Titre : L'Auto-vélo : automobilisme, cyclisme, athlétisme, yachting, aérostation, escrime, hippisme / directeur Henri Desgrange
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-12-01
Contributeur : Desgrange, Henri (1865-1940). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327071375
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 décembre 1928 01 décembre 1928
Description : 1928/12/01 (A29,N0). 1928/12/01 (A29,N0).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4632655q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-248
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/12/2016
avec le seul souci de vaincre, de vaincre
avant lu limite.
La tâche de Plaliner sera donc, cn face
d'un tel adversaire, une des-plus diffici-
les qui puissent lui être demandées ac-
tuellement.
Samedi, devant des milliers de specta-
teurs, le champion de France et d'Eu-
rope va défendre le prestige de notre pu-
gilisme, comme l'ont défendu les Carpen-
tier, les Routis sur d'autres rings Et,
comme eux, il veut battre un champion
du monde.
Les milliers de spectateurs qui vont
assister au match Sohwartz-Pladner vi-
breront aux phases d'un combat émou-
vant, qui mettra aux prises deux cham-
pions combattant non seulement pour la
suprématie mondiale de leur catégorie,
mais aussi pour affirmer la supériorité
de leur race, de leur nation, orgueilleuse
sans chauvinisme, de voir- leur représen-
tant réaliser un. magnifique; exploit
sportif.
A. Dethès.
Impressions rapides
sur Izzy Schwartz et Pladner
Lorsque le Íeune Isaac Sohwartz. qui était
alors petit employé de commerce chez un de
ses. coreligionnaires de New-York, dans le
" quartier de Harlem, décida — peut-être
'fatigué de la médiocrité-de son existence —
de s'engager comme fantassin dans l'armée
américaine, il pensait bien peut-être gagner
le plus tôt, possible les salons de caporal.
. mais sans doute n'espérait-il en aucune fa-
çon qu'il deviendrait à bref délai. cham-
pion du monde de, boxe.
-■ Et c'est au régiment, eomme toute. qu'il
fit ses débuts dans le sport, chose qu'li
ignorait complètement alors qu'il se débat-
tait pour assurer sa « matérielle n Quoti-
dienne dans le quartier par trop populçji*
où le hasard de !a vie l'avait fait échouer.
Mais le petit, bonhomme était admirable-
ment doué physiquement et de plus — c'est
t& uns qualité essentielle de Ea race — il
était Armé d'une volonté insurmontable.
Avisai il brilla rapidement dans les quelques
sports auxquels il ee mêla, fut excellent en
natBtion. fort adroit — quoique un peu lé-
6fer — en base-bail et fut remarquable en
boxe.
Si remarquable même qu'il s'y adonna
avec une ardeur et une application toutes
spéciales et démobilisé en 1922, il jugea
qu'il avait de suffisantes aptitudes pour ga-
gner confortablement sa vie comme boxeur
et il passa professionnel. On ne saurait dire
qu'il n'eut pas une idée géniale lorsqu'il
prit cette décision.
•En moins de cinq ans, il fut champion
du monde...
-X
Quand nous 10 vîmes arriver l'autre iour
d'Amérique, il nous produisit une assez
curieuse impression. Ce champion du monde
n'avait rien de ce que nous attendions.
Sans avoir préparé une de ces arrivées qui
en imposent toujours quelque peu. il vint
à nous très simplement et employa cc les
mots de tout le monde J). Aucun abor;] no
pouvait être plus charmant, plus sympathi-
que aussi.
Et souriant, assez drôle et spirituel dans
ses expressions. Izzy Schwartz nous appa-
rut comme un ieune homme fort intelligent
et très malin, pas timide pour deux sous et
point gêné dans ses entournures, comme m '
spécimen enfin, venant d'Amérique de ce.
que l'on appelle chez nous un « titi )J pari-
sien. Mais dans le ring ce fut bien autç
chose. L'homme était revenu sous son véri-
table iour, sous celui dont la renomméç
nous avait déjà donné maints détails ; en
un mot c'était bien le champit du monde
de sa catégorie que nous avions devant
nous : Izzy Schwartz. successeur au trône
mondial des poids mouche, de Pancho Villa,
Fidel la Barba et .r-r"twrsboy Brown.
C'était celui, en un mot, devant lequel
Pladner va disputer le « combat de sa vie JJ.
x
A côté de cette forte personnalité du
« Corporal » Izzy Sohwartz, celle de Plad-
ner apparaîtra peut-être un peu moins pro-
noncée. Mais cela tient surtout au caractère
timide et assez peu bruyant de notre cham-
pion de France.
Pladner va dans la vie son petit bon-
homme de chemin. Il fait son métier avec
goût, mais surtout avec conscience et appli-
cation. et si on l'a comparé bien souvent à
un écolier studieux, c'est que rien ne pou-
vait plus parfaitement le situer.
Tel nous l'avons connu alors qu'il n'était
qu'un petit boxeur sans grand relief, arri-
vant de sa province, tel nous le retrouvons
aujourd'hui à la veille de la tâche la plus
fantastique qu'il ait iamais eue à affronter.
Mais il la considère avec un courage tran-
quille parce qu'il sait ce qu'il peut atten-
dre de lui-même, parce qu'il a confiance
dans ses moyens qui ne l'ont jamais trahi
iis«qu'ici. parce qu'enfin il s'en remet com-
plètement pour tout son travail et pour
tous ses soucis fougilistiques à son massa-
ger Louis de Ponthieu, qui, patiemment,
a su l'amener aux sommets où il se trouve
actuellement.
Et les yeux fermés, Pladner suivra de
PentbÍeu comme il l'a toujours fait et il
irait d'e la sorte au bout du monde s'il le
fallait, car il a eu le bon sens de s'en re-
mettre aux conseils de l'ancien et de ne pas
sortir de cette politique.
- Mais n ';:ti-ie pas dit que Pladner était uno
sorte d'écolier studieux '? Et ce ne serait
pas, on l'avouera. le moment qu'il changeât
de méthode à l'instant où il va devoir livrer
dans le fins d'a Vél' d'Hiv' la plut» formi-
. dable bataille de ea carrière.
JEFF DICKSON
Jeff Dickson débuta dans la boxe comme
spectateur. Habitué de toutes les réunions
pugilistiques à Paris et à Londres, Dickson
résolut un jour d'organiser lui-même, pour
s'offrir les matches de son choix. Et c'est
ainsi qu'il y a quatre ans, il devint acqué-
reur des organisations de Manitot.
A il début, son dilettantisme se heurta à
des réalités qui lui coûtèrent parfois cher,
mais persévérant, tenace, sportif, business-
man, il appliqua des méthodes d'organisa-
JEFF DICKSON
... tion qu'il crut bonnes et qui le sont, puis-
qu'elles ont donné de bons résultats, tant
sportifs que financiers.
Jeff Dickson voit grand, très grànd, en
matière pugilistique. C'est un audacieux,
mais ses audaces sont tempérées par un sens
des réalités, une psychologie qui lui ont
permis de faire de Paris la capitale dit
pugilisme européen.
Le match Izzy Schwartz-Pladner semble-
rait devoir marquer le point culminant de
ses possibilités d'organisateur. Semblerait,
disons-nous, car avec Dickson on ne sait
jamais où peuvent s'arrêter ses possibilités.
Pour ceux qui ne connaissent pas Jeff
Dickson, silhouettons-le en quelques mots :
Bâti en athlète, élégant, verbeux, parle le
français avec l'accent du Mississipi. Ne
compte que des amis pai/ni ceux qui le
connaissent complètement. Travaille dix
heures par jour et beaucoup plus les jours
de réunion. Apporte à organiser ses pro-
grammes un souci sportif qui prime parfois
le souci de la recette, mais en est récom.
pensé par la confiance du public.
La garde d'Izzy Schwart*
Quand on regarde
les spectateurs
Ne vous est-il jamais arrivé, au cours1 |
d'une réunion de boxe, de regarder les j
spectateurs ? J'avoue que tout en m'intéres-
sant au combat, je ne déteste pas étudier
les différentes expressions de mes contem-
porains. S'il m'était possible de connaître
leur tempérament, leurs tares héréditaires
Et; leur état de santé, je pourrais presque de-
viner leurs pensées et aussi leur pronostic.
Chacun juge selon ses sympathies, ses ins-
tincts, et parfois sa digestion. Chacun ex-
plique à son voisin qu'il ne connaît pas
les coups qu'il croit connaître Le specta-
teur, en principe, désigne le vainqueur avant
le combat ; aussi les coups effectifs de ce-
lui que 'ses préférences ont désigné frap-
pent son imagination, l'adversaire dispa-
raît dans l'ombre, et il est, la plupart du
temps, très étonné lorsque la décision lui
donne tort. De là, la plupart des protes-
. cations, l'animosité contre les juges les
cris et les injures. Parmi tous les, passion
nés de la lutte pugilistique, la ligne de dé-
marcation est très nette entre ceux qui
payent leur place et ceux qui rentrent sans
bourse délier. Les premiers, très élégants,
de smokings vêtus, accompagnés de belles
dames parées de bijoux et de fourrures de
prix, ne protestent jamais apparemment.
Calmes, ils assistent au spectacle pour voir
et être vus. : L'Américain, plus exubérant,
simule dans sa langue natale le boy fran-
çais, qui ne le comprend pas, tandis que
des populaires tombent quelques réflexions
en langage peu châtié qui. ne manquent
pas d'à-propos, ni d'esprit, et qui jette
dans l'atmosphère la. note gaie nécessaire
à toute réunion pugilistique.
Celui qui ne paie pas sa place ne man-
que pas d'intérêt, je parle pour le médecin,
- non pour l'organisateur. Chassé de sa chaise
sans aucun amour-propre, il reparaît à une .
: autre ; .placer presque toujours au premier
rang. bans le style sportif on l'appelle le
resquilleur. D'ailieurB. les autres ont telle-
ment l'habitude de le vr4z qu'il devient
une néceséité. Toutes les ruses lui sont
bonnes. Vous n'avez pas connu le specta-
teur garçon de café ? Affublé d'un tablier
blanc et portant religieusement un superbe
plateau avec deux ou trois consommations
passe, pressé, devant le contrôle, pour dis.
paraître dans les couloirs. Il a caché eon
plateau sous sa veste et son tablier dans
l'a. poche. Personne ne lui a jamais de-
mandé d'explication. Vous n'avez pas connu
Pladncr faisant sa culture physique
le spectateur vêtu d'une redingote et qui
s'installait à la. porte pour prendre les bil-
lets ? Il connaît tous les habitués. Sourires
et poignées de mains ne lui coûtent rien.
Il ne craint pas de conseiller ses collègues
sur les différents trucs de ses collègues
resquilleurs. Au deuxième combat, il a dis-
paru, il est quelque part dans la salle.
Mais, parmi tous, il existé un type de spec-
tuteur que je qualifierai de spectateur ner-
veux. Je me rappelle d'un certain que
j'avais dénommé « l'ambassadeur » à cause
de son allure générale et aussi parce que
cette expression définissait bien ma pensée.
Bien habillé, timide, il passe avec de gran-
des conrbett08 et se confondant en excuses
devant les personnes de la même rangée,
et regagne dignement son fauteuil. Ses yeux
" semblent morts sous ses lunettes d écaillé
et il ne parle jamais. Tout à coup, le gong
résonne, « l'ambassadeur » s'est transforme
subitement. ' Ses yeux s 'illuminent, son
front chauve ruisselle, il mâche ses longues
moustaches tombantes. Il se balance de
gauche a droite, encaisse avec de terribles
grimaces. Son excitation est telle qu'il sai-
sit les .genoux de ses voisins. Je vous af-
firme qu'il souffre, car il n'est plus à sa
place, il s'est extériorisé sur le ring, pour
lui toute la salle a disparu. Après le round,
tout rentre dans le calme, il ne communi-
que pas ses impressions. Il est seulement
un peu étonné de la curiosité qu 'il suscite
et ne comprend pas les sourires et les re-
gards de ceux qui se sont amusés à ses
dépens. Pauvre « ambassadeur Je ne là.
vois plus. A-t-il peur de ses tics nerveux
et du ridicule ?
Mais il en existe encore beaucoup, no
serait-ce que le manager qui boxe en même
temps que son. homme avec un visage expri-
mant, à l'encontre de « l'ambassadeur »,
le double intérêt qu'il lui porte. Il existait
- aUSSI un garde municipal, maie cette his-
toire est tellement connue...
Vous voyez que, dans une réunion de
boxe, il n'y a pas toujours que les combats
qui soient intéressants. Il y a auesi le bon
public. Dans cette assistance si variée, où
se réunissent tant d'individus, toutes les
passions humaines s'y donnent rendez-vous
soua des jours différents. La boxe est un
peu l'image de la vie. Nous aimons assister ^
à un combat avec autant d'intérêt qu'à la
lutte perpétuelle qui caractérise nos actes
quotidiens. Tous ceux qui sont autour du
ring nous les rencontrons; tous les jours
dans la rue, jusqu'au petit homme nerveux
qui souvent nous conduit avec de grands
gestes, des éclats de voix à l'adresse de
l'être de ea pensée extériorisée, sans se
douter de l'existence de ceux nui le. rR-
gardent. — Docteur
Taubmann.
Le oéant Primo Cornera - " 1
Les rugbymen et la boxe
. Deux sports reposant tous deux sur des
qualités athlétiques à peu près semblables,
deux sports qui 6'apparentent sur bien des
points, car tous deux nécessitent souffle,
vitesse, puissance poussés à un degré supé-
rieur. Qu'on ne pousse pas plus loin la com-
paraison cependant en cherchant à préten-
dre que le rugbyman utilise sur le ground
les coups autorisas eur le ring, et que le
boxeur adopte le truquage, l'obstruction et
les coups interdits en salle presque admis
sur le terrain. Non, le genre d'entraîne-
ment, le développement de qualités athléti.
ques nécessaires pour briller ici et là. seuls
sont comparables. Mais une affinité de sen-
timents, un même penchant pour l'effort
violent rapprochent rugbymen et boxeurs,
qui cherchent souvent à escalader la bar-
rière qui sépare ces deux sports, suprême-
ment athlétiques.
Lorsqu'on demandait à Georges Carpent
t:er quel était le sport qu'il préférait, il ré-
pondait :
« Le rugby est le plus beau de tous.
mon rêve aurait été de devenir internatio-
nal de rugby. »
Celui qui fut champion du monde dési-
rait briller au premier plan dans ce I3port
du rugby, * qu'il pratiqua avec beaucoup
d'éclat sous les couleurs du S.C.U.F. comme
trois-quart aile en 1918 et 1919. D'autres
grands boxeurs jouèrent au rugby, Dempsey,
et Tunney, notamment. '
Et si l'on envisage le problème par l'au-
tre bout de la lorgnette, on rencontre de
nombreux rugbymen-boxeurs. L'internatio.
nal Coscoll fut champion du Languedoc et
champion de France des poids welters, l'in-
ternational Bavard fut champion des Pyré..
nées; Loury, finaliste du Championnat de
Paris, et actuellement deux de nos meil-
leurs avants, le Catalan Galia et le puis-
sant Parisien Herzovitch s'entraînent pour
disputer les Championnats amateure. Je ne
cite que quelques noms, Ies_ plus connue,
mais que de rugbymen qui aiment la boxe,
la pratiquent avec enthousiasme et espè-
rent - des succès retentissants ^ entre les
quatre cordes du ring. Espoir d'ailleurs de
. courte durée le plus souvent.
Une gracieuse attitude de PladnGt
faisant sa culture physique
avant lu limite.
La tâche de Plaliner sera donc, cn face
d'un tel adversaire, une des-plus diffici-
les qui puissent lui être demandées ac-
tuellement.
Samedi, devant des milliers de specta-
teurs, le champion de France et d'Eu-
rope va défendre le prestige de notre pu-
gilisme, comme l'ont défendu les Carpen-
tier, les Routis sur d'autres rings Et,
comme eux, il veut battre un champion
du monde.
Les milliers de spectateurs qui vont
assister au match Sohwartz-Pladner vi-
breront aux phases d'un combat émou-
vant, qui mettra aux prises deux cham-
pions combattant non seulement pour la
suprématie mondiale de leur catégorie,
mais aussi pour affirmer la supériorité
de leur race, de leur nation, orgueilleuse
sans chauvinisme, de voir- leur représen-
tant réaliser un. magnifique; exploit
sportif.
A. Dethès.
Impressions rapides
sur Izzy Schwartz et Pladner
Lorsque le Íeune Isaac Sohwartz. qui était
alors petit employé de commerce chez un de
ses. coreligionnaires de New-York, dans le
" quartier de Harlem, décida — peut-être
'fatigué de la médiocrité-de son existence —
de s'engager comme fantassin dans l'armée
américaine, il pensait bien peut-être gagner
le plus tôt, possible les salons de caporal.
. mais sans doute n'espérait-il en aucune fa-
çon qu'il deviendrait à bref délai. cham-
pion du monde de, boxe.
-■ Et c'est au régiment, eomme toute. qu'il
fit ses débuts dans le sport, chose qu'li
ignorait complètement alors qu'il se débat-
tait pour assurer sa « matérielle n Quoti-
dienne dans le quartier par trop populçji*
où le hasard de !a vie l'avait fait échouer.
Mais le petit, bonhomme était admirable-
ment doué physiquement et de plus — c'est
t& uns qualité essentielle de Ea race — il
était Armé d'une volonté insurmontable.
Avisai il brilla rapidement dans les quelques
sports auxquels il ee mêla, fut excellent en
natBtion. fort adroit — quoique un peu lé-
6fer — en base-bail et fut remarquable en
boxe.
Si remarquable même qu'il s'y adonna
avec une ardeur et une application toutes
spéciales et démobilisé en 1922, il jugea
qu'il avait de suffisantes aptitudes pour ga-
gner confortablement sa vie comme boxeur
et il passa professionnel. On ne saurait dire
qu'il n'eut pas une idée géniale lorsqu'il
prit cette décision.
•En moins de cinq ans, il fut champion
du monde...
-X
Quand nous 10 vîmes arriver l'autre iour
d'Amérique, il nous produisit une assez
curieuse impression. Ce champion du monde
n'avait rien de ce que nous attendions.
Sans avoir préparé une de ces arrivées qui
en imposent toujours quelque peu. il vint
à nous très simplement et employa cc les
mots de tout le monde J). Aucun abor;] no
pouvait être plus charmant, plus sympathi-
que aussi.
Et souriant, assez drôle et spirituel dans
ses expressions. Izzy Schwartz nous appa-
rut comme un ieune homme fort intelligent
et très malin, pas timide pour deux sous et
point gêné dans ses entournures, comme m '
spécimen enfin, venant d'Amérique de ce.
que l'on appelle chez nous un « titi )J pari-
sien. Mais dans le ring ce fut bien autç
chose. L'homme était revenu sous son véri-
table iour, sous celui dont la renomméç
nous avait déjà donné maints détails ; en
un mot c'était bien le champit du monde
de sa catégorie que nous avions devant
nous : Izzy Schwartz. successeur au trône
mondial des poids mouche, de Pancho Villa,
Fidel la Barba et .r-r"twrsboy Brown.
C'était celui, en un mot, devant lequel
Pladner va disputer le « combat de sa vie JJ.
x
A côté de cette forte personnalité du
« Corporal » Izzy Sohwartz, celle de Plad-
ner apparaîtra peut-être un peu moins pro-
noncée. Mais cela tient surtout au caractère
timide et assez peu bruyant de notre cham-
pion de France.
Pladner va dans la vie son petit bon-
homme de chemin. Il fait son métier avec
goût, mais surtout avec conscience et appli-
cation. et si on l'a comparé bien souvent à
un écolier studieux, c'est que rien ne pou-
vait plus parfaitement le situer.
Tel nous l'avons connu alors qu'il n'était
qu'un petit boxeur sans grand relief, arri-
vant de sa province, tel nous le retrouvons
aujourd'hui à la veille de la tâche la plus
fantastique qu'il ait iamais eue à affronter.
Mais il la considère avec un courage tran-
quille parce qu'il sait ce qu'il peut atten-
dre de lui-même, parce qu'il a confiance
dans ses moyens qui ne l'ont jamais trahi
iis«qu'ici. parce qu'enfin il s'en remet com-
plètement pour tout son travail et pour
tous ses soucis fougilistiques à son massa-
ger Louis de Ponthieu, qui, patiemment,
a su l'amener aux sommets où il se trouve
actuellement.
Et les yeux fermés, Pladner suivra de
PentbÍeu comme il l'a toujours fait et il
irait d'e la sorte au bout du monde s'il le
fallait, car il a eu le bon sens de s'en re-
mettre aux conseils de l'ancien et de ne pas
sortir de cette politique.
- Mais n ';:ti-ie pas dit que Pladner était uno
sorte d'écolier studieux '? Et ce ne serait
pas, on l'avouera. le moment qu'il changeât
de méthode à l'instant où il va devoir livrer
dans le fins d'a Vél' d'Hiv' la plut» formi-
. dable bataille de ea carrière.
JEFF DICKSON
Jeff Dickson débuta dans la boxe comme
spectateur. Habitué de toutes les réunions
pugilistiques à Paris et à Londres, Dickson
résolut un jour d'organiser lui-même, pour
s'offrir les matches de son choix. Et c'est
ainsi qu'il y a quatre ans, il devint acqué-
reur des organisations de Manitot.
A il début, son dilettantisme se heurta à
des réalités qui lui coûtèrent parfois cher,
mais persévérant, tenace, sportif, business-
man, il appliqua des méthodes d'organisa-
JEFF DICKSON
... tion qu'il crut bonnes et qui le sont, puis-
qu'elles ont donné de bons résultats, tant
sportifs que financiers.
Jeff Dickson voit grand, très grànd, en
matière pugilistique. C'est un audacieux,
mais ses audaces sont tempérées par un sens
des réalités, une psychologie qui lui ont
permis de faire de Paris la capitale dit
pugilisme européen.
Le match Izzy Schwartz-Pladner semble-
rait devoir marquer le point culminant de
ses possibilités d'organisateur. Semblerait,
disons-nous, car avec Dickson on ne sait
jamais où peuvent s'arrêter ses possibilités.
Pour ceux qui ne connaissent pas Jeff
Dickson, silhouettons-le en quelques mots :
Bâti en athlète, élégant, verbeux, parle le
français avec l'accent du Mississipi. Ne
compte que des amis pai/ni ceux qui le
connaissent complètement. Travaille dix
heures par jour et beaucoup plus les jours
de réunion. Apporte à organiser ses pro-
grammes un souci sportif qui prime parfois
le souci de la recette, mais en est récom.
pensé par la confiance du public.
La garde d'Izzy Schwart*
Quand on regarde
les spectateurs
Ne vous est-il jamais arrivé, au cours1 |
d'une réunion de boxe, de regarder les j
spectateurs ? J'avoue que tout en m'intéres-
sant au combat, je ne déteste pas étudier
les différentes expressions de mes contem-
porains. S'il m'était possible de connaître
leur tempérament, leurs tares héréditaires
Et; leur état de santé, je pourrais presque de-
viner leurs pensées et aussi leur pronostic.
Chacun juge selon ses sympathies, ses ins-
tincts, et parfois sa digestion. Chacun ex-
plique à son voisin qu'il ne connaît pas
les coups qu'il croit connaître Le specta-
teur, en principe, désigne le vainqueur avant
le combat ; aussi les coups effectifs de ce-
lui que 'ses préférences ont désigné frap-
pent son imagination, l'adversaire dispa-
raît dans l'ombre, et il est, la plupart du
temps, très étonné lorsque la décision lui
donne tort. De là, la plupart des protes-
. cations, l'animosité contre les juges les
cris et les injures. Parmi tous les, passion
nés de la lutte pugilistique, la ligne de dé-
marcation est très nette entre ceux qui
payent leur place et ceux qui rentrent sans
bourse délier. Les premiers, très élégants,
de smokings vêtus, accompagnés de belles
dames parées de bijoux et de fourrures de
prix, ne protestent jamais apparemment.
Calmes, ils assistent au spectacle pour voir
et être vus. : L'Américain, plus exubérant,
simule dans sa langue natale le boy fran-
çais, qui ne le comprend pas, tandis que
des populaires tombent quelques réflexions
en langage peu châtié qui. ne manquent
pas d'à-propos, ni d'esprit, et qui jette
dans l'atmosphère la. note gaie nécessaire
à toute réunion pugilistique.
Celui qui ne paie pas sa place ne man-
que pas d'intérêt, je parle pour le médecin,
- non pour l'organisateur. Chassé de sa chaise
sans aucun amour-propre, il reparaît à une .
: autre ; .placer presque toujours au premier
rang. bans le style sportif on l'appelle le
resquilleur. D'ailieurB. les autres ont telle-
ment l'habitude de le vr4z qu'il devient
une néceséité. Toutes les ruses lui sont
bonnes. Vous n'avez pas connu le specta-
teur garçon de café ? Affublé d'un tablier
blanc et portant religieusement un superbe
plateau avec deux ou trois consommations
passe, pressé, devant le contrôle, pour dis.
paraître dans les couloirs. Il a caché eon
plateau sous sa veste et son tablier dans
l'a. poche. Personne ne lui a jamais de-
mandé d'explication. Vous n'avez pas connu
Pladncr faisant sa culture physique
le spectateur vêtu d'une redingote et qui
s'installait à la. porte pour prendre les bil-
lets ? Il connaît tous les habitués. Sourires
et poignées de mains ne lui coûtent rien.
Il ne craint pas de conseiller ses collègues
sur les différents trucs de ses collègues
resquilleurs. Au deuxième combat, il a dis-
paru, il est quelque part dans la salle.
Mais, parmi tous, il existé un type de spec-
tuteur que je qualifierai de spectateur ner-
veux. Je me rappelle d'un certain que
j'avais dénommé « l'ambassadeur » à cause
de son allure générale et aussi parce que
cette expression définissait bien ma pensée.
Bien habillé, timide, il passe avec de gran-
des conrbett08 et se confondant en excuses
devant les personnes de la même rangée,
et regagne dignement son fauteuil. Ses yeux
" semblent morts sous ses lunettes d écaillé
et il ne parle jamais. Tout à coup, le gong
résonne, « l'ambassadeur » s'est transforme
subitement. ' Ses yeux s 'illuminent, son
front chauve ruisselle, il mâche ses longues
moustaches tombantes. Il se balance de
gauche a droite, encaisse avec de terribles
grimaces. Son excitation est telle qu'il sai-
sit les .genoux de ses voisins. Je vous af-
firme qu'il souffre, car il n'est plus à sa
place, il s'est extériorisé sur le ring, pour
lui toute la salle a disparu. Après le round,
tout rentre dans le calme, il ne communi-
que pas ses impressions. Il est seulement
un peu étonné de la curiosité qu 'il suscite
et ne comprend pas les sourires et les re-
gards de ceux qui se sont amusés à ses
dépens. Pauvre « ambassadeur Je ne là.
vois plus. A-t-il peur de ses tics nerveux
et du ridicule ?
Mais il en existe encore beaucoup, no
serait-ce que le manager qui boxe en même
temps que son. homme avec un visage expri-
mant, à l'encontre de « l'ambassadeur »,
le double intérêt qu'il lui porte. Il existait
- aUSSI un garde municipal, maie cette his-
toire est tellement connue...
Vous voyez que, dans une réunion de
boxe, il n'y a pas toujours que les combats
qui soient intéressants. Il y a auesi le bon
public. Dans cette assistance si variée, où
se réunissent tant d'individus, toutes les
passions humaines s'y donnent rendez-vous
soua des jours différents. La boxe est un
peu l'image de la vie. Nous aimons assister ^
à un combat avec autant d'intérêt qu'à la
lutte perpétuelle qui caractérise nos actes
quotidiens. Tous ceux qui sont autour du
ring nous les rencontrons; tous les jours
dans la rue, jusqu'au petit homme nerveux
qui souvent nous conduit avec de grands
gestes, des éclats de voix à l'adresse de
l'être de ea pensée extériorisée, sans se
douter de l'existence de ceux nui le. rR-
gardent. — Docteur
Taubmann.
Le oéant Primo Cornera - " 1
Les rugbymen et la boxe
. Deux sports reposant tous deux sur des
qualités athlétiques à peu près semblables,
deux sports qui 6'apparentent sur bien des
points, car tous deux nécessitent souffle,
vitesse, puissance poussés à un degré supé-
rieur. Qu'on ne pousse pas plus loin la com-
paraison cependant en cherchant à préten-
dre que le rugbyman utilise sur le ground
les coups autorisas eur le ring, et que le
boxeur adopte le truquage, l'obstruction et
les coups interdits en salle presque admis
sur le terrain. Non, le genre d'entraîne-
ment, le développement de qualités athléti.
ques nécessaires pour briller ici et là. seuls
sont comparables. Mais une affinité de sen-
timents, un même penchant pour l'effort
violent rapprochent rugbymen et boxeurs,
qui cherchent souvent à escalader la bar-
rière qui sépare ces deux sports, suprême-
ment athlétiques.
Lorsqu'on demandait à Georges Carpent
t:er quel était le sport qu'il préférait, il ré-
pondait :
« Le rugby est le plus beau de tous.
mon rêve aurait été de devenir internatio-
nal de rugby. »
Celui qui fut champion du monde dési-
rait briller au premier plan dans ce I3port
du rugby, * qu'il pratiqua avec beaucoup
d'éclat sous les couleurs du S.C.U.F. comme
trois-quart aile en 1918 et 1919. D'autres
grands boxeurs jouèrent au rugby, Dempsey,
et Tunney, notamment. '
Et si l'on envisage le problème par l'au-
tre bout de la lorgnette, on rencontre de
nombreux rugbymen-boxeurs. L'internatio.
nal Coscoll fut champion du Languedoc et
champion de France des poids welters, l'in-
ternational Bavard fut champion des Pyré..
nées; Loury, finaliste du Championnat de
Paris, et actuellement deux de nos meil-
leurs avants, le Catalan Galia et le puis-
sant Parisien Herzovitch s'entraînent pour
disputer les Championnats amateure. Je ne
cite que quelques noms, Ies_ plus connue,
mais que de rugbymen qui aiment la boxe,
la pratiquent avec enthousiasme et espè-
rent - des succès retentissants ^ entre les
quatre cordes du ring. Espoir d'ailleurs de
. courte durée le plus souvent.
Une gracieuse attitude de PladnGt
faisant sa culture physique
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