Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-19
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 juin 1870 19 juin 1870
Description : 1870/06/19 (A5,N1522). 1870/06/19 (A5,N1522).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716950m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
. On se rappelle la fugue des directeurs du Crédit m-
. durt'ïd, — jeunes gens qui se faisaient remettre des
titres et qui les revendaient le lendemain.
' Fh bien! un de leurs principaux actionnaires,
M. Iliochoff, ruiné à laSsuite de la faillite de ces pré-
coces banquiers, s'est suicidé hier dans son domicile,
faubourg Poissonnière, n° 80.
Immédiatement appelé, M. Patot, commissaire de
police, a rempli les formalités usitées en pareil cas,
accompagné de M. le docteur Durand, pour les cons-
; tatalions'légales. .
Nous renonçons à décrire la douleur , , dans ., , laquelleu
cette mort prématurée a plongé la famille de M. Rio-
chan. — R.
Nous apprenons de source certaine que le caissier
d'une société religieuse, dont le siège est situé lue des
Halles, .'est enfui hier dans la journée en emportant
le produit des cotisations mensuelles, — cotisations
qui ne s'élèvent pas à moins de 3,000 francs.
On croit que ce caissier infidèle s'est dirigé du côté
de la Belgiquc.
M. Tenaille, commissaire de police, est chargé de
procéder à une enquête.
Hier soir, à six heures, une rixe épouvantable avait
attiré près du marché du Prince-Eugène un nombre
considérable de passants.
Deux garçons bouchers se sont livres a une lutte
" furieuse, et l'on n'est parvenu à les séparer que lors-
que les deux compagnons étaient inondés de sang.
Le motif de leur lutte est bien étrange et bien in-
vraisemblable. Les deux garçons bouchers défendaient
l'honneur de leur patron, qui était attaqué depuis
quelque temps par les deux garçons, chacun diffa-
mant le voisin.
La morale de ceci, la voici :
Les deux patrons ont assisté impassibles à ce combat
■ de leurs employés.
La salle de départ de la gare de Lyon a été, avant-
hier soir, te théâtre d'une rixe qui a pris, à un mo-
ment d(..nné, les proportions d'un véritable combat.
Quarante jeunes gens environ accompagnaient au
chemin de fer un de leurs camarades, qui doit partir
par le train de dix heures quarante-cinq minutes du
soir, à destination des Indes. Comme on ne doit plus
se revoir de longtemps, on a festoyé, mangé, bu sur-
tout plus que de raison; les voix sont bruyantes et les
cerveaux échauffés. Au moment où notre voyageur va
se rendre dans la salle d'attente : « Nous t'accompa-
gnerons sur le quai pour t'embrasser une derniere
fois! » s'écnent-ils en chœur.
. Les employés de la gare leur font remarquer que le
' règlement s'y oppose. Sur une nouvelle instance de
ieur'part, ils ferment les portes.
Nos-jeunes gens courent alors, à la barrière la plus
proche, s'emparent en chemin des balais des hom-
mes d'équipe, qui sont placés contre un mur, et s'é-
" lancent à l'assaut.
La barrière cède bientôt sous leurs efforts. Cinq ou
, six employés, qui veulent s'opposer à cette invasion,
• reçoivent des coups de manche à balai et battent en
retraite devant la supériorité du nombre. Un sous-
' chef, attiré par le bruit, donne un coup de sifflet ;
l'équipe tout entière accourt, cerne les agresseurs et
les désarme. Plusieurs d'entre eux prennent la fuite;
quelques uns sont arrêtés, puis relâchés par les cm-'
ployés de la: gare, qui ne veulent pas les conduire au
poste; deux seulement sont appréhendés par des ser-
gents de ville "fct menés au violon.
Avant-hier, le concierge de la maison n° 3, rue
. Grange-aux-Belles, vit à travers sa fenêtre trois indi-
vidus arrê és en face-de sa maison et paraissant s::\
concerter. Bientôt l'un d'eux se détacha du groupe,
. pénétra dans le corridor en passant rapidement devant
' la loge, et se mit à gravir les marches de l'esca'ier.
' Le concierge se douta aussitôt de ce oue venait faire
cet individu et sortit pour faire signe à des sergents
de ville d'accourir.
Mais les deux complices aperçurent ce mouvement
et se hâtèrent de décamper.
1 ■ Leur compagnon qu'ils abandonnaient ainsi, était,
lui, surpris un instant après à la porte d'une chambre
du sixième étage, à laquelle il frappait pour s'assurer
' qu'elle était inhabitée. Il protesta d'abord de ses bon-
nes intentions en disant qu'il venait voir son ami Mo-
■. reau. Malheureusement, il n'y avait pas de Moreau
dans la maison. En outre, cet individu qui se nomme
Jules N..., jadis maître cordonnier, maintenant ou-
vrier amateur, a été trouvé nanti de trois porte-mon-
; naie contenant différentes sommes, de deux montres
.et d'une pince en fer. Il a été conduit au dépôt de la
préfecture.
La cérémonie de la première communion, jeudi, à
. Grenelle,a,donné lieuà un trait touchant, et qui, au dire de
YEntracte, a produit dans ce quartier une profonde
impression.
Un des petits premiers communiants, tombé ma-
lade subtiment, n'avait pu se rendre' à l'église avec
ses camarades. Apprenant sa douleur, un des Vicaires
de Saint-Jean-Baptiste se rendit chez ses parents à ■
l'issue de la cérémonie, suivi de tout un cortége de
communiants et d'habitants du quartier, et lui fit faire
sa communion.
Le lendemain matin, l'archevêqne de Babylone ayant
i su la chose, voulut mettre le comble au bonheur du
pauvre enfant en allant le visiter et lui donner la con-
firmation.
Après avoir conféré ce sacrement dans l'église pa-
roissiale. Sa Grandeur, accompagné du curé de Saint-
Jean et de ses vicaires, se rendit auprès du petit ma-
lade. Il trouva une réception improvisée en quelques
instants en son honneur; la rue, la cour de ta mai-
son et l'escalier, jusqu'au sommet, étaient jonchés de
fleurs et de feuiLage. Les ouvriers du voisinage s'é-
taient mis à la besogne, et l'on sait si l'ouvrier est ex-
1 éditif quand le cœur guide son bras!
La chambre du malade, transformée en chapelle,
cachait ses humbles murailles sous des draps blancs
parsemés de fleurs, et tout autour se tenait une foule
émue et recueillie, sollicitant la bénédiction épisco-
pale.
Les époux X..., demeurant rue Saint-Sébastien, ont
une jeune tille de dix-sept ans, nommée Juliette, douée
d'une rare beauté. Hier matin, ils l'attendirent vaine-
ment à l'heure du déjeuner..
Inquiets, ils se rendirent a sa chambre. Elle était
vide. Sur la commode ils trouvèrent une lettre dans
laquelle la demoiselle Juliette annonçait qu'elle était
partie pour se faire périr en se précipitant dans la
Seine. Elle énonçait les motifs de sa funeste résolu-
tion et priait ses parents de la lui pardonner.
Aussitôt les époux X..., en proie à une fébrile agi-
tation, avertirent leurs voisins et coururent avec eux
'explorer les bords de la rivière. Près du pont d'Iéna
ils aperçurent un rassemblement et ils accoururent.
Leur fille s'était précipitée en cet endroit et elle ve-
nait d'en être retirée saine et sauve.
Elle a été remise à ses parents, qui, d'après les con-
fidences contenues dans sa lettre, ont pris des mesures
pour assurer son bonheur.
Avant hier soir, à sept heures, un incendie pouvant
avoir de graves conséquences s'est déclaré dans la cave
de M. Gouache, marchand de couleurs, faisant l'angle
de la rue des Martyrs et de la rue Notre-Dame-de-
Lorette.'
Les voisins craignaient à juste titre que le feu ne
prît de grandes proportions, les magasins de M. Goua-
che renfermant une assez forte quantité d'esprit-de-vin
et autres liquides inflammables.
Mais les pompiers de la caserne de la rue Blanche
sont arrivés immédiatement avec trois pompes et se
sont rendus, au bout d'une heure de fort travail, maî-
tres du feu. *
Grâce à ce prompt secours, les dégâts ne s'élèvent
qu'à la somme de mille francs environ.
Le concierge du calvaire de l'église MÕntmartre était
réveillé la nuit dernière par une série de coups de son-
~ nette. • .
Il va ouvrir à l'importun noctambule, et s , aperçoit
qu'il a affaire à un fou. Notre homme, en effet, l'œil
hagard, les cheveux en désordre, réclamait l'assistance
du curé, à qui il voulait se confesser. « Cela est ur-
gent, disait-il, on doit me couper la tète demain! »
Avant-hier, la dame D..., accompagnée d'un méde-
cin de Bruxelles, qui était venue passer quelques jours
à Paris, assistait à la représentation de l'Opéra-Comi-
que. Elle se sentit indisposée et sortit, avant la fin,
avec sa fille,
Au moment 011 elle allait monter dans ! omnibus de
l'Odéon, elle chancela une ou deux secondes et tomba
raide sur le sol. Quand on la releva, ce n'était plus
qu'un cadavre.
La malheureuse avait succombé à une attaque d'a-
poplexie causée par la chaleur.
Rien de plus gracieux, rien de plus charmant, il
faut. l'avouer, que les toilettes que nous avons admi-
rées hier, et certes, c'est avec plaisir que chacun peut
remarquer que les toilettes tapageuses sont enfin mises
de côté. La simplicité et l'élégance, voilà ce que nous
avons vu, et voilà les véritables qualités que réunis-
sent les étoffes mises en vente par la Compagnie des
Indes, 42, rue de Grenelle-Saint-Germain, si réputée
pour sa collection de robes-foulard. Dernièrement,
elle offrait à sa nombreuse clientèle une nouvelle étoffe
de l'Inde, le tussor, d'une grande force et cependant '
d'une excessive légèreté. Nous ne saurions trop enga-
ger nos nombreuses lectrices à se faire adresser quel-
ques spécimens qui leur permettront d'admirer, com-
me nous avons admiré nous-mêmes.
■ On nous demande comment il se fait que la prépa-
ration du docteur Bourdonnay assimilée à ses flanelles,
12, boulevard Saint-Martin, puisse être un préservatif
efficace contre l'épidémie régnante (la petite vérole)
prescrit par nos sommités m dicales. — On compren-
dra son action bienfaisante quand on saura que l'acide
phénique y joue un rôle important.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Il n'est bruit, à Saint-Amand (Cher)'que d'un drame
terrible qui se serait passé à Charenton. Voici les dé-
tails qui sont parvenus sur cet événement au Journal
du Cher :
Le sieur Blaise Crutin, maître d'hôtel à Charenton,
ne vivait pas en bonne intelligence avec sa femme.
Plusieurs fois, à la suite de scènes conjuga.es, l'épouse
s'était retirée chez sa mère, Mme veuve Latour, pro-
priétaire à Saint-Pierre-fe-Montier (Nièvre).
Croyant que sa belle-mère prenait parti contre lui,
il lui avait voué une haine implacable qui s'est ma-
nifestée, dans la nuit du 9 au 10, par un double
drame.
Lundi dernier, après une querelle de ménage, Mme
Crutin abandonnait sa maison et se réfugiait chez sa
mère, où elle resta jusqu'à jeudi. Dans la soirée, la
mère et la fille se présentèrent à l'hôtel; le miri les
reçut assez mal, mais pour éviter toute explication
désagréable, ces dames montèrent dans leur chambre
et se mirent au lit.
Entre onze heures et minuit, Crutin, armé d'une
paire de pistolets et d'un couteau de cuisine, p¿'né:l'a
chez elles. Il lit feu sur sa belle-mère, puis ensuite il
la frappa de son couteau dans le ventre.
Mme Cnl1in vint au secours de sa mère et parvint,
non sans les plus grands efforts, à contenir le meur-
trier, qui d'ailleurs n'en voulait qu'à sa première vic-
time. Il les laissa même quitter l'appartement, et s'y
enferma lui-même.
Quelques minutes après, on entendait une seconde
détonation.
C'était le malheureux Crutin qui venait de se faire
justice.
Les blessures de Mme veuve Latour, quoique gra-
ves, ne sont pas mortelles.
L'Indépendant de la Moselle parle d'un crime horri-
ble qui a mis en émoi avant-hier la population d'Ars-
sur-Moselle.
Un menuisier nommé Costelle s'est levé vers trois
heures d Il matin et est allé dans la chambre de son
neveu, âgé de trente-deux ans, qu'il a tué à coups de
hachette portés à la tête. Sa femme, survenant au
bruit, a été frappée à son tour ; elle a succombé quel-
ques heures après aux suites de ses blessures.
Costelle a été écroué dans la journée à la prison de
Metz.
Une tentative d'assassinat a été commise dans la
maison d'arrêt d Argentan, sur la personne du sieur
Jolivet, gardien-chef, dans les circonstances suivantes:
Le nommé Etienne (Gustave), âgé de vingt ans,
mauvais sujet de la pire espèce, ayant déjà subi plu-
sieurs condamnations, et détenu sous la prévention
d'attentat à la pudeur, avait formé le projet de s'éva-
der. Ne pouvant y parvenir par les moyens ordi-
naires, il résolut d'assommer par surprise le gardien-
chef pour lui ravir son trousseau -de clefs.
A cet,cffet, il s'arma, le 11 juin, d'un maillet en
bois, et, s'étant caché derrière la porte du préau _ au
moment où le gardien-chef allait ouvrir, il lui asséna
par derrière un violent coup sur la tête. Le sieur Joli-
vet tomba étourdi par la violence du coup, et Etienne
se précipita sur lui pour lui prendre ses clefs; mais
alors le gardien-chef put pousser quelques cris, et
aussitôt un détenu accourut et le dégagea de l'étreinte
de L^ssassin. Trois autres détenus étaient, paraît-il,
restes témoins impassibles de cette scène.
La blessure du sieur Jolivet, quoique grave, ne pa-
raît pas mortelle. (Courrier de l'Oued.)
Une lettre que nous recevons d'Epinal nous annonce
la mort du docteur Jacquemin, et nous donne quel-
ques détails sur le malheureux cocher de M. Cham-
bry :
« Robin est mort, sans avoir appris la fin tragique
de son maître. Cet infortuné n'avait que 32 ans, il
allait se marier dans quelques semaines ; déjà même
le jour des noces avait été fixé, lorsqu'est survenue la
catastrophe.
« La famille Chambry s'est chargée de pourvoir aux
frais des funérailles de ce fidèle serviteur, auxquelles
ont assisté un grand nombre de personnes. s "
« Quant au docteur Jacquemin, qui n'a pu résister \
à l'amputation de sa cuisse fracturée, sa mort est un
deuil pour la classe ouvrière d'Epinal, dont il était
tl'ès-aimé. M
« Les médecins qui, comme le docteur Jacquemin,
se sacrifient pour leurs semblables, méritent les re-
grets de tous les gens de bien. »
Parmi les malheurs dont la sécheresse est respon-
sable, en voici un auquel on était loin de s'attendre, et
que nous trouvons dans le Journal de /{I Vendée :
Le 11 de ce mois, à six heures et demie du matin, -,
le nommé Gaucher (François), propriétaire à Saint-
Aubin, s'est pendu à une branche de noyer. D'un ca-
ractère aimable, il jouissait de la considération de tous
ceux qui le connaissaient.
Depuis quelques jours, il paraissait vivement affecté
par le mauvais état de ses récoltes, et l'on attribue son
suicide au chagrin qu'il en ressentait. Pourtant Gau-
cher était dans une position très-aisée; on évalue sa
fortune à 130,000 fr.
Il s'est produit, à ce qu'on nous sssure, un fait cu-
rieux à un récent marché aux chevaux, à Perrache
(Lyon) ; une vingtaine de chevaux, des rosses assuré-
ment, ont été abandonnés à l'attache du marché par
leurs propriétaires, qui n'avaient trouvé à les vendre
à aucun prix et voulaient toutefois s'en défaire à tout
prix, fût-ce pour rien, la cherté du fourrage ne per-
mettant point d'entretenir sans perte des chevaux qui
ne rendent plus que de médiocres services. „
Dans un de nos précédents numéros, nous avons
parlé d'une épouvantable scène de meurtre qui se se-
rait passée à Mascara.
No'is racontions, d'après le Courrier d'Oran, que
l'Arabe qui a porté des coups de hache à quatorze per-
sonnes, dans la matinée du 27 mai, après s'être em-
paré de cette hache par la violence, avait été la faire
affûter. Or, cotte assertion est erronée.
La vérité est que l'auteur des crimes commis s'ap-,
pelle Abd-el-Kader-ben-Djellali, dit Bouchacor, l¡u'il
est âgé de 25 ans, natif de El-Bordj, aux environs de
Mascara; qu'il est un peu considéré comme marabout; :
mais en réalité il n'est qu'une sorte de vagabond exas-
péré autant par le fanatisme religieux que par l'ab-
sinthe.
'Après s'être emparé, sur la place del'Argoub, d'une
mauvaise hache qui se trouvait parmi l'étalage de,
vieilles ferrailles et de bric-à-brac d'un israélite, il
s'est avancé, brandissant cette hache, vers le pont, et
a frappé en effet quatorze personnes.
Aussitôt le premier moment de stupeur passé, il a
bientôt été terrassé et mis dans l'impossibilité de nuire
davantage. Il est vrai qu'il y a eu des blessures gra-
ves; mais il ne s'en est pas encore suivi de mort; seuls
un chasseur d'Afrique du 4e régiment, et un ouvrier
cordonnier nommé Becker, laissent encore des inquié-
tudes.
L'assassin a été renversé par un Arabe qui Ini a as-
séné des coups de matraque sur la tête, et transporté
immédiatement à la prison civile par un sieur Pingon,
charretier, qui l'a emporté sur son dos.
, Il parait, que toutes les nouvelles des départements
arrivées au ministère de l'agriculture portent que la
récolte du blé froment ne serait pas aussi mauvaise
qu'on le disait.
Il vient d'arriver du blé nouveau d'Algérie.
La semaine qui vient ne se passera pas sans qu'on
vende dans les boulangerie parisiennes du pain fabri-
qué avec de la farine de grain nouveau français.
On est en pleine récolte en Provence.
ÉTRANGES
On mande d'Ems, où le tsar prend en ce moment
les eaux, qu'on célébrera prochainement, dans cet e
ville, les 'fiançailles du grand-duc Wladimil:, deuxième
fils de l'empereur Alexandre et de la princesse Marie,
fille du prince Frédéric-Charles de Prusse.
Deux morts par suite d'insolation viennent de se pro-
duire, l'une dans le comté de Devon et l'autre dans
celui de Cornouailles, en Angleterre. Dans 1 un et
l'aut-e cas, les victimes sont des jeunes filles; l'une,
nommée Kiard:n? et qui demeurait à SouthKing-.
thon, près de Newton-Abbet, jouait en dehors de
la maison, quand elle- reçut un coup de soleil; le soir
même elle était morte.
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ÉLIE BERTHET
12
VII
Le chanoine.
(Suite)
Chemin faisant, il rencontra plusiers offi-
ciers français qui l'arrêtèrent pour s'entrete-
nir du tragique événement et qui voulurent
l'accompagner afin de donner plus d'autorité
à ses réclanî^fcions. Ce fut donc escorté de cinq
ou six d'entre eux appartenant, à des grades
différents, que Sa nt-Front sr. présenta chez le
colonel D... Celui-ci, à son tour, de plus en
plus convaincu de son impuis ance tant que
l'autorité espagnole demeurerait inactive, vou-
lut se joindre à s s subordonnés- pour faire
entendre à don Rodriguez lIll énergique lan-
gage.
Le magistrat sév?Ran se montra très-alarmé^
de cette démonstration menaçante. l'Il balbutia
de nouvelles protestations de zèle, cependant il
dut avouer qu'il ne savait toujours rien. A la
vérité, un habitant de la ville avait cru recon-
naître dans l'homme assassiné un torero de
Grenade et l'alcade avait écrit à Grenade pour
avoir des renseignements à ce sujet, mais on
avait été obligé d'enterrer le corps. D'a'lleurs
l'enquête te poursuivait et don Rodriguez ne
cessait de répéter que les coupables seraient
sévèrement punis... si l'on parvenait à les
connaî're.
Il fallut se contenter encore de cette réponse,
du moins pour le moment, et après quelques
menaces à peine déguisées qui redoublèrent
l'effroi de l'alcade, on se retira en annonçant
une nouvelle visite pour le lendemain.
Pendant le reste de la journée, Saint-Front
reprit ses courses à travers la ville.
Il s'arrêtait fréquemment afin de comparer,
de méditer, afin de consulter s. s souvenirs. Il
lui sembla plus d'une fois, pendant ces haltes,
qu'il était observé à son tour par des hommes
à grands manteaux et à figure sinistre; mais
il ne s'en inquiétait pas et poursuivait ses in-
vestigations.
Toutefois, lorsqu'il revint le soir à la mai-
son du chanoine, il n'était guère plus avancé,
Ses soupçons se portaient bien sur un cou-
vept, situé dans un dédale de rues étroites et
qui répondait assez exactement aux indica-
tions de Blancménil; mais il avait besoin
d'observations approfondies avant d'oser ex-
primer une opinion.
Don Gregorio, qui avait été absent tout le
jour, ne rentra qu'après lui et semblait à peine
moins triste et moins fatigué.
Deux jours o'cçoulèrent sans amener aucun
changement notable. Chaque matin la réunion ]
des officiers devenait plus nombreuses, plus
turbulente chez don Rodriguez, qui n^ savait
plus à quel saint se vouer. L'exaspération des
Français était au comble. D'un autre côté, les
habitants de la ville, se sentant en force con-
tre une poignée de soldats, s'irritaient de la
pression que l'on prétendait exercer sur leur
premier alcade. Les têtes se montaient de part
et d'autre ; on échangeait à chaque rencontre
des regards de défi. Un conflit semblait pro-
chain et inévitable. Les Français ne sor-
taient plus que par groupes et armés jusqu'aux
dents..
Le soir du troisième jour, le lieutenant
Saint-Front, que tout le monde savait être l'ins-
tigateur de cette agitation, s'était^ rend i à la
place de las Delicias, ainsi qu'il faisait d'habi-
tude. Il espérait rencontrer la coupable parmi
les femmes à mantille qui se promenaient à
cette heure, et il se croyait sûr de la recon-
naître. Mais, cette fois comme les autres, il ne
vit rien. Sans doute 1 inconnue n'ignorait pas
ce qui se passait et elle n'avait garde de se
montrer dans un endroit public.
La place devenant déserte, il songea à se re-
tirer. 11 ne remarqua pas qu'un de ces hom-
mes enveloppés de grands man eaux, qui se
trouvaient toujours sur son chemin, se glis-
sait derrière lui comme son ombre. Au mo-
ment où Saint-Front s'e- gageait dans une rue
obscure et solitaire, l'individu suspect le de-
vança vivement, puis, revenant sur ses pas, le
regarda so%s le nez avec insolence. Saint-
Front s'arrêta î aussitôt l'autre dit en espagnol
avec un accent haine :
— C'est bien-lui... l'ennemi de la puris-
sima !
Eu même temps un stylet à lame longue et
fine sortit en sifflant de sa manche et alla
frapper l'officier à la poitrinev
On sait avec quelle dextérité certains Espa-
gno1s lancent le couteau, souvent d'u' e dis-
tance considérable. Par bonheur, Saint-Front
portait en ce moment son manteau sous le
bras. Le stylet traversa le manteau, qui for-
mait un paquet volumineux, la capote ouatée,
et s'amortit sur une côte, en produisant seule-
ment une égratignure insignifiantè.
Le Français se sentait touché, s'élança pour
s'emparer de l'assassin. Mais il avait compta
sans l'agilité merveilleuse de celui-ci qui l'é-i
vita par un saut oblique. 4
— Demnnio! je l'ai manqué, dit-il avec une
sorte de colère contre lui-même. _ *
Et il se mit à détaler avec d'autant moins 1
de bruit qu'il était pieds nus. , -
Saint-Front, excité par un désir de ven- ;
geance, se mit à sa poursuite; mais autant eûti
valu essayer d'atteindre à la course un cerf ef..
frayé; et le pauvre lieutenant, embarrassé de';
ses lourdes bottes, de son manteau, de son,
sabre, dut bientôt faire halte tout essoufflé,
tandis que le scélérat disparaissait au milieu .
des ténèbres.. \
Saint-Front glissa son mouchoir, en guise
de bandage, sur sa blessure, qui, quoique lé-
gère, saignait avec abondance ; puis il regagna
sa demeure, en emportant le stylet comme dé-
pouilles opimes de l'ennemi. |
-., (La suik à demain.) ~ -
ELIE BERTHET.
. Voir le numéro du 8 juin.
. durt'ïd, — jeunes gens qui se faisaient remettre des
titres et qui les revendaient le lendemain.
' Fh bien! un de leurs principaux actionnaires,
M. Iliochoff, ruiné à laSsuite de la faillite de ces pré-
coces banquiers, s'est suicidé hier dans son domicile,
faubourg Poissonnière, n° 80.
Immédiatement appelé, M. Patot, commissaire de
police, a rempli les formalités usitées en pareil cas,
accompagné de M. le docteur Durand, pour les cons-
; tatalions'légales. .
Nous renonçons à décrire la douleur , , dans ., , laquelleu
cette mort prématurée a plongé la famille de M. Rio-
chan. — R.
Nous apprenons de source certaine que le caissier
d'une société religieuse, dont le siège est situé lue des
Halles, .'est enfui hier dans la journée en emportant
le produit des cotisations mensuelles, — cotisations
qui ne s'élèvent pas à moins de 3,000 francs.
On croit que ce caissier infidèle s'est dirigé du côté
de la Belgiquc.
M. Tenaille, commissaire de police, est chargé de
procéder à une enquête.
Hier soir, à six heures, une rixe épouvantable avait
attiré près du marché du Prince-Eugène un nombre
considérable de passants.
Deux garçons bouchers se sont livres a une lutte
" furieuse, et l'on n'est parvenu à les séparer que lors-
que les deux compagnons étaient inondés de sang.
Le motif de leur lutte est bien étrange et bien in-
vraisemblable. Les deux garçons bouchers défendaient
l'honneur de leur patron, qui était attaqué depuis
quelque temps par les deux garçons, chacun diffa-
mant le voisin.
La morale de ceci, la voici :
Les deux patrons ont assisté impassibles à ce combat
■ de leurs employés.
La salle de départ de la gare de Lyon a été, avant-
hier soir, te théâtre d'une rixe qui a pris, à un mo-
ment d(..nné, les proportions d'un véritable combat.
Quarante jeunes gens environ accompagnaient au
chemin de fer un de leurs camarades, qui doit partir
par le train de dix heures quarante-cinq minutes du
soir, à destination des Indes. Comme on ne doit plus
se revoir de longtemps, on a festoyé, mangé, bu sur-
tout plus que de raison; les voix sont bruyantes et les
cerveaux échauffés. Au moment où notre voyageur va
se rendre dans la salle d'attente : « Nous t'accompa-
gnerons sur le quai pour t'embrasser une derniere
fois! » s'écnent-ils en chœur.
. Les employés de la gare leur font remarquer que le
' règlement s'y oppose. Sur une nouvelle instance de
ieur'part, ils ferment les portes.
Nos-jeunes gens courent alors, à la barrière la plus
proche, s'emparent en chemin des balais des hom-
mes d'équipe, qui sont placés contre un mur, et s'é-
" lancent à l'assaut.
La barrière cède bientôt sous leurs efforts. Cinq ou
, six employés, qui veulent s'opposer à cette invasion,
• reçoivent des coups de manche à balai et battent en
retraite devant la supériorité du nombre. Un sous-
' chef, attiré par le bruit, donne un coup de sifflet ;
l'équipe tout entière accourt, cerne les agresseurs et
les désarme. Plusieurs d'entre eux prennent la fuite;
quelques uns sont arrêtés, puis relâchés par les cm-'
ployés de la: gare, qui ne veulent pas les conduire au
poste; deux seulement sont appréhendés par des ser-
gents de ville "fct menés au violon.
Avant-hier, le concierge de la maison n° 3, rue
. Grange-aux-Belles, vit à travers sa fenêtre trois indi-
vidus arrê és en face-de sa maison et paraissant s::\
concerter. Bientôt l'un d'eux se détacha du groupe,
. pénétra dans le corridor en passant rapidement devant
' la loge, et se mit à gravir les marches de l'esca'ier.
' Le concierge se douta aussitôt de ce oue venait faire
cet individu et sortit pour faire signe à des sergents
de ville d'accourir.
Mais les deux complices aperçurent ce mouvement
et se hâtèrent de décamper.
1 ■ Leur compagnon qu'ils abandonnaient ainsi, était,
lui, surpris un instant après à la porte d'une chambre
du sixième étage, à laquelle il frappait pour s'assurer
' qu'elle était inhabitée. Il protesta d'abord de ses bon-
nes intentions en disant qu'il venait voir son ami Mo-
■. reau. Malheureusement, il n'y avait pas de Moreau
dans la maison. En outre, cet individu qui se nomme
Jules N..., jadis maître cordonnier, maintenant ou-
vrier amateur, a été trouvé nanti de trois porte-mon-
; naie contenant différentes sommes, de deux montres
.et d'une pince en fer. Il a été conduit au dépôt de la
préfecture.
La cérémonie de la première communion, jeudi, à
. Grenelle,a,donné lieuà un trait touchant, et qui, au dire de
YEntracte, a produit dans ce quartier une profonde
impression.
Un des petits premiers communiants, tombé ma-
lade subtiment, n'avait pu se rendre' à l'église avec
ses camarades. Apprenant sa douleur, un des Vicaires
de Saint-Jean-Baptiste se rendit chez ses parents à ■
l'issue de la cérémonie, suivi de tout un cortége de
communiants et d'habitants du quartier, et lui fit faire
sa communion.
Le lendemain matin, l'archevêqne de Babylone ayant
i su la chose, voulut mettre le comble au bonheur du
pauvre enfant en allant le visiter et lui donner la con-
firmation.
Après avoir conféré ce sacrement dans l'église pa-
roissiale. Sa Grandeur, accompagné du curé de Saint-
Jean et de ses vicaires, se rendit auprès du petit ma-
lade. Il trouva une réception improvisée en quelques
instants en son honneur; la rue, la cour de ta mai-
son et l'escalier, jusqu'au sommet, étaient jonchés de
fleurs et de feuiLage. Les ouvriers du voisinage s'é-
taient mis à la besogne, et l'on sait si l'ouvrier est ex-
1 éditif quand le cœur guide son bras!
La chambre du malade, transformée en chapelle,
cachait ses humbles murailles sous des draps blancs
parsemés de fleurs, et tout autour se tenait une foule
émue et recueillie, sollicitant la bénédiction épisco-
pale.
Les époux X..., demeurant rue Saint-Sébastien, ont
une jeune tille de dix-sept ans, nommée Juliette, douée
d'une rare beauté. Hier matin, ils l'attendirent vaine-
ment à l'heure du déjeuner..
Inquiets, ils se rendirent a sa chambre. Elle était
vide. Sur la commode ils trouvèrent une lettre dans
laquelle la demoiselle Juliette annonçait qu'elle était
partie pour se faire périr en se précipitant dans la
Seine. Elle énonçait les motifs de sa funeste résolu-
tion et priait ses parents de la lui pardonner.
Aussitôt les époux X..., en proie à une fébrile agi-
tation, avertirent leurs voisins et coururent avec eux
'explorer les bords de la rivière. Près du pont d'Iéna
ils aperçurent un rassemblement et ils accoururent.
Leur fille s'était précipitée en cet endroit et elle ve-
nait d'en être retirée saine et sauve.
Elle a été remise à ses parents, qui, d'après les con-
fidences contenues dans sa lettre, ont pris des mesures
pour assurer son bonheur.
Avant hier soir, à sept heures, un incendie pouvant
avoir de graves conséquences s'est déclaré dans la cave
de M. Gouache, marchand de couleurs, faisant l'angle
de la rue des Martyrs et de la rue Notre-Dame-de-
Lorette.'
Les voisins craignaient à juste titre que le feu ne
prît de grandes proportions, les magasins de M. Goua-
che renfermant une assez forte quantité d'esprit-de-vin
et autres liquides inflammables.
Mais les pompiers de la caserne de la rue Blanche
sont arrivés immédiatement avec trois pompes et se
sont rendus, au bout d'une heure de fort travail, maî-
tres du feu. *
Grâce à ce prompt secours, les dégâts ne s'élèvent
qu'à la somme de mille francs environ.
Le concierge du calvaire de l'église MÕntmartre était
réveillé la nuit dernière par une série de coups de son-
~ nette. • .
Il va ouvrir à l'importun noctambule, et s , aperçoit
qu'il a affaire à un fou. Notre homme, en effet, l'œil
hagard, les cheveux en désordre, réclamait l'assistance
du curé, à qui il voulait se confesser. « Cela est ur-
gent, disait-il, on doit me couper la tète demain! »
Avant-hier, la dame D..., accompagnée d'un méde-
cin de Bruxelles, qui était venue passer quelques jours
à Paris, assistait à la représentation de l'Opéra-Comi-
que. Elle se sentit indisposée et sortit, avant la fin,
avec sa fille,
Au moment 011 elle allait monter dans ! omnibus de
l'Odéon, elle chancela une ou deux secondes et tomba
raide sur le sol. Quand on la releva, ce n'était plus
qu'un cadavre.
La malheureuse avait succombé à une attaque d'a-
poplexie causée par la chaleur.
Rien de plus gracieux, rien de plus charmant, il
faut. l'avouer, que les toilettes que nous avons admi-
rées hier, et certes, c'est avec plaisir que chacun peut
remarquer que les toilettes tapageuses sont enfin mises
de côté. La simplicité et l'élégance, voilà ce que nous
avons vu, et voilà les véritables qualités que réunis-
sent les étoffes mises en vente par la Compagnie des
Indes, 42, rue de Grenelle-Saint-Germain, si réputée
pour sa collection de robes-foulard. Dernièrement,
elle offrait à sa nombreuse clientèle une nouvelle étoffe
de l'Inde, le tussor, d'une grande force et cependant '
d'une excessive légèreté. Nous ne saurions trop enga-
ger nos nombreuses lectrices à se faire adresser quel-
ques spécimens qui leur permettront d'admirer, com-
me nous avons admiré nous-mêmes.
■ On nous demande comment il se fait que la prépa-
ration du docteur Bourdonnay assimilée à ses flanelles,
12, boulevard Saint-Martin, puisse être un préservatif
efficace contre l'épidémie régnante (la petite vérole)
prescrit par nos sommités m dicales. — On compren-
dra son action bienfaisante quand on saura que l'acide
phénique y joue un rôle important.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Il n'est bruit, à Saint-Amand (Cher)'que d'un drame
terrible qui se serait passé à Charenton. Voici les dé-
tails qui sont parvenus sur cet événement au Journal
du Cher :
Le sieur Blaise Crutin, maître d'hôtel à Charenton,
ne vivait pas en bonne intelligence avec sa femme.
Plusieurs fois, à la suite de scènes conjuga.es, l'épouse
s'était retirée chez sa mère, Mme veuve Latour, pro-
priétaire à Saint-Pierre-fe-Montier (Nièvre).
Croyant que sa belle-mère prenait parti contre lui,
il lui avait voué une haine implacable qui s'est ma-
nifestée, dans la nuit du 9 au 10, par un double
drame.
Lundi dernier, après une querelle de ménage, Mme
Crutin abandonnait sa maison et se réfugiait chez sa
mère, où elle resta jusqu'à jeudi. Dans la soirée, la
mère et la fille se présentèrent à l'hôtel; le miri les
reçut assez mal, mais pour éviter toute explication
désagréable, ces dames montèrent dans leur chambre
et se mirent au lit.
Entre onze heures et minuit, Crutin, armé d'une
paire de pistolets et d'un couteau de cuisine, p¿'né:l'a
chez elles. Il lit feu sur sa belle-mère, puis ensuite il
la frappa de son couteau dans le ventre.
Mme Cnl1in vint au secours de sa mère et parvint,
non sans les plus grands efforts, à contenir le meur-
trier, qui d'ailleurs n'en voulait qu'à sa première vic-
time. Il les laissa même quitter l'appartement, et s'y
enferma lui-même.
Quelques minutes après, on entendait une seconde
détonation.
C'était le malheureux Crutin qui venait de se faire
justice.
Les blessures de Mme veuve Latour, quoique gra-
ves, ne sont pas mortelles.
L'Indépendant de la Moselle parle d'un crime horri-
ble qui a mis en émoi avant-hier la population d'Ars-
sur-Moselle.
Un menuisier nommé Costelle s'est levé vers trois
heures d Il matin et est allé dans la chambre de son
neveu, âgé de trente-deux ans, qu'il a tué à coups de
hachette portés à la tête. Sa femme, survenant au
bruit, a été frappée à son tour ; elle a succombé quel-
ques heures après aux suites de ses blessures.
Costelle a été écroué dans la journée à la prison de
Metz.
Une tentative d'assassinat a été commise dans la
maison d'arrêt d Argentan, sur la personne du sieur
Jolivet, gardien-chef, dans les circonstances suivantes:
Le nommé Etienne (Gustave), âgé de vingt ans,
mauvais sujet de la pire espèce, ayant déjà subi plu-
sieurs condamnations, et détenu sous la prévention
d'attentat à la pudeur, avait formé le projet de s'éva-
der. Ne pouvant y parvenir par les moyens ordi-
naires, il résolut d'assommer par surprise le gardien-
chef pour lui ravir son trousseau -de clefs.
A cet,cffet, il s'arma, le 11 juin, d'un maillet en
bois, et, s'étant caché derrière la porte du préau _ au
moment où le gardien-chef allait ouvrir, il lui asséna
par derrière un violent coup sur la tête. Le sieur Joli-
vet tomba étourdi par la violence du coup, et Etienne
se précipita sur lui pour lui prendre ses clefs; mais
alors le gardien-chef put pousser quelques cris, et
aussitôt un détenu accourut et le dégagea de l'étreinte
de L^ssassin. Trois autres détenus étaient, paraît-il,
restes témoins impassibles de cette scène.
La blessure du sieur Jolivet, quoique grave, ne pa-
raît pas mortelle. (Courrier de l'Oued.)
Une lettre que nous recevons d'Epinal nous annonce
la mort du docteur Jacquemin, et nous donne quel-
ques détails sur le malheureux cocher de M. Cham-
bry :
« Robin est mort, sans avoir appris la fin tragique
de son maître. Cet infortuné n'avait que 32 ans, il
allait se marier dans quelques semaines ; déjà même
le jour des noces avait été fixé, lorsqu'est survenue la
catastrophe.
« La famille Chambry s'est chargée de pourvoir aux
frais des funérailles de ce fidèle serviteur, auxquelles
ont assisté un grand nombre de personnes. s "
« Quant au docteur Jacquemin, qui n'a pu résister \
à l'amputation de sa cuisse fracturée, sa mort est un
deuil pour la classe ouvrière d'Epinal, dont il était
tl'ès-aimé. M
« Les médecins qui, comme le docteur Jacquemin,
se sacrifient pour leurs semblables, méritent les re-
grets de tous les gens de bien. »
Parmi les malheurs dont la sécheresse est respon-
sable, en voici un auquel on était loin de s'attendre, et
que nous trouvons dans le Journal de /{I Vendée :
Le 11 de ce mois, à six heures et demie du matin, -,
le nommé Gaucher (François), propriétaire à Saint-
Aubin, s'est pendu à une branche de noyer. D'un ca-
ractère aimable, il jouissait de la considération de tous
ceux qui le connaissaient.
Depuis quelques jours, il paraissait vivement affecté
par le mauvais état de ses récoltes, et l'on attribue son
suicide au chagrin qu'il en ressentait. Pourtant Gau-
cher était dans une position très-aisée; on évalue sa
fortune à 130,000 fr.
Il s'est produit, à ce qu'on nous sssure, un fait cu-
rieux à un récent marché aux chevaux, à Perrache
(Lyon) ; une vingtaine de chevaux, des rosses assuré-
ment, ont été abandonnés à l'attache du marché par
leurs propriétaires, qui n'avaient trouvé à les vendre
à aucun prix et voulaient toutefois s'en défaire à tout
prix, fût-ce pour rien, la cherté du fourrage ne per-
mettant point d'entretenir sans perte des chevaux qui
ne rendent plus que de médiocres services. „
Dans un de nos précédents numéros, nous avons
parlé d'une épouvantable scène de meurtre qui se se-
rait passée à Mascara.
No'is racontions, d'après le Courrier d'Oran, que
l'Arabe qui a porté des coups de hache à quatorze per-
sonnes, dans la matinée du 27 mai, après s'être em-
paré de cette hache par la violence, avait été la faire
affûter. Or, cotte assertion est erronée.
La vérité est que l'auteur des crimes commis s'ap-,
pelle Abd-el-Kader-ben-Djellali, dit Bouchacor, l¡u'il
est âgé de 25 ans, natif de El-Bordj, aux environs de
Mascara; qu'il est un peu considéré comme marabout; :
mais en réalité il n'est qu'une sorte de vagabond exas-
péré autant par le fanatisme religieux que par l'ab-
sinthe.
'Après s'être emparé, sur la place del'Argoub, d'une
mauvaise hache qui se trouvait parmi l'étalage de,
vieilles ferrailles et de bric-à-brac d'un israélite, il
s'est avancé, brandissant cette hache, vers le pont, et
a frappé en effet quatorze personnes.
Aussitôt le premier moment de stupeur passé, il a
bientôt été terrassé et mis dans l'impossibilité de nuire
davantage. Il est vrai qu'il y a eu des blessures gra-
ves; mais il ne s'en est pas encore suivi de mort; seuls
un chasseur d'Afrique du 4e régiment, et un ouvrier
cordonnier nommé Becker, laissent encore des inquié-
tudes.
L'assassin a été renversé par un Arabe qui Ini a as-
séné des coups de matraque sur la tête, et transporté
immédiatement à la prison civile par un sieur Pingon,
charretier, qui l'a emporté sur son dos.
, Il parait, que toutes les nouvelles des départements
arrivées au ministère de l'agriculture portent que la
récolte du blé froment ne serait pas aussi mauvaise
qu'on le disait.
Il vient d'arriver du blé nouveau d'Algérie.
La semaine qui vient ne se passera pas sans qu'on
vende dans les boulangerie parisiennes du pain fabri-
qué avec de la farine de grain nouveau français.
On est en pleine récolte en Provence.
ÉTRANGES
On mande d'Ems, où le tsar prend en ce moment
les eaux, qu'on célébrera prochainement, dans cet e
ville, les 'fiançailles du grand-duc Wladimil:, deuxième
fils de l'empereur Alexandre et de la princesse Marie,
fille du prince Frédéric-Charles de Prusse.
Deux morts par suite d'insolation viennent de se pro-
duire, l'une dans le comté de Devon et l'autre dans
celui de Cornouailles, en Angleterre. Dans 1 un et
l'aut-e cas, les victimes sont des jeunes filles; l'une,
nommée Kiard:n? et qui demeurait à SouthKing-.
thon, près de Newton-Abbet, jouait en dehors de
la maison, quand elle- reçut un coup de soleil; le soir
même elle était morte.
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ÉLIE BERTHET
12
VII
Le chanoine.
(Suite)
Chemin faisant, il rencontra plusiers offi-
ciers français qui l'arrêtèrent pour s'entrete-
nir du tragique événement et qui voulurent
l'accompagner afin de donner plus d'autorité
à ses réclanî^fcions. Ce fut donc escorté de cinq
ou six d'entre eux appartenant, à des grades
différents, que Sa nt-Front sr. présenta chez le
colonel D... Celui-ci, à son tour, de plus en
plus convaincu de son impuis ance tant que
l'autorité espagnole demeurerait inactive, vou-
lut se joindre à s s subordonnés- pour faire
entendre à don Rodriguez lIll énergique lan-
gage.
Le magistrat sév?Ran se montra très-alarmé^
de cette démonstration menaçante. l'Il balbutia
de nouvelles protestations de zèle, cependant il
dut avouer qu'il ne savait toujours rien. A la
vérité, un habitant de la ville avait cru recon-
naître dans l'homme assassiné un torero de
Grenade et l'alcade avait écrit à Grenade pour
avoir des renseignements à ce sujet, mais on
avait été obligé d'enterrer le corps. D'a'lleurs
l'enquête te poursuivait et don Rodriguez ne
cessait de répéter que les coupables seraient
sévèrement punis... si l'on parvenait à les
connaî're.
Il fallut se contenter encore de cette réponse,
du moins pour le moment, et après quelques
menaces à peine déguisées qui redoublèrent
l'effroi de l'alcade, on se retira en annonçant
une nouvelle visite pour le lendemain.
Pendant le reste de la journée, Saint-Front
reprit ses courses à travers la ville.
Il s'arrêtait fréquemment afin de comparer,
de méditer, afin de consulter s. s souvenirs. Il
lui sembla plus d'une fois, pendant ces haltes,
qu'il était observé à son tour par des hommes
à grands manteaux et à figure sinistre; mais
il ne s'en inquiétait pas et poursuivait ses in-
vestigations.
Toutefois, lorsqu'il revint le soir à la mai-
son du chanoine, il n'était guère plus avancé,
Ses soupçons se portaient bien sur un cou-
vept, situé dans un dédale de rues étroites et
qui répondait assez exactement aux indica-
tions de Blancménil; mais il avait besoin
d'observations approfondies avant d'oser ex-
primer une opinion.
Don Gregorio, qui avait été absent tout le
jour, ne rentra qu'après lui et semblait à peine
moins triste et moins fatigué.
Deux jours o'cçoulèrent sans amener aucun
changement notable. Chaque matin la réunion ]
des officiers devenait plus nombreuses, plus
turbulente chez don Rodriguez, qui n^ savait
plus à quel saint se vouer. L'exaspération des
Français était au comble. D'un autre côté, les
habitants de la ville, se sentant en force con-
tre une poignée de soldats, s'irritaient de la
pression que l'on prétendait exercer sur leur
premier alcade. Les têtes se montaient de part
et d'autre ; on échangeait à chaque rencontre
des regards de défi. Un conflit semblait pro-
chain et inévitable. Les Français ne sor-
taient plus que par groupes et armés jusqu'aux
dents..
Le soir du troisième jour, le lieutenant
Saint-Front, que tout le monde savait être l'ins-
tigateur de cette agitation, s'était^ rend i à la
place de las Delicias, ainsi qu'il faisait d'habi-
tude. Il espérait rencontrer la coupable parmi
les femmes à mantille qui se promenaient à
cette heure, et il se croyait sûr de la recon-
naître. Mais, cette fois comme les autres, il ne
vit rien. Sans doute 1 inconnue n'ignorait pas
ce qui se passait et elle n'avait garde de se
montrer dans un endroit public.
La place devenant déserte, il songea à se re-
tirer. 11 ne remarqua pas qu'un de ces hom-
mes enveloppés de grands man eaux, qui se
trouvaient toujours sur son chemin, se glis-
sait derrière lui comme son ombre. Au mo-
ment où Saint-Front s'e- gageait dans une rue
obscure et solitaire, l'individu suspect le de-
vança vivement, puis, revenant sur ses pas, le
regarda so%s le nez avec insolence. Saint-
Front s'arrêta î aussitôt l'autre dit en espagnol
avec un accent haine :
— C'est bien-lui... l'ennemi de la puris-
sima !
Eu même temps un stylet à lame longue et
fine sortit en sifflant de sa manche et alla
frapper l'officier à la poitrinev
On sait avec quelle dextérité certains Espa-
gno1s lancent le couteau, souvent d'u' e dis-
tance considérable. Par bonheur, Saint-Front
portait en ce moment son manteau sous le
bras. Le stylet traversa le manteau, qui for-
mait un paquet volumineux, la capote ouatée,
et s'amortit sur une côte, en produisant seule-
ment une égratignure insignifiantè.
Le Français se sentait touché, s'élança pour
s'emparer de l'assassin. Mais il avait compta
sans l'agilité merveilleuse de celui-ci qui l'é-i
vita par un saut oblique. 4
— Demnnio! je l'ai manqué, dit-il avec une
sorte de colère contre lui-même. _ *
Et il se mit à détaler avec d'autant moins 1
de bruit qu'il était pieds nus. , -
Saint-Front, excité par un désir de ven- ;
geance, se mit à sa poursuite; mais autant eûti
valu essayer d'atteindre à la course un cerf ef..
frayé; et le pauvre lieutenant, embarrassé de';
ses lourdes bottes, de son manteau, de son,
sabre, dut bientôt faire halte tout essoufflé,
tandis que le scélérat disparaissait au milieu .
des ténèbres.. \
Saint-Front glissa son mouchoir, en guise
de bandage, sur sa blessure, qui, quoique lé-
gère, saignait avec abondance ; puis il regagna
sa demeure, en emportant le stylet comme dé-
pouilles opimes de l'ennemi. |
-., (La suik à demain.) ~ -
ELIE BERTHET.
. Voir le numéro du 8 juin.
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