Titre : L'Auto-vélo : automobilisme, cyclisme, athlétisme, yachting, aérostation, escrime, hippisme / directeur Henri Desgrange
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-05-06
Contributeur : Desgrange, Henri (1865-1940). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327071375
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 mai 1928 06 mai 1928
Description : 1928/05/06 (A29,N10004). 1928/05/06 (A29,N10004).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4632438h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-248
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/12/2016
L'Auto
•• ••
/
; Rédaction, Administration, Publicité : \
! 10, ru? du Faubourg-Montmartre, PARIS I
1 4e 5e 6e 2e 3e 1re ligne Provence 49-14 •
2e ligne Provence 53-82 î
3o ligne Central 27-68 •
4ee ligne Central 28-12 ;
5e ligne . Central 28-56 •
60 ligne Inter Spécial 8-15 i
• Adresse Télégraphique : Vélauto-Paris ;
j DEUX FILS SPÉCIAUX j
î Directeur-Rédacteur en chef : •
i HENRI DESGRANGE j
AUTOMOBILE, AÉRONAUTIQUE, CYCLISME, BOXE. ATHLÉTISME & TOUS LES SPORTS
/
7 Le numéro : 25 centimes \
: BELGIQUE a 30 centimes % •
: 291, ANNEE - N' 10.004 -- QUOTIDIEN j
j Dimanche 6 Mai 1928 j
! ABONNEMENTS •
; 3 mois 6 mois 1 an *
ï Seine et Seine-et-Oise..... 21 fr. 42 fr. 80 fr. !
; Départements et Colonies. 22 fr. 43 fr. 82 fr. •
• Belgique (francs belges) 130 fr. :
î Étranger I Union postale 35 fr. 70 fr. 140 fr. *
î ë. ( Autres pays.. 50 fr. 100 fr. 200 fr. î
î On s'abonne dans tous les bureaux de poste •
; Compte chèques postaux 1154-58 :
LES CONTES DE « L'AUTO »
L'EPOUVANTE
Quand j'arrivai à San-Francisco, après
avoir laissé au fond des placers mon ar-
gent et mes illusions, le problème de la.
vie se posa pour moi terrible.
Je fus, tour à tour, débardeur, peintre
de navires, égoutier, cow-boy dans un
. cirque, policeman, garçon de restaurant,
boxeur et ouvreur de portières. Le plus
beau de ces métiers ne me convint pas
plus de trois semaines.
Je me retrouvai sans un penny et dé-
sespéré. Alors, profitant d'une occasion
et d'un camarade obligeant, je réussis à
me faire embaucher comme mécano à
bord d'une Pacific sur la ligne Frisco-
Denver. Je ne pouvais pas me permettre
de choisir!
J'avais vécu quelque temps dans le
ventre d'un steamer. Mes capacités se
bornaient, exactement, à charger du
charbon, torse nu, à l'enfourner d'un
mouvement économique dans la gueule
du foyer. C'est dire que les locomotives
représentaient pour moi une espèce de
monstre d'apocalypse. Je priais le ciel et
tous les saints, en grimpant l'échelle de
fer, que nul accident ne survînt à la
machine, au moins pendant les premiers
jours... f
,Mon compagnon, le chauffeur ?. Un
type sans âge, à cheveux roux, qui tous-
sait efr- crachait de travers dans un mou-
choir à carreaux.
« C'est vous le nouveau ? me- dit-il.
Sur quoi avez-vous roulé ?
— Euh! Euh!... J'ai fait plusieurs ma-
chines. Mais des petites! La Pacifie, j'ai
besoin de me familiariser...
— Sacrée Compagnie! grogna-t-il entre
ses dents. Ça ne sait même pas qui ça
vous colle... Sans examen... sans rien...
A quoi êtes-vous bon ? Renverser la va-
peur, actionner la sirène ? Régler les
soupapes ?
,- Pardi! » fis-je, avec conviction.
Il ne me tendit qu'alors la main.
« Go on, boy! Regardez-moi faire, au-
jourd'hui. Vous chargerez le charbon,
attiserez le feu. Demain, nous repren-
drons nos rôles. »
Dans une explosion de vapeur blanche,
la locomotive arracha sa charge, s'é-
branla...
..........
Deux heures plus tard, comme nous
roulions, à soixante milles, mon associé
s'aventura, burette en mains, sur la pas-
serelle circulaire. Il y resta quelques ins-
tants. Puis — nous avions dépassé un
pont de voliges — je vis voler au-dessus
-de ma tête une boule noire qui s'abattit
dans le tender. C'était la tête; la tête du
chauffeur décapité.
Je sautai sur la passerelle. Du corps ?
Plus rien. Enlevé comme par enchante-
ment. Pas une goutte de sang sur le cui-
vre, le fer de la Pacifie. J'aurais cru
rêver, si la tête... la tête au cou broyé...
aux yeux révulsés...
' Alors,- tandis que me pénétraient peu
à; peuplus affreuse encore fit sombrer en moi
tous autres sentiments... J'étais seul, à
bord de la machine, avec, derrière moi,
dans mon dos, dix-huit wagons bondés.
Et je ne pouvais ni arrêter, ni freiner, ni
conduire... J'étais devant mes tableaux,
mes manettes, mes aiguilles, comme un
gosse devant un poste de T.S.F... J'avan.
çais la main, puis la retirais... Je t-ou-
chais un volant et ne savais point dans
quel sens il devait tourner.
Le train, mon train, bousculant l'es-
pace, filait comme un tonnerre. Après la
prairie poussiéreuse, nous avions attaqué
des collines... bientôt des montagnes...
Dans les courbes, le convoi, trop rapide,
s'inclinait dangereusement hors des rails.
J'aurais dû freiner... Freiner ?... Com-
ment ? Un tunnel se précipita. Je lus,
dans le noir, aveuglé par la fumée, titu-
bant sur ma plate-forme, ivre de déses-
poir.
Le jour revint. Mon train fou allait
comme un cheval sauvage. La tête, dans
le tender, semblait rire. Derrière moi,
une sonnerie. Puis une autre, une autre.
Signaux d'alarme... Les voyageurs ! Je
les imaginais, affolés de coutse mortelle,
agrippés aux fenêtres, muets ou hur.
lants...
Je jetai de l'eau sur le foyer. Tant de
vapeur bouillante me sauta à la figure
que je reculai...
Nous arrivâmes à une gare... Je dis.
tinguai, en un éclair, les employés qui
levaient les bras, des coups de sifflet...
' Sous mes roues, des pétards claquèrent.
Je devenais fou !
Et cela dura, dura. Je m'étais accroupi
sur un seau renversé, la tête dans mes •
mains. Je pensais : « Quand il n'y a plus
d'eau, la machine éclate... Où met-on de
l'eau ? Les indicateurs de pression, où
sont-ils ? »
Je songeais, encore, à sauter, à laisser
mon train foncer dans l'aventure. Ou
bien je voulais mourir, me jeter dans la
flamme... Nous montions, toujours. Cô-
toyant des précipices. S'étayant à des
falaises. Tunnels sur tunnels. Les sonne.
ries ne retentissaient plus. Le train avait
roulé • ùn moment, freins serrés ; et
j'avais eu espoir. Mais les employés,
fuyant un mal pire, avaient dû libérer les
roues comme elles tournaient au rouge.
,La flèche damnée, feu mourant, vapeur
à bout, s'agrippait au flanc des monts.
Ce que j'ai pu souffrir! Derrière moi,
les vies humaines; derrière moi, la tête
décapitée. Je me surpris à lui parler, à
la tête exsangue, à lui dire : « Enfin,
mon vieux, dites-moi... je vous en sup-
plie; dites-moi... Comment arrêter ? »
Enfin, un éclair de raison surnagea...
Je me souvins... Pour siffler, au départ,
le mort avait tiré sur une poignée de
fer... La vapeur, alors, en panache
blanc... Je tirai, de toutes mes forces.
Longtemps, une heure peut-être, je me
crispai sur la poignée. La sirène, dans
mes oreilles,' inscrivait comme un hur-
lant taraudage. Des millions d'ondes so-
nores perçant mon tympan peu à peu...
Mais, aussi; je sentais, force éteinte, que
la Pacifie renâclait, ralentissait. Nous re-
trouvions la plaine. Mon Dieu i La ma-
chine, sur l'infini de platitude, allait
s'arrêter, calmée. Sans reculer... sans
dérailler... sans nous perdre...
Elle s'arrêta. Je m'évanouis...
............
« Ce que tu as failli être lynché, toi,
par les voyageurs! » me dit un postier,
dans le fourgon. « Tu en as eu de la
veine l Si on n'avait pas trouvé la tête
de l'autre... Ça leur a fait peur! »
Le train repartait. Par la porte du
fourgon coulait un paysage toujours pa-
reil, sans un arbre, sans une maison. Je
ne pouvais plus, je ne pouvais plus res-
ter .là. L'horreur des roues, des rails,
des bielles ! Je m'approchai, titubant, du
* marche-pied. D'un bond, devant le cama-
rade ahuri, je sautai...
C.-A. GONNET.
LA RUÉE VERS LE PARC DES PRINCES
Pico
Le Tout=Paris sportif viendra acclamer
cet après=midi au Parc des Princes
les triomphateurs du 34e Bordeaux=Paris
Un véritable programme de « gala » encadrera les arrivées des « Rois de la Route ». — Le Grand Prix de
Bordeaux-Paris de demi-fond derrière grosses motos avec cinq grands As du sport derrière moteurs :
Linart, Grassin, Moeller, Sérès et Tollembeek. — Le Prix Marcel Cadolle, en Omnium,
avec Blanchonnet, Raynaud, Marcillac et Faudet.
Depuis hier soir, la bataille est engagée
sur la route glorieuse qui, de Bordeaux à
Paris, vit sa dérouler quelques-uns, pour ne
pas dire la majeure partie, des plus beaux
épisodes de l'histoire du sport cycliste sur
route.
Quatorze champions, parmi les meilleurs,
parmi les plus valeureux, se sont élancés
hier, à 18 h. 30, de la capitale du Sud-
Ouest, chacun d'eux portant au fond du
cœur le secret espoir d'arriver à Paris en
triomphateur.
Toute la nuit, ils ont bataillé, sans fai-
blesse. Ce matin, les bords de la Loire les
auront vus poursuivre leur tâche avec la
toujours même ardeur. A Orléans, les en-
traîneurs les attendent qui vont les emme-
ner à toute vitesse vers Paris. Et ce n'est
seulement que cet après-midi, au Parc des
Princes, qu'ils en termineront avec leur
rude tâche.
C'est, en effet, comme à l'habitude, sur
la grande piste d'Auteuil que se terminera
la plus formidable des courses annuelles
sur route en une seule étape. Arrivant au
vélodrome en pleine bataille encore, ^ les
concurrents du « Derby de la route » péné-
tire.ront sur la piste où ils auront, selon le
règlement, la ligne droite entière, plus un
tour complet, à couvrir, avant que ne soient
acquis les résultats de la 34e édition de la
doyenne des grandes épreuves cyclistes sur
route.
Verrons-nous une arrivée au sprint ?
Lorsque nous disons que nous verrons ar-
river les « Bordeaux-Paris » « encore en
pleine bataille », cela laisse envisager la
possibilité d'une arrivée au sprint 1 La chose ,
est même, à la vérité, plus que probable 1 ]
En ces deux dernières années, en effet,
avec la prise des entraîneurs à Châtelle-
rault, et malgré une bataille fulgurante
jusqu'à Paris, la victoire ne s'est décidée
que sur la piste même du Parc des Princes.
Il y a deux ans, ce fut Adelin Benoit qui
l'emporta sur un peloton de cinq hommes ;
l'an dernier, ce fut" Ronsse qui triompba
d'un groupe de six hommes.
Cette année, avec la prise des entraîneurs
à Orléans, et en dépit de l'âpreté certaine
de la lutte sur la dernière partie du par-
cours, il est presque normal d'envisager
une arrivée au sprint. Ce ne sont certes pas
les sportsmen parisiens qui s'en plaindront,
car c'est toujours un véritable régal sportif
que ce dernier effort des concurrents de
Bordeaux-Paris, s'empoignant farouchement,
muscles bandés, toute volonté tendue, sur
le dernier tour de piste, pour se disputer,
en un suprême effort, l'honneur d'inscrire 1
leur nom au glorieux palmarès du « Derby
de la route ». Ce pourquoi, il ne fait pas
ERICH M(ELLFR ;
~- le fameux crack allemand dv demi-fond
derrière moteurs 1,
de doute que ce sera, comme à l'habitude,
la grande foule des sportsmen parisiens qui
accueillera, en l'immense ; et magnifique
arène d'Auteuil, les triomphateurs du 34e
Bordeaux-Paris.
Les sportsmen parisiens choisiront d'ail-
leurs d'autant mieux le Parc des Princes
pour aller applaudir, cet après-midi, les
Rois de la Route que la direction de la
grande piste d'Auteuil a mis sur pied, à
cette occasion, un programme superbe en-
tre tous et qui mente, à lui seul, de jUlsti-
fier le succès certain qui attend la réunion.
(Voir la suite en rubrique cycliste.)
Hier soir, à 18 h. 30, au milieu d'un enthousiasme délirant
quatorze grands routiers ont quitté Bordeaux
Ils roulent maintenant vers Paris
Les résultais de Bordeaux-Paris
à la Salle de Dépêches de " l'Auto "
i
A l'occasion de Bordeaux-Paris, notre
Salle des Dépêches sera ouverte, aujour-
d'hui dimanche, au public,- dès 8 h. 30 du
matin.
Dès que nous recevrons les dépêches des
contrôles, nous afficherons les résultats de
la grande bataille sportive.
ATTENTION !
Nous nev laisserons entrer sur la piste et
la pelouse, au Parc des Princes, avec les
coureurs, que les seules voitures ayant été
officiellement déclarées à l'Auto, et, mu-
nies de l'insigne spécial de notre journal.
La journée d'hier à Bordeaux
La pluie tombe, et le temps demeure
menaçant
Bordeaux, 5 mai (par dépêche de notre
envoyé spécial j. — Arrivé la nuit dernière
à Bordeaux par une nuit splendide, un ciel
sans nuages, une lune d'une blancheur
immaculée, j'eus la désagréable surprise,
en me réveillant ce matin, d'entendre tom-
ber la pluie. Le mauvais temps allait-il
donc venir jeter une note triste dans cette
belle fête du sport cycliste qu'est ici le dé-
part de Bordeaux-Paris ? •
A l'heure où je vous télégraphie, je me
suie repris à espérer, car la matinée a vu
de larges éclaircies magnifiquement enso-
leillées, et je veux croire que les dépêches
de notre bon camarade Bardot, qui vous
donneront le compte rendu du départ, vous
apporteront en même temps la certitude
que le temps aura bien voulu favoriser le
départ de la 34e édition du « Derby de la
Route ».
Visite aux quartiers généraux
En attendant, j'ai voulu aller rendre vi-
site aux rois de la route et à leurs dirac-
teurs sportifs.
Alcyon et Automoto ont établi leur quar.
tier général à l'hôtel Lambert, qui touche
au contrôle même du départ. C'est sûre-
ment une combine pour griller leurs concur-
rents à la remise des dossards. Lorsque
j'arrive dans l'hôtel, la première personne
que je rencontre c'est Cuvelier, qui sort en
pyjama de la salle de bains, frais comme
une rose, et « Cucu » me dit sa volonté
d'essayer de justifier les espoirs placée en
lui.
Pan ! Pan !... « Entrez ! » Me voici dans
la chambre de Pierrard, qui fait sa barbe
tout en conversant avec notre confrère
Mausy, de la Dépêche de Toulouse. Pier-
rard est en maillot de corps violet, chaus-
settes violettes, pantoufles violettes. On
aime ses couleurs ou on ne les aime pas,
! n'est-ce pas ?
cc Tous tes hommes vont bien, lui deman-
dons-nous.
— Très bien, répond Pierrard, et je crois
bien que Ronsse a une folle envie de re-
mettre ça une deuxième fois. JJ
J'oubliais de vous dire que Pierrard est
arrivé ici avec un commencement de jau-
nisse, mais il ne veut pas se dégonfler, et
suivra la course malgré tout.
A la porte à côté, c'est Ludovic qui m'ac-
cueille, chaussette8 bleues, gilet de corps
bleu-ciel. Nos directeurs sportifs ont déci-
dément aujourd'hui des dessous bien élé-
gants!... Ludo me dit aussi que ses hom-
mes vont aborder la rude épreuve avec con-
fiance. Neuhard est un peu intimidé, mais
Dewaele, Delannoy et surtout Mertens,
sont pleins d'espoir.
Je file alors à l'hôtel Rolland, où J.-B.
Louvet a .installé son quartier général ;
Maisonnas n'est pas venu à Bordeaux. Il ne
pourra venir qu'à Tours ; mais M. Tissot,
qui représente « l'homme à la pipe JJ, me
conduit dans les chambres d'Hector Mar-
tin, de Delbecque, de Verschueren et de
Meunier. Tous sont en train de faire leur
toilette, 'tout en plaisantant avec Gaston
Debaets qui, avec Renard, soigne le team
vert et rouge. Meunier, dont on n'a peut-
être pas assez dit qu'il pourrait faire un
vainqueur de Bordeaux-Paris, respire la
grande forme à pleins pores.
Je trouve ensuite Alibert chez le repré-
sèntant d'Alléluia, M. Garon. Marcel Bi-
dot et Antonin Magne sont là, le sourire
aux lèvreff, attendant avec confiance la
grande bataille. Me voici maintenant re-
venu (il est midi) dans le centre, aux allées
de Tourny, où le patron du café du Com-
merce prépare sa terrasse et la table du
contrôle avec son tapis vert. Je rencontre,
sortant du restaurant d'à côté, les hom-
mes d'Alcyon et d'Automoto, qui viennent
de déjeuner.
« Déjà ! questionnons-nous ?
— Oui', répond Cuvelier, et on remettra
ça à 16 heures, car il faut faire provision
de calories.
— Oui ! oui ! c'est ça ! ponctue Van Slem-
brouck, en allumant une cigarette ; fai-
sons provision de calories. »
Le ciel s'est éclairci ; il fait moins lourd;
l'orage dans le ciel semble parti, miis
l'atmosphère qui enveloppe les adversaires,
les antagonistes du 34° Bordeaux-Paris, me
paraît, lui, être plus que jamais chargé
d'électricité. — Charles Joly. „
(Voir la suite en rubrique cycliste.)
On annonce que...
Pour l'organisation des J.O. de 1936,
suivant une déclaration du comte ' Baillet-
Latour, président du Comité International
Olympique, huit nations auraient déjà posé
leur candidature. Les villes envisagées se-
raient : Berlin, Rome, Barcelone, Buda-
pest, Alexandrie, Lausanne, Helsingfors et
Rio de Janeiro.
v
Rien de nouveau sons le soleil... On en-
visage actuellement, en Amérique, l'orga-
nisation à New-York d'une épreuve pédes-
tre de six jours, par équipes de deux cou-
reurs. *
x f
; Les boxeurs Harry Ma,son, Claney et
Kid Socks sont partis hier en Australie, où
ies - disputeront chacun, trois combats.
AVIRON
La Marne
a battu le Rowing
Une lutte longtemps indécise
Depuis longtemps, on n'avait pas eu l'oc-
casion d'assister à un match « Rowing-
Marne » aussi indécis et aussi émouvant.
Durant les 5 premiers kilomètres, il' fut
absolument impossible de dire qui serait
vainqueur,, tant la lutte était serrée, et
constant .le bord à bord. Et jusqu'au coup
de canon de l'arrivée, le Rowing donna
l'impression qu'il pouvait encore remonter
son adversaire. Ce n'est d'ailleurs qu'avec
moins de 3/4 de longueur que les Marnais
passèrent en vainqueurs la ligne d'arrivée.
Malgré quelques défaillances passagères,
il convient de rioter la belle tenue des deux
équipes. Il faut' avoir couru le grand
« MatcH » pour savoir la formidable dose
d'énergie que les rameurs doivent dépenser
dans une telle lutte, et le haut degré d'en-
traînement que les équipes doivent attein-
dre.
/F
Allô! Allô !
/tt Van Doornik, d'Amsterdam, vient
de passer commande de sa con-
duite intérieure, licence Weymann, à la
Carrosserie Vanvooren, de Courbevoie.
Il aime, pour les voitures vites, les car-
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^ ce nouveau député aurait été élu
au premier tour. Au milieu des réunions
les plus orageuses, il gardait toute son
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veau succès « Paris qui tourne », avec
Mistinguett, Spadaro, Earl Leslie, les
sœurs Mazza, Dandy et Carjol. Fauteuils
depuis 15 francs.
> Le Téléphoniste.
MARDI, 20 h. 30, au CIRQUE DE PARIS
HUMERY
Champion de France
contre
JOHNNY CUTHBERT
JACK WALKER contre VERMAUT
(Photo V. Henry).
LEONE JAOOV AGCI (alias Jack Waliter)
Une grande rencontre internationale se
disputera mardi sur le ring du Cirque de
Paris. Elle opposera Humery, champion de
France poids plume, à l'Anglais Johnny
Cuthbert. Humery, battu par k.-o. le 27 sep-
tembre dernier, tentera de prendre sa re-
vanche de cette défaite.
Le combat se présente des plus équilibrés
et doit nous procurer quelques émotions,
étant donné que notre champion se présen-
tera devant son vainqueur avec des moyens
supérieurs à ceux q'u il avait le jour où il
rencontra Humery pour la première fois.
Un deuxième grand match mettra aux
prises Leone Jacovacci (a,Ii.as Jack Walker),
un des meilleurs poids moyens européens,
et le mi-lourd Verma-ut.
Dur combat en perspective.
D'autres beaux matches compléteront le
programme de la soirée.
(Voir la suite er" rubrique Boxe.)
LES GRANDS MATCHES DE FOOTBALL
LA COUPE DE FRANCE
La finale a lieu aujourd'hui, à Colombes, entre
LE RED STAR OLYMPIQUE et le C. A. PARIS
(Coup d'envoi à 15 heures)
LES ÉQUIPES
RED STAR OLYMPIQUE @ C.A. PARIS
LEBRETON OUVRAY
WARTEL © J. LAURENT
MARTIN L. LAURENT
DIAZ a REGNIER
ESPANET BARON NICOLAS w BERTRAND GAUTEROUX BLANC
DOMERGUE ^ • FIDON
BROUZES ® LANGILLIER
CHANTREL QUENTIER
LUND © MAHIEU
Le grand match
Les deux valeureuses équipes du Red Star
Olympique et du Cercle Athlétique de Paris
sont prêtes pour l'ultime combat de li
Coupe 1928.
Egalement confiantes, ayant chacune de
nombreux partisans, elles veulent de toutes
leurs forces morales et physiques vaincre
et emporter la Coupe.
Le match final de la Coupe de France
revêt une grandeur et un caractère qui
fixent l'apothéose de cette magnifique
épreuve sur un piédestal très élevé, qui
domine toutes les autres compétitions spor-
tives ayant lieu entre Français au cours
de l'année sportive.
On a pu discuter et on discutera encore
des bienfaits et des méfaits de la Coupe.
Il n'empêche qu'elle a gagné ses galons de
haute lutte et qu'elle jouit, chez nous, d'une
faveur extraordinaire parmi les sportifs de
notre pays. Et cet après-midi, à Colombes,
sur ce stade Yves du Manoir, qui, depuis
1924, fut le théâtre des plus grandes mani-
festations sportives organisées à Paris j de-
vant une foule énorme et sympathique,
deux équipes parisiennes, au passé et au
présent brillants, vont se mesqrer loyale-
ment pour avoir l'honneur d'être la pre-
mière équipe française, celle qui a rem-
porté « la Coupe ».
Nous avons, cette semaine, envisagé le-
quel des deux adversaires avait le plus de
chances de vaincre, et cédant à une com-
paraison faite sur les derniers matches of-
ficiels joués par le Red Star Olympique et
le Cercle Athlétique de Paris, nous avons
laissé pressentir que le premier nommé
était notre favori.
Nous n'infirmerons pas ce fragile pro-
nostic, mais au fond de nous-même, nous
craignons pour lui. Pourquoi ? Parce que
la forme d'une équipe de football est très
capricieuse et qu on ne peut jamais être
LA COUPE ,
sûr d'elle. Et puis, dans un match aussi
important que la finale de la Coupe de
France, il faut compter avec les impondé-
rables, les moindres détails atteignent par-
fois une importance capitale. L'indisposi-
tion d'un joueur, la blessure d'un autre,
une circonstance malheureuse d,ns le jeu,
peuvent, sinon fausser le résultat de la ren-
contre, du moins faire pencher la balance
pour celui qui a le sort avec lui.
Le Cercle Athlétique de Paris est certain
de vaincre. Le Red Star Olympique ne
pense pas que la victoire puisse lui échap-
per. C'est beau la confiance!
Le match sera-t-il joli à voir, le jeu sera-
t-il égal ? Il est impossible de le prévoir,
l'état moral des joueurs étant la source
principale du bon et du mauvais.
Quoi qu'il en soit, on peut être assuré
que la rencontre sera très disputée, que
jusqu'au coup de sifflet final les vingt-
deux footballers présents sur le terrain don-
neront le meilleur d'eux-mêmes, feront ap-
pel à leur cœur et à l'amour de leurs cou-
leurs pour vaincre encore une fois, _ la der-
nière, et que le vainqueur aura pleinement
mérité la victoire.
La défense et l'attaque du Red Star
Olympique paraissent devoir être supérieurs
aux lignes arrières et offensives , du C.A. 1
Paris, mais ceci n'est pas une preuve abso-
lue que l'ensemble de l'équipe commandée
par Domergue doive dominer sa rivale.
Et puis quand même le Red Star Olym-
pique aurait l'avantage territorial, cela
n'implique pas que la marque sera en sa
faveur. Cependant nous pensons que dans
un tel match, les « ténors » ont une in-
. fluence particulièrement efficace; et nous
croyons que si Nicolas et Domergue sont
en belle forme... et calmes, le Red Star
Olympique doit vaincre. S. g. d. g., s'il
vous plaît.
Que nos bons camarades du C.A. Paris
ne prennent pas ombrage de ce timide pro-
nostic, leurs chances, à notre avis, existent
certainement, qu'ils les utilisent. ' Et puis
nous connaissons bien Michel Fontaine, il
dira : « Je ne suis pas favori, je gagnerai. »
— L. Gamblin.
(Voir la suite en rubrique Football.)
Le Stade Yves du Manoir' pendant la finale de la Coupe de France 1927 '
~ En médaillon ;(de gauche à droite) Fidon (C.A.P.), Langillier (C.A.P.), Brouzes, Baron, Nicolas et Diaz (R.S.O.).
NOS REPORTAGES
Une grande découverte
de M. de Pierrefeu
J 'aî depuis plusieurs annéea dans mon
bureau, en face de moi, un collègue qui,
]e puis le dire, est un ami. Nous nous en-
tendons parfaitement tous les deux, d'ail-
leurs comment ne pas s'entendre avec moi ?
j "ai un caractère en or. Mon ami aussi, il
est doux, réjoui, enjoué parfois, et ne 'dé..
teste pas l 'humour. Nous sommes en tous?
points parfaitement d'accord.
Seulement depuis quelque temps, je le
voyais arriver le matin, la. mine renfro-
gnée, c est à peine s'il me disait bonjour.,
11^ se plongeait dans son travail, eansi
même m'adresser la parole.
. Je me demandais ce qui pouvait motiver
cette mauvaise humeur, je cherchais à sa-
voir isi j'en étais la cause.
Aux questions que je lui posais, il ma
répondait par monosyllabes. Bref, la via
pour moi n'était plus tenable.
Un matin, n'y tenant plus, je décidais
de brusquer les choses et de lui poser nette-
ment la question de confiance.
C est alors qu'il m'apprit que je n'était
pour rien dans son hypocondrie, et que la
cause en était toute matérielle.
j'insistais pour savoir, il me ré.
pondit d un trait sans respirer, heureux de
cet aveu :
« Mon vieux, je n'en puis plus, c'est de..
venu ' pour moi un supplice de me raser.
je m ecorche, ma peau est en feu, je souf-
fre le martyre, j'en pleure et cela empoi'
sonne ma vie. »
J'avoue que j'avais fort envie de rire.
mais devant le sérieux de mon ami, je ma
retins Tout de même si comme il le pré..
tendait, sa vie était empoisonnée, je n'en'
étais pas la cause, et il empoisonnait la.
mienne.
Il ne cessait de me parler de sa peau et
de _ son rasoir, aussi cela devenait pour
moi une vraie barbe !
Notre existence se déroulait ainsi triste
et monotone, lorsqu'un jour, le hasard qui
'ait bien les choses, me mit sous les yeux
une lettre de M. de Pierrefeu, le littéra-
teur bien connu.
Cette lettre, adressée à M. Georges Ma'"
let, inventeur de la méthode nouvelle da
se raser, disait en substance à peu près
ceci :
« La reconnaissance me met la main à
« la plume en dépit de ma paresse. Mais
(ç votre méthode pour se raser, ce savon à
« trous, c'est tout simplement admirable.
(c Même les jours où le poil est rebelle, oil
« la peau neurasthénique s'abandonne on
« la dame a le cafard, on s'en tire fort
K bien, sans ennui, avec aisance.
ç( Merci de m'avoir initié à ces rites nou*
« veaux et bienfaisants.
« Signé : J. de PIERREFEU. »
En lisant cela, je m'écriai Yoilà le
Messie, voilà le Sauveur 1
J'arrivai dès le lendemain de bonnet
heure à mon bureau, et discrètement, ia
glissai la lettre eauveuse sur ia tabile dQ
mon collègue.
Celui-ci me dit un bonjour renfrogné du
bout des lèvres, appuyant son mouchoir
sur son menton ; la barbe avait dû être
encore ce matin-là plus douloureux, H
jeta- machinalement ûh regard sur n té,*'
meuse lettre, et levant sur moi m
mauvais, me dit :
« Qu'est-ce qui m'a fait cette 'blague ? t.
J'avouai humblement que j'en étais l'au'
teur, désireux de lui faire retrouver son
ancienne bonne humeur.- « M. de Pierre-
d'eu est un homme sérieux et sage qui ne.
peut tromper ses contemporains », ajoutait
le timidement.
Mais mon ami restant sceptique, MO
répond
,c Je ne crois pas à ces histoires, j'ai
essayé tout ce qui s'est fait jusqu'ici dans
ces. sortes de choses et n'ai jamais trou?é
de quoi me donner satisfaction. »
J'étais un peu ébranlé par cette j'açoa,
de penser, mais en raisonnant, je me per-
suadais à moi-même que de Pierrefeu était
trop sérieux pour avoir écrit une qxtrei'la
lettre sans qu'il y eût dans son fond. :mt)
vérité absolue.
Je voulus en avoir le cœur net, et déci..
dai d'aller interviewer l'inventeur de H
méthode préconisée par de Pierrefev
Je me suis trouvé eDJ présence d'un hom-
me fort aimable qui s'est aussitôt im& a
IDc1 disposition pour me renseigner.
J'avouais tout d'abord à M. Malet que
je restais sceptique quant à l'authenticité
de la lettre de Pierrefeu.
M. Malet me regarda avec un sourix®
charmant mais un peu ironique, il fi;, â/ppe*
1er sa dactylo et la pria de lui apporter la
correspondance échangée avec M. de Pii&r»
refeu.
Je lus alors l'autographe de la fameuse
lettre et bien d'autres encore sur lesquel-
les M- Malet me fournit des exp.ucât O'-S
intéressantes. Je fus donc forcé de m'in-
cliner et de m'excuser de mon manque de
confiance. Mais ne voulant tout de monta
pas laisser à M. Malet le dernier mot.
j'ajoutais :
« Certes ces lettres sont authentiques,
mais sans doute M. de Pierrefeu est de
vos amis ?» T .
M. Malet me confia que non seulemenS
il ne connaissait pas sa personnalité civile.;
mais qu'il ignorait jusqu'à sa qualité htté-t
raire..
Je compris alors que tout ce qui avait
été publié n'était que la reproduction,
exacte de la vérité.
Cette affaire commençait à _m intéresser
vivement et poursuivant mon interview ie
demandais à l'inventeur des explications
complémentaires tant au point de vue
scientifique que pratique, car de cette mé-
thode découle une part de science que 1Q
pratiquant ne soupçonne pas.
Ne voulant pas entrer dans des OOJlSldé..,
rations trop longues, M. Malet mo Jpf*
seille de m'adresser aux Editions MxdliolCj'
4, rue Tronchet, à Paris, où je trouverai
un certain nombre de volumes édites par
ses soins qui me fourniront Qa dooumemt&-.
tion scientifique que je recherche sur cette
méthode toute nouvelle.
Quant au côté pratique, M. Malet ru-9
remit un de ses savons perforés et me dit s
Suivez le mode d'emploi qui est des plua
simples, vous jugerez vous-uieme^ de l eHi-
cacité irréfutable et pourrez après constat
ter par vous-même de la véracité des 6ffiï«
mations de M. de Pierrefeu. _
« Voyez-vous, monsieur, ajouta 1 ittven*
teur, je suis sûr des bienfaits de ma mé-
thode, non seulement en ce qui concerne la
douceur qu'elle procure, mais son rende-
ment est tel, qu'après l'avoir employé®,
passant devant votre miroir, vos traite vous
sembleront à ce point méconnaissables que
vous vous trouverez rajeuni de 10 ans. »
L'accent de sincérité et de persuasion dai
M. Malet était tel que j'en fus très im-
pressionné. « Mais alors, ajoutai-je, 131 voua
avez découvert la panacée universelle pour-
•quoi ne le faites-vous pas savoir par l'in-
termédiaire de 1]8 presse aux minions de
Français qui, chaque matin, souffrent ea
se rasant 2 »
M. Malet est un apôtre, il est. éJPris
d'idéal mais sans être un rêveur il accorda
à toutes choses une part de logiarse. Pour
répondre à ma question, il me fournit un
exemple concret : ^
« Prenez, mé dit-il, la méthode antisep-
tique adoptée aujourd'hui par tous les chi-
rurgiens. Elle ne fut généralisée q te vingt
ans après avoir été journellement utilisée
dans un seul hôpital, à Edimbourg. Main..
tenant tout le raonde !d. reconnu les
bienfaits, et u.ue opération ce se conçoit
i plus sans elle.
1 « Il en sera de même pour Ja méthoda
Midlick Je fais distribuer des échantil-
lons à profusion, et petit à petit, par la
force même des. choses, étant donnés lea
bienfaits ressentie, il arrivara f étalement
•• ••
/
; Rédaction, Administration, Publicité : \
! 10, ru? du Faubourg-Montmartre, PARIS I
1 4e 5e 6e 2e 3e 1re ligne Provence 49-14 •
2e ligne Provence 53-82 î
3o ligne Central 27-68 •
4ee ligne Central 28-12 ;
5e ligne . Central 28-56 •
60 ligne Inter Spécial 8-15 i
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j DEUX FILS SPÉCIAUX j
î Directeur-Rédacteur en chef : •
i HENRI DESGRANGE j
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7 Le numéro : 25 centimes \
: BELGIQUE a 30 centimes % •
: 291, ANNEE - N' 10.004 -- QUOTIDIEN j
j Dimanche 6 Mai 1928 j
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î On s'abonne dans tous les bureaux de poste •
; Compte chèques postaux 1154-58 :
LES CONTES DE « L'AUTO »
L'EPOUVANTE
Quand j'arrivai à San-Francisco, après
avoir laissé au fond des placers mon ar-
gent et mes illusions, le problème de la.
vie se posa pour moi terrible.
Je fus, tour à tour, débardeur, peintre
de navires, égoutier, cow-boy dans un
. cirque, policeman, garçon de restaurant,
boxeur et ouvreur de portières. Le plus
beau de ces métiers ne me convint pas
plus de trois semaines.
Je me retrouvai sans un penny et dé-
sespéré. Alors, profitant d'une occasion
et d'un camarade obligeant, je réussis à
me faire embaucher comme mécano à
bord d'une Pacific sur la ligne Frisco-
Denver. Je ne pouvais pas me permettre
de choisir!
J'avais vécu quelque temps dans le
ventre d'un steamer. Mes capacités se
bornaient, exactement, à charger du
charbon, torse nu, à l'enfourner d'un
mouvement économique dans la gueule
du foyer. C'est dire que les locomotives
représentaient pour moi une espèce de
monstre d'apocalypse. Je priais le ciel et
tous les saints, en grimpant l'échelle de
fer, que nul accident ne survînt à la
machine, au moins pendant les premiers
jours... f
,Mon compagnon, le chauffeur ?. Un
type sans âge, à cheveux roux, qui tous-
sait efr- crachait de travers dans un mou-
choir à carreaux.
« C'est vous le nouveau ? me- dit-il.
Sur quoi avez-vous roulé ?
— Euh! Euh!... J'ai fait plusieurs ma-
chines. Mais des petites! La Pacifie, j'ai
besoin de me familiariser...
— Sacrée Compagnie! grogna-t-il entre
ses dents. Ça ne sait même pas qui ça
vous colle... Sans examen... sans rien...
A quoi êtes-vous bon ? Renverser la va-
peur, actionner la sirène ? Régler les
soupapes ?
,- Pardi! » fis-je, avec conviction.
Il ne me tendit qu'alors la main.
« Go on, boy! Regardez-moi faire, au-
jourd'hui. Vous chargerez le charbon,
attiserez le feu. Demain, nous repren-
drons nos rôles. »
Dans une explosion de vapeur blanche,
la locomotive arracha sa charge, s'é-
branla...
..........
Deux heures plus tard, comme nous
roulions, à soixante milles, mon associé
s'aventura, burette en mains, sur la pas-
serelle circulaire. Il y resta quelques ins-
tants. Puis — nous avions dépassé un
pont de voliges — je vis voler au-dessus
-de ma tête une boule noire qui s'abattit
dans le tender. C'était la tête; la tête du
chauffeur décapité.
Je sautai sur la passerelle. Du corps ?
Plus rien. Enlevé comme par enchante-
ment. Pas une goutte de sang sur le cui-
vre, le fer de la Pacifie. J'aurais cru
rêver, si la tête... la tête au cou broyé...
aux yeux révulsés...
' Alors,- tandis que me pénétraient peu
à; peu
tous autres sentiments... J'étais seul, à
bord de la machine, avec, derrière moi,
dans mon dos, dix-huit wagons bondés.
Et je ne pouvais ni arrêter, ni freiner, ni
conduire... J'étais devant mes tableaux,
mes manettes, mes aiguilles, comme un
gosse devant un poste de T.S.F... J'avan.
çais la main, puis la retirais... Je t-ou-
chais un volant et ne savais point dans
quel sens il devait tourner.
Le train, mon train, bousculant l'es-
pace, filait comme un tonnerre. Après la
prairie poussiéreuse, nous avions attaqué
des collines... bientôt des montagnes...
Dans les courbes, le convoi, trop rapide,
s'inclinait dangereusement hors des rails.
J'aurais dû freiner... Freiner ?... Com-
ment ? Un tunnel se précipita. Je lus,
dans le noir, aveuglé par la fumée, titu-
bant sur ma plate-forme, ivre de déses-
poir.
Le jour revint. Mon train fou allait
comme un cheval sauvage. La tête, dans
le tender, semblait rire. Derrière moi,
une sonnerie. Puis une autre, une autre.
Signaux d'alarme... Les voyageurs ! Je
les imaginais, affolés de coutse mortelle,
agrippés aux fenêtres, muets ou hur.
lants...
Je jetai de l'eau sur le foyer. Tant de
vapeur bouillante me sauta à la figure
que je reculai...
Nous arrivâmes à une gare... Je dis.
tinguai, en un éclair, les employés qui
levaient les bras, des coups de sifflet...
' Sous mes roues, des pétards claquèrent.
Je devenais fou !
Et cela dura, dura. Je m'étais accroupi
sur un seau renversé, la tête dans mes •
mains. Je pensais : « Quand il n'y a plus
d'eau, la machine éclate... Où met-on de
l'eau ? Les indicateurs de pression, où
sont-ils ? »
Je songeais, encore, à sauter, à laisser
mon train foncer dans l'aventure. Ou
bien je voulais mourir, me jeter dans la
flamme... Nous montions, toujours. Cô-
toyant des précipices. S'étayant à des
falaises. Tunnels sur tunnels. Les sonne.
ries ne retentissaient plus. Le train avait
roulé • ùn moment, freins serrés ; et
j'avais eu espoir. Mais les employés,
fuyant un mal pire, avaient dû libérer les
roues comme elles tournaient au rouge.
,La flèche damnée, feu mourant, vapeur
à bout, s'agrippait au flanc des monts.
Ce que j'ai pu souffrir! Derrière moi,
les vies humaines; derrière moi, la tête
décapitée. Je me surpris à lui parler, à
la tête exsangue, à lui dire : « Enfin,
mon vieux, dites-moi... je vous en sup-
plie; dites-moi... Comment arrêter ? »
Enfin, un éclair de raison surnagea...
Je me souvins... Pour siffler, au départ,
le mort avait tiré sur une poignée de
fer... La vapeur, alors, en panache
blanc... Je tirai, de toutes mes forces.
Longtemps, une heure peut-être, je me
crispai sur la poignée. La sirène, dans
mes oreilles,' inscrivait comme un hur-
lant taraudage. Des millions d'ondes so-
nores perçant mon tympan peu à peu...
Mais, aussi; je sentais, force éteinte, que
la Pacifie renâclait, ralentissait. Nous re-
trouvions la plaine. Mon Dieu i La ma-
chine, sur l'infini de platitude, allait
s'arrêter, calmée. Sans reculer... sans
dérailler... sans nous perdre...
Elle s'arrêta. Je m'évanouis...
............
« Ce que tu as failli être lynché, toi,
par les voyageurs! » me dit un postier,
dans le fourgon. « Tu en as eu de la
veine l Si on n'avait pas trouvé la tête
de l'autre... Ça leur a fait peur! »
Le train repartait. Par la porte du
fourgon coulait un paysage toujours pa-
reil, sans un arbre, sans une maison. Je
ne pouvais plus, je ne pouvais plus res-
ter .là. L'horreur des roues, des rails,
des bielles ! Je m'approchai, titubant, du
* marche-pied. D'un bond, devant le cama-
rade ahuri, je sautai...
C.-A. GONNET.
LA RUÉE VERS LE PARC DES PRINCES
Pico
Le Tout=Paris sportif viendra acclamer
cet après=midi au Parc des Princes
les triomphateurs du 34e Bordeaux=Paris
Un véritable programme de « gala » encadrera les arrivées des « Rois de la Route ». — Le Grand Prix de
Bordeaux-Paris de demi-fond derrière grosses motos avec cinq grands As du sport derrière moteurs :
Linart, Grassin, Moeller, Sérès et Tollembeek. — Le Prix Marcel Cadolle, en Omnium,
avec Blanchonnet, Raynaud, Marcillac et Faudet.
Depuis hier soir, la bataille est engagée
sur la route glorieuse qui, de Bordeaux à
Paris, vit sa dérouler quelques-uns, pour ne
pas dire la majeure partie, des plus beaux
épisodes de l'histoire du sport cycliste sur
route.
Quatorze champions, parmi les meilleurs,
parmi les plus valeureux, se sont élancés
hier, à 18 h. 30, de la capitale du Sud-
Ouest, chacun d'eux portant au fond du
cœur le secret espoir d'arriver à Paris en
triomphateur.
Toute la nuit, ils ont bataillé, sans fai-
blesse. Ce matin, les bords de la Loire les
auront vus poursuivre leur tâche avec la
toujours même ardeur. A Orléans, les en-
traîneurs les attendent qui vont les emme-
ner à toute vitesse vers Paris. Et ce n'est
seulement que cet après-midi, au Parc des
Princes, qu'ils en termineront avec leur
rude tâche.
C'est, en effet, comme à l'habitude, sur
la grande piste d'Auteuil que se terminera
la plus formidable des courses annuelles
sur route en une seule étape. Arrivant au
vélodrome en pleine bataille encore, ^ les
concurrents du « Derby de la route » péné-
tire.ront sur la piste où ils auront, selon le
règlement, la ligne droite entière, plus un
tour complet, à couvrir, avant que ne soient
acquis les résultats de la 34e édition de la
doyenne des grandes épreuves cyclistes sur
route.
Verrons-nous une arrivée au sprint ?
Lorsque nous disons que nous verrons ar-
river les « Bordeaux-Paris » « encore en
pleine bataille », cela laisse envisager la
possibilité d'une arrivée au sprint 1 La chose ,
est même, à la vérité, plus que probable 1 ]
En ces deux dernières années, en effet,
avec la prise des entraîneurs à Châtelle-
rault, et malgré une bataille fulgurante
jusqu'à Paris, la victoire ne s'est décidée
que sur la piste même du Parc des Princes.
Il y a deux ans, ce fut Adelin Benoit qui
l'emporta sur un peloton de cinq hommes ;
l'an dernier, ce fut" Ronsse qui triompba
d'un groupe de six hommes.
Cette année, avec la prise des entraîneurs
à Orléans, et en dépit de l'âpreté certaine
de la lutte sur la dernière partie du par-
cours, il est presque normal d'envisager
une arrivée au sprint. Ce ne sont certes pas
les sportsmen parisiens qui s'en plaindront,
car c'est toujours un véritable régal sportif
que ce dernier effort des concurrents de
Bordeaux-Paris, s'empoignant farouchement,
muscles bandés, toute volonté tendue, sur
le dernier tour de piste, pour se disputer,
en un suprême effort, l'honneur d'inscrire 1
leur nom au glorieux palmarès du « Derby
de la route ». Ce pourquoi, il ne fait pas
ERICH M(ELLFR ;
~- le fameux crack allemand dv demi-fond
derrière moteurs 1,
de doute que ce sera, comme à l'habitude,
la grande foule des sportsmen parisiens qui
accueillera, en l'immense ; et magnifique
arène d'Auteuil, les triomphateurs du 34e
Bordeaux-Paris.
Les sportsmen parisiens choisiront d'ail-
leurs d'autant mieux le Parc des Princes
pour aller applaudir, cet après-midi, les
Rois de la Route que la direction de la
grande piste d'Auteuil a mis sur pied, à
cette occasion, un programme superbe en-
tre tous et qui mente, à lui seul, de jUlsti-
fier le succès certain qui attend la réunion.
(Voir la suite en rubrique cycliste.)
Hier soir, à 18 h. 30, au milieu d'un enthousiasme délirant
quatorze grands routiers ont quitté Bordeaux
Ils roulent maintenant vers Paris
Les résultais de Bordeaux-Paris
à la Salle de Dépêches de " l'Auto "
i
A l'occasion de Bordeaux-Paris, notre
Salle des Dépêches sera ouverte, aujour-
d'hui dimanche, au public,- dès 8 h. 30 du
matin.
Dès que nous recevrons les dépêches des
contrôles, nous afficherons les résultats de
la grande bataille sportive.
ATTENTION !
Nous nev laisserons entrer sur la piste et
la pelouse, au Parc des Princes, avec les
coureurs, que les seules voitures ayant été
officiellement déclarées à l'Auto, et, mu-
nies de l'insigne spécial de notre journal.
La journée d'hier à Bordeaux
La pluie tombe, et le temps demeure
menaçant
Bordeaux, 5 mai (par dépêche de notre
envoyé spécial j. — Arrivé la nuit dernière
à Bordeaux par une nuit splendide, un ciel
sans nuages, une lune d'une blancheur
immaculée, j'eus la désagréable surprise,
en me réveillant ce matin, d'entendre tom-
ber la pluie. Le mauvais temps allait-il
donc venir jeter une note triste dans cette
belle fête du sport cycliste qu'est ici le dé-
part de Bordeaux-Paris ? •
A l'heure où je vous télégraphie, je me
suie repris à espérer, car la matinée a vu
de larges éclaircies magnifiquement enso-
leillées, et je veux croire que les dépêches
de notre bon camarade Bardot, qui vous
donneront le compte rendu du départ, vous
apporteront en même temps la certitude
que le temps aura bien voulu favoriser le
départ de la 34e édition du « Derby de la
Route ».
Visite aux quartiers généraux
En attendant, j'ai voulu aller rendre vi-
site aux rois de la route et à leurs dirac-
teurs sportifs.
Alcyon et Automoto ont établi leur quar.
tier général à l'hôtel Lambert, qui touche
au contrôle même du départ. C'est sûre-
ment une combine pour griller leurs concur-
rents à la remise des dossards. Lorsque
j'arrive dans l'hôtel, la première personne
que je rencontre c'est Cuvelier, qui sort en
pyjama de la salle de bains, frais comme
une rose, et « Cucu » me dit sa volonté
d'essayer de justifier les espoirs placée en
lui.
Pan ! Pan !... « Entrez ! » Me voici dans
la chambre de Pierrard, qui fait sa barbe
tout en conversant avec notre confrère
Mausy, de la Dépêche de Toulouse. Pier-
rard est en maillot de corps violet, chaus-
settes violettes, pantoufles violettes. On
aime ses couleurs ou on ne les aime pas,
! n'est-ce pas ?
cc Tous tes hommes vont bien, lui deman-
dons-nous.
— Très bien, répond Pierrard, et je crois
bien que Ronsse a une folle envie de re-
mettre ça une deuxième fois. JJ
J'oubliais de vous dire que Pierrard est
arrivé ici avec un commencement de jau-
nisse, mais il ne veut pas se dégonfler, et
suivra la course malgré tout.
A la porte à côté, c'est Ludovic qui m'ac-
cueille, chaussette8 bleues, gilet de corps
bleu-ciel. Nos directeurs sportifs ont déci-
dément aujourd'hui des dessous bien élé-
gants!... Ludo me dit aussi que ses hom-
mes vont aborder la rude épreuve avec con-
fiance. Neuhard est un peu intimidé, mais
Dewaele, Delannoy et surtout Mertens,
sont pleins d'espoir.
Je file alors à l'hôtel Rolland, où J.-B.
Louvet a .installé son quartier général ;
Maisonnas n'est pas venu à Bordeaux. Il ne
pourra venir qu'à Tours ; mais M. Tissot,
qui représente « l'homme à la pipe JJ, me
conduit dans les chambres d'Hector Mar-
tin, de Delbecque, de Verschueren et de
Meunier. Tous sont en train de faire leur
toilette, 'tout en plaisantant avec Gaston
Debaets qui, avec Renard, soigne le team
vert et rouge. Meunier, dont on n'a peut-
être pas assez dit qu'il pourrait faire un
vainqueur de Bordeaux-Paris, respire la
grande forme à pleins pores.
Je trouve ensuite Alibert chez le repré-
sèntant d'Alléluia, M. Garon. Marcel Bi-
dot et Antonin Magne sont là, le sourire
aux lèvreff, attendant avec confiance la
grande bataille. Me voici maintenant re-
venu (il est midi) dans le centre, aux allées
de Tourny, où le patron du café du Com-
merce prépare sa terrasse et la table du
contrôle avec son tapis vert. Je rencontre,
sortant du restaurant d'à côté, les hom-
mes d'Alcyon et d'Automoto, qui viennent
de déjeuner.
« Déjà ! questionnons-nous ?
— Oui', répond Cuvelier, et on remettra
ça à 16 heures, car il faut faire provision
de calories.
— Oui ! oui ! c'est ça ! ponctue Van Slem-
brouck, en allumant une cigarette ; fai-
sons provision de calories. »
Le ciel s'est éclairci ; il fait moins lourd;
l'orage dans le ciel semble parti, miis
l'atmosphère qui enveloppe les adversaires,
les antagonistes du 34° Bordeaux-Paris, me
paraît, lui, être plus que jamais chargé
d'électricité. — Charles Joly. „
(Voir la suite en rubrique cycliste.)
On annonce que...
Pour l'organisation des J.O. de 1936,
suivant une déclaration du comte ' Baillet-
Latour, président du Comité International
Olympique, huit nations auraient déjà posé
leur candidature. Les villes envisagées se-
raient : Berlin, Rome, Barcelone, Buda-
pest, Alexandrie, Lausanne, Helsingfors et
Rio de Janeiro.
v
Rien de nouveau sons le soleil... On en-
visage actuellement, en Amérique, l'orga-
nisation à New-York d'une épreuve pédes-
tre de six jours, par équipes de deux cou-
reurs. *
x f
; Les boxeurs Harry Ma,son, Claney et
Kid Socks sont partis hier en Australie, où
ies - disputeront chacun, trois combats.
AVIRON
La Marne
a battu le Rowing
Une lutte longtemps indécise
Depuis longtemps, on n'avait pas eu l'oc-
casion d'assister à un match « Rowing-
Marne » aussi indécis et aussi émouvant.
Durant les 5 premiers kilomètres, il' fut
absolument impossible de dire qui serait
vainqueur,, tant la lutte était serrée, et
constant .le bord à bord. Et jusqu'au coup
de canon de l'arrivée, le Rowing donna
l'impression qu'il pouvait encore remonter
son adversaire. Ce n'est d'ailleurs qu'avec
moins de 3/4 de longueur que les Marnais
passèrent en vainqueurs la ligne d'arrivée.
Malgré quelques défaillances passagères,
il convient de rioter la belle tenue des deux
équipes. Il faut' avoir couru le grand
« MatcH » pour savoir la formidable dose
d'énergie que les rameurs doivent dépenser
dans une telle lutte, et le haut degré d'en-
traînement que les équipes doivent attein-
dre.
/F
Allô! Allô !
/tt Van Doornik, d'Amsterdam, vient
de passer commande de sa con-
duite intérieure, licence Weymann, à la
Carrosserie Vanvooren, de Courbevoie.
Il aime, pour les voitures vites, les car-
rosseries fermées, etc.. 1 ..
ftSn 8 jours,, les voitures les plus select
sont émaillées au Duco par S.A.A.
ALIN ' LIAUTARD et Cie, les éminents
spécialistes.
Réparations, transformations, peintu-
res, 24, boulevard die Villiers, Levallois.
Téléphone 672.
ÇL i les femmes votaient, il est sûr que
^ ce nouveau député aurait été élu
au premier tour. Au milieu des réunions
les plus orageuses, il gardait toute son
élégance... grâce à son col VAN
HEUSEN.
les d'auto et articles de voyage de bon
goût et 30 0/0 meilleur marché qu'ail.
leurs, série et sur mesura*
Jl ujourcl 'hui, en matinée, et en soirée, 1
le Moulin-Rouge donnera .son nou- !
veau succès « Paris qui tourne », avec
Mistinguett, Spadaro, Earl Leslie, les
sœurs Mazza, Dandy et Carjol. Fauteuils
depuis 15 francs.
> Le Téléphoniste.
MARDI, 20 h. 30, au CIRQUE DE PARIS
HUMERY
Champion de France
contre
JOHNNY CUTHBERT
JACK WALKER contre VERMAUT
(Photo V. Henry).
LEONE JAOOV AGCI (alias Jack Waliter)
Une grande rencontre internationale se
disputera mardi sur le ring du Cirque de
Paris. Elle opposera Humery, champion de
France poids plume, à l'Anglais Johnny
Cuthbert. Humery, battu par k.-o. le 27 sep-
tembre dernier, tentera de prendre sa re-
vanche de cette défaite.
Le combat se présente des plus équilibrés
et doit nous procurer quelques émotions,
étant donné que notre champion se présen-
tera devant son vainqueur avec des moyens
supérieurs à ceux q'u il avait le jour où il
rencontra Humery pour la première fois.
Un deuxième grand match mettra aux
prises Leone Jacovacci (a,Ii.as Jack Walker),
un des meilleurs poids moyens européens,
et le mi-lourd Verma-ut.
Dur combat en perspective.
D'autres beaux matches compléteront le
programme de la soirée.
(Voir la suite er" rubrique Boxe.)
LES GRANDS MATCHES DE FOOTBALL
LA COUPE DE FRANCE
La finale a lieu aujourd'hui, à Colombes, entre
LE RED STAR OLYMPIQUE et le C. A. PARIS
(Coup d'envoi à 15 heures)
LES ÉQUIPES
RED STAR OLYMPIQUE @ C.A. PARIS
LEBRETON OUVRAY
WARTEL © J. LAURENT
MARTIN L. LAURENT
DIAZ a REGNIER
ESPANET BARON NICOLAS w BERTRAND GAUTEROUX BLANC
DOMERGUE ^ • FIDON
BROUZES ® LANGILLIER
CHANTREL QUENTIER
LUND © MAHIEU
Le grand match
Les deux valeureuses équipes du Red Star
Olympique et du Cercle Athlétique de Paris
sont prêtes pour l'ultime combat de li
Coupe 1928.
Egalement confiantes, ayant chacune de
nombreux partisans, elles veulent de toutes
leurs forces morales et physiques vaincre
et emporter la Coupe.
Le match final de la Coupe de France
revêt une grandeur et un caractère qui
fixent l'apothéose de cette magnifique
épreuve sur un piédestal très élevé, qui
domine toutes les autres compétitions spor-
tives ayant lieu entre Français au cours
de l'année sportive.
On a pu discuter et on discutera encore
des bienfaits et des méfaits de la Coupe.
Il n'empêche qu'elle a gagné ses galons de
haute lutte et qu'elle jouit, chez nous, d'une
faveur extraordinaire parmi les sportifs de
notre pays. Et cet après-midi, à Colombes,
sur ce stade Yves du Manoir, qui, depuis
1924, fut le théâtre des plus grandes mani-
festations sportives organisées à Paris j de-
vant une foule énorme et sympathique,
deux équipes parisiennes, au passé et au
présent brillants, vont se mesqrer loyale-
ment pour avoir l'honneur d'être la pre-
mière équipe française, celle qui a rem-
porté « la Coupe ».
Nous avons, cette semaine, envisagé le-
quel des deux adversaires avait le plus de
chances de vaincre, et cédant à une com-
paraison faite sur les derniers matches of-
ficiels joués par le Red Star Olympique et
le Cercle Athlétique de Paris, nous avons
laissé pressentir que le premier nommé
était notre favori.
Nous n'infirmerons pas ce fragile pro-
nostic, mais au fond de nous-même, nous
craignons pour lui. Pourquoi ? Parce que
la forme d'une équipe de football est très
capricieuse et qu on ne peut jamais être
LA COUPE ,
sûr d'elle. Et puis, dans un match aussi
important que la finale de la Coupe de
France, il faut compter avec les impondé-
rables, les moindres détails atteignent par-
fois une importance capitale. L'indisposi-
tion d'un joueur, la blessure d'un autre,
une circonstance malheureuse d,ns le jeu,
peuvent, sinon fausser le résultat de la ren-
contre, du moins faire pencher la balance
pour celui qui a le sort avec lui.
Le Cercle Athlétique de Paris est certain
de vaincre. Le Red Star Olympique ne
pense pas que la victoire puisse lui échap-
per. C'est beau la confiance!
Le match sera-t-il joli à voir, le jeu sera-
t-il égal ? Il est impossible de le prévoir,
l'état moral des joueurs étant la source
principale du bon et du mauvais.
Quoi qu'il en soit, on peut être assuré
que la rencontre sera très disputée, que
jusqu'au coup de sifflet final les vingt-
deux footballers présents sur le terrain don-
neront le meilleur d'eux-mêmes, feront ap-
pel à leur cœur et à l'amour de leurs cou-
leurs pour vaincre encore une fois, _ la der-
nière, et que le vainqueur aura pleinement
mérité la victoire.
La défense et l'attaque du Red Star
Olympique paraissent devoir être supérieurs
aux lignes arrières et offensives , du C.A. 1
Paris, mais ceci n'est pas une preuve abso-
lue que l'ensemble de l'équipe commandée
par Domergue doive dominer sa rivale.
Et puis quand même le Red Star Olym-
pique aurait l'avantage territorial, cela
n'implique pas que la marque sera en sa
faveur. Cependant nous pensons que dans
un tel match, les « ténors » ont une in-
. fluence particulièrement efficace; et nous
croyons que si Nicolas et Domergue sont
en belle forme... et calmes, le Red Star
Olympique doit vaincre. S. g. d. g., s'il
vous plaît.
Que nos bons camarades du C.A. Paris
ne prennent pas ombrage de ce timide pro-
nostic, leurs chances, à notre avis, existent
certainement, qu'ils les utilisent. ' Et puis
nous connaissons bien Michel Fontaine, il
dira : « Je ne suis pas favori, je gagnerai. »
— L. Gamblin.
(Voir la suite en rubrique Football.)
Le Stade Yves du Manoir' pendant la finale de la Coupe de France 1927 '
~ En médaillon ;(de gauche à droite) Fidon (C.A.P.), Langillier (C.A.P.), Brouzes, Baron, Nicolas et Diaz (R.S.O.).
NOS REPORTAGES
Une grande découverte
de M. de Pierrefeu
J 'aî depuis plusieurs annéea dans mon
bureau, en face de moi, un collègue qui,
]e puis le dire, est un ami. Nous nous en-
tendons parfaitement tous les deux, d'ail-
leurs comment ne pas s'entendre avec moi ?
j "ai un caractère en or. Mon ami aussi, il
est doux, réjoui, enjoué parfois, et ne 'dé..
teste pas l 'humour. Nous sommes en tous?
points parfaitement d'accord.
Seulement depuis quelque temps, je le
voyais arriver le matin, la. mine renfro-
gnée, c est à peine s'il me disait bonjour.,
11^ se plongeait dans son travail, eansi
même m'adresser la parole.
. Je me demandais ce qui pouvait motiver
cette mauvaise humeur, je cherchais à sa-
voir isi j'en étais la cause.
Aux questions que je lui posais, il ma
répondait par monosyllabes. Bref, la via
pour moi n'était plus tenable.
Un matin, n'y tenant plus, je décidais
de brusquer les choses et de lui poser nette-
ment la question de confiance.
C est alors qu'il m'apprit que je n'était
pour rien dans son hypocondrie, et que la
cause en était toute matérielle.
j'insistais pour savoir, il me ré.
pondit d un trait sans respirer, heureux de
cet aveu :
« Mon vieux, je n'en puis plus, c'est de..
venu ' pour moi un supplice de me raser.
je m ecorche, ma peau est en feu, je souf-
fre le martyre, j'en pleure et cela empoi'
sonne ma vie. »
J'avoue que j'avais fort envie de rire.
mais devant le sérieux de mon ami, je ma
retins Tout de même si comme il le pré..
tendait, sa vie était empoisonnée, je n'en'
étais pas la cause, et il empoisonnait la.
mienne.
Il ne cessait de me parler de sa peau et
de _ son rasoir, aussi cela devenait pour
moi une vraie barbe !
Notre existence se déroulait ainsi triste
et monotone, lorsqu'un jour, le hasard qui
'ait bien les choses, me mit sous les yeux
une lettre de M. de Pierrefeu, le littéra-
teur bien connu.
Cette lettre, adressée à M. Georges Ma'"
let, inventeur de la méthode nouvelle da
se raser, disait en substance à peu près
ceci :
« La reconnaissance me met la main à
« la plume en dépit de ma paresse. Mais
(ç votre méthode pour se raser, ce savon à
« trous, c'est tout simplement admirable.
(c Même les jours où le poil est rebelle, oil
« la peau neurasthénique s'abandonne on
« la dame a le cafard, on s'en tire fort
K bien, sans ennui, avec aisance.
ç( Merci de m'avoir initié à ces rites nou*
« veaux et bienfaisants.
« Signé : J. de PIERREFEU. »
En lisant cela, je m'écriai Yoilà le
Messie, voilà le Sauveur 1
J'arrivai dès le lendemain de bonnet
heure à mon bureau, et discrètement, ia
glissai la lettre eauveuse sur ia tabile dQ
mon collègue.
Celui-ci me dit un bonjour renfrogné du
bout des lèvres, appuyant son mouchoir
sur son menton ; la barbe avait dû être
encore ce matin-là plus douloureux, H
jeta- machinalement ûh regard sur n té,*'
meuse lettre, et levant sur moi m
mauvais, me dit :
« Qu'est-ce qui m'a fait cette 'blague ? t.
J'avouai humblement que j'en étais l'au'
teur, désireux de lui faire retrouver son
ancienne bonne humeur.- « M. de Pierre-
d'eu est un homme sérieux et sage qui ne.
peut tromper ses contemporains », ajoutait
le timidement.
Mais mon ami restant sceptique, MO
répond
,c Je ne crois pas à ces histoires, j'ai
essayé tout ce qui s'est fait jusqu'ici dans
ces. sortes de choses et n'ai jamais trou?é
de quoi me donner satisfaction. »
J'étais un peu ébranlé par cette j'açoa,
de penser, mais en raisonnant, je me per-
suadais à moi-même que de Pierrefeu était
trop sérieux pour avoir écrit une qxtrei'la
lettre sans qu'il y eût dans son fond. :mt)
vérité absolue.
Je voulus en avoir le cœur net, et déci..
dai d'aller interviewer l'inventeur de H
méthode préconisée par de Pierrefev
Je me suis trouvé eDJ présence d'un hom-
me fort aimable qui s'est aussitôt im& a
IDc1 disposition pour me renseigner.
J'avouais tout d'abord à M. Malet que
je restais sceptique quant à l'authenticité
de la lettre de Pierrefeu.
M. Malet me regarda avec un sourix®
charmant mais un peu ironique, il fi;, â/ppe*
1er sa dactylo et la pria de lui apporter la
correspondance échangée avec M. de Pii&r»
refeu.
Je lus alors l'autographe de la fameuse
lettre et bien d'autres encore sur lesquel-
les M- Malet me fournit des exp.ucât O'-S
intéressantes. Je fus donc forcé de m'in-
cliner et de m'excuser de mon manque de
confiance. Mais ne voulant tout de monta
pas laisser à M. Malet le dernier mot.
j'ajoutais :
« Certes ces lettres sont authentiques,
mais sans doute M. de Pierrefeu est de
vos amis ?» T .
M. Malet me confia que non seulemenS
il ne connaissait pas sa personnalité civile.;
mais qu'il ignorait jusqu'à sa qualité htté-t
raire..
Je compris alors que tout ce qui avait
été publié n'était que la reproduction,
exacte de la vérité.
Cette affaire commençait à _m intéresser
vivement et poursuivant mon interview ie
demandais à l'inventeur des explications
complémentaires tant au point de vue
scientifique que pratique, car de cette mé-
thode découle une part de science que 1Q
pratiquant ne soupçonne pas.
Ne voulant pas entrer dans des OOJlSldé..,
rations trop longues, M. Malet mo Jpf*
seille de m'adresser aux Editions MxdliolCj'
4, rue Tronchet, à Paris, où je trouverai
un certain nombre de volumes édites par
ses soins qui me fourniront Qa dooumemt&-.
tion scientifique que je recherche sur cette
méthode toute nouvelle.
Quant au côté pratique, M. Malet ru-9
remit un de ses savons perforés et me dit s
Suivez le mode d'emploi qui est des plua
simples, vous jugerez vous-uieme^ de l eHi-
cacité irréfutable et pourrez après constat
ter par vous-même de la véracité des 6ffiï«
mations de M. de Pierrefeu. _
« Voyez-vous, monsieur, ajouta 1 ittven*
teur, je suis sûr des bienfaits de ma mé-
thode, non seulement en ce qui concerne la
douceur qu'elle procure, mais son rende-
ment est tel, qu'après l'avoir employé®,
passant devant votre miroir, vos traite vous
sembleront à ce point méconnaissables que
vous vous trouverez rajeuni de 10 ans. »
L'accent de sincérité et de persuasion dai
M. Malet était tel que j'en fus très im-
pressionné. « Mais alors, ajoutai-je, 131 voua
avez découvert la panacée universelle pour-
•quoi ne le faites-vous pas savoir par l'in-
termédiaire de 1]8 presse aux minions de
Français qui, chaque matin, souffrent ea
se rasant 2 »
M. Malet est un apôtre, il est. éJPris
d'idéal mais sans être un rêveur il accorda
à toutes choses une part de logiarse. Pour
répondre à ma question, il me fournit un
exemple concret : ^
« Prenez, mé dit-il, la méthode antisep-
tique adoptée aujourd'hui par tous les chi-
rurgiens. Elle ne fut généralisée q te vingt
ans après avoir été journellement utilisée
dans un seul hôpital, à Edimbourg. Main..
tenant tout le raonde !d. reconnu les
bienfaits, et u.ue opération ce se conçoit
i plus sans elle.
1 « Il en sera de même pour Ja méthoda
Midlick Je fais distribuer des échantil-
lons à profusion, et petit à petit, par la
force même des. choses, étant donnés lea
bienfaits ressentie, il arrivara f étalement
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