j»oduit« dans,1a,fabrique,du sieur -Houoré, maître arti-
ficier à Pantin.
Fort heureusement, les ouvriem,avaient quitté les
ateliers à-six heures, aussi n'eut-on à déplorer aucun
* accident autre que des dégâts matériels.
L'incendie a été immédiatement éteint par les pom-
"-pier¡; de Pantin et d'Aubervil lien. —
N. B
DÉPARTEMENTS
' t
La Gironde rapporte un fait qui voient de se passer
à Beguey, près,Cadillac et qui témoigne d'une délica-
' tesse de conscience poussée jusqu'à l'excès, nous pour-
rions dire jusqu'à 1 égarement.
En1 apprenant que son mari venait d'être arrêté pour
vol, une malheureuse femme s'empare dp ses trois en-
fants, en place un, âgé de vingtt^jçux mois, dans son
tablier qu'elle relève et noue fortement autour de son
. corps, .prend les deux autres par la main, et se dirige
vers la rivière, oÙ elle se précipite avec. eux, dans un
accès de douleur qui. peut à peine expliquer un pareil
acte de désespdir. ■
Heureusement qu'un habile marin se trouvait dans
les environs : il a pu sauver la malheureuse mère et,
deux enfants,.ceux .qu'elle avait entraînés avec elle, en
les tenant par la main. «
Quant au troisième,, ignorant qa'il fût enveloppé dans
le tablier de la mère, il n'a pu le secourir à temps. ,
Lorsque le tablier a été dénoue, le pauvre petit n'exige
tait plus. Il avait été étouffé, sans ttu'on eùt pu songer'
à lui donner sa part dans les secours auxquels la mère
et les deux autres enfants ont du leur galut,
tin événement dont les suites eussent pu être désas-
treuses est arrivé sur le port de Brest.
Voici les délails que nous fournit l'Ai-moi-icaiii :
« Une voiture chargée d'une dizaine de balles d'é-
toupe goudronnée se dirigeait de la ville vers le port.
lorsqu'à la hauteur d'une cabane en planches servant
d'écurie, qui se trouve sur la rampe attenant aux
portes, l'une des balles s'est enflammée. Le feu s'était
déjà communiqué à plusieurs des autres balles lors-
qu'on s'en aperçut.
>,Au même insrant, 'un convoi de trois voitures char-
gées de poudre de mine, escorté par des militaires, ar-
rivait par la rampe contiguë,se dirigeant vers, le ChÙ-
teau, et se trouvait à une cinquantaine de mètres au
plus des étoupes enflammées lorsqu'il s'est arrêté.
» Après un instant d'émotion, les charretiers ont dé-
telé la voiture qui charriait les étoupes et l'ont entraî-
née à bras vers la petite darse-construite sous le Châ-
teau -, là, on est parvenu à sauver du feu la voiture,
ainsi que la majeure partie des ballots d'étoupe, dont
la superficie seulement a été consumée. M .
L'Epagnol Mateo Cabrera, qui vient de périr si fata-
lement aux courses de Nîmes, était un des toréadors le,: j
plus intrépides des courses de Périgueux. On l'avait
vu, luttant d'héroïsme avec les Landais, se placer réso-
lûment en face du taureau qui fondait sur lui, et,
après l'avoir bravé, se jeter à la renverse, devant l'ani -
marfuneux, attendant avec sang-froid des coups qui
pouvaient ,être mortels.
Malgré tout son courage, Mateo Cabrera n'affrontait
le danger de l'arène qu'avec de sinistres pressentiments.
Avant de se rendre à son poste de péril, il faisait brû-
ler un cierge et se mettait en prière. Il travaillait pour
sa vieille mère, qu'il espérait rejoindre en Espagne
,après avoir amassé un petit pécule. La mort, une mort
,affrenge, est venue déjouer ses combinaisons filiales.
ÉTRANGER
Il y(a trois,jours, nous annoncions les persé-
cutions exercées contre les chrétiens de la
Corée.
M. le contre-amiral Roze a quitté avec deux
frégates les eaux de Tien-Sing., pour aller sur,
les côtes de la Corée protéger nos nationaux et
faire cesser les persécutions dont ils sont yic-
times.
On lit dans une correspondance de Vienne, adressé
à Y Etendard : .....
« Le maire de la ville d'Inspruck, chef-lieu ; di
Tyrol, vient de rendre un arrêté qui pourra servi
d'exemple aux magistrats philanthropes des 40,001
communes de France. Il a interdit le cigare et la pipi
aux enfants tyroliens, à ceux qui fréquentent les école:
lycées 'elgymJ,lll!'cs, ainsi qu'aux apprentis des fabri-
ques. L'arrêté porte que, pour rendre la mesure plu:
efficace, les parents ou tuteurs des enfants qui ne fré-
quentent pas les écoles seront tenus de sermonner le:
enfante sur les inconvénients du tabac; et les méde-
cins et ecclésiastiques seront engagés à prêcher , au2
jeunes Tyroliens l'abstention de la pipe et du rcgalh
gouvernemental.
La Gazelle d'Exeter el de Plymouth rapporte un ter-
rible accident arrivé dans le bourg d'Ottery (Devons-
hire). Dimanche 2 septembre, une femme, ouvrièn
dans une papeterie, Eliza Hawker, prèchait en pré-
sence de 120 à 15o personnes, devant les ruines d'unt
boutique d'épicerie qu'un incendie avait détruite. Près
de là se trouvait un pan de mur de dix pieds de haut
surmonté d'une cheminée fort élevée, encore entière,
restes du même incendie.
Rien n'annonçait qu'un danger fût imminent, et cha-
cun écoutait tranquillement la prédicante. Tout à cour
on entendit un grand bruit d'écroulement; à l'instanl
la cheminée tomba du mur avec fracas, et, avant que
la foule eût eu le ternes de se sauver, un grand nom-
bre de ceux qui en faisaient partie se trouvaient ense-
velis sous cette masse de briques.
Ce fut une scène affreuse. Au lie\ù- de l'unique voix
qui se faisait entendre quelques instants auparavant, ce
n'étaient plus que des cris et des sanglots de centaines
de voix qui déchiraient l'air ; la rue 1111 bourg était
couverte de décombres, parmi lesquels se trouvaient
les corps meurtris de ceux qui étaient tombés.
Les gémissements des blessés et des mourants se
mêlaient aux lamentations de leurs amis, que la nou-
velle de ce désastreux accident eut bientôt réunis sur
tes lieux. Il y a fru six morts, dont un petit garçon de
six ans, et cinq femmes, dont une jeune fille environ
de six ans, et trente blessés plus ou moins dangereu-
sement.
On lit dans le Times : ■
Une terrible explosion a eu lieu dans le chantier de
Chatham. LaVène du sinistre s'est passée dans un bÙ-
timent où l'on emploie la vapeur pour mettre en mou-
vement un des grands marteaux à vapeur comme une
partie du mécanisme qui sert dans les moulins en fer •
¡JellX ouvriers morts, trente blessés, ont été les victimes
de l'explosion.
Il parait que la vapeur remplissait la grande chau-
dière, lorsque, par suite de quelque cause maintenant
inexplicable, cette chaudière, qui avait une puissance
de vingt chevaux, a sauté vers sept heures et demie, au
moment où tout le chantier était au travail et où la cour
se trouvait pleine d'ouvriers.
A la frontière italienne, l'administration a établi un
lazaret d'épuration, de fumigation et de désinfection.
Lss voyageurs sont conduits dans une chambre où ils
inhalent des émanations sulfureuses très-prolongées
et très-incommodes Avant-hier un malheureux fugitif
de Marseille, qui venait d'être ainsi enfumé, a été pris
instantanément de vertiges, de douleurs d'entrailles, etc.,
et est allé mourir à Vintimiglia.
Jeudi dernier 't Bade, quelques jeunes gens
ont fait une plais mterie qui aurait été excel-
lente, s'ils ne L'avaient poussée jusqu'au scan-
dale.
A un moment donné de la soirée; ces jeunes
gens ont entouré la table de la roulette.
L'un d'eux pose un louis sur la rouge.
La noire sort.
11 pose un second louis.
Encore la noire.
Alors, il tire un pistolet de sa poche et en
place le canon dans sa bouche... Un coup sec
retentit.
Tumulte, effroi...
Le jeune homme venait de faire semblant de
se tuer avec, un pistolet de 25 sous.
Là devait finir la plaisanterie.1
Mais au signal donné, les amis-et les amies du
suicidé se mettent à danser, écrasant sous leurs
pieds des centaines de pois fulminants.
Il a fallu interrompre le jeu, éteindre les lu-
mières et fermer les portes.
Deux des meneurs, dit-on, ont été conduits au
poste.
Un ours en troisième classe
Il y a quelques jours, vers onze heures du
soir, un individu vêtu d'une blouser bleue se pré-
sentait à la gare de Lyon. Son entrée fut saluée
par un cri de frayeur générale.
L'homme à la blouse bleue n'était pas seul, il
tenait en laisse un ours superbe:
L'ours était muselé ; il suivait son maître en
balançant son énorme tête et en se dandinant
en marchant. Les personnes présentes revinrent
bientôt de leur frayeur; l'ours semblait tout à
fait apprivoisé: sa docilité, ses gentillesses lui.
attirèrent l'estime des moins braves et les ca-
resses des plus audacieux.
L'heure du départ allait sonner ; son maître
passa au guichet et prit un billet de troisième
pour Marseille, puis il conduisit Jack (c'était le
nom de l'intéressant animal) au pesage. On colla
un numéro d'ordre sur son pelage fauve, il se
laissa faire, son maître versa une somme assez
minime pour le prix de son transport et Jack fut
intégré dans un wagon spécial. — Le train
partit.
A quelques kilomètres au delà de Dijon, un
employé eut la curiosité de regarder dans le
compartiment où il se trouvait.
Savez-vous ce que fais vit Jack ?
Il était démuselé, sa poitrine était déchirée. A
ses côtés il y avait un litre devin et du cervelas.
Entre ses pattes il tenait un journal;
Absorbé qu'il était par la lecture, Jack ne s'a-
perçut pas de la stupeur que sa conduite insolite
causait à l'employé. —On arriva à Beaune.
Le chef de gare pria Fhomme à la blouse bleue
de descendre de wagon, et le, fit conduire dans:
son cabinet. Jack s'y trouvait déjà. Un gen-'
darme veillait à la porte. Pendant ce temps, le
train repârtit. Jack fut prié de se défaire de sa
fourrure ; on le questionna, lui et f on compa-
gnon. Ils avouèrent que, n'ayant pas assez d'ar-
gent pour aller à Marseille, ils avaient décidé
que l'un d'eux s'habillerait en ours afin de payer
meilleur marché.
Ces deux industriels ont été renvoyés à Paris,
où-âls auront à répondre du délit d'escroquerie
, dont ils se sont rendus coupables envers la Com-
pagnie du chemin de fer. — Ils sont de plus
inculpés de vol, car ils n'ont pu expliquer com-
ment lajieau de l'ours était en leur possession.
Nous rappelons au public qu'on peut
se procurer tous les numéros contenant
les feuilletons du- Dernier mot de Rocam-
bole en en faisant la demande soit à nos
dépositaires, soit aux marchands de jour-
naux.
Le gros lot.
Sarah Mac-Farlane, nous apprend le Courrier
des Etats-Unis, était dans une pension bour-
geoise à Chicago.
Un jour, elle entendit parler d'une espèce de
loterie dont les prospectus avaient été répandus
dans la ville sous le nom de "O',Brien Gift Entre-
pt'MC.
. Tout le jour elle y songea ; elle en rêva la
nuit; les billets ne coûtaient qu'un dollar, et le
démon de la tentation s'était emparé d'elle. Le
lendemain elle était décidée.
Elle avait rêvé que le no 6,391 gagnerait.I®
gros lot, et elle voulait le no 6,391.
Un, des pensionnaires de la maison, ni jeune,
ni vieux, ni beau ni laid, ni riche ni pauvre, ni!
spirituel ni bête, tout simplement un ftrave
homme, chercha à la dissuader, et épuisa tousi
les arguments que lui suggéra son intelligence
pour lui prouver qu'elle ferait mieux de placer >
son dollar à la caisse d'épargne ;..mais Sarah-lut
inébranlable, et, séance tenante, elle écrivit
l'agent de la loterie de lui envoyer le billet fati-
dique. Un greènback d'un dollar était joint à la
missive, qui fut pliée, cachetée et revêtue du
timbre j oste de rigueur.
Deux mois se passèrent, et le jour du tirage
arriva. Sarah, qui avait obéi à un caprice d'un
moment, ne songeait plus à l'affaire. Mais, par
un retour singulier, le Monsieur n'avait cessé'
d être préoccupé. Il se tint a l'affût, et apprit
avec une stupéfaction facile Ù. comprendre que le
n° 6,391 avait gagné le lot de 10,000 dollars.
Un instant, il resta plongé dans de profondes
réflexions. Puis il se mit à observer Sarah, et ne.
vit rien de changé dans sa contenance. Pas de
doute, elle ne 'savait rien. Il allait tout lui ap-
prendre, lorsqu'il fut frappé d'une idée lumi-
neuse. Sarah était jeune, jolie, intelligente, sa-
ge, et, ma foi! il y avaitlà un coup à faire. Sitôt
résolu, sitôt à l'œuvre.
Voilà le Monsieur qui se jette à plein collier
dans la carrière diplomatique, qui accoste Sarah
le sourire aux lèvres, la flatte, ,la caresse, l'en-
joie, tant et si bien qu'au bout de trois jours 1
l'épouse.
Une'semaine durant, tout aux joies de l'hym4»
née, il hésite chaque jour à aborder la grande
question. Il mêle même un grain d'indiscrétion,
d'indélicatesse, disons le mot, aux précautions
oratoires, et il furète un peu partout dans les af-
faires de sa femme; qui sait? ii s'approprierait
peut-être en tapinois le bienheureux billet et les
10,000 dollars. Mais peines perdues, il ne trouve
rien. Sans doute, Sarah a caché son trésor quel-
que part ; si bien caché quelle l'a oublié.
lise décide, après mille circonlocutions, à 1111,
rafraîchir la mémoire. Déception! Sarah, ébran-
lée par la logique de son conseiller, avait gardé'
la lettre jusqu'au lendemain, et le lendemain,
complétement convaincue et vaincue, elle l'a-
vait déchirée et avait remis son dollar dans sa.
paillasse.
Abrégeons. Le monsieur est bon diable'. En.
résumé, sa femme ne l'avait pas trompé; c'était.
lui qui avait tout fait, et il n'avait à s'en prendre
qu'à lui.
Sarah d'ailleurs avait tout ce qu'il fallait pour
le rendre heureux, mêmesansles 10,000dollars, et
il l'aimait. Il ne lui garda pas rancune, et il fut le
premier à rire de sa déception. »
Sarah, qui a dix-sept ans à peine, est aujour-
d'hui dans une bonne institution du Michigan,
où son mari lui fait donner l'éducation qui lui
manque, et qui lui permettra de prendre dans
le monde. la place qui convient à la position
sociale de son mari.
(COM)TM)' des États-Unis.)
LA CUEILLETTE
La Revue comique de Cham, dans le Charivari, est
toujours spirituelle et amusante, exemple :
En sortant d'une représentation de Joseph à.
l'Opéra comique, une mère demande à son filé,
collégien de douze ans :
— Moii enfant, que /penses-tu de la pièce?
— Maman, répond l'enfant, combien crois-tu
qu'on me donnerait de mon petit frère ?
Le Journal du Havre publie l'extrait suivant d'UI\6
lettre adressée à sa famille, par une des personnes qui 1
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
— Votre plan est complètement inexécutable,
reprit M. Colette.
— Pourquoi donc?
Parce que je ne vous ai pas tout dit et que
je soupçonne
Au mème instant, une ombre passa avec la
rapidité de l'éclair devant une des portes du
salon.
— Voyez! là! là! s'écria la jeune fille en se
levant avec terreur.
Tout à coup, un coup de feu retentit et Angèle
tomba sanglante et inanimée entre les bras de
son fiancé.
! Oh ! s'écria le planteur avec désespoir, je
.saurai quel est l'assassin !
f Et, bondissant comme une bête fauve, il se.
précipita au dehors, un revolver de chaque main.
' i A peine une minute s'était-elle écoulée, que
- -'--- V
•
deux coups de feux éclatèrent suivis immédiate-
ment du galop furieux d'un cheval à travers les
halliers.
VI
DRAME
En' moins de cinq minutes, tout le monde
éveillé par les coups de feu, avait été debout
dans la case; chacun, après s'être vêtu à la hâte,
était accouru; nègres, blancs et mulâtres, ar-
més de sabres, de fusils, de pistolets et même
de fourches et de bâtons, parcouraient, des tor-
ches à la main, les environs de la plantation,
afin de découvrir les traces des assassins, car on
soupçonnait qu'ils étaient plusieurs, un homme
seul ne se serait pas ainsi hasarde à s'introduire
dans une case bien gardée et défendue par une
vingtaine au moins d'hommes dévoués et ré-
solus.
Une des premières personnes qui pénétra dans
le salon fut le voyageur français, hôte tempo-
raire de la famille Colette.
— Mon Dieu, s'écria-t-il en s'élançant vers la
jeune fille, toujours inanimée dans les bras de
M. de Birague, pauvre enfant, elle est morte!
— J'espère que non, répondit tristement le
jeune homme, mais elle a-besoin de soins immé-
diats. Aidez-moi à la transporter dans sa cham-
bre, à coucher.
— De grand cœur, dit le Français.
; Les deux hommes soulevèrent alors la jeune
[ fille dans lejzr§ bras et se mirent endevoir de
la porter à son appartement, suivis parles ser-
vantes qui pleuraient et se tordaient les bras de
désespoir en voyant dans cet état leur maîtresse
qu'elles adoraient.
Tout à coup des cris affreux éclatèrent, les
deux hommes se regardèrent avec une surprise
mêlée d'effroi et s'arrêtèrent.
Au même instant, une jeune femme, d'une
ravissante beauté, pàle, défàite, les chevaux en
désordre, à peine vêtue de quelques légers vê-
tements, se précipita en courant dans le salon.
Cette femme était la sœur ainée d'Angèle et
de Joseph Colette, l'épouse de M. Duvauchel-
les.
Ses traits bouleversés par ,la douleur avaient
une expression de désespoir impossible à ex-
primer, -ses yeux hagards regardaient sans voir,
ses mains crispées serraient un morceau d'étof-
. fe bleuâlre; le sang coulait en abondance de deux
blessures qu'elle aVait reçues à la tête .près de
la tempe droite et au bras gauche.
La raison semblait l'avoir abandonnée.'
— Ma fille ! criait-elle d'une voix étranglée et
rauque. Ma' fille ! rendez-moi ma fille ! Marie 1
Elle s'arrêta devant les deux hommes. t
— L'avez-vous vue ? dit-elle brusquement, Ma-
rie, où est Marie ?
Puis elle se mit à parcourir tout le salon, com-
me une lionne furieuse, brisant et renversant
tout sur son passage, répétant incessamment
avec des raies d'agonie ;
— Ma fille! Marie! Oh! je latrouverai! Jules!
Jules! sauve ta fille.
Soudain elle s'arrêta, je'.a autour d'elle un re-
gard farouche : de ses' deux mains elle étreignit '
sa poitrine haletante; et, jetant, un cri horrible
ressemblant à un mugissement de fauve aux:
abois, ses traits se contractèrent, une pâleur
terreuse envahit son visage et elle tomba à la
renverse comme si la foudre l'eût frappée.
Tous les assistants s'étaient élancés vers elle,.
des serviteurs la reçurent .dans leurs bras et
l'empêchèrent ainsi de se briser le crâne sur le
parquet.
Ses yeux aux globes vitreux étaient démesu-
rément ouverts, des frémissements nerveux agi-
taient tout son corps et un hoquet convulsif
soulevait sa poitrine avec des déchirements ter— ,
ribles.
— Occupez-vous de votre fiancée, dit le_ Fran-
çais, moi je vais essayer de sauver cette infor-,
tunée.
— Mon Dieu ! s'écria le jeune homme, quelle
nuit anreuse? Marie aurait-elle donc été enlevée?
— Oùi, répondirent plusieurs servantes en,
sanglottant, nous l'avons cherchée partout, elle;
o /Kenami
GUSTAVE AIMARD.
[La suite à demain.) \ . 1
ficier à Pantin.
Fort heureusement, les ouvriem,avaient quitté les
ateliers à-six heures, aussi n'eut-on à déplorer aucun
* accident autre que des dégâts matériels.
L'incendie a été immédiatement éteint par les pom-
"-pier¡; de Pantin et d'Aubervil lien. —
N. B
DÉPARTEMENTS
' t
La Gironde rapporte un fait qui voient de se passer
à Beguey, près,Cadillac et qui témoigne d'une délica-
' tesse de conscience poussée jusqu'à l'excès, nous pour-
rions dire jusqu'à 1 égarement.
En1 apprenant que son mari venait d'être arrêté pour
vol, une malheureuse femme s'empare dp ses trois en-
fants, en place un, âgé de vingtt^jçux mois, dans son
tablier qu'elle relève et noue fortement autour de son
. corps, .prend les deux autres par la main, et se dirige
vers la rivière, oÙ elle se précipite avec. eux, dans un
accès de douleur qui. peut à peine expliquer un pareil
acte de désespdir. ■
Heureusement qu'un habile marin se trouvait dans
les environs : il a pu sauver la malheureuse mère et,
deux enfants,.ceux .qu'elle avait entraînés avec elle, en
les tenant par la main. «
Quant au troisième,, ignorant qa'il fût enveloppé dans
le tablier de la mère, il n'a pu le secourir à temps. ,
Lorsque le tablier a été dénoue, le pauvre petit n'exige
tait plus. Il avait été étouffé, sans ttu'on eùt pu songer'
à lui donner sa part dans les secours auxquels la mère
et les deux autres enfants ont du leur galut,
tin événement dont les suites eussent pu être désas-
treuses est arrivé sur le port de Brest.
Voici les délails que nous fournit l'Ai-moi-icaiii :
« Une voiture chargée d'une dizaine de balles d'é-
toupe goudronnée se dirigeait de la ville vers le port.
lorsqu'à la hauteur d'une cabane en planches servant
d'écurie, qui se trouve sur la rampe attenant aux
portes, l'une des balles s'est enflammée. Le feu s'était
déjà communiqué à plusieurs des autres balles lors-
qu'on s'en aperçut.
>,Au même insrant, 'un convoi de trois voitures char-
gées de poudre de mine, escorté par des militaires, ar-
rivait par la rampe contiguë,se dirigeant vers, le ChÙ-
teau, et se trouvait à une cinquantaine de mètres au
plus des étoupes enflammées lorsqu'il s'est arrêté.
» Après un instant d'émotion, les charretiers ont dé-
telé la voiture qui charriait les étoupes et l'ont entraî-
née à bras vers la petite darse-construite sous le Châ-
teau -, là, on est parvenu à sauver du feu la voiture,
ainsi que la majeure partie des ballots d'étoupe, dont
la superficie seulement a été consumée. M .
L'Epagnol Mateo Cabrera, qui vient de périr si fata-
lement aux courses de Nîmes, était un des toréadors le,: j
plus intrépides des courses de Périgueux. On l'avait
vu, luttant d'héroïsme avec les Landais, se placer réso-
lûment en face du taureau qui fondait sur lui, et,
après l'avoir bravé, se jeter à la renverse, devant l'ani -
marfuneux, attendant avec sang-froid des coups qui
pouvaient ,être mortels.
Malgré tout son courage, Mateo Cabrera n'affrontait
le danger de l'arène qu'avec de sinistres pressentiments.
Avant de se rendre à son poste de péril, il faisait brû-
ler un cierge et se mettait en prière. Il travaillait pour
sa vieille mère, qu'il espérait rejoindre en Espagne
,après avoir amassé un petit pécule. La mort, une mort
,affrenge, est venue déjouer ses combinaisons filiales.
ÉTRANGER
Il y(a trois,jours, nous annoncions les persé-
cutions exercées contre les chrétiens de la
Corée.
M. le contre-amiral Roze a quitté avec deux
frégates les eaux de Tien-Sing., pour aller sur,
les côtes de la Corée protéger nos nationaux et
faire cesser les persécutions dont ils sont yic-
times.
On lit dans une correspondance de Vienne, adressé
à Y Etendard : .....
« Le maire de la ville d'Inspruck, chef-lieu ; di
Tyrol, vient de rendre un arrêté qui pourra servi
d'exemple aux magistrats philanthropes des 40,001
communes de France. Il a interdit le cigare et la pipi
aux enfants tyroliens, à ceux qui fréquentent les école:
lycées 'elgymJ,lll!'cs, ainsi qu'aux apprentis des fabri-
ques. L'arrêté porte que, pour rendre la mesure plu:
efficace, les parents ou tuteurs des enfants qui ne fré-
quentent pas les écoles seront tenus de sermonner le:
enfante sur les inconvénients du tabac; et les méde-
cins et ecclésiastiques seront engagés à prêcher , au2
jeunes Tyroliens l'abstention de la pipe et du rcgalh
gouvernemental.
La Gazelle d'Exeter el de Plymouth rapporte un ter-
rible accident arrivé dans le bourg d'Ottery (Devons-
hire). Dimanche 2 septembre, une femme, ouvrièn
dans une papeterie, Eliza Hawker, prèchait en pré-
sence de 120 à 15o personnes, devant les ruines d'unt
boutique d'épicerie qu'un incendie avait détruite. Près
de là se trouvait un pan de mur de dix pieds de haut
surmonté d'une cheminée fort élevée, encore entière,
restes du même incendie.
Rien n'annonçait qu'un danger fût imminent, et cha-
cun écoutait tranquillement la prédicante. Tout à cour
on entendit un grand bruit d'écroulement; à l'instanl
la cheminée tomba du mur avec fracas, et, avant que
la foule eût eu le ternes de se sauver, un grand nom-
bre de ceux qui en faisaient partie se trouvaient ense-
velis sous cette masse de briques.
Ce fut une scène affreuse. Au lie\ù- de l'unique voix
qui se faisait entendre quelques instants auparavant, ce
n'étaient plus que des cris et des sanglots de centaines
de voix qui déchiraient l'air ; la rue 1111 bourg était
couverte de décombres, parmi lesquels se trouvaient
les corps meurtris de ceux qui étaient tombés.
Les gémissements des blessés et des mourants se
mêlaient aux lamentations de leurs amis, que la nou-
velle de ce désastreux accident eut bientôt réunis sur
tes lieux. Il y a fru six morts, dont un petit garçon de
six ans, et cinq femmes, dont une jeune fille environ
de six ans, et trente blessés plus ou moins dangereu-
sement.
On lit dans le Times : ■
Une terrible explosion a eu lieu dans le chantier de
Chatham. LaVène du sinistre s'est passée dans un bÙ-
timent où l'on emploie la vapeur pour mettre en mou-
vement un des grands marteaux à vapeur comme une
partie du mécanisme qui sert dans les moulins en fer •
¡JellX ouvriers morts, trente blessés, ont été les victimes
de l'explosion.
Il parait que la vapeur remplissait la grande chau-
dière, lorsque, par suite de quelque cause maintenant
inexplicable, cette chaudière, qui avait une puissance
de vingt chevaux, a sauté vers sept heures et demie, au
moment où tout le chantier était au travail et où la cour
se trouvait pleine d'ouvriers.
A la frontière italienne, l'administration a établi un
lazaret d'épuration, de fumigation et de désinfection.
Lss voyageurs sont conduits dans une chambre où ils
inhalent des émanations sulfureuses très-prolongées
et très-incommodes Avant-hier un malheureux fugitif
de Marseille, qui venait d'être ainsi enfumé, a été pris
instantanément de vertiges, de douleurs d'entrailles, etc.,
et est allé mourir à Vintimiglia.
Jeudi dernier 't Bade, quelques jeunes gens
ont fait une plais mterie qui aurait été excel-
lente, s'ils ne L'avaient poussée jusqu'au scan-
dale.
A un moment donné de la soirée; ces jeunes
gens ont entouré la table de la roulette.
L'un d'eux pose un louis sur la rouge.
La noire sort.
11 pose un second louis.
Encore la noire.
Alors, il tire un pistolet de sa poche et en
place le canon dans sa bouche... Un coup sec
retentit.
Tumulte, effroi...
Le jeune homme venait de faire semblant de
se tuer avec, un pistolet de 25 sous.
Là devait finir la plaisanterie.1
Mais au signal donné, les amis-et les amies du
suicidé se mettent à danser, écrasant sous leurs
pieds des centaines de pois fulminants.
Il a fallu interrompre le jeu, éteindre les lu-
mières et fermer les portes.
Deux des meneurs, dit-on, ont été conduits au
poste.
Un ours en troisième classe
Il y a quelques jours, vers onze heures du
soir, un individu vêtu d'une blouser bleue se pré-
sentait à la gare de Lyon. Son entrée fut saluée
par un cri de frayeur générale.
L'homme à la blouse bleue n'était pas seul, il
tenait en laisse un ours superbe:
L'ours était muselé ; il suivait son maître en
balançant son énorme tête et en se dandinant
en marchant. Les personnes présentes revinrent
bientôt de leur frayeur; l'ours semblait tout à
fait apprivoisé: sa docilité, ses gentillesses lui.
attirèrent l'estime des moins braves et les ca-
resses des plus audacieux.
L'heure du départ allait sonner ; son maître
passa au guichet et prit un billet de troisième
pour Marseille, puis il conduisit Jack (c'était le
nom de l'intéressant animal) au pesage. On colla
un numéro d'ordre sur son pelage fauve, il se
laissa faire, son maître versa une somme assez
minime pour le prix de son transport et Jack fut
intégré dans un wagon spécial. — Le train
partit.
A quelques kilomètres au delà de Dijon, un
employé eut la curiosité de regarder dans le
compartiment où il se trouvait.
Savez-vous ce que fais vit Jack ?
Il était démuselé, sa poitrine était déchirée. A
ses côtés il y avait un litre devin et du cervelas.
Entre ses pattes il tenait un journal;
Absorbé qu'il était par la lecture, Jack ne s'a-
perçut pas de la stupeur que sa conduite insolite
causait à l'employé. —On arriva à Beaune.
Le chef de gare pria Fhomme à la blouse bleue
de descendre de wagon, et le, fit conduire dans:
son cabinet. Jack s'y trouvait déjà. Un gen-'
darme veillait à la porte. Pendant ce temps, le
train repârtit. Jack fut prié de se défaire de sa
fourrure ; on le questionna, lui et f on compa-
gnon. Ils avouèrent que, n'ayant pas assez d'ar-
gent pour aller à Marseille, ils avaient décidé
que l'un d'eux s'habillerait en ours afin de payer
meilleur marché.
Ces deux industriels ont été renvoyés à Paris,
où-âls auront à répondre du délit d'escroquerie
, dont ils se sont rendus coupables envers la Com-
pagnie du chemin de fer. — Ils sont de plus
inculpés de vol, car ils n'ont pu expliquer com-
ment lajieau de l'ours était en leur possession.
Nous rappelons au public qu'on peut
se procurer tous les numéros contenant
les feuilletons du- Dernier mot de Rocam-
bole en en faisant la demande soit à nos
dépositaires, soit aux marchands de jour-
naux.
Le gros lot.
Sarah Mac-Farlane, nous apprend le Courrier
des Etats-Unis, était dans une pension bour-
geoise à Chicago.
Un jour, elle entendit parler d'une espèce de
loterie dont les prospectus avaient été répandus
dans la ville sous le nom de "O',Brien Gift Entre-
pt'MC.
. Tout le jour elle y songea ; elle en rêva la
nuit; les billets ne coûtaient qu'un dollar, et le
démon de la tentation s'était emparé d'elle. Le
lendemain elle était décidée.
Elle avait rêvé que le no 6,391 gagnerait.I®
gros lot, et elle voulait le no 6,391.
Un, des pensionnaires de la maison, ni jeune,
ni vieux, ni beau ni laid, ni riche ni pauvre, ni!
spirituel ni bête, tout simplement un ftrave
homme, chercha à la dissuader, et épuisa tousi
les arguments que lui suggéra son intelligence
pour lui prouver qu'elle ferait mieux de placer >
son dollar à la caisse d'épargne ;..mais Sarah-lut
inébranlable, et, séance tenante, elle écrivit
l'agent de la loterie de lui envoyer le billet fati-
dique. Un greènback d'un dollar était joint à la
missive, qui fut pliée, cachetée et revêtue du
timbre j oste de rigueur.
Deux mois se passèrent, et le jour du tirage
arriva. Sarah, qui avait obéi à un caprice d'un
moment, ne songeait plus à l'affaire. Mais, par
un retour singulier, le Monsieur n'avait cessé'
d être préoccupé. Il se tint a l'affût, et apprit
avec une stupéfaction facile Ù. comprendre que le
n° 6,391 avait gagné le lot de 10,000 dollars.
Un instant, il resta plongé dans de profondes
réflexions. Puis il se mit à observer Sarah, et ne.
vit rien de changé dans sa contenance. Pas de
doute, elle ne 'savait rien. Il allait tout lui ap-
prendre, lorsqu'il fut frappé d'une idée lumi-
neuse. Sarah était jeune, jolie, intelligente, sa-
ge, et, ma foi! il y avaitlà un coup à faire. Sitôt
résolu, sitôt à l'œuvre.
Voilà le Monsieur qui se jette à plein collier
dans la carrière diplomatique, qui accoste Sarah
le sourire aux lèvres, la flatte, ,la caresse, l'en-
joie, tant et si bien qu'au bout de trois jours 1
l'épouse.
Une'semaine durant, tout aux joies de l'hym4»
née, il hésite chaque jour à aborder la grande
question. Il mêle même un grain d'indiscrétion,
d'indélicatesse, disons le mot, aux précautions
oratoires, et il furète un peu partout dans les af-
faires de sa femme; qui sait? ii s'approprierait
peut-être en tapinois le bienheureux billet et les
10,000 dollars. Mais peines perdues, il ne trouve
rien. Sans doute, Sarah a caché son trésor quel-
que part ; si bien caché quelle l'a oublié.
lise décide, après mille circonlocutions, à 1111,
rafraîchir la mémoire. Déception! Sarah, ébran-
lée par la logique de son conseiller, avait gardé'
la lettre jusqu'au lendemain, et le lendemain,
complétement convaincue et vaincue, elle l'a-
vait déchirée et avait remis son dollar dans sa.
paillasse.
Abrégeons. Le monsieur est bon diable'. En.
résumé, sa femme ne l'avait pas trompé; c'était.
lui qui avait tout fait, et il n'avait à s'en prendre
qu'à lui.
Sarah d'ailleurs avait tout ce qu'il fallait pour
le rendre heureux, mêmesansles 10,000dollars, et
il l'aimait. Il ne lui garda pas rancune, et il fut le
premier à rire de sa déception. »
Sarah, qui a dix-sept ans à peine, est aujour-
d'hui dans une bonne institution du Michigan,
où son mari lui fait donner l'éducation qui lui
manque, et qui lui permettra de prendre dans
le monde. la place qui convient à la position
sociale de son mari.
(COM)TM)' des États-Unis.)
LA CUEILLETTE
La Revue comique de Cham, dans le Charivari, est
toujours spirituelle et amusante, exemple :
En sortant d'une représentation de Joseph à.
l'Opéra comique, une mère demande à son filé,
collégien de douze ans :
— Moii enfant, que /penses-tu de la pièce?
— Maman, répond l'enfant, combien crois-tu
qu'on me donnerait de mon petit frère ?
Le Journal du Havre publie l'extrait suivant d'UI\6
lettre adressée à sa famille, par une des personnes qui 1
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
— Votre plan est complètement inexécutable,
reprit M. Colette.
— Pourquoi donc?
Parce que je ne vous ai pas tout dit et que
je soupçonne
Au mème instant, une ombre passa avec la
rapidité de l'éclair devant une des portes du
salon.
— Voyez! là! là! s'écria la jeune fille en se
levant avec terreur.
Tout à coup, un coup de feu retentit et Angèle
tomba sanglante et inanimée entre les bras de
son fiancé.
! Oh ! s'écria le planteur avec désespoir, je
.saurai quel est l'assassin !
f Et, bondissant comme une bête fauve, il se.
précipita au dehors, un revolver de chaque main.
' i A peine une minute s'était-elle écoulée, que
- -'--- V
•
deux coups de feux éclatèrent suivis immédiate-
ment du galop furieux d'un cheval à travers les
halliers.
VI
DRAME
En' moins de cinq minutes, tout le monde
éveillé par les coups de feu, avait été debout
dans la case; chacun, après s'être vêtu à la hâte,
était accouru; nègres, blancs et mulâtres, ar-
més de sabres, de fusils, de pistolets et même
de fourches et de bâtons, parcouraient, des tor-
ches à la main, les environs de la plantation,
afin de découvrir les traces des assassins, car on
soupçonnait qu'ils étaient plusieurs, un homme
seul ne se serait pas ainsi hasarde à s'introduire
dans une case bien gardée et défendue par une
vingtaine au moins d'hommes dévoués et ré-
solus.
Une des premières personnes qui pénétra dans
le salon fut le voyageur français, hôte tempo-
raire de la famille Colette.
— Mon Dieu, s'écria-t-il en s'élançant vers la
jeune fille, toujours inanimée dans les bras de
M. de Birague, pauvre enfant, elle est morte!
— J'espère que non, répondit tristement le
jeune homme, mais elle a-besoin de soins immé-
diats. Aidez-moi à la transporter dans sa cham-
bre, à coucher.
— De grand cœur, dit le Français.
; Les deux hommes soulevèrent alors la jeune
[ fille dans lejzr§ bras et se mirent endevoir de
la porter à son appartement, suivis parles ser-
vantes qui pleuraient et se tordaient les bras de
désespoir en voyant dans cet état leur maîtresse
qu'elles adoraient.
Tout à coup des cris affreux éclatèrent, les
deux hommes se regardèrent avec une surprise
mêlée d'effroi et s'arrêtèrent.
Au même instant, une jeune femme, d'une
ravissante beauté, pàle, défàite, les chevaux en
désordre, à peine vêtue de quelques légers vê-
tements, se précipita en courant dans le salon.
Cette femme était la sœur ainée d'Angèle et
de Joseph Colette, l'épouse de M. Duvauchel-
les.
Ses traits bouleversés par ,la douleur avaient
une expression de désespoir impossible à ex-
primer, -ses yeux hagards regardaient sans voir,
ses mains crispées serraient un morceau d'étof-
. fe bleuâlre; le sang coulait en abondance de deux
blessures qu'elle aVait reçues à la tête .près de
la tempe droite et au bras gauche.
La raison semblait l'avoir abandonnée.'
— Ma fille ! criait-elle d'une voix étranglée et
rauque. Ma' fille ! rendez-moi ma fille ! Marie 1
Elle s'arrêta devant les deux hommes. t
— L'avez-vous vue ? dit-elle brusquement, Ma-
rie, où est Marie ?
Puis elle se mit à parcourir tout le salon, com-
me une lionne furieuse, brisant et renversant
tout sur son passage, répétant incessamment
avec des raies d'agonie ;
— Ma fille! Marie! Oh! je latrouverai! Jules!
Jules! sauve ta fille.
Soudain elle s'arrêta, je'.a autour d'elle un re-
gard farouche : de ses' deux mains elle étreignit '
sa poitrine haletante; et, jetant, un cri horrible
ressemblant à un mugissement de fauve aux:
abois, ses traits se contractèrent, une pâleur
terreuse envahit son visage et elle tomba à la
renverse comme si la foudre l'eût frappée.
Tous les assistants s'étaient élancés vers elle,.
des serviteurs la reçurent .dans leurs bras et
l'empêchèrent ainsi de se briser le crâne sur le
parquet.
Ses yeux aux globes vitreux étaient démesu-
rément ouverts, des frémissements nerveux agi-
taient tout son corps et un hoquet convulsif
soulevait sa poitrine avec des déchirements ter— ,
ribles.
— Occupez-vous de votre fiancée, dit le_ Fran-
çais, moi je vais essayer de sauver cette infor-,
tunée.
— Mon Dieu ! s'écria le jeune homme, quelle
nuit anreuse? Marie aurait-elle donc été enlevée?
— Oùi, répondirent plusieurs servantes en,
sanglottant, nous l'avons cherchée partout, elle;
o /Kenami
GUSTAVE AIMARD.
[La suite à demain.) \ . 1
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