Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-05
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 mai 1870 05 mai 1870
Description : 1870/05/05 (A5,N1477). 1870/05/05 (A5,N1477).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716905s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro.
i>i
JOURNAL QUOTIDIEN ?
5j 1
5 cent.. le numéro.
"Abonnements. - Trois mots Sïsmoîs rn^n
Paris........ 5 fr. 9 fr; 18 fr.
Départements a il
Administrateur; BOURDILLIAT, 23
1
~.
*
_
5ma année — JEUDI 5 MAI 1870 — N° 1477
Rédacteur en chef: A. DB BALATHIER-BIUGELONNIS
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rue Drouot .
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 4 MAI 1870
LES CAFÉS
II
LES CAFÉS HISTORIQUES DE PARIS
Le premier de tous fut le café^R^effffe^
fondé par le Sicilien Procopio Cullt:lli, Cens
la lue des Fosses-Saint-Germain, au n" 13,
en face de l'ancienne Comédie-Française.
C'était un véritable café, dans des condi-
lions d'élégance et de bonne compagnie in-,
connues jusqu'alors. Les comédiens s'y ren-
conlraient avec les gens de lettres. De Bel-
loy y venait pendant les répétitions du Siège
deCalais; Lem ierre, pendant celles d'it ,'taxerccJ' -
Créhillon, pendant celles de Catilina. Jean-
Baptiste Rousseau, l'auteur de Jason, y
coudoyait Piron, l'auteur de Fernand Cortez.
La Chaussée, Fontenelle, Sainte-Foy, Voi-
senon, venaient y demander et y apporter
des nouvelles, commenter les œuvres et mé-
dire des individus. - On parlait littérature,
politique; religion, philosophie. Les habi-
tués avaient créé un argot qu'ils appli-
quaient, aux idées courantes. Ainsi, Mar-
rpontel disait à Boindin :
—« Si l'on en croit Javotte, M. de L' Etre esl
un personnage terrible, qui se plaît à tortu-
rer M atgnt. »
Traduction - :
— « Si l'on en croit la Religion, Dieu est
un personnage terrible, qui se plaît à tortu-
rer l'A»?e. ))
Auprès des joueurs d'échecs se tenait par-
fois un personnage soufi'reteux, attristé, si-
lencieux, qui passait une heure à regarder
pousser le bois. Son nom ? Jean-Jacques
Rousseau.
Parfois aussi apparaissait, avec des façons
de grand seigneur, Voltaire, qui s'asseyait
le temps de prendre une demi-tasse et de
lancer deux épigrammes dans la circulation.
La personnalité retentissante du café Pro-
cope, c'était Diderot, debout au milieu d'un
cercle, agité, éloquent, bruyant, emportant
les esprits dans le tourbillon de sa passion,
. qui s'attaquait Ci toute chose.
La succursale littéraire du café Procope
était le café de la veuve Laurent, situé rue
Dauphine. Là se retrouvaient à peu près les
I mêmes personnes, avec cette différence que
les habitués de l'un des deux cafés étaient
Jes accidents de l'autre.
$j£ffWj'est-ltt, — dit le Grand Dictionnaire de
ï^Wierre Lerousse, — que furent. lancés
lefi^œmiers couplets qui amenèrent l'exil de
,;erkm aptisle Rousseau. Ce .ll9.ëLe venait de i
'fîBra? jouer sans succès le Capricieux ; sa bile, |
Aju/le à exciter, fut encore aigrie par la réus-
"Mte de l'opéra d'Ilés.ione, que Danchet donna
bientôt après ; il l'exhala contre les habitués
du café, qu'il accusa d'avoir cabale pour
faire tomber sa pièce, et il les attaqua dans
des couplets pleins de Gel. Des vers du mtnlt;
genre furent, à plusieurs reprises, jetés sons
les tables du café ; on y reconnut la main de
Rousseau, qui cessa de venir chez la veuve
Lauren t.Cependant lescouplets ne s'artêièrcnt
pas; ils devinrent de plus en plus satiriques
et diffamatoires; la>justice fut saisie, et soit
que Rousseau eût été ou non l'auteur, de
tous ces couplets, le- procès amena sa
perte. »
.L
Le café de la Régence, dont Je titre indique
la date, s'ouvrit d'abord sur la place du
Palais-Royal, non loin de la place qu'il oc-
cupe maintenant. Petit, bas, étroit, il n'en
était pas moins le rendez-vous des beaux-
esprits, surtout des joueurs d'échecs. Le Neveu
de Rameau l'a lustré ; Diderot, d'Alembert,
Marmontei, Chamfort, Bernardin de Saint-
Pierre, s'y rencontraient lorsqu'ils ne pas-
saient pas la Seine pour aller au café Pro-
cope. L'empereur Joseph II, pendant son
séjour à j^aris, y prenait des bavaroises, en
écoutant, les causeurs. Robespierre, assez
mauvais joueur d'échecs, y fit quelques ap-
paritiçms. Dans la 2" période, le général
Bonaparte, s'y assit à' côlé de Louvet. La
Bourdonnaye, de Jouy, de Forbin, Dumont
d'Urville, Lacretelle, Champion, Méry, fu-
rent les habitués de la transition entre la
2C période et la 3e, illustrée par IVlussct. Le
poëte du 19C siècle passait la plupart de ses
soirées à regarder jouer aux échecs; il bu-
vait à petits coups du Bordeaux trempé
d'eau-de-vie, et il roulait des cigarettes entre
ses doigts blancs et maigres qui tremblaient
I un peu.
i .
Le café do la Révolution fut le café de Foy,
sous les galeries du Palais-Royal.
. i
Ces guéries, construites par le duc d'Or-
Jéans, les allées de jeunes,tilleuls remplaçant
les anciennes avenues de marronniers, de-
vinrent— dès 1i88 - le rendez-vous perma-
nent de la foule. Sous les galeries, on ache-
tait les pamphlets nouveaux; sous les til-
leuls, les orateurs populaires, le marquis de
Saint-Hurugf*, Camille Desmoulins, parlaient
de liberlé.
Il y eu[ au eïrci-cie l^oy une belle limona-
dière, dont le duc d'Orléans devint amoureux.
Carie Vernet y peignit au plafond une hi-
rondelle qu'on s'est montrée pendant soixante
ans. Camille Desmoulins, les coudes sur la
table, la tête dans ses mains, s'y préparait
pendant quelques minutes il ces improvisa-
tions qui poussaient tour à tour le peuple
conlre la Bastille ou contre les Tuileries.
Sous la Restauration, le café de Foy eut
pour consommateurs les libéraux purs et les
doctrinaires, tous les parlementaires qui se
tenaient à distance égale des souvenirs de
l'JSmpire et du nouveau gouvernement.
Mais en même temps deux cafés rivaux et
tapageurs réunissaient, l'un les chevaliers
de Saint-Louis, les gardes-du-corps, les dé-
fenseurs du trône et de l'autel, l'autre les
débris de l'état-major impérial, les officiers
en demi-solde, les libéraux qui prétendaient
Is'aider de la tradition militaire pour com-
battre la royauté des Bourbons. Le café
Lemblin était bonapartiste, et le café de Va-
lois, royaliste. On. n'y parlait pas d'autre
chose que de la politique, et parfois les ha-
bitués échangeaient des cartels.
Sous T ^ois-Philippe, le café des. Mille-
Colonnes, - toujours au Palais-Royal, ■—
hérita de la clientèle militaire du café Lem-
blin. Aujourd'hui que la vie publique a dé-
serté le Palais-Royal, c'est au café du Helder,
sur le boulevard des Italiens, que se réunis-
sent les officiers.
Parmi les cafés politiques de Paris, les
contemporains se souviennent du café Sainte-
Agnès, rue Jean-Jacques-Rousseau, où ve-
naient les républicains de la Réforme, Ferdi-
nand Flocon eL Caussidière, Ribcyr.oIlcs et
Auguste Luchet. Le café de Madrid, sur le
boulevard Montmartre, réunit aujourd'hui
les oppositions de toutes les nuances.
Après 1830, époque par excellence de réu-
nions, d'échange d'idées, de discussion, les
cafés littéraires se multiplient.
Sur la rive gauche, florisscnt le café Da-
gneaux et le café Tabouret. Là se rencon-
trent Cbaudesaigues, Terrien, Préault, ClaLi-
don, Furne, Ricourt, Jules Janin, Auguste
Lireux, Charles Reynaud, Ponsard, Hetzel,
Emile Augier...
Sur la rive droite, le divan Lepelletier est
le rendez-vous des poètes et des journalistes.
Balzac y vient au bras de Laurent Jan, et
Gérard de Nerval :y raconte ses voyages il
Théophile Gautier. Chenavard et Méry y
parlent peinture avec Couture et avec Diaz.'
Armand Marrast, Théodore Pelloquct et le
National, Clément Caraguel, Taxile Delorcl
et le Charivari se retrouvent là tous les soirs;
Les auteurs dramaliques et les chanson-
niers fréquentent le café du Vaudeville et le
café des Variétés. Les acteurs, le café de la
Porte-Sainl-Martin et le-cai'é Achille, sur le
boulevard du Temple.
Les réalistes,peintres et écrivains, inaugu-
rent les brasseries : brasserie de la rue Hau-
tefeuille, brasserie de la rue des Martyrs.
Pierre Dupont, Gustave Courbe!, Gustave
l'vial hieu, Henri Murger, Champfleury, .Fer-
nand Desnoyers, Charles Jobey,LaLandelIo,
vont de l'une a l'autre.
Les journalistes, dispersés après le 2 dé-
cembre, se retrouvent tour à tour au café
Mazarin, au café de Bade, au café de Mul-
house sur les boulevards intérieurs, et sur
'les boulevards extérieurs, dans les cafés de
la rue et de Ja. place Pigale.
Le café de la Porte-Montmartre réunit les
francs-maçons; le café Richelieu, les Ita-
liens:, écrivains ou artistes; les comédiens
français quittent le boulevard du Temple
pour le boulevard Montmartre, le café
Achille pour le café de Suède.
Le faubourg Saint-Germain et le quartier
Latin n'ont pas abdiqué devant les , progrès
des boulevards. Le café Desmares, nu coin
de la rue de l'Université et de la rue du Bac,
est fermé aujourd'hui; mais le café Caron
demeure ouvert, au coin de la rue des Saints-
Pères et de la rue de l'Université. Les jeunes
auteurs, joués tl l'Odéon, lisent leurs pièces
au café Racine. Le café d'Orsay, a l'angle de
la rue du Bac et du quai, est un terrain
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XXXVIII
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXIV
38
Tom passa plusieurs mois à l'habitation,
priant et suppliant chaque jour M. Bruce de
1ie souvenir qu'il s'appelait, lord William de
x ion vrai nom.
~ Revenez en Angleterre, mylord, disait-il,
B faut que vous repreniez votre nom et que
Voirie numéro du 12 juin 1869.
vous entriez en maître dans le château de vos
ancêtres.
Maïs M. Bruce répondait :
— Non, mon ami, je suis heureux Ici, et
j'y resterai.
Tom se désespérait.
— Ecris à ta femme de venir nous rejoindre,
disait encore M. Bruce.
Mais Tom ne renonçait pas à convaincre son
ancien maître.
— Il faut que vous reveniez en Angleterre,
disait-il, il'le faut.
Et M. Bruce lui disait encore :
— Ecoute-moi bien, mon pauvre Tom.
— Parlez, maître.
— Je suppose que je suive tes conseils.
— Ah! vous les suivrez?
— Nous revenons en Angleterre.
Bon.
— Et. nous nous présentons à mon frère.
— Il faudra bien qu'il vous reconnaisse !
— Non-seulement il s'y refusera, mais il
m'accusera d'être un imposteur.
— Oh ! nous lui prouverons bien...
— Que veux-tu que je prouve ? j'ai mainte-
nant un 'ctat civil.
Je suis Walter Bruce, un convict libéré, et
pas autre chose.
— Ah! disait encore Tom, qui ne voulait
pas se rendre à ce raisonnement, si sir Evan-
dale refuse de voirs reconnaître, il y a quel-
qu'un qui vous reconnaîtra sûrement
— Qui donc?
— Miss Anna.
Un nuage passait alors sur le front de lord
William.
Et il disait encore:
— Non. Je n'aime plus miss Anna, du reste,
j'aime ma femme.
Tom paraissait vaincu et ne disait plus
rien.
Mais le lendemain il revenait à l'a charge.
Enfin, un événement inattendu lui donna
la victoire. ■
En Australie, les fortunes se font rapide-
ment.
Elles sont quelquefois détruites plus rapide-
ment encore.
Le vieux monde a créé là un peuple tout
neuf.
Un peuple d'aventurier?, de criminels re-
pentis et ayant subi leur châtiment.
On y a hâte de faire son chemin et l'activité
humaine y est sans limites.
Galérien de bord, convict ensuite, puis li-
béré, l'homme travaille aux mines et y fa.Vt sa
fortune très-vite; ou bien il se fait berger, et
pour peu qu'il soit a&èif et intelligent, il a bien- 1
tôt franchi la ligne de démarcation qui^pare
l'ouvrier du patron, le pâtre gagé du fermier
propriétaire de troupeaux.
La fortune de -ce dernier est excessivement
incertaine et soumise à des bouleversements
subits.
La veille, le fermier s'est couché riche. Il a
cent mille moutons qui broutent les herbes
salées dix-huit lieues carrées de pays qu'il a
choisiespour domaine, car l'Angleterre concède
la possession du sol à quiconque a su le con^
quérir.-
Le lendemain il s'éveille ruiné.
Comment s'est; accompli ce phénomène?
L'Australie est infestée de nègres fugitifs qui
ont quitté les colonies, où ils étaient esclaves,
pour venir vivre de vol, de brigandage et d'in-
cendie dans cette fôe grande comme un conti-
nent.
L'autorité a même créé contre eux une lé-
gion de nègres soumis, qu'on appelle la gendar-
merie noire.
Cette troupe, quoique très-redoutée et ren-
dant de grands services, est néanmoins im-
puissante à protéger les colons de l'intérieur.
Les nègres marrons, comme on appelle les
insoumis, se contentent ordinairement de voler
quelques bestiaux.
Mais s'ils croient avoir à se plaindre gra'vî,
5 cent. le numéro.
i>i
JOURNAL QUOTIDIEN ?
5j 1
5 cent.. le numéro.
"Abonnements. - Trois mots Sïsmoîs rn^n
Paris........ 5 fr. 9 fr; 18 fr.
Départements a il
Administrateur; BOURDILLIAT, 23
1
~.
*
_
5ma année — JEUDI 5 MAI 1870 — N° 1477
Rédacteur en chef: A. DB BALATHIER-BIUGELONNIS
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rue Drouot .
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 4 MAI 1870
LES CAFÉS
II
LES CAFÉS HISTORIQUES DE PARIS
Le premier de tous fut le café^R^effffe^
fondé par le Sicilien Procopio Cullt:lli, Cens
la lue des Fosses-Saint-Germain, au n" 13,
en face de l'ancienne Comédie-Française.
C'était un véritable café, dans des condi-
lions d'élégance et de bonne compagnie in-,
connues jusqu'alors. Les comédiens s'y ren-
conlraient avec les gens de lettres. De Bel-
loy y venait pendant les répétitions du Siège
deCalais; Lem ierre, pendant celles d'it ,'taxerccJ' -
Créhillon, pendant celles de Catilina. Jean-
Baptiste Rousseau, l'auteur de Jason, y
coudoyait Piron, l'auteur de Fernand Cortez.
La Chaussée, Fontenelle, Sainte-Foy, Voi-
senon, venaient y demander et y apporter
des nouvelles, commenter les œuvres et mé-
dire des individus. - On parlait littérature,
politique; religion, philosophie. Les habi-
tués avaient créé un argot qu'ils appli-
quaient, aux idées courantes. Ainsi, Mar-
rpontel disait à Boindin :
—« Si l'on en croit Javotte, M. de L' Etre esl
un personnage terrible, qui se plaît à tortu-
rer M atgnt. »
Traduction - :
— « Si l'on en croit la Religion, Dieu est
un personnage terrible, qui se plaît à tortu-
rer l'A»?e. ))
Auprès des joueurs d'échecs se tenait par-
fois un personnage soufi'reteux, attristé, si-
lencieux, qui passait une heure à regarder
pousser le bois. Son nom ? Jean-Jacques
Rousseau.
Parfois aussi apparaissait, avec des façons
de grand seigneur, Voltaire, qui s'asseyait
le temps de prendre une demi-tasse et de
lancer deux épigrammes dans la circulation.
La personnalité retentissante du café Pro-
cope, c'était Diderot, debout au milieu d'un
cercle, agité, éloquent, bruyant, emportant
les esprits dans le tourbillon de sa passion,
. qui s'attaquait Ci toute chose.
La succursale littéraire du café Procope
était le café de la veuve Laurent, situé rue
Dauphine. Là se retrouvaient à peu près les
I mêmes personnes, avec cette différence que
les habitués de l'un des deux cafés étaient
Jes accidents de l'autre.
$j£ffWj'est-ltt, — dit le Grand Dictionnaire de
ï^Wierre Lerousse, — que furent. lancés
lefi^œmiers couplets qui amenèrent l'exil de
,;erkm aptisle Rousseau. Ce .ll9.ëLe venait de i
'fîBra? jouer sans succès le Capricieux ; sa bile, |
Aju/le à exciter, fut encore aigrie par la réus-
"Mte de l'opéra d'Ilés.ione, que Danchet donna
bientôt après ; il l'exhala contre les habitués
du café, qu'il accusa d'avoir cabale pour
faire tomber sa pièce, et il les attaqua dans
des couplets pleins de Gel. Des vers du mtnlt;
genre furent, à plusieurs reprises, jetés sons
les tables du café ; on y reconnut la main de
Rousseau, qui cessa de venir chez la veuve
Lauren t.Cependant lescouplets ne s'artêièrcnt
pas; ils devinrent de plus en plus satiriques
et diffamatoires; la>justice fut saisie, et soit
que Rousseau eût été ou non l'auteur, de
tous ces couplets, le- procès amena sa
perte. »
.L
Le café de la Régence, dont Je titre indique
la date, s'ouvrit d'abord sur la place du
Palais-Royal, non loin de la place qu'il oc-
cupe maintenant. Petit, bas, étroit, il n'en
était pas moins le rendez-vous des beaux-
esprits, surtout des joueurs d'échecs. Le Neveu
de Rameau l'a lustré ; Diderot, d'Alembert,
Marmontei, Chamfort, Bernardin de Saint-
Pierre, s'y rencontraient lorsqu'ils ne pas-
saient pas la Seine pour aller au café Pro-
cope. L'empereur Joseph II, pendant son
séjour à j^aris, y prenait des bavaroises, en
écoutant, les causeurs. Robespierre, assez
mauvais joueur d'échecs, y fit quelques ap-
paritiçms. Dans la 2" période, le général
Bonaparte, s'y assit à' côlé de Louvet. La
Bourdonnaye, de Jouy, de Forbin, Dumont
d'Urville, Lacretelle, Champion, Méry, fu-
rent les habitués de la transition entre la
2C période et la 3e, illustrée par IVlussct. Le
poëte du 19C siècle passait la plupart de ses
soirées à regarder jouer aux échecs; il bu-
vait à petits coups du Bordeaux trempé
d'eau-de-vie, et il roulait des cigarettes entre
ses doigts blancs et maigres qui tremblaient
I un peu.
i .
Le café do la Révolution fut le café de Foy,
sous les galeries du Palais-Royal.
. i
Ces guéries, construites par le duc d'Or-
Jéans, les allées de jeunes,tilleuls remplaçant
les anciennes avenues de marronniers, de-
vinrent— dès 1i88 - le rendez-vous perma-
nent de la foule. Sous les galeries, on ache-
tait les pamphlets nouveaux; sous les til-
leuls, les orateurs populaires, le marquis de
Saint-Hurugf*, Camille Desmoulins, parlaient
de liberlé.
Il y eu[ au eïrci-cie l^oy une belle limona-
dière, dont le duc d'Orléans devint amoureux.
Carie Vernet y peignit au plafond une hi-
rondelle qu'on s'est montrée pendant soixante
ans. Camille Desmoulins, les coudes sur la
table, la tête dans ses mains, s'y préparait
pendant quelques minutes il ces improvisa-
tions qui poussaient tour à tour le peuple
conlre la Bastille ou contre les Tuileries.
Sous la Restauration, le café de Foy eut
pour consommateurs les libéraux purs et les
doctrinaires, tous les parlementaires qui se
tenaient à distance égale des souvenirs de
l'JSmpire et du nouveau gouvernement.
Mais en même temps deux cafés rivaux et
tapageurs réunissaient, l'un les chevaliers
de Saint-Louis, les gardes-du-corps, les dé-
fenseurs du trône et de l'autel, l'autre les
débris de l'état-major impérial, les officiers
en demi-solde, les libéraux qui prétendaient
Is'aider de la tradition militaire pour com-
battre la royauté des Bourbons. Le café
Lemblin était bonapartiste, et le café de Va-
lois, royaliste. On. n'y parlait pas d'autre
chose que de la politique, et parfois les ha-
bitués échangeaient des cartels.
Sous T ^ois-Philippe, le café des. Mille-
Colonnes, - toujours au Palais-Royal, ■—
hérita de la clientèle militaire du café Lem-
blin. Aujourd'hui que la vie publique a dé-
serté le Palais-Royal, c'est au café du Helder,
sur le boulevard des Italiens, que se réunis-
sent les officiers.
Parmi les cafés politiques de Paris, les
contemporains se souviennent du café Sainte-
Agnès, rue Jean-Jacques-Rousseau, où ve-
naient les républicains de la Réforme, Ferdi-
nand Flocon eL Caussidière, Ribcyr.oIlcs et
Auguste Luchet. Le café de Madrid, sur le
boulevard Montmartre, réunit aujourd'hui
les oppositions de toutes les nuances.
Après 1830, époque par excellence de réu-
nions, d'échange d'idées, de discussion, les
cafés littéraires se multiplient.
Sur la rive gauche, florisscnt le café Da-
gneaux et le café Tabouret. Là se rencon-
trent Cbaudesaigues, Terrien, Préault, ClaLi-
don, Furne, Ricourt, Jules Janin, Auguste
Lireux, Charles Reynaud, Ponsard, Hetzel,
Emile Augier...
Sur la rive droite, le divan Lepelletier est
le rendez-vous des poètes et des journalistes.
Balzac y vient au bras de Laurent Jan, et
Gérard de Nerval :y raconte ses voyages il
Théophile Gautier. Chenavard et Méry y
parlent peinture avec Couture et avec Diaz.'
Armand Marrast, Théodore Pelloquct et le
National, Clément Caraguel, Taxile Delorcl
et le Charivari se retrouvent là tous les soirs;
Les auteurs dramaliques et les chanson-
niers fréquentent le café du Vaudeville et le
café des Variétés. Les acteurs, le café de la
Porte-Sainl-Martin et le-cai'é Achille, sur le
boulevard du Temple.
Les réalistes,peintres et écrivains, inaugu-
rent les brasseries : brasserie de la rue Hau-
tefeuille, brasserie de la rue des Martyrs.
Pierre Dupont, Gustave Courbe!, Gustave
l'vial hieu, Henri Murger, Champfleury, .Fer-
nand Desnoyers, Charles Jobey,LaLandelIo,
vont de l'une a l'autre.
Les journalistes, dispersés après le 2 dé-
cembre, se retrouvent tour à tour au café
Mazarin, au café de Bade, au café de Mul-
house sur les boulevards intérieurs, et sur
'les boulevards extérieurs, dans les cafés de
la rue et de Ja. place Pigale.
Le café de la Porte-Montmartre réunit les
francs-maçons; le café Richelieu, les Ita-
liens:, écrivains ou artistes; les comédiens
français quittent le boulevard du Temple
pour le boulevard Montmartre, le café
Achille pour le café de Suède.
Le faubourg Saint-Germain et le quartier
Latin n'ont pas abdiqué devant les , progrès
des boulevards. Le café Desmares, nu coin
de la rue de l'Université et de la rue du Bac,
est fermé aujourd'hui; mais le café Caron
demeure ouvert, au coin de la rue des Saints-
Pères et de la rue de l'Université. Les jeunes
auteurs, joués tl l'Odéon, lisent leurs pièces
au café Racine. Le café d'Orsay, a l'angle de
la rue du Bac et du quai, est un terrain
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XXXVIII
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXIV
38
Tom passa plusieurs mois à l'habitation,
priant et suppliant chaque jour M. Bruce de
1ie souvenir qu'il s'appelait, lord William de
x ion vrai nom.
~ Revenez en Angleterre, mylord, disait-il,
B faut que vous repreniez votre nom et que
Voirie numéro du 12 juin 1869.
vous entriez en maître dans le château de vos
ancêtres.
Maïs M. Bruce répondait :
— Non, mon ami, je suis heureux Ici, et
j'y resterai.
Tom se désespérait.
— Ecris à ta femme de venir nous rejoindre,
disait encore M. Bruce.
Mais Tom ne renonçait pas à convaincre son
ancien maître.
— Il faut que vous reveniez en Angleterre,
disait-il, il'le faut.
Et M. Bruce lui disait encore :
— Ecoute-moi bien, mon pauvre Tom.
— Parlez, maître.
— Je suppose que je suive tes conseils.
— Ah! vous les suivrez?
— Nous revenons en Angleterre.
Bon.
— Et. nous nous présentons à mon frère.
— Il faudra bien qu'il vous reconnaisse !
— Non-seulement il s'y refusera, mais il
m'accusera d'être un imposteur.
— Oh ! nous lui prouverons bien...
— Que veux-tu que je prouve ? j'ai mainte-
nant un 'ctat civil.
Je suis Walter Bruce, un convict libéré, et
pas autre chose.
— Ah! disait encore Tom, qui ne voulait
pas se rendre à ce raisonnement, si sir Evan-
dale refuse de voirs reconnaître, il y a quel-
qu'un qui vous reconnaîtra sûrement
— Qui donc?
— Miss Anna.
Un nuage passait alors sur le front de lord
William.
Et il disait encore:
— Non. Je n'aime plus miss Anna, du reste,
j'aime ma femme.
Tom paraissait vaincu et ne disait plus
rien.
Mais le lendemain il revenait à l'a charge.
Enfin, un événement inattendu lui donna
la victoire. ■
En Australie, les fortunes se font rapide-
ment.
Elles sont quelquefois détruites plus rapide-
ment encore.
Le vieux monde a créé là un peuple tout
neuf.
Un peuple d'aventurier?, de criminels re-
pentis et ayant subi leur châtiment.
On y a hâte de faire son chemin et l'activité
humaine y est sans limites.
Galérien de bord, convict ensuite, puis li-
béré, l'homme travaille aux mines et y fa.Vt sa
fortune très-vite; ou bien il se fait berger, et
pour peu qu'il soit a&èif et intelligent, il a bien- 1
tôt franchi la ligne de démarcation qui^pare
l'ouvrier du patron, le pâtre gagé du fermier
propriétaire de troupeaux.
La fortune de -ce dernier est excessivement
incertaine et soumise à des bouleversements
subits.
La veille, le fermier s'est couché riche. Il a
cent mille moutons qui broutent les herbes
salées dix-huit lieues carrées de pays qu'il a
choisiespour domaine, car l'Angleterre concède
la possession du sol à quiconque a su le con^
quérir.-
Le lendemain il s'éveille ruiné.
Comment s'est; accompli ce phénomène?
L'Australie est infestée de nègres fugitifs qui
ont quitté les colonies, où ils étaient esclaves,
pour venir vivre de vol, de brigandage et d'in-
cendie dans cette fôe grande comme un conti-
nent.
L'autorité a même créé contre eux une lé-
gion de nègres soumis, qu'on appelle la gendar-
merie noire.
Cette troupe, quoique très-redoutée et ren-
dant de grands services, est néanmoins im-
puissante à protéger les colons de l'intérieur.
Les nègres marrons, comme on appelle les
insoumis, se contentent ordinairement de voler
quelques bestiaux.
Mais s'ils croient avoir à se plaindre gra'vî,
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