Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-11-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 200316 Nombre total de vues : 200316
Description : 07 novembre 1894 07 novembre 1894
Description : 1894/11/07 (Numéro Soir). 1894/11/07 (Numéro Soir).
Description : Note : édition du soir. Note : édition du soir.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k467391k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
~e ~
t06* AMNÉE
106~ AKMÉE
MERCREDI SOIR 7 NOVEMBRE
18.94
~~TSor~r~tBB~tsr~Trss
Ptaoe du Louvre, t
FOUR DEUX BDtttON!
Trois mota Sfx meb On M
~Mts, Départements,
Atsace.LorfMM. 18ff. 36 ff. TZff.
~ton postale. Ziff. 42 (r. 84~,
POUR UNE ~DtTtOtt SEUt-ÈMEKT
Pétris. !MpMtement9,
Atsace-Lorraine. tOff. 20 ff. 40 ff.
)pat0ttpo9ta.te. 1&[.60 2&(f. 60 ff,
'«MM«
MERCREDI SOIR 7 NOVEMBRE
1894
DIRECTION, ADMINISTRATION
ET PUBLICITÉ
<7, rue des Mtres-Saint-Germam-l'AMen'ois, 17 7
ADttBSSB TEt.EGRAPmQ.UB:
DÉBaT8-PAR)8
t~ea Mmoaeef) et fëetamcw sont re~aett
ât~eetement daiM te* ~fc~M~ < M8 BÉBATS, aa sefvtce v~<
JOtJBm DES DEBATS
D~T ÏT'MtfM ~T T TT~~B ATtM?~
Jr~Li t M ~M & i M i i i~nMK~o
SOMMAIRE
BuLLBTtM DC JOUR. FRANCE Z'CttHSHH.
ET~AXGER: Au ~Mcfentonn de ~a o'~c.
Au JouR LE Joup CAoïC! <<'etMet~nemen<.
S:
LA GUERRE ENTRE I.A CRIME ET LEjAPOK.
LETTRE D'EGYPTE.
LA MORT DU TSAR.
REVUE DES MtENCES. HeMri de PtM vitte.
BUMjETIN
FRANCE
L'ennemt
C'est M. Casimir-Perier, Président de
!a RépubHque française~ du moins,
M. Millerand l'aMrmo ce matin dans un
article dont les violences et les outrages
ne le cèdent en rien aux outrages et aux
violences qui encombrent la diatribe de
M. Jaurès. On a rarement vu pareil dé-
chaînement d'invectives, pareille accu-
mulation d'insultes froidement débitées
ou froidement écrites, car M. MiMerand,
comme M. Jaurès, n'est pas de ces ar-
dents, de ces emportés que la passion
aveugtc. L'un et l'autre conservent tou-
jours, même quand ils paraissent s'ani-
mer !c plus, cette « émotion impertur-
bable dont M. Clemenceau félicitait iro-
niquement un autre politicien. Ce sont
des colores n froid et des ëmbaUcments
prémédités.
Comme la passion, toute justice en est
absente, et M. MIHerand, de même que
M. Jaurès, n'ignore point que l'histoire,
plus juste que le pamphlet, salue dans
« cotte dynastie bourgeoise des Perier
autre chose qu'une « longue succession de
méfaits et de vols EHo honore, dans le
ministre énergique de i83i, le restaura-
teur de l'ordre, ledéfenseur de la société,
rennemi ardent des révolutionnaires, le
lutteur qu'aucune menace ne put enta-
mer, qu'aucun assaut n'ébranla, dont
ïe spectacle de certaines défaillances
n'éveiUa que le mépris sans affaiblir
ïa,.résolutipn. Dans son nls, qui fut le
ministre de M. Thiers, elle reconnaît un
tibëra!, un conservateur éclairé et ferme,
un républicain dont la sincérité ne fut
mise en doute par personne. Voilà ce que
dit l'histoire, mais voici ce qu'écrit M.
Millerand KM. Casimir-Perier est l'in-
carnation vivante, le rejeton orgueilleux
des grands bandits légaux qui ont dé-
troussé nos ancêtres par l'usure. Et il
conclut "Qu'il garde l'argent, mais sans
l'estime.
En écrivant cela, M. Millerand copie cet
ultra de là Restauration, qui, le premier,
accusa le duc Decazes de complicité dans
~e meurtre du ducdeBerry.Commeun
de* ses collègues lui disait avec indigna-
tion « Mais vous savez bien qu'il en est
mca.pab)e[" l'autre répondit avec tran-
quillité « Sans aucun doute mais c'est
un fameux chat enragé que je lui jette
dans les jambes. M De ces chats enragés,
les révolutionnaires en ont toute une mé-
jhagërie.
Quelques-uns ne dédaignent point d'a-
jouter la gaminerie a. l'outrage, et c'est
ainsi que le Conseil municipal de Paris
fSmtETM DU JOURNAL DES DËBAÏS
du mercredi soir 7 novembre 1894
MVBE DES SCIENCES
t.E SIPMNBE CUCHÏ.ASMËRES
Travaux publics. Art de 1 ingénieur. Prome-
madesous le lit de la Seine. A 25 mètres sous
t terre. Gâterie souterraine de 463 mètres de
.j~tong'ueur sous la Seine. De la rive droite à la
rive gauche à pied. A l'usine élévatoire de la
'ville d<* Paris. Descente en benne dans les
pprofondeurs du sot. Le siphon illuminé à la
ï lumière électrique. Jets deau souterrains.
.Départ de Clichy, arrivée à Asnières. Tun-
~~el par anneaux de fonte. Creusement de la
) galerie. Nouvelle méthode. Le bouclier en-
chasseur. Travail dans l'air comprime.
Succès* do l'entreprise. But du siphon. –Eva-
luation des eaux d'ëgoutde Paris jusqu'à Achè-
res. Conséquences. Mécanique apptiquéo.
Le halàge sur les canaux. –Progrès récents.
–Haiag'otetodynamique.halage électrique.–
Le canal de Bourgogne. Les péniches u. accu-
mulateurs électriques. –Autre solution. Pé-
niches a moteurs a pétrole. L'avenir.
Sur l'invitation de 'ta. municipalité de
jPâris, !e président du Consci! et !e minis-
tre des travaux publics assisterontdiman-
-du siphon de Clichy-Asniëres. Comme
jau théâtre, cette première offtcie!!e a
<ét6 précédée de plusieurs répétitions et
d'une répétition générale. De nombreux
~nviiégiés ont déjà traversé le siphon
.des élégantes et des curieuses ont tenu à
passer M!~Jta Seine. Et comme tout est
permis à !a vétocipédic, une bicyclette
ornée de neurs, conduite par un intré-
pide, a triomphalement franchi la galerie
.souterraine. Cette bicyclette est désor-
jmais historique. Bref, te siphon C!ichy-
Asniëres a été très fréquenté depuis
~quinze jours, et il est presque de mode
de demander à son prochain « Avez-
vous traversé !e siphon? C'est iapre-
~?ff<'c(!t
devra examiner s'il n'estpas urgent et in-
dispensable de débaptiser la rue Casimir-
Perier pour lui donner te nom de rue
d'Anzin.
Hy aura. un débat publicsuivi d'un
scrutin public. La discussion permettra
au conseiller M. Fourniëre et à ses amis
de donner libre cours Meur verve socia-
liste et, par la publicité du scrutin, on es-
père intimider ceux qui refuseraient de
<' donner, par ce changement, une~ mar-
que d'estime ctde sympathie aux malheu-
reux travailleurs w. L'/H~'a?M!ye<ïM< !es
prévient qu'il clouera leurs noms a son pi-
lori, qu'il dénoncera, qu'il flétrira ces en-
nemis du peuple qui, « en votant contrôla
proposition Fourniëre, approuveront les
mesures de réaction, les maquignonnages
politiques et financiers M. Il compte évi-
demment sur cette mesure pour arracher
& quelques conseillers énergiques une
héroïque lâcheté;
ETRANGER
Au tendemnin de ta cUse
Le premier acte du nouveau chancelier
allemand a été d'ajourner la convocation
duReichstagau 5 décembre. La raison
alléguée de cette mesure a été que le pa-
lais du Parlement n'est point encore en
état de recevoir ses hôtes mais le vérita-
ble motif en est, sans doute, que les nou-
yeaux ministres et le chancelier lui-
même ont besoin de quelque tempspour
se retourner au lendemain de la crise. En
comptant quë'ios vacances de Noël com-
menceront vers le 15 décembre, les séan-
ces d'ouverture et d'élection des bureaux
étant défalquées d'ailleurs, le Reichstag,.
convoqué pour le 5 décembre, ne siégera
guère plus d'une demi-douzaine de fois
avant la mi-janvier comme on ne tar-
dera pas à publierle projet d'impôt sur le
tabac et surtout le projet relatif à la ré-
pression de la propagande révolution-
naire, le ministère aura le temps ainsi de
prendre le vent et les discussions de-la
presse lui donneront les indications né-
cessaires sur les dispositions du pays.
Les journaux officieux insistent beau-
coup sur l'importance qu'a l'adoption par
le prince de Hohenlohe du projet élaboré
par le comtedeCaprivi;il semble qu'ils
s'efforcent de prouver par là que le nou-
veau ministère n'est point, comme on
l'avait dit, un gouvernement de combat,
et l'on ne saurait nier, en effet, que le fait
de ne toucher, ni a la liberté de la presse,
ni au droit de réunion et d'association, est
bien pour calmer certaines appréhen-
sions mais il n'est pas douteux, pour-
tant, que l'appel au pouvoir d'hommes
aussi résolus que MM. de Kœller et de
Tessendorff n'en est pas moins bien si-
gnificatif, malgré l'abandon des pro-
jets de M. d'Eutenbourg. Aussi, a lire
les journaux .de tendances générale-
ment modérées, semble-t-il qu'une cer-
taine appréhension règne dans l'opinion,
et c'est ce que nous confirment les lettres
que nous recevons de Berlin.
La haute probité politique du chance-
lier de Caprivi était si bien connue qu'on
ne pouvait redouter de sa part aucun
abus d'autorité do plus, le Rëichstag pou-
vait croire qu'il appliquerait lui-même les
mesures pour lesquelles il réclamait
mière fois que l'on aura percé d'outre
en outre le lit de la Seine pour y établir
un tunne!. Les travaux ont été exécutés
par une méthode originale qui n'avait pas
encore été expérimentée dans notre pays.
Us méritent une mention spéciale. Donc,
aUons vite avant dimanche a. CUchy-Ia-
Garenne.
Quai de Clichy, 34, une grille ornée de
drapeaux. C'est rentrée de l'usine étéva-
toire des eaux d'égout de la ville de Paris.
On suit une petite allée, on tourne gau-
che des bâtiments, des hangars, des ma-
chines et toujours des drapeaux. Sous un
appentis, des moteurs à tapeur qui fonc-
tionnent puis ta margetted'un large puits
et, toutautour,dcs invites, des dames qui
plongent leurs regards curieux dans tes
profondeurs du puits. C'est t'entrée du
siphon, l'amorce du travail.
Un coup de sifOct strident. Une benne
large comme unenacet~c dëbaUon s'ar-
rête à l'ouverture béante. Six ou sept
personnes descendent. Elles arrivent de
la rive opposée; elles ont traversé la
Seine a pied sec d'Asnières a GUchy.
« Les voyageurs peur Asniëres M com-
mande une voix bien timbrée. On va des-
cendre. « Oserez-vous? dit un ingénieur
a sa voisine. –C'est bien noir. –AHons,
c'est éclairé au contraire, en route! H Et
Fexemple étant communicatif, tout !c
monde veutdescehdreàlafois. Un, deux.
sept, huitpersonnes «C'est asscz~,dit. !ë
chef de la manœuvre. Les visiteurs s'cm
pilent dans la benne. Nouveau coup de
sifilet. Les chaînes grincent et la benne
commence sa descente avec un Jéger
mouvement de tangage. On s'enfonce
dans le noir du puits. « Si les chaînes
d'attache allaient casser 'H dit un timide.
–Onresterait en panne, voila tout, retenu
par le parachute. 30 secondes, 40 secon-
des. « C'est bien profond continue le
timide. Mais non, te puits a un peu plus
que la hauteur d'une tr&s haute maison,
une extension de pouvoir. Pour son
successeur, il n'en est peut-être" plus
tout à fait de même. Assurément
le prince de Hohenlohe est lui aussi,
un parfait galant homme et sa loyauté
envers le Reichstag ne saurait ôtre
un instant mise en. doute; ¡ mais
ses soixante-quinze ans lui ont ûté
quelque chose de son énergie pre-
mière il avait été question, paraît-
il, il y a un mois, de le remplacer à
Strasbourg par un homme plus .jeune,
c'est donc que l'empereur le trouvait des
lors quelque peu usé. On se demande ~en
conséquence, à Berlin, si Guillaume II,
en rappelant a la chancellerie, n'a pas eu
quelque secret dessein, si le prince de
Hohenlohe n'est pas ta pour ménager les
transitions et si c'est véritablement par
lui que seront appliquées tes mesures
qu'i! propose.
Et cette combinaison ne paraît point;
être de pure imagination. Les Conserva-~
teurs.qui.au premier moment, avaient
marqué quelque défiance, exuitent au-
jourd'hui et laissent entendre que leur
heure va venir; on aurait compris en
haut lieu, a les en croire, qu'eux seuls
peuvent sauver la société et prendre con-
tre les révolutionnaires les mesures éner-
giques qui s'imposcnt.Avantpeu.onaurait
à Berlinun Gabinet«véritablemont homo-
gène" ouMM. de Kœller et de Tessen-
dorff se rencontreraient avec l'ancien
ministre de l'intérieur de Puttkamer, que
Frédéric III avait congédié et que Guil-
laume II irait rechercher dans sa prési-
dence de Poméranie. Le nom du prince
de Hohenlohe, jocrso~a ~'atous les partis, servirait quelque temps
d'étiquette a ce gouvernement, mais te
chancelier ne tarderait point à passer la
main à plus hardi que lui et H aurait pour
successeur le ministre de la guerre, gé-
néral Bronsart de Schellendorff, dont les
opinions uttra-conservatrices sont con-
nues et qui « ferait M tes futures élec-
tions.
Que ces'combinaisons soient, des main-
tenant, aussi parfaitement formées dans
t'esprit de l'empereur et de ses conseil-
lers que le prétendent tes conservateurs,
nous ne t'affirmerons pas, cela va sans
dire mais on conçoit les appréhensions
que peut faire naître un tel tangage parmi
tes partis plus modérés qui ne verraient
pas, dans la répression a outrance et dans:
l'absolue domination d.es conservateurs
ultras, des, gages bien rassurants pour
l'avenir.
AU JOUR LE JOUR
CHOSES D'ENSEtGNEMEUT
On me permettra de recommander aux
mères de famille qui ne veulent pas que
leurs mies deviennent des femmes savantes,
Dieu les en préserve mais qui veu-
lent tout de même qu'elles soient instruites
et qu'elles aient, comme disait Molière,
« des clartés de tout, une excellente pe-'
tite Collection dont les premiers volumes
viennent de paraître a la librairie Masson.
Cette Collection s'appelle la Collection Lan-
toine, du nom de celui qui en a eu l'idée et
qui la dirige. M. H. Lantoine, secrétaire de
24 mètres. –59 secondes. 60 secondes. Un
léger choc. La benne porteuse a pris
terre. Voilà la galerie. Le spectacle est
original.
On s'imaginait volontiers qu'on allait
passer sous le lit du neuve dans un boyau
obscur et tout suintant d'humidité. Or,
devant !e visiteur étonné s'ouvre un beau
tunnel illumine a la lumière électrique.
On a poussé le luxe jusque disposer à
l'entrée un long tapis, et au delà un plan-
cher, de sorte que, l'esprit un peu dé-.
routé, le visiteur se demande s'il est
bien vraiment à 75 pieds au-dessous du
sol, avec les eaux de la Seine sur la
tête. Les parois du tunnel sont cimentées
et sèches; elles brillent sous l'éclat des
lampes. On dirait d'une grotte enchantée,
On avance gaiement. Aux deux tiers du
tunnel, pour bien montrer que'la Seine
est bien lu au-dessus des promeneurs, on
ouvre des robinets qui donnent,accès à
l'eauduneuve.Des jets puissants jaillissant
des deux parois et s'entrecroisent; et
comme on a semé sur leur parcours de pe-
tites lampes électriques, les gerbes s'iUtU-
minent, prennent toutes les couleurs, et le
public s'arrête ébloui devant cette féerie
in&ttendue.
Mais il ne faut pas noyer la 'ga-
lerie. Une demi-minute, et tout s'ar-
rête. On passe outre,. Toujours des globes
de feu sur les murs scintillants, toujours
le. couloir qui s'étend a perte de vue. Un
temps d'arrêt. Ici, au-dessus, c'est la
berge de la Seine. Le lit est traversé. On
est sur le territoire d'Asnières. Encore
quelques minutes et le piéton, enchanté
de sa promenade, a parcouru ses 463
mètres, près d'un demi-kilomètre Beau-
coup s'en retournent sur leurs pas et s'en
vont remonter par le puits d'accès. Les
autres vont jusqu'au bout. Le bout, c'est
la. fin de la galerie, la nn du siphon. Au
delà on voit se pronier l'ouverture d'un
canal. C'est par ce canal que les eaux
la Faculté des Lettres, est un lettre c'est
un homme d'esprit, de savoir et de goût.
On peut être sûr d'avoir, avec lui/toutes
les garanties il n'est tombe, tl ne tombera
dans aucun ~xcès, l'excès de frivolité, qui
Serait blâmable, et l'excès d'érudition indi-
geste, qui serait pire. Sa Collection est des-
tinée à des jeunes filles il n'a eu garde de
l'oublier.
Elle se ~compose d'extraits bien choisis
d'auteurs anciens, latins et grecs. Chaque
volume, renferme une introduction, des
analyses, ~des citations nombreuses et sur-
veillées, un index et des notes. Elle mettra
ainsi les vieux classiques de la Grèce et de
Rome à la portée des jeunes Françaises qui
connaissent généralement assez mal les
littératures d:'autrefois, parce qu'on leur en
parle très peu, et que les traductions com-
plètes ne sont pas encore de leur âge. De
petits livres, composés à leur intention,
leur donneront peu à peu une idée plus
t~t~.u-ne notion plus précise et un goût
plus éclairé des originaux.
Les femmes d'autrefois apprenaient le
latin, M" de Sévigné, M~ de La Fayette, la
bonne George Sand elle-même (ce qu'on
sait moins) qui eut pour maître <: le furieux
pédagogue Deschartres, ci-devant abbé.
Il y en a encore qui l'apprennent et qui le
savent. Les moins timides ne s'en cachent
pas, les plus timides ne le disent pas, au-
cune ne s'en vante. Il n'y a pas, au vrai, de
quoi se vanter; il n'y a pas non plus de
quoi rougir. Une jeune fille peut parfaite-
ment lire Virgile (édition classique) dans le
texte latin, sans que personne le sache au-
tour d'elle, que ses parents. Elle pourrait
même, et je n'y vois aucun inconvénient,
lire Homère, pourvu qu'elle ne dédaigne
pas de faire de la tapisserie, comme la sage
Pénélope, et qu'elle demeure modeste et
stmple, comme la fraîche Nausicaa. S'il
faut craindre pardessus tout le pédantisme,
nous ne devons pas moins redouter, me
semble-t-il, d'être des pédants à rebours et
de'paraître interdire aux femmes, sans sa-
:voir pourquoi, la connaissance, joyeuse et
utile, do ces chefs-d'œuvre anciens, que, du
reste, la plupart des honnnes d'à présent
(~connaissent plus.
'Qn me dit et je me contente de répéter
que, en Angleterre et en Amérique, la pro-
portion des femmes qui savent le grec et le
latin est beaucoup plus forte que chez nous.
A,quoi tient, je n'ose pas dire cette infério-
r{té, mais cette din'érence ? Serions-nous
d~nc, nous qui nous piquons, assez souvent
et assez sottement, de liberté d'esprit, plus
rëservés que les Anglais et moins indépen-
dants que les Américains?. Laissons cela
qui nous entraînerait trop loin.
La Bibliothèque verte, la rose, la bleue,
ne sont pas méprisables pour des gamines.
Je n'en ai qu'une teinture assez vague, mais
je me plais à croire qu'elles abondent en
ouvrages pleins d'intérêt qui peuvent éveil-
ler l'imagination, toucher le cœur, mouiller
l~s yeux et former, par surcroît, le carac-
tère. Je crois aussi, cependant, qu'une Col-
lection moins romanesque, moins enfan-
tine, comme celle de M. H. Lantoine, de-
vrait avoir sa place dans la bibliothèque et
pourrait jouer son rôle dans l'éducation'
d~une jeune fille d'aujourd'hui.
Elle lui apprendrait sur le passé bien des
choses qu'elle ignore; elle lui ouvrirait l'es-
prit à une connaissance, moins superficielle
,,et,~moins inexacte, de la société, de la vie,
d'egout apportées par le siphon s'écoule-
ront jusqu'à destination. On escalade un
escalier et en quelques instants le visi-
teur parvient à une large ouverture, de
plein pied avec !ë sol. H était parti de CH-
chy, rive droite, il se retrouve a. l'angle
des rues du Château et Duchesnay à As-
niëres, rive gauche. Et voilà comment on
peut traverser laSeiné sans pont et sans
~emouiller.Mais pas pour longtemps, car
à bref délai le couloir souterrain aujour-
d'hui à sec charriera les eaux d'egout de
paris.
Le siphon de Clichy-Asniëres est, en
effet, le premier tronçon de l'aqueduc
d'Achërcs destiné à l'adduction, vers les
champs d'épuration, de la totalité des
faux d'egout de Paris actuellement dé-
versées en Seine par le collecteur d'As-
"hiërcs. Cet ouvrage exécuté sous le lit
tlu neuve, à i5'"80 au-dessous du niveau
clé la rivière, établit la communication
entre l'usine élévatoirc de la Ville de
Paris, quai de Ctichy, et l'origine d'une
conduite libre en maçonnerie, qui se di-
r~geducôtéd'Achëres. Les eaux d'egout
puisées dans le collecteur seront relevées
p~r. des pompes, s'engouffreront dans le
siphon pour s'écouler sur la rive gauche
(dans L'aqueduc libre, qui pourra débiter
jusqu'à 9 mètres cubes par seconde.
Le siphon Clichy-AsniHrcs est entière-
ment en fonte. Il se compose du puits
~vertical par lequel nous sommes descen-
dus et qui mesure 3"*50 de diamètre et
.24 mutrcs de profondeur, puis d'une lon-
gue galerie de 463 mètres et de 2"'u0 de
diamètre. Du côté Clichy existe une
rampe de 7 millimètres par mètre. Sous
;lc fleuve, du côtéÀsnieres, une rampe
de 80 millimètres. En plan, le tracé com-
porte deux grands alignements droits
raccordés par une courbe de 100 mètres
de rayon.
,Tout est en fonte! Un immense tuyau
métallique. Le puits d'accès est composé
de l'histoire et de la pensée des anciens
âges; elle la préparerait, par contre-coup, en
l'invitant aux rénexions~ à mieux compren-
dre et à mieux juger la vie moderne, puis-
qu'elle lui en découvrirait les origines et
qu'elle lui permettrait d'en suivre le déve-
loppement à travers les civilisations diffé-
rentes. Elle la préserverait enfin de lire
avec aussi peu d'intérêt que de profit tous
ces petits livres odieux qu'on appelle si
étrangement des .P~e~M /~cM d'histoire,
~ecs comme une momie; Précis de littéra-
ture, arides comme un catalogue et nour-
rissants comme une arête; ~sant indispensables, en réalité fastidieux et
stériles, gris et morts, tellement gris qu'on
n'yvoitrieh, tellement morts que rien n'y
est vivant, si bêtes,– pardonnez-moi,–
qu'on n'a pas trop de ses deux mains pour
les mettre en quatre morceaux. J'ai la
haine, et je voudrais vous l'inspirer, de ces
petits livres, presque tous bâclés et suffi-
sants, qui donnent de bonne heure à nos
enfants le dégoût d'apprëndre.qui leurfont
avaler, en pilules, une science fausse et
amëre, tout en leur versant l'ennui à haute
dose et le. sommeil, heureusement répara-
teur, à longs traits. Nous avons tous passé
par là quand nous étions petits les moins
rancuniers en ont gardé un souvenir péni-
ble et comme un cauchemar irrité. Ceux
qui viennent après nous seront mieux
traités ils le sont déjà ce n'est pas dom-
mage. `
La. Collection Lantoine, qui mérite de
n'exciter aucune méfiance, qui ne se heur-
tera, je l'espère, à aucun parti pris, éveillera
dans de jeunes têtes de bonnes curiosités.
Elle va, bien entendu, rencontrer la routine
sur son chemin mais la routine n'est
qu'une ornière qu'on finit toujours par
combler. Il y a là,'dans tous les cas, une
initiative heureuse, une amélioration intelli-
gente de notre outillage scolaire, que je
tenais à vous signaler. Les mères, les tantes,
les institutrices, qui ont charge d'esprits et
charge d'âmes, demandent quelquefois des
renseignements ou des conseils à ceux
qu'elles veulent bien honorer de leur con-
fiance. M. H. Lantoine vient de travailler
pour elles, et ces quelques lignes ne sont
ni une réclame, ni une annonce, mais un
simple avis. S.
S.
La gHerre entre la Chine et !e Japon
AUTOUR DE PORT-ARTHUR
Un télégramme rapporte qu'un détachement t
de l'armée de Corée a atteint Ta-Lien-Wan et
que, par conséquent, les communications sont
établies entre les maréchaux Yamagata et
Oyama. Le libellé de cette dépêche pourrait
faire croire qu'après le passage du Ya-Lu le
maréchal Yamagata. a. détaché une colonne
dans la direction du Sud-Ouest et l'a expédiée
par terre du côté de Port-Arthur. Or, il suffit
de jeter un coup d'œilsur la carte pour admet-
tre l'invraisemblance d'un tel mouvement.
Il y a au moins 200 kilomètres du Ya-Lu &
Ta-Lien-Wan de plus, la région est monta-
gneuse et très accidentée dans ces condi-
tions, on ne comprendrait pas pourquoi le
général en chef de l'armée de Corée aurait im-
posé à des troupes, qui sont en campagne de-
puis prés de quatre mois, une fatigue qu'U
pouvait leur épargner en leur faisant prendre
lit voie de mer. En moins do vingt-quatre
heures, un navire franchit la. distance dont il
s'agit par terre, une colonne mettrait au
d'anneaux en fonte de i mètre de haut et
3"'50 de diamètre extérieur termines par
des collerettes d'assemblage avec bou-
lons. Ces anneaux ont été fondus d'une
seule pièce. La gâterie est constituée de
même par une série d'anneaux de 50 cen-
timètres de longueur et de 25 millimètres
d'épaisseur composés de cinq plaques
identiques. Le gros tuyau métallique est
revêtu extérieurement de mortier de
ciment de laitier à l'intérieur, pour faci-
liter l'écoulement des eaux d'égout, les
anneaux de fonte ont été revêtus d'un en-
duit en mortier de ciment. Ce trayait
considérable a duré exactement deux ans
et il a pu être effectué sans accident.
Comment a-t-on percé cette galerie sous
la Seine? La méthode est curieuse et c'est
la première fois qu'elle a été employée
en France. Elle avait déjà fait ses preuves
en Angleterre et en Amérique. Nous n'ai-
mons guère a innover en France et nous
préférons pronterde l'expérience des au-
tres. Sans ces essais préliminaires, peut-
utre aurait-on hésité à l'adopter. Mais
elle avait si bien réussi sous la Tamise
pour la construction du chemin de fer
électrique souterrain de City and South-
London-RaiIway. Elle avant si bien réussi
pour le tunnel de Saint-Ciair aux Etats-
Unis Le tunnel, construit en travers delà
rivière Saint-Oair entre Port-Hudson et
Sarnia et creusé sous la rivière de l'Hud-
son, n'a pas moins de C kilomètres de
long.Ilest tout entier formé par 3,800
anneaux métalliques emboîtés les uns
dans les autres. C'est colossal. Comment
aurait-on hésité a. adopter un système si
précieux ? La méthode repose tout entière
sur l'emploi d'un appareil ingénieux, sur
l'utilisation du «bélier circulaire
Un ingénieur français bien connu, M.
J.-B.Herlier, avait deviné d'un coup
d'œit la fécondité du procédé. Il l'étudia,
s'en fit l'ardent promoteur et, comme pre-
mière épreuve, obtint de construire avec
moins quinze jours pour aller du Ya-Lu&Ta-
Lien-Wan. Toutefois, si la nouvelle del'arrivée
de nouveaux détachements dans ta presqu'île
do Liao-Tong est exacte, e!Ie indique que l'ar-
mée qui va assiéger Port-Arthur a reçu des
renforts soit de l'armée de Corée, soit do ta
troisième armée, ceUe qui était concentrée, la
semaine dernière, a Hiroshima.
On rapporte aujourd'hui que Port-Arthur
est serre de près et qu'on s'attend, d'un mo-
ment a l'autre, à l'attaque de la place. Les
fonctionnaires européens attachés a cet arse-
nal sont arrivés hier matin a Chefou sur un
navire marchand; tous sont d'avis que Port-
Arthur sera bombardé et capturé, et, diaprés
ce qu'ils rapportent, Ta-Lien-Wan doit être
actuellement entre les mains des Japonais.
La Hotte japonaise surveiHait de pré& Port-
Arthur, ses torpilleurs poussaient des pointes
continuelles & portée de canon de la pla.c.e.
Li-Hong-Tchang a été appelé a Pékia..
LEN PROPOSITIONS DE PAIX
Londres, le 7 novembre.:
On télégraphie de Tientsin au y « Les représentants des puissances se sont
réunis samedi au Tsong-Li-Yamen pour en-
tendre les explications du gouvernement chi-
nois sur la situation des aSaires.
Le prince Kong a franchement avoué que
la Chine est impuissante & résister aux Japo-
nais et qu'elle fait appel a l'intervention des
puissances. La Chine est prête, a déclaré le
prince, a abandonner sa souveraineté sur là-
Corée et a payer une indemnité de guerre. Le
prince a ensuite remis & chaque ministre une
note relatant cette communication, qui a été
bien accueillie par les ministres. Ceux-ci ont
promis d'appuyer auprès de leurs gouverne-
ments respectifs les désirs de la Chine pour le
rétablissement de la paix.
Londres, le 7 novembre.
Le ?' du gouvernement relativement a la guerre de
Corée, comme un modèle pour toute diploma-
tie prudente.
« II va sans dire, ajoute-t-il, que toutcequt
participerait d'un caractère d'une intervention
matérielle en Chine doit être écarté. Il sufGt
de savoir que les propositions chinoises ne
satisfont pas le Japon et que de nouvelles pro-
positions chinoises qui le satisferaient donne-
raient peut-être lieu a des divergences d'opi-
nion parmi les puissances, et ceci exclurait
toute idée d'une action morale et commune.
D'après le correspondant berlinois du 5/da)'d, une des conditions sur lesquelles le Ja-'
pon insisterait serait l'établissement d'un Et~
tampon entre la Chine et la Corée.
_y.
LETTRE D'ÉGYPT~
a
Le Caire, le 29 octobre.
Un nouvel empiétement anglais. Le con-
seiller au ministère de l'intérieur et la re-
forme de la police. Le projet de Nubar
Pacha.–Le rûle du Khédive.
Quelques télégrammes vous ont appris déjà
qu'une réforme administrative venait d'être
entreprise en Egypte. On s'est avisé tout à
coup que la tranquillité publique était troublée
dans la vallée du Nil, ce dont réellement les
voyageurs et les résidants ne se doutaient
guère on a découvert que le gouvernement
n'avait pas les facilités de mener a bien les ré-
formes nécessaires, sans d'ailleurs qu'on se
soit imprudemment prononcé sur la nature de
ces reformes, et l'on s'est mis bravenrent &
chercher les causes de tous ces maux et leur&
remèdes..
Sur l'une de ces causes, au moins, tout le
monde est d'accord on attribue volontiers la
sécurité qui règne dans 03 pays & la douceur
exceptionnelle du peuple égyptien plutôt qu'a.
le nouveau système et à ses risques et
périls le siphon de Ctichy, en vertu d'une,
soumission en date du li mars 1892. Tout
l'honneur du succès de cette vaste entre-
prise revient à M. Bertier.~Le travail,
étant municipal, a été effectué sous la di-
rection de MM. Bechmann, ingénieur en
chef, et Launay, ingénieur de l'assainisse-
ment de Paris.
Le percement d'un puits ou d'un tunnel
par « bouclier a est facile a saisir. Le bou-
clier, c'est une grande bague de fonte
d'un diamètre de 2m 56 dans le cas pré-
sent, un peu supérieur à celui de la gâte-
rie a creuser. Cette bague est munie, en
avant, d'une garniture tranchante en
acier.vrai couteau, pour bien pêne trerdans
te terrain à enlever. Sa longueur, dans
tes travaux de Ctichy, est dei°'20. Cette
bague, ou bouclier proprement dit, se
prolonge en arrière sur une longueur de
60 centimètres, équivalente & un peu plus
d'une fois la longueur des anneaux de
fonte a poser successivement pour con-
stituer te tunnel. Ce prolongement forme
un blindage permanent derrière lequel
on peut aisément faire entrer et assem-
bler les plaques des anneaux de construc'
tion.
Le bouclier est appliqué sur le front
d'attaque. A l'intérieur et à l'avant en
contact avec tes terres apercer, des ou-
vriers abattent la muraille a coups de
pioche creusant un trou. Il faut que le
bouclier s'y insinue. Pour cela, un sys-
tème do vérins hydrauliques dont il est
armé intérieurement et qui fonctionnent
sous l'action de la pression de l'eau te
pousse en avant. On continue 1'abata.ge
des terres; le bouclier avance. Quand il a.
pénètre tout entier avec son prolonge-
ment dans la masse, on a obtenu une ex-
cavation circulaire blindée partout par te
bouclier lui-même. Alors, tes terres enle-
vées, on apporte tes plaques nécessaires
pour former un premier anneau. C'est
t06* AMNÉE
106~ AKMÉE
MERCREDI SOIR 7 NOVEMBRE
18.94
~~TSor~r~tBB~tsr~Trss
Ptaoe du Louvre, t
FOUR DEUX BDtttON!
Trois mota Sfx meb On M
~Mts, Départements,
Atsace.LorfMM. 18ff. 36 ff. TZff.
~ton postale. Ziff. 42 (r. 84~,
POUR UNE ~DtTtOtt SEUt-ÈMEKT
Pétris. !MpMtement9,
Atsace-Lorraine. tOff. 20 ff. 40 ff.
)pat0ttpo9ta.te. 1&[.60 2&(f. 60 ff,
'«MM«
MERCREDI SOIR 7 NOVEMBRE
1894
DIRECTION, ADMINISTRATION
ET PUBLICITÉ
<7, rue des Mtres-Saint-Germam-l'AMen'ois, 17 7
ADttBSSB TEt.EGRAPmQ.UB:
DÉBaT8-PAR)8
t~ea Mmoaeef) et fëetamcw sont re~aett
ât~eetement daiM te* ~fc~M~ <
JOtJBm DES DEBATS
D~T ÏT'MtfM ~T T TT~~B ATtM?~
Jr~Li t M ~M & i M i i i~nMK~o
SOMMAIRE
BuLLBTtM DC JOUR. FRANCE Z'CttHSHH.
ET~AXGER: Au ~Mcfentonn de ~a o'~c.
Au JouR LE Joup CAoïC! <<'etMet~nemen<.
S:
LA GUERRE ENTRE I.A CRIME ET LEjAPOK.
LETTRE D'EGYPTE.
LA MORT DU TSAR.
REVUE DES MtENCES. HeMri de PtM vitte.
BUMjETIN
FRANCE
L'ennemt
C'est M. Casimir-Perier, Président de
!a RépubHque française~ du moins,
M. Millerand l'aMrmo ce matin dans un
article dont les violences et les outrages
ne le cèdent en rien aux outrages et aux
violences qui encombrent la diatribe de
M. Jaurès. On a rarement vu pareil dé-
chaînement d'invectives, pareille accu-
mulation d'insultes froidement débitées
ou froidement écrites, car M. MiMerand,
comme M. Jaurès, n'est pas de ces ar-
dents, de ces emportés que la passion
aveugtc. L'un et l'autre conservent tou-
jours, même quand ils paraissent s'ani-
mer !c plus, cette « émotion impertur-
bable dont M. Clemenceau félicitait iro-
niquement un autre politicien. Ce sont
des colores n froid et des ëmbaUcments
prémédités.
Comme la passion, toute justice en est
absente, et M. MIHerand, de même que
M. Jaurès, n'ignore point que l'histoire,
plus juste que le pamphlet, salue dans
« cotte dynastie bourgeoise des Perier
autre chose qu'une « longue succession de
méfaits et de vols EHo honore, dans le
ministre énergique de i83i, le restaura-
teur de l'ordre, ledéfenseur de la société,
rennemi ardent des révolutionnaires, le
lutteur qu'aucune menace ne put enta-
mer, qu'aucun assaut n'ébranla, dont
ïe spectacle de certaines défaillances
n'éveiUa que le mépris sans affaiblir
ïa,.résolutipn. Dans son nls, qui fut le
ministre de M. Thiers, elle reconnaît un
tibëra!, un conservateur éclairé et ferme,
un républicain dont la sincérité ne fut
mise en doute par personne. Voilà ce que
dit l'histoire, mais voici ce qu'écrit M.
Millerand KM. Casimir-Perier est l'in-
carnation vivante, le rejeton orgueilleux
des grands bandits légaux qui ont dé-
troussé nos ancêtres par l'usure. Et il
conclut "Qu'il garde l'argent, mais sans
l'estime.
En écrivant cela, M. Millerand copie cet
ultra de là Restauration, qui, le premier,
accusa le duc Decazes de complicité dans
~e meurtre du ducdeBerry.Commeun
de* ses collègues lui disait avec indigna-
tion « Mais vous savez bien qu'il en est
mca.pab)e[" l'autre répondit avec tran-
quillité « Sans aucun doute mais c'est
un fameux chat enragé que je lui jette
dans les jambes. M De ces chats enragés,
les révolutionnaires en ont toute une mé-
jhagërie.
Quelques-uns ne dédaignent point d'a-
jouter la gaminerie a. l'outrage, et c'est
ainsi que le Conseil municipal de Paris
fSmtETM DU JOURNAL DES DËBAÏS
du mercredi soir 7 novembre 1894
MVBE DES SCIENCES
t.E SIPMNBE CUCHÏ.ASMËRES
Travaux publics. Art de 1 ingénieur. Prome-
madesous le lit de la Seine. A 25 mètres sous
t terre. Gâterie souterraine de 463 mètres de
.j~tong'ueur sous la Seine. De la rive droite à la
rive gauche à pied. A l'usine élévatoire de la
'ville d<* Paris. Descente en benne dans les
pprofondeurs du sot. Le siphon illuminé à la
ï lumière électrique. Jets deau souterrains.
.Départ de Clichy, arrivée à Asnières. Tun-
~~el par anneaux de fonte. Creusement de la
) galerie. Nouvelle méthode. Le bouclier en-
chasseur. Travail dans l'air comprime.
Succès* do l'entreprise. But du siphon. –Eva-
luation des eaux d'ëgoutde Paris jusqu'à Achè-
res. Conséquences. Mécanique apptiquéo.
Le halàge sur les canaux. –Progrès récents.
–Haiag'otetodynamique.halage électrique.–
Le canal de Bourgogne. Les péniches u. accu-
mulateurs électriques. –Autre solution. Pé-
niches a moteurs a pétrole. L'avenir.
Sur l'invitation de 'ta. municipalité de
jPâris, !e président du Consci! et !e minis-
tre des travaux publics assisterontdiman-
jau théâtre, cette première offtcie!!e a
<ét6 précédée de plusieurs répétitions et
d'une répétition générale. De nombreux
~nviiégiés ont déjà traversé le siphon
.des élégantes et des curieuses ont tenu à
passer M!~Jta Seine. Et comme tout est
permis à !a vétocipédic, une bicyclette
ornée de neurs, conduite par un intré-
pide, a triomphalement franchi la galerie
.souterraine. Cette bicyclette est désor-
jmais historique. Bref, te siphon C!ichy-
Asniëres a été très fréquenté depuis
~quinze jours, et il est presque de mode
de demander à son prochain « Avez-
vous traversé !e siphon? C'est iapre-
~?ff<'c(!t
devra examiner s'il n'estpas urgent et in-
dispensable de débaptiser la rue Casimir-
Perier pour lui donner te nom de rue
d'Anzin.
Hy aura. un débat publicsuivi d'un
scrutin public. La discussion permettra
au conseiller M. Fourniëre et à ses amis
de donner libre cours Meur verve socia-
liste et, par la publicité du scrutin, on es-
père intimider ceux qui refuseraient de
<' donner, par ce changement, une~ mar-
que d'estime ctde sympathie aux malheu-
reux travailleurs w. L'/H~'a?M!ye<ïM< !es
prévient qu'il clouera leurs noms a son pi-
lori, qu'il dénoncera, qu'il flétrira ces en-
nemis du peuple qui, « en votant contrôla
proposition Fourniëre, approuveront les
mesures de réaction, les maquignonnages
politiques et financiers M. Il compte évi-
demment sur cette mesure pour arracher
& quelques conseillers énergiques une
héroïque lâcheté;
ETRANGER
Au tendemnin de ta cUse
Le premier acte du nouveau chancelier
allemand a été d'ajourner la convocation
duReichstagau 5 décembre. La raison
alléguée de cette mesure a été que le pa-
lais du Parlement n'est point encore en
état de recevoir ses hôtes mais le vérita-
ble motif en est, sans doute, que les nou-
yeaux ministres et le chancelier lui-
même ont besoin de quelque tempspour
se retourner au lendemain de la crise. En
comptant quë'ios vacances de Noël com-
menceront vers le 15 décembre, les séan-
ces d'ouverture et d'élection des bureaux
étant défalquées d'ailleurs, le Reichstag,.
convoqué pour le 5 décembre, ne siégera
guère plus d'une demi-douzaine de fois
avant la mi-janvier comme on ne tar-
dera pas à publierle projet d'impôt sur le
tabac et surtout le projet relatif à la ré-
pression de la propagande révolution-
naire, le ministère aura le temps ainsi de
prendre le vent et les discussions de-la
presse lui donneront les indications né-
cessaires sur les dispositions du pays.
Les journaux officieux insistent beau-
coup sur l'importance qu'a l'adoption par
le prince de Hohenlohe du projet élaboré
par le comtedeCaprivi;il semble qu'ils
s'efforcent de prouver par là que le nou-
veau ministère n'est point, comme on
l'avait dit, un gouvernement de combat,
et l'on ne saurait nier, en effet, que le fait
de ne toucher, ni a la liberté de la presse,
ni au droit de réunion et d'association, est
bien pour calmer certaines appréhen-
sions mais il n'est pas douteux, pour-
tant, que l'appel au pouvoir d'hommes
aussi résolus que MM. de Kœller et de
Tessendorff n'en est pas moins bien si-
gnificatif, malgré l'abandon des pro-
jets de M. d'Eutenbourg. Aussi, a lire
les journaux .de tendances générale-
ment modérées, semble-t-il qu'une cer-
taine appréhension règne dans l'opinion,
et c'est ce que nous confirment les lettres
que nous recevons de Berlin.
La haute probité politique du chance-
lier de Caprivi était si bien connue qu'on
ne pouvait redouter de sa part aucun
abus d'autorité do plus, le Rëichstag pou-
vait croire qu'il appliquerait lui-même les
mesures pour lesquelles il réclamait
mière fois que l'on aura percé d'outre
en outre le lit de la Seine pour y établir
un tunne!. Les travaux ont été exécutés
par une méthode originale qui n'avait pas
encore été expérimentée dans notre pays.
Us méritent une mention spéciale. Donc,
aUons vite avant dimanche a. CUchy-Ia-
Garenne.
Quai de Clichy, 34, une grille ornée de
drapeaux. C'est rentrée de l'usine étéva-
toire des eaux d'égout de la ville de Paris.
On suit une petite allée, on tourne gau-
che des bâtiments, des hangars, des ma-
chines et toujours des drapeaux. Sous un
appentis, des moteurs à tapeur qui fonc-
tionnent puis ta margetted'un large puits
et, toutautour,dcs invites, des dames qui
plongent leurs regards curieux dans tes
profondeurs du puits. C'est t'entrée du
siphon, l'amorce du travail.
Un coup de sifOct strident. Une benne
large comme unenacet~c dëbaUon s'ar-
rête à l'ouverture béante. Six ou sept
personnes descendent. Elles arrivent de
la rive opposée; elles ont traversé la
Seine a pied sec d'Asnières a GUchy.
« Les voyageurs peur Asniëres M com-
mande une voix bien timbrée. On va des-
cendre. « Oserez-vous? dit un ingénieur
a sa voisine. –C'est bien noir. –AHons,
c'est éclairé au contraire, en route! H Et
Fexemple étant communicatif, tout !c
monde veutdescehdreàlafois. Un, deux.
sept, huitpersonnes «C'est asscz~,dit. !ë
chef de la manœuvre. Les visiteurs s'cm
pilent dans la benne. Nouveau coup de
sifilet. Les chaînes grincent et la benne
commence sa descente avec un Jéger
mouvement de tangage. On s'enfonce
dans le noir du puits. « Si les chaînes
d'attache allaient casser 'H dit un timide.
–Onresterait en panne, voila tout, retenu
par le parachute. 30 secondes, 40 secon-
des. « C'est bien profond continue le
timide. Mais non, te puits a un peu plus
que la hauteur d'une tr&s haute maison,
une extension de pouvoir. Pour son
successeur, il n'en est peut-être" plus
tout à fait de même. Assurément
le prince de Hohenlohe est lui aussi,
un parfait galant homme et sa loyauté
envers le Reichstag ne saurait ôtre
un instant mise en. doute; ¡ mais
ses soixante-quinze ans lui ont ûté
quelque chose de son énergie pre-
mière il avait été question, paraît-
il, il y a un mois, de le remplacer à
Strasbourg par un homme plus .jeune,
c'est donc que l'empereur le trouvait des
lors quelque peu usé. On se demande ~en
conséquence, à Berlin, si Guillaume II,
en rappelant a la chancellerie, n'a pas eu
quelque secret dessein, si le prince de
Hohenlohe n'est pas ta pour ménager les
transitions et si c'est véritablement par
lui que seront appliquées tes mesures
qu'i! propose.
Et cette combinaison ne paraît point;
être de pure imagination. Les Conserva-~
teurs.qui.au premier moment, avaient
marqué quelque défiance, exuitent au-
jourd'hui et laissent entendre que leur
heure va venir; on aurait compris en
haut lieu, a les en croire, qu'eux seuls
peuvent sauver la société et prendre con-
tre les révolutionnaires les mesures éner-
giques qui s'imposcnt.Avantpeu.onaurait
à Berlinun Gabinet«véritablemont homo-
gène" ouMM. de Kœller et de Tessen-
dorff se rencontreraient avec l'ancien
ministre de l'intérieur de Puttkamer, que
Frédéric III avait congédié et que Guil-
laume II irait rechercher dans sa prési-
dence de Poméranie. Le nom du prince
de Hohenlohe, jocrso~a ~'atous les partis, servirait quelque temps
d'étiquette a ce gouvernement, mais te
chancelier ne tarderait point à passer la
main à plus hardi que lui et H aurait pour
successeur le ministre de la guerre, gé-
néral Bronsart de Schellendorff, dont les
opinions uttra-conservatrices sont con-
nues et qui « ferait M tes futures élec-
tions.
Que ces'combinaisons soient, des main-
tenant, aussi parfaitement formées dans
t'esprit de l'empereur et de ses conseil-
lers que le prétendent tes conservateurs,
nous ne t'affirmerons pas, cela va sans
dire mais on conçoit les appréhensions
que peut faire naître un tel tangage parmi
tes partis plus modérés qui ne verraient
pas, dans la répression a outrance et dans:
l'absolue domination d.es conservateurs
ultras, des, gages bien rassurants pour
l'avenir.
AU JOUR LE JOUR
CHOSES D'ENSEtGNEMEUT
On me permettra de recommander aux
mères de famille qui ne veulent pas que
leurs mies deviennent des femmes savantes,
Dieu les en préserve mais qui veu-
lent tout de même qu'elles soient instruites
et qu'elles aient, comme disait Molière,
« des clartés de tout, une excellente pe-'
tite Collection dont les premiers volumes
viennent de paraître a la librairie Masson.
Cette Collection s'appelle la Collection Lan-
toine, du nom de celui qui en a eu l'idée et
qui la dirige. M. H. Lantoine, secrétaire de
24 mètres. –59 secondes. 60 secondes. Un
léger choc. La benne porteuse a pris
terre. Voilà la galerie. Le spectacle est
original.
On s'imaginait volontiers qu'on allait
passer sous le lit du neuve dans un boyau
obscur et tout suintant d'humidité. Or,
devant !e visiteur étonné s'ouvre un beau
tunnel illumine a la lumière électrique.
On a poussé le luxe jusque disposer à
l'entrée un long tapis, et au delà un plan-
cher, de sorte que, l'esprit un peu dé-.
routé, le visiteur se demande s'il est
bien vraiment à 75 pieds au-dessous du
sol, avec les eaux de la Seine sur la
tête. Les parois du tunnel sont cimentées
et sèches; elles brillent sous l'éclat des
lampes. On dirait d'une grotte enchantée,
On avance gaiement. Aux deux tiers du
tunnel, pour bien montrer que'la Seine
est bien lu au-dessus des promeneurs, on
ouvre des robinets qui donnent,accès à
l'eauduneuve.Des jets puissants jaillissant
des deux parois et s'entrecroisent; et
comme on a semé sur leur parcours de pe-
tites lampes électriques, les gerbes s'iUtU-
minent, prennent toutes les couleurs, et le
public s'arrête ébloui devant cette féerie
in&ttendue.
Mais il ne faut pas noyer la 'ga-
lerie. Une demi-minute, et tout s'ar-
rête. On passe outre,. Toujours des globes
de feu sur les murs scintillants, toujours
le. couloir qui s'étend a perte de vue. Un
temps d'arrêt. Ici, au-dessus, c'est la
berge de la Seine. Le lit est traversé. On
est sur le territoire d'Asnières. Encore
quelques minutes et le piéton, enchanté
de sa promenade, a parcouru ses 463
mètres, près d'un demi-kilomètre Beau-
coup s'en retournent sur leurs pas et s'en
vont remonter par le puits d'accès. Les
autres vont jusqu'au bout. Le bout, c'est
la. fin de la galerie, la nn du siphon. Au
delà on voit se pronier l'ouverture d'un
canal. C'est par ce canal que les eaux
la Faculté des Lettres, est un lettre c'est
un homme d'esprit, de savoir et de goût.
On peut être sûr d'avoir, avec lui/toutes
les garanties il n'est tombe, tl ne tombera
dans aucun ~xcès, l'excès de frivolité, qui
Serait blâmable, et l'excès d'érudition indi-
geste, qui serait pire. Sa Collection est des-
tinée à des jeunes filles il n'a eu garde de
l'oublier.
Elle se ~compose d'extraits bien choisis
d'auteurs anciens, latins et grecs. Chaque
volume, renferme une introduction, des
analyses, ~des citations nombreuses et sur-
veillées, un index et des notes. Elle mettra
ainsi les vieux classiques de la Grèce et de
Rome à la portée des jeunes Françaises qui
connaissent généralement assez mal les
littératures d:'autrefois, parce qu'on leur en
parle très peu, et que les traductions com-
plètes ne sont pas encore de leur âge. De
petits livres, composés à leur intention,
leur donneront peu à peu une idée plus
t~t~.u-ne notion plus précise et un goût
plus éclairé des originaux.
Les femmes d'autrefois apprenaient le
latin, M" de Sévigné, M~ de La Fayette, la
bonne George Sand elle-même (ce qu'on
sait moins) qui eut pour maître <: le furieux
pédagogue Deschartres, ci-devant abbé.
Il y en a encore qui l'apprennent et qui le
savent. Les moins timides ne s'en cachent
pas, les plus timides ne le disent pas, au-
cune ne s'en vante. Il n'y a pas, au vrai, de
quoi se vanter; il n'y a pas non plus de
quoi rougir. Une jeune fille peut parfaite-
ment lire Virgile (édition classique) dans le
texte latin, sans que personne le sache au-
tour d'elle, que ses parents. Elle pourrait
même, et je n'y vois aucun inconvénient,
lire Homère, pourvu qu'elle ne dédaigne
pas de faire de la tapisserie, comme la sage
Pénélope, et qu'elle demeure modeste et
stmple, comme la fraîche Nausicaa. S'il
faut craindre pardessus tout le pédantisme,
nous ne devons pas moins redouter, me
semble-t-il, d'être des pédants à rebours et
de'paraître interdire aux femmes, sans sa-
:voir pourquoi, la connaissance, joyeuse et
utile, do ces chefs-d'œuvre anciens, que, du
reste, la plupart des honnnes d'à présent
(~connaissent plus.
'Qn me dit et je me contente de répéter
que, en Angleterre et en Amérique, la pro-
portion des femmes qui savent le grec et le
latin est beaucoup plus forte que chez nous.
A,quoi tient, je n'ose pas dire cette infério-
r{té, mais cette din'érence ? Serions-nous
d~nc, nous qui nous piquons, assez souvent
et assez sottement, de liberté d'esprit, plus
rëservés que les Anglais et moins indépen-
dants que les Américains?. Laissons cela
qui nous entraînerait trop loin.
La Bibliothèque verte, la rose, la bleue,
ne sont pas méprisables pour des gamines.
Je n'en ai qu'une teinture assez vague, mais
je me plais à croire qu'elles abondent en
ouvrages pleins d'intérêt qui peuvent éveil-
ler l'imagination, toucher le cœur, mouiller
l~s yeux et former, par surcroît, le carac-
tère. Je crois aussi, cependant, qu'une Col-
lection moins romanesque, moins enfan-
tine, comme celle de M. H. Lantoine, de-
vrait avoir sa place dans la bibliothèque et
pourrait jouer son rôle dans l'éducation'
d~une jeune fille d'aujourd'hui.
Elle lui apprendrait sur le passé bien des
choses qu'elle ignore; elle lui ouvrirait l'es-
prit à une connaissance, moins superficielle
,,et,~moins inexacte, de la société, de la vie,
d'egout apportées par le siphon s'écoule-
ront jusqu'à destination. On escalade un
escalier et en quelques instants le visi-
teur parvient à une large ouverture, de
plein pied avec !ë sol. H était parti de CH-
chy, rive droite, il se retrouve a. l'angle
des rues du Château et Duchesnay à As-
niëres, rive gauche. Et voilà comment on
peut traverser laSeiné sans pont et sans
~emouiller.Mais pas pour longtemps, car
à bref délai le couloir souterrain aujour-
d'hui à sec charriera les eaux d'egout de
paris.
Le siphon de Clichy-Asniëres est, en
effet, le premier tronçon de l'aqueduc
d'Achërcs destiné à l'adduction, vers les
champs d'épuration, de la totalité des
faux d'egout de Paris actuellement dé-
versées en Seine par le collecteur d'As-
"hiërcs. Cet ouvrage exécuté sous le lit
tlu neuve, à i5'"80 au-dessous du niveau
clé la rivière, établit la communication
entre l'usine élévatoirc de la Ville de
Paris, quai de Ctichy, et l'origine d'une
conduite libre en maçonnerie, qui se di-
r~geducôtéd'Achëres. Les eaux d'egout
puisées dans le collecteur seront relevées
p~r. des pompes, s'engouffreront dans le
siphon pour s'écouler sur la rive gauche
(dans L'aqueduc libre, qui pourra débiter
jusqu'à 9 mètres cubes par seconde.
Le siphon Clichy-AsniHrcs est entière-
ment en fonte. Il se compose du puits
~vertical par lequel nous sommes descen-
dus et qui mesure 3"*50 de diamètre et
.24 mutrcs de profondeur, puis d'une lon-
gue galerie de 463 mètres et de 2"'u0 de
diamètre. Du côté Clichy existe une
rampe de 7 millimètres par mètre. Sous
;lc fleuve, du côtéÀsnieres, une rampe
de 80 millimètres. En plan, le tracé com-
porte deux grands alignements droits
raccordés par une courbe de 100 mètres
de rayon.
,Tout est en fonte! Un immense tuyau
métallique. Le puits d'accès est composé
de l'histoire et de la pensée des anciens
âges; elle la préparerait, par contre-coup, en
l'invitant aux rénexions~ à mieux compren-
dre et à mieux juger la vie moderne, puis-
qu'elle lui en découvrirait les origines et
qu'elle lui permettrait d'en suivre le déve-
loppement à travers les civilisations diffé-
rentes. Elle la préserverait enfin de lire
avec aussi peu d'intérêt que de profit tous
ces petits livres odieux qu'on appelle si
étrangement des .P~e~M /~cM d'histoire,
~ecs comme une momie; Précis de littéra-
ture, arides comme un catalogue et nour-
rissants comme une arête; ~sant indispensables, en réalité fastidieux et
stériles, gris et morts, tellement gris qu'on
n'yvoitrieh, tellement morts que rien n'y
est vivant, si bêtes,– pardonnez-moi,–
qu'on n'a pas trop de ses deux mains pour
les mettre en quatre morceaux. J'ai la
haine, et je voudrais vous l'inspirer, de ces
petits livres, presque tous bâclés et suffi-
sants, qui donnent de bonne heure à nos
enfants le dégoût d'apprëndre.qui leurfont
avaler, en pilules, une science fausse et
amëre, tout en leur versant l'ennui à haute
dose et le. sommeil, heureusement répara-
teur, à longs traits. Nous avons tous passé
par là quand nous étions petits les moins
rancuniers en ont gardé un souvenir péni-
ble et comme un cauchemar irrité. Ceux
qui viennent après nous seront mieux
traités ils le sont déjà ce n'est pas dom-
mage. `
La. Collection Lantoine, qui mérite de
n'exciter aucune méfiance, qui ne se heur-
tera, je l'espère, à aucun parti pris, éveillera
dans de jeunes têtes de bonnes curiosités.
Elle va, bien entendu, rencontrer la routine
sur son chemin mais la routine n'est
qu'une ornière qu'on finit toujours par
combler. Il y a là,'dans tous les cas, une
initiative heureuse, une amélioration intelli-
gente de notre outillage scolaire, que je
tenais à vous signaler. Les mères, les tantes,
les institutrices, qui ont charge d'esprits et
charge d'âmes, demandent quelquefois des
renseignements ou des conseils à ceux
qu'elles veulent bien honorer de leur con-
fiance. M. H. Lantoine vient de travailler
pour elles, et ces quelques lignes ne sont
ni une réclame, ni une annonce, mais un
simple avis. S.
S.
La gHerre entre la Chine et !e Japon
AUTOUR DE PORT-ARTHUR
Un télégramme rapporte qu'un détachement t
de l'armée de Corée a atteint Ta-Lien-Wan et
que, par conséquent, les communications sont
établies entre les maréchaux Yamagata et
Oyama. Le libellé de cette dépêche pourrait
faire croire qu'après le passage du Ya-Lu le
maréchal Yamagata. a. détaché une colonne
dans la direction du Sud-Ouest et l'a expédiée
par terre du côté de Port-Arthur. Or, il suffit
de jeter un coup d'œilsur la carte pour admet-
tre l'invraisemblance d'un tel mouvement.
Il y a au moins 200 kilomètres du Ya-Lu &
Ta-Lien-Wan de plus, la région est monta-
gneuse et très accidentée dans ces condi-
tions, on ne comprendrait pas pourquoi le
général en chef de l'armée de Corée aurait im-
posé à des troupes, qui sont en campagne de-
puis prés de quatre mois, une fatigue qu'U
pouvait leur épargner en leur faisant prendre
lit voie de mer. En moins do vingt-quatre
heures, un navire franchit la. distance dont il
s'agit par terre, une colonne mettrait au
d'anneaux en fonte de i mètre de haut et
3"'50 de diamètre extérieur termines par
des collerettes d'assemblage avec bou-
lons. Ces anneaux ont été fondus d'une
seule pièce. La gâterie est constituée de
même par une série d'anneaux de 50 cen-
timètres de longueur et de 25 millimètres
d'épaisseur composés de cinq plaques
identiques. Le gros tuyau métallique est
revêtu extérieurement de mortier de
ciment de laitier à l'intérieur, pour faci-
liter l'écoulement des eaux d'égout, les
anneaux de fonte ont été revêtus d'un en-
duit en mortier de ciment. Ce trayait
considérable a duré exactement deux ans
et il a pu être effectué sans accident.
Comment a-t-on percé cette galerie sous
la Seine? La méthode est curieuse et c'est
la première fois qu'elle a été employée
en France. Elle avait déjà fait ses preuves
en Angleterre et en Amérique. Nous n'ai-
mons guère a innover en France et nous
préférons pronterde l'expérience des au-
tres. Sans ces essais préliminaires, peut-
utre aurait-on hésité à l'adopter. Mais
elle avait si bien réussi sous la Tamise
pour la construction du chemin de fer
électrique souterrain de City and South-
London-RaiIway. Elle avant si bien réussi
pour le tunnel de Saint-Ciair aux Etats-
Unis Le tunnel, construit en travers delà
rivière Saint-Oair entre Port-Hudson et
Sarnia et creusé sous la rivière de l'Hud-
son, n'a pas moins de C kilomètres de
long.Ilest tout entier formé par 3,800
anneaux métalliques emboîtés les uns
dans les autres. C'est colossal. Comment
aurait-on hésité a. adopter un système si
précieux ? La méthode repose tout entière
sur l'emploi d'un appareil ingénieux, sur
l'utilisation du «bélier circulaire
Un ingénieur français bien connu, M.
J.-B.Herlier, avait deviné d'un coup
d'œit la fécondité du procédé. Il l'étudia,
s'en fit l'ardent promoteur et, comme pre-
mière épreuve, obtint de construire avec
moins quinze jours pour aller du Ya-Lu&Ta-
Lien-Wan. Toutefois, si la nouvelle del'arrivée
de nouveaux détachements dans ta presqu'île
do Liao-Tong est exacte, e!Ie indique que l'ar-
mée qui va assiéger Port-Arthur a reçu des
renforts soit de l'armée de Corée, soit do ta
troisième armée, ceUe qui était concentrée, la
semaine dernière, a Hiroshima.
On rapporte aujourd'hui que Port-Arthur
est serre de près et qu'on s'attend, d'un mo-
ment a l'autre, à l'attaque de la place. Les
fonctionnaires européens attachés a cet arse-
nal sont arrivés hier matin a Chefou sur un
navire marchand; tous sont d'avis que Port-
Arthur sera bombardé et capturé, et, diaprés
ce qu'ils rapportent, Ta-Lien-Wan doit être
actuellement entre les mains des Japonais.
La Hotte japonaise surveiHait de pré& Port-
Arthur, ses torpilleurs poussaient des pointes
continuelles & portée de canon de la pla.c.e.
Li-Hong-Tchang a été appelé a Pékia..
LEN PROPOSITIONS DE PAIX
Londres, le 7 novembre.:
On télégraphie de Tientsin au y
réunis samedi au Tsong-Li-Yamen pour en-
tendre les explications du gouvernement chi-
nois sur la situation des aSaires.
Le prince Kong a franchement avoué que
la Chine est impuissante & résister aux Japo-
nais et qu'elle fait appel a l'intervention des
puissances. La Chine est prête, a déclaré le
prince, a abandonner sa souveraineté sur là-
Corée et a payer une indemnité de guerre. Le
prince a ensuite remis & chaque ministre une
note relatant cette communication, qui a été
bien accueillie par les ministres. Ceux-ci ont
promis d'appuyer auprès de leurs gouverne-
ments respectifs les désirs de la Chine pour le
rétablissement de la paix.
Londres, le 7 novembre.
Le ?'
Corée, comme un modèle pour toute diploma-
tie prudente.
« II va sans dire, ajoute-t-il, que toutcequt
participerait d'un caractère d'une intervention
matérielle en Chine doit être écarté. Il sufGt
de savoir que les propositions chinoises ne
satisfont pas le Japon et que de nouvelles pro-
positions chinoises qui le satisferaient donne-
raient peut-être lieu a des divergences d'opi-
nion parmi les puissances, et ceci exclurait
toute idée d'une action morale et commune.
D'après le correspondant berlinois du 5/
pon insisterait serait l'établissement d'un Et~
tampon entre la Chine et la Corée.
_y.
LETTRE D'ÉGYPT~
a
Le Caire, le 29 octobre.
Un nouvel empiétement anglais. Le con-
seiller au ministère de l'intérieur et la re-
forme de la police. Le projet de Nubar
Pacha.–Le rûle du Khédive.
Quelques télégrammes vous ont appris déjà
qu'une réforme administrative venait d'être
entreprise en Egypte. On s'est avisé tout à
coup que la tranquillité publique était troublée
dans la vallée du Nil, ce dont réellement les
voyageurs et les résidants ne se doutaient
guère on a découvert que le gouvernement
n'avait pas les facilités de mener a bien les ré-
formes nécessaires, sans d'ailleurs qu'on se
soit imprudemment prononcé sur la nature de
ces reformes, et l'on s'est mis bravenrent &
chercher les causes de tous ces maux et leur&
remèdes..
Sur l'une de ces causes, au moins, tout le
monde est d'accord on attribue volontiers la
sécurité qui règne dans 03 pays & la douceur
exceptionnelle du peuple égyptien plutôt qu'a.
le nouveau système et à ses risques et
périls le siphon de Ctichy, en vertu d'une,
soumission en date du li mars 1892. Tout
l'honneur du succès de cette vaste entre-
prise revient à M. Bertier.~Le travail,
étant municipal, a été effectué sous la di-
rection de MM. Bechmann, ingénieur en
chef, et Launay, ingénieur de l'assainisse-
ment de Paris.
Le percement d'un puits ou d'un tunnel
par « bouclier a est facile a saisir. Le bou-
clier, c'est une grande bague de fonte
d'un diamètre de 2m 56 dans le cas pré-
sent, un peu supérieur à celui de la gâte-
rie a creuser. Cette bague est munie, en
avant, d'une garniture tranchante en
acier.vrai couteau, pour bien pêne trerdans
te terrain à enlever. Sa longueur, dans
tes travaux de Ctichy, est dei°'20. Cette
bague, ou bouclier proprement dit, se
prolonge en arrière sur une longueur de
60 centimètres, équivalente & un peu plus
d'une fois la longueur des anneaux de
fonte a poser successivement pour con-
stituer te tunnel. Ce prolongement forme
un blindage permanent derrière lequel
on peut aisément faire entrer et assem-
bler les plaques des anneaux de construc'
tion.
Le bouclier est appliqué sur le front
d'attaque. A l'intérieur et à l'avant en
contact avec tes terres apercer, des ou-
vriers abattent la muraille a coups de
pioche creusant un trou. Il faut que le
bouclier s'y insinue. Pour cela, un sys-
tème do vérins hydrauliques dont il est
armé intérieurement et qui fonctionnent
sous l'action de la pression de l'eau te
pousse en avant. On continue 1'abata.ge
des terres; le bouclier avance. Quand il a.
pénètre tout entier avec son prolonge-
ment dans la masse, on a obtenu une ex-
cavation circulaire blindée partout par te
bouclier lui-même. Alors, tes terres enle-
vées, on apporte tes plaques nécessaires
pour former un premier anneau. C'est
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.4%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.4%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k467391k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k467391k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k467391k/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k467391k/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k467391k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k467391k
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k467391k/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest