Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-18
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 juillet 1872 18 juillet 1872
Description : 1872/07/18 (N2263). 1872/07/18 (N2263).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47160634
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
L'AFFAIRE DU TASTOUS
Avant-lner matin, à'huit heures et demié, MM::
|e la'Bouverade, procureur de la République;
peyrecave, substitut, et de Mrolis, ju,,ee d'instruc-
tion, arrivaient au Barp pour procéder à un sup-
plément d'instruction dans l'affaire du facteur
Mano. Si les renseignements qu'on nous fournit
isont exacts, les magistrats auraient d'dbord in-
I errogé les enfanta de l'école; après quoi, le fils
du maire, Taste, serait allé au Barbara. chercher
'le fils aîné de Mano, qui était chez son»oncle.
En arrivant au Barp, l'enfant demanda tout d'a-
bord s'il y avait des gendarmes. Il lui a été ré-
fpondu , négativement (les gendarmes, en effet,
se tenaient cachés pour ne pas effrayer les en-
fants).
Le jeune Mano, ayant été conduit ensuite à la
-mairie, aurait répété les déclarations qu'il avait
[déjà faife^ devant le juge 'de paix de Belin ; à
ravoir que, dans la nuit du crime, son père se-
trait venu le remuer dans son lit, probablement
pour s'assurer qu'il dormait. Un moment après,
Il aurait entendu la voix de sa pauvre, mère
. priant : « On me tue ! »
u: Le parquet s'est ensuite transporté auTastous.
f Arrivé sur les lieux, le jeune enfant a montré,
le coffre où, la nuit même du crime, son père
savait serré un pantalon. On aurait parfaitement
reconnu au fond du eoffre trois taches de sang
;que personne n'avait remarquées jusqu'alors.Les
magistrafs ont ordonné de couper le bois du
(coffre, pour qu'il soit soumis à l'examen des
fhommcs de l'art.
'f Toujours d'après les renseignements qui nous
sont fournis, et que nous avons tout lieu de
croire exacts, quoique nous les d innions sous
les plus. expresses réserves, Mano, la nuit ,du
cime, aurait appelé son plus jeune fils couché
avec l'a:1né, et se serait approché du lit pour s'as-
Eurer si les deux enfants dormaient. L'aîné, qui
ne dormait pas, aurait cependant simulé le
.lommeil, effrayé qu'il était par les cris de sa
mère.
I L'enfant aurait déclaré que la crainte de son
père et des gendarmes l'avait seule empêché de
taire plus tôt ces révélations. (Petite Gironde.)
AFFAIRE CREMER
Suite de l'audience du 15 juillet.
M. de Serres et l'ex-général Cremer.
— Exécution sans jugement du
sieur Arbinet, soupçonné d'intelli-
gences avec l 'ennemi.
Nous revenons un pau sur la physionomio
au commencement de l'audience.
On remarquait à rentrée du 'palais et dans <
le voisinage un certain déploiement de force
armée. On interprète mal celte mesure. Elle
est plutôt pour faire honneur à la composition
du conseil de guerre que pour assurer la tran-
quillité publique. Cette affaire excite la curio-
sité, niais elle ne passionne personne.
I A midi précis, le Conseil est entré en séance.
fA la droite du maréchal Bar. guoy-d'HillMrs
est assis le maréchal Canrobert, à gauche est
placé le duc de Magenta, maréchal de Mac-
Mahon.
• M. le président fait donner lecture des dis-
positions du code de justice militaire qui ré-
prima sévèrement toute manifestation et même
un geste que 85 permettrait un assistant.
Les accusés sont introduits et conduits par
un huissier à leur place. M. Auguste de Serres
déclare avoir 3i ans, être né à Bayonne; 11
est secrétaire de la compagnie autrichienne
des chemins de fer de l'Etat. M. de Serres e3
déport ; c'est un homme de tallle élevée, por-
tant t')ufe sa birbi fit d'une tournure comme
d'une figure assez distinguée.
t M. GamilleCremer annonce trente-deux ans;
il est né à Sarreguemines (Moselle). Il n'est
plus au service ; mais avant il avait la grade
de général de division au U eTe de l'armée auxi-
liaire. M. Cremer a une psiite tête, une figure
fine et aux traits presque effacés. Le sourira
semble être l'expression habituelle de sa phy,
sionomie. Il a aussi toute sa barbe ; ses che-
veux sont coupés raz, lorsque ceux de M, dé
• , Serres sont bouffants.
> ■ ' M. le greffier donne lecture de la liste des
■ témoins à charge et à décharge. MM. Do bois
et Lévêque, députés à l'Assemblée -naUonale,
'• répondent à l'appel; M. Carayon-Latour n'est
pas présent, Le général Bourbaki répond, mais
il demande au maréchal l'autorisation, en rai-
1 ! son de ses fonctions, de ne venir à l'audience
qu'au moment où sa présence sera nécessaire.
Le général Clinchant a écrit au président du
conseil aussi bien qu'à M. de Serres qu'il ne
pouvait pas venir.
La foule est immense dans la salle; on re-
marque d'assez nombreuses dames à la tribune
du fond qui fait face au conseil. On compte
dans l'auditoire beaucoup de membres du bar-
reau et de militaires de haut grade.
Lecture est faite ensuite du rapport que nous
avons déjà publié. Il résulte ensuite d'une
lecture du décret signée Léon Gambette, qui
nomme M. Cremer au grade de général ,da di-
vision, un petit débat entre le président et
l'accusé. La pièce que possède le conseil porte
la date du 16 janvier 1871. M. Cremer déclare
qu'il avait déjà ce grade au moment de l'exécu-
tion d'Arbinet, qu'il n'y attache du reste au-
cúnè importance; seulement, le conseil de
guerre composé comme pour juger un général
de division ne serait pas compétent. : , :
INTERROGATOIRE DES ACCUSÉS
Le maréchal président. — Monsieur de Serres, c'est
sur la plainte de la veuvè' Arblaet que le procureur de
! la République de Beaune vous a fait poursuivre pour
| meurtre sur la personne.du sieur Arbinet.. Qu'avez-
vous à répondre?
I M. do Serres. — Pour ma justification, je dirai
qu'étant à Cbâlon, dans le cabinet du préfet,, j'appris
le3 circonstances su milieu desquelles l'arrestation avait
eu lieu : il avait acheté une quantité énorme d'appro-
visionnements. J'apprenais aussi, les agissements dont
Il &e servit pour fe d-érober aux poursuites eommpn-
cées contre lui. Je crus qu'il était à propos dé faire
! acte de vigueur dans des circonstances aussi graves.
Je pris la plume ponr écrire la dépêche que vous, can-
naisaez. Je regardais le texte de cette dépêche comme
un appel à l'application rigoureuse et immédiate de la
101. La dernière phrase signifie pour moi « Agissez
vitel »
Cet acte avait principalement pour but d'arrêter le
débordement de faits nuisibles à la défense générale.
Je fus très-ému lorsque j'appris qu'Arbinet avait causé
avec le général BoarbaM, -qu'il s'était échappé, dloque
la- présence du général allait être. signalée.
M. le maréchal président. — Vous ne dîtes pas au
général Cremer de; traduire Arbinet devant une cour
martiale. Vous lui dîtes tout simplfment : Mettez-le à
mort ! dès que vous aurez constaté l'identité et la qua-
lité du personnage.
R. Lorsque j'al écrit la phrase : « Constatez la qua-
lité du personn?ge> » pour mol Cela signifiait constatez
qu'il est espion et - pourvoyeur, et voyez ce que vous
■ avez à faire. Il est bien évident que, pour moi, sa qua-
lité n'était pas celle d'épicier à Dijon.
'J M, le maréchal président. — Mais nen, voua con-
naissez trop bien la portée des termes pour croire qu'i-
dentité signifie antre chose que ceci : Voyez si cet Ar-
binet arrêté est vraiment Arbinet.
R. Pardon, maréchal; j'ai voulu dire constatez d'a-
bord l'Identité de l'individu et puis sa qualité d'es-
pion.
M. le maréchal président. -'Mais vous-même vous
lui donnez ces qualifications dans votre dépêche : vous
appelez Arbinet espion et pourvoyeur des Prussiens ;
vous ne mettez pas l'accusation dirigée contre Arbinet
un seul instant en doute.
M. le commissaire du gouvernement, général Barry.
Evidemment, pour M.' de Serre?, Arbinet était pour-,
voyeur et espion des Prussiens. La constatation de l'i-
dentité ne pouvait consister qu'en ceci, de faire dire à
Arbinet : « Je suis Arbinet, épicier à Dijon. Il Vous
parlez dans votre dépêche de l'autorité civile ; mais
.elle n'avait rien à faire dans la convocation d'une cour
martiale.
R. J'écrivis cette dépêche dans un élan de patrloe
tisme ; peut-être ne fus-je pas bien clair ; mais je
croyais que le général Cremer appliquerait les lois d-
la guerre. '
M. le maréchal président. — Il est bien de servir
son pays avec patriotisme ; mals le patriotisme n'exclut
pas la régularité et l'observation des lo!s. Et puis vou3
vous êtes mêlé de ce qui ne vous regardait pas. Voire
mission était bien définie, il s'agissait pour vous de
veiller au transport des troupes par les chemins de
fer.
Vous prétendez que, dans votre pensée, le général
* | v.rçj&éï dcVà1t convoquer nfis cour, martiale; cèpéil^
. f «aaiïé vous n'avez pçis été. surpris quand, le iendemd",
) I ayez leç'i u'.e .dépêche vous annonçant qu'A) hi.
net a^âit été fusillé immédialemep.th.'
R. A cse ïnc^ment jé venais d.o découvrir i an pfril
| de ma vie, Une voie cachée sous la neige et •paf la-
1 quelle je pouvais raira arriver très-rapidement î'airmée
jusqu'à Dôla, fe ne m'arrêtai pas à cette dépêche et je
i ne hs pas la réflexion qu'Arbiuet n'avait pas été jugé-
; par une cour martiale.
J'ai à ajouter nn détail : Arbinet avait donné au gé-
néral Bourbaki des renseignements exacts pour la to-
pographie, mais Il annonçait toujours pour les diverses
localités des effectifs Inférieurs à la. réalité. On ne
pouvait voir là qu'un système arrêté. Ainsi il disait
qu ',il n'y a-.,alt plus qpe des malades à Dijon, et il y
avait iJO,COO hommes; il déclarait trente pièces d'ar.
tillerie dans Dijon et il y en avait plus de soixante.
M. le commissaire' du gouvernement. — Mais les
forces prussiennes ont varié à chaque Instant. D'ail-
leurs le général de Busseroles a reconnu- l'exactitude
des renseignements donnés par Arbinet. ; ■ '
Me Mllthevon, défenseur de M. de Serres, — Cé-
pendant, il fa t remarquer que le général Busseroles a
fait arrêter Arb'net.
M. le commissaire du gouvernement. — Ou!, et il
l'a fait relâcher.
Mc Mathovon. — Sans doute ; mais l'inspection du
général sur Arbinet était si mauvaise qu'il le fit re-
prendre le lendemain.
M. le maréchal président. — Comment sé fait-Il aue
M. Cremsr ait considéré votre dépêche comme .un
ordre?
M. de Sarres. — Je n'avais pas la prétention de Ici
donner un ordre.
M. la président. On paut croire que vons aviez
pris à l'égard du général une attitude telle qu'il; voua
considérait comme un supérieur.
Lorsque vous avez rédigé votre dépêche et que vous
l'avez lue devant le commissaire de police Georges,
ceM-ci vous a dit : Comment, sans jugement? Vous
lui avez répondu : Qui donc commande )ci?...
M. de Serres.—Je n'ai pas prononcé ces pa'o'es. Si
tant est qu'elles aient frappé les oreilles de M. Geor-
ges, el'es n'ont pas été prononcées par moi. -D'allleurE;,
M. Je piésident voudra bien remarquer que M. Geor-
ges a varié là-dessus dans ses diverses déclarations.
Puis l'accusé cite plusieurs témoins auxquels Arblnet
avait en quelque sorte avoué son rôle auprès des Prus-
siens. Mme Arbinet s'était plusieurs fois jetée aux pieds
de son mari pour l'empêcher de partir et de voyager
comme il le faisait.
M. le commissaire du gouvernement. — M. de Ser-
res a dit aussi dans l'instruction que M. Luce- Vil lard
lui avait déclaré qu'à l'Hôtel de la Coche, Arbinet,
quelques instants avant de mourir, lui avait fjic des
aveux. Or, M. Luce Villard donne là dessus un dé-
menti formel à M. de Serres ; on l'entendra.
M. de Serre;:t.- Je n'ai parlé qua de ce que M. Luce
Villard m'avait dit à moi-même.
M.le maréchal présideut.— Vous avez ordonné aussi,
l'arrestation d'autres personnes.
M. de Serres. — C'était pour le même fait qu'Arbi-
net. Je croyais servir mon pays en agissant ainsi.
M. le ma:échal président. — Vous vous mêliez de
ce qui ne vous regirdait pas ; vous n'étiez pa3 mili-
taire.
M. de Serres. — Je me considérais comme mili-
taire.
M. le commis? aire du Gouvernement. — M. de
Serres n'est pas naturalisé Français ; il n'a pas satisfait
à la loi de la conscription. Cependant, il s'est présenté
comme candidat à la députation i Bayonne ?
M. pour gagner mon titre de Erarçais. J'avah pris une
arme, mais on médit : « Vous pouvez nous rendre de
meilleurs services. II Il y a d'ailleurs un décret de la
dé-légation du Gouvernement de la défense nationale
conférant le titre de Français à tous, ceux qui pren-
draient les armes.
Je ne suis pas si étranger à la France; j'y al fait
10utes mes études.
M. le commissaire du gouvernement. — Vous vous
nommez1 Wiczflnaki, et vons vous faites appeler de
Serres? Est-ce que vous êtes noble 7. .
M. de Serres. — Je n'attache aucune importance à
mes tifres... Il y a Ici des piècss authentiques.
Me DnlJost, défenseur. — Ce point n'est pas en
cause ; mais nous avons ici les pièces et un nkase éta-
blissant qae M. de Serres appaflient à une bonne no-
blesse du gouvernement de Volhynie. Quoique mon
client s'appelle Wiezfinskl, il a piis le nom de de Ser'
re3, comme plus facile à prononcer; c'est du reite le
nom de sa mère. ' r , ,
L'audience est suspendue à 3 heures moins un quart
et reprise 1.3 lieures. ,..
M. le président. — Nous allons interroger le second
accusé, le général Cremer.
M. Cremér donne les explications suivantes s
Le sieur Arbinet s'introduisit subrepticement au café
Goby à Beaune, 'dans une pièce que j'avais fait réser-
ver pour le général Busserolles. Il s'offrit à donner des
renseignements sur les forces prussiennes, car il se
. - ... - " " 1— —rr —*
présentait Mmm m homme atf péril de sa viel
avait traveirse les lignes prussiennes. Ii commença par
me donner des renseipëmenls à mai qu'il rencontra?
le premier. Or, les laft.rm tttoas qu'il me fournit sli
trouvaient fausses en lès comparant à celles que j'avais
par men espions. Ainsi il disait que DJjon presque
abandonné par les ennemis, et que les habitants noutf
attendaient 'pour prendre les armas et nous souleni!',,':
Rien n'é'ait plus faux.
Arbinet était muni de laissers-paaaers prussiens, qui
ont disparu depuis l'exécution, m&ia qui ont été vus 4.
la prison de Beaune.
M. le commis-aire du gouvernement. — Ce demie?
point est vrai et acquis aux débits. >
M. Cremer, venant à l'eiécuiloa d'Arbinet, déclare
qu'il considéra la dépêche de M. de Séries comme un
ordre formel de fusilier cet espion. Il reçut l'ordre à
midi, à quatre heures Arbinet était passé par les armes;
et à 4 heures et demie j'en rendais compte à qui de
droit.. >
•M. le maréchal président. — Qr.àl est le titre qui
vous a fait regarder M. de Serres comme votre supé-
rieur?
M. Cremer. — Je^n'ai va ni titre ni actes; mats
tout; Je monde considérait M. de Serres comme un
commissaire du gouvernement auprès de l'armée, et
en agissant ainsi, j'ai, comme les autres militaires et
comme toutes les autorités, — c'était l'opinion una.
nime, — j'ai exécuté l'ordre qu'un supérieur m'a
donné sous sa responsabilité; je n'ai été qu'un instru-
ment.
Si vous me poursuivez pour cela, on pourrait pour?
suivre également le sergent qui a commandé le feu.
M. le commissaire du gouvernement. — Non, co
n'est pas la même chose.
M. Luce-Villard n'a-t-il pas dit à M. Cremer : « Fa2
siller sans jugernen ? » Vous lui auriez répondu : « Je
reçois un ordre, je l'exécute. »
M. Cremer. — Je ne me rr.ppclle pas ces paroles 1
mais les eussé-je dites, je prendrais la reEpODsabilité'..
M. le maréchal président. — Vuas êtes conséquent
avec vos principes.
M. le commissaira du gouvernement. — Vous avez
aussi, donné l'ordre à la Faucille, do fusiller un nommé ■
Dubois. M. Gaillard à qui vous aviez donné cet ordre,'
refusa de le faire sans ordre écrit. Il differa l'exécu-,
tion. Cet homme fut traduit devant une cour martiale
et acquitté.
M. Cremer. - Ce qu'il y a de cmicux, c'est que
moi le principal témoin du fait, je n'al pas été appelé
devant la cocr martiale.
M. le commissaire du gouvernement.— M. Gaillard
a déclaré que l'ordre que vous lui donniez n'était que
veJlml.. " 1
M. Cremer. — Pas du tout ; il y a des témoins ; 11 y
a mon frère sur qui cet homme s'était jeté.
M. le président. — C'est votre jerno frère ; il sural,
entendu, mais c'est un parent.
M. Cremer. — Quant aux exécutions sornroaireq;'
elles sont fréquentes en campagne.
M. le commissaire da Gouvernement. — Entre
Français?
M. Cremer. — Pendant le combat, oui. Et l'exécuz
tlon de Milllère! Lisez la déposition de M. Garoin¡
dans l'enquête sur le 13 mars.
M. le commissaire du Gouvernement. — Ceci est de
la guerre civile.
M. le maréchal président. —' On conçoit que dana
le combat, en guerre civile, on tue, on fusille, cela
n'est pas permis, nuis es la se falt. Mais hors du com-
bat, jamais.
AUDITION DES TÉMOINS.
M. Jean-Bap'iste Co'i, 36 ans., ancien sons'préfet de
Beaune. sous-p-réfet de Corte.
Tandis que les populations si patriotes de la Côte*
d'Or étaient menacées de. l'invasion des Prussiens, il
circulait dans les campagnes des individus que l'on Y---j
gardait comme des e:-p!ons. Dans ces chC'lmtancoo, *
je reçus du général Busseroles une dé ê.:ise qr il me
prescrivait de procéder à l'arrpsiatlon o'Arbinet; mais
on ne put mettre la main sur lui.
M. Je président. —Avcz-vocs communiqué votre dé;
pêche à M. de Serres?
R. Oui, maréchal, je le? lui ai ton'es communiquées?
M* la maréchal préfjdeDt. — Serres nie avoir
connu la dépêche. C'est cette même du délégué du
ministère de la guerre dans lagoel1a il disait de
faire arrêter Bassot et Arbinet, et de les traduire da- •
vant les tribunaux, et d'agir avec une impitoyable
énergie. \
Le témoin. — Oui, celte dépêche a été communl»
quée par moi à M. de Serres. 1
M. le maréchal prësideat. — Donc M. de Serres sac
vait qu'il fallait faire passer Arbinet devant en tribu-
nal., Vous rappelez-voas que Georges, commissaire de
police, ait' dit à M. de Serres que c'était aller un peu
vite?
Le témoin. — Je ne me souviens p,u de cete. D'ail-
leurs, j'ai promis de dira la véiicè,_ et je n'y msnqae'
rais pas devant un triteinisl que je .;ousidéie comme
l'expression la plus élevée de l'honneu:' français. (Mou<
vement.) / J
N° 89. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXX
Les idées de M. Willcomb.
Quelques jours après son duel avec Markoff le
Disparu, le comte Powschine dînait, ainsi qu'il
avait été arrêté, en tête-à-tête avec M. et Mme
Willcomb.
Elise ne pouvait plus conserver aucune pré-
tention contre le pas ager adorateur de la Mont-
'Carmé, devenu le sau veur de son mari. Aussi le
trcavart-elle ce qu'il était en ellet, quoique avee
^ne un peu étudiée: un cbarïhantcop.v.ivéi
Son instinctive défiance envers ce demi-mondain
se transforma rapidement en reconnaissante cor-
dialité.
Au dessert, la jeune femme entama le chapi-
ire des remerciements, pour la victorieuse inter-
vention qui avait empêché la rencontre de 1
'Georges et duL Cosaque.
, t Madame,répondit trèfJ-babilemcnt le boyard,
x est. à mon ancien hôte des steppes qus j'ai
l'cndu un service de premier ordre: en provo-
quant, d'une façon ou de l'autre, sa fuite, Vje lui
al sauvé la vie..
— Comment ceh, s'il tous plaît? >
! —Des compatriotes de votre mari se sont ]
j trouvés dernièrement avec moi, s'extasiant sur
: son adresse au sabre, arme choisie pour le com-
bat. Or, quoique mon bheick passe dans sa tribu j
pour manier admirablement le cimeterre, je
crois que le tireur civilisé aurait fini par planter
sa pointe au cœur du sauvage.
— Ma foi,, non! déclara l'Américain. Je me se-
rais contenté d'un désarmement tout à fait ano-
din, ou d'un simple coup de manchette. Cela, eût
suffi pour abaisser la vanité de ce Hun mo-
derne, qui croyait s'imposer à nous, gens intel-
ligents, par la brutale supériorité du bretteur.
— Diable! fit le Russe, il ne faudrait pas trop
vous fier à la passe indiquée ; ça se pare, avec
une certaine botte qui vous traverse votre
homme.
. — Eh ! mais vous excellez donc à toute 'a'rme,
vous? lui demanda en riant le Virginien. ; >
— Je suis à peu près de même force à l'épée
et l'GBpadon -qu'au pistolet, répondit modeste.
ment Pétrus.
•— Or, vous coupez les boucles de cheveux à
trente-cinq pas ! ' > ,
— Et, à cinquante, une balle sur la lame.d'un
couteau.
— Mais c'est à faire frémir, un pareil talent de
destruction ! s'écria Elise.
— Rassurez-vous, madame, je ne l'emploie
guère : témoin Markoff, mon fastidieux , ex-
sauveur.
— Et j'aurais agi comme vous én\crsl'hetman,
sans, être le fils, de sa Rédemption, reprit Will-
comb. Diable ! je ne voulais certes pas la mort
de cet Attila au petit pied... figuratif. Je respecte
bien plus que cela l'existence humaine, même >
quand elle se rapproche de celle de la brute. I
— Oui, approuva Powschine. je compr^ads, j
comme vous, qu'il ne faut chercher de dénom-
ment tragique à nos affaires d'honneur que si
l'honneur réel s'y trouve engagé. Ainsi, qu'un
père, pour venger sa fille séduite, pu qu'un ma-
ri, pour tenter de punir le corrupteur de sa
compagne, veaillent tuer ou mourir: bien, j'ap-
p prouve ! ,
; — Pardon, mais j'admets encore des dis-tinc-
tions dans le dernier cas cité, dit le Transatlanti-
que. Certes, si un fat cherche à détourner. :une
femme de ses devoirs conjugaux, s'il arrive à, la
compromettre malgré elle, et que celle-ci con-
= fesse la situation a son protecteur légal, je trouve
.l'époux • bien sot de risquer ses, jours contre
! l'impertinent, ridiculisé déjà par son échec awou-
. reux.. ;
— Mais enfin, que voulez-vous qu'il fasse, si,
par exemple, le galant éconduit use de la ç-a-
: lompie) ;pour s'attribuer un fallacieux triomphe ?
i—Je veux bien me. supposer un. instant, ; à sa,
place pour vous répondre. J'admets, par contre,
. qu'il a mes ressources, de force physique, et les
idées un peu... primitives, d'un naturel -idu Nou-
veau-Monde comme moi...
; i-. — Eh bicJ;lÎ;Je . ,
— Eh bien, je choisirais l'endroit le, plus pu-
blic passible, pour rosser d'importance mon don
Juan manqué, en lui expliquant 11 raison .,d!e, ma
correction manuelle, et en l'ayertissan.t qiie>Jtout
appel de sa part sur le .terrain obtiendrait pa-
reille réponse... touchante de la,njieiine, „,
— Vous plaisantez t. '" ,. I
— îjfon, sur ma parole, proféra avec une froide
énergie l'Américain. , Pourquoi accu,ei!Ierais-je
autrement que le chien ^roverfel dan?. un jeu
de quilles, le présomptueux étourneau se jetant
à l'étourdie ~ au'milieu de fflQn bonheur ma-
ritale - •
— Mais quand l'épouse a succombé ?... Quand
Adèle a rencontré son Antony, ne trouvez-vous
pas que le colonel d'Hervey doit tout tenter,
' loyalement s'entend, pour supprimer le séduc-
teur? 1
— Si le colonel aime profondément Adèle, ar-}
ticula Georges, d'un ton sobre, et convaincu,'
s'il sent que le désespoir de sa trahison sera in-
curable, il cherchera bien plutôt à être tué par
Antony qu'à l'égorger. Une femme coupable
adorât-elle follement son armant, tôt ou tard
l'horreur lui viendra sous ses caresses, si sa
main impie est tachée du sang, de celui dont
elle a porté le nom, devant les' hommes... et
devant Dieu. r:
— 'Mais, messieurs, intervint la pupille de
Cambronne, savez-veus que votre conversation
n'est ni des plus morales ni des plus gaies, et
surtout qu'elle ne m'intéresse nullement, moi?
Au lieu de toutes vos horreurs supposées, reve-f
nons à la vérité et à l'actualité. Avouons que,;
malgré toute sa science sabrante et scabreuse,
mon paladin pouvait fort bien ne pas sortir sain
et sauf de la bataille wvec le héros aux repentirs
si elle s'était effectuée ?
- Non! il ne me serait rien arrivé de fâ-!;
cheux, dit avec une assurance railleuse ; le Vir< j
ginien. • '. - f-"3
— Voyez-vous cela ! Monseigneur est donc plus
invulnérable qu'Achille, qu'on pouvait au moins
blesser au talon ? " ... ' ' >
— Oui! j'ai ou plutôt j'avais un talisman biea
autrement puissant que la trempa de l'eau da
Styx... et tu le connais, ma chère.".. ^
JULES CAUVAIN.
(La suite à demain.) ~:~ '. - ./j-.. ~l,-
Lv4 le, numé)o d'hier» -.
Avant-lner matin, à'huit heures et demié, MM::
|e la'Bouverade, procureur de la République;
peyrecave, substitut, et de Mrolis, ju,,ee d'instruc-
tion, arrivaient au Barp pour procéder à un sup-
plément d'instruction dans l'affaire du facteur
Mano. Si les renseignements qu'on nous fournit
isont exacts, les magistrats auraient d'dbord in-
I errogé les enfanta de l'école; après quoi, le fils
du maire, Taste, serait allé au Barbara. chercher
'le fils aîné de Mano, qui était chez son»oncle.
En arrivant au Barp, l'enfant demanda tout d'a-
bord s'il y avait des gendarmes. Il lui a été ré-
fpondu , négativement (les gendarmes, en effet,
se tenaient cachés pour ne pas effrayer les en-
fants).
Le jeune Mano, ayant été conduit ensuite à la
-mairie, aurait répété les déclarations qu'il avait
[déjà faife^ devant le juge 'de paix de Belin ; à
ravoir que, dans la nuit du crime, son père se-
trait venu le remuer dans son lit, probablement
pour s'assurer qu'il dormait. Un moment après,
Il aurait entendu la voix de sa pauvre, mère
. priant : « On me tue ! »
u: Le parquet s'est ensuite transporté auTastous.
f Arrivé sur les lieux, le jeune enfant a montré,
le coffre où, la nuit même du crime, son père
savait serré un pantalon. On aurait parfaitement
reconnu au fond du eoffre trois taches de sang
;que personne n'avait remarquées jusqu'alors.Les
magistrafs ont ordonné de couper le bois du
(coffre, pour qu'il soit soumis à l'examen des
fhommcs de l'art.
'f Toujours d'après les renseignements qui nous
sont fournis, et que nous avons tout lieu de
croire exacts, quoique nous les d innions sous
les plus. expresses réserves, Mano, la nuit ,du
cime, aurait appelé son plus jeune fils couché
avec l'a:1né, et se serait approché du lit pour s'as-
Eurer si les deux enfants dormaient. L'aîné, qui
ne dormait pas, aurait cependant simulé le
.lommeil, effrayé qu'il était par les cris de sa
mère.
I L'enfant aurait déclaré que la crainte de son
père et des gendarmes l'avait seule empêché de
taire plus tôt ces révélations. (Petite Gironde.)
AFFAIRE CREMER
Suite de l'audience du 15 juillet.
M. de Serres et l'ex-général Cremer.
— Exécution sans jugement du
sieur Arbinet, soupçonné d'intelli-
gences avec l 'ennemi.
Nous revenons un pau sur la physionomio
au commencement de l'audience.
On remarquait à rentrée du 'palais et dans <
le voisinage un certain déploiement de force
armée. On interprète mal celte mesure. Elle
est plutôt pour faire honneur à la composition
du conseil de guerre que pour assurer la tran-
quillité publique. Cette affaire excite la curio-
sité, niais elle ne passionne personne.
I A midi précis, le Conseil est entré en séance.
fA la droite du maréchal Bar. guoy-d'HillMrs
est assis le maréchal Canrobert, à gauche est
placé le duc de Magenta, maréchal de Mac-
Mahon.
• M. le président fait donner lecture des dis-
positions du code de justice militaire qui ré-
prima sévèrement toute manifestation et même
un geste que 85 permettrait un assistant.
Les accusés sont introduits et conduits par
un huissier à leur place. M. Auguste de Serres
déclare avoir 3i ans, être né à Bayonne; 11
est secrétaire de la compagnie autrichienne
des chemins de fer de l'Etat. M. de Serres e3
déport ; c'est un homme de tallle élevée, por-
tant t')ufe sa birbi fit d'une tournure comme
d'une figure assez distinguée.
t M. GamilleCremer annonce trente-deux ans;
il est né à Sarreguemines (Moselle). Il n'est
plus au service ; mais avant il avait la grade
de général de division au U eTe de l'armée auxi-
liaire. M. Cremer a une psiite tête, une figure
fine et aux traits presque effacés. Le sourira
semble être l'expression habituelle de sa phy,
sionomie. Il a aussi toute sa barbe ; ses che-
veux sont coupés raz, lorsque ceux de M, dé
• , Serres sont bouffants.
> ■ ' M. le greffier donne lecture de la liste des
■ témoins à charge et à décharge. MM. Do bois
et Lévêque, députés à l'Assemblée -naUonale,
'• répondent à l'appel; M. Carayon-Latour n'est
pas présent, Le général Bourbaki répond, mais
il demande au maréchal l'autorisation, en rai-
1 ! son de ses fonctions, de ne venir à l'audience
qu'au moment où sa présence sera nécessaire.
Le général Clinchant a écrit au président du
conseil aussi bien qu'à M. de Serres qu'il ne
pouvait pas venir.
La foule est immense dans la salle; on re-
marque d'assez nombreuses dames à la tribune
du fond qui fait face au conseil. On compte
dans l'auditoire beaucoup de membres du bar-
reau et de militaires de haut grade.
Lecture est faite ensuite du rapport que nous
avons déjà publié. Il résulte ensuite d'une
lecture du décret signée Léon Gambette, qui
nomme M. Cremer au grade de général ,da di-
vision, un petit débat entre le président et
l'accusé. La pièce que possède le conseil porte
la date du 16 janvier 1871. M. Cremer déclare
qu'il avait déjà ce grade au moment de l'exécu-
tion d'Arbinet, qu'il n'y attache du reste au-
cúnè importance; seulement, le conseil de
guerre composé comme pour juger un général
de division ne serait pas compétent. : , :
INTERROGATOIRE DES ACCUSÉS
Le maréchal président. — Monsieur de Serres, c'est
sur la plainte de la veuvè' Arblaet que le procureur de
! la République de Beaune vous a fait poursuivre pour
| meurtre sur la personne.du sieur Arbinet.. Qu'avez-
vous à répondre?
I M. do Serres. — Pour ma justification, je dirai
qu'étant à Cbâlon, dans le cabinet du préfet,, j'appris
le3 circonstances su milieu desquelles l'arrestation avait
eu lieu : il avait acheté une quantité énorme d'appro-
visionnements. J'apprenais aussi, les agissements dont
Il &e servit pour fe d-érober aux poursuites eommpn-
cées contre lui. Je crus qu'il était à propos dé faire
! acte de vigueur dans des circonstances aussi graves.
Je pris la plume ponr écrire la dépêche que vous, can-
naisaez. Je regardais le texte de cette dépêche comme
un appel à l'application rigoureuse et immédiate de la
101. La dernière phrase signifie pour moi « Agissez
vitel »
Cet acte avait principalement pour but d'arrêter le
débordement de faits nuisibles à la défense générale.
Je fus très-ému lorsque j'appris qu'Arbinet avait causé
avec le général BoarbaM, -qu'il s'était échappé, dloque
la- présence du général allait être. signalée.
M. le maréchal président. — Vous ne dîtes pas au
général Cremer de; traduire Arbinet devant une cour
martiale. Vous lui dîtes tout simplfment : Mettez-le à
mort ! dès que vous aurez constaté l'identité et la qua-
lité du personnage.
R. Lorsque j'al écrit la phrase : « Constatez la qua-
lité du personn?ge> » pour mol Cela signifiait constatez
qu'il est espion et - pourvoyeur, et voyez ce que vous
■ avez à faire. Il est bien évident que, pour moi, sa qua-
lité n'était pas celle d'épicier à Dijon.
'J M, le maréchal président. — Mais nen, voua con-
naissez trop bien la portée des termes pour croire qu'i-
dentité signifie antre chose que ceci : Voyez si cet Ar-
binet arrêté est vraiment Arbinet.
R. Pardon, maréchal; j'ai voulu dire constatez d'a-
bord l'Identité de l'individu et puis sa qualité d'es-
pion.
M. le maréchal président. -'Mais vous-même vous
lui donnez ces qualifications dans votre dépêche : vous
appelez Arbinet espion et pourvoyeur des Prussiens ;
vous ne mettez pas l'accusation dirigée contre Arbinet
un seul instant en doute.
M. le commissaire du gouvernement, général Barry.
Evidemment, pour M.' de Serre?, Arbinet était pour-,
voyeur et espion des Prussiens. La constatation de l'i-
dentité ne pouvait consister qu'en ceci, de faire dire à
Arbinet : « Je suis Arbinet, épicier à Dijon. Il Vous
parlez dans votre dépêche de l'autorité civile ; mais
.elle n'avait rien à faire dans la convocation d'une cour
martiale.
R. J'écrivis cette dépêche dans un élan de patrloe
tisme ; peut-être ne fus-je pas bien clair ; mais je
croyais que le général Cremer appliquerait les lois d-
la guerre. '
M. le maréchal président. — Il est bien de servir
son pays avec patriotisme ; mals le patriotisme n'exclut
pas la régularité et l'observation des lo!s. Et puis vou3
vous êtes mêlé de ce qui ne vous regardait pas. Voire
mission était bien définie, il s'agissait pour vous de
veiller au transport des troupes par les chemins de
fer.
Vous prétendez que, dans votre pensée, le général
* | v.rçj&éï dcVà1t convoquer nfis cour, martiale; cèpéil^
. f «aaiïé vous n'avez pçis été. surpris quand, le iendemd",
) I ayez leç'i u'.e .dépêche vous annonçant qu'A) hi.
net a^âit été fusillé immédialemep.th.'
R. A cse ïnc^ment jé venais d.o découvrir i an pfril
| de ma vie, Une voie cachée sous la neige et •paf la-
1 quelle je pouvais raira arriver très-rapidement î'airmée
jusqu'à Dôla, fe ne m'arrêtai pas à cette dépêche et je
i ne hs pas la réflexion qu'Arbiuet n'avait pas été jugé-
; par une cour martiale.
J'ai à ajouter nn détail : Arbinet avait donné au gé-
néral Bourbaki des renseignements exacts pour la to-
pographie, mais Il annonçait toujours pour les diverses
localités des effectifs Inférieurs à la. réalité. On ne
pouvait voir là qu'un système arrêté. Ainsi il disait
qu ',il n'y a-.,alt plus qpe des malades à Dijon, et il y
avait iJO,COO hommes; il déclarait trente pièces d'ar.
tillerie dans Dijon et il y en avait plus de soixante.
M. le commissaire' du gouvernement. — Mais les
forces prussiennes ont varié à chaque Instant. D'ail-
leurs le général de Busseroles a reconnu- l'exactitude
des renseignements donnés par Arbinet. ; ■ '
Me Mllthevon, défenseur de M. de Serres, — Cé-
pendant, il fa t remarquer que le général Busseroles a
fait arrêter Arb'net.
M. le commissaire du gouvernement. — Ou!, et il
l'a fait relâcher.
Mc Mathovon. — Sans doute ; mais l'inspection du
général sur Arbinet était si mauvaise qu'il le fit re-
prendre le lendemain.
M. le maréchal président. — Comment sé fait-Il aue
M. Cremsr ait considéré votre dépêche comme .un
ordre?
M. de Sarres. — Je n'avais pas la prétention de Ici
donner un ordre.
M. la président. On paut croire que vons aviez
pris à l'égard du général une attitude telle qu'il; voua
considérait comme un supérieur.
Lorsque vous avez rédigé votre dépêche et que vous
l'avez lue devant le commissaire de police Georges,
ceM-ci vous a dit : Comment, sans jugement? Vous
lui avez répondu : Qui donc commande )ci?...
M. de Serres.—Je n'ai pas prononcé ces pa'o'es. Si
tant est qu'elles aient frappé les oreilles de M. Geor-
ges, el'es n'ont pas été prononcées par moi. -D'allleurE;,
M. Je piésident voudra bien remarquer que M. Geor-
ges a varié là-dessus dans ses diverses déclarations.
Puis l'accusé cite plusieurs témoins auxquels Arblnet
avait en quelque sorte avoué son rôle auprès des Prus-
siens. Mme Arbinet s'était plusieurs fois jetée aux pieds
de son mari pour l'empêcher de partir et de voyager
comme il le faisait.
M. le commissaire du gouvernement. — M. de Ser-
res a dit aussi dans l'instruction que M. Luce- Vil lard
lui avait déclaré qu'à l'Hôtel de la Coche, Arbinet,
quelques instants avant de mourir, lui avait fjic des
aveux. Or, M. Luce Villard donne là dessus un dé-
menti formel à M. de Serres ; on l'entendra.
M. de Serre;:t.- Je n'ai parlé qua de ce que M. Luce
Villard m'avait dit à moi-même.
M.le maréchal présideut.— Vous avez ordonné aussi,
l'arrestation d'autres personnes.
M. de Serres. — C'était pour le même fait qu'Arbi-
net. Je croyais servir mon pays en agissant ainsi.
M. le ma:échal président. — Vous vous mêliez de
ce qui ne vous regirdait pas ; vous n'étiez pa3 mili-
taire.
M. de Serres. — Je me considérais comme mili-
taire.
M. le commis? aire du Gouvernement. — M. de
Serres n'est pas naturalisé Français ; il n'a pas satisfait
à la loi de la conscription. Cependant, il s'est présenté
comme candidat à la députation i Bayonne ?
M. pour gagner mon titre de Erarçais. J'avah pris une
arme, mais on médit : « Vous pouvez nous rendre de
meilleurs services. II Il y a d'ailleurs un décret de la
dé-légation du Gouvernement de la défense nationale
conférant le titre de Français à tous, ceux qui pren-
draient les armes.
Je ne suis pas si étranger à la France; j'y al fait
10utes mes études.
M. le commissaire du gouvernement. — Vous vous
nommez1 Wiczflnaki, et vons vous faites appeler de
Serres? Est-ce que vous êtes noble 7. .
M. de Serres. — Je n'attache aucune importance à
mes tifres... Il y a Ici des piècss authentiques.
Me DnlJost, défenseur. — Ce point n'est pas en
cause ; mais nous avons ici les pièces et un nkase éta-
blissant qae M. de Serres appaflient à une bonne no-
blesse du gouvernement de Volhynie. Quoique mon
client s'appelle Wiezfinskl, il a piis le nom de de Ser'
re3, comme plus facile à prononcer; c'est du reite le
nom de sa mère. ' r , ,
L'audience est suspendue à 3 heures moins un quart
et reprise 1.3 lieures. ,..
M. le président. — Nous allons interroger le second
accusé, le général Cremer.
M. Cremér donne les explications suivantes s
Le sieur Arbinet s'introduisit subrepticement au café
Goby à Beaune, 'dans une pièce que j'avais fait réser-
ver pour le général Busserolles. Il s'offrit à donner des
renseignements sur les forces prussiennes, car il se
. - ... - " " 1— —rr —*
présentait Mmm m homme atf péril de sa viel
avait traveirse les lignes prussiennes. Ii commença par
me donner des renseipëmenls à mai qu'il rencontra?
le premier. Or, les laft.rm tttoas qu'il me fournit sli
trouvaient fausses en lès comparant à celles que j'avais
par men espions. Ainsi il disait que DJjon presque
abandonné par les ennemis, et que les habitants noutf
attendaient 'pour prendre les armas et nous souleni!',,':
Rien n'é'ait plus faux.
Arbinet était muni de laissers-paaaers prussiens, qui
ont disparu depuis l'exécution, m&ia qui ont été vus 4.
la prison de Beaune.
M. le commis-aire du gouvernement. — Ce demie?
point est vrai et acquis aux débits. >
M. Cremer, venant à l'eiécuiloa d'Arbinet, déclare
qu'il considéra la dépêche de M. de Séries comme un
ordre formel de fusilier cet espion. Il reçut l'ordre à
midi, à quatre heures Arbinet était passé par les armes;
et à 4 heures et demie j'en rendais compte à qui de
droit.. >
•M. le maréchal président. — Qr.àl est le titre qui
vous a fait regarder M. de Serres comme votre supé-
rieur?
M. Cremer. — Je^n'ai va ni titre ni actes; mats
tout; Je monde considérait M. de Serres comme un
commissaire du gouvernement auprès de l'armée, et
en agissant ainsi, j'ai, comme les autres militaires et
comme toutes les autorités, — c'était l'opinion una.
nime, — j'ai exécuté l'ordre qu'un supérieur m'a
donné sous sa responsabilité; je n'ai été qu'un instru-
ment.
Si vous me poursuivez pour cela, on pourrait pour?
suivre également le sergent qui a commandé le feu.
M. le commissaire du gouvernement. — Non, co
n'est pas la même chose.
M. Luce-Villard n'a-t-il pas dit à M. Cremer : « Fa2
siller sans jugernen ? » Vous lui auriez répondu : « Je
reçois un ordre, je l'exécute. »
M. Cremer. — Je ne me rr.ppclle pas ces paroles 1
mais les eussé-je dites, je prendrais la reEpODsabilité'..
M. le maréchal président. — Vuas êtes conséquent
avec vos principes.
M. le commissaira du gouvernement. — Vous avez
aussi, donné l'ordre à la Faucille, do fusiller un nommé ■
Dubois. M. Gaillard à qui vous aviez donné cet ordre,'
refusa de le faire sans ordre écrit. Il differa l'exécu-,
tion. Cet homme fut traduit devant une cour martiale
et acquitté.
M. Cremer. - Ce qu'il y a de cmicux, c'est que
moi le principal témoin du fait, je n'al pas été appelé
devant la cocr martiale.
M. le commissaire du gouvernement.— M. Gaillard
a déclaré que l'ordre que vous lui donniez n'était que
veJlml.. " 1
M. Cremer. — Pas du tout ; il y a des témoins ; 11 y
a mon frère sur qui cet homme s'était jeté.
M. le président. — C'est votre jerno frère ; il sural,
entendu, mais c'est un parent.
M. Cremer. — Quant aux exécutions sornroaireq;'
elles sont fréquentes en campagne.
M. le commissaire da Gouvernement. — Entre
Français?
M. Cremer. — Pendant le combat, oui. Et l'exécuz
tlon de Milllère! Lisez la déposition de M. Garoin¡
dans l'enquête sur le 13 mars.
M. le commissaire du Gouvernement. — Ceci est de
la guerre civile.
M. le maréchal président. —' On conçoit que dana
le combat, en guerre civile, on tue, on fusille, cela
n'est pas permis, nuis es la se falt. Mais hors du com-
bat, jamais.
AUDITION DES TÉMOINS.
M. Jean-Bap'iste Co'i, 36 ans., ancien sons'préfet de
Beaune. sous-p-réfet de Corte.
Tandis que les populations si patriotes de la Côte*
d'Or étaient menacées de. l'invasion des Prussiens, il
circulait dans les campagnes des individus que l'on Y---j
gardait comme des e:-p!ons. Dans ces chC'lmtancoo, *
je reçus du général Busseroles une dé ê.:ise qr il me
prescrivait de procéder à l'arrpsiatlon o'Arbinet; mais
on ne put mettre la main sur lui.
M. Je président. —Avcz-vocs communiqué votre dé;
pêche à M. de Serres?
R. Oui, maréchal, je le? lui ai ton'es communiquées?
M* la maréchal préfjdeDt. — Serres nie avoir
connu la dépêche. C'est cette même du délégué du
ministère de la guerre dans lagoel1a il disait de
faire arrêter Bassot et Arbinet, et de les traduire da- •
vant les tribunaux, et d'agir avec une impitoyable
énergie. \
Le témoin. — Oui, celte dépêche a été communl»
quée par moi à M. de Serres. 1
M. le maréchal prësideat. — Donc M. de Serres sac
vait qu'il fallait faire passer Arbinet devant en tribu-
nal., Vous rappelez-voas que Georges, commissaire de
police, ait' dit à M. de Serres que c'était aller un peu
vite?
Le témoin. — Je ne me souviens p,u de cete. D'ail-
leurs, j'ai promis de dira la véiicè,_ et je n'y msnqae'
rais pas devant un triteinisl que je .;ousidéie comme
l'expression la plus élevée de l'honneu:' français. (Mou<
vement.) / J
N° 89. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXX
Les idées de M. Willcomb.
Quelques jours après son duel avec Markoff le
Disparu, le comte Powschine dînait, ainsi qu'il
avait été arrêté, en tête-à-tête avec M. et Mme
Willcomb.
Elise ne pouvait plus conserver aucune pré-
tention contre le pas ager adorateur de la Mont-
'Carmé, devenu le sau veur de son mari. Aussi le
trcavart-elle ce qu'il était en ellet, quoique avee
^ne un peu étudiée: un cbarïhantcop.v.ivéi
Son instinctive défiance envers ce demi-mondain
se transforma rapidement en reconnaissante cor-
dialité.
Au dessert, la jeune femme entama le chapi-
ire des remerciements, pour la victorieuse inter-
vention qui avait empêché la rencontre de 1
'Georges et duL Cosaque.
, t Madame,répondit trèfJ-babilemcnt le boyard,
x est. à mon ancien hôte des steppes qus j'ai
l'cndu un service de premier ordre: en provo-
quant, d'une façon ou de l'autre, sa fuite, Vje lui
al sauvé la vie..
— Comment ceh, s'il tous plaît? >
! —Des compatriotes de votre mari se sont ]
j trouvés dernièrement avec moi, s'extasiant sur
: son adresse au sabre, arme choisie pour le com-
bat. Or, quoique mon bheick passe dans sa tribu j
pour manier admirablement le cimeterre, je
crois que le tireur civilisé aurait fini par planter
sa pointe au cœur du sauvage.
— Ma foi,, non! déclara l'Américain. Je me se-
rais contenté d'un désarmement tout à fait ano-
din, ou d'un simple coup de manchette. Cela, eût
suffi pour abaisser la vanité de ce Hun mo-
derne, qui croyait s'imposer à nous, gens intel-
ligents, par la brutale supériorité du bretteur.
— Diable! fit le Russe, il ne faudrait pas trop
vous fier à la passe indiquée ; ça se pare, avec
une certaine botte qui vous traverse votre
homme.
. — Eh ! mais vous excellez donc à toute 'a'rme,
vous? lui demanda en riant le Virginien. ; >
— Je suis à peu près de même force à l'épée
et l'GBpadon -qu'au pistolet, répondit modeste.
ment Pétrus.
•— Or, vous coupez les boucles de cheveux à
trente-cinq pas ! ' > ,
— Et, à cinquante, une balle sur la lame.d'un
couteau.
— Mais c'est à faire frémir, un pareil talent de
destruction ! s'écria Elise.
— Rassurez-vous, madame, je ne l'emploie
guère : témoin Markoff, mon fastidieux , ex-
sauveur.
— Et j'aurais agi comme vous én\crsl'hetman,
sans, être le fils, de sa Rédemption, reprit Will-
comb. Diable ! je ne voulais certes pas la mort
de cet Attila au petit pied... figuratif. Je respecte
bien plus que cela l'existence humaine, même >
quand elle se rapproche de celle de la brute. I
— Oui, approuva Powschine. je compr^ads, j
comme vous, qu'il ne faut chercher de dénom-
ment tragique à nos affaires d'honneur que si
l'honneur réel s'y trouve engagé. Ainsi, qu'un
père, pour venger sa fille séduite, pu qu'un ma-
ri, pour tenter de punir le corrupteur de sa
compagne, veaillent tuer ou mourir: bien, j'ap-
p prouve ! ,
; — Pardon, mais j'admets encore des dis-tinc-
tions dans le dernier cas cité, dit le Transatlanti-
que. Certes, si un fat cherche à détourner. :une
femme de ses devoirs conjugaux, s'il arrive à, la
compromettre malgré elle, et que celle-ci con-
= fesse la situation a son protecteur légal, je trouve
.l'époux • bien sot de risquer ses, jours contre
! l'impertinent, ridiculisé déjà par son échec awou-
. reux.. ;
— Mais enfin, que voulez-vous qu'il fasse, si,
par exemple, le galant éconduit use de la ç-a-
: lompie) ;pour s'attribuer un fallacieux triomphe ?
i—Je veux bien me. supposer un. instant, ; à sa,
place pour vous répondre. J'admets, par contre,
. qu'il a mes ressources, de force physique, et les
idées un peu... primitives, d'un naturel -idu Nou-
veau-Monde comme moi...
; i-. — Eh bicJ;lÎ;Je . ,
— Eh bien, je choisirais l'endroit le, plus pu-
blic passible, pour rosser d'importance mon don
Juan manqué, en lui expliquant 11 raison .,d!e, ma
correction manuelle, et en l'ayertissan.t qiie>Jtout
appel de sa part sur le .terrain obtiendrait pa-
reille réponse... touchante de la,njieiine, „,
— Vous plaisantez t. '" ,. I
— îjfon, sur ma parole, proféra avec une froide
énergie l'Américain. , Pourquoi accu,ei!Ierais-je
autrement que le chien ^roverfel dan?. un jeu
de quilles, le présomptueux étourneau se jetant
à l'étourdie ~ au'milieu de fflQn bonheur ma-
ritale - •
— Mais quand l'épouse a succombé ?... Quand
Adèle a rencontré son Antony, ne trouvez-vous
pas que le colonel d'Hervey doit tout tenter,
' loyalement s'entend, pour supprimer le séduc-
teur? 1
— Si le colonel aime profondément Adèle, ar-}
ticula Georges, d'un ton sobre, et convaincu,'
s'il sent que le désespoir de sa trahison sera in-
curable, il cherchera bien plutôt à être tué par
Antony qu'à l'égorger. Une femme coupable
adorât-elle follement son armant, tôt ou tard
l'horreur lui viendra sous ses caresses, si sa
main impie est tachée du sang, de celui dont
elle a porté le nom, devant les' hommes... et
devant Dieu. r:
— 'Mais, messieurs, intervint la pupille de
Cambronne, savez-veus que votre conversation
n'est ni des plus morales ni des plus gaies, et
surtout qu'elle ne m'intéresse nullement, moi?
Au lieu de toutes vos horreurs supposées, reve-f
nons à la vérité et à l'actualité. Avouons que,;
malgré toute sa science sabrante et scabreuse,
mon paladin pouvait fort bien ne pas sortir sain
et sauf de la bataille wvec le héros aux repentirs
si elle s'était effectuée ?
- Non! il ne me serait rien arrivé de fâ-!;
cheux, dit avec une assurance railleuse ; le Vir< j
ginien. • '. - f-"3
— Voyez-vous cela ! Monseigneur est donc plus
invulnérable qu'Achille, qu'on pouvait au moins
blesser au talon ? " ... ' ' >
— Oui! j'ai ou plutôt j'avais un talisman biea
autrement puissant que la trempa de l'eau da
Styx... et tu le connais, ma chère.".. ^
JULES CAUVAIN.
(La suite à demain.) ~:~ '. - ./j-.. ~l,-
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