Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-04-20
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 avril 1872 20 avril 1872
Description : 1872/04/20 (A6,N2171). 1872/04/20 (A6,N2171).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47152460
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS - Troi!oj mois Six mois fr.
DéparteMents - - - - 6 22 fr.
Administrateur : Boubdiulat -
,~ ~ fie année. - SAMEDI 20 AVRIL 1872. — N° 2171.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
13, quai Voltaire
' Succursale : 9, rue Drouot, 8
A NOS LECTEURS
En adoptant le nouveau format qui nous
permettra de remplir les conditions fon-
damentales d'un journal véritablement po-
pulaire, à savoir : ■ -
Un journal varié, complet, bien informé,
intéressant, instructif et surtout amusant,
Nous ne croyons pas à propos de tracer
un programme long et détaillé, car ce pro-,
gramme tient tout entier dans 1 lénuméra-
tion que nous venons d'écrire.
« Journal varié, » c'est-à-dire compre-
nant tous les genres, tous les tons, toutes
les matières de quelque ordre que ce soit,
propres à captiver l'attention, la curiosité,
l'esprit, l'intelligence du lecteur, et se fai-
sant valoir mutuellement par le contraste et
. la diversité.
« Journal complet, » c'est-à-dire auquel
il ne manque aucun des éléments dont se
composent la vie et le mouvement de chaque
jour, et concentrant, sous un volume rela-
tivement restreint, l'ensemble et la substance
'des mille détails qui constituent l'actualité;
bref, un journal qui réponde à tous les be-
soins, à tous les goûts, à toutes les préfé-
rences du oublie.
« Journal bien informé, » c'est-à-dire
'tenu fidèlement, exactement, rapidement,
• au courant des nouvelles les plus palpitantes
'et les plus fraîches, des renseignements de
première main, des nouveautés encore iné-
dites ; en un mot, de ce qu'on désigne sous
le nom général de primeurs.
I
« Journal intéressant, » c'est-à-dire n'en-
gendrant jamais ni l'ennui, ni la fatigue, ni
la satiété; spécialement composé en vue
d'une clientèle qui n'a pas plus de temps
que d'argent à consacrer à la lecture et qui
-veut dépenser utilement et agréablement
1 ' 11 n p t, l'Hnt.re.
« Journal instructif, » c'est-à-dire affec-
tant chaqùe semaine à l'éducation du peu-
ple quelques pages qui ne sauraient être
mieux employées; s'attachant par-dessus
tout à vulgariser les notions scientifiques,
à expliquer le pourquoi et le comment des
'phénomènes de toute espèce, - au premier
rang desquels il faut placer ceux qui se pas-
sent constamment sous nos yeux; facilitant
aux profanes, par un langage simple, clair,
sans prétention, sans pédantisme, l'accès des
éléments essentiels des connaissances hu-
: maines.
Enfin, « journal amusant, » c es-à--re,
. attrayant, attachant, animé, vivant, qu'on
ouvre avec curiosité, qu'op. lise avec plai-
sir et qu'on ne quitte qu'après l'avoir sa-
voùré tout entier de la première ligne à la
dernière... ,
Tel est, à notre sens, l'idéal du journal
populaire, du journal à bon marché, du
Tournai destiné à être lu et consulté par
tous et à faire à la fois la récréation et l'é-
ducation du peuple.
Mais pardon : nous nous apercevons un
peu tard que, saftis nous en douter, le pro-
gramme que nous ne voulions point faire,
le voilà fait.
Complétons-le donc en ajoutant que ce
que nous avons à cœur de donner au public
c'est un journal sain, moralisateur et pa-
cificateur. , ■
De politique point, si ce n est les faits,
rien que les faits, sans discussion, sans po-
lémique et sans commentaires ;
De critiques amères, d'attaques violen-
tés, de personnalités agressives, moins en-
core ; un jugement simple, modéré, formulé j
en termes convenables, quand la chose nous
paraîtra opportune, voilà tout.
n
Pour réaliser le plan de ce journal mo-
dèle, dont le numéro de ce jour ne saurait, à
lui seul, donner qu'une idée incomplète, nous
avons fait appel, non pas à des collabora-
teurs nouveaux, mais à plusieurs de ceux
dont nos habitués ont gardé le meilleur
souvenir, et au concours desquels la Petite
Presse .doit sa plus brillante périodé :
Fulbert Dumonteil, dont le talent, mûri
par le temps et par l'expérience, a tenu tout
ce qu'il promettait chez nous, esquissera
chaque semaine, pour la Petite Presse, un
de ces portràits contemporains dans lesquels
il est passé maître ;
Henri d'Alleber, qui semait naguère, à
la fin de notre journal, ces petites perles si
appréciées du public, qu'il appelait un Con-
seil par jour, fait sa rentrée à la première
page où, sous le titre de Dialogues popu-
laires, il apprendra, dans une forme ingé-
nieuse, vive, pittoresque, aux ouvriers, au
peuple, au vrai peuple, tout ce qu'il a be-
soin de connaître de ses droits et de ses
devoirs pour vivre heureux, honnête et
sage.
Tout ce qui touche aux 'sciences reste
confié à M. Mazas de Sarrion, le plus sa-
vant, le plus modeste et le plus accompli
des vulgarisateurs, qui nous favorise désor-
mais d'une collaboration plus active..
Cochinat, Robinson, Vendredi, Amédée
Blondeau, Maisonneufve, continuent à se
grouper autour du drapeau de la Petite
Presse dont ils ont vaillamment soutenu
l'honneur et l'éclat.
Quant aux améliorations de détail, à la
nouvelle classification des matières, destinée
à apporter dans l'ensemble du journal plus
d'ordre, d'harmonie et de clarté, à l'adjonc-
tion d'une chronique quotidienne de tribu-
naux et de théâtres, et d'un petit bulletin
de connaissances utiles en tête duquel nous
inscrivons le jour, la date et le saint du
lendemain, indication utile dans nombre de
cas, nous laissons à nos lecteurs le soin de
les apprécier et de nous en dire leur avis.
Et maintenant vogue la Petite Presse ré-
générée et que le public et la fortune lui
soient propices !
PARIS, 19 AVRIL 1872
RENOUVEAU
Le Printemps! le Renouveau!
Oui, c'est bien aujourd'hui pour la Petite
Presse un véritable printemps. L'hiver, l'hi-
ver forcé par les malheurs , de la patrie, a
duré trop longtemps.
Mais elle ressucsite plus fraîche et plus
vigourense que jamais.
De toutes parts, les bourgeons rougissent
et éclatent. Les arbres, d'un vert pâle, sont
pleins de frissons. Les rivières argentées
coulent silencieusement à l ombre des grands
peupliers , à peine revêtus de leur robe
verte...
Il y a des cris d'amour dans l'air au mi-
lieu des chants d'oiseaux amoureux. C'est
la vie qui renaît plus puissante, plus forte.
Voilà qui est fait : la Petite Presse est
transformée. Hier encore elle était quelque
peu chrysalide, aujourd 'hui c'est le papil-
lon.
Avec le printemps elle a voulu grandir, i
la jeune et vigoureuse feuille. j
C'est le Renouveau.. !
Et il est là sous les armes, le bataillon
des fidèles et aimables collaborateurs. Il est
prêt ail combat pour toutes les causes géné-
reuses et grandes.
Ici, c'est Robinson avec sa grande mine
altière, dur aux misérables et aux faquins,
indulgent aux pauvres, aux honnêtes, aux
sincères; pitoyable aux égarés, secourable
aux malheureux, avec sa plume puissante et
ferme comme une arme.
Là, c'est Cochinat, allègre et tout empa-
naché de gaîté, montrant dans son rire con-
tagieux ses belles dents blanches sous son
beau bronze florentin.
Alerte, ardent, chercheur, fouilleur, prêt
i partir pour nous raconter les choses des
)ays lointains, disposé à rester pour péné-
trer les mystères de Paris, je le vois, der-
rière moi, qui attend son tour.
Puis je vous présente une vieille connais-
sance, Henri d'Alleber, élégant et disert;
inquiet des besoins du peuple et jaloux de
se faire autant d'amis que de lecteurs.
Ce nouveau et ancien camarade fera une
chronique aussi avec votre serviteur et letà
autres, deux fois par semaine.
Laissez-moi vous présenter encore Fulbert
Dumonteil.
Celui-ci est un sceptique, et, conséquence
logique, c'est un gourmet. Sous son pin-
ceau, qui est une plume, vous verrez naltre,,'
grandir, s'agiter, vivre et mourir les hom- ;
mes du jour. Il fera leur portrait, et vous
n'aurez pas besoin de les connaître pou'!'
affirmer qu'ils sont ressemblants.
Voici maintenant V. F. Maisonneufve. '
Celui-là, c'est notre puits de science, et
je ne saurais assez dire combien il est facile
à tout le monde d'aller puiser à cette source» ;
Plus modeste encore, si c'est possible, at.
certainement aussi savant, aussi profond/
aussi aimable, c'est M. Mazas de SarrioDj)
littérateur, géographe, chimiste, astronome,
physicien, etc., etc.
, A l'aile gauche, regardez Amédée Blon-
deau, plein d'ardeur; à l'aile droite, tout
l'escadron des reporters agiles, Paul Delion,
Henry Morel et les autres infatigables fu-
reteurs de Paris.
Et, à la tête de tout ce monde, notre ré-
dacteur en chef, calme et puissant, lançant
ses ordres, ses compliments et ses gour-
mades, allant de l'un à l'autre, cherchant
et trouvant des combinaisons nouvelles,, ,
préoccupé uniquement des lecteurs qu'il
faut satisfaire, qu'on doit conquérir.
Il existe au Brésil une plante singulière.'
En passant dans un bois vous en prenez
une feuille, une seule, et vous remporter.
Puis vous suspendez cette feuille à un
simple fil de laiton, et vous ne vous er,
préoccupez pas davantage.
Le lendemain, vous êtes fort surpris dy
trouver deux feuilles au lieu d'une; le sur
lendemain il y en a quatre, puis huit, puis
dix, puis cent, puis mille, puis enfin un j
incommensurable cascade de feuillage qui
se répand partout, qui gagne du terrain et
déborde par les fenêtres.
Si par hasard, après avoir suspendu vo-
tre unique et petite feuille qui est grande
comme un timbre-poste, vous vous en allies
pendant trois mois, vous retrouveriez au
N° 1. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
LE
Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
I
Great attraction
En France, quarante millions sont un avoir
•xceptionnal et tout à fait princier; au con-
traire, c'est une opulence assez courante aux
Etats-Unis.
Célibataire, sans parenté directe et posses-
seur d'une fortune s'élevant pour le moins à
ce chiffre respectable, un citoyen de la Nou-
velle-Orléans, d'origine française du coté ma-
ternel, nommé Georges Willcomb, avait, pen-
dant quelque temps, tenu à Paris un splen-
dide état de maison.
Mais, quand vint à éclater le grand conflit
qui mit en question l'indivisibilité de la con-
fédération américaine, ce gentleman se trouva
assez empêché. * ,
Son âge, trente-six ans à peine, sa bravoure.
éprouvée, son patriotisme et son parfait désin-
téressement de tout lien d'affaires et de fa-
Naille semblaient lui faite un devoir de cou-
rir, des premiers, prendre part à une guerre,
dont personne, parmi ses concitoyens, ne res-
tait spectateur inactif. :
Mais, adversaire déclaré de l'esclavage et j
ardemment opposé à l'idée de séparation qui ;
fut le malheureux point de départ des hostili- ;
tés, par toutes ses aspirations politiques il j
était sympathique aux Etats du Nord, tandis
que par sa nationalité et par la situation de
ses biens, c'est-à-dire par ses intérêts, il ap-
partenait à la cause du Sud.
Que faire alors? Sinon s'abstenir et, les
bras douloureusement croisés, attendre le dé-
noûment d'une lutte où, pour lui, la victoire
,du soldat eût été la défaite du citoyen.
Malheureusement, cette attitude expec-
tante ne pouvait être du goût de ses compa-
triotes ; traitée de lâche égoïsme, son ab-
sence fut punie comme une trahison, et, un
beau jour, iJ. reçut officiellement l'avis que
toute sa fortune venait d'être placée sous le
séquestre.
Sans marchander avec la gêne que lui
créait cette mesure, aussitôt il fit dans son
train les réformes nécessaires. Résiliant le
bail de la villa qu'il habitait avenue de l'Im-
pératrice, il vendit ses chevaux et ses équi-
pages. Se privant même des services d'un do-
mestique de confiance, il l'envoya aux Etats-
Unis, lui ménager quelques ressources, et
alla occuper à l'hôtel du Louvre un mo-
deste appartement de deux pièces.
A la fin, pourtant, les affaires de l'Union
se pacifièrent. Le Sud vaincu, tous ses décrets
étaient c-omme non avenus.
Aussi, ue soir du mois de décembre 186.,
par le retour du fidèle serviteur dont il s'était
momentanément séparé, une grande éclaircie 1,
avait dû se faire dans le ciel financier de notre
riche malaisé, puisque nous le trouvons chez
Moïse Wolff, un célèbre changeur de la rue
Vivienne, occupé à convertir en billets de la
Banque de France des valeurs américaines
pour la somme ronde de huit cent mille
francs !
Un client de ce calibre ne se traite pas com-
me le premier venu. ,
Quittant donc le siège où il trônait derrière
un grillage, messire "Volf prit la peine de re-
conduire l'étranger jusqu'à la porte de son
officine, et, quand il le vit installé dans 1 élé-
gant coupé par lequel il était attendu .
- Monsieur de Willcomb, iui cria-t-il de
son accent tudesque le plus caressant, j ai ex-
trêmement l'honneur pour saluer le plus char-
mant homme qu'il est dans 1 Amérique.
Pendant que se parfaisait 1 opération du
change, arrêté devant la boutique du mar-
chand d'argent, un homme avait pu compter
à son aise les quatre-vingts paquets de dix
mille francs dont se gonflait le portefeuille
fermant à clef de l'Américain. ^
Ce curieux,d'ailleurs, ne paraissait d'aucune
manière appartenir à la classe des déshérités
chez laquelle l'or, complaisamment étalé a
devanture des Exchange-office, éve-iue de si
terribles mouvements d'admiration et de con-
Des cheveux blancs, des moustaches ^ fa-
voris de même teint*, un
qu'ornait une rosette multicolore, et, par des
sus l'habit, un caban laissé entr ouvert, cons-
tituaient au personnage l'apparence d 'un offi-
cier général en retraite...
Son âge, néanmoins, ne semblait pas avoto
dépossédé d'une certaine agilité ce vénérable
débris; car, lorsque l'Américain avait fait
mine de sortir, quittant lestement son poste
d'observation, il était allé s'effacer derrière le
coupé qui allait recevoir l'homme aux huit
cent mille livres.
Il ne s'en écarta pas d'ailleurs assez pour
n'avoir pu très-distinctement recueillir la fa-
meuse phrase du changeur :
« — Monsieur de Willcomb, j'ai extrêmement
l'honneur pour saluer le plus chartoant hommr.
qu'il est dans l'Amérique. »
Au moment où le coupé se mit'en marche,
l'observateur avait montré comme une lueur
d'indécision. Mais, prenant rapidement ili
parti, son caban préalablement boutonné, li
s'était élancé à la suite de la voiture, dont ut
heureux embarras avait, pendant quelques 8&
condes, retardé la course ; puis, cramponné,
que bien que mal, au derrière de la caisse, iî
s'était hissé à la place occupée jadis par le va-
let de pied.
Ce fut donc sans encombre, qu'au bout dei
dix minutes le mystérieux personnage st)
trouva transporté, quartier Notre-Dame-de»
Lorette,, rue de Labruyère, devant une mai"
son de bonne apparence ou le véhicule s'ar-
rêta. x
Aussi leste à prendre terre qu'un homme
du métier, le valet de pied de contrebande,
en s'éloignant de l'air désintéressé d 1un pas-
sant qui passe, put voir -du coin de 1 oeil l'A*
. méricain descendre, son portefeuille sous le
bras, donner un instant d'attention à
. écriteau placé au-dessus de la porte de la:
maison, et ensuite y entrer.
• Quelques minutes écoulées sans que le vfctf
j siteur eût reparu, celui qui s'était fait sar
,f -
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS - Troi!oj mois Six mois fr.
DéparteMents - - - - 6 22 fr.
Administrateur : Boubdiulat -
,~ ~ fie année. - SAMEDI 20 AVRIL 1872. — N° 2171.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
13, quai Voltaire
' Succursale : 9, rue Drouot, 8
A NOS LECTEURS
En adoptant le nouveau format qui nous
permettra de remplir les conditions fon-
damentales d'un journal véritablement po-
pulaire, à savoir : ■ -
Un journal varié, complet, bien informé,
intéressant, instructif et surtout amusant,
Nous ne croyons pas à propos de tracer
un programme long et détaillé, car ce pro-,
gramme tient tout entier dans 1 lénuméra-
tion que nous venons d'écrire.
« Journal varié, » c'est-à-dire compre-
nant tous les genres, tous les tons, toutes
les matières de quelque ordre que ce soit,
propres à captiver l'attention, la curiosité,
l'esprit, l'intelligence du lecteur, et se fai-
sant valoir mutuellement par le contraste et
. la diversité.
« Journal complet, » c'est-à-dire auquel
il ne manque aucun des éléments dont se
composent la vie et le mouvement de chaque
jour, et concentrant, sous un volume rela-
tivement restreint, l'ensemble et la substance
'des mille détails qui constituent l'actualité;
bref, un journal qui réponde à tous les be-
soins, à tous les goûts, à toutes les préfé-
rences du oublie.
« Journal bien informé, » c'est-à-dire
'tenu fidèlement, exactement, rapidement,
• au courant des nouvelles les plus palpitantes
'et les plus fraîches, des renseignements de
première main, des nouveautés encore iné-
dites ; en un mot, de ce qu'on désigne sous
le nom général de primeurs.
I
« Journal intéressant, » c'est-à-dire n'en-
gendrant jamais ni l'ennui, ni la fatigue, ni
la satiété; spécialement composé en vue
d'une clientèle qui n'a pas plus de temps
que d'argent à consacrer à la lecture et qui
-veut dépenser utilement et agréablement
1 ' 11 n p t, l'Hnt.re.
« Journal instructif, » c'est-à-dire affec-
tant chaqùe semaine à l'éducation du peu-
ple quelques pages qui ne sauraient être
mieux employées; s'attachant par-dessus
tout à vulgariser les notions scientifiques,
à expliquer le pourquoi et le comment des
'phénomènes de toute espèce, - au premier
rang desquels il faut placer ceux qui se pas-
sent constamment sous nos yeux; facilitant
aux profanes, par un langage simple, clair,
sans prétention, sans pédantisme, l'accès des
éléments essentiels des connaissances hu-
: maines.
Enfin, « journal amusant, » c es-à--re,
. attrayant, attachant, animé, vivant, qu'on
ouvre avec curiosité, qu'op. lise avec plai-
sir et qu'on ne quitte qu'après l'avoir sa-
voùré tout entier de la première ligne à la
dernière... ,
Tel est, à notre sens, l'idéal du journal
populaire, du journal à bon marché, du
Tournai destiné à être lu et consulté par
tous et à faire à la fois la récréation et l'é-
ducation du peuple.
Mais pardon : nous nous apercevons un
peu tard que, saftis nous en douter, le pro-
gramme que nous ne voulions point faire,
le voilà fait.
Complétons-le donc en ajoutant que ce
que nous avons à cœur de donner au public
c'est un journal sain, moralisateur et pa-
cificateur. , ■
De politique point, si ce n est les faits,
rien que les faits, sans discussion, sans po-
lémique et sans commentaires ;
De critiques amères, d'attaques violen-
tés, de personnalités agressives, moins en-
core ; un jugement simple, modéré, formulé j
en termes convenables, quand la chose nous
paraîtra opportune, voilà tout.
n
Pour réaliser le plan de ce journal mo-
dèle, dont le numéro de ce jour ne saurait, à
lui seul, donner qu'une idée incomplète, nous
avons fait appel, non pas à des collabora-
teurs nouveaux, mais à plusieurs de ceux
dont nos habitués ont gardé le meilleur
souvenir, et au concours desquels la Petite
Presse .doit sa plus brillante périodé :
Fulbert Dumonteil, dont le talent, mûri
par le temps et par l'expérience, a tenu tout
ce qu'il promettait chez nous, esquissera
chaque semaine, pour la Petite Presse, un
de ces portràits contemporains dans lesquels
il est passé maître ;
Henri d'Alleber, qui semait naguère, à
la fin de notre journal, ces petites perles si
appréciées du public, qu'il appelait un Con-
seil par jour, fait sa rentrée à la première
page où, sous le titre de Dialogues popu-
laires, il apprendra, dans une forme ingé-
nieuse, vive, pittoresque, aux ouvriers, au
peuple, au vrai peuple, tout ce qu'il a be-
soin de connaître de ses droits et de ses
devoirs pour vivre heureux, honnête et
sage.
Tout ce qui touche aux 'sciences reste
confié à M. Mazas de Sarrion, le plus sa-
vant, le plus modeste et le plus accompli
des vulgarisateurs, qui nous favorise désor-
mais d'une collaboration plus active..
Cochinat, Robinson, Vendredi, Amédée
Blondeau, Maisonneufve, continuent à se
grouper autour du drapeau de la Petite
Presse dont ils ont vaillamment soutenu
l'honneur et l'éclat.
Quant aux améliorations de détail, à la
nouvelle classification des matières, destinée
à apporter dans l'ensemble du journal plus
d'ordre, d'harmonie et de clarté, à l'adjonc-
tion d'une chronique quotidienne de tribu-
naux et de théâtres, et d'un petit bulletin
de connaissances utiles en tête duquel nous
inscrivons le jour, la date et le saint du
lendemain, indication utile dans nombre de
cas, nous laissons à nos lecteurs le soin de
les apprécier et de nous en dire leur avis.
Et maintenant vogue la Petite Presse ré-
générée et que le public et la fortune lui
soient propices !
PARIS, 19 AVRIL 1872
RENOUVEAU
Le Printemps! le Renouveau!
Oui, c'est bien aujourd'hui pour la Petite
Presse un véritable printemps. L'hiver, l'hi-
ver forcé par les malheurs , de la patrie, a
duré trop longtemps.
Mais elle ressucsite plus fraîche et plus
vigourense que jamais.
De toutes parts, les bourgeons rougissent
et éclatent. Les arbres, d'un vert pâle, sont
pleins de frissons. Les rivières argentées
coulent silencieusement à l ombre des grands
peupliers , à peine revêtus de leur robe
verte...
Il y a des cris d'amour dans l'air au mi-
lieu des chants d'oiseaux amoureux. C'est
la vie qui renaît plus puissante, plus forte.
Voilà qui est fait : la Petite Presse est
transformée. Hier encore elle était quelque
peu chrysalide, aujourd 'hui c'est le papil-
lon.
Avec le printemps elle a voulu grandir, i
la jeune et vigoureuse feuille. j
C'est le Renouveau.. !
Et il est là sous les armes, le bataillon
des fidèles et aimables collaborateurs. Il est
prêt ail combat pour toutes les causes géné-
reuses et grandes.
Ici, c'est Robinson avec sa grande mine
altière, dur aux misérables et aux faquins,
indulgent aux pauvres, aux honnêtes, aux
sincères; pitoyable aux égarés, secourable
aux malheureux, avec sa plume puissante et
ferme comme une arme.
Là, c'est Cochinat, allègre et tout empa-
naché de gaîté, montrant dans son rire con-
tagieux ses belles dents blanches sous son
beau bronze florentin.
Alerte, ardent, chercheur, fouilleur, prêt
i partir pour nous raconter les choses des
)ays lointains, disposé à rester pour péné-
trer les mystères de Paris, je le vois, der-
rière moi, qui attend son tour.
Puis je vous présente une vieille connais-
sance, Henri d'Alleber, élégant et disert;
inquiet des besoins du peuple et jaloux de
se faire autant d'amis que de lecteurs.
Ce nouveau et ancien camarade fera une
chronique aussi avec votre serviteur et letà
autres, deux fois par semaine.
Laissez-moi vous présenter encore Fulbert
Dumonteil.
Celui-ci est un sceptique, et, conséquence
logique, c'est un gourmet. Sous son pin-
ceau, qui est une plume, vous verrez naltre,,'
grandir, s'agiter, vivre et mourir les hom- ;
mes du jour. Il fera leur portrait, et vous
n'aurez pas besoin de les connaître pou'!'
affirmer qu'ils sont ressemblants.
Voici maintenant V. F. Maisonneufve. '
Celui-là, c'est notre puits de science, et
je ne saurais assez dire combien il est facile
à tout le monde d'aller puiser à cette source» ;
Plus modeste encore, si c'est possible, at.
certainement aussi savant, aussi profond/
aussi aimable, c'est M. Mazas de SarrioDj)
littérateur, géographe, chimiste, astronome,
physicien, etc., etc.
, A l'aile gauche, regardez Amédée Blon-
deau, plein d'ardeur; à l'aile droite, tout
l'escadron des reporters agiles, Paul Delion,
Henry Morel et les autres infatigables fu-
reteurs de Paris.
Et, à la tête de tout ce monde, notre ré-
dacteur en chef, calme et puissant, lançant
ses ordres, ses compliments et ses gour-
mades, allant de l'un à l'autre, cherchant
et trouvant des combinaisons nouvelles,, ,
préoccupé uniquement des lecteurs qu'il
faut satisfaire, qu'on doit conquérir.
Il existe au Brésil une plante singulière.'
En passant dans un bois vous en prenez
une feuille, une seule, et vous remporter.
Puis vous suspendez cette feuille à un
simple fil de laiton, et vous ne vous er,
préoccupez pas davantage.
Le lendemain, vous êtes fort surpris dy
trouver deux feuilles au lieu d'une; le sur
lendemain il y en a quatre, puis huit, puis
dix, puis cent, puis mille, puis enfin un j
incommensurable cascade de feuillage qui
se répand partout, qui gagne du terrain et
déborde par les fenêtres.
Si par hasard, après avoir suspendu vo-
tre unique et petite feuille qui est grande
comme un timbre-poste, vous vous en allies
pendant trois mois, vous retrouveriez au
N° 1. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
LE
Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
I
Great attraction
En France, quarante millions sont un avoir
•xceptionnal et tout à fait princier; au con-
traire, c'est une opulence assez courante aux
Etats-Unis.
Célibataire, sans parenté directe et posses-
seur d'une fortune s'élevant pour le moins à
ce chiffre respectable, un citoyen de la Nou-
velle-Orléans, d'origine française du coté ma-
ternel, nommé Georges Willcomb, avait, pen-
dant quelque temps, tenu à Paris un splen-
dide état de maison.
Mais, quand vint à éclater le grand conflit
qui mit en question l'indivisibilité de la con-
fédération américaine, ce gentleman se trouva
assez empêché. * ,
Son âge, trente-six ans à peine, sa bravoure.
éprouvée, son patriotisme et son parfait désin-
téressement de tout lien d'affaires et de fa-
Naille semblaient lui faite un devoir de cou-
rir, des premiers, prendre part à une guerre,
dont personne, parmi ses concitoyens, ne res-
tait spectateur inactif. :
Mais, adversaire déclaré de l'esclavage et j
ardemment opposé à l'idée de séparation qui ;
fut le malheureux point de départ des hostili- ;
tés, par toutes ses aspirations politiques il j
était sympathique aux Etats du Nord, tandis
que par sa nationalité et par la situation de
ses biens, c'est-à-dire par ses intérêts, il ap-
partenait à la cause du Sud.
Que faire alors? Sinon s'abstenir et, les
bras douloureusement croisés, attendre le dé-
noûment d'une lutte où, pour lui, la victoire
,du soldat eût été la défaite du citoyen.
Malheureusement, cette attitude expec-
tante ne pouvait être du goût de ses compa-
triotes ; traitée de lâche égoïsme, son ab-
sence fut punie comme une trahison, et, un
beau jour, iJ. reçut officiellement l'avis que
toute sa fortune venait d'être placée sous le
séquestre.
Sans marchander avec la gêne que lui
créait cette mesure, aussitôt il fit dans son
train les réformes nécessaires. Résiliant le
bail de la villa qu'il habitait avenue de l'Im-
pératrice, il vendit ses chevaux et ses équi-
pages. Se privant même des services d'un do-
mestique de confiance, il l'envoya aux Etats-
Unis, lui ménager quelques ressources, et
alla occuper à l'hôtel du Louvre un mo-
deste appartement de deux pièces.
A la fin, pourtant, les affaires de l'Union
se pacifièrent. Le Sud vaincu, tous ses décrets
étaient c-omme non avenus.
Aussi, ue soir du mois de décembre 186.,
par le retour du fidèle serviteur dont il s'était
momentanément séparé, une grande éclaircie 1,
avait dû se faire dans le ciel financier de notre
riche malaisé, puisque nous le trouvons chez
Moïse Wolff, un célèbre changeur de la rue
Vivienne, occupé à convertir en billets de la
Banque de France des valeurs américaines
pour la somme ronde de huit cent mille
francs !
Un client de ce calibre ne se traite pas com-
me le premier venu. ,
Quittant donc le siège où il trônait derrière
un grillage, messire "Volf prit la peine de re-
conduire l'étranger jusqu'à la porte de son
officine, et, quand il le vit installé dans 1 élé-
gant coupé par lequel il était attendu .
- Monsieur de Willcomb, iui cria-t-il de
son accent tudesque le plus caressant, j ai ex-
trêmement l'honneur pour saluer le plus char-
mant homme qu'il est dans 1 Amérique.
Pendant que se parfaisait 1 opération du
change, arrêté devant la boutique du mar-
chand d'argent, un homme avait pu compter
à son aise les quatre-vingts paquets de dix
mille francs dont se gonflait le portefeuille
fermant à clef de l'Américain. ^
Ce curieux,d'ailleurs, ne paraissait d'aucune
manière appartenir à la classe des déshérités
chez laquelle l'or, complaisamment étalé a
devanture des Exchange-office, éve-iue de si
terribles mouvements d'admiration et de con-
Des cheveux blancs, des moustaches ^ fa-
voris de même teint*, un
qu'ornait une rosette multicolore, et, par des
sus l'habit, un caban laissé entr ouvert, cons-
tituaient au personnage l'apparence d 'un offi-
cier général en retraite...
Son âge, néanmoins, ne semblait pas avoto
dépossédé d'une certaine agilité ce vénérable
débris; car, lorsque l'Américain avait fait
mine de sortir, quittant lestement son poste
d'observation, il était allé s'effacer derrière le
coupé qui allait recevoir l'homme aux huit
cent mille livres.
Il ne s'en écarta pas d'ailleurs assez pour
n'avoir pu très-distinctement recueillir la fa-
meuse phrase du changeur :
« — Monsieur de Willcomb, j'ai extrêmement
l'honneur pour saluer le plus chartoant hommr.
qu'il est dans l'Amérique. »
Au moment où le coupé se mit'en marche,
l'observateur avait montré comme une lueur
d'indécision. Mais, prenant rapidement ili
parti, son caban préalablement boutonné, li
s'était élancé à la suite de la voiture, dont ut
heureux embarras avait, pendant quelques 8&
condes, retardé la course ; puis, cramponné,
que bien que mal, au derrière de la caisse, iî
s'était hissé à la place occupée jadis par le va-
let de pied.
Ce fut donc sans encombre, qu'au bout dei
dix minutes le mystérieux personnage st)
trouva transporté, quartier Notre-Dame-de»
Lorette,, rue de Labruyère, devant une mai"
son de bonne apparence ou le véhicule s'ar-
rêta. x
Aussi leste à prendre terre qu'un homme
du métier, le valet de pied de contrebande,
en s'éloignant de l'air désintéressé d 1un pas-
sant qui passe, put voir -du coin de 1 oeil l'A*
. méricain descendre, son portefeuille sous le
bras, donner un instant d'attention à
. écriteau placé au-dessus de la porte de la:
maison, et ensuite y entrer.
• Quelques minutes écoulées sans que le vfctf
j siteur eût reparu, celui qui s'était fait sar
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