L'ŒUVRE
~
15 Centimes
.. Na 2029. JEUDI 21 AVBIX: î92l ~
» " Cette fois-cl est la derniere ou je
prends la parole en Public, car @j'a terminé
mort petit rôle terrestre, et 7e suprême
avertissement d'un, homme qui va entrer
demain dans la grande Nuit a toujours
quelques chances d'être entendu. "
//.'■ ■- PIERRE LOTI.
9, roc Lonis-Ie-Grand (2e)
~ 594 59-97,
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Directeur
GUSTAVE T X3 R HT
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France.......... 4a » U. t;t»
blrangér.a 4.9 *
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■ : i". Adr. Miésr. iKO Pian
ULTIMA VERBA...
Suprême et déchirante adjuration
de Pierre Loti
Il en appelle à la conscience de l'Angleterre
C'est: ? vers l'Angleterre elIe-Jnême
que j'ose " jeter aujourd'hui mon cri
(l'appel et de supplication, et, si invrai-
semblable que cela pUIsse paraître) je
lé fais presque avec . confiance.
.Jo. sais que j'ai eue nie do nombreux
amis dans ce pays si terriblement rival
du' nôtre, et., Dieu merci, je sais qu'il
n'y a pas là-bas 'que -des- financiers
tins âme.. ; ^ .
Je sais aussi avec certitude qu'il y-
A; par miniers des gens de dignité et
dl.}' reçue accessibles à tous les senti-
ments humains et. qui restent capables
d'avoir, pitié ; je sais qu'il y en a par
milliers qui s'épouvantent d'être gou-
vernés par des spéculateurs implaca-
bles et qui, au jour de détresse, s'as-
semblent en masse dans les temples
pour se, recueillir'et prier avec sincé-
rité. Cette' fois-ci est, la. dernière où je
prends la parole en public., car j'ai fer-
imiiné mon petit rôle terrestre, et le su-
prême avertissement d'un homme qui
va entrer demain dans la grande Nuit
a. toujours quelques chances d'être en-
tendu. -
C'est sans , rancune-et sans haine que
•{j'adjure-aujourd'hui les Anglais de se
laisser enfin émouvoir par. c& malheu-
reux-peuple turc qui se. défend" in c.r-
tremis avec un si héroïque- courage.
Que' les Anglais réfléchissent encore
avant de soutenir a outrance, dans un
.but d'intérêt égoïste, ce vil petit peuple
grec, si impudemment hypocrite et
me.nteur, qui a commis et continuera
de commettré'toute.s les 'iàehetes. toutes
vles-perfidief:,' et qTîi jl•'pàs, que sa jactance imbécile est d une'
,búÜftollhérie répugnante. Non, les An-
glais, -qui sont'pour nous des rivaux
toujours • iuapa.ises, mais qui-ont . au
.tnoins'la dignité et la noblesse, ne lais-
seront pas les quelques dirigeants né-
fastes, dont, l'intransigeance a déjà
exaspéré contre eux l'Irtande. l'Inde et
:J'Egypt.e, achever leur œuvre en infli-
geant à la nation anglaise- tout entière
cette) tare d'avo.ir écrasé ainsi des ago-
nisants ; qu'ils se. défient de ces politi-
ciens qui achèvent eu ce moment
d'écrire au-dessous rie leur nom, en ca-
; ractères indélébiles, ce qualificatif :
« inexorables profiteurs ».
Dans ce suprême appel, je n'irai pas
jusqu'à leur demander de. soutenir les
pauvres Turcs, mais- je me' fais l'illu-
: s ion qu'ils consentiront; à m'entendre
quand je les supplierai de ne pas con-
tribuer à exterminer cette race loyale,
courageuse et dDlJCC-,,: en fournissant à
leurs. odieux petits agresseurs, si co-
m'iquement infatuée tous les moyens
modernes 'de destruction : l'argent d'a-
bord, à raison d'un million et demi uar
jour, les mitrailleuses, les avions et la
| plus infâme des inventions boches, les
! gaz de m!ort, contre lesquels le cour
rage individuel ne sert. plus à rien et
qui portent toujours la victoire du côté
des plus lâches.
Voici du reste par quel.s mots les
femmes - turques terminent la suppli-
que qu'elles m'adressent," aujourd'hui
du fond de leur abîme d-'angoisse :
— Ami! mnitre ! un dernier effort !
Oh ! ne refusez pas, laissez-vous per-
suader. Vous save:, bien que tout notre;
espoir est en vous. - , j
Oh !. « persuadé j), ai-je besoin de
dire que je la. suis d'avance, que je l'ai
été de tout temps, et ma seule hésita-
tion vient de mon extrême fatigue
mentale, de ma crainte de ne plu's sa-
voir trouver comme dans ma jeunesse
les mots qui persuadentSi j'avais en-
core mon activité de ijodis, avec qu^l
élan je serais allé me .faire tuer dans
: le 3 .yiigi. des . d.é{fJ1$illll:S '. jle j.I'Isla.m.j J...
BSia jefêèh. ai plu
autrefois, au moins je suis fier de me
dire que j'ai consacré Vies dernières
'lueurs de- mon - intè-lfigence , à soutenir
le parti de la vérité, ' púnr': lé,quel sont
tombés en Orient avec-une, tel le conv ie-
tion tant de nos soldats, de nos officiers
et de nos généraux, et que je vais sur-,
tout mourir de la souffrance et de l'ill.
dignation que -iii;'-cturoiit, causées les ,
ignobles meicantis. de l'Europe dite i
chrétienne. !
Pierre Loti,
de l'Académie Française j
. i
L'Allemagne fera connaître
samedi
ses nouvelles propositions
Berlin, 20 avril. — Dans les milieux of-
ficiels, on déclare que les nouvelles pro-
positions : allemandes seront transmises
samedi 'à la commission des réparations.
Aucune réponse de 'Washington n'est,
en effets encore arrivée à Berlin en ré-
, ponse à la. demanda de médiation faite
par l'Allemagne et l'on n'attend plus au-
cun effet dès' pourparlers qui avaient eu
lieu entre le Dr Simons et le Dr Dresel,
chargé -d'affaires américain à Berlin.
Il se confirme, d'autre part, que les di-
vergences de vues s'accentuent au sein
du cabinet d'Empire, au sujet des nou-
velles propositions, et une crise ministé-
rielle est toujours envisagée.
Le Conseil suprême se réunira à Londres
L'entrevue de M. Lloyd George. et de'
M. Briand ne doit avoir pour objet,comme
nous rivons dit,, que de préparer la confé-
rence interalliée à laquelle prendront part,
avec les représentants de la France et de
l'Angleterre, ceux de l'Italie et de la Bel-
gique. -
Mais quand et (IÛ. aura lieu cette réunion
décisive du Conseil suprême ? Dans les pre-
miers jours de mai et à Londres, très vrai-
sernblable,ment. M. Lloyd George, en rai-
son des difficultés intérieures que crée la
grève des mineurs, ne pourrait, sans de
grands inconvénients, quitter l'Angleterre.
RACCOURCIS
On jJarle couramment de mobiliser unr.,
deux, trois .et même quatre classes. Trente
mois après l'armistice, cela paraît un peu
dur. s ■"
Mais si ç'est indispensable?
■Dans ce cas, il reste encore à examiner
Quelles classes vn pourrait mobiliser le plus
efficacement. Je propose que ce soit, au lieu
des plus jeunes classes, les classes 87 et an-
térieur ci.
Ca." vous yie me retirerez pas Vidée que,
dans l'occupation, les vainqueurs ont tou-
jours l'ne tendance à la générosité ; au con-
traire, les hommes de cinquante-cinq ans,
élevés dans le souvenir de la défaite, ont
toujours eux, leur revanche à prendre. -
Pangloss, s
Après les bouchers
les charcutiers
vont avoir leur barême
Les bouchers ont un barème ; les char-
cutiers u'en 'ont pas. Ils ne tarderont pas
à en avoir un et ce sera "justice. Les prix
du porc sur pied ont en effet baissé dans
de grosses proportions et on no s'en est
guère aperçu au détail. Il paraît qu'on
s'en apercevra. , : '
M. Faisant a causé hier avec lès char-
cutiers. A l'issue de l'entretien, la note
suivante a été communiquée à la presse :
Le sousrsecréfaite d'Etat au Ravitaille-
ment, assisté de M. Martel, .vétérinaire
'en: chef d?t département de .la Seine, et de
MM. La-faussé et llocquard, représentants
du -prpfct de police. a reçu hier matin. à
10 h. 30. M. Roussy, président du Syndicat
des charcutiers détaillants, accompagné
des membres rie son syndicat et de liircc.
leurs de grandes maisons d'alimentation.
Le sous-secrétaire d'Etat, et le préfet de
polir e ont charrié respectivement M. Mar-
tel et MM. L(iÏaysq(,e et Hocr/uard de met-
tre au point avec la délégation des char-
cutiers les prix proposés par eux, basant
les prix de vente au détail sur les prix
d'achat en gros.
Une nouvelle réunion aura lieu samedi
prochain. Une convocation a/été adressée
pour celle même date aux représentants
des restaurants et des boitillons-restau-
rants...
Puisse M. Payant faire baisser le prix
du plat du jour ! Il en a he&oin.- -
- H. G.
Le Château de Compiègne
sert toujours d'asile à M. Ubureau'
Les services des Régions libérées sont
toujours installés au château de Compiè-
gne. Par une proposition de résolution, le
gouvernement avait été invité à les faire
évacuer.
M. Locquin, député du Cher, a fait un
rapport favorable. Il a insisté sur les dan-
gers d'incendie et de vol que fait courir au
château de Compiègne la présence de bu-
reaux.
Mais les Régions libérées ne, sont pas de
cet avis : elles consentent simplement à
transférer leurs bureaux dans une autre
aile du palais.
PAS D'ASSIGNATS !
Y a-t-il trop de billets de banque ? Etes-
vous pour l'inflation fiduciaire, c'est-à-dire
pour la mise en circulation de billets nou-
veaux ? Etes-vous pour la déflation, c'est-
à-dire pour le retrait progressif des billets
en excès, s'il y a excès ? Ou n'êtes-vous ni
inflationniste, ni déflationniste, vous en te-
nant à penser qu'il vaut mieux attendre et
voir venir les milliards boches?
MM. Levasseur, Aubtiot, Rosier et
Georges Barthélémy, députés socialistes,
ne sont pas pour le statu quo et ils: ont bien
raison; on a toujours tort d'être pour le
siaiu quo. Mais les quatre députés n'y vont
pas, comme on dit; « avec le dos de la
cuiller » ; ils proposent— et Bonsoir ouvre
à ce sujet une consultation fort instructive,
- ils Woposent- une nouvelle émission de
billets de banque jusqu'à concurrence de
cent cinquante milliards, ce qui avec les
trente-huit milliards déjà en circulation por-
terait à cent quatre-vingt-huit milliards no-
tre papier-monnaie.
Alors, la planche aux assignats ?
— Non, répondent les auteurs du pro-
jet, car l'émission des cent cinquante mil-
liards serait « gagée » ( ?) ou garantie par
la créance allemande, et l'on croit ou l'on
ne croit pas à la possibilité de la recouvrer,
mais il est plus convenable de paraître y
croire.
D'ailleurs ces cent cinquante milliards
ne représenteraient qu'un maximum, une li-
mite que la Banque de France ou plutôt
l'Etat ne pourrait dépasser; l'émission se-
rait progressive et proportionnelle, aux be-
soins. ; |
A cela deux avantages, expliquent nos
quatre législateurs. Le premier serait de
fournir des capitaux à l'industrie et aux
banques qui se plaignent d'en manquer ; !
je Tseea-nd serait la1 ^préciation rafême de;
notre monnaie, qui faciliterait l'exportation
de nos produits et surexciterait par consé-
qu' ent notre activité industrielle et commer-
ciale.
A certains égards, comme toutes les so-
lutions paresseuses, la proposition est sé-
duisante, mais elle n'en est que plus dan-
gereuse. D'abord, quels que soient les ar-
guments qu'on tire de l'exemple allemand,
nous n'avons aucun intérêt à déprécier no-
tre monnaie. II est certain que les capitaux
semblent faire défaut, mais cela tient beau-
coup plus au resserrement du crédit qu'au |
manque de monnaie. La quantité de billets
de banque déjà émis suffirait amplement à
tous lés besoins des échanges s'ils n'étaient
pas en majeure partie thésaurisés par les
campagnards et par les banquiers. Que l'on
trouve le moyen de les faire sortir de leur
cachette (c'est très facile) et la crise de
circulation sera résolue.
Quant à la planche aux assignats, car
c'est bien d'elle qu'il s'agit, quoi qu'on
en dise, casse-cou! C'est une planche sa-
vonnée sur laquelle on glisse trop vite à la
banqueroute. Il se peut que nous y allions
de toute manière, mais il est tout de même
préférable de la retarder le plus possible...
A force de la retarder, nous finirons peut-
être par l'éviter.
Gustave Téry.
M. Viviani rentre en France
Les Grecs évacuent Ouchak
De nouvelles offres -
sont faites
aux mineurs anglais%
(Voir dans r« Œuvre internationale»)
[illisible]
— Il est vraiment temps que les Alle-
mands nous rendent des compte$...
— Et qu'ils cessent de nous en conter...
APRÈS LA CRISE
Pourquoi les mineurs
anglais
veulent un " pool "
Les mineurs anglais semblent décidé-
ment. se refuser- à suivre les propositions
conciliantes de M. Francis Ilodges et . à
consentir qu'une entente provisoire inter-
vienne sur les salaires avant que soit
glée la question du « pool » national.
C'est donc ce « pool » à faire ou à ne
pas faire qui tient en suspens la vie éco-
nomique de l'Angleterre. Que signifie au
juste ce mot un peu mystérieux,, non pas
seulement pour le public français, mais
même pour les Anglais qui ne sont pas mi-
neurs ou fort au courant des affaires de*
ceux-ci. Un des dirigeants ouvriers de
Grande-Bretagne m'a dit a Londre§ que si
la solidarité des cheminots avait manqué
aux mineurs, c'est parce qu'ils n'avaient ja-
mais compris ce que c'était que le « pool ).
La grève a éclaté parce que, le gouver-
nement ayant supprimé le contrôle-des mi-
nes, celles-ci se sont trouvées abandonnées
à leurs propres ressources. Or quelques-
unes sont d'exploitation facile et avanta-
geuse. D'autres ont des frais beaucoup
plus considérables parce que plus 'profon-
des ou en terrain moins commode. Les mi-
nes favorisées consentent à continuer les
forts salaires ; celles' qui le sont moins veu-
lent les réduire. Les mineurs se refusent à
entrer dans ces considérations.
— Notre travail, disent-ils, est toujours le
même. Le coût de la'vie aussi. Mettez en-
semble toutes vos recettes et toutes vos dé-
penses. Faites une cagnotte, une caisse de
péréquation - un pool. Les plus favorisés ai-
deront les moins heureux et tout le monde
sera traité de la même manière.
Vous en parlez à votre aise, répondent
les patrons. Nous ne pouvons pas. renoncer
à rindlpe&dà-îiçè do-rq£~éxinoitatîqns. Nos
bénéfices sont à nous et non au voisin. On
voit bien que ce n'est pas. vous qui...
— Pardon, répondent - les mineurs, c'est
nous ; du moins, c'est, nous pour ln, plus
large part. Vous affirmez vous-mêmes que
80 pour cent des frais qui grèvent une
tonne de charbon vont aux salaires ; les
autres f,raisct votre bénéfice ne folit que
20. C'est donc nous, pour les quatro cin-
quièmes, qui supporterons les frais de cette
péréquation et vous pour une partie du
reste, ou même pour rien du tout, puisque
vous affirmez que vous renoncez entière-
ment à vos bénéfices. Alors qu'est-ce que
cela peut-vous faire. ? : ' ;
Les patrons mineurs persistent à penser
que cela leur fait quelque chose. Les mi-
neurs sont inébranlables. Il n'y a qu'un
moyen de tout arranger, c'est que le gou-
vernement consente à nourrir le (( pool»
par une subvention. Mais la solution ne
sera, gue provisoire et la difficulté renaîtra
chaque fois que l'Angleterre connaîtra une
crise de son industrie houillère.
— S. V.
L'incident Cécile Sorel-Bib
L'incident n'est pas clos. Avant-hier
soir, à minuit, M. Maurice Neumont, vice-
président de ]a Société des Dessinateurs
Humoristes, trouvait, en rentrant chez
lui, place du. Tertre, une nouvelle assi-
gnatioh de Mme Cécile Sorel.
— Encore une ! dit-il, courbé soue le
poids.
Et il fut se coucher.
L'assignation est pour samedi. Elle in-
vite M. Neumont à comparaître, à 2 heu-
res, devant le bureau des référés, pour
s'entendre dire que le tab^au de M. Bib
doit être mis immédiatement sous séques-
tre.
En outre, cette assignation fait, dirait-
on, de l'humeur. Elle affirme que sous ce
même séquestre devra être mis un ta-
bleau que M. Bib exposa au dernier Salon
de^ Indépendants !, -
j.. .f/J .
Nous avons rejoint, hier M. Maurice
Neumont au sortir de la réunion du co-
mité des Humoristes qui se tint au Salon,
l'après-midi, à 6heures, M. Neumont sem-
blait légèrement excédé.
— Qu'allez-vous faire ?
— Comparoir. Notre avoué se présen-
tera samedi et combattra cette préten-
tion à tout le moins excessive.
« Notre comité est unanime. Bib est un
jeune. Il est désarmé. Nous, ses aînés,
noue considérons comme, un devoir de
prendre sa défense et nous sommes dé-
cidés à aller jusqu'au bout.
. « C'est, en somme, Iri. liberté de notre
crayon que notis défendons. » ;
Maurice Neumont ajouta :
— Venez demain jeudi à notr.e Salon.
L'étourdissant Bagnolet « cuisinera J) une
conférence sur l'art culinaire des Humo-
ristes. " , . '■
— Le sujet ?
— CI La cuisine et l'art d'a,ccommodèr les
destes )1, ' - - ; 1
UNE NOUVELLE AFFAIRE DES POISONS
L'empoisonneur Girard
comparaîtra bientôt
devant les Assises
Après trois années de re-henties «1
d'investigations, l'information t uv&r<-.
par M. Bo-nin contre Henri Gii. r-d est eu
fin close et 1-e courtier d'assurance > ainsi
que sa femme et sa maîtresse Mènn m?,
d'être renvoyés devant la chambre rl4 c's
mises en accusation pour empoisonaem' ut,
et faux. "
Cette affaire, qui est certainement un*<'
des- plus'passionnantes qui ait-ni.été dr-
puis longtemps soumises à la justice, rêve-
le, dans la conception et l'exécution, des
crimes,,une, méthode bi'en rare chez les ac-
cus-és. ' " •
Henri Girard, qui appartient à un a
excellente famille et reçut 'une très Bôx ne
instruction, est aujourd'hui âffé de qua-
rante-cina ans. Menant une existence
aventureuse, il habitait, en 1909, à Mon.
treuil, avec aine demoiselle Dagneau lors-
qu'il conçut le plan machiavélique qu'il
s'efforça d'exécuter pour se procurer de
l'argent. f
Il était en relations ' avec un rentier.
M. Pe-rnotte, dont il surprit la. \ ic intima
et sur lequel il exerça bientôt un ascen-
dant complet, tant par l'astuce qu'il dé-
1, que par la menace de divulgations
à la famille. du malheureux. Il parvint
ainsi durant trois années, de 1909 à 1912,
à se faire sis-ner des reconnaissances de
dette pour la somme de 300:250 francs.
^Mais ces papiers ne fournissaient pas
d'argent ' liquide a Girard. Inspiré sarfë
doute par sa profession de cornii'i^r d'as
surances, il eut l'idée de faire Hgiiôr k
M. Pernotte des polices d'assurances sur
la vie dont il était le bénéficiaire. Ua pre-
mier projet pour 200.000 francs f«t soumis
en novembre 19,10 à la New-York, qui re-
fusa de l'accepter, l'histoire d'un enfant
naturel inventée par Girard n'avant t,'¡"Üü..
vé aucun crédit.
Mats un mois plus tard par l,?nterm^
Jipre,:;dâ^séud.a-Mtiftliî?ea:u, onuri.ir d'as-
surances^ qui n'était autre que Girard
M. ,Pcrnottë signa une police pour une
somme de 125.000 fra,ncs ; peu de jouts
plus tard. il en rendait Girard bénéf:c:a'\
re. A la même époque, il contractait dune
les même conditions une seconde i-àu-
rance de 85.000 francs, puis deux au-1 réf.
contrats étaient également signés.
Les premières victimes
Le malheureux Pernotte, sans "s'en doiu
ter, venait de rendre son arrêt de mort.
En effet, la famille Pernotte, le père, kt
mère et les deux- cnfa-nts, - arrivaiî?nt à
peine à Royau, le 9 août 1912. due tous
étaient atteints de la fièvre;' typhoïde,
Ile se rétablirent assez vite, sauf Per-
notte, qui rentra à - Fontenay-sous-Boîs
très souffrant. Son état nécessite des pi-
qûres ; Girard vint le voir. Un jour, en.
faisant constater à Mme Pernotte qu'il
prenait les -so,iiis les plus minutieux, il
fit une piqûre au malheureux qui suc-
comba peu après, le 1er décembre 1012 l
la piqûre avait déterminé un " abcès pro"
fond. -
Très peu de ternes après le décès de M,
Pernotte. Girard toucha l'assurance de
125.000 francs; il intenta un procès pour
la seconde de 85.000 francs, niais, devant
la résistance de la Compagnie, il accepta,
une mauvaise transaction, redoutant sans
doute une enquête minutieuse
L'accusation soutient que Girard a em.
poîsonné M. Pernotte ; elle ne peut en ap-
porter la preuve certaine, l'autopsie faite
par le docteur Dervieux n'ayant pas donné
de résultats décisifs ; cependant elle éta.-
blit qu'à une époque concomitante avec la.
maladie de 1\1. Pernotte. Girard a acheté
des bouillgns de culture de bacilles typhi"
ques. • ■- ■
Ils ne mouraient pas tous mais...
Le procédé employé par Girard1 à j dga rd
de M.. Pernotte se retrouve avec quelques
variantes pour ses autres victimes.
En 1913 et 1914, il fait'signer à. un em-
ployé, M. Godet, des contrats d'assurances
pour 790.000 fra.ncs ; il imagine un pseudo-
contrat commercial pour décider les Com,
pagnies à accepter des contrats si impor-
tants que ne justifiaient pas lés - ressour-
ces de M. Godet; L'employé est condamne à
son tour ,v les bouillons de culture sont
achetés ; fort heureusement pour le comp-
table, la .."g:uerre t'ntervient. et- Girard est
éloigné de la victime qu'il avait choisie ;
il ne pourra mettre son projet à exi-,ciitioii,,
: Avec ùn camarade. Emile Del ma s, qu'il
connut durant la guerre, au service auto-
mobile du gouvernement militaire de Pa-
ris, il emploie un procédé quelque peu dif"
férent. Il fait contracter au nom de:l)i?ï
mas, mais à son insu, par un tiers qui. n 1
pu être retrouvé) une assurance de 40 000
francs. AussUôt, Delmas est atteint de t'
phoïde ; une perquisition faite chez Girard,
a cette époque pour un. vo] commis dans
un magasin révèle l'existence' d.o bouillons
de culture. -
M.- Duronx, employé des P.T.T., est, lui
aussi, assuré à son insu, au bénéfice cette
fois de Mlle Doultan. iriaîtresse de Girard,
A trois reprises, GirarJ tente de, l'empri-
'sonner avec des toxiques extraits de cham -
pignons. ■
Enfin, en avril 1918, il fait ératracter par
~
15 Centimes
.. Na 2029. JEUDI 21 AVBIX: î92l ~
» " Cette fois-cl est la derniere ou je
prends la parole en Public, car @j'a terminé
mort petit rôle terrestre, et 7e suprême
avertissement d'un, homme qui va entrer
demain dans la grande Nuit a toujours
quelques chances d'être entendu. "
//.'■ ■- PIERRE LOTI.
9, roc Lonis-Ie-Grand (2e)
~ 594
ItlfrrMCS j 01-20,76-83. Caat. 03-ld
tif.It *&l HÉKtt : Ctllt. 03-15. Soft 76-83 $
Directeur
GUSTAVE T X3 R HT
vuàyA^&MISNÏe»
.mm ...I sfi im
France.......... 4a » U. t;t»
blrangér.a 4.9 *
' CMijt» jwttlfâttr» Ifî la
■ : i". Adr. Miésr. iKO Pian
ULTIMA VERBA...
Suprême et déchirante adjuration
de Pierre Loti
Il en appelle à la conscience de l'Angleterre
C'est: ? vers l'Angleterre elIe-Jnême
que j'ose " jeter aujourd'hui mon cri
(l'appel et de supplication, et, si invrai-
semblable que cela pUIsse paraître) je
lé fais presque avec . confiance.
.Jo. sais que j'ai eue nie do nombreux
amis dans ce pays si terriblement rival
du' nôtre, et., Dieu merci, je sais qu'il
n'y a pas là-bas 'que -des- financiers
tins âme.. ; ^ .
Je sais aussi avec certitude qu'il y-
A; par miniers des gens de dignité et
dl.}' reçue accessibles à tous les senti-
ments humains et. qui restent capables
d'avoir, pitié ; je sais qu'il y en a par
milliers qui s'épouvantent d'être gou-
vernés par des spéculateurs implaca-
bles et qui, au jour de détresse, s'as-
semblent en masse dans les temples
pour se, recueillir'et prier avec sincé-
rité. Cette' fois-ci est, la. dernière où je
prends la parole en public., car j'ai fer-
imiiné mon petit rôle terrestre, et le su-
prême avertissement d'un homme qui
va entrer demain dans la grande Nuit
a. toujours quelques chances d'être en-
tendu. -
C'est sans , rancune-et sans haine que
•{j'adjure-aujourd'hui les Anglais de se
laisser enfin émouvoir par. c& malheu-
reux-peuple turc qui se. défend" in c.r-
tremis avec un si héroïque- courage.
Que' les Anglais réfléchissent encore
avant de soutenir a outrance, dans un
.but d'intérêt égoïste, ce vil petit peuple
grec, si impudemment hypocrite et
me.nteur, qui a commis et continuera
de commettré'toute.s les 'iàehetes. toutes
vles-perfidief:,' et qTîi jl
,búÜftollhérie répugnante. Non, les An-
glais, -qui sont'pour nous des rivaux
toujours • iuapa.ises, mais qui-ont . au
.tnoins'la dignité et la noblesse, ne lais-
seront pas les quelques dirigeants né-
fastes, dont, l'intransigeance a déjà
exaspéré contre eux l'Irtande. l'Inde et
:J'Egypt.e, achever leur œuvre en infli-
geant à la nation anglaise- tout entière
cette) tare d'avo.ir écrasé ainsi des ago-
nisants ; qu'ils se. défient de ces politi-
ciens qui achèvent eu ce moment
d'écrire au-dessous rie leur nom, en ca-
; ractères indélébiles, ce qualificatif :
« inexorables profiteurs ».
Dans ce suprême appel, je n'irai pas
jusqu'à leur demander de. soutenir les
pauvres Turcs, mais- je me' fais l'illu-
: s ion qu'ils consentiront; à m'entendre
quand je les supplierai de ne pas con-
tribuer à exterminer cette race loyale,
courageuse et dDlJCC-,,: en fournissant à
leurs. odieux petits agresseurs, si co-
m'iquement infatuée tous les moyens
modernes 'de destruction : l'argent d'a-
bord, à raison d'un million et demi uar
jour, les mitrailleuses, les avions et la
| plus infâme des inventions boches, les
! gaz de m!ort, contre lesquels le cour
rage individuel ne sert. plus à rien et
qui portent toujours la victoire du côté
des plus lâches.
Voici du reste par quel.s mots les
femmes - turques terminent la suppli-
que qu'elles m'adressent," aujourd'hui
du fond de leur abîme d-'angoisse :
— Ami! mnitre ! un dernier effort !
Oh ! ne refusez pas, laissez-vous per-
suader. Vous save:, bien que tout notre;
espoir est en vous. - , j
Oh !. « persuadé j), ai-je besoin de
dire que je la. suis d'avance, que je l'ai
été de tout temps, et ma seule hésita-
tion vient de mon extrême fatigue
mentale, de ma crainte de ne plu's sa-
voir trouver comme dans ma jeunesse
les mots qui persuadentSi j'avais en-
core mon activité de ijodis, avec qu^l
élan je serais allé me .faire tuer dans
: le 3 .yiigi. des . d.é{fJ1$illll:S '. jle j.I'Isla.m.j J...
BSia jefêèh. ai plu
autrefois, au moins je suis fier de me
dire que j'ai consacré Vies dernières
'lueurs de- mon - intè-lfigence , à soutenir
le parti de la vérité, ' púnr': lé,quel sont
tombés en Orient avec-une, tel le conv ie-
tion tant de nos soldats, de nos officiers
et de nos généraux, et que je vais sur-,
tout mourir de la souffrance et de l'ill.
dignation que -iii;'-cturoiit, causées les ,
ignobles meicantis. de l'Europe dite i
chrétienne. !
Pierre Loti,
de l'Académie Française j
. i
L'Allemagne fera connaître
samedi
ses nouvelles propositions
Berlin, 20 avril. — Dans les milieux of-
ficiels, on déclare que les nouvelles pro-
positions : allemandes seront transmises
samedi 'à la commission des réparations.
Aucune réponse de 'Washington n'est,
en effets encore arrivée à Berlin en ré-
, ponse à la. demanda de médiation faite
par l'Allemagne et l'on n'attend plus au-
cun effet dès' pourparlers qui avaient eu
lieu entre le Dr Simons et le Dr Dresel,
chargé -d'affaires américain à Berlin.
Il se confirme, d'autre part, que les di-
vergences de vues s'accentuent au sein
du cabinet d'Empire, au sujet des nou-
velles propositions, et une crise ministé-
rielle est toujours envisagée.
Le Conseil suprême se réunira à Londres
L'entrevue de M. Lloyd George. et de'
M. Briand ne doit avoir pour objet,comme
nous rivons dit,, que de préparer la confé-
rence interalliée à laquelle prendront part,
avec les représentants de la France et de
l'Angleterre, ceux de l'Italie et de la Bel-
gique. -
Mais quand et (IÛ. aura lieu cette réunion
décisive du Conseil suprême ? Dans les pre-
miers jours de mai et à Londres, très vrai-
sernblable,ment. M. Lloyd George, en rai-
son des difficultés intérieures que crée la
grève des mineurs, ne pourrait, sans de
grands inconvénients, quitter l'Angleterre.
RACCOURCIS
On jJarle couramment de mobiliser unr.,
deux, trois .et même quatre classes. Trente
mois après l'armistice, cela paraît un peu
dur. s ■"
Mais si ç'est indispensable?
■Dans ce cas, il reste encore à examiner
Quelles classes vn pourrait mobiliser le plus
efficacement. Je propose que ce soit, au lieu
des plus jeunes classes, les classes 87 et an-
térieur ci.
Ca." vous yie me retirerez pas Vidée que,
dans l'occupation, les vainqueurs ont tou-
jours l'ne tendance à la générosité ; au con-
traire, les hommes de cinquante-cinq ans,
élevés dans le souvenir de la défaite, ont
toujours eux, leur revanche à prendre. -
Pangloss, s
Après les bouchers
les charcutiers
vont avoir leur barême
Les bouchers ont un barème ; les char-
cutiers u'en 'ont pas. Ils ne tarderont pas
à en avoir un et ce sera "justice. Les prix
du porc sur pied ont en effet baissé dans
de grosses proportions et on no s'en est
guère aperçu au détail. Il paraît qu'on
s'en apercevra. , : '
M. Faisant a causé hier avec lès char-
cutiers. A l'issue de l'entretien, la note
suivante a été communiquée à la presse :
Le sousrsecréfaite d'Etat au Ravitaille-
ment, assisté de M. Martel, .vétérinaire
'en: chef d?t département de .la Seine, et de
MM. La-faussé et llocquard, représentants
du -prpfct de police. a reçu hier matin. à
10 h. 30. M. Roussy, président du Syndicat
des charcutiers détaillants, accompagné
des membres rie son syndicat et de liircc.
leurs de grandes maisons d'alimentation.
Le sous-secrétaire d'Etat, et le préfet de
polir e ont charrié respectivement M. Mar-
tel et MM. L(iÏaysq(,e et Hocr/uard de met-
tre au point avec la délégation des char-
cutiers les prix proposés par eux, basant
les prix de vente au détail sur les prix
d'achat en gros.
Une nouvelle réunion aura lieu samedi
prochain. Une convocation a/été adressée
pour celle même date aux représentants
des restaurants et des boitillons-restau-
rants...
Puisse M. Payant faire baisser le prix
du plat du jour ! Il en a he&oin.- -
- H. G.
Le Château de Compiègne
sert toujours d'asile à M. Ubureau'
Les services des Régions libérées sont
toujours installés au château de Compiè-
gne. Par une proposition de résolution, le
gouvernement avait été invité à les faire
évacuer.
M. Locquin, député du Cher, a fait un
rapport favorable. Il a insisté sur les dan-
gers d'incendie et de vol que fait courir au
château de Compiègne la présence de bu-
reaux.
Mais les Régions libérées ne, sont pas de
cet avis : elles consentent simplement à
transférer leurs bureaux dans une autre
aile du palais.
PAS D'ASSIGNATS !
Y a-t-il trop de billets de banque ? Etes-
vous pour l'inflation fiduciaire, c'est-à-dire
pour la mise en circulation de billets nou-
veaux ? Etes-vous pour la déflation, c'est-
à-dire pour le retrait progressif des billets
en excès, s'il y a excès ? Ou n'êtes-vous ni
inflationniste, ni déflationniste, vous en te-
nant à penser qu'il vaut mieux attendre et
voir venir les milliards boches?
MM. Levasseur, Aubtiot, Rosier et
Georges Barthélémy, députés socialistes,
ne sont pas pour le statu quo et ils: ont bien
raison; on a toujours tort d'être pour le
siaiu quo. Mais les quatre députés n'y vont
pas, comme on dit; « avec le dos de la
cuiller » ; ils proposent— et Bonsoir ouvre
à ce sujet une consultation fort instructive,
- ils Woposent- une nouvelle émission de
billets de banque jusqu'à concurrence de
cent cinquante milliards, ce qui avec les
trente-huit milliards déjà en circulation por-
terait à cent quatre-vingt-huit milliards no-
tre papier-monnaie.
Alors, la planche aux assignats ?
— Non, répondent les auteurs du pro-
jet, car l'émission des cent cinquante mil-
liards serait « gagée » ( ?) ou garantie par
la créance allemande, et l'on croit ou l'on
ne croit pas à la possibilité de la recouvrer,
mais il est plus convenable de paraître y
croire.
D'ailleurs ces cent cinquante milliards
ne représenteraient qu'un maximum, une li-
mite que la Banque de France ou plutôt
l'Etat ne pourrait dépasser; l'émission se-
rait progressive et proportionnelle, aux be-
soins. ; |
A cela deux avantages, expliquent nos
quatre législateurs. Le premier serait de
fournir des capitaux à l'industrie et aux
banques qui se plaignent d'en manquer ; !
je Tseea-nd serait la1 ^préciation rafême de;
notre monnaie, qui faciliterait l'exportation
de nos produits et surexciterait par consé-
qu' ent notre activité industrielle et commer-
ciale.
A certains égards, comme toutes les so-
lutions paresseuses, la proposition est sé-
duisante, mais elle n'en est que plus dan-
gereuse. D'abord, quels que soient les ar-
guments qu'on tire de l'exemple allemand,
nous n'avons aucun intérêt à déprécier no-
tre monnaie. II est certain que les capitaux
semblent faire défaut, mais cela tient beau-
coup plus au resserrement du crédit qu'au |
manque de monnaie. La quantité de billets
de banque déjà émis suffirait amplement à
tous lés besoins des échanges s'ils n'étaient
pas en majeure partie thésaurisés par les
campagnards et par les banquiers. Que l'on
trouve le moyen de les faire sortir de leur
cachette (c'est très facile) et la crise de
circulation sera résolue.
Quant à la planche aux assignats, car
c'est bien d'elle qu'il s'agit, quoi qu'on
en dise, casse-cou! C'est une planche sa-
vonnée sur laquelle on glisse trop vite à la
banqueroute. Il se peut que nous y allions
de toute manière, mais il est tout de même
préférable de la retarder le plus possible...
A force de la retarder, nous finirons peut-
être par l'éviter.
Gustave Téry.
M. Viviani rentre en France
Les Grecs évacuent Ouchak
De nouvelles offres -
sont faites
aux mineurs anglais%
(Voir dans r« Œuvre internationale»)
[illisible]
— Il est vraiment temps que les Alle-
mands nous rendent des compte$...
— Et qu'ils cessent de nous en conter...
APRÈS LA CRISE
Pourquoi les mineurs
anglais
veulent un " pool "
Les mineurs anglais semblent décidé-
ment. se refuser- à suivre les propositions
conciliantes de M. Francis Ilodges et . à
consentir qu'une entente provisoire inter-
vienne sur les salaires avant que soit
glée la question du « pool » national.
C'est donc ce « pool » à faire ou à ne
pas faire qui tient en suspens la vie éco-
nomique de l'Angleterre. Que signifie au
juste ce mot un peu mystérieux,, non pas
seulement pour le public français, mais
même pour les Anglais qui ne sont pas mi-
neurs ou fort au courant des affaires de*
ceux-ci. Un des dirigeants ouvriers de
Grande-Bretagne m'a dit a Londre§ que si
la solidarité des cheminots avait manqué
aux mineurs, c'est parce qu'ils n'avaient ja-
mais compris ce que c'était que le « pool ).
La grève a éclaté parce que, le gouver-
nement ayant supprimé le contrôle-des mi-
nes, celles-ci se sont trouvées abandonnées
à leurs propres ressources. Or quelques-
unes sont d'exploitation facile et avanta-
geuse. D'autres ont des frais beaucoup
plus considérables parce que plus 'profon-
des ou en terrain moins commode. Les mi-
nes favorisées consentent à continuer les
forts salaires ; celles' qui le sont moins veu-
lent les réduire. Les mineurs se refusent à
entrer dans ces considérations.
— Notre travail, disent-ils, est toujours le
même. Le coût de la'vie aussi. Mettez en-
semble toutes vos recettes et toutes vos dé-
penses. Faites une cagnotte, une caisse de
péréquation - un pool. Les plus favorisés ai-
deront les moins heureux et tout le monde
sera traité de la même manière.
Vous en parlez à votre aise, répondent
les patrons. Nous ne pouvons pas. renoncer
à rindlpe&dà-îiçè do-rq£~éxinoitatîqns. Nos
bénéfices sont à nous et non au voisin. On
voit bien que ce n'est pas. vous qui...
— Pardon, répondent - les mineurs, c'est
nous ; du moins, c'est, nous pour ln, plus
large part. Vous affirmez vous-mêmes que
80 pour cent des frais qui grèvent une
tonne de charbon vont aux salaires ; les
autres f,raisct votre bénéfice ne folit que
20. C'est donc nous, pour les quatro cin-
quièmes, qui supporterons les frais de cette
péréquation et vous pour une partie du
reste, ou même pour rien du tout, puisque
vous affirmez que vous renoncez entière-
ment à vos bénéfices. Alors qu'est-ce que
cela peut-vous faire. ? : ' ;
Les patrons mineurs persistent à penser
que cela leur fait quelque chose. Les mi-
neurs sont inébranlables. Il n'y a qu'un
moyen de tout arranger, c'est que le gou-
vernement consente à nourrir le (( pool»
par une subvention. Mais la solution ne
sera, gue provisoire et la difficulté renaîtra
chaque fois que l'Angleterre connaîtra une
crise de son industrie houillère.
— S. V.
L'incident Cécile Sorel-Bib
L'incident n'est pas clos. Avant-hier
soir, à minuit, M. Maurice Neumont, vice-
président de ]a Société des Dessinateurs
Humoristes, trouvait, en rentrant chez
lui, place du. Tertre, une nouvelle assi-
gnatioh de Mme Cécile Sorel.
— Encore une ! dit-il, courbé soue le
poids.
Et il fut se coucher.
L'assignation est pour samedi. Elle in-
vite M. Neumont à comparaître, à 2 heu-
res, devant le bureau des référés, pour
s'entendre dire que le tab^au de M. Bib
doit être mis immédiatement sous séques-
tre.
En outre, cette assignation fait, dirait-
on, de l'humeur. Elle affirme que sous ce
même séquestre devra être mis un ta-
bleau que M. Bib exposa au dernier Salon
de^ Indépendants !, -
j.. .f/J .
Nous avons rejoint, hier M. Maurice
Neumont au sortir de la réunion du co-
mité des Humoristes qui se tint au Salon,
l'après-midi, à 6heures, M. Neumont sem-
blait légèrement excédé.
— Qu'allez-vous faire ?
— Comparoir. Notre avoué se présen-
tera samedi et combattra cette préten-
tion à tout le moins excessive.
« Notre comité est unanime. Bib est un
jeune. Il est désarmé. Nous, ses aînés,
noue considérons comme, un devoir de
prendre sa défense et nous sommes dé-
cidés à aller jusqu'au bout.
. « C'est, en somme, Iri. liberté de notre
crayon que notis défendons. » ;
Maurice Neumont ajouta :
— Venez demain jeudi à notr.e Salon.
L'étourdissant Bagnolet « cuisinera J) une
conférence sur l'art culinaire des Humo-
ristes. " , . '■
— Le sujet ?
— CI La cuisine et l'art d'a,ccommodèr les
destes )1, ' - - ; 1
UNE NOUVELLE AFFAIRE DES POISONS
L'empoisonneur Girard
comparaîtra bientôt
devant les Assises
Après trois années de re-henties «1
d'investigations, l'information t uv&r<-.
par M. Bo-nin contre Henri Gii. r-d est eu
fin close et 1-e courtier d'assurance > ainsi
que sa femme et sa maîtresse Mènn m?,
d'être renvoyés devant la chambre rl4 c's
mises en accusation pour empoisonaem' ut,
et faux. "
Cette affaire, qui est certainement un*<'
des- plus'passionnantes qui ait-ni.été dr-
puis longtemps soumises à la justice, rêve-
le, dans la conception et l'exécution, des
crimes,,une, méthode bi'en rare chez les ac-
cus-és. ' " •
Henri Girard, qui appartient à un a
excellente famille et reçut 'une très Bôx ne
instruction, est aujourd'hui âffé de qua-
rante-cina ans. Menant une existence
aventureuse, il habitait, en 1909, à Mon.
treuil, avec aine demoiselle Dagneau lors-
qu'il conçut le plan machiavélique qu'il
s'efforça d'exécuter pour se procurer de
l'argent. f
Il était en relations ' avec un rentier.
M. Pe-rnotte, dont il surprit la. \ ic intima
et sur lequel il exerça bientôt un ascen-
dant complet, tant par l'astuce qu'il dé-
1, que par la menace de divulgations
à la famille. du malheureux. Il parvint
ainsi durant trois années, de 1909 à 1912,
à se faire sis-ner des reconnaissances de
dette pour la somme de 300:250 francs.
^Mais ces papiers ne fournissaient pas
d'argent ' liquide a Girard. Inspiré sarfë
doute par sa profession de cornii'i^r d'as
surances, il eut l'idée de faire Hgiiôr k
M. Pernotte des polices d'assurances sur
la vie dont il était le bénéficiaire. Ua pre-
mier projet pour 200.000 francs f«t soumis
en novembre 19,10 à la New-York, qui re-
fusa de l'accepter, l'histoire d'un enfant
naturel inventée par Girard n'avant t,'¡"Üü..
vé aucun crédit.
Mats un mois plus tard par l,?nterm^
Jipre,:;dâ^séud.a-Mtiftliî?ea:u, onuri.ir d'as-
surances^ qui n'était autre que Girard
M. ,Pcrnottë signa une police pour une
somme de 125.000 fra,ncs ; peu de jouts
plus tard. il en rendait Girard bénéf:c:a'\
re. A la même époque, il contractait dune
les même conditions une seconde i-àu-
rance de 85.000 francs, puis deux au-1 réf.
contrats étaient également signés.
Les premières victimes
Le malheureux Pernotte, sans "s'en doiu
ter, venait de rendre son arrêt de mort.
En effet, la famille Pernotte, le père, kt
mère et les deux- cnfa-nts, - arrivaiî?nt à
peine à Royau, le 9 août 1912. due tous
étaient atteints de la fièvre;' typhoïde,
Ile se rétablirent assez vite, sauf Per-
notte, qui rentra à - Fontenay-sous-Boîs
très souffrant. Son état nécessite des pi-
qûres ; Girard vint le voir. Un jour, en.
faisant constater à Mme Pernotte qu'il
prenait les -so,iiis les plus minutieux, il
fit une piqûre au malheureux qui suc-
comba peu après, le 1er décembre 1012 l
la piqûre avait déterminé un " abcès pro"
fond. -
Très peu de ternes après le décès de M,
Pernotte. Girard toucha l'assurance de
125.000 francs; il intenta un procès pour
la seconde de 85.000 francs, niais, devant
la résistance de la Compagnie, il accepta,
une mauvaise transaction, redoutant sans
doute une enquête minutieuse
L'accusation soutient que Girard a em.
poîsonné M. Pernotte ; elle ne peut en ap-
porter la preuve certaine, l'autopsie faite
par le docteur Dervieux n'ayant pas donné
de résultats décisifs ; cependant elle éta.-
blit qu'à une époque concomitante avec la.
maladie de 1\1. Pernotte. Girard a acheté
des bouillgns de culture de bacilles typhi"
ques. • ■- ■
Ils ne mouraient pas tous mais...
Le procédé employé par Girard1 à j dga rd
de M.. Pernotte se retrouve avec quelques
variantes pour ses autres victimes.
En 1913 et 1914, il fait'signer à. un em-
ployé, M. Godet, des contrats d'assurances
pour 790.000 fra.ncs ; il imagine un pseudo-
contrat commercial pour décider les Com,
pagnies à accepter des contrats si impor-
tants que ne justifiaient pas lés - ressour-
ces de M. Godet; L'employé est condamne à
son tour ,v les bouillons de culture sont
achetés ; fort heureusement pour le comp-
table, la .."g:uerre t'ntervient. et- Girard est
éloigné de la victime qu'il avait choisie ;
il ne pourra mettre son projet à exi-,ciitioii,,
: Avec ùn camarade. Emile Del ma s, qu'il
connut durant la guerre, au service auto-
mobile du gouvernement militaire de Pa-
ris, il emploie un procédé quelque peu dif"
férent. Il fait contracter au nom de:l)i?ï
mas, mais à son insu, par un tiers qui. n 1
pu être retrouvé) une assurance de 40 000
francs. AussUôt, Delmas est atteint de t'
phoïde ; une perquisition faite chez Girard,
a cette époque pour un. vo] commis dans
un magasin révèle l'existence' d.o bouillons
de culture. -
M.- Duronx, employé des P.T.T., est, lui
aussi, assuré à son insu, au bénéfice cette
fois de Mlle Doultan. iriaîtresse de Girard,
A trois reprises, GirarJ tente de, l'empri-
'sonner avec des toxiques extraits de cham -
pignons. ■
Enfin, en avril 1918, il fait ératracter par
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