforé le plan-
cher aux pieds de sa victime ; il a brisé les vitres
et le bois des dormants d'une croisée, puis est
: allé se perdre au dehors par la fenêtre et la
porte d'entrée de la maison, en laissant sur son
! passage des ruines, des vestiges d'incendie et la
1 mort.
En effet, la malheureuse victime de ce sinis-
tre, du nom de Rosine Divillès, épouse François
Cavaillé, relevée par son mari et par lesperson-1
nes accourues à son secours, a été trouvée dans
un état complet de nudité, couchée-sur des lam-
beaux d'étoffe fumants et encore brûlants.
Malgré les soins empressés de deux médecins,
elle n'a pu survivre aux perturbations qu'avait
subies son organisme et à ses horribles brûlures.
Elle a succombé lundi matin à six heures, après
avoir reçu les secours de la religion.
L'autre courant électrique, en se bifurquant, a
pénétré dans deux maisons.
Dans l'une, le feu du ciel a traversé uue cui-
sine, pour sortir par la porte, en passant par-
dessus la tète des personnes présentes, que cette
apparition a frappées de terreur.
Dans l'autre, une jeune fille, du seuil de son
alcôve, a vu rouler de l'âtre, dont la pierre angu-
laire a été écornée, une boule de couleur-violette
vers l'escalier de communication du premier étage
avec le rez-de-chaussée, où s'est produite sa su-
bite disparition.
De mémoire d'homme, on n'avait vu pareil
cataclysme se déchaîner sur notre village.
La population reste sous la pénible impression
de ce douloureux événement.
TRIBUNAUX
A LA BELLE ÉTOILE
Il y a décidément dos noms qui portent malheur.
Voici encore un prévenu qui se nomme Collignou !
Mais, Dieu merci ! celui-là n'a personne ; on ne
lui reproche que de vivre dans un état continuel de
vagabondage.
Est-ce vie, est-ce malheur? est-il entraîné par la pa-
resse, ou, comme il le prétend, le jouet d'un mauvais
sort? En tous cas, le résultat est triste, on ne peut ré-
fléchir de sang-froid à ces existences errantes, au sort
de ces êtres abandonnés, végétant isolés d'ans le monde,
allant devant eux au jour le jour sans jamais être sùrs
du lendemain.
Thomas Collignon n'a que vingt-sept ans ; il n'est
pas infirme comme il le dit, infirme de corps du moins,
mais son intelligence parait peu développée. Sa voix
aiguë et grèle ressemble à celle d'un enfant de cinq
ans : lorsqu'il veut s'expliquer il pleure : le corps est
celui d'un homme, mais l'énergie lui fait défaut.
Le 5 mai dernier déjà, il avait été arrêté comme va-
gabond et condamné à quatre mois de prison; le 4
septembre, il sortait du dépôt de Saint-Denis, et le
26, on le trouvait couché dans un hangar sur la com-
mune d'Aubervilliers.
— Vous n'avez pas de domicile ?
— Non, je ne sais où aller.
— Vous êtes donc seul ? vous n'êtes pas marié ?
— Si, je me suis macié le 9 avril 1865, mais j'ai
quitté ma femme.
— Où est-elle ?
Je n'en sais rien.
— Où couchez-vous?
— Où je peux.
— Et de quoi vivez-vous?
— De légumes que je maraude dans les champs.
— Votre père vit-il encore ?
— Je le crois. i
— Où demeure-t-il ?
- Je l'ignore. ;
- Avez-vous un état ?
— Je suis journalier.
- Pourquoi ne travaillez-vous pas?
— On ne veut pas me donner de l'ouvrage.
Collignon sanglote, son petit filet de voix s'étrangle
dans sa gorge.
Joue-t-il la comédie ? il n'en a pas l'air. En tous cas
la pitié prend devant cet homme, qui ne sait plus où
demeure son père, qui couche où il peut, dans un han-
gar, sous un arbre, en plein champ ; qui vit de légu-
mes crus ramassés à terre, et qui se trouve heureux
peut-être quand la prison lui offre un asile.
Que faire ?
Le tribunal, condamne Thomas COllignon 1 un moîfcr
. d'emprisonnement. (Droit.) -
Le 18 août, une jeune fille était arrêtée par una
ronde do nuit, couchée place Vanban et profondément
endormie.
Elle comparait aujourd'hui devant le Tribunal cor-
rectionnel, sous la prévention de vagabondage.
Elle se nomme Angélina Brivant; elle est âgée d8
dix-neuf ans et déclare être saltimbanque.
M. le président lui demande par suite de quelles -cir.
constances elle s'est trouvée seule à Paris, sans ressottr*
ces et sans domicile.
Elle répond d'une voix douce et d'un ton modeste,
peu ordinaire chez ses pareilles : J'ai été obligée, bien
malgré moi, de quitter mon père, qui est saltimbanque-
et fait les foires; depuis, je ne sais ce qu'il est devenu..
M. LE PRÉSIDENT. — Vous dites que c'est à regret qua
vous avez quitté votre père, quel est donc le motif qui
vous y a obligée?
ANGÉLINA. Ma mère étant morte, mon père voulait
prendre une autre femme; cela ma faisait de la peina
que ma mère était si vite oubliée. Il voulait se débar-
rasser do moi et m'a menacée de me mettre en correc-
tion ; c'est alors que je me suis sauvée.
M. LE PRÉSIDENT. — Et depuis quatre mois vous ôtu
en état de vagabondage?
ANGÉHNA. — Oui, monsieur.
M. LE THÉSIDENT. — On a écrit à Sens et dans d'autres
villes de la Bourgogne que vous avez indiquées comme
étant habituellement parcourues par votre pèra, et d'au-
cune on n'a reçu de renseignements sur lui. N'avez-vous
pas d'autres parents que lui?
ANGKUNA. — J'ai des tantes, mais elles voyagent
comme mon père, et je ne sais où elles peuvent être.
M. le président, après a voir prononcé contre Angélina
une condamnation à un mois de prison, ajoute : Pendant
que vous serez dans la maison de détention, faites des
démarches, écrivez pour savoir où sont vos tantes, dont
l'une ou l'autre vous réclamera, snns doute. Il ne se peut
qu'une fille de votre âge vive dans un état permanent da
vagabondage.
ANGÉLINA. — Si je savais où est mon père, je lui écri-
rais de me reprendre; mais peut-être qu'il est mort.
M. LE PRÉSIDENT. — Rassurez-vous ; on ne connaît
pas le lieu où il est en ce moment, mais on sait qu'il
n'est pas mort.
AKGËHNA. AhI tant mieux!
1 (Gazette, des Tribunaux).
LA CUEILLETTE
Une charman'e historiette coupée dans l'International :
La reine Victoria fait de temps en temps de
petites courses à pied aux environs du château
de Balmoral.
Quelques jours après son arrivée dans cette
dernière résidence, Sa Majesté, accompagnée
d'une de -ses dames d'honneur, s'en revenait au
château, lorsqu'en traversant un sentier étroit,
elle aperçut une femme qui travaillait dans un
champ de pommes de terre. A côté se trouvaient
plusieurs bêches témoignant que la vieille femme
avait des compagnons de travail.
La Reine s'arrêta un instant.
Vous travaillez toute seule, ma bonne femme?
lui demanda-t-elle en s'asseyant sur le tronc d'un
arbre abattu.
— Il le faut bien, les autres sont partis. Ori7
dit que la Reine est arrivée, et ils ont voulu la.
voir.
— Pourquoi n'avez- vous pas fait comme eux?
demanda Sa Majesté.
La femme haussa les épaules.
— Moi? et pourquoi faire ? fi t-elle. Est-ce que,
vous croyez que je vais me déranger pour voir
la reine? Ça me rapporterait grand'chose!
Les fous qui sont allés autour du chàteau
perdront une journée de travail, voilà tout. Moi,
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
Marcelin s'arrêta, un frisson d'épouvante par-
courut tout son corps, au spectacle étrange qui
tout à coup s'offrit à ses yeux ; mais il eut assez
de puissance sur lui-même pour dissimuler toute
trace d'émotion ; il s.e sentait observé et il sa-
vait que la plus légère marque de dégoût ou de
défaillance, serait le signal de sa mort.
— Tant mieux, répondit-il tranquillement,
en s'essuyant négligemment le visage avec un
pan de son vêtement, je suis heureux d'être ar-
rivé. Quelle course endiablée tu m'as fait faire !
Dix minutes de plus, je crois que je serais resté
en. route.
— Allons, reprit en ricanant Guerrier Fran-
çois, tu es brave, je crois que tu me feras hon-
neur.
— Moi aussi, répondit-il ; que faisons-nous
maintenant ?
— Rien , encore, assieds-toi là près de moi et
1) Voir les numéros parus depuis le 28 août.
; attendons. Marcelin et son compagnon se pla- ]
cèrent alors sur un tronc d'arbre renversé où
d'autres iadn'idus étaient dejà -assis. . I
XII
L'INITIATION
Goethe dans son immortel Faust, à un certain
moment, fait conduire son héros par Méphisto-
phclès au sommet des montagnes du Harz, dans
la nuit du Walpurgis pour assisterau sabbat des
sorcières ; jamais l'imagirtation du célèbre poète
ne s'est montrée plus riche et plus féconde que
1 dans la description de ce fantastique pandémo-
; nium. Mais si vigoureuses que soient les tou-
ches du maître, si complets que soient les dé-
: tails auxquels il S'est complu, ce tableau étrange
ne saurait approcher du spectacle réel et saisis-
sant que Marcelin voyait, comme un infernal
1 kaléidoscope, se dérouler devant ses regards
' épouvantés.
; La clairière affectait une forme ovale ; elle
! était, ainsi que nous l'avons dit, éclairée par
d'immenses bûchers de bois résîneux qui lan-
ç lient des flammes semblables à des incendies,
' agitées sans cesse par le vent et éparpillant ainsi
de grandes masses d'ombre et de lumière qui
5 imprimaient aux objets une apparence fantasti-
que. Au pied même du piton de Guridas, s'éle-
t , vait un autel grossier peint en rouge et sur lequel
i, reposait une caisse assez grande, dont l'un des
côtés était fermé par des barreaux disposés
comme ceux d'une cage.
Cette caisse était l'arche sainte de la Couleu-
vre sacrée.
De chaque côté de l'autel, droits, immobiles,
superbes, vêtus tout de rouge, se tenaient le roi
et la reine.
Le roi avait le front ceint d'un diadème d'étoffe
rouge, portait un large ruban bleu en sautoir et
tenait de la main droite un bâton court et teint
de sang en guise de sceptre. • |
La reine -était vêtue à peu près de la même
manière. Le roi était Floréal Apollon, la reine
Roséide Suméra. Plusieurs Vaudoux, à demi-
nus, agenouillés devant l'autel, se labouraient le
visage avec leurs ongles, d'autres couraient de
branche en branche sur les arbres avec une vé-
locité et une dextérité merveilleuse ; d'autres ac-
complissaient des tours de force qui paraissaient <
au-dessus de la nature humaine et dont les con-
vulsionnaires de la tombe du diacre Paris nous
ont laissé les preuves évidentes.
Ceux-ci plongeaient leurs bras nus dans un
chaudron rempli de substances en ébullition,
ceux-là, couchés sur le dos/avaient fait pl icer sur
leur poitrine un énorme mortier dans lequel plu-
sieurs hommes vigoureux pilaient avec une sorte
de rage des ignames et des bananes, sans que
les patients en éprouvassent aucun mal.
Des femmes se livraient à une danse fréné-
tique en portant sur leur tête, sans le secours
des mains, une grande cruche pleine d'eau, dont
elles ne laissaient pas.t9mber une goutte.
Plus loin des sorciers et des sorcières faisaient
des incantationsjmagiques, vendaient des remè-
des pour certaines maladies réputées incurables
et jonglaient avec des serpents de l'espèce la plus,
dangereuse.
Ce n'étaient que chants, cris et rires ; et pour
compléter le tableau, les sifflements furieux du
vent, les éclairs et les éclats retentissants de la.
foudre.
Le pauvre Marcelin, se croyait transporté eii
enfer, il se sentait faiblir, l'épouvante s'emparait
de lui ; la force seule de sa volonté l'empêchait de
se lever et de prendre la fuite.
Tout à coup un coup de sifflet retentit ; aussi-
tôt, comme par enchantement, chacun s'arrêta elj.
un silence complet remplaça le tumul 'e effroya-
ble qui régnait une seconde auparavant.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain.)
Le Charivari, dont la spirituelle rédaction et ics des-
sins pleins de verve. obtiennent une vogue toujours
croissante, annonce la publication de trois nouvelles
séries mordantes: Les Coups cle bec sincères, les En-
tractes parisiens et Jérôme Palvrot fils ci la recherche
d'une position sociale. Trois succè ; assurés.
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