Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-06
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Description : 06 janvier 1894 06 janvier 1894
Description : 1894/01/06 (Numéro Matin). 1894/01/06 (Numéro Matin).
Description : Note : édition du matin. Note : édition du matin.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
'Le numéro 10 centjLcnes fAJEMS ~t J~~FAJE~TETMnEr~TrS Le nujtneï*o ~0 Centimes.
06~ANNÉE
-!08'ANMEE
SAMEDI MATIN 6 JANVIER
1894
1 1
or Place du Louvre,! 1
C-Uvr
PRÏX DE L'ABONNEMENT
POUR DEUX ËDITIONS
~m~ em<~ MM
Paris.
D6partom6nt8. <8 fr. 36 fr. TfS ff.
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POUR UNE ÉDITION SEULEMENT
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AIsaco-Lorraine)
Onion postale. [
SAMEDI MATIN 6 JANVIER
1804
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JM!MAL DES DEBATS
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tMchmies.
PaitB-divere. <
Zfre, d !a /!n de ta çMaMeme paDERNIERES NOUVEULES DE LA NUIT.
SOMMAIRE
LA. REMISE DE L'AFFAIRE VAILLANT.
Jules Dietz.
LE PROCÈS VAILLANT.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900. Le
~yx~mc de e!aMt/KMttBerger.
LE FROID.
ACTUALITÉS. –Bfcpo~MK BULLETIN JUDICIAIRE. Au sujet d'une~))*oprta nKefe
THEATRES. CoM~Ke /'rH.F.-G.
FEUILLETON. J''eMttMeMaeL
U REM!SE OE L'AFFA!RE ALLANT
Du moment où l'avocat de Vaillant,
M° Ajalbert, déclarait renoncer à dé-
fendre son client, faute du temps néces-
saire pour étudier le dossier, la Cour
d'assises n'avait évidemment qu'un parti
à prendre remettre l'affaire a une date
ultérieure pour laisser au nouvel avocat
la possibilité de se préparer. Cette déci-
sion était imposée par la loi comme par
l'équité la plus élémentaire. Il n'y a pas
à la discuter.
I! est pourtant bien permis de dire, en
réponse aux attaques des journaux so-
cialistes et radicaux, qu'il est fort heu-
reux pour les anarchistes que la société
se défende contre eux, non pas seulement
par des moyens autres que ceux qu'ils re-
commandent eux-mêmes, mais par des
procédés différents de ceux qui ont été
employés en d'autres temps..Se plaindre
que l'instruction de l'affaire ait été
menée d'une façon trop rapide, c'est
vraiment chercher a la justice une
mauvaise querelle. Il s'agit d'un
crime fort simple. Ce qui retarde ordi-
nairement la marche de la procédure
pénale, la recherche de la personne du
coupable et des preuves de la culpabilité,
on n'avait pas à s'en préoccuper dans le
cas présent. L'auteur de l'attentat avoue
le fait; il s'en glorifie même. Il n'y a pas
de doute sur la qualification légale de
l'acte commis par lui. Dans de pareilles
circonstances, on n'aperçoit pas pour-
quoi un délai de quatre semaines n'au-
'rait pas été suffisant.
La (?~eMe d~e F~nce évoque, ce pro-
pos, un souvenir vieux d'un siècle. Elle
établit un rapprochement bizarre entre
te procès de Vaillant et celui de Dan-
ton. « Tout dans cette aventure, dit-elle,
)' porte le cachet des luttes des factions
? il y a cent ans, elles agissaient de
môme. Nous l'avouons à notre honte
nous ne découvrons pas l'ombre de res-
semblance qu'il peut y avoir entre la
poursuite intentée contre Vaillant pour
un abominable crime de droit commun
et le procès politique d'avril i794. On nous
dispensera de faire uniong paraHote en-
tre les deuxaffaires: ce serait se moquer
de nos lecteurs'que d'énumérer les diffé-
rences. Nous nous bornons a rappeler,
pour l'édification de la Gaze~e ~e France
et surtout pour celle des journaux révo-
lutionnaires de toute nuance dont elle
reproduit les plaintes, à quels procédés
la Convention avait recours pour se dé-
barrasser des gens qui la gênaient. Elle
FEtHUETOK OU JOURm CES OËBATS
du 6 janvier 1894. (30)
FEMME D'ARDSTE
PAR
PŒRRE jMAÊL
M* Pcrrier ne ~ugea point ainsi. v
En face de Faute vivante, Louise au-
rait pu taire son chagrin, etouner son
ressentiment. Nie se fut enfermée peut-
être dans sa dignité biessee, et le temps
'aidant, la rivale morte, absoudre le vrai
coupable, si André était venu, repentant,
se jeteràses pieds.
Mais Faute n'était pas morte tout ren-
tière.
Elle avait laissé sur ia terre une sur-
vivanco ou~ pour mieux dire, un prolon-
gement do sa propre existence. E!ie
avait, en quelque sorte, éludé la ven-
geance, en donnant un répondant. Et ce
répondantjC'était une frète et mignonne
créature, une petite innocente qui n'avait
pas demandé a venir au monde, qu'une
responsabilité cruette attait affliger in-
justement.
Sans doute Louise avait uneintetti-
~ence élevée un cœur tendre et ai-
Reproduction interdite. r
<
a, pendant le procès même, vote une
loi tout exprès pour fermer la. bou-
che à Danton et aux autres accusés
poursuivis en môme temps que lui.
Elle a, quelques semaines plus tard,
voté un autre décret qui permettait au
tribunal de ne pas'entendre de témoins,
et. qui contenait un article ainsi conçu
« La loi donne pour défenseurs aux pa-
a triotes calomniés, des jurés patriotes
') elle n'en accorde point aux conspira-
? teurs H. La sollicitude pour les garan-
ties dues aux accusés est un des senti-
ments les plus légitimes et les plus res-
pectables qui soient au monde; mais on
est un peu surpris d'en rencontrer au-
jourd'hui l'expression si vive sous la
plume des admirateurs à outrance de la
Convention nationale et du Comité de
Salut public.
Nous éprouvons quelque confusion à
insister sur des réflexions aussi évidentes
et sur des souvenirs aussi connus. Mais,
en vérité, on entend émettre à propos
de cettetriste auaire tant. de paradoxes,
de raisonnements incohérents et de sot-
tises que l'on se demande parfois ce que
sont devenues les plus simples notions
.du sens commun. Tel esprit ingénieux
insinue que la pc~lice pourrait bien avoir
connu d'avance, sinon suggéré, le crime
du 9 décembre, et il se trouve des gens
pour le croire. Tel autre, partant
de ce fait que le crime de Vaillant n'a
pas eu le même mobile qu'un assassinat
ordinaire, ce qui est vrai, en conclut que
la société n'a pas le droit de se défendre
contre lui comme contre un assassinat
ordinaire, ce qui est absurde. Tel autre
encore, un <' conservateur déclare, en
causant au coin du feu, que tout anar-
chiste devrait ôtre fusillé dans les vingt-
quatre heures, et se plaint dix minutes
plus tard qu'on n'ait mis que quatre
semaines a instruire le procès de Vail-
lant. Nous vivons dans un temps oh la
littérature, la presse, le théâtre même
ont troublé et faussé a tel point l'esprit
d'une partie du public que tout so-
phisme a quelque chance d'être ac-
cueilli. Nous ne savons pas si les ju-
rés essayent de se faire une opi-
nion sur l'affaire Vaillant en lisant les
journaux. Ce qui est certain, c'est qu'il
n'est bon pour personne de laisser un
procès de ce genre tarder un seuijourde
plus que ne l'exigent les besoins de l'in-
struction et les. intérêts de la défense, et
qu'il faut souhaiter de voir se prolonger
le moins possible l'ajournement, d'ail-
leurs très légitime qui s'est produit
hier.
Jules Diotz.
De tous les membres du Parlement, le
plus processif c'est peut-être M. TroutHot,
député dn Jura.. Depuis plusieurs mois on
n'entend parler que des procès de M. Trouil-
lot. Hier, nous trouvions sort nom môle a
une curieuse affaire actuellement pendante
devant la 3° chambre du tribunal civil de
la Seine. En lisant les journaux du Jura
nous voyons qu'il a aussi des procès en
province, en sorte qu'il ne laisse aucun
loisir & la justice. Si nous avons bonne mé-
moire, c'est au cours de la période électo-
rale que M. Trouillot a commencé a plaider
contre ses adversaires politiques.
Il s'était avisé alors de citer devant la Cour
d'assises son concurrent, M. Lamy, et son
comité. M. Trouillot se plaignait d'avoir
été injurié; nous disons injurié et non pas
diffamé, et cela fait une grande dnférence.
Nous avons signalé, en son temps, cette
mant. Mais, pour subir sans amertume
une tette conséquence des fautes de son
mari, ne lui faHait-it pas plus qu'un bon
cœur et une haute intettigence? Ne lui
fallait- pas par-dessus tout, une
âme large, se plaçant au-dessus des
misëres de la vie, s'affranchissant des
petitesses du préjuge et même, dans
une certaine mesure, des étroitesses de
l'amour materne! ? En interrogeant sa
propre conscience, M" Perrier n'y trou-
vait pas une certitude absolue. Ce qu'elle
n'aurait pas pu, eHe-même, peut-être,
sa beite-n!)e le pourrait-elle?
A de teïïes questions, l'expérience
seule peut fournir la réponse.
Et c'était précisément cette expérience
qu'appréhendait M~ Perrier.
A )a vue de la torture !tubie par Louise
elle sesentit prise de pitié.
Comment sou!ager cette infortune?
Par que! moyen mettre !e baume sur
cette p!aie saignante?
FaUait-n tout revéJer à la jeune fem-
me, !ui faire l'histoire de cette chute
lamentable, revivre par le cœur de cette
nobl& jeune femme les souffrances,
qu'ene-mêmc avait vécues, alors que,
brusquement, sans avis prëatabte, la
vérité iui était apparue dans le déchire-
ment de ses inusions? R
C'était une redoutable chance à courir
et la sagesse vutguaire enseigne qu'en
ces matières, il est plus prudent de lai-
ser se prolonger l'ignorance. La pitié,
d'ai!!eurs, s'en mêie, cette même pitié
qui ne prévient les condamnés à mort
qu'une heure avant le moment du sup-
plice.
Allait-elle donc être plus dure pour sa
beUe-nHe que ne l'est le bourreau envers
te condamné?
étrange manière de procéder qu! ressembMt
& un subterfuge pour éluder la. loi qui auto-
risela preuve desfaitsdiC'amatoires. M. Trouil-
lot nous af ait l'honnourde nous écrire que nous
nous trompions. Nous avons religieusementin-
séré salettre.Mais, depuis, laCour de cassation
nous a donné raison. Elle a décidé que
M. Trouillot n'avait pu donner arbitrairement
la quaiiûcation d'injure à un article qui con-
tenait l'imputation do faits déterminés. On
pouvait penser que l'on allait assister & un
beletbon procès en diffamation a la requête
de M. TrouiUot; mais, jusqu'à présent, cette
attente a été déçue. Le députe du Jura paraît
s'être retourné d'un autre côté. Il a préféré
s'adresser aux magistrats du tribunal correc-
tionnel de son arrondissement et ce sont eux
qu'il a voulu faire juges de ses griefs électo-
raux. Apres son essai infructueux pour méta-
morphoser une diffamations en injure, il s'est
avisé que quelques unes des imputations dont
il a été l'objet pendant la période électorale
avaient trouvé assez de crédit auprès des élec-
teurs pour Jui faire perdre des suffrages et il a
intenté une poursuite do ce chef devant la po-
lice correctionnelle. Il nous semble que M.
TrouiUot s'embrouilte un peu dans tous ses
procès.
LE PROCÈS VAtLLANT
Des s bruits contradictoires ont couru/hier,
au Palais de Ju&tlce, sur la date a laquelle
serait appelée l'aSaire Vaillant, qui a 6t6
ajournée hier.
D'après les renseignements que nous avons
recueillis aux meilleures sources cette date
n'était pas encore ûxée hier soir. Il est proba-
ble, cependant, que l'affaire 'viendra lundi.
M" Labori, qui est revenu sur son premier
refus, sera prêt, assure-t-on, a présenter ce
jour-là la défense de Vaillant. Mais, hier
soir, il n'avait pas encore commencé l'étude
du volumineux dossier, dont il avait reçu
communication dans la journée.
On nous afGrme que l'anarchiste Vaillant,
dans la. cellule qu'il occupe maintenant a la
Conciergerie, se livre à des méditations philo
sophiques sur les « moyens d'améliorer le sort
do l'humanité C'est avec une certaine com-
plaisance et une vanité ridicule qu'il parle
du « grand coup d'éclat par lequel il vient
de se placer au rang des bienfaiteurs de la
société moderne '<. Il dit que « son
nom est désormais aussi immortel que
notre histoire et que la postérité lui)
sera reconnaissante d'avoir jeté, parmi
ses contemporains, une idée qui doit les
mener infailliblement au bonheur~ "Vaillant,
qui affecte d'occuper son esprit de questions
graves, raconte qu'il a puisé ses théories
anarchiques dans les livres de Buchner et
ceux d& Letourneau. ~o'ce e~ Ma~crc est,
pour lui, le dernier mot de la philosophie. Il
a bien tenté, à un moment, de s'initier au
spiritualisme, et, dans cette intention, il a.
parcouru les livres ;de Camille Flammarion.
Mais il assure, avec des airs très enten-
dus, qu'il n'a rien trouve de sérieux dans
les hypothèses savantes de l'astronome ro-
mancier, et, il reste matérialiste rêvasseries de l'au-delà, dit-il, ne sont bonnes
qu'a retarder le progrès de l'humanité.
L'homme finit où commence la tombe; l'hu-
manité seule est immortelle, non l'individu, j
Il faut donc que ce dernier accorde a ses dé-
sirs toutes les satisfactions qu'ils réclament,
et la collectivité n'a de raison d'être que si
elle vient ajouter un dernier complément
a. toutes ses jouissances.
Cependant, Vaillant s'intéresse depuis hier
a. la lecture d'un livre qui semble avoir cap-
tivé son attention, c'est le jPûM~Mof !a ut'e,
du spirite Léon Denis; mais il est peu proba-
ble que la théorie spirito ait exercé une in-
ûuence sur le cerveau du dynamiteur. Buch-
ner et Letourneau ont pris une trop large place
dans ses opinions..
Bien des motifs s'unissaient pour la
maintenir dans cette réserve.
Indépendamment de t'intérêtdeLouise,
H y avait celui d'Elisabeth.
Si l'expérience était négative, si la
jeune femme n'avait point la grandeur
d'âme indispensable a l'acceptation de
cette épreuve, si, emportée par le res-
sentiment, elle allait mettre des condi-
tions a son oubli, lui imposer l'obliga-
tion de se séparer pour toujours'de cette
enfant proscrite par la destinée ?
Ce n'était là qu'un aspect de l'hypo-
thèse. U y en avait d'autres.
André accepterait-il un pardon avec
des clauses aussi rigoureuses?
S'humiiierait-U devant sa femme au
point de sacrifier son enfant?
M" Perrier s'avouait en même temps
que sison nts se resignait à de telles
exigences.eHe ne pourrait ptus désor-
mais lui accorder t'estime que t'en doit
aux hommes de cœur. Force lui serait
bien de reconnaître, en ce cas, qu'André
serait pis encore qu'un homme sans ca-
ractère, qu'if serait un tâche.
Puis, quand !e mat serait fait, quand
Louise aurait à tout jamais prononcé
ia sentence et rejeté la petite fUte hors
des droits qu'eHe pouvait avoir à l'af-
fection des siens, qu'adviendrait-it de
celle-ci ?
Pauvre Etisabeth La mort de sa mère
l'avait faite orpheline. Faudrait-il en-
core, que. son père vivant, e!)e fût privée
de la caresse et du baiser paterne! ?
Evidemment, ce n'était pas la ques-
tion d'intérêt matériel qui préoccupait
M" Perrier.
Sans être riche, Elisabeth avait l'ave-
nir largement assuré.
D'aiUeurs, ne raurait-eHe pas eu
VaMant souffre encore do s~ Jamte, et
boite légèrement en marchant; mais ses Mes-
sures n'exigent que très peu de soinSt
Exposée!! u)!!verse!!e de 1900
Le système de classi&cation générale
I! est indispensable de soumettre ù.
une refonte scrupuleusement raisonnée
le système adopté, depuis 1867, pour la
classification générale des produits dans
les expositions universelles internatio-
nales dont Paris a été le siège. Il y a lieu
de pratiquer, dans cette classification,
une véritable mise au point où il sera
tenu compte des transformations par es-
pèces, qui ont été introduites dans les
procédés de fabrication il faudra consi-
dérer, en m&me temps, les liens nou-
veaux quiontété formés entrel'industrie,
les sciences et les beaux-arts dans l'éla-
boration, le façonnage et la transforma-
tion des matières isolées et combinées,
Cette réfection du code de nos exposi-
tions s'impose avant toute autre me-
sure préparatoire en vue de 1900. Là
classification des produits doit être, en
cu'ct, le point de départ de l'ordre mé-
thodique à introduire dans la localisa-
tion, la distribution et les affectations
des locaux d'exposition.
Les plans de l'Exposition de 1900 au-
ront donc besoin d'être conçus, dans la
bonne mesure, d'une façon appropriée
au dispositif du système de classifica-
tion adopté. L'étude de ce système au-
rait dû précéder le choix définitif de
l'emplacement de l'Exposition.
En i851, 1855 et 1862, a Londres et à
Paris, on s'était contenté de considérer
toutes les industries et tous les arts au
point de vue 1° de leurs matières
premières; 2" de leurs moyens d'action;
3° de leurs produits. On/avait en-
suite réparti les objets relatifs a cha-
cune de ces trois catégories dans des
groupes, des classes et des sections dési-
gnés au moyen de rubriques aussi clai-
rement explicatives que posssibie. Mais,
dans chaque section, on avait introduit
une ab.ondance inouïe de spécifications.
En un,mot, on s'était livré a la recherche
cTuhe logique trop serrée, alors qu'il ne
s'àgissaitque de renoncer, sous une forme
scientifique, a l'ordre purement alphabé-
tique des anciennes encyclopédies; on
avait édifié un système de classification
très méthodique par rapport à l'ordre na-
turel et technologique, 'mais totalement
dépourvu de la considération philoso-
phique des origines, de l'invention, des
raisons d'être et de l'usage des objets.
Lorsqu'il fut Chargé de préparer l'Ex-
position de 1867, LePlayeut la concep-
tion plus élevée et non moins pratique
d'une classification susceptible dedcvcnir
le programme saisissant d'une universa-
lité de leçons de choses qui fussent acces-
sibles à toutes les intelligences, a toutes
les éducations, (à toute les curiosités.
On connaît son système, qui a pour
point de départ le rattachement de tous
les produits a trois groupes princi-
paux correspondants aux trois besoins
élémentaires de l'homme l'alimenta-
tion, l'habitation et le vêtement. Qu'on,
ajoute le groupe .primordial des ma-
tières premières, avec les groupes in-
termédiaires se rapportant aux indus-
tries extractives et mécaniques qui élabo-
rent et transforment ces matières, on est
qu'elle aurait conservé l'affection de son
aieu!e. CeHe-Ià ne lui ferait jamais dé-
faut. La vieille dame savait bien que
rien, désormais, ne la séparerait de son
enfant, rien que la mort dont ni le jour
ni l'heure ne sont dans la prévision de
l'homme.
Et, pourtant, il fallait en nnir avec
cette situation atroce.
H fallait au plutôt porter secours à !a
détresse morale de Louise, ne pasiaisscr
durer plus longtepms cette épreuve qui
excédait les forces d'une femme.
M" Perrier dut prendre son cou-
rage à deux mains. Un terribie combat
s'était engagé en eiïe.
Eiïe sentait qu'eUe était à la !imite,
qu'un ptus long .silence de sa part serait
coupable, que sa beHe-nUe; ~n pourrait
prendre le droit de lui reprocher soit
une complicité avec André.soit un man-
que de chari te envers elte-même. Âpres
avoir tonguement médité, la vieiUe dame
ne différa ptus l'aveu.
Un matin qu'André lui avait fait une
'conndertce entière de ses intentions et
aussi du programme de son plus pro-
chain jeudi. M"" Perrier se rendit au
bou!cvard Beauséjouret prit Louise à
p~rt, tout de suite, sans préambuie, avec
un.e espëce de sotennité.
La jeune femme s'attendait presque à
cette démarche. Elle n'en éprouva au-
cunealarme. Depuis iongtemps son cœur
lui disait que la mère d'André compa-
tissait à ses propres souffrances, mais
qu'un secret douloureux lui fermait la
bouche. Et, tandis que ceHe-ci se dé-
battait dans l'indécision relative aux
révélations qu'elle pourrait faire, !a
mère de Jean était en proie à d'incessan-
tes hésitations au sujet de ta conduite
~nT~rësënce du cadre de 1& dassinc&tion
de Le Ptay. C'est dans ce cadre que !a.
repartîtion des produits en classes ap-
propriées, par leurs titres, aux espèces
de ceux-ci, a formé un répertoire in-
dustriel aussi exact qu'on pouvait le
souhaiter il y a vingt-cinq ans. Le Play
fut pris d'un scrupule qui n'eût rien
d'étonnant, de la part d'un esprit
hanté par la métaphysique qui con-
duit à abuser des abstractions. Il eut
l'idée d'isoler certains .objets qui for-
maient a ses yeux l'outillage des procé-
dés et des méthodes des travaux intellec-
tuels, dans un groupe dit des.« Arts libé-
raux comme on avait mis les Beaux-
Arts dans un groupe séparé. On fera
bien, pour 1900, de considérer au point
de vue de leur fabrication industrielle
et de leur appartenance aux différents
arts et métiers, les produits des an-
ciennes classes des Arts libéraux.
Nous ne parlerons que pour mémoire
des dispositions du palais principal de
l'Exposition de 1867, formé de deux
parties circulaires opposées, réunies
par une partie médiane paraUélogram-
mique. Chaque exposition nationale
occupait un secteur ou une tranche, et
les installations étaient combinées dans
chacune de ces expositions de telle façon
que le visiteur, allant du centre à la cir:-
conférence~ parcourût successivement
tous les groupes des produits d'un même
pays et vit, successivement aussi en pas-
sant d'une nation à l'autre, les produits
internationaux d'un même groupe, s'il
cheminait dans une voie circulaire. Mais
itest intéressantde rappeler commentLe
P!ay avait conçu l'idée d'un palais de
forme ronde; il faut pour cela remonter
a l'Exposition de 1862 à Londres, où il
avait été le commissaire général de la
France.
.Vers 1860, au moment où il fallut pré-
parer la deuxième Exposition a laquelle
l'Angleterre conviait le monde, Le Play
prit l'initiative d'un projet de classifica-
tion qui enthousiasma le prince consort.
Profondément convaincu que le plan
même du palais principal de l'Exposition
devait Être, par ses ligneset sesdivisions/
la traduction palpable du système de
classification combiné la plume à la
main, Le Play rêva une construction
couverte à un seul étage dont la forme
aurait été celle d'une couronne limitée
par deux circonférences concentriques.
L'espace vide du milieu devait con-
tenir une sorte de temple a deux étages
ou a deux compartiments l'un pour le
matériel et les méthodes de l'ensei-
gnement, y compris les classes des
arts libéraux; l'autre, pour les Beaux-
Arts. A la périphérie de la grande
circonférence, on aurait abrité, le long
d'une large terrasse couverte, tous les
établissements de consommation, de
distraction, de commodité pour les visi-
teurs. L'espace compris entre les deux
circonférences aurait été divisé, au
moyen de passages circulaires s'en-
trecoupant à angles droits avec des
chemins rayonnants, en zones et en
secteurs dans lesquels se seraient épa-
nouis, en partant de leurs origines et
en passant par l'outillage de )eurconfec-
tionnement, tous les articles a la pro-
duction desquels concourent les grandes
industries spécifiées. Les matières pre-
mières élémentaires, la terre et la
pierre le bois et les végétaux fila-
menteux le métal auraient formé les
qu'elle devrait, tenir et des moyens à em-
ployer pour obtenir la conndence désirée
et redoutée tout à la fois.
Ce fut donc un tressaillement d'effroi,
accompagné d'une sensation de soula-
gement qu'éprouva Louise aux premiers
mots prononcés par M" Perrier.
Ma chère fille,–commença celle-ci,
je désire être tout d'abord entière-
ment renseignée sur les sentiments que
vous professez à mon égard ?
Que voulez-vous dire? interrogea
la jeune femme, surprise par cette ques-
tion inexplicable.
La seconde phrase la rassura en lui
donnant le sens de ces paroles.
Entendons-nous bien, poursuivit
M*"° Perrier. Il ne faut pas que J'ombre
d'un nuage s'interpose, .entre nous. Une
fois que nous aurons dissipe Jes équi-
voques, nous pourrons mieux nous.en:-
tendre sur !a conduite à tenir pour t'a-
venir. Car, pour !e passé, bien qu'il
puisse encore faire couler quelques lar-
mes, it a, du moins, cessé d'inspirer des
alarmes.
Louise comprit qu'elle allait enHn pos-
séder !e secret des réticences de sabeHe-
mëre. EHe répondit franchement
Maman, vous voulez que je vous
fasse connaître mon sentiment sur vous ?
Levoicienfort peu de mots. Lorsque je
vous ai porté, itya quelques jours le far-
deau de mes inquiétudes, j'ai trouvé vos
consolations, vos assurances un peu
vagues, un peu générales. J'ai senti tout
de suite que vous me cachiez quelque
chose.
Et, questionna M* Perrier, avec
de l'anxiété dans !a voix, vous ne m'a-
vez point mal jugée pour ce!a?
Oh non t se récria Louise avec une
trois grandes div!s!ons reparMes te fpn~
de la petite circonférence intérieure
puis on aurait vu ces matières se trans-
former,se combiner, s'élaborer, se fa-'
çonner, s'orner et contracter les formes,
les appropriations ou les allures qui cor-
respondent à leurs destinations usageres
dans la vie domestique, industrielle, pro-
fessionnelle ou somptueuse de l'indi-
vidu. Le rêve de Le Play avait sa magie i
il s'acharna à sa réalisation et n'aban-
donna tout espoir d'assurer celle-ci que
lorsqu'il se fut bien rendu compte
que l'ordre simple et naturel qu'il vou-
lait voir présider à la mise en pratique de
son système de classification ne pou-
vait se continuer matériellement à tra-
vers l'enchevêtrement que les arts et
métiers et les méthodes de fabrication
font naître au sein de l'immensité des
produits issus d'industries innombrables
qui chevauchent fatalement les unes sur
les autres.
A première vue, H semble que Le Play
et la commission anglaise auraient pu
renoncer a la prétention d'assujettir te
plan du palais unique ou principal à
reproduire sur le terrain les divisions
que la classification comportait sur le pa-
pier. Bref, l'Exposition de 1862 a Londres
se contenta du plus banal des systèmes
de classification mais, en 1867, Le Play
appropria la forme et les lotissements du
palais du Champ-de-Mars, en mainte-
nant partiellement les parties arrondies
projetées en 1862, aux convenances de
la classification qu'il imagina alors et
qui, a quelques changements près, a
subsisté en 1878 et en 1889.
Il est présumable que les organisa-
teurs de l'Exposition de 1900, qui, si l'on
en juge par leurs rapports et leurs dis-
cours, vont tenter de faire l'analogue de
ce qui n'a pu être accompli en 1862,
repousseront l'idée d'un palais unique et
qu'ils aviseront à substituer l'ordre dissé-
miné des produits a l'ordre compact.
Mais il est bon de leur signaler une
autre difficulté devant laquelle Le Play
a reculé, parce qu'il voulait, de bonne
foi, servir avant tout les intérêts des
exposants. Il admettait que ces der-
niers possédaient le droit d'exiger que
la montre de leurs articles fût globale
et que, pour apprécier leurs mérites, le
jury et le public ne fussent pas con-
traints de les passer en revue dans
diverses sections séparées les unes des
autres. Le programme avorté en 1862
aurait entraîné cet inconvénient. La ré-
partition des classes du système de 1867
a été conçu de façon à ne provoquer
que tout à fait exceptionnellement une
pareille dissémination des produits ap-
partenant à une même individualité
industrielle.
A notre époque, les grandes exposi-
tions se réduisent a des solennités très
recommandables pour la démonstration
qu'elles promurent pompeusement de
l'état du monde industriel, agricole, ar-
tistique et économique, mais presque
stériles au point de vue des révélations
profitables au progrès technique ou
commercial des manufacturiers et des
constructeurs qui sont journellement
renseignés sur les perfectionnements
introduits par leurs concurrents de tous
pays. Il s'en suit qu'il faut savoir gré
aux exposants de subir, à leur oc-
casion,. des dérangements et des dé-
penses que ne compensent pas tou-
jours matériellement les commandes
exquise douceur. J'ai bien compris que
si vous ne me parliez point c'était pour
obéir à une double préoccupation, je
dirai mieux à une double soHici-
tude. Vous reculiez devant la pers-
pective du chagrin que pourrait me cau-
ser un aveu, aussi bien que devant celle
du tort que cet aveu causerait à mon
mari, qui est votre n)s. J'avais bien de-
viné, n'est-ce pas?
Et. depuis? demanda M' Per-
rier, sans répondre a la pensée do sa
beUc-nHe?
Depuis? J'ai presque naturellement
attendu ta venue de votre confidence.
Ah de sorte qu'aujourd'hui, pour
expliquer ma venue, vous supposez.?
–Je suppose que vous avez pris en
pttiéta. longue torture que je subis et
que vous venez m'apporter enfin ta vé-
rité, parce que, si cruette .qu'eHe soit,
vous )a jugez plus consolante que !e
doute au sein duquel je vis.
M" Perrier ouvrit ses bras à sa belle-
n)Ie et !a serra chaudement sur son
cœur.
Vous avez raison, ma fille. C'est la
vérité que je vous apporte, en effet.
Sans doute elle va faire saigner votre
cœur; mais, comme vous t'avez deviné,
ce qui m'a décidée à vous en apporter la
douloureuse confidence, c'est la certitude
où je suis de porter le remède en même
temps que le mal, la consolation avec
t'épreuve.
Alors, sans prolonger tes pénibles
appréhensions de t'attente, la m&red'An-
dré fit à Louise le récit aussi abrégé que
possible de sa propre découverte, de la
souffrance qu'ette-même en avait res*
sentie.
$M!M*C.~
06~ANNÉE
-!08'ANMEE
SAMEDI MATIN 6 JANVIER
1894
1 1
or
C-Uvr
PRÏX DE L'ABONNEMENT
POUR DEUX ËDITIONS
~m~ em<~ MM
Paris.
D6partom6nt8. <8 fr. 36 fr. TfS ff.
Alsace-Lorraine
Union postale. &i fr. 4Z ff. M ff.
POUR UNE ÉDITION SEULEMENT
fatis.)
Départements. { 10 fr. !M fr. 40 ff.
AIsaco-Lorraine)
Onion postale. [
SAMEDI MATIN 6 JANVIER
1804
DIRECTION, ADMINISTRATION
ET PUBLICITÉ
M, rue des Prëtres-Sa.mt-Gerni~-l'AuxerroiSt i~
JM!MAL DES DEBATS
PMJTMm ET UTTfMmS
ADRBSSB TfH.BGRAPHIQ.UB
DÉB&TS-PARtP
TARIFS DE LA PUBLICITÉ
AmnoncM. S fr. ugne<
tMchmies.
PaitB-divere. <
Zfre, d !a /!n de ta çMaMeme pa
SOMMAIRE
LA. REMISE DE L'AFFAIRE VAILLANT.
Jules Dietz.
LE PROCÈS VAILLANT.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900. Le
~yx~mc de e!aMt/KMtt
LE FROID.
ACTUALITÉS. –Bfcpo~MK BULLETIN JUDICIAIRE. Au sujet d'une
THEATRES. CoM~Ke /'rH.F.-G.
FEUILLETON. J''eMttMe
U REM!SE OE L'AFFA!RE ALLANT
Du moment où l'avocat de Vaillant,
M° Ajalbert, déclarait renoncer à dé-
fendre son client, faute du temps néces-
saire pour étudier le dossier, la Cour
d'assises n'avait évidemment qu'un parti
à prendre remettre l'affaire a une date
ultérieure pour laisser au nouvel avocat
la possibilité de se préparer. Cette déci-
sion était imposée par la loi comme par
l'équité la plus élémentaire. Il n'y a pas
à la discuter.
I! est pourtant bien permis de dire, en
réponse aux attaques des journaux so-
cialistes et radicaux, qu'il est fort heu-
reux pour les anarchistes que la société
se défende contre eux, non pas seulement
par des moyens autres que ceux qu'ils re-
commandent eux-mêmes, mais par des
procédés différents de ceux qui ont été
employés en d'autres temps..Se plaindre
que l'instruction de l'affaire ait été
menée d'une façon trop rapide, c'est
vraiment chercher a la justice une
mauvaise querelle. Il s'agit d'un
crime fort simple. Ce qui retarde ordi-
nairement la marche de la procédure
pénale, la recherche de la personne du
coupable et des preuves de la culpabilité,
on n'avait pas à s'en préoccuper dans le
cas présent. L'auteur de l'attentat avoue
le fait; il s'en glorifie même. Il n'y a pas
de doute sur la qualification légale de
l'acte commis par lui. Dans de pareilles
circonstances, on n'aperçoit pas pour-
quoi un délai de quatre semaines n'au-
'rait pas été suffisant.
La (?~eMe d~e F~nce évoque, ce pro-
pos, un souvenir vieux d'un siècle. Elle
établit un rapprochement bizarre entre
te procès de Vaillant et celui de Dan-
ton. « Tout dans cette aventure, dit-elle,
)' porte le cachet des luttes des factions
? il y a cent ans, elles agissaient de
môme. Nous l'avouons à notre honte
nous ne découvrons pas l'ombre de res-
semblance qu'il peut y avoir entre la
poursuite intentée contre Vaillant pour
un abominable crime de droit commun
et le procès politique d'avril i794. On nous
dispensera de faire uniong paraHote en-
tre les deuxaffaires: ce serait se moquer
de nos lecteurs'que d'énumérer les diffé-
rences. Nous nous bornons a rappeler,
pour l'édification de la Gaze~e ~e France
et surtout pour celle des journaux révo-
lutionnaires de toute nuance dont elle
reproduit les plaintes, à quels procédés
la Convention avait recours pour se dé-
barrasser des gens qui la gênaient. Elle
FEtHUETOK OU JOURm CES OËBATS
du 6 janvier 1894. (30)
FEMME D'ARDSTE
PAR
PŒRRE jMAÊL
M* Pcrrier ne ~ugea point ainsi. v
En face de Faute vivante, Louise au-
rait pu taire son chagrin, etouner son
ressentiment. Nie se fut enfermée peut-
être dans sa dignité biessee, et le temps
'aidant, la rivale morte, absoudre le vrai
coupable, si André était venu, repentant,
se jeteràses pieds.
Mais Faute n'était pas morte tout ren-
tière.
Elle avait laissé sur ia terre une sur-
vivanco ou~ pour mieux dire, un prolon-
gement do sa propre existence. E!ie
avait, en quelque sorte, éludé la ven-
geance, en donnant un répondant. Et ce
répondantjC'était une frète et mignonne
créature, une petite innocente qui n'avait
pas demandé a venir au monde, qu'une
responsabilité cruette attait affliger in-
justement.
Sans doute Louise avait uneintetti-
~ence élevée un cœur tendre et ai-
Reproduction interdite. r
<
a, pendant le procès même, vote une
loi tout exprès pour fermer la. bou-
che à Danton et aux autres accusés
poursuivis en môme temps que lui.
Elle a, quelques semaines plus tard,
voté un autre décret qui permettait au
tribunal de ne pas'entendre de témoins,
et. qui contenait un article ainsi conçu
« La loi donne pour défenseurs aux pa-
a triotes calomniés, des jurés patriotes
') elle n'en accorde point aux conspira-
? teurs H. La sollicitude pour les garan-
ties dues aux accusés est un des senti-
ments les plus légitimes et les plus res-
pectables qui soient au monde; mais on
est un peu surpris d'en rencontrer au-
jourd'hui l'expression si vive sous la
plume des admirateurs à outrance de la
Convention nationale et du Comité de
Salut public.
Nous éprouvons quelque confusion à
insister sur des réflexions aussi évidentes
et sur des souvenirs aussi connus. Mais,
en vérité, on entend émettre à propos
de cettetriste auaire tant. de paradoxes,
de raisonnements incohérents et de sot-
tises que l'on se demande parfois ce que
sont devenues les plus simples notions
.du sens commun. Tel esprit ingénieux
insinue que la pc~lice pourrait bien avoir
connu d'avance, sinon suggéré, le crime
du 9 décembre, et il se trouve des gens
pour le croire. Tel autre, partant
de ce fait que le crime de Vaillant n'a
pas eu le même mobile qu'un assassinat
ordinaire, ce qui est vrai, en conclut que
la société n'a pas le droit de se défendre
contre lui comme contre un assassinat
ordinaire, ce qui est absurde. Tel autre
encore, un <' conservateur déclare, en
causant au coin du feu, que tout anar-
chiste devrait ôtre fusillé dans les vingt-
quatre heures, et se plaint dix minutes
plus tard qu'on n'ait mis que quatre
semaines a instruire le procès de Vail-
lant. Nous vivons dans un temps oh la
littérature, la presse, le théâtre même
ont troublé et faussé a tel point l'esprit
d'une partie du public que tout so-
phisme a quelque chance d'être ac-
cueilli. Nous ne savons pas si les ju-
rés essayent de se faire une opi-
nion sur l'affaire Vaillant en lisant les
journaux. Ce qui est certain, c'est qu'il
n'est bon pour personne de laisser un
procès de ce genre tarder un seuijourde
plus que ne l'exigent les besoins de l'in-
struction et les. intérêts de la défense, et
qu'il faut souhaiter de voir se prolonger
le moins possible l'ajournement, d'ail-
leurs très légitime qui s'est produit
hier.
Jules Diotz.
De tous les membres du Parlement, le
plus processif c'est peut-être M. TroutHot,
député dn Jura.. Depuis plusieurs mois on
n'entend parler que des procès de M. Trouil-
lot. Hier, nous trouvions sort nom môle a
une curieuse affaire actuellement pendante
devant la 3° chambre du tribunal civil de
la Seine. En lisant les journaux du Jura
nous voyons qu'il a aussi des procès en
province, en sorte qu'il ne laisse aucun
loisir & la justice. Si nous avons bonne mé-
moire, c'est au cours de la période électo-
rale que M. Trouillot a commencé a plaider
contre ses adversaires politiques.
Il s'était avisé alors de citer devant la Cour
d'assises son concurrent, M. Lamy, et son
comité. M. Trouillot se plaignait d'avoir
été injurié; nous disons injurié et non pas
diffamé, et cela fait une grande dnférence.
Nous avons signalé, en son temps, cette
mant. Mais, pour subir sans amertume
une tette conséquence des fautes de son
mari, ne lui faHait-it pas plus qu'un bon
cœur et une haute intettigence? Ne lui
fallait- pas par-dessus tout, une
âme large, se plaçant au-dessus des
misëres de la vie, s'affranchissant des
petitesses du préjuge et même, dans
une certaine mesure, des étroitesses de
l'amour materne! ? En interrogeant sa
propre conscience, M" Perrier n'y trou-
vait pas une certitude absolue. Ce qu'elle
n'aurait pas pu, eHe-même, peut-être,
sa beite-n!)e le pourrait-elle?
A de teïïes questions, l'expérience
seule peut fournir la réponse.
Et c'était précisément cette expérience
qu'appréhendait M~ Perrier.
A )a vue de la torture !tubie par Louise
elle sesentit prise de pitié.
Comment sou!ager cette infortune?
Par que! moyen mettre !e baume sur
cette p!aie saignante?
FaUait-n tout revéJer à la jeune fem-
me, !ui faire l'histoire de cette chute
lamentable, revivre par le cœur de cette
nobl& jeune femme les souffrances,
qu'ene-mêmc avait vécues, alors que,
brusquement, sans avis prëatabte, la
vérité iui était apparue dans le déchire-
ment de ses inusions? R
C'était une redoutable chance à courir
et la sagesse vutguaire enseigne qu'en
ces matières, il est plus prudent de lai-
ser se prolonger l'ignorance. La pitié,
d'ai!!eurs, s'en mêie, cette même pitié
qui ne prévient les condamnés à mort
qu'une heure avant le moment du sup-
plice.
Allait-elle donc être plus dure pour sa
beUe-nHe que ne l'est le bourreau envers
te condamné?
étrange manière de procéder qu! ressembMt
& un subterfuge pour éluder la. loi qui auto-
risela preuve desfaitsdiC'amatoires. M. Trouil-
lot nous af ait l'honnourde nous écrire que nous
nous trompions. Nous avons religieusementin-
séré salettre.Mais, depuis, laCour de cassation
nous a donné raison. Elle a décidé que
M. Trouillot n'avait pu donner arbitrairement
la quaiiûcation d'injure à un article qui con-
tenait l'imputation do faits déterminés. On
pouvait penser que l'on allait assister & un
beletbon procès en diffamation a la requête
de M. TrouiUot; mais, jusqu'à présent, cette
attente a été déçue. Le députe du Jura paraît
s'être retourné d'un autre côté. Il a préféré
s'adresser aux magistrats du tribunal correc-
tionnel de son arrondissement et ce sont eux
qu'il a voulu faire juges de ses griefs électo-
raux. Apres son essai infructueux pour méta-
morphoser une diffamations en injure, il s'est
avisé que quelques unes des imputations dont
il a été l'objet pendant la période électorale
avaient trouvé assez de crédit auprès des élec-
teurs pour Jui faire perdre des suffrages et il a
intenté une poursuite do ce chef devant la po-
lice correctionnelle. Il nous semble que M.
TrouiUot s'embrouilte un peu dans tous ses
procès.
LE PROCÈS VAtLLANT
Des s bruits contradictoires ont couru/hier,
au Palais de Ju&tlce, sur la date a laquelle
serait appelée l'aSaire Vaillant, qui a 6t6
ajournée hier.
D'après les renseignements que nous avons
recueillis aux meilleures sources cette date
n'était pas encore ûxée hier soir. Il est proba-
ble, cependant, que l'affaire 'viendra lundi.
M" Labori, qui est revenu sur son premier
refus, sera prêt, assure-t-on, a présenter ce
jour-là la défense de Vaillant. Mais, hier
soir, il n'avait pas encore commencé l'étude
du volumineux dossier, dont il avait reçu
communication dans la journée.
On nous afGrme que l'anarchiste Vaillant,
dans la. cellule qu'il occupe maintenant a la
Conciergerie, se livre à des méditations philo
sophiques sur les « moyens d'améliorer le sort
do l'humanité C'est avec une certaine com-
plaisance et une vanité ridicule qu'il parle
du « grand coup d'éclat par lequel il vient
de se placer au rang des bienfaiteurs de la
société moderne '<. Il dit que « son
nom est désormais aussi immortel que
notre histoire et que la postérité lui)
sera reconnaissante d'avoir jeté, parmi
ses contemporains, une idée qui doit les
mener infailliblement au bonheur~ "Vaillant,
qui affecte d'occuper son esprit de questions
graves, raconte qu'il a puisé ses théories
anarchiques dans les livres de Buchner et
ceux d& Letourneau. ~o'ce e~ Ma~crc est,
pour lui, le dernier mot de la philosophie. Il
a bien tenté, à un moment, de s'initier au
spiritualisme, et, dans cette intention, il a.
parcouru les livres ;de Camille Flammarion.
Mais il assure, avec des airs très enten-
dus, qu'il n'a rien trouve de sérieux dans
les hypothèses savantes de l'astronome ro-
mancier, et, il reste matérialiste
qu'a retarder le progrès de l'humanité.
L'homme finit où commence la tombe; l'hu-
manité seule est immortelle, non l'individu, j
Il faut donc que ce dernier accorde a ses dé-
sirs toutes les satisfactions qu'ils réclament,
et la collectivité n'a de raison d'être que si
elle vient ajouter un dernier complément
a. toutes ses jouissances.
Cependant, Vaillant s'intéresse depuis hier
a. la lecture d'un livre qui semble avoir cap-
tivé son attention, c'est le jPûM~Mof !a ut'e,
du spirite Léon Denis; mais il est peu proba-
ble que la théorie spirito ait exercé une in-
ûuence sur le cerveau du dynamiteur. Buch-
ner et Letourneau ont pris une trop large place
dans ses opinions..
Bien des motifs s'unissaient pour la
maintenir dans cette réserve.
Indépendamment de t'intérêtdeLouise,
H y avait celui d'Elisabeth.
Si l'expérience était négative, si la
jeune femme n'avait point la grandeur
d'âme indispensable a l'acceptation de
cette épreuve, si, emportée par le res-
sentiment, elle allait mettre des condi-
tions a son oubli, lui imposer l'obliga-
tion de se séparer pour toujours'de cette
enfant proscrite par la destinée ?
Ce n'était là qu'un aspect de l'hypo-
thèse. U y en avait d'autres.
André accepterait-il un pardon avec
des clauses aussi rigoureuses?
S'humiiierait-U devant sa femme au
point de sacrifier son enfant?
M" Perrier s'avouait en même temps
que sison nts se resignait à de telles
exigences.eHe ne pourrait ptus désor-
mais lui accorder t'estime que t'en doit
aux hommes de cœur. Force lui serait
bien de reconnaître, en ce cas, qu'André
serait pis encore qu'un homme sans ca-
ractère, qu'if serait un tâche.
Puis, quand !e mat serait fait, quand
Louise aurait à tout jamais prononcé
ia sentence et rejeté la petite fUte hors
des droits qu'eHe pouvait avoir à l'af-
fection des siens, qu'adviendrait-it de
celle-ci ?
Pauvre Etisabeth La mort de sa mère
l'avait faite orpheline. Faudrait-il en-
core, que. son père vivant, e!)e fût privée
de la caresse et du baiser paterne! ?
Evidemment, ce n'était pas la ques-
tion d'intérêt matériel qui préoccupait
M" Perrier.
Sans être riche, Elisabeth avait l'ave-
nir largement assuré.
D'aiUeurs, ne raurait-eHe pas eu
VaMant souffre encore do s~ Jamte, et
boite légèrement en marchant; mais ses Mes-
sures n'exigent que très peu de soinSt
Exposée!! u)!!verse!!e de 1900
Le système de classi&cation générale
I! est indispensable de soumettre ù.
une refonte scrupuleusement raisonnée
le système adopté, depuis 1867, pour la
classification générale des produits dans
les expositions universelles internatio-
nales dont Paris a été le siège. Il y a lieu
de pratiquer, dans cette classification,
une véritable mise au point où il sera
tenu compte des transformations par es-
pèces, qui ont été introduites dans les
procédés de fabrication il faudra consi-
dérer, en m&me temps, les liens nou-
veaux quiontété formés entrel'industrie,
les sciences et les beaux-arts dans l'éla-
boration, le façonnage et la transforma-
tion des matières isolées et combinées,
Cette réfection du code de nos exposi-
tions s'impose avant toute autre me-
sure préparatoire en vue de 1900. Là
classification des produits doit être, en
cu'ct, le point de départ de l'ordre mé-
thodique à introduire dans la localisa-
tion, la distribution et les affectations
des locaux d'exposition.
Les plans de l'Exposition de 1900 au-
ront donc besoin d'être conçus, dans la
bonne mesure, d'une façon appropriée
au dispositif du système de classifica-
tion adopté. L'étude de ce système au-
rait dû précéder le choix définitif de
l'emplacement de l'Exposition.
En i851, 1855 et 1862, a Londres et à
Paris, on s'était contenté de considérer
toutes les industries et tous les arts au
point de vue 1° de leurs matières
premières; 2" de leurs moyens d'action;
3° de leurs produits. On/avait en-
suite réparti les objets relatifs a cha-
cune de ces trois catégories dans des
groupes, des classes et des sections dési-
gnés au moyen de rubriques aussi clai-
rement explicatives que posssibie. Mais,
dans chaque section, on avait introduit
une ab.ondance inouïe de spécifications.
En un,mot, on s'était livré a la recherche
cTuhe logique trop serrée, alors qu'il ne
s'àgissaitque de renoncer, sous une forme
scientifique, a l'ordre purement alphabé-
tique des anciennes encyclopédies; on
avait édifié un système de classification
très méthodique par rapport à l'ordre na-
turel et technologique, 'mais totalement
dépourvu de la considération philoso-
phique des origines, de l'invention, des
raisons d'être et de l'usage des objets.
Lorsqu'il fut Chargé de préparer l'Ex-
position de 1867, LePlayeut la concep-
tion plus élevée et non moins pratique
d'une classification susceptible dedcvcnir
le programme saisissant d'une universa-
lité de leçons de choses qui fussent acces-
sibles à toutes les intelligences, a toutes
les éducations, (à toute les curiosités.
On connaît son système, qui a pour
point de départ le rattachement de tous
les produits a trois groupes princi-
paux correspondants aux trois besoins
élémentaires de l'homme l'alimenta-
tion, l'habitation et le vêtement. Qu'on,
ajoute le groupe .primordial des ma-
tières premières, avec les groupes in-
termédiaires se rapportant aux indus-
tries extractives et mécaniques qui élabo-
rent et transforment ces matières, on est
qu'elle aurait conservé l'affection de son
aieu!e. CeHe-Ià ne lui ferait jamais dé-
faut. La vieille dame savait bien que
rien, désormais, ne la séparerait de son
enfant, rien que la mort dont ni le jour
ni l'heure ne sont dans la prévision de
l'homme.
Et, pourtant, il fallait en nnir avec
cette situation atroce.
H fallait au plutôt porter secours à !a
détresse morale de Louise, ne pasiaisscr
durer plus longtepms cette épreuve qui
excédait les forces d'une femme.
M" Perrier dut prendre son cou-
rage à deux mains. Un terribie combat
s'était engagé en eiïe.
Eiïe sentait qu'eUe était à la !imite,
qu'un ptus long .silence de sa part serait
coupable, que sa beHe-nUe; ~n pourrait
prendre le droit de lui reprocher soit
une complicité avec André.soit un man-
que de chari te envers elte-même. Âpres
avoir tonguement médité, la vieiUe dame
ne différa ptus l'aveu.
Un matin qu'André lui avait fait une
'conndertce entière de ses intentions et
aussi du programme de son plus pro-
chain jeudi. M"" Perrier se rendit au
bou!cvard Beauséjouret prit Louise à
p~rt, tout de suite, sans préambuie, avec
un.e espëce de sotennité.
La jeune femme s'attendait presque à
cette démarche. Elle n'en éprouva au-
cunealarme. Depuis iongtemps son cœur
lui disait que la mère d'André compa-
tissait à ses propres souffrances, mais
qu'un secret douloureux lui fermait la
bouche. Et, tandis que ceHe-ci se dé-
battait dans l'indécision relative aux
révélations qu'elle pourrait faire, !a
mère de Jean était en proie à d'incessan-
tes hésitations au sujet de ta conduite
~nT~rësënce du cadre de 1& dassinc&tion
de Le Ptay. C'est dans ce cadre que !a.
repartîtion des produits en classes ap-
propriées, par leurs titres, aux espèces
de ceux-ci, a formé un répertoire in-
dustriel aussi exact qu'on pouvait le
souhaiter il y a vingt-cinq ans. Le Play
fut pris d'un scrupule qui n'eût rien
d'étonnant, de la part d'un esprit
hanté par la métaphysique qui con-
duit à abuser des abstractions. Il eut
l'idée d'isoler certains .objets qui for-
maient a ses yeux l'outillage des procé-
dés et des méthodes des travaux intellec-
tuels, dans un groupe dit des.« Arts libé-
raux comme on avait mis les Beaux-
Arts dans un groupe séparé. On fera
bien, pour 1900, de considérer au point
de vue de leur fabrication industrielle
et de leur appartenance aux différents
arts et métiers, les produits des an-
ciennes classes des Arts libéraux.
Nous ne parlerons que pour mémoire
des dispositions du palais principal de
l'Exposition de 1867, formé de deux
parties circulaires opposées, réunies
par une partie médiane paraUélogram-
mique. Chaque exposition nationale
occupait un secteur ou une tranche, et
les installations étaient combinées dans
chacune de ces expositions de telle façon
que le visiteur, allant du centre à la cir:-
conférence~ parcourût successivement
tous les groupes des produits d'un même
pays et vit, successivement aussi en pas-
sant d'une nation à l'autre, les produits
internationaux d'un même groupe, s'il
cheminait dans une voie circulaire. Mais
itest intéressantde rappeler commentLe
P!ay avait conçu l'idée d'un palais de
forme ronde; il faut pour cela remonter
a l'Exposition de 1862 à Londres, où il
avait été le commissaire général de la
France.
.Vers 1860, au moment où il fallut pré-
parer la deuxième Exposition a laquelle
l'Angleterre conviait le monde, Le Play
prit l'initiative d'un projet de classifica-
tion qui enthousiasma le prince consort.
Profondément convaincu que le plan
même du palais principal de l'Exposition
devait Être, par ses ligneset sesdivisions/
la traduction palpable du système de
classification combiné la plume à la
main, Le Play rêva une construction
couverte à un seul étage dont la forme
aurait été celle d'une couronne limitée
par deux circonférences concentriques.
L'espace vide du milieu devait con-
tenir une sorte de temple a deux étages
ou a deux compartiments l'un pour le
matériel et les méthodes de l'ensei-
gnement, y compris les classes des
arts libéraux; l'autre, pour les Beaux-
Arts. A la périphérie de la grande
circonférence, on aurait abrité, le long
d'une large terrasse couverte, tous les
établissements de consommation, de
distraction, de commodité pour les visi-
teurs. L'espace compris entre les deux
circonférences aurait été divisé, au
moyen de passages circulaires s'en-
trecoupant à angles droits avec des
chemins rayonnants, en zones et en
secteurs dans lesquels se seraient épa-
nouis, en partant de leurs origines et
en passant par l'outillage de )eurconfec-
tionnement, tous les articles a la pro-
duction desquels concourent les grandes
industries spécifiées. Les matières pre-
mières élémentaires, la terre et la
pierre le bois et les végétaux fila-
menteux le métal auraient formé les
qu'elle devrait, tenir et des moyens à em-
ployer pour obtenir la conndence désirée
et redoutée tout à la fois.
Ce fut donc un tressaillement d'effroi,
accompagné d'une sensation de soula-
gement qu'éprouva Louise aux premiers
mots prononcés par M" Perrier.
Ma chère fille,–commença celle-ci,
je désire être tout d'abord entière-
ment renseignée sur les sentiments que
vous professez à mon égard ?
Que voulez-vous dire? interrogea
la jeune femme, surprise par cette ques-
tion inexplicable.
La seconde phrase la rassura en lui
donnant le sens de ces paroles.
Entendons-nous bien, poursuivit
M*"° Perrier. Il ne faut pas que J'ombre
d'un nuage s'interpose, .entre nous. Une
fois que nous aurons dissipe Jes équi-
voques, nous pourrons mieux nous.en:-
tendre sur !a conduite à tenir pour t'a-
venir. Car, pour !e passé, bien qu'il
puisse encore faire couler quelques lar-
mes, it a, du moins, cessé d'inspirer des
alarmes.
Louise comprit qu'elle allait enHn pos-
séder !e secret des réticences de sabeHe-
mëre. EHe répondit franchement
Maman, vous voulez que je vous
fasse connaître mon sentiment sur vous ?
Levoicienfort peu de mots. Lorsque je
vous ai porté, itya quelques jours le far-
deau de mes inquiétudes, j'ai trouvé vos
consolations, vos assurances un peu
vagues, un peu générales. J'ai senti tout
de suite que vous me cachiez quelque
chose.
Et, questionna M* Perrier, avec
de l'anxiété dans !a voix, vous ne m'a-
vez point mal jugée pour ce!a?
Oh non t se récria Louise avec une
trois grandes div!s!ons reparMes te fpn~
de la petite circonférence intérieure
puis on aurait vu ces matières se trans-
former,se combiner, s'élaborer, se fa-'
çonner, s'orner et contracter les formes,
les appropriations ou les allures qui cor-
respondent à leurs destinations usageres
dans la vie domestique, industrielle, pro-
fessionnelle ou somptueuse de l'indi-
vidu. Le rêve de Le Play avait sa magie i
il s'acharna à sa réalisation et n'aban-
donna tout espoir d'assurer celle-ci que
lorsqu'il se fut bien rendu compte
que l'ordre simple et naturel qu'il vou-
lait voir présider à la mise en pratique de
son système de classification ne pou-
vait se continuer matériellement à tra-
vers l'enchevêtrement que les arts et
métiers et les méthodes de fabrication
font naître au sein de l'immensité des
produits issus d'industries innombrables
qui chevauchent fatalement les unes sur
les autres.
A première vue, H semble que Le Play
et la commission anglaise auraient pu
renoncer a la prétention d'assujettir te
plan du palais unique ou principal à
reproduire sur le terrain les divisions
que la classification comportait sur le pa-
pier. Bref, l'Exposition de 1862 a Londres
se contenta du plus banal des systèmes
de classification mais, en 1867, Le Play
appropria la forme et les lotissements du
palais du Champ-de-Mars, en mainte-
nant partiellement les parties arrondies
projetées en 1862, aux convenances de
la classification qu'il imagina alors et
qui, a quelques changements près, a
subsisté en 1878 et en 1889.
Il est présumable que les organisa-
teurs de l'Exposition de 1900, qui, si l'on
en juge par leurs rapports et leurs dis-
cours, vont tenter de faire l'analogue de
ce qui n'a pu être accompli en 1862,
repousseront l'idée d'un palais unique et
qu'ils aviseront à substituer l'ordre dissé-
miné des produits a l'ordre compact.
Mais il est bon de leur signaler une
autre difficulté devant laquelle Le Play
a reculé, parce qu'il voulait, de bonne
foi, servir avant tout les intérêts des
exposants. Il admettait que ces der-
niers possédaient le droit d'exiger que
la montre de leurs articles fût globale
et que, pour apprécier leurs mérites, le
jury et le public ne fussent pas con-
traints de les passer en revue dans
diverses sections séparées les unes des
autres. Le programme avorté en 1862
aurait entraîné cet inconvénient. La ré-
partition des classes du système de 1867
a été conçu de façon à ne provoquer
que tout à fait exceptionnellement une
pareille dissémination des produits ap-
partenant à une même individualité
industrielle.
A notre époque, les grandes exposi-
tions se réduisent a des solennités très
recommandables pour la démonstration
qu'elles promurent pompeusement de
l'état du monde industriel, agricole, ar-
tistique et économique, mais presque
stériles au point de vue des révélations
profitables au progrès technique ou
commercial des manufacturiers et des
constructeurs qui sont journellement
renseignés sur les perfectionnements
introduits par leurs concurrents de tous
pays. Il s'en suit qu'il faut savoir gré
aux exposants de subir, à leur oc-
casion,. des dérangements et des dé-
penses que ne compensent pas tou-
jours matériellement les commandes
exquise douceur. J'ai bien compris que
si vous ne me parliez point c'était pour
obéir à une double préoccupation, je
dirai mieux à une double soHici-
tude. Vous reculiez devant la pers-
pective du chagrin que pourrait me cau-
ser un aveu, aussi bien que devant celle
du tort que cet aveu causerait à mon
mari, qui est votre n)s. J'avais bien de-
viné, n'est-ce pas?
Et. depuis? demanda M' Per-
rier, sans répondre a la pensée do sa
beUc-nHe?
Depuis? J'ai presque naturellement
attendu ta venue de votre confidence.
Ah de sorte qu'aujourd'hui, pour
expliquer ma venue, vous supposez.?
–Je suppose que vous avez pris en
pttiéta. longue torture que je subis et
que vous venez m'apporter enfin ta vé-
rité, parce que, si cruette .qu'eHe soit,
vous )a jugez plus consolante que !e
doute au sein duquel je vis.
M" Perrier ouvrit ses bras à sa belle-
n)Ie et !a serra chaudement sur son
cœur.
Vous avez raison, ma fille. C'est la
vérité que je vous apporte, en effet.
Sans doute elle va faire saigner votre
cœur; mais, comme vous t'avez deviné,
ce qui m'a décidée à vous en apporter la
douloureuse confidence, c'est la certitude
où je suis de porter le remède en même
temps que le mal, la consolation avec
t'épreuve.
Alors, sans prolonger tes pénibles
appréhensions de t'attente, la m&red'An-
dré fit à Louise le récit aussi abrégé que
possible de sa propre découverte, de la
souffrance qu'ette-même en avait res*
sentie.
$M!M*C.~
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