Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-01
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1872 01 juillet 1872
Description : 1872/07/01 (N2246). 1872/07/01 (N2246).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716046m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
j beaucoup d'ordre dans un salon presque con-
tigu à la chambre à coucher de M. Thiers, et ils j
resteront là jusqu'à ce que l'hôtel de la place
Samt-Geerges ait été reconstruit. (XXIXe Siècle.)
M. BENOIST CHAMPY
» M. le président BenolstMîhampy est mort ven-
dredi, à midi et demi,, après une agonie de vingt-
1 quatre heures.
Le malade avait été administré par M. le vi-
caire de Saint-Louis-d'Antin. Il est mort entouré
j de son fils, M. Gabriel Benoist-Champy, de sa
\ bru et de plusieurs personnes de sa famille. U
/ avait perdu connaissance depuis la veille au
' soir.
M. Adrien-Théodore Benoist-CIllunpy était né
le 2i mai 1805. Il était donc âgé de soixante-
sept ans.
Avocat en 1848, il fut envoyé par le gouverne-
ment comme ministre plénipotentiaire à Flo-
rence. Il fut l'lu, plus tard, représentant à l'As-
semblée législative dans la Côte-d'Or. Après les
événements de <8ji, M. Benoist-Champy resta
quelque temps avocat, devint membre du conseil
de l'ordre, et fut élu députe de l'Ain au Corps
. législatif. En 1855, il fut chargé d'office, au der-
nier moment, de la défense de Pianori, auteur
(J'u,ii atten;at contre la vie de l'empereur. Enfin,
en 1806, il fut appelé à la présidence du tribunal
de la Seine.
M. Benoist-Champy était commandeur de la
Légion d'honneur depuis 1861.
PARIS
LES DANGERS DE LA PETITE GUERRE. — Deux
enfants, âgés l'un de neuf ans, l'autre de sept,
ans, les deux frères Jaugrand (Paul et Ernest)
jouaient aux soldats devant la porte de leur do-
micile, rue de Strasbourg. I n voulant faire pri-
sonnier son jeune frère Ernest, JI,ml Jaugrand
lui porta un coup de pointe de son sabre de fer
blrnc, qui at teignit le pauvre enfant à l'œil droit -
qui fut lancé hors de l'orbite.
Aux cris du blessé, les passants accoururent
et relevèrent la malheureuse petite victime de
cet affreux accident, qui était tombé' sur le coup
et baignait dans une mare de sang provenant
d'une profonde blessure à la joue. Le ,désespoir
du coupable était indescriptible, il criait : « Oh!
que va dire maman? on va me mettre en pri-
son! » Le bkssé a été soigné à la pharmacie
Anglaise, pendant qu'on allait prévenir la mæl-
heureuse mère.
LA NOUVELLE ARIANE. — Hier, vers dix heures
du soir, sur le boulevard Rochechouarf, la foule
suivait une femme d'une quarantaine d'années
qui, en proie à une grande surrexcitation, criait :
« Laissez-moi! Je vais me tuer! »
_ On apprit bientôt que c'était une dame Pau-
line P..., qui venait de surprendre son mari, un
cordonnier du voisinage, en conversation crimi-
nelle avec une jeune ouvrière, piqueuse de bot-
tines, que la dame Pauline P... avataéoptée.
Le mari, pris en flagrant délit, avait roué sa
femme, de coups et s'était enfui en jurant qu'elle
ne le reverrait plus. Mme P... a été reconduite à
son domicile par un gardien de la paix, qui l'a
calmée en lui promettant de retrouver l'infidèle.
TENTATIVE D'ASSASSINAT PAR UN PHOQUE. — Un
combat dont les suites auraient pu devenir très-
graves a eu lieu au Jardin .d'acclimatation entre
le sieur Burdy, gardien, et le phoque. Au mo-
ment où il distribuait la nourriture à ce dernier,
le gardien commit l'imprudence de franchir la
balustrade pour ramasser un portefeuille qu'un
visiteur avait laissé tomber. L'an mal sortit im-
médiatement de l'eau et saisit le malheureux
gardien par sa blouse en cherchant à lui donner
de vigoureux coups de queue.
Le pauvre diable ne trouva d'autre moyen de
se débarrasser de l'animal en furie que de dé-
chirer son vêtement et de sauter précipitamment "
par-dessus la grille.
LA MORT DU GRAND PINGOUIN. — Le grand pin-
gouin du Jardin d'acclimatation vient de piou-
rir... C'est la nostalgie qui l'a emporté. Le sou-
venir des icebergs du pole, qui reflétaient les
aurores boréals, l'a tué...
Le grand pingouin, — alca impennis, — valait
la modique somme de cinq mille francs.
On assure que M. Ccoit'roy Saint-Hilaire a pris
le deuil.
— M. L'on Renault, préfet de police, fait en ce
moment une tournée importante, dans les différentes
prisons de Pans.
— M. Guizot a donné sa démission de membre du
synode protestant, son grand âge ne lui permettant
pas de remplir plus longtemps ces fonctions.
Le comte Pourtalès, membre suppléant, a siégé
comme son remplaçant.
— La Sociéié générale avise le public qu'elle paye-
ra ses coupures chaque lois qu'on lui en présentera,
à quelque époque que ce soit. - .
- .. ; .
TRIBUNAUX
TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNEL
DE COLMAR
Présidence de M. Schœn, juge allemand.
Audience du 20 juin.
Affaire de soufflet des Trois-Epis.
Le patriote et le renégat.
1 Le procès a été intente par un Prussien de fraîche
• chte à M. de Murphi, Irlandais d'orig;ne, rentier à
Paris, propriétaire en Alsace et inscrit depuis lori,-
temps au barreau de Colmar. * °
Un public nombreux et. sympathique à M. de Mur-
phi, qui représente la France, contre un Français,
indigne désormais de ce nom, remplit l'enceinte in-
térieure du tribunal. Une foule immense, et non
moins favorable à t'accuse, stationne au dehors.
M. le baron de Mm-phi est introduit entre deux
gendarmes, il a cinquante ans, une belle t te, les
cheveux ras, la moustache' en brosse, uu g-:aIJd air
de distinction et de dignité ; et il dépose im-même
avec une grande facilité de locution devant M.
Schœn, le président allemand du trtbuhat, assisté
. de deux assesseurs, également allemands, les faits de
sa cause.
Nous les résumons ¡¡t'asi :
Le dimanche 16 juin, MM. de K!ceckler, accom-
pagnés de leur famille, se trouvaient aux Trois-Epis,
endroit charmant situé dans les Vosges, à (JÍx kilo-
mètres de Colmar, et fréquenté?penda'nt la belle sai- :
son par les meilleures familles de l'Alsace. j
M. de AIurohi, qui a une vingtaine d'années de ;
plus qae M. de Klœckler le jeune, l'a traité autre- 1
fois comme un fils, lui ouvrant sa maison, sa bourse, !
le faisant l'hôte de tomes les joies de sa famille. 1
Apprenant que les Klceckler, qui ont opté pour la ,
nationalité allemande, se' trouvaient dans le même
hôtel, il attend jusqu'à trois heures et demie de l'a- !
près-midi pour commander son diner, afin d'éviter !
un contact et des explications pénibles pour tous ;
deuv.
Peu après, M. de Klceckler,,.rentra dans sa salle à-
manger et prit a ta table commune, à quelque dis-
tance de M. de Murphi, un verre de liqueur. Il pa-
ra¡trait qu'en ce moment il aurait fixé ce dernier
d'une manière provocante.
A peine M. de Murphi a-t-il repris sa place au mi-
lieu des siens, qu'un domestique se présente et l'in-
vite, de la part dl1 jeune renégat., à se rendre dans
la salle du café. Il suit cet homme.
Une conversation à voix basse s'engage dans l'em-
brasure d'une fenêtre.
Que se dirent-ils? On ne le sait. Mais, à un mo-
ment, la voix de M. de Klœckler s'éleva.
— Si nous étions à Colmar, dit-il d'un air insolent
à son interlocuteur et en le poussant un peu, vous
n'oseriez pas me dire ce que vous me dites.
— Dans tous les cas, réplique ce dernier, nous
sommes aux Trois-Epis, et en même temps il appli-
que sur la joue dp. K.lcecldel' un soufflet tellement vi-
goureux, que le chapeau du susdit s'en va voler dans
le jardin.
Tout le monde se précipite entre les adversaires,
et Klœckler, au comble de la fureur, se met à
crier :
— Monsieur, vous venez d'insulter en moi toute la
noblesse prussienne.
En ce moment entre dans l'hôtel toute une noce
alsacienne ; les invités se sont déjà distribué la jar-
retière de la mariée, qui, comme de raison, est com-
posée de rubans aux couleurs nationales de France.
Le Klœckler croit avoir trouvé une victime plus
facile : il s'avance vers M. G..., qui fait partie de la
noce.
— Que signifient ces rubans? lui demarido-t-il.
j vous osez arborer devant un magistrat allemand les
j couleurs--révolutionnaires!
M. G..., qui a opté pour la nationalité française,
et qui habue Paris pendant l'hiver, marche droit au
drôle et lui repond d'une vt-ix ferme :
— Mons'eilr> je ne sais si vous êtes magistrat al-
1 Jenrn.a, et .je m 'en inquiète peu; ce que je sais, c'est
que je suis Français, que.je porte les couleurs natio-
nales de mon pays, et que je suis de force à les faire
respecter par n'importe qui.
D s pourparlers entre les amis des deux parties
n ' ayant pa:> abouti, la président du départemeritin-
tei vint et intenta contre M. de Murphi une action
judiciaire pour violences exercées sur un fonction-
'naire, à raison de ses fonctions.
Quelques personnes engagèrent alors de M de Mur-
phi à se ou.-.tr:.urc à une dénonciation qui devait être
pOI':¡"e contre lui; il relusa et il fut arrct.e.
Or, le 21) jUIi1 dernier, cette affaire venait devant le
tribunal de Colmar,
Après M. de Murphi les.témoins ont été entendus.
M< Heissor, de Colmar, était le défenseur de Mur-'
phi. On nous écrit qu'il a été admirable.
Voici quelques passages de sa plaidoirie ,
« Un gonj.t). qui entre dans un endroit où se trou-
vent des dames, se découvre. AI. le chevalier de
KlœcJdcr, lui, entre les mains dans les poches le
ch :il-, au s<1 r l'oreille, le cigare à la bouche, malgré
la pancarte qui l'interdit. ».. '
Klœckler. — Il n'y avait pas de pancarte.
Me Heisser. — Vutre mut, n'est pas heureux; il
vous faut une pancarte pour être homme de bonne
compagnie! La pancarte de politesse, vous l'avez
reçuesur la joue... Un homme d'honneur se battrait
après 1111 semblable outrage; maIs qu'est ce que
l'honneur pour vous, qui avez trahi votre pays!
M. de Murphi e"t condamné ; un mois de prison
et aux frais.
Tout le monde va lui serrer la main, et Mme la
comtesse de Hemact) l'embrasse avec effusion.
En retournant à la pt-isoi), M. de Murphi passe
entre une haie de plus de quatre cents persoenés,
qui toutes se découvrent sur son passage.
CHRONIQUE JUDICIAIRE
Rab"'gas A BOREAUX. — Le tribunal correc-
tionnel de Bordeaux sest. occupé jeudi des pre-
mières personnes arrêtées à ta'suite de la
deuxième de Rabagas, et traduites à sa barre
pour résistance à la force' armée et aux agents
de la sûreté publique. Les prévenus étaient ■
cinq ou six ; ils ont été frappés de peines va-
riant entre vingt-quatre heures et trois jours de
cellule. |
Un seul a été condamné à un mois de prison,
c'est un nommé Jarguel, dont les antécédents !
sont déplorables. Il a déjà subi six. condamna- !
tions pour vols, vagabondage et rébellion. lia!
été pris au moment où il cherchait a désarmer !
un sergent de ville. i
i
GASTON D\COSTA,- Le condamné à mort a été I
avant-hier, après le jugement du conseil de '
guerre, réintégré dans la cellule ,23 qu'il occupe
à la maison de justice, en al tendant qu'il soit j
sto.tué sur son pourvoi en révisioh. De là il ira, !
si son pourvoi est rejeté, grossir la phalange des j
condamnés de la rue de Noailles.
L'abbé Follet est venu le visiter dans sa, cel- ;
Iule et ce bon prêtre, après avoir puisé dans sa :
charité chrétienne les consolations qu'il sait
trouver, l'a laissé complètement calme. Sa vieille ■
mère, qui habite le Midi, est, à Versailles depuis
urî mois environ, attendant l'issue du procès. Sa j
visite et celle de l'abbé Follet sont les seules que
reçoive le condamné.
LA BANDE DE LA TAILLE. — On écrit d'Aix au
Courrier du Gard que c'est jeudi 4 juillet que
viendra devant la cour d'assises des Bouches-
dlJ-I1hôae l'affaire des accusés de la bande de la
« Taille. »
On a signifié vendredi la procédure instruite
contre eux aux Ireize accusés, et nous nous ex-
pliquons sans peine, comme le feront nos lec-
teurs, la longueur présumée des débats, quand
on saura que l'acte d'accusation contient 139 pa-
ges d'impression format in quarto.
REJET DE POURVOI.—La cour de cassation a re-
poussé le pourvoi formé par le nommé Barthé-
lemy Bernard contre un arrêt de la cour d'as-
sises du Rhône, en date du 1er juin 1872, qui l'a
condamné à la peine de mort pour crime d'as-
1 sassmat sur la personne de sa maîtresse et de
ses enfants.
j LES CONDAMNÉS MtL!T.URËs. —. C'est à la prison
I de Noailles que sont enfermés les militaires-
,i ayant pris part à l insurrection du 18 mars. Ils
j étaient hier 52.
| Leur nombre augmente tous les jours : chaque
samedi, on en dégrade plusieurs sur la place
d Armes.
Les malheureux appellent cette triste céré-
, monie, le cavalier seul.
\ AFFALE CERFREER. — Le recours en-grâce du
condamne à mort Cerfbeer a été reçu avant-hier
par la commission des grâces.
On assure que le président de la République
1 aurait apostillé.
AM. BL.
COMPAGNIE D'ASSIMICES GÉSfiAlES
SUR LA VIE
Rue de Richelieu, 87 (fondée en 1019)
(La plus ancienne des Compagnies françaises
FONDS DE GARANTIE : 1.00 AILLIONS RÉALISÉS
1 Assurances de capitaux payables au dé-
ces de l'assllri', aux personnes qu'il a désignées,
à quelque époque que ce décès ait, lieu.
Assurances mixtes garantissant un capi-
tal^ payable soit à l assuré s 'il vit lors du terme
fix.é,, soit aux personnes par lui désignées aussi-
tôt le décès de l'assuré, si ce décès arrive avant
le terme fixé. >;
Les assurés profitent d'une participation de
50 0/0 dans les bénéfices.de la Compagnie.
Assurances de capitaux fi. es d'avance
payables à une époque déterminée et pouvant
servir à doter les enfants.
Rentes viagères immédiates, moyen-
nant un capital une fois payé ou cU!féré, et
moyennant une prime annuellement payée à la
Compagnie.
, Situation delà Compagnie au 31 décembre 1871.'
Capitaux assurés en cours.. 295,304,120 56
Rentes viagères en cours.. 6,488,223 65
Bénéfices répartis aux apu-
rés pour h période bien-
nale 1870-71 1,784,50 5 50
Sinistres payés pendant la-
dite période ............ 7,548.722 33
BULLETIN DRAMATIQUE ET ARTISTIQUE
La mort semble se plaire à faire chaque se-
maine une victime nouvelle dans le inonde des
théâtres.'
Vendredi, elle a frappé un des plus féconds et
des plus consciencieux auteurs dramatiques de'
ce temps, M. Michel Carré.
L L'auleur de tant d'opéras applaudis ét-iit dans
sa cînCfuantc-tr¡)isièTe année. Il est mort dans1
sa petite maison d Argentcuil, emporté par une
maladie de poitrine qui le faisait souffrir depuis
longtemps, mais qui semblait devoir être sur-
montée par sa constitution vigoureuse.
Michel Carré laisse trois ouvrages posthumes :
Françoise de RÙniui, avec Ambr0:se Thomas p
Paul et Virginie, avec Victor Massé, et Polyeucte,
avec Gounod.
'Le second-début de Mlle Arnal dàns les Hu-'
guenots a eu lieu i'endredi.
Cumme précédemment la jeune débutante a
surtout été acclamée pendant le fameux duo dl1
5e acte.
Il paraît que la diva Schneider n'a pas été
très-brillamment reçue à Londres.
Les Anglais lui auraient préiéré Mme Chau,
mOllt.
Comme je les comprends!
La troisième représe- fafion de Rabagas, à.
Bordeaux, avait été, jeudi dans la naiiuée, an!.,
noncéc pour le so 'r par la direct) i da Théâtre-
Français. A,trois heures, une a ,'ii lie apposée sur
les murs de la ville-faisait savoir que le préfet de.
la Gironde avait interdit jusqu'à nouvel ordre
N° 73 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXII
Une liste d'invités.
— Non, monsieur, non ! vous n'irez pas au-
Jourd'hui chez voire accapareur d'ambassadeur,
ni deux heures, ni deux minutes ! Je vous fais
prisonnier! Echappez-vous donc de ces menottes- j
là, homme fort ! 1i
C'étaient, en effet, des mains potelées et mi- '
gnonnes comme celles d'un enfant, qui serraient '
les robustes poignets de Wil;comb ; pourtant, ;
elles l'arrêtaient mieux que les plus lourdes :
chaînes, dans certain délicieux boudoir de sa !
superbe demeure, avenue de l'Impératrice. i
Mais résistez donc à une femme adorable i
comme Elise, après deux mois à peine de mé- '
nage ! , ... ,
La luhe de' miel du jeune couple répandait
toujours la lumière dorée de ce premier quar- i
lier, qui change en auréole jusqu'aux brumes du •
carastèrc; pour les heureux i-oumis à son pres- i
tige, parfois trop éphémère. :
Eux, ib modulaient à l'envie le divin cres-
cendo de l'amour partagé, et' rien ne faisait
prcFseut)t' que jamais une fausse note ne trou- i
blerait 1 hann uie de leur aimable duo. '
Voir ie numéro d'hier, : |
i Au bout d'une quinzaine, consacrée aux féli-
cités intimes de leur union, le mari, enthou-
1 siasmé des qualités vraiment charmantes qu'il
i découvrait sans cesse en sa femme, s'était laissé
entraîner au péché mignon de tous les enthou-
siastes : exposer leur trésor, pour n'être pas seul
à l'admirer.
D'ailleurs, la vanité, amoureuse du citoyen du
Nouveau-Monde, au sujet de cette perle, décou-
verte par lui dans ce que les classes favorisées
considèrent comme un fumier social, s'accordait
avec son projet, de leçon démocratique et philo-
sophique, à l'adresse de l'exclusive élite de Paris. i
Donc, après ces quinze jours, où ils savouré- j
renL 'leur bonheur en avares et en solitaires... à '
deux, les nouveaux mariés se lancèrent, l'un di-
rigeant l'autre, l'entraînant, le contraignante
même un peu, tout d'abord, dans un véritable
tourbillon de plaisirs mondains. 1
Presque chaque soir, l'Opéra, les premières 1
représentations importantes, les bals officiels, les i
fètes hors ligne, les montraient toujours ensem- i
ble, toujours radieux, toujours triomphants par j
la grâce, la beauté, l'esprit, la magnificence. I
Il ne se passait guère d'après-midi S'HQS qu'aux '
courses ou au Hois, amateurs, curieux et repor- I
ters ne remarquassent les superbes chevaux et j
les splendides équipas dç M. et Mme Willcombi I
« les lions de la saison. » j
Cette vie à grandes guides, la pupille du chif- !
formier J'aæepla., au début, parce que Georges ,
l 'en priait, et qu'une demande de lui c'était i
pour elle l'oracle s-aci'é. • ' :
Mais elle ne tarda pas à être charmée, éblouie, ;
cuivrée par cette existence vertigineuse, et elle
finît par subir avec1 un véritabiie plaisir l'impul- i
sion de son cher seigneur, se. faisant gloire de la
produire Jans la high-life,
! Et, de f.nt, la distinction réelle de ses nouvel-
i les fréquentations pouvait bien séduire cette
jeune inexpérimentée, aux instincts délicats
I souvent froissés naguère par la grossièreté na-
! turelle de la caste où cHe avait, été élevée.
j Bref, Elise en était arrivée à .un engouement
j probablement passager, mais très-vif, pour toutes
I les réunions élégantes et de bon ton : d'où,
j comme on va le voir,, la phrase calme qui ouvre
ce chapitre.
j ^— Soit, doux tyran, dit l'Américain. Je vais
répondre, en effronté menteur, à l'invitation
pressante de mon ami et compatriote, que je
suis très-indisi),asé ; ei, en véritable rustre, que
M. Je résident suprême de mon pays en 'France
me trouvera chez moi pour le renseigner...
— S'il daigne accepter une invitation à notre
prochain bal, ajouta la jeune femme, en coupant
fort gentiment la parole à son mari.
— Endroit assez mal choisi quand il s agit de
traiter d'un sujet aussi grave, car je devine son
intention.
— Vraiment, mon prophète?
— Oui. Notre ambassadeur parle déjà, dans
son billet, d'une affaire de première importance,
où il fera appel à mes lumières.
Or, mes longs séjours à Pari3 et mes relations
avec de, hauts dignitaires du gouvernement
français ont où m'éclairer mieux que lui, nou-
veau venu, sur les tenants et les aboutissants
de Ii), politique ifipériale. Maintenant, si quel-
que chose offre un intérêt capital pour les Etats-
Unis, c'est l'abandon du Mexique parles troupes
d'e Napoléon III. Dans une pareille négociation,
grâce à certaines influences auprès du cabinet
des Tuileries, je puis certes être utile au dipto-'
mate de Washington... De sorte què, adoré des- j
1 pote, je sacrifie ua tantiuet ma patrie à vos Lcaux j
yeux, en demeurant, amsi dans vos fers de ve-
lours, quand on m'attend à l'hôtel de la léga-
tion.
— Bah ! je vous payerai votre désertion. ' '
— Bien cher ?
— D'abord... en vous disant rJe t'aime. -
— Ah ! le voici donc éclos ce tutoiement si
difficile à obtenir de ta. pudeur! s'écria avec ra-
vissement Georges.
— Oh ! ce n'est pas tout, fit-ella toute rou-
gissante. Et en te prouvant que je dis bien ce
que je pense.
Comme ils se tenaient assis tous deux sur le
même canapé, elle se leva soudain, et, lui saisis»
sant la tète entre ses mains, elle lui appliqua a Il
front des lèvres trop brûlantes pour cette place,
réservée d'ordinaire aux baisers non amoureux./
Lui, il rétablit victorieusement la situation
sur la joue purpurine et le cou d'albâtre de S&
ravissante moitié.
' — C'est vrai, reprit-il encore tout palpitent;
je suis payé cent fois de ma défection du de-
voir au profit du bonheur... Mais pourquoi tiens-
tu tant a m 'avoir ici, ma chère enf;,nt, quand
l'heure habituelle de ta toilet te va bientôt pour-
tant nous sépare?... J'auia'is eu te tco'tns de
brûler mon rendez-vous, pendant cette impôt- ,
taute opération. :
/— Fi! le moqueur, repartit-elle avec une dé-
licieuse petite moue. Nous ne ROUS quitterons
plus aujourd'hui, monsieur ., pas avant toute»
fois que la grande tâche, pour laquelle j'ai baÉ'
som aussi, moi, de votre concours et de-vos lu*
mières, soit d.ûmcnt achevée. '
La suite à d'1rn,ain.
JULES CAUVAIN.
tigu à la chambre à coucher de M. Thiers, et ils j
resteront là jusqu'à ce que l'hôtel de la place
Samt-Geerges ait été reconstruit. (XXIXe Siècle.)
M. BENOIST CHAMPY
» M. le président BenolstMîhampy est mort ven-
dredi, à midi et demi,, après une agonie de vingt-
1 quatre heures.
Le malade avait été administré par M. le vi-
caire de Saint-Louis-d'Antin. Il est mort entouré
j de son fils, M. Gabriel Benoist-Champy, de sa
\ bru et de plusieurs personnes de sa famille. U
/ avait perdu connaissance depuis la veille au
' soir.
M. Adrien-Théodore Benoist-CIllunpy était né
le 2i mai 1805. Il était donc âgé de soixante-
sept ans.
Avocat en 1848, il fut envoyé par le gouverne-
ment comme ministre plénipotentiaire à Flo-
rence. Il fut l'lu, plus tard, représentant à l'As-
semblée législative dans la Côte-d'Or. Après les
événements de <8ji, M. Benoist-Champy resta
quelque temps avocat, devint membre du conseil
de l'ordre, et fut élu députe de l'Ain au Corps
. législatif. En 1855, il fut chargé d'office, au der-
nier moment, de la défense de Pianori, auteur
(J'u,ii atten;at contre la vie de l'empereur. Enfin,
en 1806, il fut appelé à la présidence du tribunal
de la Seine.
M. Benoist-Champy était commandeur de la
Légion d'honneur depuis 1861.
PARIS
LES DANGERS DE LA PETITE GUERRE. — Deux
enfants, âgés l'un de neuf ans, l'autre de sept,
ans, les deux frères Jaugrand (Paul et Ernest)
jouaient aux soldats devant la porte de leur do-
micile, rue de Strasbourg. I n voulant faire pri-
sonnier son jeune frère Ernest, JI,ml Jaugrand
lui porta un coup de pointe de son sabre de fer
blrnc, qui at teignit le pauvre enfant à l'œil droit -
qui fut lancé hors de l'orbite.
Aux cris du blessé, les passants accoururent
et relevèrent la malheureuse petite victime de
cet affreux accident, qui était tombé' sur le coup
et baignait dans une mare de sang provenant
d'une profonde blessure à la joue. Le ,désespoir
du coupable était indescriptible, il criait : « Oh!
que va dire maman? on va me mettre en pri-
son! » Le bkssé a été soigné à la pharmacie
Anglaise, pendant qu'on allait prévenir la mæl-
heureuse mère.
LA NOUVELLE ARIANE. — Hier, vers dix heures
du soir, sur le boulevard Rochechouarf, la foule
suivait une femme d'une quarantaine d'années
qui, en proie à une grande surrexcitation, criait :
« Laissez-moi! Je vais me tuer! »
_ On apprit bientôt que c'était une dame Pau-
line P..., qui venait de surprendre son mari, un
cordonnier du voisinage, en conversation crimi-
nelle avec une jeune ouvrière, piqueuse de bot-
tines, que la dame Pauline P... avataéoptée.
Le mari, pris en flagrant délit, avait roué sa
femme, de coups et s'était enfui en jurant qu'elle
ne le reverrait plus. Mme P... a été reconduite à
son domicile par un gardien de la paix, qui l'a
calmée en lui promettant de retrouver l'infidèle.
TENTATIVE D'ASSASSINAT PAR UN PHOQUE. — Un
combat dont les suites auraient pu devenir très-
graves a eu lieu au Jardin .d'acclimatation entre
le sieur Burdy, gardien, et le phoque. Au mo-
ment où il distribuait la nourriture à ce dernier,
le gardien commit l'imprudence de franchir la
balustrade pour ramasser un portefeuille qu'un
visiteur avait laissé tomber. L'an mal sortit im-
médiatement de l'eau et saisit le malheureux
gardien par sa blouse en cherchant à lui donner
de vigoureux coups de queue.
Le pauvre diable ne trouva d'autre moyen de
se débarrasser de l'animal en furie que de dé-
chirer son vêtement et de sauter précipitamment "
par-dessus la grille.
LA MORT DU GRAND PINGOUIN. — Le grand pin-
gouin du Jardin d'acclimatation vient de piou-
rir... C'est la nostalgie qui l'a emporté. Le sou-
venir des icebergs du pole, qui reflétaient les
aurores boréals, l'a tué...
Le grand pingouin, — alca impennis, — valait
la modique somme de cinq mille francs.
On assure que M. Ccoit'roy Saint-Hilaire a pris
le deuil.
— M. L'on Renault, préfet de police, fait en ce
moment une tournée importante, dans les différentes
prisons de Pans.
— M. Guizot a donné sa démission de membre du
synode protestant, son grand âge ne lui permettant
pas de remplir plus longtemps ces fonctions.
Le comte Pourtalès, membre suppléant, a siégé
comme son remplaçant.
— La Sociéié générale avise le public qu'elle paye-
ra ses coupures chaque lois qu'on lui en présentera,
à quelque époque que ce soit. - .
- .. ; .
TRIBUNAUX
TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNEL
DE COLMAR
Présidence de M. Schœn, juge allemand.
Audience du 20 juin.
Affaire de soufflet des Trois-Epis.
Le patriote et le renégat.
1 Le procès a été intente par un Prussien de fraîche
• chte à M. de Murphi, Irlandais d'orig;ne, rentier à
Paris, propriétaire en Alsace et inscrit depuis lori,-
temps au barreau de Colmar. * °
Un public nombreux et. sympathique à M. de Mur-
phi, qui représente la France, contre un Français,
indigne désormais de ce nom, remplit l'enceinte in-
térieure du tribunal. Une foule immense, et non
moins favorable à t'accuse, stationne au dehors.
M. le baron de Mm-phi est introduit entre deux
gendarmes, il a cinquante ans, une belle t te, les
cheveux ras, la moustache' en brosse, uu g-:aIJd air
de distinction et de dignité ; et il dépose im-même
avec une grande facilité de locution devant M.
Schœn, le président allemand du trtbuhat, assisté
. de deux assesseurs, également allemands, les faits de
sa cause.
Nous les résumons ¡¡t'asi :
Le dimanche 16 juin, MM. de K!ceckler, accom-
pagnés de leur famille, se trouvaient aux Trois-Epis,
endroit charmant situé dans les Vosges, à (JÍx kilo-
mètres de Colmar, et fréquenté?penda'nt la belle sai- :
son par les meilleures familles de l'Alsace. j
M. de AIurohi, qui a une vingtaine d'années de ;
plus qae M. de Klœckler le jeune, l'a traité autre- 1
fois comme un fils, lui ouvrant sa maison, sa bourse, !
le faisant l'hôte de tomes les joies de sa famille. 1
Apprenant que les Klceckler, qui ont opté pour la ,
nationalité allemande, se' trouvaient dans le même
hôtel, il attend jusqu'à trois heures et demie de l'a- !
près-midi pour commander son diner, afin d'éviter !
un contact et des explications pénibles pour tous ;
deuv.
Peu après, M. de Klceckler,,.rentra dans sa salle à-
manger et prit a ta table commune, à quelque dis-
tance de M. de Murphi, un verre de liqueur. Il pa-
ra¡trait qu'en ce moment il aurait fixé ce dernier
d'une manière provocante.
A peine M. de Murphi a-t-il repris sa place au mi-
lieu des siens, qu'un domestique se présente et l'in-
vite, de la part dl1 jeune renégat., à se rendre dans
la salle du café. Il suit cet homme.
Une conversation à voix basse s'engage dans l'em-
brasure d'une fenêtre.
Que se dirent-ils? On ne le sait. Mais, à un mo-
ment, la voix de M. de Klœckler s'éleva.
— Si nous étions à Colmar, dit-il d'un air insolent
à son interlocuteur et en le poussant un peu, vous
n'oseriez pas me dire ce que vous me dites.
— Dans tous les cas, réplique ce dernier, nous
sommes aux Trois-Epis, et en même temps il appli-
que sur la joue dp. K.lcecldel' un soufflet tellement vi-
goureux, que le chapeau du susdit s'en va voler dans
le jardin.
Tout le monde se précipite entre les adversaires,
et Klœckler, au comble de la fureur, se met à
crier :
— Monsieur, vous venez d'insulter en moi toute la
noblesse prussienne.
En ce moment entre dans l'hôtel toute une noce
alsacienne ; les invités se sont déjà distribué la jar-
retière de la mariée, qui, comme de raison, est com-
posée de rubans aux couleurs nationales de France.
Le Klœckler croit avoir trouvé une victime plus
facile : il s'avance vers M. G..., qui fait partie de la
noce.
— Que signifient ces rubans? lui demarido-t-il.
j vous osez arborer devant un magistrat allemand les
j couleurs--révolutionnaires!
M. G..., qui a opté pour la nationalité française,
et qui habue Paris pendant l'hiver, marche droit au
drôle et lui repond d'une vt-ix ferme :
— Mons'eilr> je ne sais si vous êtes magistrat al-
1 Jenrn.a, et .je m 'en inquiète peu; ce que je sais, c'est
que je suis Français, que.je porte les couleurs natio-
nales de mon pays, et que je suis de force à les faire
respecter par n'importe qui.
D s pourparlers entre les amis des deux parties
n ' ayant pa:> abouti, la président du départemeritin-
tei vint et intenta contre M. de Murphi une action
judiciaire pour violences exercées sur un fonction-
'naire, à raison de ses fonctions.
Quelques personnes engagèrent alors de M de Mur-
phi à se ou.-.tr:.urc à une dénonciation qui devait être
pOI':¡"e contre lui; il relusa et il fut arrct.e.
Or, le 21) jUIi1 dernier, cette affaire venait devant le
tribunal de Colmar,
Après M. de Murphi les.témoins ont été entendus.
M< Heissor, de Colmar, était le défenseur de Mur-'
phi. On nous écrit qu'il a été admirable.
Voici quelques passages de sa plaidoirie ,
« Un gonj.t). qui entre dans un endroit où se trou-
vent des dames, se découvre. AI. le chevalier de
KlœcJdcr, lui, entre les mains dans les poches le
ch :il-, au s<1 r l'oreille, le cigare à la bouche, malgré
la pancarte qui l'interdit. ».. '
Klœckler. — Il n'y avait pas de pancarte.
Me Heisser. — Vutre mut, n'est pas heureux; il
vous faut une pancarte pour être homme de bonne
compagnie! La pancarte de politesse, vous l'avez
reçuesur la joue... Un homme d'honneur se battrait
après 1111 semblable outrage; maIs qu'est ce que
l'honneur pour vous, qui avez trahi votre pays!
M. de Murphi e"t condamné ; un mois de prison
et aux frais.
Tout le monde va lui serrer la main, et Mme la
comtesse de Hemact) l'embrasse avec effusion.
En retournant à la pt-isoi), M. de Murphi passe
entre une haie de plus de quatre cents persoenés,
qui toutes se découvrent sur son passage.
CHRONIQUE JUDICIAIRE
Rab"'gas A BOREAUX. — Le tribunal correc-
tionnel de Bordeaux sest. occupé jeudi des pre-
mières personnes arrêtées à ta'suite de la
deuxième de Rabagas, et traduites à sa barre
pour résistance à la force' armée et aux agents
de la sûreté publique. Les prévenus étaient ■
cinq ou six ; ils ont été frappés de peines va-
riant entre vingt-quatre heures et trois jours de
cellule. |
Un seul a été condamné à un mois de prison,
c'est un nommé Jarguel, dont les antécédents !
sont déplorables. Il a déjà subi six. condamna- !
tions pour vols, vagabondage et rébellion. lia!
été pris au moment où il cherchait a désarmer !
un sergent de ville. i
i
GASTON D\COSTA,- Le condamné à mort a été I
avant-hier, après le jugement du conseil de '
guerre, réintégré dans la cellule ,23 qu'il occupe
à la maison de justice, en al tendant qu'il soit j
sto.tué sur son pourvoi en révisioh. De là il ira, !
si son pourvoi est rejeté, grossir la phalange des j
condamnés de la rue de Noailles.
L'abbé Follet est venu le visiter dans sa, cel- ;
Iule et ce bon prêtre, après avoir puisé dans sa :
charité chrétienne les consolations qu'il sait
trouver, l'a laissé complètement calme. Sa vieille ■
mère, qui habite le Midi, est, à Versailles depuis
urî mois environ, attendant l'issue du procès. Sa j
visite et celle de l'abbé Follet sont les seules que
reçoive le condamné.
LA BANDE DE LA TAILLE. — On écrit d'Aix au
Courrier du Gard que c'est jeudi 4 juillet que
viendra devant la cour d'assises des Bouches-
dlJ-I1hôae l'affaire des accusés de la bande de la
« Taille. »
On a signifié vendredi la procédure instruite
contre eux aux Ireize accusés, et nous nous ex-
pliquons sans peine, comme le feront nos lec-
teurs, la longueur présumée des débats, quand
on saura que l'acte d'accusation contient 139 pa-
ges d'impression format in quarto.
REJET DE POURVOI.—La cour de cassation a re-
poussé le pourvoi formé par le nommé Barthé-
lemy Bernard contre un arrêt de la cour d'as-
sises du Rhône, en date du 1er juin 1872, qui l'a
condamné à la peine de mort pour crime d'as-
1 sassmat sur la personne de sa maîtresse et de
ses enfants.
j LES CONDAMNÉS MtL!T.URËs. —. C'est à la prison
I de Noailles que sont enfermés les militaires-
,i ayant pris part à l insurrection du 18 mars. Ils
j étaient hier 52.
| Leur nombre augmente tous les jours : chaque
samedi, on en dégrade plusieurs sur la place
d Armes.
Les malheureux appellent cette triste céré-
, monie, le cavalier seul.
\ AFFALE CERFREER. — Le recours en-grâce du
condamne à mort Cerfbeer a été reçu avant-hier
par la commission des grâces.
On assure que le président de la République
1 aurait apostillé.
AM. BL.
COMPAGNIE D'ASSIMICES GÉSfiAlES
SUR LA VIE
Rue de Richelieu, 87 (fondée en 1019)
(La plus ancienne des Compagnies françaises
FONDS DE GARANTIE : 1.00 AILLIONS RÉALISÉS
1 Assurances de capitaux payables au dé-
ces de l'assllri', aux personnes qu'il a désignées,
à quelque époque que ce décès ait, lieu.
Assurances mixtes garantissant un capi-
tal^ payable soit à l assuré s 'il vit lors du terme
fix.é,, soit aux personnes par lui désignées aussi-
tôt le décès de l'assuré, si ce décès arrive avant
le terme fixé. >;
Les assurés profitent d'une participation de
50 0/0 dans les bénéfices.de la Compagnie.
Assurances de capitaux fi. es d'avance
payables à une époque déterminée et pouvant
servir à doter les enfants.
Rentes viagères immédiates, moyen-
nant un capital une fois payé ou cU!féré, et
moyennant une prime annuellement payée à la
Compagnie.
, Situation delà Compagnie au 31 décembre 1871.'
Capitaux assurés en cours.. 295,304,120 56
Rentes viagères en cours.. 6,488,223 65
Bénéfices répartis aux apu-
rés pour h période bien-
nale 1870-71 1,784,50 5 50
Sinistres payés pendant la-
dite période ............ 7,548.722 33
BULLETIN DRAMATIQUE ET ARTISTIQUE
La mort semble se plaire à faire chaque se-
maine une victime nouvelle dans le inonde des
théâtres.'
Vendredi, elle a frappé un des plus féconds et
des plus consciencieux auteurs dramatiques de'
ce temps, M. Michel Carré.
L L'auleur de tant d'opéras applaudis ét-iit dans
sa cînCfuantc-tr¡)isièTe année. Il est mort dans1
sa petite maison d Argentcuil, emporté par une
maladie de poitrine qui le faisait souffrir depuis
longtemps, mais qui semblait devoir être sur-
montée par sa constitution vigoureuse.
Michel Carré laisse trois ouvrages posthumes :
Françoise de RÙniui, avec Ambr0:se Thomas p
Paul et Virginie, avec Victor Massé, et Polyeucte,
avec Gounod.
'Le second-début de Mlle Arnal dàns les Hu-'
guenots a eu lieu i'endredi.
Cumme précédemment la jeune débutante a
surtout été acclamée pendant le fameux duo dl1
5e acte.
Il paraît que la diva Schneider n'a pas été
très-brillamment reçue à Londres.
Les Anglais lui auraient préiéré Mme Chau,
mOllt.
Comme je les comprends!
La troisième représe- fafion de Rabagas, à.
Bordeaux, avait été, jeudi dans la naiiuée, an!.,
noncéc pour le so 'r par la direct) i da Théâtre-
Français. A,trois heures, une a ,'ii lie apposée sur
les murs de la ville-faisait savoir que le préfet de.
la Gironde avait interdit jusqu'à nouvel ordre
N° 73 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXII
Une liste d'invités.
— Non, monsieur, non ! vous n'irez pas au-
Jourd'hui chez voire accapareur d'ambassadeur,
ni deux heures, ni deux minutes ! Je vous fais
prisonnier! Echappez-vous donc de ces menottes- j
là, homme fort ! 1i
C'étaient, en effet, des mains potelées et mi- '
gnonnes comme celles d'un enfant, qui serraient '
les robustes poignets de Wil;comb ; pourtant, ;
elles l'arrêtaient mieux que les plus lourdes :
chaînes, dans certain délicieux boudoir de sa !
superbe demeure, avenue de l'Impératrice. i
Mais résistez donc à une femme adorable i
comme Elise, après deux mois à peine de mé- '
nage ! , ... ,
La luhe de' miel du jeune couple répandait
toujours la lumière dorée de ce premier quar- i
lier, qui change en auréole jusqu'aux brumes du •
carastèrc; pour les heureux i-oumis à son pres- i
tige, parfois trop éphémère. :
Eux, ib modulaient à l'envie le divin cres-
cendo de l'amour partagé, et' rien ne faisait
prcFseut)t' que jamais une fausse note ne trou- i
blerait 1 hann uie de leur aimable duo. '
Voir ie numéro d'hier, : |
i Au bout d'une quinzaine, consacrée aux féli-
cités intimes de leur union, le mari, enthou-
1 siasmé des qualités vraiment charmantes qu'il
i découvrait sans cesse en sa femme, s'était laissé
entraîner au péché mignon de tous les enthou-
siastes : exposer leur trésor, pour n'être pas seul
à l'admirer.
D'ailleurs, la vanité, amoureuse du citoyen du
Nouveau-Monde, au sujet de cette perle, décou-
verte par lui dans ce que les classes favorisées
considèrent comme un fumier social, s'accordait
avec son projet, de leçon démocratique et philo-
sophique, à l'adresse de l'exclusive élite de Paris. i
Donc, après ces quinze jours, où ils savouré- j
renL 'leur bonheur en avares et en solitaires... à '
deux, les nouveaux mariés se lancèrent, l'un di-
rigeant l'autre, l'entraînant, le contraignante
même un peu, tout d'abord, dans un véritable
tourbillon de plaisirs mondains. 1
Presque chaque soir, l'Opéra, les premières 1
représentations importantes, les bals officiels, les i
fètes hors ligne, les montraient toujours ensem- i
ble, toujours radieux, toujours triomphants par j
la grâce, la beauté, l'esprit, la magnificence. I
Il ne se passait guère d'après-midi S'HQS qu'aux '
courses ou au Hois, amateurs, curieux et repor- I
ters ne remarquassent les superbes chevaux et j
les splendides équipas dç M. et Mme Willcombi I
« les lions de la saison. » j
Cette vie à grandes guides, la pupille du chif- !
formier J'aæepla., au début, parce que Georges ,
l 'en priait, et qu'une demande de lui c'était i
pour elle l'oracle s-aci'é. • ' :
Mais elle ne tarda pas à être charmée, éblouie, ;
cuivrée par cette existence vertigineuse, et elle
finît par subir avec1 un véritabiie plaisir l'impul- i
sion de son cher seigneur, se. faisant gloire de la
produire Jans la high-life,
! Et, de f.nt, la distinction réelle de ses nouvel-
i les fréquentations pouvait bien séduire cette
jeune inexpérimentée, aux instincts délicats
I souvent froissés naguère par la grossièreté na-
! turelle de la caste où cHe avait, été élevée.
j Bref, Elise en était arrivée à .un engouement
j probablement passager, mais très-vif, pour toutes
I les réunions élégantes et de bon ton : d'où,
j comme on va le voir,, la phrase calme qui ouvre
ce chapitre.
j ^— Soit, doux tyran, dit l'Américain. Je vais
répondre, en effronté menteur, à l'invitation
pressante de mon ami et compatriote, que je
suis très-indisi),asé ; ei, en véritable rustre, que
M. Je résident suprême de mon pays en 'France
me trouvera chez moi pour le renseigner...
— S'il daigne accepter une invitation à notre
prochain bal, ajouta la jeune femme, en coupant
fort gentiment la parole à son mari.
— Endroit assez mal choisi quand il s agit de
traiter d'un sujet aussi grave, car je devine son
intention.
— Vraiment, mon prophète?
— Oui. Notre ambassadeur parle déjà, dans
son billet, d'une affaire de première importance,
où il fera appel à mes lumières.
Or, mes longs séjours à Pari3 et mes relations
avec de, hauts dignitaires du gouvernement
français ont où m'éclairer mieux que lui, nou-
veau venu, sur les tenants et les aboutissants
de Ii), politique ifipériale. Maintenant, si quel-
que chose offre un intérêt capital pour les Etats-
Unis, c'est l'abandon du Mexique parles troupes
d'e Napoléon III. Dans une pareille négociation,
grâce à certaines influences auprès du cabinet
des Tuileries, je puis certes être utile au dipto-'
mate de Washington... De sorte què, adoré des- j
1 pote, je sacrifie ua tantiuet ma patrie à vos Lcaux j
yeux, en demeurant, amsi dans vos fers de ve-
lours, quand on m'attend à l'hôtel de la léga-
tion.
— Bah ! je vous payerai votre désertion. ' '
— Bien cher ?
— D'abord... en vous disant rJe t'aime. -
— Ah ! le voici donc éclos ce tutoiement si
difficile à obtenir de ta. pudeur! s'écria avec ra-
vissement Georges.
— Oh ! ce n'est pas tout, fit-ella toute rou-
gissante. Et en te prouvant que je dis bien ce
que je pense.
Comme ils se tenaient assis tous deux sur le
même canapé, elle se leva soudain, et, lui saisis»
sant la tète entre ses mains, elle lui appliqua a Il
front des lèvres trop brûlantes pour cette place,
réservée d'ordinaire aux baisers non amoureux./
Lui, il rétablit victorieusement la situation
sur la joue purpurine et le cou d'albâtre de S&
ravissante moitié.
' — C'est vrai, reprit-il encore tout palpitent;
je suis payé cent fois de ma défection du de-
voir au profit du bonheur... Mais pourquoi tiens-
tu tant a m 'avoir ici, ma chère enf;,nt, quand
l'heure habituelle de ta toilet te va bientôt pour-
tant nous sépare?... J'auia'is eu te tco'tns de
brûler mon rendez-vous, pendant cette impôt- ,
taute opération. :
/— Fi! le moqueur, repartit-elle avec une dé-
licieuse petite moue. Nous ne ROUS quitterons
plus aujourd'hui, monsieur ., pas avant toute»
fois que la grande tâche, pour laquelle j'ai baÉ'
som aussi, moi, de votre concours et de-vos lu*
mières, soit d.ûmcnt achevée. '
La suite à d'1rn,ain.
JULES CAUVAIN.
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