Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-06-17
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juin 1872 17 juin 1872
Description : 1872/06/17 (A6,N2232). 1872/06/17 (A6,N2232).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47153040
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
'bourgeois, aux petits rentiers et aux désoeuvrés
de l'industrie,.
5 Dans la journée, la chaleur avait attiédi le
des amateurs, qu'on ne voyait guère que
sous les ponts, eL en très-petit nombre.
Le poisson aurait beaucoup mordu pour cette
'entrée en campagne.
i-, Allons, tant mieux ! — AM. BL.
J ' LE PLAN DE PARIs.-Reaucoup de personues se
demandent à quel travail se livrent les employés
et ouvriers qu'on voit depuis quelques jours en
train de planter des jalons aux coins de nos rues
les plus importantes. Ils travaillent, à la recons-
truction du grand plan de Paris qui a été brûlé
lors de l'incendie de l'Hôtel-de-Ville, et dont la
i perte coûtera au moins cinq millions de francs
a la Ville.
On fait en ce moment le travail de triangula-
tion générale sur les grandes voies, puis on s'oc-
cupera dultracé des petites rues et enfin du plan
des édifices publics et de toutes les propriétés
particulières. Ce n'est pas une petite affaire, car
ce travail, entrepris en même temps dans les vingt
arrondissements, ne durera pas moins de deux
atmées. Trois plans seront exécutés, à 2 milli-
mètres, à 5 millimètres et à 1 centimètre par
mètre.
LES VOITURES MUNICIPALES. Les voitures de
gala des maires de Paris et du conseil municipal
ont vécu. Elles ont .été vendues hier, dans la
grande remise de la rue de Morny. La première
voiture mise en vente a été adjugée au prix de
315 fr.; la seconde, 300 fr.; la troisième, 295 fr.;
ainsi des autres, toujours en diminuant de cinq
ou dix francs. j.
ATTAQUE CONTRE DES MILITAIRES. — Le Soir ra-
conte qu'un brigadier et un soldat de la garde
républicaine traversaient jeudi, vers trois heu-
res, la chaussée du boulevard extérieur, à la
hauteur de la place de Clichy, quand ils se vi-
rent brutalement interpellés par le conducteur
d'une voiture qui, sans leur crier gare, lança un
coup de fouet qui atteignit le brigadier.
Celui-ci, agissant avec prudence, se borna à
dresser procès-verbal ; mais la foule qui s'amas-
sait fit généralement cause commune avec le
• brutal conducteur.
Les sifflets et les huées à l'adresse de nos deux
gardes devinrent si provoquants, qu'ils se virent
forcés de mettre sabre en main ; un soldat d'in-
fanterie accourut se joindre à eux, et leur ferme
attitude contint la foule. Ils n'ont fait aucune ar-
restation, se contentant de dresser procès-verbal
contre le provocateur.
LE FEU DANS UNE CAVE. — Un incendie a éclaté
avant-hier soir à dix heures, rue d'Allemagne,
dans la cave du sieur Dupré, épicier et marchand
de couleurs. Cette cave contenant des essences,
des huiles, des spiritueux et du bùis, l'incendie a
pris immédiatement des proportions énormes;
mais. grâce aux pompiers de la caserne de la
fillette, et du poste de la rue de Crimée, on en
a été promptement maître. Les pertes sont de
4,000 fr., couverts par une assurance à la Pater-
nelle. On attribue le sinistre à l'imprudence d'un
garçon qui serait allé à la cave avec une lu-
mière. — G.
UNE DRÔLE DE CLIENTB.-Avant-hier, vers une
heure, une dame portant un enfant nouveau-
né descendait de voiture devant la maison d'un
photographe de la rue de Penthièvre.
Elle gravit péniblement les cinq étages qui
conduisent aux ateliers de pose, et entra chez le
photographe.
— Monsieur, lui dit-elle, je voulais faire pho-
tographier ma petite fille, mais je songe qu'iL
vaut mieux faire en même temps le portrait de
sa nourrice. Je vais la chercher. Je vous laisse
mon enfant pour un instant.
La dame sort, le photographe prépare le cli-
ché, et... il attend encore la mère du pauvre
bébé, qui lui est resté sur les bras.
Insensibilisateur Duchesne. Guérison, extrac-
lion et pose de dents sons douleur, 45, rue Lafayette.
CORS guéris sans DOULEURS. lfr.RueLafayette,45. |
UNE FEMME DANS UN SAC
Les journaux du Haut-Rhin signalent la découverte
d'un crime mystérieux qui rappelle à quelques égards
le sinistre attentat de Marseille dont les auteurs ont
été récemment condamnés :
Le 3 juin courant, on a. découvert dans un
fossé, près du pont Saint-Fridolin, banlieue de
Bolwiller (Haut-Rhin), un sac renfermant le ca-
davre d'une personne du sexe féminin.
La mort a dû être le résultat de quatre coups
portés sur le derrière de. la . tête à l'aide d'un
instrument pointu, comme une pioche, par
exemple.
Le crime a du être commis du 28 au 29 mai.
La personne assassinée a été trouvée complè-
tement nue ; elle paraît âgée d'environ vingt-
cinq à trente ans, a d'abondants cheveux châ-
tains qui retombent non liés sur le front et sont
nattés derrière la tête. Le 'meurtre a été accom-
pagné de violences infâmes.
Le sac dans lequel se trouvait renfermé le ca-
davre est un grand sac à blé en toile, ayant
servi depuis longtemps, recousu en différents
endroits, p1arqué avec de la couleur noire : « Sacs
sans couture, 8, Lévy et C% brevetés, M. J., 10,
Bouffin, à Nancy. »
Les marques M. J. sont visiblement plus ré-
centes que les autres.
Les auteurs de ce crime sont inconnus. Toute
personne pouvant fournir des renseignements
utiles devra les transmettre sans retard à l'offi-
cier de police judiciaire de sa résidence.
DÉPARTEMENTS
VENDÔME. — Aujourd'hui dimanche, la statue
de Ronsard doit être inaugurée sous la prési-
dence de M. le ministre de l'instruction publi-,
que.
L'Académie française sera officiellement re-
présentée à cette cér canonie, et, le soir, un
banquet réunira toutes les notabilités qui auront
assisté à la fête.
Le congrès archéologique de France a fait
coïncider l'ouverture de sa session avec la pré-
sence, dans la ville de Vendôme, des nombreux
hôtes de distinction qui y sont attendus.
Enfin le concours agricole et la fête du comice
ont lieu lé même jour, ainsi que la distribution
des primes et des médailles de la Société.
PAU. — Dans la soirée de lundi, une affreuse
nouvelle a péniblement surpris la population de
la ville de Pau. Deux personnes venaient de
trouver la mort dans le gave de Pau. Voici dans
quelles cruelles circonstances :
_ Les nommés Miqueu, sa sœur, jeune fille de
vingt-trois ans, et son oncle, appartenant à une
famille de laboureurs de la commune de Dou-
my, étaient ventis à Pau dans la matinée pour
y vendre deux chars de bois. En se retirant du
marché, l'un d'eux proposa de faire près de Bi-
zanes un chargement de sable dans le gave.
Cette tentative imprudente devait leur être fa-
tale. Quelques instants après avoir pénétré dans
l'eau, le courant, considé blement grossi par
les dernières pluies, renversait le premier char,
en entassant sous son poids les deux victimes.
Le drame se passait sans témoins, et de la rive
déserte personne ne pouvait porter secours aux
malheureux qui se noyaient. L'oncle seul, qui
montait le second char, pút se sauver en s'ac-
crochant machinalement à la queue de l'un des
bœufs.
Les secours ne purent s'organiser que plus
tard, et ce ne fut qu'une hjeure après que le
corps de la jeune fille, tout roidi par une af-
freuse agonie, fut retrouvé cramponné sous les
roues du véhicule. Le cadavre de son frère, gra-
vement contusionné, ne fut retrouvé que dans la
soirée, à 7 ou 800 mètres plus loin.
Les deux corps ont été. transportés à Doumy
pour y être inhumés.
(Indépendant des Basses-Pyrénées.)
— 600 ouvriers sont allés aux chantiers de la
Seyne pour reprendre leurs travaux. Le reste des
grévistes continue à discuter.
L'INSURRECTION D'ESPAGNE
Une dépêche de Madrid, datée d'avant-hier et
qu'on nous communique, exprime la conviction
que M. Ruiz-Zorilla n'acceptera pas la présidence
du conseil.
M. Ruiz-Zorilla, qui était allé chercher le roi
Amédée à Carthagène, le 27 décembre 1870, ne
veut pas s'exposer à l'y reconduire prochaine-
ment.
Une dépêche de Madrid nous apprend que
plusieurs gouverneurs de province ont envoyé
leur démission au gouvernement par le télé-
graphe, à la nouvelle de la formation du cabinet
radical.
Le maréchal Espartero, invité par le nouveau
ministère à quitter sa résidence de Logrono pour
rentrer à Madrid, aurait refusé, alléguant des
raisons de santé. Sa nomination au commande-
ment en chef de l'armée du Nord sera vraisem-
blablement rapportée. Le maréchal a atteint sa
quatre-vingt-unième année.
Dans les provinces de Tolède et de Ciudad-
Real, le soulèvement a pris un caractère assez
sérieux pour que le gouvernement y envoie le
brigadier Soria Santa-Cruz avec le titre de com-
mandant général du corps d'opérations.
Les généraux Echague, - Moriones et Acosta
poursuivent sans cesse en Navarre et en Biscaye
les bandes insurgées. Carasa et Aguirre évitent
de livrer combat aux forces du gouvernement.
Il n'est arrivé à Paris, depuis vingt-quatre
heures, ni lettres ni dépêches d'Espagne.
La cause de ce retard est encore inconnue.
L'esprit de révolte est partoùt.
La manufacture royale de tabacs de Madrid
vient d'être la scène d'actes de violence commis
par les ouvrières y employées. On devait essayer
une machine pour la fabrication des cigarettes.
Des ouvrières, qui ont vu là une diminution de
travail pour elles, ont fait irruption, à plus de
mille, dans le local où la machine devait fonc-
tionner, ont chassé l'inventeur et brisé l'inven-
tion en morceaux.
LE BALLON AUX CADAVRES
Une lettre de Lisbonnè annonce qu'un ballon
contenant deux cadavres vient de tomber à
quelque distance de la côte. Ces cadavres sont
ceux d'une jeune femme et d'un mulâtre.
Le mulâtre avait la tète fracassée et toute
l'épaule droite rongée. La jeune femme gisait
les membres crispés, la bouche béante et les
yeux effroyablement ouverts. -
L'homme n'avait sur lui aucun papier, mais
on a trouvé dans la poche de la femme des
lettres établissant qu'elle se nomme Angelina
M..., demeurant calle de Bolivar, à Caracas.
Ces deux cadavres sont', sans aucun doute,
ceux des acteurs de l'épouvantable drame qui
s'est dernièrement passé à Caracas, et dont une
correspondance de La Guayra nous a. apporté les
détails, que nous avons publiés.
On se souvient qu'un mulâtre, Daniel Figuola,
amoureux fou d'une jeune fille nommée Angé-
lina M..., qui l'avait repoussé pour épouser un
aéronaute du nom de Rysworth, avait résolu de
se venger. Pour cela, au moment où Angélina
M... allait monter dans un ballon captif apparte-
nant à son mari, il avait enjambé brusquement
le bord de la nacelle, coupé la corde qui rete-
nait le ballon et disparu derrière les nuages
avec sa victime affolée.
Que s'est-il passé pendant l'effrayant trajet
du ballon à travers l'Atlantique? Voici ce qui
semble certain, au dire du Figaro :
Le mulâtre a d'abord voulu se précipiter sur
sa victime ; mais, arrêté par un geste résolu de
celle-ci, qui menaçait de se précipiter dans l'es-
pace, il s'est, désespéré, brûlé la cervelle. Puis
la malheureuse femme a dû rester plusieurs
jours en tête-à-tête avec le cadavre, tandis que
! le ballon filait vertigineusemenè au lté dtf
vent.
La faim fa prise : elle a essayé de Hanges
l'épaule de Figuola, mais l'horreur et le dégo&S
l'ont emporte, et elle est morte de faim.
Les deux corps ont été mis en bière et dép©?
sés dans l'église de Souhâo, où des messes ont
été dites pour Angélina M...' et Daniel Figuola^
— Le 1.3 juin a eu lieu, à midi, l'ouverture de la pre,
I mière exposition internationale en Danemarck avej
; plus de 4,000 exposants.
i Le prince Oscar de Suède présidait à l'i-nauguratioti:
LES
DÉPARTEMENTS MARTYRS
J Les départements martyrs, ceux que le malheur
J des armes a placés sous la. main du vainqueur;
; ceux qui, la guerre terminée, sont restés captiff
pour notre délivrance.
j ^ Les départements martyrs, ceux qui ont eti
à souffrir de l'invasion ; ceux qui, les derniers^
j auront à subir l'occupation.
Les départements martyrs, ceux qai, gardéa
I comme gage de la rançon de la France, sont
I rendus à regret, un à un, à mesure que 1'01
français sort de notre caisse.
C'est l'histoire de ces départements depuis? UE
an_ que va raconter notre collaborateur Georgeg
Grison. Il a compulsé tous les dossiers, re",
cueilli tous les renseignements, collectionné'
! tous les documents nécessaires pour retracer lez
douleurs, les humiliations, les hontes de l'occu-?
pation; il suit pas à pas les hôtes forcés de la
France, égayant chaque portrait d'une anecdota
qui peint le caractère, apportant à l'appui de
chacune de ses assertions les ordres, les arrêtés*'
ou les affiches de l'autorité allemande, faisant en
un mot département par département, ville pal!
ville, hameau par hameau, l'histoire anecdote
que de l'occupation allemande depuis l'armis-'
j tice jusqu'au jour prochain, espérons-le, de 1i
: libération complète, du territoire.
I C'est cette histoire que nous. commenceront
en variétés dans la Petite Presse.
A demain donc
LES DÉPARTEMENTS MARTYRS
HISTOIRE ANECDOTIQUE
DE L'OCCUPATION ALLEMANDE •
TRIBUNAUX ÉTRANGERS
3e CHAMBRE DES ASSISES
PRÉSIDENCE DU LORD CHIEF JUSTICE
Suite de l'audience du 13 juin.
Affaire de Marguerite Diblane
Mlle Riel, la fille de la victime, actrice, attachée 4;
la troupe dramatique française de Londres, est erli,
suite entendue. (Mouvement de curiosité.)
Mlle Riel raconte, d'une voix assurée et sans Hia^
nifester la moindre émotion, que, revenant, le 8 avri!,,'
de Paris, elle avait été surprise de ne trouvée
dans sa maison ni sa mère, ni sa cuisinière Margue-*
rite; qu'ayant exploré la maison, elle avait fini pas>
découvrir le cadavre de sa mère gisant dans une
pièce appelée la panneterie; qu'alors épouvantéel'
elle avait envoyé sa femme de chambre Elisa cher¡q
cher la police; tandis qu'elle-même courait chez 1$.
docteur Wadham, son proche voisin. Elle dit atissk
que sa mère mettait son argent dans un coffre, le-'
quel contenait aussi une boîte renfermant des bi«
joux qu'elle a revus entre les mains de la police pa-i
risienne, après l'arrestation de l'accusée. M
Le défenseur lui demande si elle a gardé la clef dnj
coffre et la boite aux bijoux.
Elle déclare que oui et répond vivement qu'eila^
n'aurait certes pas laissé les bijoux dans la boîte. L%;
ton égrillard avec lequel elle fait cette réponse prow
voqûe le rire de l'auditoire. ' ïj
Sont ensuite entendus les agents de police Péat et
Butcher, Hambline, qui rendent compte des investi';*
gations qu'ils ont été chargés de faire après la dé..;
couverte du cadavre.- i
N° 8 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XV
L'idéal d'un positiviste
Demeurés en tête-à-tête, Willcomb et Cam-
bronne se considérèrent un moment silencieuse-
ment.
'! — Me direz-vous enfin, monsieur, commença
~le premier le vieillard, qui avait repris un peu
de son sang-froi-d, pourquoi cette maison, dont
on m'interdisait l'accès, s'ouvre pour moi sous
votre patronage?.... pourquoi l'autorité qui
m'incombait, sinon devant la loi, au moins de-
vant l'équité, sur l'enfant élevée par moi, vous
est à présent acquise? Pourquoi surtout cette
•cruelle défense, évidemment formulée par vous,
èt si fidèlement observée par l'ingr-ate Elise, qui
m'empêcha de la revoir, quand j'eus découvert
:.t)ù' elle se cachait?
S -7 Vraiment ! s'écria Georges avec un épa-
nouissement qui rendit ses yeux humides. La
chère créature, malgré sa tendresse pour vous,
vous a refusé nne entrevue!... Ah! je suis heu-
reux et fier de ,mon empire sur cette âme d'é-
lite 1
— C'en est trop, monsieur, reprit le philoso-
~~yoir te numéro d'hier.
phe se fâchant de nouveau. Vos paroles et votre
allégresse deviennent encore une nargue à mon
égard.
— Non, protesta vivement le transatlantique.
Ecoutez-moi et vous Comprendrez tout, vous
excuserez tout, vous approuverez tout, car je
connais la grandeur de votre caractère et votre 1
admirable dévouement... pour la fille du Dé-
capité.
Bien plus que mes quelques avantages physi-
ques ou moraux, mon immense fortune m'avait
toujours paru la véritable clef des cœurs fémi-
nins, avant le hasard providentiel qui me mit
en rapport avec l'adorable Mlle Bernard.
Aussi, je menaçai fort de tourner au vieux cé-
libataire; car, quoique la rangaine soit bien
usée, j'avais la prétention d'être aimé pour moi-
même... ou de ne me marier jamais.
J'approchais de l'âge fiur : je songeais déjà à
imiter mon compatriote, le philanthrope Pea-
body, pour dissiper mes richesseS'; car, orphelin
de père et de mère, je n'ai pas même un colla-
téral pour hériter de moi.
Je suis, je vous le déclare d'un positivisme
tout à fait yankee. Eh bien, moi, si rétif jusque-
la au romanesque, à la vue de Mlle Elise, en en-
tendant sa douce voix, en sentant la vertu, la
bonté, l'honneur transsuder dans toute sa char-
mante personne, je fus frappé d'une de ces fou-
droyantes cristallisations d'amour, que je croyais
exister seulement dans l'imagination paradoxale
de Standhal...
Quoique je ne sois guère présomptueux pour-
tant, bientôt, j'eus l'intime conviction que mon
impression, sur cette nature vierge, aimante,
poétique, avait été presque égale à la sienne
sur mon cœur autrement expérimenté, hélas!
Il ne fallait Ras' chercher de calcul dans ce
chaste mais invincible penchant d'une âme qui
s'ignorait elle-même : pour la pauvre ouvrière,
votre pupille, pour la fille du supplicié, j'étais,
moi l'archi-millionnaire, un passant plus éloigné,
plus séparé de sa sphère que sa ville natale ne
l'est de mon lointain pays.
Devant cette certitude, je résolus de réaliser
un projet qui m'avait bien souvent séduit, mais
que ma vaine recherche d'un partenaire indis-
pensable retenait jusque-là dans les limbes.
Beaucoup des aristocratiques idées, cachées en
France sous de grandes déclamations démocra-
tiques, me froissaient et m'outraient, moi, l'ex-
centrique naturel du nouveau continent.
Mais, ce qui m'indigne le plus, c'est le pré-
jugé particulièrement français, qui rend men-
songère votre fiction légale de l'abolition des
castes;
Chez vous, la mésalliance entraîne encore dé-
chéance, malgré vos immortels principes de 89 :
qu'une des reines de votre grand monde épouse,
supposition folle, un modeste journalier, et la
femme sera répudiée prr sa classe, où le mari
ne parviendra jamais à la ramener, en s'y fai-
sant admettre lui-même...
« Eh bien, ,me suis-je répété souvent, que l'oc-
casion s'en présente, et moi, originaire de
France, je déchirerai publiquement ce chapitre
absurde des coutumes françaises. Qu'une fille du
peuple m'aime saintement, que je le lui rende,
et, fût-elle simple servante, eût-elle pour père
un voleurr et pour mare plus encore, pourvu
qu'elle soit personnellement sans taches, je l'é-
layerai à mon rang ! Puis, je l'imposerai à cette
haute société parisienne, si exclusive, par la
puissance qui prime tout aujourd'hui, aristocra-1
tie et démocratie, république et royauté : l'opu-
Jence!... Par les services que mon immense for- j
une me permet de rendre,. même aux privilé",,
giés du corps social: par l'appât des somptaeu*
plaisirs que mes richesses offriront, même aux
plus fortunés, comme un miroir aux alouettes;
je forcerai l'entichement de la position ou de la'
naissance à abaisser sa morque. devant Mme Will-
comb, sortie de la tourbe, ainsi qu'un diamant del
sa gangue, grâce à mes millions tout-puissants!»,
J'avais trouvé dans Mlle Elise Bernard la plé-
béienne digne de devenir la consécration vi-.
vante de ma thèse, ma femme M un mot, et,'
par là, l'égale des patriciennes les plus orgueil- :
leuses. - . , ■
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
FRANÇAIS QUAND MÊME
On écrit de Bâle : '
Trois mille ouvriers d'une grande manufac-7
ture de Mulhouse s'étaient rendus en corps
aux bureaux de l'autorité prussienne, pour y fair<î
leur déclaration d'option. L'autorité les renvoya;
en les priqnt de se présenter par grgupes de dix.
et promettant avec bienveillance de recevoir dix
options par jour. Cela pouvait les mener loin, ce.'
braves gens, ou plutôt les laisser presque tous
en route, puisque les délais fixés par le traité de
paix expirent le 1er octobre prochain.
Qu'ont-ils fait? Ils ont pris un drapeau tricolore)
ils ont passé en troupe la frontière suisse, et ils
ont porté leur option au consulat français de
Bâle. Sur trois mille, on n'en compte que troÍf
oui se soient abstenus. (Le XLKe Siècle,)
de l'industrie,.
5 Dans la journée, la chaleur avait attiédi le
des amateurs, qu'on ne voyait guère que
sous les ponts, eL en très-petit nombre.
Le poisson aurait beaucoup mordu pour cette
'entrée en campagne.
i-, Allons, tant mieux ! — AM. BL.
J ' LE PLAN DE PARIs.-Reaucoup de personues se
demandent à quel travail se livrent les employés
et ouvriers qu'on voit depuis quelques jours en
train de planter des jalons aux coins de nos rues
les plus importantes. Ils travaillent, à la recons-
truction du grand plan de Paris qui a été brûlé
lors de l'incendie de l'Hôtel-de-Ville, et dont la
i perte coûtera au moins cinq millions de francs
a la Ville.
On fait en ce moment le travail de triangula-
tion générale sur les grandes voies, puis on s'oc-
cupera dultracé des petites rues et enfin du plan
des édifices publics et de toutes les propriétés
particulières. Ce n'est pas une petite affaire, car
ce travail, entrepris en même temps dans les vingt
arrondissements, ne durera pas moins de deux
atmées. Trois plans seront exécutés, à 2 milli-
mètres, à 5 millimètres et à 1 centimètre par
mètre.
LES VOITURES MUNICIPALES. Les voitures de
gala des maires de Paris et du conseil municipal
ont vécu. Elles ont .été vendues hier, dans la
grande remise de la rue de Morny. La première
voiture mise en vente a été adjugée au prix de
315 fr.; la seconde, 300 fr.; la troisième, 295 fr.;
ainsi des autres, toujours en diminuant de cinq
ou dix francs. j.
ATTAQUE CONTRE DES MILITAIRES. — Le Soir ra-
conte qu'un brigadier et un soldat de la garde
républicaine traversaient jeudi, vers trois heu-
res, la chaussée du boulevard extérieur, à la
hauteur de la place de Clichy, quand ils se vi-
rent brutalement interpellés par le conducteur
d'une voiture qui, sans leur crier gare, lança un
coup de fouet qui atteignit le brigadier.
Celui-ci, agissant avec prudence, se borna à
dresser procès-verbal ; mais la foule qui s'amas-
sait fit généralement cause commune avec le
• brutal conducteur.
Les sifflets et les huées à l'adresse de nos deux
gardes devinrent si provoquants, qu'ils se virent
forcés de mettre sabre en main ; un soldat d'in-
fanterie accourut se joindre à eux, et leur ferme
attitude contint la foule. Ils n'ont fait aucune ar-
restation, se contentant de dresser procès-verbal
contre le provocateur.
LE FEU DANS UNE CAVE. — Un incendie a éclaté
avant-hier soir à dix heures, rue d'Allemagne,
dans la cave du sieur Dupré, épicier et marchand
de couleurs. Cette cave contenant des essences,
des huiles, des spiritueux et du bùis, l'incendie a
pris immédiatement des proportions énormes;
mais. grâce aux pompiers de la caserne de la
fillette, et du poste de la rue de Crimée, on en
a été promptement maître. Les pertes sont de
4,000 fr., couverts par une assurance à la Pater-
nelle. On attribue le sinistre à l'imprudence d'un
garçon qui serait allé à la cave avec une lu-
mière. — G.
UNE DRÔLE DE CLIENTB.-Avant-hier, vers une
heure, une dame portant un enfant nouveau-
né descendait de voiture devant la maison d'un
photographe de la rue de Penthièvre.
Elle gravit péniblement les cinq étages qui
conduisent aux ateliers de pose, et entra chez le
photographe.
— Monsieur, lui dit-elle, je voulais faire pho-
tographier ma petite fille, mais je songe qu'iL
vaut mieux faire en même temps le portrait de
sa nourrice. Je vais la chercher. Je vous laisse
mon enfant pour un instant.
La dame sort, le photographe prépare le cli-
ché, et... il attend encore la mère du pauvre
bébé, qui lui est resté sur les bras.
Insensibilisateur Duchesne. Guérison, extrac-
lion et pose de dents sons douleur, 45, rue Lafayette.
CORS guéris sans DOULEURS. lfr.RueLafayette,45. |
UNE FEMME DANS UN SAC
Les journaux du Haut-Rhin signalent la découverte
d'un crime mystérieux qui rappelle à quelques égards
le sinistre attentat de Marseille dont les auteurs ont
été récemment condamnés :
Le 3 juin courant, on a. découvert dans un
fossé, près du pont Saint-Fridolin, banlieue de
Bolwiller (Haut-Rhin), un sac renfermant le ca-
davre d'une personne du sexe féminin.
La mort a dû être le résultat de quatre coups
portés sur le derrière de. la . tête à l'aide d'un
instrument pointu, comme une pioche, par
exemple.
Le crime a du être commis du 28 au 29 mai.
La personne assassinée a été trouvée complè-
tement nue ; elle paraît âgée d'environ vingt-
cinq à trente ans, a d'abondants cheveux châ-
tains qui retombent non liés sur le front et sont
nattés derrière la tête. Le 'meurtre a été accom-
pagné de violences infâmes.
Le sac dans lequel se trouvait renfermé le ca-
davre est un grand sac à blé en toile, ayant
servi depuis longtemps, recousu en différents
endroits, p1arqué avec de la couleur noire : « Sacs
sans couture, 8, Lévy et C% brevetés, M. J., 10,
Bouffin, à Nancy. »
Les marques M. J. sont visiblement plus ré-
centes que les autres.
Les auteurs de ce crime sont inconnus. Toute
personne pouvant fournir des renseignements
utiles devra les transmettre sans retard à l'offi-
cier de police judiciaire de sa résidence.
DÉPARTEMENTS
VENDÔME. — Aujourd'hui dimanche, la statue
de Ronsard doit être inaugurée sous la prési-
dence de M. le ministre de l'instruction publi-,
que.
L'Académie française sera officiellement re-
présentée à cette cér canonie, et, le soir, un
banquet réunira toutes les notabilités qui auront
assisté à la fête.
Le congrès archéologique de France a fait
coïncider l'ouverture de sa session avec la pré-
sence, dans la ville de Vendôme, des nombreux
hôtes de distinction qui y sont attendus.
Enfin le concours agricole et la fête du comice
ont lieu lé même jour, ainsi que la distribution
des primes et des médailles de la Société.
PAU. — Dans la soirée de lundi, une affreuse
nouvelle a péniblement surpris la population de
la ville de Pau. Deux personnes venaient de
trouver la mort dans le gave de Pau. Voici dans
quelles cruelles circonstances :
_ Les nommés Miqueu, sa sœur, jeune fille de
vingt-trois ans, et son oncle, appartenant à une
famille de laboureurs de la commune de Dou-
my, étaient ventis à Pau dans la matinée pour
y vendre deux chars de bois. En se retirant du
marché, l'un d'eux proposa de faire près de Bi-
zanes un chargement de sable dans le gave.
Cette tentative imprudente devait leur être fa-
tale. Quelques instants après avoir pénétré dans
l'eau, le courant, considé blement grossi par
les dernières pluies, renversait le premier char,
en entassant sous son poids les deux victimes.
Le drame se passait sans témoins, et de la rive
déserte personne ne pouvait porter secours aux
malheureux qui se noyaient. L'oncle seul, qui
montait le second char, pút se sauver en s'ac-
crochant machinalement à la queue de l'un des
bœufs.
Les secours ne purent s'organiser que plus
tard, et ce ne fut qu'une hjeure après que le
corps de la jeune fille, tout roidi par une af-
freuse agonie, fut retrouvé cramponné sous les
roues du véhicule. Le cadavre de son frère, gra-
vement contusionné, ne fut retrouvé que dans la
soirée, à 7 ou 800 mètres plus loin.
Les deux corps ont été. transportés à Doumy
pour y être inhumés.
(Indépendant des Basses-Pyrénées.)
— 600 ouvriers sont allés aux chantiers de la
Seyne pour reprendre leurs travaux. Le reste des
grévistes continue à discuter.
L'INSURRECTION D'ESPAGNE
Une dépêche de Madrid, datée d'avant-hier et
qu'on nous communique, exprime la conviction
que M. Ruiz-Zorilla n'acceptera pas la présidence
du conseil.
M. Ruiz-Zorilla, qui était allé chercher le roi
Amédée à Carthagène, le 27 décembre 1870, ne
veut pas s'exposer à l'y reconduire prochaine-
ment.
Une dépêche de Madrid nous apprend que
plusieurs gouverneurs de province ont envoyé
leur démission au gouvernement par le télé-
graphe, à la nouvelle de la formation du cabinet
radical.
Le maréchal Espartero, invité par le nouveau
ministère à quitter sa résidence de Logrono pour
rentrer à Madrid, aurait refusé, alléguant des
raisons de santé. Sa nomination au commande-
ment en chef de l'armée du Nord sera vraisem-
blablement rapportée. Le maréchal a atteint sa
quatre-vingt-unième année.
Dans les provinces de Tolède et de Ciudad-
Real, le soulèvement a pris un caractère assez
sérieux pour que le gouvernement y envoie le
brigadier Soria Santa-Cruz avec le titre de com-
mandant général du corps d'opérations.
Les généraux Echague, - Moriones et Acosta
poursuivent sans cesse en Navarre et en Biscaye
les bandes insurgées. Carasa et Aguirre évitent
de livrer combat aux forces du gouvernement.
Il n'est arrivé à Paris, depuis vingt-quatre
heures, ni lettres ni dépêches d'Espagne.
La cause de ce retard est encore inconnue.
L'esprit de révolte est partoùt.
La manufacture royale de tabacs de Madrid
vient d'être la scène d'actes de violence commis
par les ouvrières y employées. On devait essayer
une machine pour la fabrication des cigarettes.
Des ouvrières, qui ont vu là une diminution de
travail pour elles, ont fait irruption, à plus de
mille, dans le local où la machine devait fonc-
tionner, ont chassé l'inventeur et brisé l'inven-
tion en morceaux.
LE BALLON AUX CADAVRES
Une lettre de Lisbonnè annonce qu'un ballon
contenant deux cadavres vient de tomber à
quelque distance de la côte. Ces cadavres sont
ceux d'une jeune femme et d'un mulâtre.
Le mulâtre avait la tète fracassée et toute
l'épaule droite rongée. La jeune femme gisait
les membres crispés, la bouche béante et les
yeux effroyablement ouverts. -
L'homme n'avait sur lui aucun papier, mais
on a trouvé dans la poche de la femme des
lettres établissant qu'elle se nomme Angelina
M..., demeurant calle de Bolivar, à Caracas.
Ces deux cadavres sont', sans aucun doute,
ceux des acteurs de l'épouvantable drame qui
s'est dernièrement passé à Caracas, et dont une
correspondance de La Guayra nous a. apporté les
détails, que nous avons publiés.
On se souvient qu'un mulâtre, Daniel Figuola,
amoureux fou d'une jeune fille nommée Angé-
lina M..., qui l'avait repoussé pour épouser un
aéronaute du nom de Rysworth, avait résolu de
se venger. Pour cela, au moment où Angélina
M... allait monter dans un ballon captif apparte-
nant à son mari, il avait enjambé brusquement
le bord de la nacelle, coupé la corde qui rete-
nait le ballon et disparu derrière les nuages
avec sa victime affolée.
Que s'est-il passé pendant l'effrayant trajet
du ballon à travers l'Atlantique? Voici ce qui
semble certain, au dire du Figaro :
Le mulâtre a d'abord voulu se précipiter sur
sa victime ; mais, arrêté par un geste résolu de
celle-ci, qui menaçait de se précipiter dans l'es-
pace, il s'est, désespéré, brûlé la cervelle. Puis
la malheureuse femme a dû rester plusieurs
jours en tête-à-tête avec le cadavre, tandis que
! le ballon filait vertigineusemenè au lté dtf
vent.
La faim fa prise : elle a essayé de Hanges
l'épaule de Figuola, mais l'horreur et le dégo&S
l'ont emporte, et elle est morte de faim.
Les deux corps ont été mis en bière et dép©?
sés dans l'église de Souhâo, où des messes ont
été dites pour Angélina M...' et Daniel Figuola^
— Le 1.3 juin a eu lieu, à midi, l'ouverture de la pre,
I mière exposition internationale en Danemarck avej
; plus de 4,000 exposants.
i Le prince Oscar de Suède présidait à l'i-nauguratioti:
LES
DÉPARTEMENTS MARTYRS
J Les départements martyrs, ceux que le malheur
J des armes a placés sous la. main du vainqueur;
; ceux qui, la guerre terminée, sont restés captiff
pour notre délivrance.
j ^ Les départements martyrs, ceux qui ont eti
à souffrir de l'invasion ; ceux qui, les derniers^
j auront à subir l'occupation.
Les départements martyrs, ceux qai, gardéa
I comme gage de la rançon de la France, sont
I rendus à regret, un à un, à mesure que 1'01
français sort de notre caisse.
C'est l'histoire de ces départements depuis? UE
an_ que va raconter notre collaborateur Georgeg
Grison. Il a compulsé tous les dossiers, re",
cueilli tous les renseignements, collectionné'
! tous les documents nécessaires pour retracer lez
douleurs, les humiliations, les hontes de l'occu-?
pation; il suit pas à pas les hôtes forcés de la
France, égayant chaque portrait d'une anecdota
qui peint le caractère, apportant à l'appui de
chacune de ses assertions les ordres, les arrêtés*'
ou les affiches de l'autorité allemande, faisant en
un mot département par département, ville pal!
ville, hameau par hameau, l'histoire anecdote
que de l'occupation allemande depuis l'armis-'
j tice jusqu'au jour prochain, espérons-le, de 1i
: libération complète, du territoire.
I C'est cette histoire que nous. commenceront
en variétés dans la Petite Presse.
A demain donc
LES DÉPARTEMENTS MARTYRS
HISTOIRE ANECDOTIQUE
DE L'OCCUPATION ALLEMANDE •
TRIBUNAUX ÉTRANGERS
3e CHAMBRE DES ASSISES
PRÉSIDENCE DU LORD CHIEF JUSTICE
Suite de l'audience du 13 juin.
Affaire de Marguerite Diblane
Mlle Riel, la fille de la victime, actrice, attachée 4;
la troupe dramatique française de Londres, est erli,
suite entendue. (Mouvement de curiosité.)
Mlle Riel raconte, d'une voix assurée et sans Hia^
nifester la moindre émotion, que, revenant, le 8 avri!,,'
de Paris, elle avait été surprise de ne trouvée
dans sa maison ni sa mère, ni sa cuisinière Margue-*
rite; qu'ayant exploré la maison, elle avait fini pas>
découvrir le cadavre de sa mère gisant dans une
pièce appelée la panneterie; qu'alors épouvantéel'
elle avait envoyé sa femme de chambre Elisa cher¡q
cher la police; tandis qu'elle-même courait chez 1$.
docteur Wadham, son proche voisin. Elle dit atissk
que sa mère mettait son argent dans un coffre, le-'
quel contenait aussi une boîte renfermant des bi«
joux qu'elle a revus entre les mains de la police pa-i
risienne, après l'arrestation de l'accusée. M
Le défenseur lui demande si elle a gardé la clef dnj
coffre et la boite aux bijoux.
Elle déclare que oui et répond vivement qu'eila^
n'aurait certes pas laissé les bijoux dans la boîte. L%;
ton égrillard avec lequel elle fait cette réponse prow
voqûe le rire de l'auditoire. ' ïj
Sont ensuite entendus les agents de police Péat et
Butcher, Hambline, qui rendent compte des investi';*
gations qu'ils ont été chargés de faire après la dé..;
couverte du cadavre.- i
N° 8 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XV
L'idéal d'un positiviste
Demeurés en tête-à-tête, Willcomb et Cam-
bronne se considérèrent un moment silencieuse-
ment.
'! — Me direz-vous enfin, monsieur, commença
~le premier le vieillard, qui avait repris un peu
de son sang-froi-d, pourquoi cette maison, dont
on m'interdisait l'accès, s'ouvre pour moi sous
votre patronage?.... pourquoi l'autorité qui
m'incombait, sinon devant la loi, au moins de-
vant l'équité, sur l'enfant élevée par moi, vous
est à présent acquise? Pourquoi surtout cette
•cruelle défense, évidemment formulée par vous,
èt si fidèlement observée par l'ingr-ate Elise, qui
m'empêcha de la revoir, quand j'eus découvert
:.t)ù' elle se cachait?
S -7 Vraiment ! s'écria Georges avec un épa-
nouissement qui rendit ses yeux humides. La
chère créature, malgré sa tendresse pour vous,
vous a refusé nne entrevue!... Ah! je suis heu-
reux et fier de ,mon empire sur cette âme d'é-
lite 1
— C'en est trop, monsieur, reprit le philoso-
~~yoir te numéro d'hier.
phe se fâchant de nouveau. Vos paroles et votre
allégresse deviennent encore une nargue à mon
égard.
— Non, protesta vivement le transatlantique.
Ecoutez-moi et vous Comprendrez tout, vous
excuserez tout, vous approuverez tout, car je
connais la grandeur de votre caractère et votre 1
admirable dévouement... pour la fille du Dé-
capité.
Bien plus que mes quelques avantages physi-
ques ou moraux, mon immense fortune m'avait
toujours paru la véritable clef des cœurs fémi-
nins, avant le hasard providentiel qui me mit
en rapport avec l'adorable Mlle Bernard.
Aussi, je menaçai fort de tourner au vieux cé-
libataire; car, quoique la rangaine soit bien
usée, j'avais la prétention d'être aimé pour moi-
même... ou de ne me marier jamais.
J'approchais de l'âge fiur : je songeais déjà à
imiter mon compatriote, le philanthrope Pea-
body, pour dissiper mes richesseS'; car, orphelin
de père et de mère, je n'ai pas même un colla-
téral pour hériter de moi.
Je suis, je vous le déclare d'un positivisme
tout à fait yankee. Eh bien, moi, si rétif jusque-
la au romanesque, à la vue de Mlle Elise, en en-
tendant sa douce voix, en sentant la vertu, la
bonté, l'honneur transsuder dans toute sa char-
mante personne, je fus frappé d'une de ces fou-
droyantes cristallisations d'amour, que je croyais
exister seulement dans l'imagination paradoxale
de Standhal...
Quoique je ne sois guère présomptueux pour-
tant, bientôt, j'eus l'intime conviction que mon
impression, sur cette nature vierge, aimante,
poétique, avait été presque égale à la sienne
sur mon cœur autrement expérimenté, hélas!
Il ne fallait Ras' chercher de calcul dans ce
chaste mais invincible penchant d'une âme qui
s'ignorait elle-même : pour la pauvre ouvrière,
votre pupille, pour la fille du supplicié, j'étais,
moi l'archi-millionnaire, un passant plus éloigné,
plus séparé de sa sphère que sa ville natale ne
l'est de mon lointain pays.
Devant cette certitude, je résolus de réaliser
un projet qui m'avait bien souvent séduit, mais
que ma vaine recherche d'un partenaire indis-
pensable retenait jusque-là dans les limbes.
Beaucoup des aristocratiques idées, cachées en
France sous de grandes déclamations démocra-
tiques, me froissaient et m'outraient, moi, l'ex-
centrique naturel du nouveau continent.
Mais, ce qui m'indigne le plus, c'est le pré-
jugé particulièrement français, qui rend men-
songère votre fiction légale de l'abolition des
castes;
Chez vous, la mésalliance entraîne encore dé-
chéance, malgré vos immortels principes de 89 :
qu'une des reines de votre grand monde épouse,
supposition folle, un modeste journalier, et la
femme sera répudiée prr sa classe, où le mari
ne parviendra jamais à la ramener, en s'y fai-
sant admettre lui-même...
« Eh bien, ,me suis-je répété souvent, que l'oc-
casion s'en présente, et moi, originaire de
France, je déchirerai publiquement ce chapitre
absurde des coutumes françaises. Qu'une fille du
peuple m'aime saintement, que je le lui rende,
et, fût-elle simple servante, eût-elle pour père
un voleurr et pour mare plus encore, pourvu
qu'elle soit personnellement sans taches, je l'é-
layerai à mon rang ! Puis, je l'imposerai à cette
haute société parisienne, si exclusive, par la
puissance qui prime tout aujourd'hui, aristocra-1
tie et démocratie, république et royauté : l'opu-
Jence!... Par les services que mon immense for- j
une me permet de rendre,. même aux privilé",,
giés du corps social: par l'appât des somptaeu*
plaisirs que mes richesses offriront, même aux
plus fortunés, comme un miroir aux alouettes;
je forcerai l'entichement de la position ou de la'
naissance à abaisser sa morque. devant Mme Will-
comb, sortie de la tourbe, ainsi qu'un diamant del
sa gangue, grâce à mes millions tout-puissants!»,
J'avais trouvé dans Mlle Elise Bernard la plé-
béienne digne de devenir la consécration vi-.
vante de ma thèse, ma femme M un mot, et,'
par là, l'égale des patriciennes les plus orgueil- :
leuses. - . , ■
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
FRANÇAIS QUAND MÊME
On écrit de Bâle : '
Trois mille ouvriers d'une grande manufac-7
ture de Mulhouse s'étaient rendus en corps
aux bureaux de l'autorité prussienne, pour y fair<î
leur déclaration d'option. L'autorité les renvoya;
en les priqnt de se présenter par grgupes de dix.
et promettant avec bienveillance de recevoir dix
options par jour. Cela pouvait les mener loin, ce.'
braves gens, ou plutôt les laisser presque tous
en route, puisque les délais fixés par le traité de
paix expirent le 1er octobre prochain.
Qu'ont-ils fait? Ils ont pris un drapeau tricolore)
ils ont passé en troupe la frontière suisse, et ils
ont porté leur option au consulat français de
Bâle. Sur trois mille, on n'en compte que troÍf
oui se soient abstenus. (Le XLKe Siècle,)
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