Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-06-15
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 juin 1872 15 juin 1872
Description : 1872/06/15 (A6,N2230). 1872/06/15 (A6,N2230).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47153025
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
Art. 40. — tous les jeunes gens de la classe
appelée, .qui ne sont pas exemptés "pour cause
?d'infirniïtes, ou ne sont pas dispenses en appli-
cation des dispositions de la présente loi, ou
,:n'ont pas obtenu de sursis d'appel, ou ne sont
.pas affectés à l'armée de mer, ; font partie de
d'armée active et sont mis à la disposition du mi-
nistre de la guerre.
Ces jeunes aoldats sont tous immatriculés dans
lessivera corps de l'armée et envoyés, soit dans
lésdits corps, soit dans des bataillons et écoles
d'instruction.
L'Assemblée rejette deux amendements de
jtfM. Keller et Margaine.
L'article 40 est adopté.
Adopté aussi l'article 41, ainsi conçu :
Art. 41. — Après une année de service des
jeunes soldats dans les conditions indiquées en
l'article précédent, ne sont plus maintenus sous
les drapeaux que les hommes dont le chiffre est
fixé chaque année par le ministre de la guerre.
Ils sont pris par ordre de numéro sur la pre-
mier partie de la liste du recrutement de cha-
que canton et dans la proportion déterminée par
la décision du ministre; cette décision est ren-
due auss itôt après que toutes les opérations du'
recrutement sont terminées.
Deux amendements, l'un de M. de Beloastel,
l'autre de M..de Barante, sont renvoyés jus-
qu'après l'adoption de l'article 43.
L'article 42 est ainsi conçu :
Art. 42. — Nonobstant les,,', dispositions de
l'article précédent, le militaire compris dans la
catégorie de -ceux ne devant pas rester sous les
drapeaux, mais qui après l'année de service men-
" donnée audit artiele, ne sait pas lire et écrire et
ae satisfait p as aux examens déterminés par le
ministre de la guerre, peut être maintenu au
10rps pendant une seconde année.
Le militaire placé dans la même catégorie qui,
par l'instruction acquise antérieurement à son
entrée au service, et par celle reçue sous les
drapeaux, remplit toutes les conditions exigées,
peut après six mois, à des époques fixées pàr le
|niftisiré de la gurre, et avant l'expiration de
Vannée, être envoyé en disponibilité dans ses
loyers, conformément à l'article suivant :
M. de LorgeriL propose par amendement de :
' Supprimer les mots : « Ne sait pas lire et
écrire, » et ajouter le paragraphe suivant.
« Tout soldat ne-sachant pas lire et écrire, lors
du tirage au sort, devra suivre au corps un cours
d'instruction de premier degré. Les examens de
fin d'année porteront sur les matières qui con- |
cernent plus spécialement l'instruction indispen- î
sable au soldat. »
M. de Lorgeril monte à la tribune pour déve-
lopper son amendement.
Au milieu de son discours, il est rappelé à: la ,
question par M. le président. !
M. le président. — Je prie l'omteur de rester j
dans la question. Une discussion de cette nature
ne doit pas donner lieu à des digressions comme
vous vous en permettez. j
Il est impossible que je laisse prononcera la
tribune, à l'occasion d'un amendement, des atta- .
ques contre les membres de cette Assemblée,
et, en particulier, contre M. le président de la J
République. (Bruit. — Bravos. — Aux voix ! aux j
voix !) |
M. de Lorgeril. — Je me borne à dire que ;
l'instruction dans l'armée ne peut avoir de bons j
fruits, quand on voit des doctrines perverses
comme celles de M. Gambetta... (Tumulte.) !
M. le président. — Je ne puis vous laisser con- ;
tinuer sur ce ton. Rétractez ce mot, et rentrez ,
dans le développement de votre amendement ; !
c'est à cette seule condition que je puis vous j
laisser continuera (Très-bien ! aux voix !) j
M. de Lorgeril. — Je retire I'ûxpression : i
« Doctrines perverses. » Je... (L'orateur s'arrête.
Rires. Il ajoute quelques mots couverts par le
.bruit et retourne a sa place.) ,
Le paragraphe 1er de l'article 42 est adopté.
M. de BaranAe développe son amendement
qui est ainsi conçu :
Néanmoins la substitution pourra être autorisée
entre les deux portions du contingent, après
unè année de service entre soldats de mème
classe et de même département.
L'orateur défend le principe de la substitution I
et fait remarquer que, si elle n'existe pas en Al-
lemagne, les grandes émigrations prouvent qu'elle
y devrait exister.
M. le colore! Chadois combat énergiquieinemi
s la substitution et établit qu'elle est chose pire
encore que ,le remplacement.
Il ne faut pas qu'un homme puisse dire à UE
voisin moins fortuné : « Tu vas aller pour moi
supporter les fatigues et les privations. »
Qu'on ne vienne pas me dire que cette subs-
titution n'aura lieu qu'en temp$de paix, et que.
vienne la guerre, tous seront égaux devant la
mort. Cela n'est pas possible.
Quand tous seront appelés, un seul ne répon-
dra pas au signal, ce sera votre substitué. Cela
ne se peut pas et cela ne sera pas.
ïl ne faut pas que des traînards, qui n'ont de
Français que le nom, puissent encore dire: « Les
riches sont en arrière, nous ne nous battrons
pas pour eux. » •
En admettant la substitution, (vous énervez
l'armée et vous rendez impossible de faire entrer
dans ses rangs toutes les couches de la société.
La substitution ne favoriserait que les égoïstes
et les lâches.
M. de Carayon-Latour défend la substitution.
M. de Bastard la combat.
M. de Belcastel demande que la substitution
soit autorisée entre soldats d'une même classe,
après une année de service.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
INFORMATIONS POLITIQUES
On écrit de Versailles :
, On croit que M. Thiers n'interviendra pas
dans la discussion relative à la substitution
des numéros, à laquelle donnera lieu l'article
44 de la loi du recrutement.
Les fractions de la gauche ont résolu de vo-
ter contre la substitution.
Le centre droit est dans l'intention d'inter-
peller le gouvernement sur la politique inté-
rieure, à l'occasion des élections de dimanche,
mais il ne doit prendre que demain une ré-
solution définitive à cet égard. Il est inexact
.qu'une entente se soit établie entre les diver-
ses fractions de la droite au sujet de ce projet
d'interpellation.
On assure que le ministre des finances a
communiqué mardi, à la commission du bud-
get, -des informations favorables sur l'état
des négociations. Le' ministre et la commis-
sion ont été unanimes pour le rembourse-
ment annuel de 200 millions à la Banque de
France.
On assure que, mardi, M. de Goulard pour-
ra communiquer à la commission du budget
des informations sur les négociations avec
l'Allemagne.
Ces informations, s'il faut en croire l'Agence
Havas, seraient assez favorables pour faire
pressentir l'émission d'un emprunt dans le
courant de l'automne.
( L'Espagne vient d'entrer dans une nou-
velle crise.
On nous apprend de Madrid que les minis-
tres, n'ayant pu faire agréer au roi la ' propo-
sition de demander aux Cortès la suspension
des 'garanties constitutionnelles, auraient of-
fert leur démission.
Le ministère aurait rendu compte de l'inci-
dent à la Chambre des députés et au Sénat.
Le roi aurait fait appeler immédiatement
les présidents des deux Chambres, avec les-
quels il se serait longuement entretenu sur la
gravité de la situation.
Madrid était tranquille, assure la dépêche
qui nous apporte ces détails.
LE CADAVRE DE CHEVILLY
Théodore Perce, jeune homme de vingt-deux
ans, domicilié avec sa mère à Chevilly, était un
r ouvrier maçon bien connu dans le pays; partout
Perce jouissait 'd'une excellente réputation, à
raison surtout de sa conduite toute 'filikle parles
soins dont il entourait sa vieille mère.
Samedi on l'avait payé, et il avait remis 90 fr.
à la bonne, ,femme. Dimanche, il avant été vu,
i en différents endroits, en compagnie de trois
; individus! re&tésdncoanus,' avec lesqu.,,els! il s'était
attablé, sans faire d'excès de boisson, mais très-
joyeux néanmoins.
La nuit du dimanche au lundi. Perce ne pa-
rut pas au domicile qu'il habitait avec sa mère,
' près de l'église de Chevilly. Cette absence, si
peu dans ses habitudes, inquiéta la bonne fem-
me, et bientôt dans le village on commenta dif-
féremment cette disparit,ion; mais bientôt l'af-
freuse réalité devait remplacer le doute.
Le lundi matin, vers cinq heures, des OJl-
vriers puisatiers ayant à exécuter des travaux
dans l'un des nombreux puits qui couvrent la
' plaine, l'un d'eux, le sieur Victorin, qui y des-
cendit le premier, cria à ses camarades :
— Restez là-haut, il y a ici un cadavre.
'Bientôt, à l'aide de cordes jétées à Victorin,
apparut à l'orifice du puits un corps mutilé, qui
fut de suite reconnu pour celui de Théodore
Perce.
On constata qu'il avait le cou à moitié séparé
du tronc et une large blessure au-dessus de l'ar-
cade sourcilière droite.
Transporté ait village de Chevilly, les autorités
commencèrent une enquête. Quelques arresta-
tions non maintenùes ont eu lieu et la justice
informe.
Le corps a été transporté à la Morgue de Paris
pour y être soumis à 1 autopsie.
On n'a retrouvé dans les poches de ce mal-
heureux que 15 centimes et un mauvais couteau
à manche de bois ; sa malheureuse mère affirme
pourtant que le dimanche il avait sur lui une
cinquantaine de francs.
Des trois individus avec lesquels le malheu-
reux Perce a été vu pendant la journée de di-
manche, deux viennent d'être arrêtés.
LES ABEILLES VENGERESSES
Le nommé S..., journalier, possesseur d'une
masure et d'un petit, jardin, achetés du produit
d'une mince succession, et situés sur la route de
Saint-Cloud, désirait avoir des .abeilles. Man-
quant d'argent pour en acheter, il avait jeté un
œil de convoitise sur celles du sieur B..., domi-
cilié à peu de distance, qui possédait un certain
nombre de ruches.
— Si je pouvait en prendre une, se disait-il, !
comme les mouches sont sur le point d'essaimer,
je ferais d'une pierre deux coups.
Ayant travaillé quelques jours chez le sieur
B..., il connaissait les localités et il savait que
la petite porte du jardin, donnant sur les champs,
fermait seulement au pêne et qu'il était aisé de
l'ouvrir avec le moindre c"rochet.
Vers onze heures du soir, S... se rendit à la
petite porte, l'ouvrit, passa prestement une plan-
che dont il s'était muni sous l'une des ruches et
mit celle-ci sur sa tête.
A ce moment, les industrieux insectes, fati-
gués des travaux de la journée, goûtaient les
douceurs du sommeil, et le larron put sans dif-
ficulté emporter la cité endormie.
Mais le hasard voulut que, pris d'un besoin,
le. sieur B..., déjà couché, se fût levé et se fùt
rendu dans le jardin. £
Témoin invisible de ce qm se passait, il s'é-
lança, en criant au voleur, à la poursuite du
larron.
Celui-ei redoubla d'e vitesse. Comme il sautait
un fossé, la planche glissa à terre, et il se trouva
coiffé de la ruche. Le sieur B... arriva sur lui.
Ce n'était pas le moment de lui adresser des
reproches. Le malheureux était dans un état dé- i
plorable. Furieuses d'être réveillées en sursaut,
les abeilles fondaient sur lui toutes à la fois, le
piquaient au visage et dans les yeux.
Le sieur B... a reçu lui-même quelques piqû-
res en délivrant l'infortuné voteur qui, aujour-
d'hui, la figure horriblement tuméfiée et mécon-
naissable, sc! trouve à l'hôpital avec -la perspec-
tive, sill en guérit, d'avoir à rendre compte de
son méfait à la justice. (Le' Droit.)
PARIS
A DEUX bE JEU. - iAl1bry et Boarget rentraient
chez eux vers onze heures du soir. Arrivés ave--i.
nue Malakoff, ils furent attaqués par deux indi":!
vidus, qui cherchaient à les dévaliser. Les agres^
seurs étaient armés de coups de poing à pointes. '
Aux cris poussés par les victimes, les voisins
étant sortis, les malfaiteurs prirent la fuite.
Un gardien de 'la paix, qui montait le Troca-
déro, s'élança à la poursuite d'un individu qui
courait à toutes jambes. Cet individu s'engagea
dans l'impasse Rigaud et se blottit dans un coÏD.
obscur.
. Mais l'agent se dirigea de ce côté.
— Si tu m'approches, je te casse la tête !
— C'est peut-être l'occasion de t'en faire .aue:
tant, dit l'agent braquant son revolver.
— Puisque vous le prenez sur ce ton, dit l'io-s
dividu, je me rends.
Cet audacieux malfaiteur est un nommé lUaës;
peintre-vitrier ; son complice se nomme Varennt
et exerce la profession de frappeur. — o.
UNE FEMME sous CLOGHE. — Depuis quelque .
temps, des vols étaient commis à l'étalage du
sieur D..., maregand de nouveautés et de con-
fections pour dames, boulevard Magenta, ek
malgré une attentive surveillance, on n'avait pu
en découvrir l'auteur, lorsque, mardi, à la tom-
bée de la nuit, un jeune employé de l'établisse-
ment partit subitement d'un grand éclat de rire-!
On en chercha la cause et on aperçut au dehors
une femme dans un grand embarras.
Un jupon crinoliné suspendu au-dessus de l'ë-«
talage et fermé par le haut s'était détaché et
avait englobé l'infortunée, qui n'avait pu s'en.
dépétrea. On vint à son secours, et, en la débar-
rassant, on constata qu'elle s'était emparée de
trois corsages cachés sous sa robe et qui en tom-
bèrent tandis qu'elle se démenait.
Le Droit ajoute que, pressée de questions, '
elle finit par s'avouer l'auteur des précédentes
soustractions. A la suite des constatations, elle a;
été arrêtée et-écrouée au Dépôt.
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DÉPART DE LA GUERRIÈRE
Nous empruntons au Figaro de curieux et in-
téressants détails sur la frégate la Guerrière qui
fait voile depuis mercredi vers la Nouvelle-Ca-;
lédonie.
Les transportés à bord de la frégate se divisent er.
deux séries : lé contingent pris à l'île d'Oléron (288);
et celui du fort Kélern, situé à l'extrémité gauche da
la rade de Brest (392), ce qui forme un total de
680 hommes.
Le reste du personnel se compose de 21 gardiens '
de 7 gendarmes passagers, d'une compagnie de 10t
hommes d'infanterie de marine et de 240 homme!
d'équipage.
Parmi les passagers se trouvent le colonel Alleyron;
de l'infanterie de marine, nommé .commandant mi-
litaire de la Nouvelle-Calédonie, accompagné de sa
femme et de trois petits enfants, et le chef d'esca.- »
drons de gendarmerie Pasquier, sa femme et un
enfant.
La Guerrière emporte, en outre, plusieurs officiers
de marine à destination des stations des mers du
sud, et des médecins.
Total, 1070 personnes environ. Le vaisseau con-
tient en outre : quatre mois de vivres pour tout ai
qui est passager, huit mois pour l'équipage, et qua-,
tr e mois de vivres de prévoyance pour une centaine
d e passagers au retour.
L'expédition est placée sous les ordres du capitaine
N° 55 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XIV (Suite.)
Siège et blocus
Mère Sainte-Agnes trouva toujours le moyen
de confisquer la première les billets du chiffon-
nier, glissés par connivence dans le pain venant
du dehors, attachés sous l'aile de\ certains oi-
seaux familiers du jardin qu lancés par-dessus
les murs, confiés même à quelque âme chari-
table et gagnée, en rapport passager avec les
pensionnaires.
Dès le début des tentatives de ce genre, l'ha-
bile directrice avait, en outre, changé le lieu de
récréation de ses élèves, pour mettre des bâti-
ments entiers entre elles et la rue ! J
N'importe, 'elle était aux abois, et vaincue sur
tant d'autres points, dans sa lutte avec .les infi- 11
niment petits !
Elle appela donc en entretien particulier la
, cause involontaire de ses tribulations. I
— Ma chère enfant, lui dit-elle sans chercher !
de préambule, l'homme qui vous a élevée, ayant j
retrouvé vos traces et s'acharnant à parvenir !
jusqu'à vous, je dois vous inviter à intervenir,
pour faire cesser ses malséantes attaques. C'est
,Voir Ip- laum~
lui qui désôle notre paisible communauté, par
ses inventions pernicieuses et cachées. Depuis
trop longtemps déjà, je me suis tue vis-à-vis de
vous,. parce que j'espérais qu'il se lasserait, et
que je sentais combien il vous serait pénible de
sembler dure et ingrate à votre tuteur d'autre-
fois. Mais souvenez-vons de vos engagements
solennels quand votre véritable bienfaiteur m'a
chargée 'de vous instruire et de vous transfor-
mer, à votre entrée ici.
Ecrivez donc en conséquence quelques mots
ambigus à ce possédé vieillard, afin qu'il ne
tente plus rien pour se rapprocher de vous... Au
reste, celui dont vous dépendez à présent ne
tardera pas à reprendre l'autorité qu'il m'a trans-
mise sur tous vos actes.
Elle eût pu parler longtemps encore sans
qu'Elise lui répondît, tant celle-ci paraissait dou-
loureusement foudroyée, dès les premiers mots
de ce discours.
Et pourtant, la fille du Décapité, que nous
avons vue si pleine de tendresse pour le géné-
reux protecteur de son berceau flétri, ne récri-
mina pas, ne protesta pas contre l'ordre de l'exi-
ler de sa présence.
Quoiqu'elle eût les larmes aux yeux, elle ne
manifesta même pas le désir d'exprimer, au
moins personnellement, un peu d'affection pour
son dévoué nourricier en le bannissant.
— Dictez-moi... ce que je puis écrire... à M.
Cambronne, révérende Mère, balbutia-t-elle en-
fin!, avec un trouble et une humilité qui tou-
chèrent la religieuse.
— Vous outrez la modestie et l'obéissance, maJ
chère fille, reprit cette dernière, mais je vous en
félicite, dans l'intérêt de votre salut. Ecrivez
donc :
« jure! A bientôt peut-être !... Surtout ne per-
« sécutez plus cette pieuse maison. »
Ces trois lignes signées, la supérieure prit le
papier et congédia sa pensionnaire, pâle comme
si elle allait défaillir.
Cinq minutes après, le philosophe assis sur
son coffre à décrotter, et achevant un goûter
frugal, ne fut pas médiocrement étonné de voir
sortir 'du couvent et venir droit à lui « la veuve
à_ Jaco, » comme Mme la! Lune appelait la
victime de son astuce à la Borgia.
— Tenez, suppôt de l'enfer, grommela soeur
Pétronille, voici pour vous : Vade*retro,Satanas !
En se signant, elle lui tendit de la main gau-
che un billet, et, dès qu'il l'eut pris, la tourière
courut se réfugier sous son porche.
Le vieillard ouvrit le pli, regarda et tressaillit.
Il passa plusieurs fois sa manche sur ses pau-
pières humides... Enfin il put lire.
Son visage eut une expression navrante, puis
une méditation triste et profonde suivit sa courte
lecture.
— Soi',! ruminait-il, je cesserai les hostilités :
ses vœux sont pour moi des ordres!... C'est égal,
pauvre brute, tu expies cruellement ton acci-
dentelle rudesse envers elle, quand tu jouas au
Brutus!... Car, plus de .doute ! elle consent à ne
pas me voir encore... Jadis, en pareille occur-
rence, elle m'aurait marqué : « Je vous em-
brasserai quand même et tout de suite!... » On
m'a supplanté dans ce jeune coeur-là, misère!
A cette pensée, la douleur de Cambronne se
fransforma en véhémente colère. ^
— Oui, reprit-il tout haut, serrant les poings,
je patienterai !... je l'attendrai devant ce seuil,
l'homme qui l'a déterminée à s'enfermer là-de-
dans, afin d'échapper à mes paternelles recher-
^egj^^giu^biea qu'il l'j re^jgge, oiij
tard, soit lui-même, soit par émissaire. Oh!ji
guetterai, je veillerai sans trêve! Et malheur 1
son ravisseur, si c'est pour la perdre qu'il me 1\:
volée! *
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
LES
MANŒUVRES DE L'ARMÉE D'OCCUPATION
L etat-major général vient d'arrêter à Berlit.
le plan des manœuvres en rase campagne, qtt
commenceront d'une manière générale le 15 d*
ce mois, et se feront graduellement par compas
gnies, par bataillons, par régiments et par brK
gades.
. La durée des premières manœuvres sera de
vingt jours et finira le 5 juillet, époque à la-,
quelle commenceront les manœuvres par régi<
ments, et celles par brigades, qui cesseront ae
1er octobre prochain.
Voici les endroits désignés pour les manœuvre*
par régiment et par brigade. Elles auront Iieprès de Neufchâteau, près de Chaumont, près dé
Pont-à-Mousson, à Epinal, Belfort, à Reims,- à
Vitry-le-François, aux Vertus, à Châlons, à Com<
mercy, à Toul, à Stenay et à Sedan.
Le programme de ces manœuvres a été en":
voyé aux chefs de corps. Ces derniers n'ont à
s'occuper que de son application. Les jours où
chaque régiment doit manœuvrer isolément est
indiqué d'avance >jl en est de même pour cha-
que brigade. *
Le chef de corps qui voudra apporter une moï
dification au programme, ou même changer là
jour indiqué pour une manœuvre, devra le
appelée, .qui ne sont pas exemptés "pour cause
?d'infirniïtes, ou ne sont pas dispenses en appli-
cation des dispositions de la présente loi, ou
,:n'ont pas obtenu de sursis d'appel, ou ne sont
.pas affectés à l'armée de mer, ; font partie de
d'armée active et sont mis à la disposition du mi-
nistre de la guerre.
Ces jeunes aoldats sont tous immatriculés dans
lessivera corps de l'armée et envoyés, soit dans
lésdits corps, soit dans des bataillons et écoles
d'instruction.
L'Assemblée rejette deux amendements de
jtfM. Keller et Margaine.
L'article 40 est adopté.
Adopté aussi l'article 41, ainsi conçu :
Art. 41. — Après une année de service des
jeunes soldats dans les conditions indiquées en
l'article précédent, ne sont plus maintenus sous
les drapeaux que les hommes dont le chiffre est
fixé chaque année par le ministre de la guerre.
Ils sont pris par ordre de numéro sur la pre-
mier partie de la liste du recrutement de cha-
que canton et dans la proportion déterminée par
la décision du ministre; cette décision est ren-
due auss itôt après que toutes les opérations du'
recrutement sont terminées.
Deux amendements, l'un de M. de Beloastel,
l'autre de M..de Barante, sont renvoyés jus-
qu'après l'adoption de l'article 43.
L'article 42 est ainsi conçu :
Art. 42. — Nonobstant les,,', dispositions de
l'article précédent, le militaire compris dans la
catégorie de -ceux ne devant pas rester sous les
drapeaux, mais qui après l'année de service men-
" donnée audit artiele, ne sait pas lire et écrire et
ae satisfait p as aux examens déterminés par le
ministre de la guerre, peut être maintenu au
10rps pendant une seconde année.
Le militaire placé dans la même catégorie qui,
par l'instruction acquise antérieurement à son
entrée au service, et par celle reçue sous les
drapeaux, remplit toutes les conditions exigées,
peut après six mois, à des époques fixées pàr le
|niftisiré de la gurre, et avant l'expiration de
Vannée, être envoyé en disponibilité dans ses
loyers, conformément à l'article suivant :
M. de LorgeriL propose par amendement de :
' Supprimer les mots : « Ne sait pas lire et
écrire, » et ajouter le paragraphe suivant.
« Tout soldat ne-sachant pas lire et écrire, lors
du tirage au sort, devra suivre au corps un cours
d'instruction de premier degré. Les examens de
fin d'année porteront sur les matières qui con- |
cernent plus spécialement l'instruction indispen- î
sable au soldat. »
M. de Lorgeril monte à la tribune pour déve-
lopper son amendement.
Au milieu de son discours, il est rappelé à: la ,
question par M. le président. !
M. le président. — Je prie l'omteur de rester j
dans la question. Une discussion de cette nature
ne doit pas donner lieu à des digressions comme
vous vous en permettez. j
Il est impossible que je laisse prononcera la
tribune, à l'occasion d'un amendement, des atta- .
ques contre les membres de cette Assemblée,
et, en particulier, contre M. le président de la J
République. (Bruit. — Bravos. — Aux voix ! aux j
voix !) |
M. de Lorgeril. — Je me borne à dire que ;
l'instruction dans l'armée ne peut avoir de bons j
fruits, quand on voit des doctrines perverses
comme celles de M. Gambetta... (Tumulte.) !
M. le président. — Je ne puis vous laisser con- ;
tinuer sur ce ton. Rétractez ce mot, et rentrez ,
dans le développement de votre amendement ; !
c'est à cette seule condition que je puis vous j
laisser continuera (Très-bien ! aux voix !) j
M. de Lorgeril. — Je retire I'ûxpression : i
« Doctrines perverses. » Je... (L'orateur s'arrête.
Rires. Il ajoute quelques mots couverts par le
.bruit et retourne a sa place.) ,
Le paragraphe 1er de l'article 42 est adopté.
M. de BaranAe développe son amendement
qui est ainsi conçu :
Néanmoins la substitution pourra être autorisée
entre les deux portions du contingent, après
unè année de service entre soldats de mème
classe et de même département.
L'orateur défend le principe de la substitution I
et fait remarquer que, si elle n'existe pas en Al-
lemagne, les grandes émigrations prouvent qu'elle
y devrait exister.
M. le colore! Chadois combat énergiquieinemi
s la substitution et établit qu'elle est chose pire
encore que ,le remplacement.
Il ne faut pas qu'un homme puisse dire à UE
voisin moins fortuné : « Tu vas aller pour moi
supporter les fatigues et les privations. »
Qu'on ne vienne pas me dire que cette subs-
titution n'aura lieu qu'en temp$de paix, et que.
vienne la guerre, tous seront égaux devant la
mort. Cela n'est pas possible.
Quand tous seront appelés, un seul ne répon-
dra pas au signal, ce sera votre substitué. Cela
ne se peut pas et cela ne sera pas.
ïl ne faut pas que des traînards, qui n'ont de
Français que le nom, puissent encore dire: « Les
riches sont en arrière, nous ne nous battrons
pas pour eux. » •
En admettant la substitution, (vous énervez
l'armée et vous rendez impossible de faire entrer
dans ses rangs toutes les couches de la société.
La substitution ne favoriserait que les égoïstes
et les lâches.
M. de Carayon-Latour défend la substitution.
M. de Bastard la combat.
M. de Belcastel demande que la substitution
soit autorisée entre soldats d'une même classe,
après une année de service.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
INFORMATIONS POLITIQUES
On écrit de Versailles :
, On croit que M. Thiers n'interviendra pas
dans la discussion relative à la substitution
des numéros, à laquelle donnera lieu l'article
44 de la loi du recrutement.
Les fractions de la gauche ont résolu de vo-
ter contre la substitution.
Le centre droit est dans l'intention d'inter-
peller le gouvernement sur la politique inté-
rieure, à l'occasion des élections de dimanche,
mais il ne doit prendre que demain une ré-
solution définitive à cet égard. Il est inexact
.qu'une entente se soit établie entre les diver-
ses fractions de la droite au sujet de ce projet
d'interpellation.
On assure que le ministre des finances a
communiqué mardi, à la commission du bud-
get, -des informations favorables sur l'état
des négociations. Le' ministre et la commis-
sion ont été unanimes pour le rembourse-
ment annuel de 200 millions à la Banque de
France.
On assure que, mardi, M. de Goulard pour-
ra communiquer à la commission du budget
des informations sur les négociations avec
l'Allemagne.
Ces informations, s'il faut en croire l'Agence
Havas, seraient assez favorables pour faire
pressentir l'émission d'un emprunt dans le
courant de l'automne.
( L'Espagne vient d'entrer dans une nou-
velle crise.
On nous apprend de Madrid que les minis-
tres, n'ayant pu faire agréer au roi la ' propo-
sition de demander aux Cortès la suspension
des 'garanties constitutionnelles, auraient of-
fert leur démission.
Le ministère aurait rendu compte de l'inci-
dent à la Chambre des députés et au Sénat.
Le roi aurait fait appeler immédiatement
les présidents des deux Chambres, avec les-
quels il se serait longuement entretenu sur la
gravité de la situation.
Madrid était tranquille, assure la dépêche
qui nous apporte ces détails.
LE CADAVRE DE CHEVILLY
Théodore Perce, jeune homme de vingt-deux
ans, domicilié avec sa mère à Chevilly, était un
r ouvrier maçon bien connu dans le pays; partout
Perce jouissait 'd'une excellente réputation, à
raison surtout de sa conduite toute 'filikle parles
soins dont il entourait sa vieille mère.
Samedi on l'avait payé, et il avait remis 90 fr.
à la bonne, ,femme. Dimanche, il avant été vu,
i en différents endroits, en compagnie de trois
; individus! re&tésdncoanus,' avec lesqu.,,els! il s'était
attablé, sans faire d'excès de boisson, mais très-
joyeux néanmoins.
La nuit du dimanche au lundi. Perce ne pa-
rut pas au domicile qu'il habitait avec sa mère,
' près de l'église de Chevilly. Cette absence, si
peu dans ses habitudes, inquiéta la bonne fem-
me, et bientôt dans le village on commenta dif-
féremment cette disparit,ion; mais bientôt l'af-
freuse réalité devait remplacer le doute.
Le lundi matin, vers cinq heures, des OJl-
vriers puisatiers ayant à exécuter des travaux
dans l'un des nombreux puits qui couvrent la
' plaine, l'un d'eux, le sieur Victorin, qui y des-
cendit le premier, cria à ses camarades :
— Restez là-haut, il y a ici un cadavre.
'Bientôt, à l'aide de cordes jétées à Victorin,
apparut à l'orifice du puits un corps mutilé, qui
fut de suite reconnu pour celui de Théodore
Perce.
On constata qu'il avait le cou à moitié séparé
du tronc et une large blessure au-dessus de l'ar-
cade sourcilière droite.
Transporté ait village de Chevilly, les autorités
commencèrent une enquête. Quelques arresta-
tions non maintenùes ont eu lieu et la justice
informe.
Le corps a été transporté à la Morgue de Paris
pour y être soumis à 1 autopsie.
On n'a retrouvé dans les poches de ce mal-
heureux que 15 centimes et un mauvais couteau
à manche de bois ; sa malheureuse mère affirme
pourtant que le dimanche il avait sur lui une
cinquantaine de francs.
Des trois individus avec lesquels le malheu-
reux Perce a été vu pendant la journée de di-
manche, deux viennent d'être arrêtés.
LES ABEILLES VENGERESSES
Le nommé S..., journalier, possesseur d'une
masure et d'un petit, jardin, achetés du produit
d'une mince succession, et situés sur la route de
Saint-Cloud, désirait avoir des .abeilles. Man-
quant d'argent pour en acheter, il avait jeté un
œil de convoitise sur celles du sieur B..., domi-
cilié à peu de distance, qui possédait un certain
nombre de ruches.
— Si je pouvait en prendre une, se disait-il, !
comme les mouches sont sur le point d'essaimer,
je ferais d'une pierre deux coups.
Ayant travaillé quelques jours chez le sieur
B..., il connaissait les localités et il savait que
la petite porte du jardin, donnant sur les champs,
fermait seulement au pêne et qu'il était aisé de
l'ouvrir avec le moindre c"rochet.
Vers onze heures du soir, S... se rendit à la
petite porte, l'ouvrit, passa prestement une plan-
che dont il s'était muni sous l'une des ruches et
mit celle-ci sur sa tête.
A ce moment, les industrieux insectes, fati-
gués des travaux de la journée, goûtaient les
douceurs du sommeil, et le larron put sans dif-
ficulté emporter la cité endormie.
Mais le hasard voulut que, pris d'un besoin,
le. sieur B..., déjà couché, se fût levé et se fùt
rendu dans le jardin. £
Témoin invisible de ce qm se passait, il s'é-
lança, en criant au voleur, à la poursuite du
larron.
Celui-ei redoubla d'e vitesse. Comme il sautait
un fossé, la planche glissa à terre, et il se trouva
coiffé de la ruche. Le sieur B... arriva sur lui.
Ce n'était pas le moment de lui adresser des
reproches. Le malheureux était dans un état dé- i
plorable. Furieuses d'être réveillées en sursaut,
les abeilles fondaient sur lui toutes à la fois, le
piquaient au visage et dans les yeux.
Le sieur B... a reçu lui-même quelques piqû-
res en délivrant l'infortuné voteur qui, aujour-
d'hui, la figure horriblement tuméfiée et mécon-
naissable, sc! trouve à l'hôpital avec -la perspec-
tive, sill en guérit, d'avoir à rendre compte de
son méfait à la justice. (Le' Droit.)
PARIS
A DEUX bE JEU. - iAl1bry et Boarget rentraient
chez eux vers onze heures du soir. Arrivés ave--i.
nue Malakoff, ils furent attaqués par deux indi":!
vidus, qui cherchaient à les dévaliser. Les agres^
seurs étaient armés de coups de poing à pointes. '
Aux cris poussés par les victimes, les voisins
étant sortis, les malfaiteurs prirent la fuite.
Un gardien de 'la paix, qui montait le Troca-
déro, s'élança à la poursuite d'un individu qui
courait à toutes jambes. Cet individu s'engagea
dans l'impasse Rigaud et se blottit dans un coÏD.
obscur.
. Mais l'agent se dirigea de ce côté.
— Si tu m'approches, je te casse la tête !
— C'est peut-être l'occasion de t'en faire .aue:
tant, dit l'agent braquant son revolver.
— Puisque vous le prenez sur ce ton, dit l'io-s
dividu, je me rends.
Cet audacieux malfaiteur est un nommé lUaës;
peintre-vitrier ; son complice se nomme Varennt
et exerce la profession de frappeur. — o.
UNE FEMME sous CLOGHE. — Depuis quelque .
temps, des vols étaient commis à l'étalage du
sieur D..., maregand de nouveautés et de con-
fections pour dames, boulevard Magenta, ek
malgré une attentive surveillance, on n'avait pu
en découvrir l'auteur, lorsque, mardi, à la tom-
bée de la nuit, un jeune employé de l'établisse-
ment partit subitement d'un grand éclat de rire-!
On en chercha la cause et on aperçut au dehors
une femme dans un grand embarras.
Un jupon crinoliné suspendu au-dessus de l'ë-«
talage et fermé par le haut s'était détaché et
avait englobé l'infortunée, qui n'avait pu s'en.
dépétrea. On vint à son secours, et, en la débar-
rassant, on constata qu'elle s'était emparée de
trois corsages cachés sous sa robe et qui en tom-
bèrent tandis qu'elle se démenait.
Le Droit ajoute que, pressée de questions, '
elle finit par s'avouer l'auteur des précédentes
soustractions. A la suite des constatations, elle a;
été arrêtée et-écrouée au Dépôt.
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DÉPART DE LA GUERRIÈRE
Nous empruntons au Figaro de curieux et in-
téressants détails sur la frégate la Guerrière qui
fait voile depuis mercredi vers la Nouvelle-Ca-;
lédonie.
Les transportés à bord de la frégate se divisent er.
deux séries : lé contingent pris à l'île d'Oléron (288);
et celui du fort Kélern, situé à l'extrémité gauche da
la rade de Brest (392), ce qui forme un total de
680 hommes.
Le reste du personnel se compose de 21 gardiens '
de 7 gendarmes passagers, d'une compagnie de 10t
hommes d'infanterie de marine et de 240 homme!
d'équipage.
Parmi les passagers se trouvent le colonel Alleyron;
de l'infanterie de marine, nommé .commandant mi-
litaire de la Nouvelle-Calédonie, accompagné de sa
femme et de trois petits enfants, et le chef d'esca.- »
drons de gendarmerie Pasquier, sa femme et un
enfant.
La Guerrière emporte, en outre, plusieurs officiers
de marine à destination des stations des mers du
sud, et des médecins.
Total, 1070 personnes environ. Le vaisseau con-
tient en outre : quatre mois de vivres pour tout ai
qui est passager, huit mois pour l'équipage, et qua-,
tr e mois de vivres de prévoyance pour une centaine
d e passagers au retour.
L'expédition est placée sous les ordres du capitaine
N° 55 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XIV (Suite.)
Siège et blocus
Mère Sainte-Agnes trouva toujours le moyen
de confisquer la première les billets du chiffon-
nier, glissés par connivence dans le pain venant
du dehors, attachés sous l'aile de\ certains oi-
seaux familiers du jardin qu lancés par-dessus
les murs, confiés même à quelque âme chari-
table et gagnée, en rapport passager avec les
pensionnaires.
Dès le début des tentatives de ce genre, l'ha-
bile directrice avait, en outre, changé le lieu de
récréation de ses élèves, pour mettre des bâti-
ments entiers entre elles et la rue ! J
N'importe, 'elle était aux abois, et vaincue sur
tant d'autres points, dans sa lutte avec .les infi- 11
niment petits !
Elle appela donc en entretien particulier la
, cause involontaire de ses tribulations. I
— Ma chère enfant, lui dit-elle sans chercher !
de préambule, l'homme qui vous a élevée, ayant j
retrouvé vos traces et s'acharnant à parvenir !
jusqu'à vous, je dois vous inviter à intervenir,
pour faire cesser ses malséantes attaques. C'est
,Voir Ip- laum~
lui qui désôle notre paisible communauté, par
ses inventions pernicieuses et cachées. Depuis
trop longtemps déjà, je me suis tue vis-à-vis de
vous,. parce que j'espérais qu'il se lasserait, et
que je sentais combien il vous serait pénible de
sembler dure et ingrate à votre tuteur d'autre-
fois. Mais souvenez-vons de vos engagements
solennels quand votre véritable bienfaiteur m'a
chargée 'de vous instruire et de vous transfor-
mer, à votre entrée ici.
Ecrivez donc en conséquence quelques mots
ambigus à ce possédé vieillard, afin qu'il ne
tente plus rien pour se rapprocher de vous... Au
reste, celui dont vous dépendez à présent ne
tardera pas à reprendre l'autorité qu'il m'a trans-
mise sur tous vos actes.
Elle eût pu parler longtemps encore sans
qu'Elise lui répondît, tant celle-ci paraissait dou-
loureusement foudroyée, dès les premiers mots
de ce discours.
Et pourtant, la fille du Décapité, que nous
avons vue si pleine de tendresse pour le géné-
reux protecteur de son berceau flétri, ne récri-
mina pas, ne protesta pas contre l'ordre de l'exi-
ler de sa présence.
Quoiqu'elle eût les larmes aux yeux, elle ne
manifesta même pas le désir d'exprimer, au
moins personnellement, un peu d'affection pour
son dévoué nourricier en le bannissant.
— Dictez-moi... ce que je puis écrire... à M.
Cambronne, révérende Mère, balbutia-t-elle en-
fin!, avec un trouble et une humilité qui tou-
chèrent la religieuse.
— Vous outrez la modestie et l'obéissance, maJ
chère fille, reprit cette dernière, mais je vous en
félicite, dans l'intérêt de votre salut. Ecrivez
donc :
« jure! A bientôt peut-être !... Surtout ne per-
« sécutez plus cette pieuse maison. »
Ces trois lignes signées, la supérieure prit le
papier et congédia sa pensionnaire, pâle comme
si elle allait défaillir.
Cinq minutes après, le philosophe assis sur
son coffre à décrotter, et achevant un goûter
frugal, ne fut pas médiocrement étonné de voir
sortir 'du couvent et venir droit à lui « la veuve
à_ Jaco, » comme Mme la! Lune appelait la
victime de son astuce à la Borgia.
— Tenez, suppôt de l'enfer, grommela soeur
Pétronille, voici pour vous : Vade*retro,Satanas !
En se signant, elle lui tendit de la main gau-
che un billet, et, dès qu'il l'eut pris, la tourière
courut se réfugier sous son porche.
Le vieillard ouvrit le pli, regarda et tressaillit.
Il passa plusieurs fois sa manche sur ses pau-
pières humides... Enfin il put lire.
Son visage eut une expression navrante, puis
une méditation triste et profonde suivit sa courte
lecture.
— Soi',! ruminait-il, je cesserai les hostilités :
ses vœux sont pour moi des ordres!... C'est égal,
pauvre brute, tu expies cruellement ton acci-
dentelle rudesse envers elle, quand tu jouas au
Brutus!... Car, plus de .doute ! elle consent à ne
pas me voir encore... Jadis, en pareille occur-
rence, elle m'aurait marqué : « Je vous em-
brasserai quand même et tout de suite!... » On
m'a supplanté dans ce jeune coeur-là, misère!
A cette pensée, la douleur de Cambronne se
fransforma en véhémente colère. ^
— Oui, reprit-il tout haut, serrant les poings,
je patienterai !... je l'attendrai devant ce seuil,
l'homme qui l'a déterminée à s'enfermer là-de-
dans, afin d'échapper à mes paternelles recher-
^egj^^giu^biea qu'il l'j re^jgge, oiij
tard, soit lui-même, soit par émissaire. Oh!ji
guetterai, je veillerai sans trêve! Et malheur 1
son ravisseur, si c'est pour la perdre qu'il me 1\:
volée! *
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
LES
MANŒUVRES DE L'ARMÉE D'OCCUPATION
L etat-major général vient d'arrêter à Berlit.
le plan des manœuvres en rase campagne, qtt
commenceront d'une manière générale le 15 d*
ce mois, et se feront graduellement par compas
gnies, par bataillons, par régiments et par brK
gades.
. La durée des premières manœuvres sera de
vingt jours et finira le 5 juillet, époque à la-,
quelle commenceront les manœuvres par régi<
ments, et celles par brigades, qui cesseront ae
1er octobre prochain.
Voici les endroits désignés pour les manœuvre*
par régiment et par brigade. Elles auront Iieprès de Neufchâteau, près de Chaumont, près dé
Pont-à-Mousson, à Epinal, Belfort, à Reims,- à
Vitry-le-François, aux Vertus, à Châlons, à Com<
mercy, à Toul, à Stenay et à Sedan.
Le programme de ces manœuvres a été en":
voyé aux chefs de corps. Ces derniers n'ont à
s'occuper que de son application. Les jours où
chaque régiment doit manœuvrer isolément est
indiqué d'avance >jl en est de même pour cha-
que brigade. *
Le chef de corps qui voudra apporter une moï
dification au programme, ou même changer là
jour indiqué pour une manœuvre, devra le
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