Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-05-19
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 mai 1872 19 mai 1872
Description : 1872/05/19 (A6,N2203). 1872/05/19 (A6,N2203).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715275q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro :. /
5 cent. le numéro
1EORNEMENTS —Trois mois Six mois Un ai
B Départements.... 6 11 22 ^
f Administrateur : BOURDILLIAT
~'..
-
--,7é -, ee. — DIMANCHE 19 141 1872. — PENTECOTE. — W 2203.
~.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
13» quai Voltaire 1
Succursale : 9, rue Drouot, 9
PARIS, 18 MAI 1872
LES BOHÉMIENS
Pendant ces derniers jours, on voyait cir-
culer de tous côtés dans Paris une foule
te gens, femmes et hommes, vêtus de tous
'fes costumes de l'Europe, aux allures étran-
ges, aux visages bruns et olivâtres et aux
cheveux d'un noir de jais.
Ce sont des bohémiens. Parmi eux, on
flistingue la classe des calderari de Hongrie' -
îrui forme une corporation à part et parcourt
FOccident, principalement la France. ,
Venant de si loin, ils ont des chariots et de
'grandes tentes qu'ils dressent partout où
Ils s'arrêtent pour exercer leur métier. Ils
tranchaient violemment sur notre popula-
tion par leur accoutrement bizarre que sin-
gularisent encore d'énormes boutons d'argent
Attachés aux vêtements des hommes.
1 Le chef pDrte une grande canne à gros
,Pommeau d'argent. Les femmes et les en-
fants mendient avec insistance auprès des
'personnes qui visitent leurs campements,
-Tuais les hommes sont des ouvriers habiles.
Quoique couverts de vêtements sordides,
ils ont des magots assez ronds dont ils
'tirent les sommes nécessaires pour garantir
,les objets de cuivre qu'on leur donne à ré-
parer.
Ces calderari sont pour la plupart des
bohèmes de race très-pure, au teint très-
cuivré, et les hommes sont particulièrement
beaux. Mais ce qui leur donne un cachet
tout particulier, c'est qu'avec un respect
■inaltérable et un soin pieux, ils ont con-
servé de leurs aïeux des mœurs, des habi-
tudes, et même des procédés de travail qui
Remontent certainement à plusieurs milliers
'd'années. Ce sont des artisans des - temps
"barbares, mais en somme des gens inof-
fensifs.
On ne pourrait pas en dire autant de
fleurs autres compagnons. Ceux-ci exercent
"tops les métiers, vivent le plus qu'ils peuvent
; d'aumône et d'expédients, tirent la bonne
aventure et forment le personnel de ces
; troupes de saltimbanques qui font l'orne-
ment de nos boulevards extérieurs.
Les nouvellistes, qui sont * toujours en
quête d'aventures excentriques et qui ne
peuvent rien voir naturellement, sachant
dernièrement qu'une jeune et jolie fille (de
Bohême, à la peau dorée par le soleil, es-
pèce d'Esmeralda sans chèvre, nommée
Mabel Gray, allait se marier avec un jeune
Anglais, tombé amoureux d'elle, inven-
tèrent la légende tou te neuve que voici :
Ils prétendirent que tous les individus j
nomades et pittoresques que nous voyions <
parmi nous depms quelque temps s'étaient
donné rendez-vous à Paris, afin que de là
leurs bandes s'en allassent en Angleterre;
pour assister au mariage de leur souveraine
j avec un lord prodigieusement riche et pos-
sédant presque tout le comté de Yarmouth.
Cette Mabel Gray, ils l'intitulaient
pompeusement « reine héréditaire de tous
les bohémiens d'Angleterre, d'Ecosse et
d'Irlande, » et rangeaient sous son sceptre
les innombrables légions de gens sans aveu
qui émaillent les grandes routes de l'Europe.
D'après ces reporters exaltés, Mabel Gray
était, quelque chose comme une reine d'E-
gypte, une espèce de Clopin Trouillefou
femelle, qui dirigeait et faisait mouvoir d'un
geste tous les éclopés, boiteux, manchots,
courtauds de boutanche, coquillards, hu-
bins, sabouleux, calots, francs-mitoux, po-
lissons, piètres., capons, marcandicrs, nar-
quois, cagous, orphelins, rifodés et malin-
greux, dont le dénombrement nous réjouis-
sait tant dans Notre-Dame de Paris, et qui
grouillent encore dans les pays troublés.
_ Malheureusement pour les poëtes du fait-
divers, toutes ces belles inventions se ré-
duisent à ceci : Mlle Mabel Gray s'est ma-
riée tout naturellement avec un jeune pro-
priétaire anglais, du nom de lVlidleton,
modérément riche, mais fort dépensier. Elle
ne lui a apporté en dot, en fait de choses
fantastiques, que la beauté du diable de ses
dix-huit ans, et la noce, égayée par un dé-
jeuner de premier ordre, a eu lieu très-pai-
siblement à l'hôtel des Kings'Arms (Armoi-
ries du Roi), à Martham, comté de Yar-
mouth.
Les parents de-la jeune bohémienne as-
sistaient à la cérémonie, ceux du romanes-
que anglais n'y brillaient que par leur ab-
sence.
On pouvait se demander, en voyant Ma-
bel Gray commander à tant de vagabonds,
s 'il est rassurant pour la société de voir une
reine déclassée jouir d'une telle puissance;
mais heureusement que la vérité en ceci
est tout à.,fait rassurante.
Les bohémiens n'obéissent à aucun pou-
voir absolu, par l'excellente raison qu'ils
n'ont iii roi ni reine.
Malgré l'erreur commune, il faut se con-
vaincre que les tribus nomades qui pullulent
dans les environs des grandes villes et qui
font bande à part avec les habitants ne re-
connaissent aucun chef sérieux.
Il y a souvent dans leurs groupes un*1
homme ou une femme qui prend quelque
influence parmi les siens, des directeurs de
troupes parmi ces saltimbanques, comme
chez nous, et à qui leurs « artistes » s'amu-
sent à donner le titre de roi et de reine ;
mais ce n'est là qu'un true pour amuser les
badauds, colorer le boniment et remplir la
caisse. ^
Ce titre, ou plutôt ce sobriquCTf ne con-
fère en rien à ceux qui en sont affublés cette
puissance absolue et mystérieuse qui n'existe
que dans l'imagination populaire.
Mais ce qui est certain, c'est que les Bo-
hémiens, en général, étant des gens nuisi-
bles pour tous ceux qui ont quelque chose
à perdre, et principalement pour les bijou-
tiers, joailliers, marchands d'objets .d'arf et
changeurs, la préfecture de police leur fait
une chasse continuelle, et que le ministre
de l'intérieur a prescrit à toutes les autori-
tés civiles de ne pas laisser séjourner en
France ces voyageurs, dont le signe parti-
culier est un manque total et une horreur
profonde du domicile régulier.
On ne saurait trop approuver le Gouver-
nement de cette mesure. Toute la bohème
de l'Europe, politique et sociale, nous a fait
trop de mal, et l'on sait que les chefs zin-
gari ou gypsi qui s'étaient, de leur autorité
privée, créés généraux et colonels, n'ont pas
été les moins ardents au pillage de nos mai-
sons et au meurtre de nos généraux et sol-
dats.
VICTOR COCHINAT.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
On lit dans le Journal officiel :
Le ministre de la guerre a décidé que la
commission chargée d'examiner les projets de
carnets aide-mémoire à l'usage des officiers
d'infanterie et de cavalerie se réuniraitlle 3
juin prochain, et que le délai accordé aux
concurrents pour la transmission de leurs
ouvrages serait prorogé "jusqu'à la même
époque.
En conséquence, tout travail qui parvien-
drait au ministre après le 3 juin ne serait pas
admis au concours.
Parmi les nominations au grade de cheva-
lier de l'ordre de la Légion d'honneur, on re-
marque surtout celle de M. Balacey, curé
de Vimeuf '(Yonne), qui a été décoré pour
avoir enlevé au mois de septembre 1870, à la
tête de quelques gardes nationaux, un poste
prussien composé d'un officier et de quinze
cavaliers.
Une circulaire de M. le général de Cissey
prescrit la publication, à Paris, par livraisons
mensuelles, d'une Revue de l'artillerie, qui trai-
tera dès différentes questions à l'étude dans
cette arme, et fera connaître, en même temps,
les travaux soumis à l'examen du comité, les
résultats de cet examen, ainsi que tous les
renseignements sur le personnel et le maté-
riel. On y ajoutera les nominations, muta-
tions et les décisions insérées au JbMnM7 of-
ficiel.
Contrairement à l'opinion qui s'était faite
au début sur la défense de Strasbourg, on as-
sure que le commandant de cette.place, le gé-
néral Uhrich, serait, lui aussi, renvoyé de-
vant un conseil de guerre.
Le conseil d'enquête n'a plus à examiner 1
les dossiers relatifs aux places de Recroy
et de Vincennes. ,
M. Testelin vient de déposer, sur la loi re- !
lative à la répression de l'ivresse, l'amende- i
ment radical suivant, qui doit revenir en dis-
cussion à la troisième délibération : :
Remplacer toute la loi en discussion par la
disposition suivante : • ,, -
Article unique.
Il est ouvert au ministère de l'intérieur un
crédit de deux cent mille francs.
- Ce crédit sera consacre : 1° à favoriser la créa-
tion et la propagation des société3 ayant pour
but de combattre l'abus des boissons alcooli- .
ques; 2° à subvenir aux frais d'études des lois
et règlements répressifs existant contre l'ivresse
publique en Amérique, en Angleterre et en
Suède. Cette^ étude comprendra aussi celle des
asiles ou hôpitaux destinés à la guérison des
ivrognes et connus sous le nom d'inebriate asy- \
lum. i
La commission du budget a pris une décî- Î
sion d'une très-grande gravité. 1
Elle a décidé que les rentes sur l'Etat ne '
seraient pas exemptes de l'impôt de 2. p. iOO 1
qu'elle se propose d'établir sur les revenus, et !
cette décision a été votée par 13 voix con- ~-
tre li.
M. le ministre de l'instruction publique
adresse aux préfets et aux recteurs une circu- i
laire ayant pour but d'inviter expressément
les conseils municipaux, réunis en session
budgétaire, à augmenter les émoluments des
instituteurs et institutrices. t
La deuxième sous-commission de réorgani- !
sation de l'armée a pris une décision impor- i
tante. Il s'agissait de déterminer si les volon- ,
taires d'un an accompliraient leur année de i
service, conformément à la proposition de M.
le général Ducrot, dans des, casernes-écoles :
spéciales, ou seraient incoporés dans les corps
de troupes, ainsi que les autres jeunes sol-.
dats de la classe. A une très-grande majorité,
la sous-commission a décidé que les volontai-
res d'un an seraient incorporés dans les corps
de troupes et les divers services de l'armée.
Jeudi, à deux heures, a eu lieu l'installa-
tioii de M. de Chambon à la préfecture de;
Versailles. Le nouveau préfet de Seine-et-Oise
a recu le maire et le bureau du conseil muni-
cipal de Versailles, le général Appert et tous.
les fonctionnaires du département.
Un journal annonce que M. Clément Du-
vernois retire sa candidature de l'Yonne.
.'^T-
- ,
Dernières nouvelles
Versailles, 17 mai, 6 heures.
C'est jeudi, dans l'après-midi, que M. d'Ar-
nim a transmis à M. le président de la Repu.
blique les instructions qu'il a reçues de son
gouvernement, en réponse aux propositions do
M. Thiers.
N° 29. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XXIV
Propos de table
>. ^ l'église où devait être bap-
.tisé 1 enfant, Wilicomb s'était fait adroite-
ment conter par le blanchisseur le menu du
.repas commandé au Feu-Eternel, en sorte qu'il
avait pu en prendre modèle pour celui que
lui-même avait ordonné chez Chevet. Mais,
sans parler de son immense supériorité culi-
naire, le dîner deuxième édition se distinguait
par quelques variantes heureuses.
luzot, Ainsi, au brochet Qui, dans la version
ine televait u ? potage, avait été substituée
vome truite du lac de Genève, et la dinde gar-
dée à TenTrTe ï de,c11air à
nee a tenir le grand rôle du rôti avait dû
s effacer devant une périgourdine regorgeant
$ VaMpf comme de pièces d'or la boîte offerte
Àfraïr le service, WUlcomb avait' entendu
» numéro d'hier.
qu'on ne se départît pas de la vieille méthode
bourgeoise, suivant laquelle les mets sont dé-
coupés et servis à chaque convive par le maî-
tre de la maison. Il eût craint, si Mme Paphos
avait vu CincÍnnatus enlever les plats de des-
sus la table et venir ensuite lui en murmurer
le nom à l 'oreille, que, dans son pittoresque
langage, elle n'appelât ce raffinement mo-
derne : dîner dans le dos.
Pour le boire, même fidélité aux vieux us
et coutumes. Chaque voisin versait à sa voi-
sine. A la ronde circulait le vin qualifié;
quant au Champagne, il n'avait pas, se mon-
trant sur la table dès le premier service, été
enterré dans des seaux de glace. Le vin de
Champagne, en gastronomie populaire, c'est
comme le fameux mot des chroniqueurs, le
vin de let fin, et avancer son heure, ou, en le <
frappant, tempérer cette humeur mousseuse !
qui en fait un si gai compagnon, eût passé, !
dans le monde Jaluzot, pour un sacrilège ou i
une mutilation. j
En l'absence de la maîtresse de la maison, !
vvillcomb avait d'autant moins hésité à ac-
cepter la présidence du banquet, qu'il avait
affaire à une démocratie mangeante qui, n'é-
tant ni dirigée ni contenue, n'aurait pas man-
qué de tourner à l'anarchie.
En conséquence, avec Jaluzot en vis-à-vis,
1 Américain avait pris place au milieu de la
table, ayant à sa droite l'abbé, son invité, et
à sa gauche Elise, la marraine. A ce titre, il
et^it autorisé 4 lui marquer, comme au -bas |
des lettres , une considération distinguée.
Avec une tournure d'esprit habituellement
mélancolique qui, ce jour-là, s'embrumait en-
core du souci que lui donnait son frère adop-
tif, l'orpheline devait mal s'associer aux éclats
1 d'une joie qui, sous l'excitation de vins géné-
reux circulant à profusion, ne tarda pas à
devenir bruyante et d'un goût douteux.
' La jeune frlle se trouva donc, peu à peu,
engagée avec l'Américain dans une sorte de
tête-à-tête où, chez la belle ténébreuse, à tra-
vers quelques insuffisances d'éducation, son
interlocuteur put démêler un grand fond d'es-
prit naturel, un jugement sain et droit, mais-
surtout une remarquable noblesse de senti-
ments.
Puoique détonant un peu avec la tapageuse
trivialité de la réunion, quelques phrases de
cette causerie intime sont utiles à extraire
pour l'avenir de notre récit :
— Chère mademoiselle, était arrivé à dire
Willcomb, sous peu je partirai pour l'Amé-
rique; mes affaires m'y rappellent impérieuse-
ment. Je ne, vous parlerai plus d'Isidore, ma
visée vous a offensée; mais voyons, faites vo-
tre examen de coeur : n'avez-vôusojamais dis-
tingué personne? Il m'en coûterait si peu, moi
qui jette l'argent comme vous me le repro-
chiez il y a un moment, d'arranger quelque
chose avec cette bonne Mme Paphos pour vo-
tre établissement.
— Toutes les madames Paphos du monde,
repartit Elise, n'empêcheraient pas que, pour
I une pauvre fille comme moi, les générosités
d'un homme de votre âge et de votre rang ne
fussent compromettantes. Me marier, d'ail-
leurs, je n'y songe en aucune façon.
— Et pourquoi? fit vivement Willcomb. ■
— Parce que, dans un mari, je voudrais as-
sez de délicatesse pour être assurée que jamais
il ne me reprochera mon-:père... Et, même eâ.
m'aimant beaucoup, un homme brut et sans
éducation, comme ceux auxquels je puis pré-
tendre, ne manquera pas, à la première que-
relle de ménage, de me jeter cette insulte à la
face... ,
— Je vous comprends. ditl'Américain ; mais,
en me permettant d'intervenir, vous pourriez,
élargissant l'horizon de votre choix, regarder
dans un monde plus relevé, où, avec votre
distinction naturelle, vous ne seriez nulle-
ment déplacée.
— Mais dans ce monde-là, monsieur, votre
intervention serait encore plus mal prise.
Quel homme ayant un peu d'amour-p- cpi,-,
voudrait vodr sa femme dotée par une per-
sonne qui n'est ni son parent, ni même S)TI
ami? Car enfin, hier soir encore, je n'avkls
pas l'honneur de vous connaître.
Cette difficulté n'est pas impossible à
tourner. Supposons qu'au lieu de vous avan-
tager directement, je change la position de
votre père adoptif? ,
—Essayez-y, monsieur, et vous verrez com- "
ment vous serez reçu! On appelle M.. Cam..
bronne le Chiffonnier philosophe, mais ce titre,
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro :. /
5 cent. le numéro
1EORNEMENTS —Trois mois Six mois Un ai
B
f Administrateur : BOURDILLIAT
~'..
-
--,7é -, ee. — DIMANCHE 19 141 1872. — PENTECOTE. — W 2203.
~.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
13» quai Voltaire 1
Succursale : 9, rue Drouot, 9
PARIS, 18 MAI 1872
LES BOHÉMIENS
Pendant ces derniers jours, on voyait cir-
culer de tous côtés dans Paris une foule
te gens, femmes et hommes, vêtus de tous
'fes costumes de l'Europe, aux allures étran-
ges, aux visages bruns et olivâtres et aux
cheveux d'un noir de jais.
Ce sont des bohémiens. Parmi eux, on
flistingue la classe des calderari de Hongrie' -
îrui forme une corporation à part et parcourt
FOccident, principalement la France. ,
Venant de si loin, ils ont des chariots et de
'grandes tentes qu'ils dressent partout où
Ils s'arrêtent pour exercer leur métier. Ils
tranchaient violemment sur notre popula-
tion par leur accoutrement bizarre que sin-
gularisent encore d'énormes boutons d'argent
Attachés aux vêtements des hommes.
1 Le chef pDrte une grande canne à gros
,Pommeau d'argent. Les femmes et les en-
fants mendient avec insistance auprès des
'personnes qui visitent leurs campements,
-Tuais les hommes sont des ouvriers habiles.
Quoique couverts de vêtements sordides,
ils ont des magots assez ronds dont ils
'tirent les sommes nécessaires pour garantir
,les objets de cuivre qu'on leur donne à ré-
parer.
Ces calderari sont pour la plupart des
bohèmes de race très-pure, au teint très-
cuivré, et les hommes sont particulièrement
beaux. Mais ce qui leur donne un cachet
tout particulier, c'est qu'avec un respect
■inaltérable et un soin pieux, ils ont con-
servé de leurs aïeux des mœurs, des habi-
tudes, et même des procédés de travail qui
Remontent certainement à plusieurs milliers
'd'années. Ce sont des artisans des - temps
"barbares, mais en somme des gens inof-
fensifs.
On ne pourrait pas en dire autant de
fleurs autres compagnons. Ceux-ci exercent
"tops les métiers, vivent le plus qu'ils peuvent
; d'aumône et d'expédients, tirent la bonne
aventure et forment le personnel de ces
; troupes de saltimbanques qui font l'orne-
ment de nos boulevards extérieurs.
Les nouvellistes, qui sont * toujours en
quête d'aventures excentriques et qui ne
peuvent rien voir naturellement, sachant
dernièrement qu'une jeune et jolie fille (de
Bohême, à la peau dorée par le soleil, es-
pèce d'Esmeralda sans chèvre, nommée
Mabel Gray, allait se marier avec un jeune
Anglais, tombé amoureux d'elle, inven-
tèrent la légende tou te neuve que voici :
Ils prétendirent que tous les individus j
nomades et pittoresques que nous voyions <
parmi nous depms quelque temps s'étaient
donné rendez-vous à Paris, afin que de là
leurs bandes s'en allassent en Angleterre;
pour assister au mariage de leur souveraine
j avec un lord prodigieusement riche et pos-
sédant presque tout le comté de Yarmouth.
Cette Mabel Gray, ils l'intitulaient
pompeusement « reine héréditaire de tous
les bohémiens d'Angleterre, d'Ecosse et
d'Irlande, » et rangeaient sous son sceptre
les innombrables légions de gens sans aveu
qui émaillent les grandes routes de l'Europe.
D'après ces reporters exaltés, Mabel Gray
était, quelque chose comme une reine d'E-
gypte, une espèce de Clopin Trouillefou
femelle, qui dirigeait et faisait mouvoir d'un
geste tous les éclopés, boiteux, manchots,
courtauds de boutanche, coquillards, hu-
bins, sabouleux, calots, francs-mitoux, po-
lissons, piètres., capons, marcandicrs, nar-
quois, cagous, orphelins, rifodés et malin-
greux, dont le dénombrement nous réjouis-
sait tant dans Notre-Dame de Paris, et qui
grouillent encore dans les pays troublés.
_ Malheureusement pour les poëtes du fait-
divers, toutes ces belles inventions se ré-
duisent à ceci : Mlle Mabel Gray s'est ma-
riée tout naturellement avec un jeune pro-
priétaire anglais, du nom de lVlidleton,
modérément riche, mais fort dépensier. Elle
ne lui a apporté en dot, en fait de choses
fantastiques, que la beauté du diable de ses
dix-huit ans, et la noce, égayée par un dé-
jeuner de premier ordre, a eu lieu très-pai-
siblement à l'hôtel des Kings'Arms (Armoi-
ries du Roi), à Martham, comté de Yar-
mouth.
Les parents de-la jeune bohémienne as-
sistaient à la cérémonie, ceux du romanes-
que anglais n'y brillaient que par leur ab-
sence.
On pouvait se demander, en voyant Ma-
bel Gray commander à tant de vagabonds,
s 'il est rassurant pour la société de voir une
reine déclassée jouir d'une telle puissance;
mais heureusement que la vérité en ceci
est tout à.,fait rassurante.
Les bohémiens n'obéissent à aucun pou-
voir absolu, par l'excellente raison qu'ils
n'ont iii roi ni reine.
Malgré l'erreur commune, il faut se con-
vaincre que les tribus nomades qui pullulent
dans les environs des grandes villes et qui
font bande à part avec les habitants ne re-
connaissent aucun chef sérieux.
Il y a souvent dans leurs groupes un*1
homme ou une femme qui prend quelque
influence parmi les siens, des directeurs de
troupes parmi ces saltimbanques, comme
chez nous, et à qui leurs « artistes » s'amu-
sent à donner le titre de roi et de reine ;
mais ce n'est là qu'un true pour amuser les
badauds, colorer le boniment et remplir la
caisse. ^
Ce titre, ou plutôt ce sobriquCTf ne con-
fère en rien à ceux qui en sont affublés cette
puissance absolue et mystérieuse qui n'existe
que dans l'imagination populaire.
Mais ce qui est certain, c'est que les Bo-
hémiens, en général, étant des gens nuisi-
bles pour tous ceux qui ont quelque chose
à perdre, et principalement pour les bijou-
tiers, joailliers, marchands d'objets .d'arf et
changeurs, la préfecture de police leur fait
une chasse continuelle, et que le ministre
de l'intérieur a prescrit à toutes les autori-
tés civiles de ne pas laisser séjourner en
France ces voyageurs, dont le signe parti-
culier est un manque total et une horreur
profonde du domicile régulier.
On ne saurait trop approuver le Gouver-
nement de cette mesure. Toute la bohème
de l'Europe, politique et sociale, nous a fait
trop de mal, et l'on sait que les chefs zin-
gari ou gypsi qui s'étaient, de leur autorité
privée, créés généraux et colonels, n'ont pas
été les moins ardents au pillage de nos mai-
sons et au meurtre de nos généraux et sol-
dats.
VICTOR COCHINAT.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
On lit dans le Journal officiel :
Le ministre de la guerre a décidé que la
commission chargée d'examiner les projets de
carnets aide-mémoire à l'usage des officiers
d'infanterie et de cavalerie se réuniraitlle 3
juin prochain, et que le délai accordé aux
concurrents pour la transmission de leurs
ouvrages serait prorogé "jusqu'à la même
époque.
En conséquence, tout travail qui parvien-
drait au ministre après le 3 juin ne serait pas
admis au concours.
Parmi les nominations au grade de cheva-
lier de l'ordre de la Légion d'honneur, on re-
marque surtout celle de M. Balacey, curé
de Vimeuf '(Yonne), qui a été décoré pour
avoir enlevé au mois de septembre 1870, à la
tête de quelques gardes nationaux, un poste
prussien composé d'un officier et de quinze
cavaliers.
Une circulaire de M. le général de Cissey
prescrit la publication, à Paris, par livraisons
mensuelles, d'une Revue de l'artillerie, qui trai-
tera dès différentes questions à l'étude dans
cette arme, et fera connaître, en même temps,
les travaux soumis à l'examen du comité, les
résultats de cet examen, ainsi que tous les
renseignements sur le personnel et le maté-
riel. On y ajoutera les nominations, muta-
tions et les décisions insérées au JbMnM7 of-
ficiel.
Contrairement à l'opinion qui s'était faite
au début sur la défense de Strasbourg, on as-
sure que le commandant de cette.place, le gé-
néral Uhrich, serait, lui aussi, renvoyé de-
vant un conseil de guerre.
Le conseil d'enquête n'a plus à examiner 1
les dossiers relatifs aux places de Recroy
et de Vincennes. ,
M. Testelin vient de déposer, sur la loi re- !
lative à la répression de l'ivresse, l'amende- i
ment radical suivant, qui doit revenir en dis-
cussion à la troisième délibération : :
Remplacer toute la loi en discussion par la
disposition suivante : • ,, -
Article unique.
Il est ouvert au ministère de l'intérieur un
crédit de deux cent mille francs.
- Ce crédit sera consacre : 1° à favoriser la créa-
tion et la propagation des société3 ayant pour
but de combattre l'abus des boissons alcooli- .
ques; 2° à subvenir aux frais d'études des lois
et règlements répressifs existant contre l'ivresse
publique en Amérique, en Angleterre et en
Suède. Cette^ étude comprendra aussi celle des
asiles ou hôpitaux destinés à la guérison des
ivrognes et connus sous le nom d'inebriate asy- \
lum. i
La commission du budget a pris une décî- Î
sion d'une très-grande gravité. 1
Elle a décidé que les rentes sur l'Etat ne '
seraient pas exemptes de l'impôt de 2. p. iOO 1
qu'elle se propose d'établir sur les revenus, et !
cette décision a été votée par 13 voix con- ~-
tre li.
M. le ministre de l'instruction publique
adresse aux préfets et aux recteurs une circu- i
laire ayant pour but d'inviter expressément
les conseils municipaux, réunis en session
budgétaire, à augmenter les émoluments des
instituteurs et institutrices. t
La deuxième sous-commission de réorgani- !
sation de l'armée a pris une décision impor- i
tante. Il s'agissait de déterminer si les volon- ,
taires d'un an accompliraient leur année de i
service, conformément à la proposition de M.
le général Ducrot, dans des, casernes-écoles :
spéciales, ou seraient incoporés dans les corps
de troupes, ainsi que les autres jeunes sol-.
dats de la classe. A une très-grande majorité,
la sous-commission a décidé que les volontai-
res d'un an seraient incorporés dans les corps
de troupes et les divers services de l'armée.
Jeudi, à deux heures, a eu lieu l'installa-
tioii de M. de Chambon à la préfecture de;
Versailles. Le nouveau préfet de Seine-et-Oise
a recu le maire et le bureau du conseil muni-
cipal de Versailles, le général Appert et tous.
les fonctionnaires du département.
Un journal annonce que M. Clément Du-
vernois retire sa candidature de l'Yonne.
.'^T-
- ,
Dernières nouvelles
Versailles, 17 mai, 6 heures.
C'est jeudi, dans l'après-midi, que M. d'Ar-
nim a transmis à M. le président de la Repu.
blique les instructions qu'il a reçues de son
gouvernement, en réponse aux propositions do
M. Thiers.
N° 29. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XXIV
Propos de table
>. ^ l'église où devait être bap-
.tisé 1 enfant, Wilicomb s'était fait adroite-
ment conter par le blanchisseur le menu du
.repas commandé au Feu-Eternel, en sorte qu'il
avait pu en prendre modèle pour celui que
lui-même avait ordonné chez Chevet. Mais,
sans parler de son immense supériorité culi-
naire, le dîner deuxième édition se distinguait
par quelques variantes heureuses.
luzot, Ainsi, au brochet Qui, dans la version
ine televait u ? potage, avait été substituée
vome truite du lac de Genève, et la dinde gar-
dée à TenTrTe ï de,c11air à
nee a tenir le grand rôle du rôti avait dû
s effacer devant une périgourdine regorgeant
$ VaMpf comme de pièces d'or la boîte offerte
Àfraïr le service, WUlcomb avait' entendu
» numéro d'hier.
qu'on ne se départît pas de la vieille méthode
bourgeoise, suivant laquelle les mets sont dé-
coupés et servis à chaque convive par le maî-
tre de la maison. Il eût craint, si Mme Paphos
avait vu CincÍnnatus enlever les plats de des-
sus la table et venir ensuite lui en murmurer
le nom à l 'oreille, que, dans son pittoresque
langage, elle n'appelât ce raffinement mo-
derne : dîner dans le dos.
Pour le boire, même fidélité aux vieux us
et coutumes. Chaque voisin versait à sa voi-
sine. A la ronde circulait le vin qualifié;
quant au Champagne, il n'avait pas, se mon-
trant sur la table dès le premier service, été
enterré dans des seaux de glace. Le vin de
Champagne, en gastronomie populaire, c'est
comme le fameux mot des chroniqueurs, le
vin de let fin, et avancer son heure, ou, en le <
frappant, tempérer cette humeur mousseuse !
qui en fait un si gai compagnon, eût passé, !
dans le monde Jaluzot, pour un sacrilège ou i
une mutilation. j
En l'absence de la maîtresse de la maison, !
vvillcomb avait d'autant moins hésité à ac-
cepter la présidence du banquet, qu'il avait
affaire à une démocratie mangeante qui, n'é-
tant ni dirigée ni contenue, n'aurait pas man-
qué de tourner à l'anarchie.
En conséquence, avec Jaluzot en vis-à-vis,
1 Américain avait pris place au milieu de la
table, ayant à sa droite l'abbé, son invité, et
à sa gauche Elise, la marraine. A ce titre, il
et^it autorisé 4 lui marquer, comme au -bas |
des lettres , une considération distinguée.
Avec une tournure d'esprit habituellement
mélancolique qui, ce jour-là, s'embrumait en-
core du souci que lui donnait son frère adop-
tif, l'orpheline devait mal s'associer aux éclats
1 d'une joie qui, sous l'excitation de vins géné-
reux circulant à profusion, ne tarda pas à
devenir bruyante et d'un goût douteux.
' La jeune frlle se trouva donc, peu à peu,
engagée avec l'Américain dans une sorte de
tête-à-tête où, chez la belle ténébreuse, à tra-
vers quelques insuffisances d'éducation, son
interlocuteur put démêler un grand fond d'es-
prit naturel, un jugement sain et droit, mais-
surtout une remarquable noblesse de senti-
ments.
Puoique détonant un peu avec la tapageuse
trivialité de la réunion, quelques phrases de
cette causerie intime sont utiles à extraire
pour l'avenir de notre récit :
— Chère mademoiselle, était arrivé à dire
Willcomb, sous peu je partirai pour l'Amé-
rique; mes affaires m'y rappellent impérieuse-
ment. Je ne, vous parlerai plus d'Isidore, ma
visée vous a offensée; mais voyons, faites vo-
tre examen de coeur : n'avez-vôusojamais dis-
tingué personne? Il m'en coûterait si peu, moi
qui jette l'argent comme vous me le repro-
chiez il y a un moment, d'arranger quelque
chose avec cette bonne Mme Paphos pour vo-
tre établissement.
— Toutes les madames Paphos du monde,
repartit Elise, n'empêcheraient pas que, pour
I une pauvre fille comme moi, les générosités
d'un homme de votre âge et de votre rang ne
fussent compromettantes. Me marier, d'ail-
leurs, je n'y songe en aucune façon.
— Et pourquoi? fit vivement Willcomb. ■
— Parce que, dans un mari, je voudrais as-
sez de délicatesse pour être assurée que jamais
il ne me reprochera mon-:père... Et, même eâ.
m'aimant beaucoup, un homme brut et sans
éducation, comme ceux auxquels je puis pré-
tendre, ne manquera pas, à la première que-
relle de ménage, de me jeter cette insulte à la
face... ,
— Je vous comprends. ditl'Américain ; mais,
en me permettant d'intervenir, vous pourriez,
élargissant l'horizon de votre choix, regarder
dans un monde plus relevé, où, avec votre
distinction naturelle, vous ne seriez nulle-
ment déplacée.
— Mais dans ce monde-là, monsieur, votre
intervention serait encore plus mal prise.
Quel homme ayant un peu d'amour-p- cpi,-,
voudrait vodr sa femme dotée par une per-
sonne qui n'est ni son parent, ni même S)TI
ami? Car enfin, hier soir encore, je n'avkls
pas l'honneur de vous connaître.
Cette difficulté n'est pas impossible à
tourner. Supposons qu'au lieu de vous avan-
tager directement, je change la position de
votre père adoptif? ,
—Essayez-y, monsieur, et vous verrez com- "
ment vous serez reçu! On appelle M.. Cam..
bronne le Chiffonnier philosophe, mais ce titre,
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