Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-04-26
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 avril 1872 26 avril 1872
Description : 1872/04/26 (A6,N2177). 1872/04/26 (A6,N2177).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715252q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL , QUOTIDIEN
5 . cent. le numéro *
5 cent. le ' numéro l~
ABONNEMENTS — Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.... 6 11 22
Administrateur : BOURDILLIAT
v ci
1 -~ ~ i 6* jmée. — VENDREDI 26 AVRIL 1872. — N' 2117.
IËDACTION ET ADMINISTRATION ~li
13, quai Voltaire
Succursale : 9, rue Drouot, 11
PARIS, 25 AVRIL 1872
LA LANGUE ALLEMANDE
Les malheureuses populations d'Alsace -
Lorraine sont désormais condamnées à l'Al-
lemand à perpétuité.
L'arrêt a été prononcé à Berlin, le 31
U1ars 1872 et il est signé : Guillaume, em-
pereur d'Allemagne.
A partir du 1er juillet prochain, tous les
actes administratifs seront publiés en alle-
mand, on plaidera en allemand devant les
tribunaux, les conventions entre particu-
liers devront pour être enregistrées subir la
traduction en allemand, et cela aux frais de
ia partie intéressée.
Tant pis pour vous, pauvres habitants de
Metz, qui n'avez jamais parlé que la belle
langue de vos pères.
Il vous faut aller à l'école d'un pédagogue
germanique en bottes fortes et apprendre
le rude idiome des Teutons.
C'est le droit de la guerre, à ce que pré-
tendent vos vainqueurs d'un jour, oubliant
un peu trop tôt que nous ne les avons pas
forcés à parler français après Iéna.
Eh bien! soit!, étudiez l'allemand, cela
pourra vous servir plus tard, car on l'ensei-
gne à nos Saint-Cyriens pour autre chose
que pour lire Goethe ou Schiller dans l'ori-
ginal.
A propos de cette assimilation forcée, les
journaux prussiens n'ont pas manqué de se
livrer à des comparaisons justificatives.
Ils ont dit et répété sur tous les tons que
âous avions bien annexé Nice et la Savoie,
èï que, par conséquent, nous aurions mau- ]
t'aise grâce à plaindre l'Alsace et la Lor-
raine. • v
C'est en vérité pousser un peu trop loin ,
la mauvaise foi.
Chaque peuple a sa méthode en matière
d incorporation de territoire et je crois que g
la nôtre est la bonne. ^
Quand il fut question d'élargir notre fron- r
tière, à la suite de la glroieuse campagne a
d'Italie, le gouvernement français ne se
pas disposer de citoyens r
libres sans prendre la peine de les consul- n
fer.
Les populations savoisiennes et niçoises n
furent appelées à voter et optèrent pour d
notre nationalité à la presque unanimité. n
Le résultat du scrutin n'était d'ailleurs m
nullement douteux, car personne n'ignorait
---- ~1
Iles aspirations françaises des deux pro-
vinces.
Mais nous avions tenu à respecter le
grand principe qui ne permet plus de trai-
ter les habitants d'un pays comme des
troupeaux qu'on cède, qu'on vend ou qu'on
achète.
Il semblait même que ce respect de la di-
gnité humaine fût passé dans le droit euro-
péen, et l'esprit des gouvernements civilisés
tendait de plus en plus à reconnaître l'indé-
pendanee des »atiôaalités. -
L'Angleterre avait donné un bel exemple
d'équité désintéressée en restituant sponta-
nément les îles Ioniennes à la Grèce.
Mais la Prusse a changé tout cela.
* Elle a restauré à coups de canon la vieille
le loi du plus fort : elle a pris et elle garde.
La terre est conquise, les hommes sui-
Ie vent le sort de la terre. Ils appartiennent
au conquérant, comme la cargaison d'un
navire appartient au corsaire qui le cap-
ture.
te __ ,,
,e Malheur aux vaincus !
•wu
Lt A ces doctrines brutales on ne peut op-
ls poser que l'ordre du jour de Kléber à l'ar-
mée d 'Egypte, sommée de se rendre par
a l'amiral Keith : « goldats, on ne répond
i- à de telles insolences que par des vic-
e toires !» .
En attendant, cette pauvre langue fran-
çaise si impitoyablement proscrite en Al-
sace-Lorraine prend sa revanche ài Berlin.
s Une correspondance publiée dernière- !
e ment par le journal le Temps donne les plus
curieux détails sur cette invasion de nos
e mots dans le domaine germanique.
} Le gallicisme s'est introduit d'abord dans
- le langage militaire.
Ail^si un général ne veut point nskiren 1
ein échec; il ordonne d ''établir en des relais, de
1 marchiren jusqu'à ein débouchée et, si le
débouchée^ n'est pas libre, de le dégagiren.
î Il paraît que ces innovations de termes
sont sévèrement blâmées par les guerriers ^
prussiens de la vieille roche, mais ces pu- î
ristes auraient fort à faire, à ce qu'il paraît,
! avec les simples bourgeois de Berlin.
Dans cette nouvelle capitale des belles n
manières, on ne spaziert plus, on se prome- n
nirt- Au lieu d'aller mittagessen, on va dini- | r<
'Pen. Quand on heurte quelqu'un, on lui de- ! n
mande pardon, ; quand on le quitte, on lui j
dit : adieu. 'Les hommes portent des vête- I
ments canrt, à carreaux, rayirt, à raies, ou I p,ei
rnêHrt, c c'es L-à-dire de couleurs mêlées. I d(
Mais c'est surtout en matière de galan- ' L
■ terie que les bons Berlinois nous font des
emprunts.
Si après avoir courtisiert une dame, ils
osent se nskiren à solliciter eine rendez-vous,
ils affrontent peut-être eine rebuffade, mais
ils ont toujours la ressource de rompre mit
éclat, avec éclat.
N 'est-ce pas charmant,et ce grotesque tra-
vestissement de notre langue ne vous fait-il
pas penser à ces bonnes Allemandes aux
larges pieds et à la tournure épaisse qui
croient s'embellir en s'affublant des modes
de nos Parisiennes? !
Nos substantifs de noble race latine en-
chevêtrés dans les rauques racines ger-
maines ressemblent à d'élégants seigneurs
fourvoyés avec des manants.
Il y a une conclusion à tirer de cette in-
fluence subie par les vainqueurs, c'est que
la conquête ne peut rien sur les choses im-
matérielles.
| On peut s approprier le sol, occuper les
forteresses, imposer aux hommes le casque
à pointe et aux femmes les opéras de Wa-
gner, on ne soumet pas les consciences, on
ne garrote pas les esprits, et on n'inculque
pas une langue comme on inculque l'exer-
cice à la prussienne.
La France en . vu bien d'autres.
Les Anglais onL eu beau occuper pendant
un siècle la moitié de son territoire, ils n'y
ont, implanté ni .leurs mœurs, ni leur
idiome.
Les provinces qu'ils nous avaient arra-
chées sont revenues à la mère-patrie et ne se
souviennent plus aujourd'hui de la tyrannie
passagère de l'étranger.
Ainsi soit-il pour l'Alsace et la Lorraine.
ROBINSON.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
j Par décret en date du 23 avril 1872 M de
Goulard, ministre de l'agriculture et du cotn-
merce, chargé par intérim du ministère des ~
finances, est nommé ministre des fiiiances. 1
■ Par le même décret, M. Teisserenc de Rm>t
ministre membre 1^ssembl6e nationale, est nommé
ministre de l agriculture et du commerce en
| SeleSances1 de Goulard, nommé I
I Par dée-ret du du Président de la Républiaue
I position en date diU 23 avril 1872, et rendu sur fa pS
! det (Désiré) du ministre a dO l'intérieur, M. Baro-
Lyon (Rhône). - nommé maire dQ la ville de
Le ministre de l'intérieur vient d'inviter;
par circulaires, les maires des communes de"
France à dresser, pour 1872, l'état nominatif
des indigents de leur commune, auquel ils.
îiwnfv 'dp°h- f^1 des ressources des ' bu-
reaux de bienfaisance. Ce travail a pour but
de faire connaître au Gouvernement les be-
+8S urgents, ceux auxquels il cher-
chera tout d abord à remédier dans la limite
de ses moyens.
raS? 5 aiî 15 mai, va avoir lieu la seconde
réunion des conseils municipaux. Cette réu-
nion s appelle la session de comptabilité, parcè
qu elle est entièrement consacrée à l'applica-
tion des crédits ouverts au budget. »
Pendant cette session, les conseils munici-
paux doivent délibérer sur l'examen des comp-
tes, la confection des budgets, les contingents
proposés pour des chemins vicinaux, en dis-
tinguant le réseau subventionné du réseau
non subventionné, arrêter le tarif de la con-
version des prestations en tâches, et délibérer
dents6mP des reliquats des exercices précé:"
M. Charles Floquet se présente pour suc-
Paris à M. Mottu au conseil municipal de
-
Voir à la 4" page les dernières nouvelles.
.
ASSEMBLÉE NATIONALE
Versailles, 24 avril.
La séance est ouverte à deux heures un quart.1
Le procès-verbal est adopté.
L'ordre du jour appelle la suite de la deuxième
délibération sur la proposition de M. Desjardins
et plusieurs de ses collègues.
M. Desjardins dit que la commission s'est réu-
nie et qu elle a décidé la suppression de l'àrtî-
l'article cie 4 qui lui avait été renvoyé. Elle a modifié
1 article 5 en son troisième paragraphe et sun-
S. la peine de la prison Coontre le cSL'
mé. L'article Il adopté.prend place de l'article 4
est Un repoussé.paragraphe additionnel de M. Bienvenue
sion.Les articles 6 et 7 sont adoptés sans discus-
L art. 8 est retiré par la commission.
L'art. 9 est adopté.
repoussé..p sans Les discussion. '' 12, 13, fi et 13 SOnt adoPtés
■ sième L'Assemblée délibération décide sur ^ ^ troÍ-
Le renvoi à lundi est prononcé pour la dis-
duSmîniftSrpaSP°irt de la commission des marchés
du ministère de la guerre en Angleterre.
sera it ®f,d®c,ld®.sans discussion qu'elle pas-
Ra-i r délibération de la proposition de
M.Bét'enger relative à la création dun iurv sné-
cial pour les délits de presse 7 P
latif
adopté sans situation discussion. des classes ouvrières, est
N° 7. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
VI (suite)
Par de la Joseph.
Mme de lVIontcaÙné en voyant disparaître
aussitôt l'observateur que nous avons signalé,
dit avec insouciance :
— Bah ! quelque amoureux transi !...
- Eh bien, continuez donc votre petit ré-
cit, reprit le vieux juif. Rien de plus cher .
c'était le jeu.tj
- Mais le Virginien, à ce qu'il paraît, tra-
vaille dans le platonique. Charmé, chez Mme
do Pierlot, moins de sa beauté que de ses mal-
Voir lo ...
| heurs et de ses vertus, voilà l'amadis se met- :
| ta ut en quatre auprès d'Arthur pour le déci- !
^ j der à me planter là!... Ce n'est pas tout; en i
, i prime de la rentrée du mari prodigue dans |
son ménage, et afin qu'il puisse rétablir de !
l'ordre dans ses affaires, il lui offre sa bourse, j
quoi qu il se trouve lui-même assez gêné faute ;
des arrivages d'Amérique qui ne se font plus. !
Ma chère, observa le changeur, vous pou-
vez pas dire, c'est pas là un beau trait.
Beau trait ou non : un matin, Arthur de
Pierlot se présente chez moi pour me jurer
qu 'il m adore plus que jamais, mais que, hors
d état de maintenir notre liaison sur l'ancien
pied, nous nous quitterons bien il l'espère; en
conséquence, il me prie de lui rendre ses let-
tres, de . manière qu'il ne reste aucune trace de
la fascination qui l'a détourné de ses devoirs,
et qu'heureusement sa femme, comme c'est
assez l'usage, a été seule à ignorer.
— Je comprends, s'écria Moïse Wolf. Vous
aussi qui connaît son numéro, vous rendez .
pas les lettres.
— Tiens! Pourquoi donc m'en serais-je des- ]
saisie? Pour que ce monsieur, après nous être (
- j séparés, aille peut-être m'assassiner par mille
- | horreurs et que moi, faible femme, je n'aie pas
a contre lui, dans ce cas, l'arme de sa correspon-
s j dance si ses bavardages m'agaçaient par trop!
6 j
j» j - Et puis, dit fièrement le changeur, on
Q laisse pas une femme sans un fort souvenir
. i pir la consoler.
~ Alors, poursuivit la délaissée, paraît
Wilcomb pour prendre le maniement de la
s négociation. Sa visite ne me surprend d'au-
• cune manière. J'étais tenue au courant tIe tout
» ce qui se brassait chez mon infidèle par son
^ valet de chambre, très-empressé auprès de ma
l camériste, un garçon dévoué, intelligent, et
qui, pour être convenablement renseigné, ne
croit pas qu'il soit au-dessous de lui de pren-
dre la peine d'écouter aux portes. Avec l'Amé-
ricain, je suis très-polie, je dirai même un peu
insidieuse, parce qu'en somme, c'est un homme
très bien. Je vais jusqu'à lui proposer de lui
confier sans bourse délier la correspondance,
avec promesse seulement qu'il ne la détruira
1 pas et consentira à me la remettre, si des pro-
cédés dont, au reste, il sera juge, me forçaient,
à me déclarer en hostilité avec Arthur de
; Pierlot,
-Bravo! mon enfant, dit Moïse Wolf,
c était le chemin d'un traité avec les Etats-
Unis! 4 -
— Ce glaçon me répond que tout cela lui
paraît beaucoup trop compliqué; qu'il com-
prend, au reste, qu une rupturenécessaire avec
son ami peut me laisser dans une position
difficile; et qu'en conséquence, il tient à ma
disposition une somme de 25,000 francs, parce
qu 'il compte sur ma délicatesse pour abandon-
ner toute revendication possible contre Pierlot.
— Vous acceptez, dit le changeur: mais...
de 25 à cent mille comment lllQnte-t-il à -ce
prix?
- Je me rappelle le proverbe « qui ne dit
mot consent. » Quant à l'offre d'argent, je lui
dis seulement de repasser dans:quelques jours;
que les lettres d'Arthur sont farfouillées par- -
mi d autres papiers, et qu'il faut me laisser
le temps d'en faire le triage.
— C'est vrai, dit malicieusement le vieux "
marchand d'argent, dans votre maison, comme
dans la mienne, grande QorrespqMance; mis V
VQÏl le numéro d'hier
JOURNAL , QUOTIDIEN
5 . cent. le numéro *
5 cent. le ' numéro l~
ABONNEMENTS — Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.... 6 11 22
Administrateur : BOURDILLIAT
v ci
1 -~ ~ i 6* jmée. — VENDREDI 26 AVRIL 1872. — N' 2117.
IËDACTION ET ADMINISTRATION ~li
13, quai Voltaire
Succursale : 9, rue Drouot, 11
PARIS, 25 AVRIL 1872
LA LANGUE ALLEMANDE
Les malheureuses populations d'Alsace -
Lorraine sont désormais condamnées à l'Al-
lemand à perpétuité.
L'arrêt a été prononcé à Berlin, le 31
U1ars 1872 et il est signé : Guillaume, em-
pereur d'Allemagne.
A partir du 1er juillet prochain, tous les
actes administratifs seront publiés en alle-
mand, on plaidera en allemand devant les
tribunaux, les conventions entre particu-
liers devront pour être enregistrées subir la
traduction en allemand, et cela aux frais de
ia partie intéressée.
Tant pis pour vous, pauvres habitants de
Metz, qui n'avez jamais parlé que la belle
langue de vos pères.
Il vous faut aller à l'école d'un pédagogue
germanique en bottes fortes et apprendre
le rude idiome des Teutons.
C'est le droit de la guerre, à ce que pré-
tendent vos vainqueurs d'un jour, oubliant
un peu trop tôt que nous ne les avons pas
forcés à parler français après Iéna.
Eh bien! soit!, étudiez l'allemand, cela
pourra vous servir plus tard, car on l'ensei-
gne à nos Saint-Cyriens pour autre chose
que pour lire Goethe ou Schiller dans l'ori-
ginal.
A propos de cette assimilation forcée, les
journaux prussiens n'ont pas manqué de se
livrer à des comparaisons justificatives.
Ils ont dit et répété sur tous les tons que
âous avions bien annexé Nice et la Savoie,
èï que, par conséquent, nous aurions mau- ]
t'aise grâce à plaindre l'Alsace et la Lor-
raine. • v
C'est en vérité pousser un peu trop loin ,
la mauvaise foi.
Chaque peuple a sa méthode en matière
d incorporation de territoire et je crois que g
la nôtre est la bonne. ^
Quand il fut question d'élargir notre fron- r
tière, à la suite de la glroieuse campagne a
d'Italie, le gouvernement français ne se
pas disposer de citoyens r
libres sans prendre la peine de les consul- n
fer.
Les populations savoisiennes et niçoises n
furent appelées à voter et optèrent pour d
notre nationalité à la presque unanimité. n
Le résultat du scrutin n'était d'ailleurs m
nullement douteux, car personne n'ignorait
---- ~1
Iles aspirations françaises des deux pro-
vinces.
Mais nous avions tenu à respecter le
grand principe qui ne permet plus de trai-
ter les habitants d'un pays comme des
troupeaux qu'on cède, qu'on vend ou qu'on
achète.
Il semblait même que ce respect de la di-
gnité humaine fût passé dans le droit euro-
péen, et l'esprit des gouvernements civilisés
tendait de plus en plus à reconnaître l'indé-
pendanee des »atiôaalités. -
L'Angleterre avait donné un bel exemple
d'équité désintéressée en restituant sponta-
nément les îles Ioniennes à la Grèce.
Mais la Prusse a changé tout cela.
* Elle a restauré à coups de canon la vieille
le loi du plus fort : elle a pris et elle garde.
La terre est conquise, les hommes sui-
Ie vent le sort de la terre. Ils appartiennent
au conquérant, comme la cargaison d'un
navire appartient au corsaire qui le cap-
ture.
te __ ,,
,e Malheur aux vaincus !
•wu
Lt A ces doctrines brutales on ne peut op-
ls poser que l'ordre du jour de Kléber à l'ar-
mée d 'Egypte, sommée de se rendre par
a l'amiral Keith : « goldats, on ne répond
i- à de telles insolences que par des vic-
e toires !» .
En attendant, cette pauvre langue fran-
çaise si impitoyablement proscrite en Al-
sace-Lorraine prend sa revanche ài Berlin.
s Une correspondance publiée dernière- !
e ment par le journal le Temps donne les plus
curieux détails sur cette invasion de nos
e mots dans le domaine germanique.
} Le gallicisme s'est introduit d'abord dans
- le langage militaire.
Ail^si un général ne veut point nskiren 1
ein échec; il ordonne d ''établir en des relais, de
1 marchiren jusqu'à ein débouchée et, si le
débouchée^ n'est pas libre, de le dégagiren.
î Il paraît que ces innovations de termes
sont sévèrement blâmées par les guerriers ^
prussiens de la vieille roche, mais ces pu- î
ristes auraient fort à faire, à ce qu'il paraît,
! avec les simples bourgeois de Berlin.
Dans cette nouvelle capitale des belles n
manières, on ne spaziert plus, on se prome- n
nirt- Au lieu d'aller mittagessen, on va dini- | r<
'Pen. Quand on heurte quelqu'un, on lui de- ! n
mande pardon, ; quand on le quitte, on lui j
dit : adieu. 'Les hommes portent des vête- I
ments canrt, à carreaux, rayirt, à raies, ou I p,ei
rnêHrt, c c'es L-à-dire de couleurs mêlées. I d(
Mais c'est surtout en matière de galan- ' L
■ terie que les bons Berlinois nous font des
emprunts.
Si après avoir courtisiert une dame, ils
osent se nskiren à solliciter eine rendez-vous,
ils affrontent peut-être eine rebuffade, mais
ils ont toujours la ressource de rompre mit
éclat, avec éclat.
N 'est-ce pas charmant,et ce grotesque tra-
vestissement de notre langue ne vous fait-il
pas penser à ces bonnes Allemandes aux
larges pieds et à la tournure épaisse qui
croient s'embellir en s'affublant des modes
de nos Parisiennes? !
Nos substantifs de noble race latine en-
chevêtrés dans les rauques racines ger-
maines ressemblent à d'élégants seigneurs
fourvoyés avec des manants.
Il y a une conclusion à tirer de cette in-
fluence subie par les vainqueurs, c'est que
la conquête ne peut rien sur les choses im-
matérielles.
| On peut s approprier le sol, occuper les
forteresses, imposer aux hommes le casque
à pointe et aux femmes les opéras de Wa-
gner, on ne soumet pas les consciences, on
ne garrote pas les esprits, et on n'inculque
pas une langue comme on inculque l'exer-
cice à la prussienne.
La France en . vu bien d'autres.
Les Anglais onL eu beau occuper pendant
un siècle la moitié de son territoire, ils n'y
ont, implanté ni .leurs mœurs, ni leur
idiome.
Les provinces qu'ils nous avaient arra-
chées sont revenues à la mère-patrie et ne se
souviennent plus aujourd'hui de la tyrannie
passagère de l'étranger.
Ainsi soit-il pour l'Alsace et la Lorraine.
ROBINSON.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
j Par décret en date du 23 avril 1872 M de
Goulard, ministre de l'agriculture et du cotn-
merce, chargé par intérim du ministère des ~
finances, est nommé ministre des fiiiances. 1
■ Par le même décret, M. Teisserenc de Rm>t
ministre membre 1^ssembl6e nationale, est nommé
ministre de l agriculture et du commerce en
| SeleSances1 de Goulard, nommé I
I Par dée-ret du du Président de la Républiaue
I position en date diU 23 avril 1872, et rendu sur fa pS
! det (Désiré) du ministre a dO l'intérieur, M. Baro-
Lyon (Rhône). - nommé maire dQ la ville de
Le ministre de l'intérieur vient d'inviter;
par circulaires, les maires des communes de"
France à dresser, pour 1872, l'état nominatif
des indigents de leur commune, auquel ils.
îiwnfv 'dp°h- f^1 des ressources des ' bu-
reaux de bienfaisance. Ce travail a pour but
de faire connaître au Gouvernement les be-
+8S urgents, ceux auxquels il cher-
chera tout d abord à remédier dans la limite
de ses moyens.
raS? 5 aiî 15 mai, va avoir lieu la seconde
réunion des conseils municipaux. Cette réu-
nion s appelle la session de comptabilité, parcè
qu elle est entièrement consacrée à l'applica-
tion des crédits ouverts au budget. »
Pendant cette session, les conseils munici-
paux doivent délibérer sur l'examen des comp-
tes, la confection des budgets, les contingents
proposés pour des chemins vicinaux, en dis-
tinguant le réseau subventionné du réseau
non subventionné, arrêter le tarif de la con-
version des prestations en tâches, et délibérer
dents6mP des reliquats des exercices précé:"
M. Charles Floquet se présente pour suc-
Paris à M. Mottu au conseil municipal de
-
Voir à la 4" page les dernières nouvelles.
.
ASSEMBLÉE NATIONALE
Versailles, 24 avril.
La séance est ouverte à deux heures un quart.1
Le procès-verbal est adopté.
L'ordre du jour appelle la suite de la deuxième
délibération sur la proposition de M. Desjardins
et plusieurs de ses collègues.
M. Desjardins dit que la commission s'est réu-
nie et qu elle a décidé la suppression de l'àrtî-
l'article cie 4 qui lui avait été renvoyé. Elle a modifié
1 article 5 en son troisième paragraphe et sun-
S. la peine de la prison Coontre le cSL'
mé. L'article Il adopté.prend place de l'article 4
est Un repoussé.paragraphe additionnel de M. Bienvenue
sion.Les articles 6 et 7 sont adoptés sans discus-
L art. 8 est retiré par la commission.
L'art. 9 est adopté.
repoussé..p
■ sième L'Assemblée délibération décide sur ^ ^ troÍ-
Le renvoi à lundi est prononcé pour la dis-
duSmîniftSrpaSP°irt de la commission des marchés
du ministère de la guerre en Angleterre.
sera it ®f,d®c,ld®.sans discussion qu'elle pas-
Ra-i r délibération de la proposition de
M.Bét'enger relative à la création dun iurv sné-
cial pour les délits de presse 7 P
latif
adopté sans situation discussion. des classes ouvrières, est
N° 7. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
VI (suite)
Par de la Joseph.
Mme de lVIontcaÙné en voyant disparaître
aussitôt l'observateur que nous avons signalé,
dit avec insouciance :
— Bah ! quelque amoureux transi !...
- Eh bien, continuez donc votre petit ré-
cit, reprit le vieux juif. Rien de plus cher .
c'était le jeu.tj
- Mais le Virginien, à ce qu'il paraît, tra-
vaille dans le platonique. Charmé, chez Mme
do Pierlot, moins de sa beauté que de ses mal-
Voir lo ...
| heurs et de ses vertus, voilà l'amadis se met- :
| ta ut en quatre auprès d'Arthur pour le déci- !
^ j der à me planter là!... Ce n'est pas tout; en i
, i prime de la rentrée du mari prodigue dans |
son ménage, et afin qu'il puisse rétablir de !
l'ordre dans ses affaires, il lui offre sa bourse, j
quoi qu il se trouve lui-même assez gêné faute ;
des arrivages d'Amérique qui ne se font plus. !
Ma chère, observa le changeur, vous pou-
vez pas dire, c'est pas là un beau trait.
Beau trait ou non : un matin, Arthur de
Pierlot se présente chez moi pour me jurer
qu 'il m adore plus que jamais, mais que, hors
d état de maintenir notre liaison sur l'ancien
pied, nous nous quitterons bien il l'espère; en
conséquence, il me prie de lui rendre ses let-
tres, de . manière qu'il ne reste aucune trace de
la fascination qui l'a détourné de ses devoirs,
et qu'heureusement sa femme, comme c'est
assez l'usage, a été seule à ignorer.
— Je comprends, s'écria Moïse Wolf. Vous
aussi qui connaît son numéro, vous rendez .
pas les lettres.
— Tiens! Pourquoi donc m'en serais-je des- ]
saisie? Pour que ce monsieur, après nous être (
- j séparés, aille peut-être m'assassiner par mille
- | horreurs et que moi, faible femme, je n'aie pas
a contre lui, dans ce cas, l'arme de sa correspon-
s j dance si ses bavardages m'agaçaient par trop!
6 j
j» j - Et puis, dit fièrement le changeur, on
Q laisse pas une femme sans un fort souvenir
. i pir la consoler.
~ Alors, poursuivit la délaissée, paraît
Wilcomb pour prendre le maniement de la
s négociation. Sa visite ne me surprend d'au-
• cune manière. J'étais tenue au courant tIe tout
» ce qui se brassait chez mon infidèle par son
^ valet de chambre, très-empressé auprès de ma
l camériste, un garçon dévoué, intelligent, et
qui, pour être convenablement renseigné, ne
croit pas qu'il soit au-dessous de lui de pren-
dre la peine d'écouter aux portes. Avec l'Amé-
ricain, je suis très-polie, je dirai même un peu
insidieuse, parce qu'en somme, c'est un homme
très bien. Je vais jusqu'à lui proposer de lui
confier sans bourse délier la correspondance,
avec promesse seulement qu'il ne la détruira
1 pas et consentira à me la remettre, si des pro-
cédés dont, au reste, il sera juge, me forçaient,
à me déclarer en hostilité avec Arthur de
; Pierlot,
-Bravo! mon enfant, dit Moïse Wolf,
c était le chemin d'un traité avec les Etats-
Unis! 4 -
— Ce glaçon me répond que tout cela lui
paraît beaucoup trop compliqué; qu'il com-
prend, au reste, qu une rupturenécessaire avec
son ami peut me laisser dans une position
difficile; et qu'en conséquence, il tient à ma
disposition une somme de 25,000 francs, parce
qu 'il compte sur ma délicatesse pour abandon-
ner toute revendication possible contre Pierlot.
— Vous acceptez, dit le changeur: mais...
de 25 à cent mille comment lllQnte-t-il à -ce
prix?
- Je me rappelle le proverbe « qui ne dit
mot consent. » Quant à l'offre d'argent, je lui
dis seulement de repasser dans:quelques jours;
que les lettres d'Arthur sont farfouillées par- -
mi d autres papiers, et qu'il faut me laisser
le temps d'en faire le triage.
— C'est vrai, dit malicieusement le vieux "
marchand d'argent, dans votre maison, comme
dans la mienne, grande QorrespqMance; mis V
VQÏl le numéro d'hier
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