Titre : Candide : grand hebdomadaire parisien et littéraire ["puis" littéraire et parisien]
Éditeur : Fayard (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1936-02-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32737062q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 février 1936 27 février 1936
Description : 1936/02/27 (A12,N624). 1936/02/27 (A12,N624).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k46770967
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-125
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/07/2017
JE SUIS
PARTOUT publie
L'EGYPTE
pendant les
émeutes
Grand reportage par
— Marcelle P R A T
LE SAMEDI : 1 fr.
t _____
LE LIVRE de DEMAIN
la célèbre collection
tango
publie 1
LE GRELET
DE MARIUS
do
Gaston CHERAU
de l'Académie Goncourt
1 sur alfa de luxe
A. FAYARD et Cie avec des bois originaux
-^PARIS df. L. W. GRAUX : 3 f. 50
LA VILLE
A Paris tous les deux
Choses de Paris
J'ai dit à Manon :
— Je vais tantôt à la Bibliothèque Na-
tionale chercher un renseignement dont
j'ai besoin.
Et Manon m'a répondu :
— Bon... Pendant ce temps-là, j'irai chez
Irmone voir la présentation de ses mo-
dèles... J'ai besoin aussi (sic) d'un rensei-
gnement...
Les hommes ne raffolent pas des « ren-
seignements » que leurs femmes vont
prendre chez les grandes couturières à
l'occasion des défilés de modèles...
Quoi qu'il en soit, voici un bout d'emploi
du temps assez typique de ménage pari-
sien : tous deux allant chercher des ma-
tériaux, Lui pour gagner de l'argent, Elle
pour en dépenser.
Il y avait fort longtemps que je n'étais
allé dans l'antre studieux de la place Lou-
vois... Mais pourquoi n'y va-t-on pas plus
souvent ?... Je venais de me faire bous-
culer le long des Boulevards par des gens
affairés aux mines bougonnes, je venais
de lire sur les murs des placards haineux
de politiciens, et tout à coup, entré dans
l'immense refuge intellectuel de la rue de
Richelieu, j'ai eu l'impression délicieuse
et reposante d'aborder au pays de la con-
ciliation et de la politesse.
Le garçon, à l'entrée de la grande salle,
, m'ordonna bien un peu brusquement d'al-
ler mettre au vestiaire le parapluie que
j'avais conservé par étourderie, mais
c'était la consigne : les vieux bouquins
sont déjà assez avariés — style de libraire
— par les mouillures anciennes.
Dans la grande salle, rien de changé :
même atmosphère de silence et de recueil-
lement... Mais à chacun des retours espa-
cés, une petite émotion vous étreint au
souvenir de la préparation laborieuse
faite jadis dans l'euphorie de la foi, d'un
ouvrage qui vous prit tout entier et que
suivit une grande joie ou une grosse dé-
ception... Alors, comme aujourd'hui, des
hommes et des femmes se penchaient sur
des livres, qui tous et toutes avaient l'air
de bûcheurs ou de savants en instance de
notoriété... On serait porté à supposer que
ce sont toujours les mêmes, voués à la fin
au rôle de ratés ou de valeurs définiti-
vement méconnues, si les rangées de lec-
teurs mûrs n'étaient pas jalonnées de pe-
tites jeunes filles et de jeunes gens qui.
lors de votre visite lointaine, devaient
s'intéresser seulement à la stupidité drô-
latique de Bécassine.
Je m'installe à une place qui se trouve
être libre entre une jeune personne au phy-
sique ingrat, bien inspirée en se réfugiant
dans des travaux absorbants de chartiste,
et un vieux monsieur à tournure de re-
traité qui déguste Paris-soir au chaud,
confortablement assis, avec, pour prétexte
et pour ex,-use, un in-folio pris au hasard
dans le casier le plus près, et qui, ouvert à
l'envers, se trouve être du grec ancien.
Remis au courant des formalités impres-
criptibles, je rédige la demande d'un
ouvrage de 1I1Wt et, pour attendre serei-
nement la livraison, je vais à la décou-
verte.
Oui, c'est bien la faune immuable des
bibliothèques publiques : voici l'inévi-
table ecclésiastique appliqué ; le can-
didat à quelque licence ou doctorat,
qui somnole sur Pascal ou bâille à Cor-
neille; le bénédictin laïque ultra-myope
qui, de l'ouverture à la fermeture des
portes, griffonne inlassablement des pat-
tes de mouches, que son nez manque d'ef-
facer au fur et à mesure; voici le spécialisé
hermétique courbé, pour la vie, semble-t-
il, sur des documents de numismatique ou
sur du sanscrit ohé-ohé.
Je découvre de magnifiques améliora-
tions. Notamment un beau petit escalier
qui mène au repaire nouveau — pour moi
— des catalogues innombrables. J'ai tou-
jours admiré ceux qui savent se débrouil-
ler dans ce labyrinthe formidable. Ils ont
proprement du génie, génie prenant ici sa
signification atténuée de « longue pa-
tience ».
Heureusement, on rencontre là des bi-
bliothécaires obligeants qui daignent sou-
rire de votre affolement, et consentent, de
promotion en promotion, à avoir du génie
pour tous les innocents.
On m'a parlé aussi de nouveaux lava-
bos sensationnels... « Voyous voir », comme
disent élégamment certains... Il faut sor-
tir dans le grand vestibule et tourner à
gauche. D'abord, on rencontre l'effigie en
marbre blanc d'une charmante nudiste
intégrale, se palpant avec attention le bas
de la jambe sans motif perceptible... A-t-
elle une foulure ? Des varices internes ?...
Son esthétique aristocratique craint-elle
que sa cheville ne soit ouvrière ?... On se
perd en conjectures...
L'escalier en vis, tout blanc, tout neuf,
s'amorce à côté, qui mène aux lavabos.
Mais son tourniquet insistant semble indi-
quer que l'architecte n'a pas prévu les cas
pressés... A l'autre bout, c'est parfait : eau
courante, confort , moderne... Naturelle-
ment, on peut se laver les mains, mais
pourquoi partout cette rage d'accrocher
toujours trop haut des essuie-mains tou-
jours trop courts, de telle sorte que l'eau
vous coule dans les manches et que, fina-
lement, l'essuie-mains devenu essuie-bras,
c'est le linge de votre chemise V
Remontons du sous-sol jusqu'au niveau
du domaine cérébral... En passant, un coup
d'œil sur le menu qu'affiche le restaurant
local pour personnes studieuses : pour
cinq francs on a tout ce qui.se fait de plus
luxueux dans l'établissement : un châ-
temibriant... De telle sorte que lorsqu'oa
a dévoré à côté le Chateaubriand avec un
d final, on peut venir manger ici celui qui
se termine par im t, et qui a des pommes.
Je reviens à ma place pour y apprendre
(rigoureusement exact) que mon livre est
déjà communiqué. « Ingrate bibliothèque,
tu n'auras pas mes méditations ! » Et je
m'pn vais...
Entre nous, je m'en vais surtout parce
que Manon m'attend place du Théâtre-
Français : si j'étais en retard, elle me
rendrait responsable de toutes les propo-
sitions déshonnêtes qui lui auraient été
faites par les messieurs guettant, sur le
terre-plein surpeuplé, beaucoup moins les
autobus que les occasions galantes.
Par la rue de Rivoli nous cinglons vers
la Concorde... Manon revient donc de chez
Irmone et, pleine de son sujet, me décrit
les modèles avec autant de passion
que s'il s'agissait d'histoires d'amour...
« Figure-toi un adorable petit costume
d'après-midi en crêpe de Chine impri-
mé... » Et puis, plus loin, devant Jeanne
d'Arc ; « Imagine un petit manteau trois-
quarts en lainage... », etc.
A force de descriptions enthousiastes,
auxquelles j'oppose un demi-détachement
prudent, nous arrivons à l'hôtel Crillon,
où André de Fouquières nous attend —
nous et beaucoup d'autres, vous pensez
bien. Il s'agit de fêter en nombre, dans
un thé-champagne, la grande cantatrice
Eidé Norena, retour des Amériques... Les
Amériques, c'est encore, aurait dit Proust,
du côté de chez les Antillais... Nous ne
suffisons plus, décidément, aux manifes-
tations exotiques... Avant-hier, nous bu-
vions chez Mme Suzanne Grimberg, l'avo-
cate bien connue, qui était de la croisière,
un punch postcolombien. et hier, chez
M. Ali-Tur, architecte urbaniste de la
Martinique, et puis chez M. G. Schwob
d'Héricourt... On comprendra pourquoi un
commerçant en produits coloniaux de la
place de la Madeleine a pu nous dire qu'il
a vendu plus de rhum à faire des punchs
depuis trente jours que pendant les douze
mois de l'année dernière !
Voici, dans le salon des Aigles du Cril-
lon, le sourire d'André, accueillant des
invités sélectionnés... Sélectionnés, parce
que si André conviait tous les gens qu'il
connaît, il devrait louer le Parc des Expo-
sitions, que dis-je, celui des Princes... Ap-
prochons-nous du buffet, et grignottons
pour nous reposer... Pour nous reposer
parce que les grignottages mondains ont
l'avantage immense d'empêcher les con-
versations compliquées entre gens qui
n'ont que quelques instants à s'accorder...
On ne peut parler qu'à bâtons et à sand-
wiches rompus... Manon, à côté de moi, a
retrouvé je ne sais quelle relation et
j'entends :
—1 C'est une robe de soirée blanche ra-
vissante — à bouquets d'anémones vio-
lettes — qui s'appelle La Femme en fleur...
Spécifions que les petits traits séparant
les lambeaux de phrase représentent au-
tant de coups de dents décisifs dans un
énorme éclair au chocolat.
Monsieur DESGRIEUX.
La ménagerie
politique
M. de CHAPPEDELAINE
l'ami de la famille
par Odette PANNETIER
Il a l'œil éteint et les moustaches espiègles
des garçons de café qui, dans les buffets de
gare, vous servent vite et mal, en dormant de-
bout, quelle que soit l'heure.
Dans sa façon d'être, de marcher, de re-
garder, il y a quelque chose de contraint, de
forcé, de sournois ; il fait penser à un jeune
chien qui vient de faire pipi sur le beau tapis
du salon et qui caresse l'espoir insensé que
personne ne s'en apercevra.
Il est doux, aimable, empressé, cauteleux ;
il a des joues d'enfant, la main fuyante et
molle, des cheveux gris hérissés en fumée de
locomotive. Il a l'air d'un mouton un peu ar-
riviste qui veut se faire passer pour l'agneau
pascal.
Il trahit tout le temps et tout le monde. Il
trahit comme le ciel est bleu, comme les chats
miaulent, comme M. Flandin est grand et
M. Sarraut annexé au communisme. Au be-
soin, quand il n'a personne d'autre à trahir,
il se trahit lui-même. Et quand il ne trahit pas
c'est qu'il est ministre. Mais, quelquefois, il
cumule.
Il n'eut qu'une fois dans sa vie la tenta-
tion d'être fidèle. C'était en février 1934. Le
6 il y eut ce que vous savez. Le 7 révéla un
marquis de Chappedelaine tout nouveau, tout
inattendu : surprenant, révolté, énergique, les
poings crispés, sanguin et sanguinaire.
Pendant que les fusilleurs méditaient sur
la nécessité de ne plus fabriquer de nouveaux
fusillés, M. de Chappedelaine sentait naître
et grandir en lui l'âme d'un chef que rien
n'émeut, que rien n'attendrit
— Comment ? Démissionner ? Démission-
ner quand « Nous » sommes au pouvoir ?
Quand il y a des gardes mobiles, des mi-
trailleuses ? Mais alors à quoi servent-elles,
ces mitrailleuses ? C'est pourtant bien sim-
ple : il n'y a qu'à tirer sur la foule. A la
cinquième ou sixième bande de cartouches, la
foule aura compris... Et puis, d'ailleurs, si les
mitrailleuses ne suffisent pas...
On comprend que M. Albert Sarraut ait
fait appel à un homme aussi résolu, à un
ministre aussi crâne, à un Français aussi pa-
triote. Quand je dis que M. Albert Sarraut
a fait appel à lui c'est une façon de parler.
M. 4e Chappedelaine vient très bien tout seul,
sans qu'on ait besoin de l'appeler. Qu'un mi-
nistère soit en gestation, et il est là, auprès
de son téléphone, déjà vêtu de sa belle ja-
quette pour Pardons, fêtes votives et maria-
ges d'électeurs influents. Pantelant, l'œil in-
quiet, il décroche le récepteur toutes les cinq
minutes pour vérifier si l'appareil fonctionne
bien. Et l'attente dure, cruelle, féroce, inter-
rompue seulement par des journalistes facé-
tieux qui s'ennuient et s'enrhument dans la
cour de l'Elysée, au Quai d'Orsay ou à l'hô-
tel Matignon.
— Allo, monsieur de Chappedelaine ? Ici
la présidence de la République... Oui, oui, c'est
M. Lebrun lui-même qui vous cause... Pour-
quoi que vous ne formeriez pas le ministère,
dites, monsieur de Chappedelaine ? Passez
donc me voir; je vous attends... et surtout in-
sistez pour me voir personnellement.
M. de Chappedelaine, furieux, regrettant
ses palpitations de cœur inutiles, raccroche
le récepteur décevant.
Quelquefois, quand le président du con-
seil éventuel s'est abandonné jusqu'à lui faire
de vagues promesses, il « se rend à domi-
cile ». Exactement comme les « démonstra-
teurs » d'encaustique, d'aspirateurs, ou d'ap-
pareils de T. S. F. Seulement, lui a de la
chance ; dans les ministères, il n'y a jamais
beaucoup d'étages à monter.
Une fois là, il attend, très gentil, très
doux, un peu important. Tous les quarts
d'heure, il va rendre visite à l'huissier :
— Vous avez bien dit au président que je
suis là ? Parce que le président m'a télé-
phoné qu'il désirait me voir d'urgence. Ce
qu'il a à me dire est de la plus haute impor-
tance.
Il attend. Il attend des heures, mais il at-
tendrait tout aussi bien des jours, des mois,
s'il le fallait. Il emporterait seulement quel-
ques vivres, un faux col empesé et une autre
belle jaquette. Des méchantes langues préten-
dent qu'un jour, oublié par un président du
conseil à tout le moins étourdi, M. de Chap-
pedelaine passa la nuit dans une salle de
bains où il lui fallut bien se contenter de la
baignoire. Un valet de chambre le découvrit à
l'aube, reposant recroquevillé, mais rose et
poupin, sur le mol oreiller de chez Porcher.
L'abominable dans l'histoire, c'est que le mi-
nistère était formé et que la villégiature de
M. de Chappedelaine parmi les cuvettes et
bains de pieds devenait un simple caprice
d'homme qui en a assez de toujours dormir
dans un lit.
M. de Chappedelaine, courbattu et ulcéré.
n'a jamais pardonné à l'auteur responsable
de cette triste aventure. N'est-ce pas, mon-
ci Aitr [f»ll ^
Car il est vîndicatif. Il a la rancune te-
nace des fourmis, des chaisières, et des élé-
phants.
Ainsi en veut-il présentement à sa famille.
Il le dit, il l'écrit, il le proclame par voie de
presse :
M. de Chappedelaine n'a d'ailleurs pas de
pire ennemi que sa propre famille.
Infortunée famille ! L'a-t-elle dénoncé
comme l'assassin d'une des innombrables da-
mes coupées en rondelles ? S'est-elle étonnée
de voir revenir au pouvoir ce pourfendeur de
femmes, d'enfants et d'anciens combattante ?
Mais non. Ce pire ennemi, c'est, en l'occur-
rence, un petit jeune homme, un neveu, un
garçon qui est repu, vous le concevez, de
s'entendre demander à longueur de journée :
— Dis donc, et cette espèce de Chappe-
delaine, c'est un parent à toi ?
Alors, il a pris une initiatiye. Il a fait une
collecte au profit d'un camarade de bureau
dont la justice se demande actuellement s'il
ne serait pas passé un jour du côté du bou-
levard Saint-Germain. Pour tout dire s'il ne
serait pas un des assassins du rescapé Blum.
Personne n'a jamais été blême comme le
fut M. de Chappedelaine apprenant ce geste
inconsidéré de son neveu.
- Je ne pourrai donc jamais être tran-
quille quand je suis ministre ! s'est-il écrié tra-
giquement, s il faut en croire ses proches.
Et de rédiger cet amour de communiqué à
la honte de la dynastie Chappedelaine et à
la gloire de M. Fourneret qui s'est valeu-
reusement porté au secours de M. Léon
Blum. Cher M. Fourneret qui réhabilite, en
quelque sorte, M. de Chappedelaine! M. de
Chappedelaine l'eût volontiers pressé sur son
cœur. Mais il a jugé — en étudiant mieux
la question — que cette récompense était in-
suffisante et que M. Fourneret méritait davan-
tage qu'une étreinte républicaine et ministé-
rielle. M. de Chappedelaine a donc proposé
M. Fourneret d'abord à l'admiration des fou-
les, ensuite pour une « haute distinction ».
Quelle sera-t-elle ? Quelle preuve de grati-
tude la République reconnaissante va-t-elle
donner à M. Fourneret ? La médaille de sau-
vetage ? Un bateau-mouche réaffecté avec
la façon de s'en servir ? Le grade et les
prérogatives de capitaine de bateau-lavoir ?
Ou simplement la Légion d'honneur comme
à n'importe qui ?
M. de Chappedelaine ne le dit pas. C'est
tant pis pour les chansonniers.
Quand ii trotte aux Pas-Perdus, sur ses
petits pieds plats, il a toujours l'air de passer
en revue des parterres de pensées, de rhodo-
dendrons et de géraniums.
Il ignore le ridicule. On ne peut pas sa-
voir comme c'est agréable. Et commode.
L'univers, pour lui, se borne aux petites pen-
sées courtes et toujours pareilles qu'il élève
dans son petit crâne.
Il est content de lui, de la République, de
la vie. Il croit qu'il a du génie et il ne s'en
affl icr#» r»a«s
Odete PANNETIER.
Tout Paris à la Page
DINER ASTROLOGIQUE
Les dîners de la revue Voire Destin sont fort
curieux : la moitié des convives, au lieu de se
délecter du menu, s'occupe à tirer les vers du
nez à l'autre moitié. Il y a la dame blonde qui
repousse son poulet pour lire les écritures qui
lui sont soumises et qui coupe la digestion de son
voisin en émettant sur lui un jugement grapho-
logique... déficitaire. Il y a la dame rousse qui
ne tient pas sa fourchette, mais la main d'un
monsieur qu'elle scrute jusqu'à la moindre ligne.
Mais je vois la main frémir à cette déclaration
de la chiromancienne :
— J'ai une spécialité, moi. C'est de découvrir
dans la main les perversions sensuelles d'un
homme.
Et il y a encore la dame rousse qui interprète
les songes et à qui chacun vient raconter ce qu'il
fait pendant la nuit.
Au dessert, le président du dîner est mis sur
la sellette : Don Necroman lit tout haut son
thème astrologique. Il le met à nu et découvre
le tréfonds de son âme. C'est dire qu'il est pru-
dent de ne s'asseoir à cette place qu'en état de
grâce. Mais ajoutons que l'analyse est courtoise
et que si l'astrologue découvre un vice profond
dans l'âme du président, il s'empresse d'attirer
l'attention sur un aimable travers.
C'est José Germain, à qui était offert le dî-
ner et qui devait, en échange, faire les frais de
cette divination. Il paraît que l'auteur de Maman
est un personnage solarien et qu'il est couvert
de coups de soleil. Don Necroman opposa à sa
face réjouie la mine défaite d'un infortuné sa-
turnien, bien gêné par le rapprochement. Et José
Germain répondit d'abondance. Pour la pre-
mière fois qu'il entendait parler d'astrologie, les
astres lui faisaient des compliments flatteurs. Il
a promis de revenir, la critique solaire lui sem-
blant beaucoup plus bienveillante que celle des
confrères, dont il fit le spirituel procès.
René RICHARD.
La vie d'artiste
Mardi.
Bal de la marine à l'Opéra. Je trouve à
l entrée de l'auguste établissement une troupe
d'acteurs qui doivent paraître ce soir. Mi-
chel Simon, dans le costume de bohème qu'il
porte en jouant La Pende, Jean-Pierre
Aumont, Blanche Montel; les agents les re-
connaissent avec allégresse et leur indiquent
une bonne place pour ranger leur voiture. Je
profite de l'aubaine.
Nous pénétrons dans l'Opéra à l'envers,
par la loge du concierge. Notre armée, comme
celle de Rodrigue, grossit peu à peu. Nous
voici maintenant sur la scène. Par quels dé-
tours gagne-t-on la salle ? Blanche Montel
nous guide avec une admirable autorité...
mais ne se perd pas moins dans les couloirs
peuplés de rats en costumes de girls, qui ga-
lopent éperdument. Nous revenons sur nos
pas. Là, un officier de marine, orné de l'en-
seigne des commissaires du bal, a pitié de
nous :
— Je vais vous conduire, soyez tran-
quilles... loge io... je vous y déposerai.
— Merci, Monsieur... A propos, c'est bien
monsieur qu'il faut dire à un officier de
marine ?
— Exactement. « Monsieur » ou « Ami-
ral ». Mais « Amiral » seulement quand on
est très vieux.
Notre cicérone a l'air fort jeune. C'est pré-
cisément pour cela que nous choisirons de
l'appeler « Amiral ». Il nous précède dans
les dédales de cette bâtisse. Enfin, nous voici
dans la salle, toute enguirlandée de petits
drapeaux. Loge io, vous y êtes. Pas du tout,
c'est la « première loge io ». Une dame au
chef orné d'un diadème voit entrer la troupe
avec étonnement. Explications, excuses. Il
faut monter à la « deuxième loge io ». Là,
dans un tout petit espace où règne une tem-
pérature de bain turc, nous trouvons le Tout-
1 héâtre de Paris : Cora Laparcerie et Jac-
ques Richepin, qui reçoivent; Parisys, Nina
Myral. Davia, Thérèse Dorny, Hélène Per-
drière. et vingt autres. On n'a pas la place de
se retourner.
Mais l'amiral, est décidément complaisant.
Il a pitié de nous, nous offre de nous con-
duire à la corbeille, d'où nous verrons mieux
« l'aspect féerique de la salle ».
A tout vous avouer, je n'aime guère cette
salle de l'Opéra au vieil or recouvert de pous-
sière crasseuse et enrichi de pâtisseries à vous
en donner une indigestion. Les dames des pre-
mières loges, au surplus, sont d'une cocasse-
rie étonnante.
Ne croyez pas que je veuille le moins du
monde « débiner » le gala de la marine.
L'organisation était bonne cette année, infi-
niment supérieure, m'a-t-on dit, à celle de
l'année dernière qui n'avait pas été sans un
peu de flottement. Les numéros se succédaient
sans interruption, la plupart de ces numé-
ros étaient excellents, et Saint-Granier, spea-
ker, les enchaînait avec allégresse.
Mais le cadre est terrible. Rien n'y ré-
siste. On a dû installer des haut-parleurs
qui déforment toutes les voix et les artistes
et les figurants, perdus sur cette immense
scène, loin de nous, à portée de lorgnette
de marine, ne peuvent guère nous émouvoir.
On croirait assister à un essai de télévision.
Vendredi.
Jean-Pierre Aujnont a vingt-cinq ans. A
vrai dire, il les a depuis le mois de janvier.
Mais comme il tournait un film à ce mo-
ment, il a préféré reporter son anniversaire
en février. Il donne un déjeuner à cette occa-
sion et a convié Blanche Monte!. Rosine
Deréan, Suzet Maïs, Janine Crispin, Hé-
lène Perdrière, Claude Dauphin, Louis
Beydts, Pierre Dux, Roland Toutain... Cela
commence mal. Sa voiture est restée en
panne boulevard Haussmann; le rendez-vous
était fixé porte Maillot, à midi et demie,
Tout le monde y est à une heure et demie...
tout le monde, sauf une, car Lulu Watier
a la grippe. Nous serons treize. Roland Tou-
tain donne des coups de téléphone infruc-
tueux : pas de quatorzième; en revanche,
il achète tout l'étalage ambulant d'une mar-
chande de fleurs et les distribue aux dames,
sous la pluie battante. Car, bien entendu, il
pleut et on va déjeuner à la campagne.
Tout s arrange avec les hors-d'œuvre. Pour-
conjurer les maléfices du chiffre 13, Ro-
land Toutain s'installe à une petite table '
séparée. Mais vous connaissez les fantaisies
de ce garçon original. Sa table, il la fait
monter sur une autre table, ainsi que sa
chaise et il déjeune ainsi au premier étage.
Il campe un rond de saucisson sur son œil
comme un monocle, fume son petit pain,
tousse pour éclaicir sa voix et, imitant un
vieux clubman anglais, fait : Well... welL.
Il ne s'en tient pas là, on l'imagine, Du -
haut de son étrange tribune, il ne cessera de
discourir, de raconter des histoires d'une
invraisemblable cocasserie sur tous les sujets
qui lui passent par la tête. Imitation de dis-
cours politique; narration de son voyage sur
la Normandie, de son mariage. Remarques du -
suisse et de 1 enfant de chœur, réflexions sur
la dame qui habite en face. Le tout entre-
coupé de jcngleries savantes. Deux verres
seulement au tableau. C'est un succès.
Tout est sympathique dans ce déjeuner.
Jean-Pierre Aumont a composé, à l'inten-
tion de chacun des convives, un quatrain fort
réussi et témoignant d'une érudition remar-
quable. Claude Dauphin lui a remis un des-
sin avec cette légende : « Vingt-cinq ans
d'âge, ^ trente tins de carrière. » Il n'y
a guère ici que des acteurs, et on
ne parle ni de théâtre ni de cuisine. Per-
sonne ne parle de soi. Il est vrai que Roland
Toutain n'a guère laissé à quiconque le loisir
de placer un mot. « Je vais vous» raconter
la petite soirée sur la Normandie. C'est une
histoire un peu raide, mais il n'y a ici que
des femmes mariées... » Un temps, il dévi-
sage les convives à travers sa fourchette
transformée en face-à-main... « Que des
femmes mariées, dis-je... ou presque... »
Décidément, le cinéma français n'a pas
su utiliser ce fantaisiste étonnant.
Jean FAYARD.
RHUM sr. JAMES
PI-IUMDES CRUS CÉLÈBRES
St-James
AUX ANTILLES
in TLwM/mf 3
J
!" St-James,
des
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LA VILLE
A Paris tous les deux
Choses de Paris
J'ai dit à Manon :
— Je vais tantôt à la Bibliothèque Na-
tionale chercher un renseignement dont
j'ai besoin.
Et Manon m'a répondu :
— Bon... Pendant ce temps-là, j'irai chez
Irmone voir la présentation de ses mo-
dèles... J'ai besoin aussi (sic) d'un rensei-
gnement...
Les hommes ne raffolent pas des « ren-
seignements » que leurs femmes vont
prendre chez les grandes couturières à
l'occasion des défilés de modèles...
Quoi qu'il en soit, voici un bout d'emploi
du temps assez typique de ménage pari-
sien : tous deux allant chercher des ma-
tériaux, Lui pour gagner de l'argent, Elle
pour en dépenser.
Il y avait fort longtemps que je n'étais
allé dans l'antre studieux de la place Lou-
vois... Mais pourquoi n'y va-t-on pas plus
souvent ?... Je venais de me faire bous-
culer le long des Boulevards par des gens
affairés aux mines bougonnes, je venais
de lire sur les murs des placards haineux
de politiciens, et tout à coup, entré dans
l'immense refuge intellectuel de la rue de
Richelieu, j'ai eu l'impression délicieuse
et reposante d'aborder au pays de la con-
ciliation et de la politesse.
Le garçon, à l'entrée de la grande salle,
, m'ordonna bien un peu brusquement d'al-
ler mettre au vestiaire le parapluie que
j'avais conservé par étourderie, mais
c'était la consigne : les vieux bouquins
sont déjà assez avariés — style de libraire
— par les mouillures anciennes.
Dans la grande salle, rien de changé :
même atmosphère de silence et de recueil-
lement... Mais à chacun des retours espa-
cés, une petite émotion vous étreint au
souvenir de la préparation laborieuse
faite jadis dans l'euphorie de la foi, d'un
ouvrage qui vous prit tout entier et que
suivit une grande joie ou une grosse dé-
ception... Alors, comme aujourd'hui, des
hommes et des femmes se penchaient sur
des livres, qui tous et toutes avaient l'air
de bûcheurs ou de savants en instance de
notoriété... On serait porté à supposer que
ce sont toujours les mêmes, voués à la fin
au rôle de ratés ou de valeurs définiti-
vement méconnues, si les rangées de lec-
teurs mûrs n'étaient pas jalonnées de pe-
tites jeunes filles et de jeunes gens qui.
lors de votre visite lointaine, devaient
s'intéresser seulement à la stupidité drô-
latique de Bécassine.
Je m'installe à une place qui se trouve
être libre entre une jeune personne au phy-
sique ingrat, bien inspirée en se réfugiant
dans des travaux absorbants de chartiste,
et un vieux monsieur à tournure de re-
traité qui déguste Paris-soir au chaud,
confortablement assis, avec, pour prétexte
et pour ex,-use, un in-folio pris au hasard
dans le casier le plus près, et qui, ouvert à
l'envers, se trouve être du grec ancien.
Remis au courant des formalités impres-
criptibles, je rédige la demande d'un
ouvrage de 1I1Wt et, pour attendre serei-
nement la livraison, je vais à la décou-
verte.
Oui, c'est bien la faune immuable des
bibliothèques publiques : voici l'inévi-
table ecclésiastique appliqué ; le can-
didat à quelque licence ou doctorat,
qui somnole sur Pascal ou bâille à Cor-
neille; le bénédictin laïque ultra-myope
qui, de l'ouverture à la fermeture des
portes, griffonne inlassablement des pat-
tes de mouches, que son nez manque d'ef-
facer au fur et à mesure; voici le spécialisé
hermétique courbé, pour la vie, semble-t-
il, sur des documents de numismatique ou
sur du sanscrit ohé-ohé.
Je découvre de magnifiques améliora-
tions. Notamment un beau petit escalier
qui mène au repaire nouveau — pour moi
— des catalogues innombrables. J'ai tou-
jours admiré ceux qui savent se débrouil-
ler dans ce labyrinthe formidable. Ils ont
proprement du génie, génie prenant ici sa
signification atténuée de « longue pa-
tience ».
Heureusement, on rencontre là des bi-
bliothécaires obligeants qui daignent sou-
rire de votre affolement, et consentent, de
promotion en promotion, à avoir du génie
pour tous les innocents.
On m'a parlé aussi de nouveaux lava-
bos sensationnels... « Voyous voir », comme
disent élégamment certains... Il faut sor-
tir dans le grand vestibule et tourner à
gauche. D'abord, on rencontre l'effigie en
marbre blanc d'une charmante nudiste
intégrale, se palpant avec attention le bas
de la jambe sans motif perceptible... A-t-
elle une foulure ? Des varices internes ?...
Son esthétique aristocratique craint-elle
que sa cheville ne soit ouvrière ?... On se
perd en conjectures...
L'escalier en vis, tout blanc, tout neuf,
s'amorce à côté, qui mène aux lavabos.
Mais son tourniquet insistant semble indi-
quer que l'architecte n'a pas prévu les cas
pressés... A l'autre bout, c'est parfait : eau
courante, confort , moderne... Naturelle-
ment, on peut se laver les mains, mais
pourquoi partout cette rage d'accrocher
toujours trop haut des essuie-mains tou-
jours trop courts, de telle sorte que l'eau
vous coule dans les manches et que, fina-
lement, l'essuie-mains devenu essuie-bras,
c'est le linge de votre chemise V
Remontons du sous-sol jusqu'au niveau
du domaine cérébral... En passant, un coup
d'œil sur le menu qu'affiche le restaurant
local pour personnes studieuses : pour
cinq francs on a tout ce qui.se fait de plus
luxueux dans l'établissement : un châ-
temibriant... De telle sorte que lorsqu'oa
a dévoré à côté le Chateaubriand avec un
d final, on peut venir manger ici celui qui
se termine par im t, et qui a des pommes.
Je reviens à ma place pour y apprendre
(rigoureusement exact) que mon livre est
déjà communiqué. « Ingrate bibliothèque,
tu n'auras pas mes méditations ! » Et je
m'pn vais...
Entre nous, je m'en vais surtout parce
que Manon m'attend place du Théâtre-
Français : si j'étais en retard, elle me
rendrait responsable de toutes les propo-
sitions déshonnêtes qui lui auraient été
faites par les messieurs guettant, sur le
terre-plein surpeuplé, beaucoup moins les
autobus que les occasions galantes.
Par la rue de Rivoli nous cinglons vers
la Concorde... Manon revient donc de chez
Irmone et, pleine de son sujet, me décrit
les modèles avec autant de passion
que s'il s'agissait d'histoires d'amour...
« Figure-toi un adorable petit costume
d'après-midi en crêpe de Chine impri-
mé... » Et puis, plus loin, devant Jeanne
d'Arc ; « Imagine un petit manteau trois-
quarts en lainage... », etc.
A force de descriptions enthousiastes,
auxquelles j'oppose un demi-détachement
prudent, nous arrivons à l'hôtel Crillon,
où André de Fouquières nous attend —
nous et beaucoup d'autres, vous pensez
bien. Il s'agit de fêter en nombre, dans
un thé-champagne, la grande cantatrice
Eidé Norena, retour des Amériques... Les
Amériques, c'est encore, aurait dit Proust,
du côté de chez les Antillais... Nous ne
suffisons plus, décidément, aux manifes-
tations exotiques... Avant-hier, nous bu-
vions chez Mme Suzanne Grimberg, l'avo-
cate bien connue, qui était de la croisière,
un punch postcolombien. et hier, chez
M. Ali-Tur, architecte urbaniste de la
Martinique, et puis chez M. G. Schwob
d'Héricourt... On comprendra pourquoi un
commerçant en produits coloniaux de la
place de la Madeleine a pu nous dire qu'il
a vendu plus de rhum à faire des punchs
depuis trente jours que pendant les douze
mois de l'année dernière !
Voici, dans le salon des Aigles du Cril-
lon, le sourire d'André, accueillant des
invités sélectionnés... Sélectionnés, parce
que si André conviait tous les gens qu'il
connaît, il devrait louer le Parc des Expo-
sitions, que dis-je, celui des Princes... Ap-
prochons-nous du buffet, et grignottons
pour nous reposer... Pour nous reposer
parce que les grignottages mondains ont
l'avantage immense d'empêcher les con-
versations compliquées entre gens qui
n'ont que quelques instants à s'accorder...
On ne peut parler qu'à bâtons et à sand-
wiches rompus... Manon, à côté de moi, a
retrouvé je ne sais quelle relation et
j'entends :
—1 C'est une robe de soirée blanche ra-
vissante — à bouquets d'anémones vio-
lettes — qui s'appelle La Femme en fleur...
Spécifions que les petits traits séparant
les lambeaux de phrase représentent au-
tant de coups de dents décisifs dans un
énorme éclair au chocolat.
Monsieur DESGRIEUX.
La ménagerie
politique
M. de CHAPPEDELAINE
l'ami de la famille
par Odette PANNETIER
Il a l'œil éteint et les moustaches espiègles
des garçons de café qui, dans les buffets de
gare, vous servent vite et mal, en dormant de-
bout, quelle que soit l'heure.
Dans sa façon d'être, de marcher, de re-
garder, il y a quelque chose de contraint, de
forcé, de sournois ; il fait penser à un jeune
chien qui vient de faire pipi sur le beau tapis
du salon et qui caresse l'espoir insensé que
personne ne s'en apercevra.
Il est doux, aimable, empressé, cauteleux ;
il a des joues d'enfant, la main fuyante et
molle, des cheveux gris hérissés en fumée de
locomotive. Il a l'air d'un mouton un peu ar-
riviste qui veut se faire passer pour l'agneau
pascal.
Il trahit tout le temps et tout le monde. Il
trahit comme le ciel est bleu, comme les chats
miaulent, comme M. Flandin est grand et
M. Sarraut annexé au communisme. Au be-
soin, quand il n'a personne d'autre à trahir,
il se trahit lui-même. Et quand il ne trahit pas
c'est qu'il est ministre. Mais, quelquefois, il
cumule.
Il n'eut qu'une fois dans sa vie la tenta-
tion d'être fidèle. C'était en février 1934. Le
6 il y eut ce que vous savez. Le 7 révéla un
marquis de Chappedelaine tout nouveau, tout
inattendu : surprenant, révolté, énergique, les
poings crispés, sanguin et sanguinaire.
Pendant que les fusilleurs méditaient sur
la nécessité de ne plus fabriquer de nouveaux
fusillés, M. de Chappedelaine sentait naître
et grandir en lui l'âme d'un chef que rien
n'émeut, que rien n'attendrit
— Comment ? Démissionner ? Démission-
ner quand « Nous » sommes au pouvoir ?
Quand il y a des gardes mobiles, des mi-
trailleuses ? Mais alors à quoi servent-elles,
ces mitrailleuses ? C'est pourtant bien sim-
ple : il n'y a qu'à tirer sur la foule. A la
cinquième ou sixième bande de cartouches, la
foule aura compris... Et puis, d'ailleurs, si les
mitrailleuses ne suffisent pas...
On comprend que M. Albert Sarraut ait
fait appel à un homme aussi résolu, à un
ministre aussi crâne, à un Français aussi pa-
triote. Quand je dis que M. Albert Sarraut
a fait appel à lui c'est une façon de parler.
M. 4e Chappedelaine vient très bien tout seul,
sans qu'on ait besoin de l'appeler. Qu'un mi-
nistère soit en gestation, et il est là, auprès
de son téléphone, déjà vêtu de sa belle ja-
quette pour Pardons, fêtes votives et maria-
ges d'électeurs influents. Pantelant, l'œil in-
quiet, il décroche le récepteur toutes les cinq
minutes pour vérifier si l'appareil fonctionne
bien. Et l'attente dure, cruelle, féroce, inter-
rompue seulement par des journalistes facé-
tieux qui s'ennuient et s'enrhument dans la
cour de l'Elysée, au Quai d'Orsay ou à l'hô-
tel Matignon.
— Allo, monsieur de Chappedelaine ? Ici
la présidence de la République... Oui, oui, c'est
M. Lebrun lui-même qui vous cause... Pour-
quoi que vous ne formeriez pas le ministère,
dites, monsieur de Chappedelaine ? Passez
donc me voir; je vous attends... et surtout in-
sistez pour me voir personnellement.
M. de Chappedelaine, furieux, regrettant
ses palpitations de cœur inutiles, raccroche
le récepteur décevant.
Quelquefois, quand le président du con-
seil éventuel s'est abandonné jusqu'à lui faire
de vagues promesses, il « se rend à domi-
cile ». Exactement comme les « démonstra-
teurs » d'encaustique, d'aspirateurs, ou d'ap-
pareils de T. S. F. Seulement, lui a de la
chance ; dans les ministères, il n'y a jamais
beaucoup d'étages à monter.
Une fois là, il attend, très gentil, très
doux, un peu important. Tous les quarts
d'heure, il va rendre visite à l'huissier :
— Vous avez bien dit au président que je
suis là ? Parce que le président m'a télé-
phoné qu'il désirait me voir d'urgence. Ce
qu'il a à me dire est de la plus haute impor-
tance.
Il attend. Il attend des heures, mais il at-
tendrait tout aussi bien des jours, des mois,
s'il le fallait. Il emporterait seulement quel-
ques vivres, un faux col empesé et une autre
belle jaquette. Des méchantes langues préten-
dent qu'un jour, oublié par un président du
conseil à tout le moins étourdi, M. de Chap-
pedelaine passa la nuit dans une salle de
bains où il lui fallut bien se contenter de la
baignoire. Un valet de chambre le découvrit à
l'aube, reposant recroquevillé, mais rose et
poupin, sur le mol oreiller de chez Porcher.
L'abominable dans l'histoire, c'est que le mi-
nistère était formé et que la villégiature de
M. de Chappedelaine parmi les cuvettes et
bains de pieds devenait un simple caprice
d'homme qui en a assez de toujours dormir
dans un lit.
M. de Chappedelaine, courbattu et ulcéré.
n'a jamais pardonné à l'auteur responsable
de cette triste aventure. N'est-ce pas, mon-
ci Aitr [f»ll ^
Car il est vîndicatif. Il a la rancune te-
nace des fourmis, des chaisières, et des élé-
phants.
Ainsi en veut-il présentement à sa famille.
Il le dit, il l'écrit, il le proclame par voie de
presse :
M. de Chappedelaine n'a d'ailleurs pas de
pire ennemi que sa propre famille.
Infortunée famille ! L'a-t-elle dénoncé
comme l'assassin d'une des innombrables da-
mes coupées en rondelles ? S'est-elle étonnée
de voir revenir au pouvoir ce pourfendeur de
femmes, d'enfants et d'anciens combattante ?
Mais non. Ce pire ennemi, c'est, en l'occur-
rence, un petit jeune homme, un neveu, un
garçon qui est repu, vous le concevez, de
s'entendre demander à longueur de journée :
— Dis donc, et cette espèce de Chappe-
delaine, c'est un parent à toi ?
Alors, il a pris une initiatiye. Il a fait une
collecte au profit d'un camarade de bureau
dont la justice se demande actuellement s'il
ne serait pas passé un jour du côté du bou-
levard Saint-Germain. Pour tout dire s'il ne
serait pas un des assassins du rescapé Blum.
Personne n'a jamais été blême comme le
fut M. de Chappedelaine apprenant ce geste
inconsidéré de son neveu.
- Je ne pourrai donc jamais être tran-
quille quand je suis ministre ! s'est-il écrié tra-
giquement, s il faut en croire ses proches.
Et de rédiger cet amour de communiqué à
la honte de la dynastie Chappedelaine et à
la gloire de M. Fourneret qui s'est valeu-
reusement porté au secours de M. Léon
Blum. Cher M. Fourneret qui réhabilite, en
quelque sorte, M. de Chappedelaine! M. de
Chappedelaine l'eût volontiers pressé sur son
cœur. Mais il a jugé — en étudiant mieux
la question — que cette récompense était in-
suffisante et que M. Fourneret méritait davan-
tage qu'une étreinte républicaine et ministé-
rielle. M. de Chappedelaine a donc proposé
M. Fourneret d'abord à l'admiration des fou-
les, ensuite pour une « haute distinction ».
Quelle sera-t-elle ? Quelle preuve de grati-
tude la République reconnaissante va-t-elle
donner à M. Fourneret ? La médaille de sau-
vetage ? Un bateau-mouche réaffecté avec
la façon de s'en servir ? Le grade et les
prérogatives de capitaine de bateau-lavoir ?
Ou simplement la Légion d'honneur comme
à n'importe qui ?
M. de Chappedelaine ne le dit pas. C'est
tant pis pour les chansonniers.
Quand ii trotte aux Pas-Perdus, sur ses
petits pieds plats, il a toujours l'air de passer
en revue des parterres de pensées, de rhodo-
dendrons et de géraniums.
Il ignore le ridicule. On ne peut pas sa-
voir comme c'est agréable. Et commode.
L'univers, pour lui, se borne aux petites pen-
sées courtes et toujours pareilles qu'il élève
dans son petit crâne.
Il est content de lui, de la République, de
la vie. Il croit qu'il a du génie et il ne s'en
affl icr#» r»a«s
Odete PANNETIER.
Tout Paris à la Page
DINER ASTROLOGIQUE
Les dîners de la revue Voire Destin sont fort
curieux : la moitié des convives, au lieu de se
délecter du menu, s'occupe à tirer les vers du
nez à l'autre moitié. Il y a la dame blonde qui
repousse son poulet pour lire les écritures qui
lui sont soumises et qui coupe la digestion de son
voisin en émettant sur lui un jugement grapho-
logique... déficitaire. Il y a la dame rousse qui
ne tient pas sa fourchette, mais la main d'un
monsieur qu'elle scrute jusqu'à la moindre ligne.
Mais je vois la main frémir à cette déclaration
de la chiromancienne :
— J'ai une spécialité, moi. C'est de découvrir
dans la main les perversions sensuelles d'un
homme.
Et il y a encore la dame rousse qui interprète
les songes et à qui chacun vient raconter ce qu'il
fait pendant la nuit.
Au dessert, le président du dîner est mis sur
la sellette : Don Necroman lit tout haut son
thème astrologique. Il le met à nu et découvre
le tréfonds de son âme. C'est dire qu'il est pru-
dent de ne s'asseoir à cette place qu'en état de
grâce. Mais ajoutons que l'analyse est courtoise
et que si l'astrologue découvre un vice profond
dans l'âme du président, il s'empresse d'attirer
l'attention sur un aimable travers.
C'est José Germain, à qui était offert le dî-
ner et qui devait, en échange, faire les frais de
cette divination. Il paraît que l'auteur de Maman
est un personnage solarien et qu'il est couvert
de coups de soleil. Don Necroman opposa à sa
face réjouie la mine défaite d'un infortuné sa-
turnien, bien gêné par le rapprochement. Et José
Germain répondit d'abondance. Pour la pre-
mière fois qu'il entendait parler d'astrologie, les
astres lui faisaient des compliments flatteurs. Il
a promis de revenir, la critique solaire lui sem-
blant beaucoup plus bienveillante que celle des
confrères, dont il fit le spirituel procès.
René RICHARD.
La vie d'artiste
Mardi.
Bal de la marine à l'Opéra. Je trouve à
l entrée de l'auguste établissement une troupe
d'acteurs qui doivent paraître ce soir. Mi-
chel Simon, dans le costume de bohème qu'il
porte en jouant La Pende, Jean-Pierre
Aumont, Blanche Montel; les agents les re-
connaissent avec allégresse et leur indiquent
une bonne place pour ranger leur voiture. Je
profite de l'aubaine.
Nous pénétrons dans l'Opéra à l'envers,
par la loge du concierge. Notre armée, comme
celle de Rodrigue, grossit peu à peu. Nous
voici maintenant sur la scène. Par quels dé-
tours gagne-t-on la salle ? Blanche Montel
nous guide avec une admirable autorité...
mais ne se perd pas moins dans les couloirs
peuplés de rats en costumes de girls, qui ga-
lopent éperdument. Nous revenons sur nos
pas. Là, un officier de marine, orné de l'en-
seigne des commissaires du bal, a pitié de
nous :
— Je vais vous conduire, soyez tran-
quilles... loge io... je vous y déposerai.
— Merci, Monsieur... A propos, c'est bien
monsieur qu'il faut dire à un officier de
marine ?
— Exactement. « Monsieur » ou « Ami-
ral ». Mais « Amiral » seulement quand on
est très vieux.
Notre cicérone a l'air fort jeune. C'est pré-
cisément pour cela que nous choisirons de
l'appeler « Amiral ». Il nous précède dans
les dédales de cette bâtisse. Enfin, nous voici
dans la salle, toute enguirlandée de petits
drapeaux. Loge io, vous y êtes. Pas du tout,
c'est la « première loge io ». Une dame au
chef orné d'un diadème voit entrer la troupe
avec étonnement. Explications, excuses. Il
faut monter à la « deuxième loge io ». Là,
dans un tout petit espace où règne une tem-
pérature de bain turc, nous trouvons le Tout-
1 héâtre de Paris : Cora Laparcerie et Jac-
ques Richepin, qui reçoivent; Parisys, Nina
Myral. Davia, Thérèse Dorny, Hélène Per-
drière. et vingt autres. On n'a pas la place de
se retourner.
Mais l'amiral, est décidément complaisant.
Il a pitié de nous, nous offre de nous con-
duire à la corbeille, d'où nous verrons mieux
« l'aspect féerique de la salle ».
A tout vous avouer, je n'aime guère cette
salle de l'Opéra au vieil or recouvert de pous-
sière crasseuse et enrichi de pâtisseries à vous
en donner une indigestion. Les dames des pre-
mières loges, au surplus, sont d'une cocasse-
rie étonnante.
Ne croyez pas que je veuille le moins du
monde « débiner » le gala de la marine.
L'organisation était bonne cette année, infi-
niment supérieure, m'a-t-on dit, à celle de
l'année dernière qui n'avait pas été sans un
peu de flottement. Les numéros se succédaient
sans interruption, la plupart de ces numé-
ros étaient excellents, et Saint-Granier, spea-
ker, les enchaînait avec allégresse.
Mais le cadre est terrible. Rien n'y ré-
siste. On a dû installer des haut-parleurs
qui déforment toutes les voix et les artistes
et les figurants, perdus sur cette immense
scène, loin de nous, à portée de lorgnette
de marine, ne peuvent guère nous émouvoir.
On croirait assister à un essai de télévision.
Vendredi.
Jean-Pierre Aujnont a vingt-cinq ans. A
vrai dire, il les a depuis le mois de janvier.
Mais comme il tournait un film à ce mo-
ment, il a préféré reporter son anniversaire
en février. Il donne un déjeuner à cette occa-
sion et a convié Blanche Monte!. Rosine
Deréan, Suzet Maïs, Janine Crispin, Hé-
lène Perdrière, Claude Dauphin, Louis
Beydts, Pierre Dux, Roland Toutain... Cela
commence mal. Sa voiture est restée en
panne boulevard Haussmann; le rendez-vous
était fixé porte Maillot, à midi et demie,
Tout le monde y est à une heure et demie...
tout le monde, sauf une, car Lulu Watier
a la grippe. Nous serons treize. Roland Tou-
tain donne des coups de téléphone infruc-
tueux : pas de quatorzième; en revanche,
il achète tout l'étalage ambulant d'une mar-
chande de fleurs et les distribue aux dames,
sous la pluie battante. Car, bien entendu, il
pleut et on va déjeuner à la campagne.
Tout s arrange avec les hors-d'œuvre. Pour-
conjurer les maléfices du chiffre 13, Ro-
land Toutain s'installe à une petite table '
séparée. Mais vous connaissez les fantaisies
de ce garçon original. Sa table, il la fait
monter sur une autre table, ainsi que sa
chaise et il déjeune ainsi au premier étage.
Il campe un rond de saucisson sur son œil
comme un monocle, fume son petit pain,
tousse pour éclaicir sa voix et, imitant un
vieux clubman anglais, fait : Well... welL.
Il ne s'en tient pas là, on l'imagine, Du -
haut de son étrange tribune, il ne cessera de
discourir, de raconter des histoires d'une
invraisemblable cocasserie sur tous les sujets
qui lui passent par la tête. Imitation de dis-
cours politique; narration de son voyage sur
la Normandie, de son mariage. Remarques du -
suisse et de 1 enfant de chœur, réflexions sur
la dame qui habite en face. Le tout entre-
coupé de jcngleries savantes. Deux verres
seulement au tableau. C'est un succès.
Tout est sympathique dans ce déjeuner.
Jean-Pierre Aumont a composé, à l'inten-
tion de chacun des convives, un quatrain fort
réussi et témoignant d'une érudition remar-
quable. Claude Dauphin lui a remis un des-
sin avec cette légende : « Vingt-cinq ans
d'âge, ^ trente tins de carrière. » Il n'y
a guère ici que des acteurs, et on
ne parle ni de théâtre ni de cuisine. Per-
sonne ne parle de soi. Il est vrai que Roland
Toutain n'a guère laissé à quiconque le loisir
de placer un mot. « Je vais vous» raconter
la petite soirée sur la Normandie. C'est une
histoire un peu raide, mais il n'y a ici que
des femmes mariées... » Un temps, il dévi-
sage les convives à travers sa fourchette
transformée en face-à-main... « Que des
femmes mariées, dis-je... ou presque... »
Décidément, le cinéma français n'a pas
su utiliser ce fantaisiste étonnant.
Jean FAYARD.
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