Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-02-15
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 février 1870 15 février 1870
Description : 1870/02/15 (A5,N1398). 1870/02/15 (A5,N1398).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47168271
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
tégôreié. pour ne l'*on dire Piu ' "nfa:1t sciait,
et" vous profiliez de ton vol.
M. le pr ' -iu-at. - Est-il vr.a qu il venait c.:ez vous
en voiture?
Le témcii). - Il y est venu Aç-r.x , Ici? 3 ai m.eme„
p.-olifé une i'ois de sa voiture; il ttlhit a lAtucneo et
m'a déposé au boulevard des ¡'-:LI,'i:;,
Mme Perchais. — Le petit homme est venu
une ibis au journal où mon fi>èr.-: est imprutieHr, et
où je me trouvais par hi-arrt. Il ,lui apportait un
billet de Châtelet; je lui dis .k m'en apporter a moi,
quand il en aurait; il m'en a apporté une quarantaine
et pour chaque billet je lui donnais 50 celit.iir,es. -
M. le pl,é"i(lerit. — Billet qii, ".'bus vendiez 3 francs.
Le témora. — J'en ai cédé quelques-uns à des
amies...
M. le président. — Qui vous donnaient 3 francs, et,
le billet en valait 5. Il faut vous garder de continuer
ee genre de commerce.
Le Tribunal, à raison du jeune âge de Jules, et 00-
nan-t grand compte des excellents antécédents de son
père, a décidé qu'il a agi sans discernement; en con-
séquence, il a été renvoyé de la poursuite, mais non
sans une bonne semonce de M. le président, et une
belle promesse de sa part de racheter sa faute par la
pratique de toutes les vertus.
(Gazette des Tribunaux.)
COUR D'ASSISES DES BOUCHES-DU -RHONE
Présidence de M. le conseiller Figarelli.
Audience du 14 février.
Humbert. — Tentative d'assassinat
en chemin dé fer, sur le docteur Constan-
tin James.
Il y a foule au tribunal. Dès l'ouverture des portes,
la salle des assises est envahie.
— La cour !
Après les formalités préliminaires concernant MM.
les jurés et l'appel des témoins, on procède à la lec-
ture de l'acte d'accusation.
Voici l'ensemble des faits qui en résultent.
Alcide Humbert venait d'accomptir sa dix-septième
année, quand il fut placé, en juin 1869, chez le sieur
Gresset, boulanger à Pontarlier (Doubs). Celui-ci le*
chargea de ses écritures et de ses recouvrements.
Humbert avait des appointements modiqnss et des
goûts de* dépenses désordonnés. Pour satisfaire ses
vicieux instincts, il était prêt à commettre les plus
grands crimes. C'était ainsi qu'il proposait au jeune
Biétry, son camarade, de se rendre avec lui, soit en
Ângleterre, soit en Espagne ; tous deux se seraient en-
gagés au service de quelque riche gentilhomme, l'au-
raient assassiné, volé, puis auraient fui dans un autre
pays. Humbert se résignait provisoirement à n'exécu-
ter qu'un moins vaste projet - pour se procurer de
l'argent, il avait résolu de fabriquer quelques faux
effets de commerce et de les négocier.
Dans l'automne de 1869, Humbert fabrique succes-
sivement quatre mandats à l'ordre du sieur Gresset,
son patron. Sur chacun de ces billets, la signature de
Gresset est deux fois contrefaite, ce commerçant y fi-
gurant comme souscripteur! et comme endosseur; il
contrefit encore sur deux d'entre eux la signature d'un
sieur. Bulle, de Pontarlier; ces deux mandats sont re-
vêtus d'une fausse acceptation. Deux de ces effet ne
furent pas négociés; Humbert garda le premier, mon-
tant à la somme de 765 francs 80 cent. ; ayant fixé
pour l'échéance une date trop rapprochée, il ne cher-
cha pas à en faire usage; au contraire, il présente le
second, montant à 1,758 fr. 60 cent., et garanti par la
fausse acceptation de Bulle, à des banquiers de Pon-
tarlier, les sieurs Cretin et Labrut, qui refusèrent de
l'escompter. Mais il parvint à rpettre en circulation les
deux autres ; l'un de 982 francs 75 cent., lui fut payé
le 25 septembre par MM. Labrut frères ; l'autre, de
1,080 fr., lui fut payé le 18 novembre, non sans quel-
que difficulté, par un sieur Raquette. Humbert ne
détermina Paquet te qu'en ajoutant sur le billet la fausïe
acceptation de Bulle et cette mention: Payable at-tI.
domici e de M. Corne à Besançon.
La nuit suivante, Humbert quittait Pontarlier, non
sans avoir pris toutes les précautions nécessaires pour
déjouer toutes les recherches. Il se rendit d'abord à
Lons-le-Saulnicr, où il acheta un revolyer à six coups
et une canne à épée, passa ensuite à Lyon et n'arriva
que le 20 novembre à Marseille., Là il dissipa dans des
maisons de débauche, en trois jours, presque tout, l'ar-
gent qu'il avait apporté. C'est ainsi quil accable de ses
cadeaux deux ou trois filles de mauvaise vie, payant, pour
les autres, étendant ses libéralités jusqu'aux infâmes
agents dé ces établissements et dépensant dans une
seule nuit plus de 100 francs en vins ou en liqueurs.
Il partit alors pour Perpignan et de là pour Port-
Vendres où il séjourna du 26 novembre au 10 décem-
bre ; il y mena une -vie oisive, dépensant au café la
faible somme qui lui restait ; là il fit son ami d'un
nommé Fricat, âgé de 15 ans ; il entretenait celui-ci de
ses projets et denses espérances, lui racontant qu'il de-
vait bientôt recevoir de sa famille une lettre chargée,
quand il lui posa tout à coup cette question : Si tu
me voyais commettre un assassinat, me dénoncerais-
tii ? — Non, lui répondit Fricat, effrayé.
Humbert lui dépeignit alors sa situation : l'argent
lui manquait, il était réduit à en trouver par un
moyen quelconque ou à se brûler la cervelle. 11 s'en-
quit des gens aisés qu'on pourrait dévaliser pendant
la nuit et se fit même conduire par Fricat jusqu'à la
porte d'un sieur Creps; mais, réflexion faite, il recula.
Le 10 décembre, ne pouva.nt plus payer son auber-
giste, auquel il avait dù remettre en gage différents
objets, notamment son revolver, Humbert partit se-
cretcmcnt pendant la nuit, après avoir, vers 11 heures
du soir, pénétré dans la cave de l'hôtel et dérobé deux
bouteilles de vin fin. Ces bouteilles ont été retrouvées
dans sa chambre.
Il revint à Perpignan, et, la nuit suivante, s'intro-
duisit sans être remarqué, dans l'hôtel du Nord, où
il était déjà desc"endu "tIne première fois en se rendant
à Port-Vendres, Il monta jusqu'au second étage, et là
^ntrr. dans une chambre non fermée à clé où, à la
lueur d'une allumette, il aperçnt. un voyageur endor-
mi : il s'approcha de la. table de nuit, et s'empara
d'un porte-monnaie contenant csr.iron 100 francs,
d'une chaîne en or, d'une montre en or, sur la cuvette
de laquelle était gravé le nom de A. Seyard; puis,
après avoir ouvert et examiné, sans le prendre, un
portefeuille qu'i! trouva dans uri paletot déposé sur un
lauteuil, Il se relira et partIt pour Marseille.
A Mars ail?, il acheta dans in bazar un<< canne
¿IUn,J" 1 c.,
Le fei'-'U'-nîaui usûrae de r.on (H"ij .C,,, c'cst-;¡-dire le
i9 ,'t"I'cr;;lJrc, il se rendit à la orra-e, dsns le dessein de
prendre le train express du sou; il avait formé le pro-
jet de prendre s n billet pour une sialion voisine, de
; introduire dans un compartiment <;.;-cùpc par un seul
voxatscur, et dt commettre ua vol et,un mCû.rLL e éga-
lement prr:;¡:',1itA. Il nrit en effet son billet pour Ro-
gnac. et le receveur Faraud lui rendit, sur une pièce
de i-'O francs, 16 francs Su cent.
Humbert avait suivi zLu buffet de la gare le docteur
Constantin James, qui venait d'Egypte, et arrivait par
le chemin de fer de Nice ; il le vit tirer de sa poche
U14 porte-monnaie 1:en garni elle garder quelques-ins-
tants dans sa main, attendant qu'on lui rendit la
monnaie, Aussi s'attacha-l-il à ses pas. ll_ monta d 'a-
bord avec lui dans un waggon occupé déjà par d'au-
tres voyageurs; puis, comme on vint avertir le docteur
qu'un waggou vide était à sa disposition, il quitta.
presqu'en même temps cette première \oitnre et vou-
lut suivre dans l'autre l'homme qu'il cherchait à dé-
pouiller. M-. James lui fit observer que le comparti-
ment était réservé ; comme le chef de gare était pri t-
à lui donner raison, l'accusé finit par monter dans
une autre voiture. A Rognac le train s'arrêta.
Humbert descendit. Il avertit les employés qu il
avait par inadvertance pris son billet pour Rognllc,
mais qu'il voulait continuer sa route. On lui répondit
qu'il pouvait la continuer, et qu'il payerait à destina-
tion. Il ouvrit alors la portière d'un wajgon qui con-
tenait trois voyageurs et la referma brusquement. Il
se dirigea vers la voiture qu'occupait le docteur Ja-
mes, la parcourut du regard, et voyant que te doc-
teur était seul, y entra vite en disant : « Voilà mon
affaire. »
. M. James s'était assou.pÍYerÍ.tre Marseille et Rognac :
il eut un mouvement de mauvaise humeur et de dé-
fiance en se voyant ainsi dérangé par un homme dont
le costume et les allures étaient suspects. Néanmoins,
s'étant assuré que le nouveau venu descendrait à la
station d'Arles, il resta complètement enveloppé dans
sa couverture de voyage, étendu sur des coussins,
céda bien vite à la fatigue qui l'accablait, et s'endor-
mit une seconde fois.
(La suite à demain.)
DRAMES JUDICIAIRES
30 ANS
DE
LA VIE D'UN CONDAMNÉ
PROLOGUE
Etrange rencontre
L'enfant avavt quatorze ans, avons-nous dit, mais
elle était déjà élancée et s.velte comme une jeune
fille, et dans son œil profond et noir, passait de
temps à autres de fauves éclairs qui donnaient à
sa physionomie, subitement éclairée, une-expres-
sion dont le caractère eût été difficile, si nain im-
possible.-à définir.
Pedro se demanda ce qui lui était arrivé et par
quel concours de circonstances bizarres il se trou-
vait dans un tel lieu et devant une semblable en-
fant.
Il voulut faire un mouvement, mais la jeune
fille se retourna vivement vers lui et mit un doigt
sur ses lèvres.
— Ne bougez pas, dit-elle d'une voix péné-
trante et douée ; vous avez encore besoin du re-
pos, et la. moindre imprudence pourrait voua être
fatale.
— Mais où suis-je donc, ici? balbutia. P&dfa de
plus en plus étonné.
— Vous êtes chez mon oncle.
— Et qui m'a recueilli ?
— Moi.
Pedro se souleva à demi.
L'enfant s'était prise à sourire. Elle s'approcha
du blessé, qui, poussé par un profond sentiment
de sympathie et de reconnaissance, lui tendit la
main.
— Ah! vous étiez dans un bien pitoyable état,
continua-t-elle, et si je ne m'étais pas trouvée là
si à propos, je ne sais pas si vous en seriez re-
venu.
— Je vous dois la vie, fit Pedro.
— Pas tout-à-fait, et, pour ce qui me regarde,
je n'ai fait qu'une chose fort naturelle et qui m'est
du reste familière.
— Que voulez-vous dire ?
— Rien. Je vous expliquerez cela plus tard,
quand mon oncle sera d'e retour.
— Il est donc absent?
— Depuis ce matin.
— Et quand reviendra-t-il?
— Aux premières heures de la nuit.
Un pli soucieux creusa le front de Pedro, et
son regard inquiet sembla interroger le visage de
l'enfant.
— Qu'avez-vous? demanda celle-ci qui avait
remarqué son trouble.
— Oh! une idée, répondit Pedro, je songeais à
votre oncle et j?. me disais que si j'attends son re-
tour, je serai exposé à une inquisition qui pourra
m'embarrasser.
— N'est-ce que cela? rassurez-vous! Mon onde
est discret par caractère autant que par profession,
et pourvu qu'on le laisse faire tranquillement la
contrebande, il n'empêchera jamais les autres de
faire leur métier.
— Comment donc s'appelle cet excellent hom- !
me?
— Hinaldo Luccatelli.
— Et qui pensez-vous que je sois moi-même?
interrogea Pedro avec intérêt.
L'enfant eut un regard singulier.
— YÛUEL! répondit-elle d'une voix ferme qt dé-
gagée de toute émotion, vous vous appelez Pedro,
vous avez assassiné Mme Dupvat, et vous vous
êtes évadé ce matin, au moment où l'on préparait
[votre supplice. s
Pedro eut vu sortir de son grabat un de ces r
petits serpents corail dont la blessure est mortelle. &
qu'il n'eût pas été plus terrifié qu'en entendant ^
les paroles de l'enfant. n
! Elle savait tout! Son crime, sa condamnation,
son évasion. Elle n'avait qu'un mot à dire pour d
le livrer. t,
Il se crut perdu ! Ii
Une sueur, glacée inonda son front, une impré- ^
cation de haine souleva sa poitrine, et son regard 11
plongea à travers la fenêtre, comme s'il eût voulu t
s'élancer au dehors. s
L'enfant l'arrêta du geste. r
- Le moment n'est pas venu, dit-elle avec le j;
même calme, et j'ai besoin que vous restiez en- \
core sur ce grabat. *
— Mais... vous oubliez... *
— Je n'oublie rienl \
— A cette heure,on me recherche avec activité.
■— J'en suis convaincue. <
— Et s'ils viennent de ce côté? s
— S'ils viennent de ce côté, cela pourra gêner 1
mon oncle ; mais vous y trouverez certainement !
votre compte. [
— Je ne comprends pas.
L'enfant se dirigea, sans répondre, vers la fe-
nêtre qu'elle ouvrit, revint vers la porte qu'elle
ferma, et après s'être assurée qu'aucun bruit
ne &e faisait entendre au dehors, elle re-
tourna auprès de Pedro, qui suivait tous ses mou-
vements d'un œil ardent et anxieux.
-pegro, dit-elle d'un ton résolu, écoutez-moi,
et. retenez bien ce que je vais vous dire. Cette
nuit, mon oncle et moi, nous quittons Malte.
— Est-ce possible? interrompit l'Espagnol.
— Mon oncle s;ennuie, il y a un an qu'il habite
ici,«et ses affaires n.'ont pas prospéré, la police lui
en veut et le traque, son commerce est à chaque
instant troublé, et il est décidé à se soustraire à
1 toute nouvelle vexation.
— Eh bien ?
— Dans une heure, une barque pontée vien-
dra s'embosser dans une crique qui est devant
: ; nous, la nuit sera noire, on pourra embarquer
tout ce que l'on voudra ; d'ailleurs, mon oncle
savait depuis ce matin que l'on était à votre re-
cherche, et il se doutait bien que l'on ne s'occu-
perait pas beaucoup de lui.
— Mais si cependant la police dirigeait ses in-
vestigations vers cette partie de l'île ?
— Il y a songé.
* — Qu'a-t-il fait?
— Il s'est rendu à la ville, afin de parler à Ma-
th éus.
— Qu'est-ee que Mathéus?
— Un agent secret de la police, jeune homme
fort bien de' sa personne, qui, depuis quelques
mois, me fait une cour assidue.
Et votre oncle est allé le trouver?
— Sans doute.
— Pourquoi faire?
— Pour lui dire que je l'attendais.
— Vous allez donc le recevoir?
— Avec mon plus doux sourire.
— Ici?
— Dans cette chambre.
— Cette nuit?
— Dans quelques instants.
Pedro voulut parler, mais la jeune mie venait
de s'élancer vers la fenêtre et s'était penchée au
dehors.
— C'est lui ! s'écria-t-elle en frappant dans ses
raaânB-avec joie.
— Qui, lui? fit Pedro.
— Mafch£u« donc l
— L'agent?
— Ecoutes, c'est son pas, je le reconnais; le
roiei.
' —Mais, je suis perdu!
p — Tout va bien, au contraire; gll,.Mgez-vous seu-
lement dans le lit, tournez votré visage vers la
ruelle, et, quoi que vous entendiez, ne- bougez de
là que sur une injonction formelle de ma part.
EUe allait se diriger vers la porte, quand une
pensée subite la retint.
— J'oubliais! dit-elle en présentant à Pedro
un poignard qu'elle tira de sa ceinture; comme il
se pourrait qu'il se passât ici des choses graves, il
n'est pas inutile que vous soyez armé. Prenez
' donc ce poignard, et faites ce que je vous ai dit.
Pedro prit l'arme qu'on lui offrait sans se ren-
dre bien compte de l'usage' qu'il en pourrait faire,
,et -pendant qu'il se glissait dans le lit et se tour-
nait vers la ruelle, conformément à l'ordre qu'il
avait reçu, la jeune fille alla ouvrir la porte à
PIERRE ZACCONE.
(La suite d demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
MALADIES RÉGNANTES
L'mémie, la ch'-or&st.-— Remèdes et }ty.r¡ièile. — La.
lancette est devenue depuis quelques années, dans les
mains du médecin, un instrument presque sans em-
ploi., Est-ce que la mode, dans le traitement des ma.
ladiés, par une réaction qui lui semble habituelle, a.
changé tout le système des traitements médic&ux?
Non. Ja ne crois pas qu'il existe aucun praticien qui,
certain de soulager son malade en ouvrant la veine
pour en tirer du san;?, renonce à ce moyen énergique
et puissant lorsqu'il lui parait évidemment indiqué.
Serait-ce donc que les conditions générales du milieu
dans lequel nous vivons ont profondément modifié h
constitution commune? En cfTc*', an;refois, moins api-
tés, moins préoccupés du présent et de l'avenir, pins
modérés dans nos désirs et dans nos aspirations, la
vie s'écoulait dans un travail rc!{uliei', suffisamment
rémnnéi'a'cur, tempéré p du repos dont l'iuic-rmit-
tenco était gaiement .régies par une benne économie
domestique. -
Les fonctions organiques s'accomplissaient sans
trouble. Le sang., plus reposé, réparait quotidienne-
ment ses pertes, et, si une maladie survenait, il y
avait dans l'énergie d'un tempérament sanguin, g-éné.
ralement dominant, une puissance de réaction qui per-
mettait d'en diminuer la masse, soit par la saignée gé-'
nérale, soit par la saignée locale.
Actuellement, la déclaration et la marche des mala-
dies sont presque toujours insidieuses. Le sang est
toujours insuffisant, ou par la quantité, ou par la qua-
lité, et un état nouveau, l'anémie (insuffisance du sang)
vient se substituer à la pléthore (surabondance du
liquide nourricier).
L'anémie constitue une dégénérescence du tempéra-
ment sanguin. Elle consiste, non pas seulement et ab- .
solument dans; une diminution de la masse du sang,
mais dans une diminution du nombre normal de ses
globules.
\ La moyenne des globules, d'après les physiologistes,
est de 127 sur 1000. Ce nombre étant abaissé à SO, la
sang commence à êtie morbide; il est tout à fait dé-
généré à 60 ou 50. Avec l'abaissement des globules
. augmente la quantité d'eau du sérum.
On sait que lorsqu'on examine au microscope le sang
d'un homme ou d'un animal vertébré, on aperçoit, en
suspension dans un liquide transparent et incolore,
r une multitude de corpuscules rou^eàtres : ce sont les
\ globules du sang ; ils sont aplatis, en forme de dis-
ques, et renflés sur leurs bords ; leur diamètre est
d'environ un cent-vingtième de millimètre. Formés par
une enveloppe incolore, ils contiennent un liquide al-
" bumineux, coloré en rouge par une substance appelés
' hématoine. Cette matière elle-même est composée de
t carbone, d'oxygène, d'hydrogène et d'azote, et d'une
- petits proportion de fer. ^
M. Claude Bernard les appelle éléments respiratoires :
« Ils circulent, dit-il, avec le sang et viennent alterna-
« tivement absorber l'oxygène au contact de l'air, à la
> « surface des poumons, pour l'emporter ensuite dans
5 « la profondeur du milieu intérieur, au contact des
« éléments histologiques fixes (tissas organiques). »
Ils président donc à la respiration, fonction la plus im-
3 médiatement indispensable. Par leur diminution, non-
(i seulement la chaleur normale diminue, mais la répa-
e ration ne s'accomplit pas. Le système nerveux est ir-
, régulièrement excité, puisque l'oxygène des globules
agit faiblement sur. eux. Aussi perut-on s'expliquer,
quand la l'anémie est portée à un haut degré, la pâleur
e la peau et des muqueuses, des lèvres, par exemple;
;- le trouble de toutes les fonctions, le dégoût des ali-
it ments; les irrégularités de la digestion (dyspepsie), la
,r petitesse et la fréquence du pouls, la gène dans la
respiration, la tristesse, les douleurs nerveuses (névro-
ses diverses). Cet état, voisin de la chlorose des jeunes
filles, en diffère cependant en ce qu'il arrive rarement
l" au degré qui constitue cette crise si difficile de la puberté
chez la jeune femme déjà prédisposée par le tempéra-
i- ment lymphatique et la susceptibilité nerveuse.
L'anémie essentielle et sans complication est com-
battue par l'usage des préparations martiales, nom
mythologique et emphatique donné par les anciens
aux médicaments ferrugineux. Il sont nombreux. Les
l~ meilleurs sont les sels de fer très-solubles et facile-
ment assimilables.
On emploie avec succès les amers, le quassia amara,
ie par exemple; les toniques, tels que le quinquina. J'ai
déjà donné une formule pour préparer le vin de quin-
quina. Un jeuue chimiste, M. Mariani, obtient un ex-
trait par lequel il dépouille la précieuse écorce de tout
ce qu'elle contient de principe actif. Il n Y reste plus
rien d'utile. C'est un avantage, surtout pour les clas-
r ses nécessiteuses, qui peuvent, sans perte de temps et
de substance, préparer, avec le vin de leur table, un
excellent remède et qui revient à environ un tiers da
moins de la dépense ordinaire.
Comme précaution hygiénique, les personnes jugées.
anémiques porteront habituellement des vêtements de
laine. Les frictions sèches sur la peau avec une forte
flanelle leur seront très-utiles, et, quand à leur nour-
riture, les viandes rôties et saignantes même, la. viande
it de bcèuf crue, râpée et roulée dans du sucre, ajoute-
u ront encore à l'action tonique qu'elles doivent" reelier.
cher dans leur alimentation,
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Typographie JANNIN, qa&i YoUiif9» L14
et" vous profiliez de ton vol.
M. le pr ' -iu-at. - Est-il vr.a qu il venait c.:ez vous
en voiture?
Le témcii). - Il y est venu Aç-r.x , Ici? 3 ai m.eme„
p.-olifé une i'ois de sa voiture; il ttlhit a lAtucneo et
m'a déposé au boulevard des ¡'-:LI,'i:;,
Mme Perchais. — Le petit homme est venu
une ibis au journal où mon fi>èr.-: est imprutieHr, et
où je me trouvais par hi-arrt. Il ,lui apportait un
billet de Châtelet; je lui dis .k m'en apporter a moi,
quand il en aurait; il m'en a apporté une quarantaine
et pour chaque billet je lui donnais 50 celit.iir,es. -
M. le pl,é"i(lerit. — Billet qii, ".'bus vendiez 3 francs.
Le témora. — J'en ai cédé quelques-uns à des
amies...
M. le président. — Qui vous donnaient 3 francs, et,
le billet en valait 5. Il faut vous garder de continuer
ee genre de commerce.
Le Tribunal, à raison du jeune âge de Jules, et 00-
nan-t grand compte des excellents antécédents de son
père, a décidé qu'il a agi sans discernement; en con-
séquence, il a été renvoyé de la poursuite, mais non
sans une bonne semonce de M. le président, et une
belle promesse de sa part de racheter sa faute par la
pratique de toutes les vertus.
(Gazette des Tribunaux.)
COUR D'ASSISES DES BOUCHES-DU -RHONE
Présidence de M. le conseiller Figarelli.
Audience du 14 février.
Humbert. — Tentative d'assassinat
en chemin dé fer, sur le docteur Constan-
tin James.
Il y a foule au tribunal. Dès l'ouverture des portes,
la salle des assises est envahie.
— La cour !
Après les formalités préliminaires concernant MM.
les jurés et l'appel des témoins, on procède à la lec-
ture de l'acte d'accusation.
Voici l'ensemble des faits qui en résultent.
Alcide Humbert venait d'accomptir sa dix-septième
année, quand il fut placé, en juin 1869, chez le sieur
Gresset, boulanger à Pontarlier (Doubs). Celui-ci le*
chargea de ses écritures et de ses recouvrements.
Humbert avait des appointements modiqnss et des
goûts de* dépenses désordonnés. Pour satisfaire ses
vicieux instincts, il était prêt à commettre les plus
grands crimes. C'était ainsi qu'il proposait au jeune
Biétry, son camarade, de se rendre avec lui, soit en
Ângleterre, soit en Espagne ; tous deux se seraient en-
gagés au service de quelque riche gentilhomme, l'au-
raient assassiné, volé, puis auraient fui dans un autre
pays. Humbert se résignait provisoirement à n'exécu-
ter qu'un moins vaste projet - pour se procurer de
l'argent, il avait résolu de fabriquer quelques faux
effets de commerce et de les négocier.
Dans l'automne de 1869, Humbert fabrique succes-
sivement quatre mandats à l'ordre du sieur Gresset,
son patron. Sur chacun de ces billets, la signature de
Gresset est deux fois contrefaite, ce commerçant y fi-
gurant comme souscripteur! et comme endosseur; il
contrefit encore sur deux d'entre eux la signature d'un
sieur. Bulle, de Pontarlier; ces deux mandats sont re-
vêtus d'une fausse acceptation. Deux de ces effet ne
furent pas négociés; Humbert garda le premier, mon-
tant à la somme de 765 francs 80 cent. ; ayant fixé
pour l'échéance une date trop rapprochée, il ne cher-
cha pas à en faire usage; au contraire, il présente le
second, montant à 1,758 fr. 60 cent., et garanti par la
fausse acceptation de Bulle, à des banquiers de Pon-
tarlier, les sieurs Cretin et Labrut, qui refusèrent de
l'escompter. Mais il parvint à rpettre en circulation les
deux autres ; l'un de 982 francs 75 cent., lui fut payé
le 25 septembre par MM. Labrut frères ; l'autre, de
1,080 fr., lui fut payé le 18 novembre, non sans quel-
que difficulté, par un sieur Raquette. Humbert ne
détermina Paquet te qu'en ajoutant sur le billet la fausïe
acceptation de Bulle et cette mention: Payable at-tI.
domici e de M. Corne à Besançon.
La nuit suivante, Humbert quittait Pontarlier, non
sans avoir pris toutes les précautions nécessaires pour
déjouer toutes les recherches. Il se rendit d'abord à
Lons-le-Saulnicr, où il acheta un revolyer à six coups
et une canne à épée, passa ensuite à Lyon et n'arriva
que le 20 novembre à Marseille., Là il dissipa dans des
maisons de débauche, en trois jours, presque tout, l'ar-
gent qu'il avait apporté. C'est ainsi quil accable de ses
cadeaux deux ou trois filles de mauvaise vie, payant, pour
les autres, étendant ses libéralités jusqu'aux infâmes
agents dé ces établissements et dépensant dans une
seule nuit plus de 100 francs en vins ou en liqueurs.
Il partit alors pour Perpignan et de là pour Port-
Vendres où il séjourna du 26 novembre au 10 décem-
bre ; il y mena une -vie oisive, dépensant au café la
faible somme qui lui restait ; là il fit son ami d'un
nommé Fricat, âgé de 15 ans ; il entretenait celui-ci de
ses projets et denses espérances, lui racontant qu'il de-
vait bientôt recevoir de sa famille une lettre chargée,
quand il lui posa tout à coup cette question : Si tu
me voyais commettre un assassinat, me dénoncerais-
tii ? — Non, lui répondit Fricat, effrayé.
Humbert lui dépeignit alors sa situation : l'argent
lui manquait, il était réduit à en trouver par un
moyen quelconque ou à se brûler la cervelle. 11 s'en-
quit des gens aisés qu'on pourrait dévaliser pendant
la nuit et se fit même conduire par Fricat jusqu'à la
porte d'un sieur Creps; mais, réflexion faite, il recula.
Le 10 décembre, ne pouva.nt plus payer son auber-
giste, auquel il avait dù remettre en gage différents
objets, notamment son revolver, Humbert partit se-
cretcmcnt pendant la nuit, après avoir, vers 11 heures
du soir, pénétré dans la cave de l'hôtel et dérobé deux
bouteilles de vin fin. Ces bouteilles ont été retrouvées
dans sa chambre.
Il revint à Perpignan, et, la nuit suivante, s'intro-
duisit sans être remarqué, dans l'hôtel du Nord, où
il était déjà desc"endu "tIne première fois en se rendant
à Port-Vendres, Il monta jusqu'au second étage, et là
^ntrr. dans une chambre non fermée à clé où, à la
lueur d'une allumette, il aperçnt. un voyageur endor-
mi : il s'approcha de la. table de nuit, et s'empara
d'un porte-monnaie contenant csr.iron 100 francs,
d'une chaîne en or, d'une montre en or, sur la cuvette
de laquelle était gravé le nom de A. Seyard; puis,
après avoir ouvert et examiné, sans le prendre, un
portefeuille qu'i! trouva dans uri paletot déposé sur un
lauteuil, Il se relira et partIt pour Marseille.
A Mars ail?, il acheta dans in bazar un<< canne
¿IUn,J" 1 c.,
Le fei'-'U'-nîaui usûrae de r.on (H"ij .C,,, c'cst-;¡-dire le
i9 ,'t"I'cr;;lJrc, il se rendit à la orra-e, dsns le dessein de
prendre le train express du sou; il avait formé le pro-
jet de prendre s n billet pour une sialion voisine, de
; introduire dans un compartiment <;.;-cùpc par un seul
voxatscur, et dt commettre ua vol et,un mCû.rLL e éga-
lement prr:;¡:',1itA. Il nrit en effet son billet pour Ro-
gnac. et le receveur Faraud lui rendit, sur une pièce
de i-'O francs, 16 francs Su cent.
Humbert avait suivi zLu buffet de la gare le docteur
Constantin James, qui venait d'Egypte, et arrivait par
le chemin de fer de Nice ; il le vit tirer de sa poche
U14 porte-monnaie 1:en garni elle garder quelques-ins-
tants dans sa main, attendant qu'on lui rendit la
monnaie, Aussi s'attacha-l-il à ses pas. ll_ monta d 'a-
bord avec lui dans un waggon occupé déjà par d'au-
tres voyageurs; puis, comme on vint avertir le docteur
qu'un waggou vide était à sa disposition, il quitta.
presqu'en même temps cette première \oitnre et vou-
lut suivre dans l'autre l'homme qu'il cherchait à dé-
pouiller. M-. James lui fit observer que le comparti-
ment était réservé ; comme le chef de gare était pri t-
à lui donner raison, l'accusé finit par monter dans
une autre voiture. A Rognac le train s'arrêta.
Humbert descendit. Il avertit les employés qu il
avait par inadvertance pris son billet pour Rognllc,
mais qu'il voulait continuer sa route. On lui répondit
qu'il pouvait la continuer, et qu'il payerait à destina-
tion. Il ouvrit alors la portière d'un wajgon qui con-
tenait trois voyageurs et la referma brusquement. Il
se dirigea vers la voiture qu'occupait le docteur Ja-
mes, la parcourut du regard, et voyant que te doc-
teur était seul, y entra vite en disant : « Voilà mon
affaire. »
. M. James s'était assou.pÍYerÍ.tre Marseille et Rognac :
il eut un mouvement de mauvaise humeur et de dé-
fiance en se voyant ainsi dérangé par un homme dont
le costume et les allures étaient suspects. Néanmoins,
s'étant assuré que le nouveau venu descendrait à la
station d'Arles, il resta complètement enveloppé dans
sa couverture de voyage, étendu sur des coussins,
céda bien vite à la fatigue qui l'accablait, et s'endor-
mit une seconde fois.
(La suite à demain.)
DRAMES JUDICIAIRES
30 ANS
DE
LA VIE D'UN CONDAMNÉ
PROLOGUE
Etrange rencontre
L'enfant avavt quatorze ans, avons-nous dit, mais
elle était déjà élancée et s.velte comme une jeune
fille, et dans son œil profond et noir, passait de
temps à autres de fauves éclairs qui donnaient à
sa physionomie, subitement éclairée, une-expres-
sion dont le caractère eût été difficile, si nain im-
possible.-à définir.
Pedro se demanda ce qui lui était arrivé et par
quel concours de circonstances bizarres il se trou-
vait dans un tel lieu et devant une semblable en-
fant.
Il voulut faire un mouvement, mais la jeune
fille se retourna vivement vers lui et mit un doigt
sur ses lèvres.
— Ne bougez pas, dit-elle d'une voix péné-
trante et douée ; vous avez encore besoin du re-
pos, et la. moindre imprudence pourrait voua être
fatale.
— Mais où suis-je donc, ici? balbutia. P&dfa de
plus en plus étonné.
— Vous êtes chez mon oncle.
— Et qui m'a recueilli ?
— Moi.
Pedro se souleva à demi.
L'enfant s'était prise à sourire. Elle s'approcha
du blessé, qui, poussé par un profond sentiment
de sympathie et de reconnaissance, lui tendit la
main.
— Ah! vous étiez dans un bien pitoyable état,
continua-t-elle, et si je ne m'étais pas trouvée là
si à propos, je ne sais pas si vous en seriez re-
venu.
— Je vous dois la vie, fit Pedro.
— Pas tout-à-fait, et, pour ce qui me regarde,
je n'ai fait qu'une chose fort naturelle et qui m'est
du reste familière.
— Que voulez-vous dire ?
— Rien. Je vous expliquerez cela plus tard,
quand mon oncle sera d'e retour.
— Il est donc absent?
— Depuis ce matin.
— Et quand reviendra-t-il?
— Aux premières heures de la nuit.
Un pli soucieux creusa le front de Pedro, et
son regard inquiet sembla interroger le visage de
l'enfant.
— Qu'avez-vous? demanda celle-ci qui avait
remarqué son trouble.
— Oh! une idée, répondit Pedro, je songeais à
votre oncle et j?. me disais que si j'attends son re-
tour, je serai exposé à une inquisition qui pourra
m'embarrasser.
— N'est-ce que cela? rassurez-vous! Mon onde
est discret par caractère autant que par profession,
et pourvu qu'on le laisse faire tranquillement la
contrebande, il n'empêchera jamais les autres de
faire leur métier.
— Comment donc s'appelle cet excellent hom- !
me?
— Hinaldo Luccatelli.
— Et qui pensez-vous que je sois moi-même?
interrogea Pedro avec intérêt.
L'enfant eut un regard singulier.
— YÛUEL! répondit-elle d'une voix ferme qt dé-
gagée de toute émotion, vous vous appelez Pedro,
vous avez assassiné Mme Dupvat, et vous vous
êtes évadé ce matin, au moment où l'on préparait
[votre supplice. s
Pedro eut vu sortir de son grabat un de ces r
petits serpents corail dont la blessure est mortelle. &
qu'il n'eût pas été plus terrifié qu'en entendant ^
les paroles de l'enfant. n
! Elle savait tout! Son crime, sa condamnation,
son évasion. Elle n'avait qu'un mot à dire pour d
le livrer. t,
Il se crut perdu ! Ii
Une sueur, glacée inonda son front, une impré- ^
cation de haine souleva sa poitrine, et son regard 11
plongea à travers la fenêtre, comme s'il eût voulu t
s'élancer au dehors. s
L'enfant l'arrêta du geste. r
- Le moment n'est pas venu, dit-elle avec le j;
même calme, et j'ai besoin que vous restiez en- \
core sur ce grabat. *
— Mais... vous oubliez... *
— Je n'oublie rienl \
— A cette heure,on me recherche avec activité.
■— J'en suis convaincue. <
— Et s'ils viennent de ce côté? s
— S'ils viennent de ce côté, cela pourra gêner 1
mon oncle ; mais vous y trouverez certainement !
votre compte. [
— Je ne comprends pas.
L'enfant se dirigea, sans répondre, vers la fe-
nêtre qu'elle ouvrit, revint vers la porte qu'elle
ferma, et après s'être assurée qu'aucun bruit
ne &e faisait entendre au dehors, elle re-
tourna auprès de Pedro, qui suivait tous ses mou-
vements d'un œil ardent et anxieux.
-pegro, dit-elle d'un ton résolu, écoutez-moi,
et. retenez bien ce que je vais vous dire. Cette
nuit, mon oncle et moi, nous quittons Malte.
— Est-ce possible? interrompit l'Espagnol.
— Mon oncle s;ennuie, il y a un an qu'il habite
ici,«et ses affaires n.'ont pas prospéré, la police lui
en veut et le traque, son commerce est à chaque
instant troublé, et il est décidé à se soustraire à
1 toute nouvelle vexation.
— Eh bien ?
— Dans une heure, une barque pontée vien-
dra s'embosser dans une crique qui est devant
: ; nous, la nuit sera noire, on pourra embarquer
tout ce que l'on voudra ; d'ailleurs, mon oncle
savait depuis ce matin que l'on était à votre re-
cherche, et il se doutait bien que l'on ne s'occu-
perait pas beaucoup de lui.
— Mais si cependant la police dirigeait ses in-
vestigations vers cette partie de l'île ?
— Il y a songé.
* — Qu'a-t-il fait?
— Il s'est rendu à la ville, afin de parler à Ma-
th éus.
— Qu'est-ee que Mathéus?
— Un agent secret de la police, jeune homme
fort bien de' sa personne, qui, depuis quelques
mois, me fait une cour assidue.
Et votre oncle est allé le trouver?
— Sans doute.
— Pourquoi faire?
— Pour lui dire que je l'attendais.
— Vous allez donc le recevoir?
— Avec mon plus doux sourire.
— Ici?
— Dans cette chambre.
— Cette nuit?
— Dans quelques instants.
Pedro voulut parler, mais la jeune mie venait
de s'élancer vers la fenêtre et s'était penchée au
dehors.
— C'est lui ! s'écria-t-elle en frappant dans ses
raaânB-avec joie.
— Qui, lui? fit Pedro.
— Mafch£u« donc l
— L'agent?
— Ecoutes, c'est son pas, je le reconnais; le
roiei.
' —Mais, je suis perdu!
p — Tout va bien, au contraire; gll,.Mgez-vous seu-
lement dans le lit, tournez votré visage vers la
ruelle, et, quoi que vous entendiez, ne- bougez de
là que sur une injonction formelle de ma part.
EUe allait se diriger vers la porte, quand une
pensée subite la retint.
— J'oubliais! dit-elle en présentant à Pedro
un poignard qu'elle tira de sa ceinture; comme il
se pourrait qu'il se passât ici des choses graves, il
n'est pas inutile que vous soyez armé. Prenez
' donc ce poignard, et faites ce que je vous ai dit.
Pedro prit l'arme qu'on lui offrait sans se ren-
dre bien compte de l'usage' qu'il en pourrait faire,
,et -pendant qu'il se glissait dans le lit et se tour-
nait vers la ruelle, conformément à l'ordre qu'il
avait reçu, la jeune fille alla ouvrir la porte à
PIERRE ZACCONE.
(La suite d demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
MALADIES RÉGNANTES
L'mémie, la ch'-or&st.-— Remèdes et }ty.r¡ièile. — La.
lancette est devenue depuis quelques années, dans les
mains du médecin, un instrument presque sans em-
ploi., Est-ce que la mode, dans le traitement des ma.
ladiés, par une réaction qui lui semble habituelle, a.
changé tout le système des traitements médic&ux?
Non. Ja ne crois pas qu'il existe aucun praticien qui,
certain de soulager son malade en ouvrant la veine
pour en tirer du san;?, renonce à ce moyen énergique
et puissant lorsqu'il lui parait évidemment indiqué.
Serait-ce donc que les conditions générales du milieu
dans lequel nous vivons ont profondément modifié h
constitution commune? En cfTc*', an;refois, moins api-
tés, moins préoccupés du présent et de l'avenir, pins
modérés dans nos désirs et dans nos aspirations, la
vie s'écoulait dans un travail rc!{uliei', suffisamment
rémnnéi'a'cur, tempéré p du repos dont l'iuic-rmit-
tenco était gaiement .régies par une benne économie
domestique. -
Les fonctions organiques s'accomplissaient sans
trouble. Le sang., plus reposé, réparait quotidienne-
ment ses pertes, et, si une maladie survenait, il y
avait dans l'énergie d'un tempérament sanguin, g-éné.
ralement dominant, une puissance de réaction qui per-
mettait d'en diminuer la masse, soit par la saignée gé-'
nérale, soit par la saignée locale.
Actuellement, la déclaration et la marche des mala-
dies sont presque toujours insidieuses. Le sang est
toujours insuffisant, ou par la quantité, ou par la qua-
lité, et un état nouveau, l'anémie (insuffisance du sang)
vient se substituer à la pléthore (surabondance du
liquide nourricier).
L'anémie constitue une dégénérescence du tempéra-
ment sanguin. Elle consiste, non pas seulement et ab- .
solument dans; une diminution de la masse du sang,
mais dans une diminution du nombre normal de ses
globules.
\ La moyenne des globules, d'après les physiologistes,
est de 127 sur 1000. Ce nombre étant abaissé à SO, la
sang commence à êtie morbide; il est tout à fait dé-
généré à 60 ou 50. Avec l'abaissement des globules
. augmente la quantité d'eau du sérum.
On sait que lorsqu'on examine au microscope le sang
d'un homme ou d'un animal vertébré, on aperçoit, en
suspension dans un liquide transparent et incolore,
r une multitude de corpuscules rou^eàtres : ce sont les
\ globules du sang ; ils sont aplatis, en forme de dis-
ques, et renflés sur leurs bords ; leur diamètre est
d'environ un cent-vingtième de millimètre. Formés par
une enveloppe incolore, ils contiennent un liquide al-
" bumineux, coloré en rouge par une substance appelés
' hématoine. Cette matière elle-même est composée de
t carbone, d'oxygène, d'hydrogène et d'azote, et d'une
- petits proportion de fer. ^
M. Claude Bernard les appelle éléments respiratoires :
« Ils circulent, dit-il, avec le sang et viennent alterna-
« tivement absorber l'oxygène au contact de l'air, à la
> « surface des poumons, pour l'emporter ensuite dans
5 « la profondeur du milieu intérieur, au contact des
« éléments histologiques fixes (tissas organiques). »
Ils président donc à la respiration, fonction la plus im-
3 médiatement indispensable. Par leur diminution, non-
(i seulement la chaleur normale diminue, mais la répa-
e ration ne s'accomplit pas. Le système nerveux est ir-
, régulièrement excité, puisque l'oxygène des globules
agit faiblement sur. eux. Aussi perut-on s'expliquer,
quand la l'anémie est portée à un haut degré, la pâleur
e la peau et des muqueuses, des lèvres, par exemple;
;- le trouble de toutes les fonctions, le dégoût des ali-
it ments; les irrégularités de la digestion (dyspepsie), la
,r petitesse et la fréquence du pouls, la gène dans la
respiration, la tristesse, les douleurs nerveuses (névro-
ses diverses). Cet état, voisin de la chlorose des jeunes
filles, en diffère cependant en ce qu'il arrive rarement
l" au degré qui constitue cette crise si difficile de la puberté
chez la jeune femme déjà prédisposée par le tempéra-
i- ment lymphatique et la susceptibilité nerveuse.
L'anémie essentielle et sans complication est com-
battue par l'usage des préparations martiales, nom
mythologique et emphatique donné par les anciens
aux médicaments ferrugineux. Il sont nombreux. Les
l~ meilleurs sont les sels de fer très-solubles et facile-
ment assimilables.
On emploie avec succès les amers, le quassia amara,
ie par exemple; les toniques, tels que le quinquina. J'ai
déjà donné une formule pour préparer le vin de quin-
quina. Un jeuue chimiste, M. Mariani, obtient un ex-
trait par lequel il dépouille la précieuse écorce de tout
ce qu'elle contient de principe actif. Il n Y reste plus
rien d'utile. C'est un avantage, surtout pour les clas-
r ses nécessiteuses, qui peuvent, sans perte de temps et
de substance, préparer, avec le vin de leur table, un
excellent remède et qui revient à environ un tiers da
moins de la dépense ordinaire.
Comme précaution hygiénique, les personnes jugées.
anémiques porteront habituellement des vêtements de
laine. Les frictions sèches sur la peau avec une forte
flanelle leur seront très-utiles, et, quand à leur nour-
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