Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1879-09-16
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 septembre 1879 16 septembre 1879
Description : 1879/09/16 (Numéro 1065). 1879/09/16 (Numéro 1065).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4711473
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/11/2007
Le Petit Parisien
Après avoir traversé la Raincy, suivi le boule-
vard 'le l'Est, puis la route qui conduit au ma-
gnifique domaine Nteolal, non,' prenons, sur 1a
gauche, un chemin profondément encaissé, an-
̃i"ssu* duquel les arbres séculaires de la forêt
de Bondy entrecroisent leurs branches.
Un spectacle assez ertraordinaire frappe bien-
tôt nos regards,
NVnts franchissons l'encombrante série des hé-
«luiltoMs, des culs-de-jatte, dei manchots, des
avfiuslns, qui nasillent, grognonnent, psalmo-
dient, en sft tralnant, en clochetant et en s'accro-
chant à nos habits.
Puis, nous tomhons en pteine foire.
• Mais, la chapelle? demandons-nous.
Oh', la chapelle est à SX) mètre». il faut
Jeuer des coudes pour y arriver, car la foule est
énorme.
La foule, entendons-nous, Tout ce monde est
venu la pour s'amuser. Le, fidèles, les gobeu-s.-
Ils sont bien une douzaine,-sont là-bas, près du
saint lieu.
Ici, l'on festine, on sa goberge, on boit. on
manne. II y a tien quelques petites boutiques
où s étalent des chapelets, des bijoux bénis et
une infinité de petits instruments à l'usage
dis dévots, mais on les acheté peu ou point.
Mi! en revanche, le triomphe de ce que Ra-
belais appelait si énergiquement le harnois de
gueule est complet.
Do longues tables s'étendent à perte de vue.
Sur ces tables, des kilomètres de boudins enrou-
1és commn le câble transatlantique avant l'im-
mersiop, des montagnes de jambon aux tons
violatres, des colllnes de volailles dorées, des
monceaux de geléo tremblotante, des cargai-
son de saucissons rigides, des melons entassés
comme des boulets, etc., puis une armée de
bouteilles dont le contenu semble faire' tomber
dans un oubli complet l'eau miraculeuse.
Tout cela grésille, crépite, fume, flambe. Une
odeur de graisse saisit l'odorat. L'oreille est
assonrdie de cliquetis de verres, et des refrains
qui n'ont rien de liturgique, éclatent sous la
leuillée La mère Bidard et
Le voilà
Nicolas
Ah! ah! ah»
Mais la chapelle, encore une fois, où est la
chapelle ?
Ah! enfin.1.
Le clergé d'une localité voisine arrive suivi de
tes fidèles. La foule qui se repnit s'entr'ouvre
complaisamment. Nuus emboitons le pas et,
après avoir traversé un terrain jonché d'écorces
do mplons, de tessons de bouteilles, d'os de
gigot ou de volailles et de papiers de toute
provenance, nous arrivons enfin au sacro-saint
monument.
C'est une petite bâtisse, insignifiante, élevée
dans uno clairière, sur l'emplacement même où
la co:ine Mergo arriva en compagnie des petits
bonshommes altés. Iuutile de dWn.ue la cha-
pelle n est Plus celle que les marchands ont dé-
diée u leur bienfaitrice. Comme le couteau de
Jeannot, elle a été renouvelle par morceaux.
Alors commence le défilé de toutes les infirmi-
tés. On pasae sous un catafalque surmonté d'une
Maiuotle très ancienne, en bois noirâtre et
sculptée à coups de serpe.
Comme la chupello peut contenir h peine cent
personnes, on est littéralement éouffé. Des m--
Tes élèvent leursenfants àboutde bras, pour que
la Vierge les « aperçoive. »
D'autres so fouillent entre les jambes, se glis-
sent le long aus torses, finissent par arriver,
bousculées, échevelées, près du meuble et 0
bonheur! peuvent frotte' contre lui un objet
quelconque mouchoir, bijou, parapluie, porte-
monnaie, chapoau, gilet de flanelle, etc., en un
mnt, toute chose que le malade peut porter sur
Nous constatons, avec un profond étonnement
que pas un miracle ne se produit. Nous n'avons
nceinément pas di chance, et notro espoir est
cruellement déçu. Quollfl belle occasion pourtant
du confondre ua pnrpalilot comme nous! 1
D'ieid' .ment, ce pèlcrinago n'est qu'un pèlert-
nage de. banlieue.
Si la vue et le contact de la statuette noire
font à ce point ineflicaco, voyons si l'ingestion
do ]eau aura plus de vertu.
Allons i la fontaine.
Cette fontaine so réduit à un robinet analogue
à ceux des concessions d'eau. Un bassin est placé
nu-dessous pour empdcher la déperdition du
saint liquide.
Il y a des gens qui en boivent à éclater
N4 49. Feuilleton du Petit Parisien
LES SOUTANES SANGLANTES
L'AMAZONE ROUGE
QRAND ROMAN INÉDIT
XYI1I
A Latufocssa
-.Suite
Fils, je te le dis, gitu ne mourais pas de
faim avant d'atteindre la régence de Tunis,
-le seul pays d'Afrique où un refuge voisin
soit possible, tu serais repris par les Arabes
dans la plaine ou dans la montagne et tu se-
rais envoyé pendant deux ans au fort Saint-
Grégoire," où la vie est plus dure encore qu'à
Lambessa.
Uonc, 81s, ne bouge pas d'ici, souffre en
paix et résigne-toi en attendant le jour où le
peuple do Franco fera justice aux bons et aux
mauvais.
Malgré ces conseils, Bernard Jacquelin es-
taya de s'évader.
décida. çixKLQusix coinuasiwaa de basaè,
Peines perdues! g'4uglou3 inu'i es, le miracle
r ite ?ur toute la ligne
Comme on nous avait promis une fontaine et
que nous ne trouvons qu'un rotii;iet, nous de-
mandons à conualtre la provenance de cette
eau.
On nous avoue ingénnoment qi'olle vient dans
des tuyaui d'une source situéu daus la forêt.
Ah bah
Puis, autre confidence plus précieuse encore
Dans les années de séch<'re5se, c^tte source se
tarit; que font alors nos niOdernes^thaumaturges?
C'est bien simple. Ils font venir du Raincy l'eau
qui leur manque, Un réservoir alimente le fameux
robinet, et. le miracle continu» à faire long
feu.
0 impudence cléricale! niaiserie de l'igno-
rance.
Nous constatons avec bonheur, et sans étonne-
ment d'ailleurs, que les habitants du Raiacy
réprouvent cette odieuse comédie. Cettu jeune
commune, comme nous lo dit excellemment un de
no Jabonnés, eat aujourd'hui en plein épanouisse-
ment.
Elle veut la lumière, la liberté de conscience,
1 instruction gratuite, lesbiblinthè'jues populaires,
et n'est aucunement complice d»» impostures
des derniers exploiteurs de la forêt de Bondy.
UN NOUVEAU BILLOIR
(Suite)
Mme Lonoble et M. Secretln, l'associé de Leno-
ble. ont comparu devant Il. Lofèbure, commis
saire de police de la Chapelle, pour fournit à ce
magistrat dee renseignements sur les bijoux
trouvés nu domicile de Prévost.
La valeur de ces objets est estimée à 6,042 fr.
Quelques instants après comparaissaient de-
vant AI. Lelèbure plusieurs témoins, entre au-
tres Mme T&iry, grâce à qui le crime a été dé-
couvert.
A son tovr, Mme Lenoble reconnut les objfts
qui avaient appartenu à son mari; puis elle fut
mise en présence do M. Foury, marchaud de viu,
rue Riquet, 86 bis.
Ce commerçant raconta que, le jour du crime,
deux heures auparavant, Prévost était venu pren-
dre chez lui un litre do vin.
Puis il fit le récit du souper que l'assassin est
venu demander à neuf heures et demie; récit
que, seul parmi nos confrères, nous avons donné
uès le lendemain du crime.
Nous pouvons même ajouter, sans crainte d'ê-
tre démentis, que c'est par le.Petit Parisien que la
police a connu ce détail.
Prévost est fort abattu. Il occupe à Mazas la
cellule qu'habituij, Abndie avaut le jugement.
Les restes de l'infortuné Lenoble, transportés à
son domicile. i6, rue Saint-Sébastien, duivent
ètre inhumés ce matin lundi, dans la matinée.
Maintenant, ayant donné los renseignements
les plus précis et les plus détaillés sur cette hor-
rible affaire, nous parierons aujourd'hui d'une
disparitioa mystérieuse dans laquelle Prévost
pourrait bien avoir joué un rôle important.
MARGUERITE BLOXDIK
Dans l'j courant de l'année 1874, Marguerite-
Adèl» Blondin, àgéo alors de quarante et un ans,
était femme de charge chez M. A. directeur
d'un grAnd établissement financier, qui l'avait
prise en affection à cause de sou dévouement et
des soius dont elle l'entourait.
M. A. mourut vers la fin de l'année et, à la
la lecture de son testament, il se trouva qu'Il y
avait inscrit, pour un legs assez important, sa fi-
dèle gouvernante.
Marguerite Blondin, sa trouvant ainsi à la tête
d'une petite fortune, no se replaça pas.
En 18"i5 elle habitait rue Dancourt, 2. Elle
avait l'habitude d'aller prendre ses repas en f.-ice
de chez elle, au il, 5, chez NI. Cèl'stin Gutz!eurs,
qui était aiors restaurateur marchand de vin, et
qui, aujourd'hui, est retiré et habite avenue des
Princes,
A eu moment, Prévoit faisait son service dans
le dix-huitième arrondissemant et mangeait sou-
vent chéi Sl.Uulzieurs qui lui avait même, pen-'
dant quelque temps, loué une petite çhauture.
Magiurite Blondin était uno jolie femme, très
acoorte et aimant à cuuser. Rite ne tarda pas à
faire connaissance avec Prévost'et bientôt il de-
vint son amant.
L'existence de l'assassin devint assez singu-
lière 1\ partir de cette époque. Il loua une cham-
bre d'abord rue des Rosés. 7, puis peu après rue
tic 1 Evangile, où il resta plus longtemps.
Mais il arrivait souvent qu'après avoir dîné avec
sa ma1tresse il restait chez elle.
Pendant deux mois environ, ils vécurent près-
tous ouvriers de Paris, à tenter la tirrible
aventure.
Par une nuit sans Inné, ils escaladèrent
le mur et se miredt à courir dans l'ombre.
Ils ê-taientjpîeinsd'espôrance.
'Pébessa, le dernier poste français près de
la frontière tunisienne, n'est qu'à quatre éta-
pes che.
Trajet qui n'offre pas d'obstacles insurmon-
Ils avaient emporté des vivres pour dix
jours, et ils étaient résolus à ne voyager que
la nuit, à se cacher, le jour, dans la forêt ou
dans la montagne.
La réussite leur paraissait certaine.
A peine avaient-ils fait une lieue qu'ils "fu>
rent enveloppés par des Arabes, qui, recon-
naissant le costume du pénitencier, les sai-
sirent et les ramenèrent à Lambessa!
Pleins de rage, les condamnés s'arrachaient
les cheveux, se mordaient les poings.
Cependant on ne les envoya pas au fort
Saint-Grégoire.
Le directeur du pénitencier, qui était ap-
paremment de bonne humeur ce matin-là,
feignit de croire que les Parisiens n'avarient
pas eu l'intention de s'évader, qu'ils avaient
voulu aller à la maraude, voilà tout et ils en
furent quittes pour quelques jours de cachot
et de chaîne aux. pieds.
Mais cette tentative avortée avait brisé les
forces do Bernard.
U vécut désormais la tète, basse., inerte.
que maritalement; aussi la famille de Marguerite
lui adressa-t-Mie les p!us vifs reproches.
Sa sœur et son beau-frère, AI. T, ainsi que
son oncle '-l sa tante, les époux M. ne voulu-
rent plus la voir.
Ce dissentiment fut supporté péniblement les
premiers jouis par Mile Blondin, laquelle com-
mença rn^mo, pour apaiser le ressentiment de
ses parenls, a parier d'uu mariage qui devait se
conclure entre elle et son amant.
Prévost protita de ces pourparlers pour venir à
diff^re:iti:s reprises chez l'oncle de sa maltresse.
M. 31., boulevacd de la Chapelle, pour lequel il
semblait avoir une grande affection et qu'il
invitait souvent à venir cher lui, disant que là
on causerait mieux, plus tranquillement.
Tout coup, ces pou rpar^rs furent interrompus,
Mlle Blondlu ne voulut plus entendre parler de
mariage et aux observations de son oncle ou do
son beau-frère elle répondait
Je suis asssz grande pour savoir me con-
duire
C'est de ce jour que date la rupture entre elle
et sa famille qui ne l'a jamais revue.
Trois semaines après une discussion s'éleva
cotre Prévost et si maîtresse. 11 la quitta et
cessi de la voir pendant quatre mois environ,
puis un rapprochement tut tenté et Prévost écri-
Vit à Marguerite « qu'il voulait bien renouer avec
elle les relations tuterrompues, mais qu'il ne re-
tournerait plus chez elle et qu'ilentendait qu'elle
vtnt chez lui J. Il faisait de cela une condition de
réconciliation.
Il ava;t alors changé d'arrondissement et, par
conséquent, de résidence; il habitait en face du
po~te de la rue de l'Evan gile, au ne 22, où
Allie Blondin mettait souvent le voir.
Au mois d'avril 187S, Marguerite Blondin, qui
habitait toujours, 2, rue Dancourt, pria un descs
voisins, M. Bc. chef de musique en retraite, de
lui taire vendre des titres nominatifs représen-
tant une valeur de quatre mille irancs environ.
puis un dimanche, vers midi, elle descendit, prê-
te à partir, et invita Mme Sauroy, la concierge,
à venir boire quolqqe chose avec elle chez le
marchand de vin au ci0 5 et, soudain, elle s'e-
Tiens, madame Sauroy, j'ai oublié ma mon-
tre, voulez-vous aller me la chercher ?
Mme Sauroy gardait toujoursla clef de sa loca-
taire elle monta donc et rapporta 'objet oublié.
Quelques minutes après, Marguerite Blondin.
munio du produit de la vente qu eile avait fait,
faire, montait en omnibus, disant qu'elle allait
voir Prévost.
Depuis, elle a disparue.
Elle était vAtue; ce jour-là. d'une robe de laine
écossaise et d'un chalu.de môme étoffe et de
même couleur.
Deux semaines après, M. T. son beau-frère,
accompagné de ses deux enfants, vint prendre
des nouvelles de la sœur de sa femme. Il envoya
son petit garçon demander à la concierge si Mile
Blondin Hall chez elle
.Mme Sauroy répondit que non et fit prier
M. T. de monter daus sa logo. M. T. partit très
vexé, pensant que sa belle-sœur avait donué
l'ordre de lui dire qu'elle était absento pour ne
pus id recevoir.
Cependant, huit jours âpre-, 11 revint et entra
lui-même chez la concierge, qui lui annonça que,
depuis trois semaine?, Marguerite n'était pas
rentrée. M. T. inquiet, alla chez Mathieu,
marchand de vin, où si belle-soeur allait quel-.
quof'às, et celui-ci l'engagoa à voir le commis-
saire de police et à lui fane part de cette dis-
parition.
C'est à la suite de cette déclaration qu'une en-
quête" fut commencée, au cours de laquelle Pré-
vost fut appelé, et qui, disons-le immédiatement,
n'eut pas de résultat.
Le gardien de la paix, interrogé, raconta ce
qui suit, histoire qu'il a répétée aux parents et
qu répète encore aujourd hui au juge d'ins-
truction
« Vers trois heures, Marguerite est venue chez
moi. J'étais encore couché, étant descondu do
service depuis midi seulement.
» Ello tenait à la main un parapluie et des
échantillons de robes, elle posa le taut sur le
lit.
» Elle m'invita ensvite à me lever ponr aller dî-
ner ave-, elle. Pendant que je me préparais, elle
st descendue sous prétexte dé dire adieu des
amis qui l'avaient ucco.npagnée et n'est pas re-
montée. »
Trois ou quatre jours après cette scène, Pré-
vost est venu chez Mme Snuroy, rue Dancourt,
demander des nouvelles r'e Marguerite et s'est
Inquiété de ce que l'on disait dans le quartier.
L'oncle de Marguerite Blondin, M. M. est un
ancien contre-maitre de chaudrunnerie qui, à
force de travail et de patience, est parvenu à
amasser de petites rentes tiont il vit paisiblement
en compagnie de sa femme.
comme sans pensées, jouant aux cartes
quelquefois, travaillant lentement, dormant
trop.
Mais voici qu'un jour, le 19 mars 1856, les
tambours battirent à l'ordre dans la cour du
pénitencier, et la général Desvaux, qui com-
mandait la subdivision' militaire de Batna,
annonça aux transportés, avec un air tout à
fait souriant, qu'à l'occasion de la naissance
du prince impérial, une amnistie venait d'ê-
tre décrétée.
Etai'ce vrai? était-ce possible?
Tous ces malheureux reverraient donc la
France ?
Bernard Jacquelin eut peine à retenir un
ardent cri de joie.
Mais le bonheur commun fut de courte du-
rée.
On apprit bientôt qu'il ne s'agissait pas
d'amnistie, qu'il s'agissait seulement de grâ-
ces particulières, et l'on apprit aussi ce qu'il
fallait faire pour être gracié.
Il fallait se soumettre à Af. Louis Bonapar-
te, écrire sa soumission, la signer.
Plusieurs y consentirent.
La plupart dirent « Non »
Bernard Jacquelin fut de ces derniers.
Il y avait un cœur de héros dans cette poi-
trine d'ouvrier.
Malgré le souvenir de sa Jeanne bien-ai-
mée, malgré son désir, son \e3oin de revoir
l'adoré Paris, il refusa tie s'humilier.
Il pouvait être libre, il demeura forçat.
Des jours, des semaines, des mois s'écou-
lèceat. des années aussi.
Le beau-frère de Marguerite est le contre-
maître intelligent de la fabrique de tissus de la
maison B. dont les magasins se trouvent rue
du M^il et rne du Quatre-Septembre.
Toute la famiile avait toujours eu une excellente
op.nion de Prévost, mais aujourd'hui que cet
homme hvpocri.e est dévoile, sa conviction est
qu'il ne doit pas icnorjr lacause de la dispari-
tion de Marguerite. Du reste, c'est M. M. qui. à
la première nouvel du crime commis par Pré-
vos!, est allé chez M. Lefébure, commissaire de
police. raconter tous les faits que nous venons
dénumirer.
Disons, à ce sujet, qu'il paralt surprenant que
l'on n'ait pas encore ordonné, une confrontation
entre l'assassin et les parents de son ancienne
maîtresse. Qui sait si cet homme, dtjà abattu
et effrayé par J'attente du sort dont il est mena-
cé, ne ferait pas des aveux complets.
PARIS
Des mariniers d'un bateau marchand amarre
au quai d'Orsay apercurent, Oottant entre dMix
eaux, le corps d'une t'emme. L'un d'eux l'amena
contre le bateau à l'aide d'un harpon.
C'était celui d'une jeune femme de dix·huit il
vingt ans; elle avait les pieds et les mains lies à
l'aide de cordes, et un mouchoir, qui avait servi
de bâillon, pendait autour du cou.
Les mariniers la déposèrent sur la berge, près
du pont de Sollerino, où s'était amassée uno
foule considérable qui avait assisté au repê-
chage.
Lî mouchoir, qui avait servi de bâillon et qul
s'était relâché par l'action de l'eau, est de cou-
leur, sans marque.
On n'a trouve ni argent, ni bijoux. Le com-
missaire de police du quartier a procédé auf si-
tôt aut constatations d usage et a fait transpor-
ter le corps a la Morgce, pour y être soumis A
l'autopsie.
Ce corps parait avoir séjourné près de deut
mois dans I'eau.
Voici la désignation des vêtements que portait
cette jeune femme
Elle était Têtue assez élégamment double ci.
misole blanche, cache-cou set, robe noire, jupor
blanc, bas blancs à raies, squliera molière QI
satin.
Le linge est marqué A. M.
La pauvre fille était ass.ez jolie.
Toute la journée on s'est oraupé de rechercha»
le malheureux Pelardy, J.a victime de l'ébou™
ment qui eu lieu avant-hier, rue du Mint-'e-
A cinq heures dix minutes, on a aperçu son
chapeau,
Le3 fouilles ont continué avec plus de précau-
tions. Les spectateur* suivaient haletants
travaux. Cela a duré dix minutes, on a vu en u
apparaître, sous la terre, la silhouette de la v'
timo.
Pélardy a été trouvé tout if fait au fond cie la
fouille. couché sur .la poitrine, les bras été-,
dus en avant, comme pour protéger le vi-
sage.
A six heures et demie, les ouvriers le p>'
çaietit, enveloppé d'une couverture, sur un brW
carrl prépar6 d'avance, et le transportaient u
poste de la place Dancourt, où les censtatatio
ont été faites par M. Miche), commissaire de r-1--
lice du quartier des Grandes-Carrières as*r
de M. J'officier de paix Yajot, 'du dix-huilièrr
arrondissement.
La mort a dû être instantanée, car les tra-uj
du visage u'étaient point altérés. On comprend
du reste que l'étouttement dû se produire ins
tantanémentsous la pression d'une mtu-se de si-
ble quon peut évaluer cinquante mène-
cubes.-
CHftSSEMwaduPOWTJEUFtemmetopletiQ1
HUILE DE FOIE DE MORUE Naturelle
TONI-BB(X>NSTITUAXT 3 FR. LE LITRE
A l'Image St- Pierre, pimkvacie, 2, Rue des Lombards.
LES TRIBUNAUX
Assassinat et vol. Condamnation & inerte
Le jury du département de l'Oise procuo.
depuis trois jours une rude besogne au successeur
de M. Roch,
Ln il, c'est llimard, condamné à mort pour
tentntrve d'assassinat sur la personne de sa
belle-fille qui lui résistait.
Le 12, Prunier, coudamné mort pour asgae«l-
nat et viol du cadavre de la belle-mère de soi
maître.
Il avait perdu toute espérance.
La France opprimée et brisée par l'empire
elle était au bagne, elle aussi. -ne parais-
sait pas songer à ses enfants exilés. Les dé-
portés avaient fait leur devoir, le peuple no
faisait pas le sien.
Bernard se disait
Tout est fini. Je mourrai à Lambessa.
Et las, brisé, revenu des illusions, il voyait
approcher sans épouvante l'heure fatale où
cesserait son désespoir.
Mais un jour, un colporteur juif vint au pé,
nitencier.
Il vendait aux prisonniers des livres, dei
almanachs et de ces menus objets que l'on
appelle « articles de Paris. »
Un juif, cela se faufile partout.
D'ailleurs, à Lambessa, on n'était pas trc:
sévère en ce qui concernait les visites.
Visites si rares, d'ailleurs
Et puis, que pouvait-on craindre ?
Nous avons vu que l'évasion était impos.
sible.
Donc, le colporteur put commercer en 1)
berté.
C'était un petit homme, assaz vieux, qui et
courbait.
Beaucoup de rides, une longue barbe, des
cendant jusqu'au milieu de la poitrine.
(La suite ci demam.)
Après avoir traversé la Raincy, suivi le boule-
vard 'le l'Est, puis la route qui conduit au ma-
gnifique domaine Nteolal, non,' prenons, sur 1a
gauche, un chemin profondément encaissé, an-
̃i"ssu* duquel les arbres séculaires de la forêt
de Bondy entrecroisent leurs branches.
Un spectacle assez ertraordinaire frappe bien-
tôt nos regards,
NVnts franchissons l'encombrante série des hé-
«luiltoMs, des culs-de-jatte, dei manchots, des
avfiuslns, qui nasillent, grognonnent, psalmo-
dient, en sft tralnant, en clochetant et en s'accro-
chant à nos habits.
Puis, nous tomhons en pteine foire.
• Mais, la chapelle? demandons-nous.
Oh', la chapelle est à SX) mètre». il faut
Jeuer des coudes pour y arriver, car la foule est
énorme.
La foule, entendons-nous, Tout ce monde est
venu la pour s'amuser. Le, fidèles, les gobeu-s.-
Ils sont bien une douzaine,-sont là-bas, près du
saint lieu.
Ici, l'on festine, on sa goberge, on boit. on
manne. II y a tien quelques petites boutiques
où s étalent des chapelets, des bijoux bénis et
une infinité de petits instruments à l'usage
dis dévots, mais on les acheté peu ou point.
Mi! en revanche, le triomphe de ce que Ra-
belais appelait si énergiquement le harnois de
gueule est complet.
Do longues tables s'étendent à perte de vue.
Sur ces tables, des kilomètres de boudins enrou-
1és commn le câble transatlantique avant l'im-
mersiop, des montagnes de jambon aux tons
violatres, des colllnes de volailles dorées, des
monceaux de geléo tremblotante, des cargai-
son de saucissons rigides, des melons entassés
comme des boulets, etc., puis une armée de
bouteilles dont le contenu semble faire' tomber
dans un oubli complet l'eau miraculeuse.
Tout cela grésille, crépite, fume, flambe. Une
odeur de graisse saisit l'odorat. L'oreille est
assonrdie de cliquetis de verres, et des refrains
qui n'ont rien de liturgique, éclatent sous la
leuillée La mère Bidard et
Le voilà
Nicolas
Ah! ah! ah»
Mais la chapelle, encore une fois, où est la
chapelle ?
Ah! enfin.1.
Le clergé d'une localité voisine arrive suivi de
tes fidèles. La foule qui se repnit s'entr'ouvre
complaisamment. Nuus emboitons le pas et,
après avoir traversé un terrain jonché d'écorces
do mplons, de tessons de bouteilles, d'os de
gigot ou de volailles et de papiers de toute
provenance, nous arrivons enfin au sacro-saint
monument.
C'est une petite bâtisse, insignifiante, élevée
dans uno clairière, sur l'emplacement même où
la co:ine Mergo arriva en compagnie des petits
bonshommes altés. Iuutile de dWn.ue la cha-
pelle n est Plus celle que les marchands ont dé-
diée u leur bienfaitrice. Comme le couteau de
Jeannot, elle a été renouvelle par morceaux.
Alors commence le défilé de toutes les infirmi-
tés. On pasae sous un catafalque surmonté d'une
Maiuotle très ancienne, en bois noirâtre et
sculptée à coups de serpe.
Comme la chupello peut contenir h peine cent
personnes, on est littéralement éouffé. Des m--
Tes élèvent leursenfants àboutde bras, pour que
la Vierge les « aperçoive. »
D'autres so fouillent entre les jambes, se glis-
sent le long aus torses, finissent par arriver,
bousculées, échevelées, près du meuble et 0
bonheur! peuvent frotte' contre lui un objet
quelconque mouchoir, bijou, parapluie, porte-
monnaie, chapoau, gilet de flanelle, etc., en un
mnt, toute chose que le malade peut porter sur
Nous constatons, avec un profond étonnement
que pas un miracle ne se produit. Nous n'avons
nceinément pas di chance, et notro espoir est
cruellement déçu. Quollfl belle occasion pourtant
du confondre ua pnrpalilot comme nous! 1
D'ieid' .ment, ce pèlcrinago n'est qu'un pèlert-
nage de. banlieue.
Si la vue et le contact de la statuette noire
font à ce point ineflicaco, voyons si l'ingestion
do ]eau aura plus de vertu.
Allons i la fontaine.
Cette fontaine so réduit à un robinet analogue
à ceux des concessions d'eau. Un bassin est placé
nu-dessous pour empdcher la déperdition du
saint liquide.
Il y a des gens qui en boivent à éclater
N4 49. Feuilleton du Petit Parisien
LES SOUTANES SANGLANTES
L'AMAZONE ROUGE
QRAND ROMAN INÉDIT
XYI1I
A Latufocssa
-.Suite
Fils, je te le dis, gitu ne mourais pas de
faim avant d'atteindre la régence de Tunis,
-le seul pays d'Afrique où un refuge voisin
soit possible, tu serais repris par les Arabes
dans la plaine ou dans la montagne et tu se-
rais envoyé pendant deux ans au fort Saint-
Grégoire," où la vie est plus dure encore qu'à
Lambessa.
Uonc, 81s, ne bouge pas d'ici, souffre en
paix et résigne-toi en attendant le jour où le
peuple do Franco fera justice aux bons et aux
mauvais.
Malgré ces conseils, Bernard Jacquelin es-
taya de s'évader.
décida. çixKLQusix coinuasiwaa de basaè,
Peines perdues! g'4uglou3 inu'i es, le miracle
r ite ?ur toute la ligne
Comme on nous avait promis une fontaine et
que nous ne trouvons qu'un rotii;iet, nous de-
mandons à conualtre la provenance de cette
eau.
On nous avoue ingénnoment qi'olle vient dans
des tuyaui d'une source situéu daus la forêt.
Ah bah
Puis, autre confidence plus précieuse encore
Dans les années de séch<'re5se, c^tte source se
tarit; que font alors nos niOdernes^thaumaturges?
C'est bien simple. Ils font venir du Raincy l'eau
qui leur manque, Un réservoir alimente le fameux
robinet, et. le miracle continu» à faire long
feu.
0 impudence cléricale! niaiserie de l'igno-
rance.
Nous constatons avec bonheur, et sans étonne-
ment d'ailleurs, que les habitants du Raiacy
réprouvent cette odieuse comédie. Cettu jeune
commune, comme nous lo dit excellemment un de
no Jabonnés, eat aujourd'hui en plein épanouisse-
ment.
Elle veut la lumière, la liberté de conscience,
1 instruction gratuite, lesbiblinthè'jues populaires,
et n'est aucunement complice d»» impostures
des derniers exploiteurs de la forêt de Bondy.
UN NOUVEAU BILLOIR
(Suite)
Mme Lonoble et M. Secretln, l'associé de Leno-
ble. ont comparu devant Il. Lofèbure, commis
saire de police de la Chapelle, pour fournit à ce
magistrat dee renseignements sur les bijoux
trouvés nu domicile de Prévost.
La valeur de ces objets est estimée à 6,042 fr.
Quelques instants après comparaissaient de-
vant AI. Lelèbure plusieurs témoins, entre au-
tres Mme T&iry, grâce à qui le crime a été dé-
couvert.
A son tovr, Mme Lenoble reconnut les objfts
qui avaient appartenu à son mari; puis elle fut
mise en présence do M. Foury, marchaud de viu,
rue Riquet, 86 bis.
Ce commerçant raconta que, le jour du crime,
deux heures auparavant, Prévost était venu pren-
dre chez lui un litre do vin.
Puis il fit le récit du souper que l'assassin est
venu demander à neuf heures et demie; récit
que, seul parmi nos confrères, nous avons donné
uès le lendemain du crime.
Nous pouvons même ajouter, sans crainte d'ê-
tre démentis, que c'est par le.Petit Parisien que la
police a connu ce détail.
Prévost est fort abattu. Il occupe à Mazas la
cellule qu'habituij, Abndie avaut le jugement.
Les restes de l'infortuné Lenoble, transportés à
son domicile. i6, rue Saint-Sébastien, duivent
ètre inhumés ce matin lundi, dans la matinée.
Maintenant, ayant donné los renseignements
les plus précis et les plus détaillés sur cette hor-
rible affaire, nous parierons aujourd'hui d'une
disparitioa mystérieuse dans laquelle Prévost
pourrait bien avoir joué un rôle important.
MARGUERITE BLOXDIK
Dans l'j courant de l'année 1874, Marguerite-
Adèl» Blondin, àgéo alors de quarante et un ans,
était femme de charge chez M. A. directeur
d'un grAnd établissement financier, qui l'avait
prise en affection à cause de sou dévouement et
des soius dont elle l'entourait.
M. A. mourut vers la fin de l'année et, à la
la lecture de son testament, il se trouva qu'Il y
avait inscrit, pour un legs assez important, sa fi-
dèle gouvernante.
Marguerite Blondin, sa trouvant ainsi à la tête
d'une petite fortune, no se replaça pas.
En 18"i5 elle habitait rue Dancourt, 2. Elle
avait l'habitude d'aller prendre ses repas en f.-ice
de chez elle, au il, 5, chez NI. Cèl'stin Gutz!eurs,
qui était aiors restaurateur marchand de vin, et
qui, aujourd'hui, est retiré et habite avenue des
Princes,
A eu moment, Prévoit faisait son service dans
le dix-huitième arrondissemant et mangeait sou-
vent chéi Sl.Uulzieurs qui lui avait même, pen-'
dant quelque temps, loué une petite çhauture.
Magiurite Blondin était uno jolie femme, très
acoorte et aimant à cuuser. Rite ne tarda pas à
faire connaissance avec Prévost'et bientôt il de-
vint son amant.
L'existence de l'assassin devint assez singu-
lière 1\ partir de cette époque. Il loua une cham-
bre d'abord rue des Rosés. 7, puis peu après rue
tic 1 Evangile, où il resta plus longtemps.
Mais il arrivait souvent qu'après avoir dîné avec
sa ma1tresse il restait chez elle.
Pendant deux mois environ, ils vécurent près-
tous ouvriers de Paris, à tenter la tirrible
aventure.
Par une nuit sans Inné, ils escaladèrent
le mur et se miredt à courir dans l'ombre.
Ils ê-taientjpîeinsd'espôrance.
'Pébessa, le dernier poste français près de
la frontière tunisienne, n'est qu'à quatre éta-
pes
Trajet qui n'offre pas d'obstacles insurmon-
Ils avaient emporté des vivres pour dix
jours, et ils étaient résolus à ne voyager que
la nuit, à se cacher, le jour, dans la forêt ou
dans la montagne.
La réussite leur paraissait certaine.
A peine avaient-ils fait une lieue qu'ils "fu>
rent enveloppés par des Arabes, qui, recon-
naissant le costume du pénitencier, les sai-
sirent et les ramenèrent à Lambessa!
Pleins de rage, les condamnés s'arrachaient
les cheveux, se mordaient les poings.
Cependant on ne les envoya pas au fort
Saint-Grégoire.
Le directeur du pénitencier, qui était ap-
paremment de bonne humeur ce matin-là,
feignit de croire que les Parisiens n'avarient
pas eu l'intention de s'évader, qu'ils avaient
voulu aller à la maraude, voilà tout et ils en
furent quittes pour quelques jours de cachot
et de chaîne aux. pieds.
Mais cette tentative avortée avait brisé les
forces do Bernard.
U vécut désormais la tète, basse., inerte.
que maritalement; aussi la famille de Marguerite
lui adressa-t-Mie les p!us vifs reproches.
Sa sœur et son beau-frère, AI. T, ainsi que
son oncle '-l sa tante, les époux M. ne voulu-
rent plus la voir.
Ce dissentiment fut supporté péniblement les
premiers jouis par Mile Blondin, laquelle com-
mença rn^mo, pour apaiser le ressentiment de
ses parenls, a parier d'uu mariage qui devait se
conclure entre elle et son amant.
Prévost protita de ces pourparlers pour venir à
diff^re:iti:s reprises chez l'oncle de sa maltresse.
M. 31., boulevacd de la Chapelle, pour lequel il
semblait avoir une grande affection et qu'il
invitait souvent à venir cher lui, disant que là
on causerait mieux, plus tranquillement.
Tout coup, ces pou rpar^rs furent interrompus,
Mlle Blondlu ne voulut plus entendre parler de
mariage et aux observations de son oncle ou do
son beau-frère elle répondait
Je suis asssz grande pour savoir me con-
duire
C'est de ce jour que date la rupture entre elle
et sa famille qui ne l'a jamais revue.
Trois semaines après une discussion s'éleva
cotre Prévost et si maîtresse. 11 la quitta et
cessi de la voir pendant quatre mois environ,
puis un rapprochement tut tenté et Prévost écri-
Vit à Marguerite « qu'il voulait bien renouer avec
elle les relations tuterrompues, mais qu'il ne re-
tournerait plus chez elle et qu'ilentendait qu'elle
vtnt chez lui J. Il faisait de cela une condition de
réconciliation.
Il ava;t alors changé d'arrondissement et, par
conséquent, de résidence; il habitait en face du
po~te de la rue de l'Evan gile, au ne 22, où
Allie Blondin mettait souvent le voir.
Au mois d'avril 187S, Marguerite Blondin, qui
habitait toujours, 2, rue Dancourt, pria un descs
voisins, M. Bc. chef de musique en retraite, de
lui taire vendre des titres nominatifs représen-
tant une valeur de quatre mille irancs environ.
puis un dimanche, vers midi, elle descendit, prê-
te à partir, et invita Mme Sauroy, la concierge,
à venir boire quolqqe chose avec elle chez le
marchand de vin au ci0 5 et, soudain, elle s'e-
Tiens, madame Sauroy, j'ai oublié ma mon-
tre, voulez-vous aller me la chercher ?
Mme Sauroy gardait toujoursla clef de sa loca-
taire elle monta donc et rapporta 'objet oublié.
Quelques minutes après, Marguerite Blondin.
munio du produit de la vente qu eile avait fait,
faire, montait en omnibus, disant qu'elle allait
voir Prévost.
Depuis, elle a disparue.
Elle était vAtue; ce jour-là. d'une robe de laine
écossaise et d'un chalu.de môme étoffe et de
même couleur.
Deux semaines après, M. T. son beau-frère,
accompagné de ses deux enfants, vint prendre
des nouvelles de la sœur de sa femme. Il envoya
son petit garçon demander à la concierge si Mile
Blondin Hall chez elle
.Mme Sauroy répondit que non et fit prier
M. T. de monter daus sa logo. M. T. partit très
vexé, pensant que sa belle-sœur avait donué
l'ordre de lui dire qu'elle était absento pour ne
pus id recevoir.
Cependant, huit jours âpre-, 11 revint et entra
lui-même chez la concierge, qui lui annonça que,
depuis trois semaine?, Marguerite n'était pas
rentrée. M. T. inquiet, alla chez Mathieu,
marchand de vin, où si belle-soeur allait quel-.
quof'às, et celui-ci l'engagoa à voir le commis-
saire de police et à lui fane part de cette dis-
parition.
C'est à la suite de cette déclaration qu'une en-
quête" fut commencée, au cours de laquelle Pré-
vost fut appelé, et qui, disons-le immédiatement,
n'eut pas de résultat.
Le gardien de la paix, interrogé, raconta ce
qui suit, histoire qu'il a répétée aux parents et
qu répète encore aujourd hui au juge d'ins-
truction
« Vers trois heures, Marguerite est venue chez
moi. J'étais encore couché, étant descondu do
service depuis midi seulement.
» Ello tenait à la main un parapluie et des
échantillons de robes, elle posa le taut sur le
lit.
» Elle m'invita ensvite à me lever ponr aller dî-
ner ave-, elle. Pendant que je me préparais, elle
st descendue sous prétexte dé dire adieu des
amis qui l'avaient ucco.npagnée et n'est pas re-
montée. »
Trois ou quatre jours après cette scène, Pré-
vost est venu chez Mme Snuroy, rue Dancourt,
demander des nouvelles r'e Marguerite et s'est
Inquiété de ce que l'on disait dans le quartier.
L'oncle de Marguerite Blondin, M. M. est un
ancien contre-maitre de chaudrunnerie qui, à
force de travail et de patience, est parvenu à
amasser de petites rentes tiont il vit paisiblement
en compagnie de sa femme.
comme sans pensées, jouant aux cartes
quelquefois, travaillant lentement, dormant
trop.
Mais voici qu'un jour, le 19 mars 1856, les
tambours battirent à l'ordre dans la cour du
pénitencier, et la général Desvaux, qui com-
mandait la subdivision' militaire de Batna,
annonça aux transportés, avec un air tout à
fait souriant, qu'à l'occasion de la naissance
du prince impérial, une amnistie venait d'ê-
tre décrétée.
Etai'ce vrai? était-ce possible?
Tous ces malheureux reverraient donc la
France ?
Bernard Jacquelin eut peine à retenir un
ardent cri de joie.
Mais le bonheur commun fut de courte du-
rée.
On apprit bientôt qu'il ne s'agissait pas
d'amnistie, qu'il s'agissait seulement de grâ-
ces particulières, et l'on apprit aussi ce qu'il
fallait faire pour être gracié.
Il fallait se soumettre à Af. Louis Bonapar-
te, écrire sa soumission, la signer.
Plusieurs y consentirent.
La plupart dirent « Non »
Bernard Jacquelin fut de ces derniers.
Il y avait un cœur de héros dans cette poi-
trine d'ouvrier.
Malgré le souvenir de sa Jeanne bien-ai-
mée, malgré son désir, son \e3oin de revoir
l'adoré Paris, il refusa tie s'humilier.
Il pouvait être libre, il demeura forçat.
Des jours, des semaines, des mois s'écou-
lèceat. des années aussi.
Le beau-frère de Marguerite est le contre-
maître intelligent de la fabrique de tissus de la
maison B. dont les magasins se trouvent rue
du M^il et rne du Quatre-Septembre.
Toute la famiile avait toujours eu une excellente
op.nion de Prévost, mais aujourd'hui que cet
homme hvpocri.e est dévoile, sa conviction est
qu'il ne doit pas icnorjr lacause de la dispari-
tion de Marguerite. Du reste, c'est M. M. qui. à
la première nouvel du crime commis par Pré-
vos!, est allé chez M. Lefébure, commissaire de
police. raconter tous les faits que nous venons
dénumirer.
Disons, à ce sujet, qu'il paralt surprenant que
l'on n'ait pas encore ordonné, une confrontation
entre l'assassin et les parents de son ancienne
maîtresse. Qui sait si cet homme, dtjà abattu
et effrayé par J'attente du sort dont il est mena-
cé, ne ferait pas des aveux complets.
PARIS
Des mariniers d'un bateau marchand amarre
au quai d'Orsay apercurent, Oottant entre dMix
eaux, le corps d'une t'emme. L'un d'eux l'amena
contre le bateau à l'aide d'un harpon.
C'était celui d'une jeune femme de dix·huit il
vingt ans; elle avait les pieds et les mains lies à
l'aide de cordes, et un mouchoir, qui avait servi
de bâillon, pendait autour du cou.
Les mariniers la déposèrent sur la berge, près
du pont de Sollerino, où s'était amassée uno
foule considérable qui avait assisté au repê-
chage.
Lî mouchoir, qui avait servi de bâillon et qul
s'était relâché par l'action de l'eau, est de cou-
leur, sans marque.
On n'a trouve ni argent, ni bijoux. Le com-
missaire de police du quartier a procédé auf si-
tôt aut constatations d usage et a fait transpor-
ter le corps a la Morgce, pour y être soumis A
l'autopsie.
Ce corps parait avoir séjourné près de deut
mois dans I'eau.
Voici la désignation des vêtements que portait
cette jeune femme
Elle était Têtue assez élégamment double ci.
misole blanche, cache-cou set, robe noire, jupor
blanc, bas blancs à raies, squliera molière QI
satin.
Le linge est marqué A. M.
La pauvre fille était ass.ez jolie.
Toute la journée on s'est oraupé de rechercha»
le malheureux Pelardy, J.a victime de l'ébou™
ment qui eu lieu avant-hier, rue du Mint-'e-
A cinq heures dix minutes, on a aperçu son
chapeau,
Le3 fouilles ont continué avec plus de précau-
tions. Les spectateur* suivaient haletants
travaux. Cela a duré dix minutes, on a vu en u
apparaître, sous la terre, la silhouette de la v'
timo.
Pélardy a été trouvé tout if fait au fond cie la
fouille. couché sur .la poitrine, les bras été-,
dus en avant, comme pour protéger le vi-
sage.
A six heures et demie, les ouvriers le p>'
çaietit, enveloppé d'une couverture, sur un brW
carrl prépar6 d'avance, et le transportaient u
poste de la place Dancourt, où les censtatatio
ont été faites par M. Miche), commissaire de r-1--
lice du quartier des Grandes-Carrières as*r
de M. J'officier de paix Yajot, 'du dix-huilièrr
arrondissement.
La mort a dû être instantanée, car les tra-uj
du visage u'étaient point altérés. On comprend
du reste que l'étouttement dû se produire ins
tantanémentsous la pression d'une mtu-se de si-
ble quon peut évaluer cinquante mène-
cubes.-
CHftSSEMwaduPOWTJEUFtemmetopletiQ1
HUILE DE FOIE DE MORUE Naturelle
TONI-BB(X>NSTITUAXT 3 FR. LE LITRE
A l'Image St- Pierre, pimkvacie, 2, Rue des Lombards.
LES TRIBUNAUX
Assassinat et vol. Condamnation & inerte
Le jury du département de l'Oise procuo.
depuis trois jours une rude besogne au successeur
de M. Roch,
Ln il, c'est llimard, condamné à mort pour
tentntrve d'assassinat sur la personne de sa
belle-fille qui lui résistait.
Le 12, Prunier, coudamné mort pour asgae«l-
nat et viol du cadavre de la belle-mère de soi
maître.
Il avait perdu toute espérance.
La France opprimée et brisée par l'empire
elle était au bagne, elle aussi. -ne parais-
sait pas songer à ses enfants exilés. Les dé-
portés avaient fait leur devoir, le peuple no
faisait pas le sien.
Bernard se disait
Tout est fini. Je mourrai à Lambessa.
Et las, brisé, revenu des illusions, il voyait
approcher sans épouvante l'heure fatale où
cesserait son désespoir.
Mais un jour, un colporteur juif vint au pé,
nitencier.
Il vendait aux prisonniers des livres, dei
almanachs et de ces menus objets que l'on
appelle « articles de Paris. »
Un juif, cela se faufile partout.
D'ailleurs, à Lambessa, on n'était pas trc:
sévère en ce qui concernait les visites.
Visites si rares, d'ailleurs
Et puis, que pouvait-on craindre ?
Nous avons vu que l'évasion était impos.
sible.
Donc, le colporteur put commercer en 1)
berté.
C'était un petit homme, assaz vieux, qui et
courbait.
Beaucoup de rides, une longue barbe, des
cendant jusqu'au milieu de la poitrine.
(La suite ci demam.)
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