Titre : L'Œuvre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1926-12-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429265b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 décembre 1926 16 décembre 1926
Description : 1926/12/16 (N4094). 1926/12/16 (N4094).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4614330x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-90
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
L'ŒUVRE
S&S Centi'ID.es
Exoicirxoissr I>E IL:»I&X:exffl
NI' 4094. - JEUDI 16 DECEMBRE f923}
9, rue Louis-le-Grand (ze) ,
Adr. télég. : ŒOm-PÀRIS
CUifM postal : Compta 1046
Directeur : .
1 _GUSTAVE -MIEIIEZIR
mRk.». i Louym 65-01, 65-02
1 .. , 65-03,65-04, ~ J *
JUaQt k itiquer, Ic'S Monopoles
d'Etat, pourvoi 5e parle-t-on jamais du,
Monopole, que-de'tiewiiUes "clpil lards"1
de la Uillctte ? : ■ -
LE PÉRIL DU DÉBOISEMENT
Si l'Etat avait pu reboiser
la catastrophe de Roquebillière
n'aurait pu se produire
'Le 24 novembre dernier, à 3 heures du
matin, deux millions de mètres cubes
de terre, se détachant du versant qui cou-
ronne le village de Belvédère, tombèrent
de 578 mètres de haut dans la vallée de
'la Vésubie. L'avalanche accrocha au pas-
gage douze maisons de Roquebillière qui
furent rasées, enleva la route et le che-
min vicinal, ravagea dix hectares de ver-
gers et ensevelit dix-neuf personnes.
La même nuit, à quatre kilomètres de
là, tous les coteaux de la rive gauche de
la Vésubie s'effondraient aussi dans la
rivière, et la route fut emportée sur une
longueur de 400 mètres.
— Vous savez tout cela, Monsieur le
'Ministre, puisque dès le surlendemain
vous prescriviez une enquête. J'en viens
apprendre les résultats.
M. Queuille inclina la tête et saisit un
papier :
— Le rapport de M. Mougin, inspec-
teur général des eaux et forêts, vient de
m'être remis.
— Je l'ai lu. L'Œuvre .aimerait à con-
Tiaître votre pensée au sujet de certaines
phrases écrites dans ce document par
votre envoyé spécial.
— Quelles phrases ?
— Voici. M. Mougin, haut fonction-
l naire, s'est rendu sur les lieux avec
lM. le conservateur des eaux et forêts, et
'M. l'inspecteur principal de Nice. Ils
étaient trois forestiers. Vous aviez or-
donné d'étudier les causes de la cata-
strophe par rapport au déboisement.
; —C'est exact. *
; — Or M. Mougin, qui rencontra sur
place ses collègues des ponts et chaus-
sées, vous a fait un rapport d'ingénieur.
Il a étudié la croupe fatale en géologue :
argile sur gypses triasiques, irrigation
exagérée des cultivateurs, infiltration
des.eaux et formation de galeries dans
le gypse désagrégé, bref un très joli tra-
vail d'amateur de cailloux. Il lui permet
d'affirmer : « Ce n'est pas le déboisement
qui fut la cause de la catastrophe. » Qu'en
sait-il ?
— M. Mougin a remarqué que le ver-
sant écroulé, planté de châtaigniers et
d'arbres fruitiers, n'était pas dénudé.
— Sans doute. Mais il observe égale-
ment que ledit versant ne pouvait être
compris dans ce périmètre de la Vésubie
idont le raffermissement fut déclaré
d'utilité publique par la loi du 26 juil-
let 1892. C'est là que je ne comprend plus.
Ce' reboisement portait sur 265 hectares.
Or, depuis 1892,, l'Etat n'a pu acheter,
pour les reboiser, que 7 hectares / Et
M. Mougin conclut qu'« il est inutile
d'invoquer à nouveau l'utilité publique
pour reboiser ces dangereux versants,
" parce que les populations refusent de
vendre leurs terrains ». Alors, à quoi sert,
la loi Chauveau sur le reboisement des
montagnes ? S'il y avait eu des arbres au
lieu d'un pâturage à quatre kilomètres
de Roquebillière, si les 265 hectares « à
reboiser », d'après la loi, l'avaient été,
Jes pluies eussent été moins torrentielles,
le sous-sol d'argile sur gypse triasique
11'e11t point été saturé d'eau, le glisse-
ment ne se serait point produit, douze
. maisons seraient debout, dix-neuf habi-
Itants vivraient et...
— Et le ministre de l'agriculture serait
bien content, coupa M. Queuille. Car, la
loi Chauveau -obéie, je n'aurais plus be-
soin de réglementer devant la commis-
sion d'agriculture le droit des proprié-
taires. J'aurais pour verser les indemni-
. tés nécessaires l'argent indispensable. Je
ne devrais plus préparer pour la rentrée
parlementaire le programme forestier
qui fera partie du (c programme de la
production » que présentera le gouverne-
ment. Et, si le projet de loi Jean Durand,
que Y Œuvre connaît bien, sur le reboi-
sement de la France était voté, ce n'est
pas trois millions de francs, pris annuel-
lement sur le produit des jeux, qui me
\permettraient de racheter des forêts, ce
iserail le déboisement combattu, arrêté,
Vaincu.
— Et des catastrophes comme celle de
Roquebillière presque impossibles...
, A condition, bien entendu, que les fo-
restiers a pensent » arbres et non cail-
loux, et qu'ils admettent une fois pour
' toutes cet axiome de l'école primaire :
« Quand l'arbre rr...qnque, l'eau ravage,
et c'est ensuite le désert. «
Mais il ne faut jamais l'oublier...
Emmanuel Bourcier.
Les proscrits italiens de Paris
» accueillent M. Turati 1
~315 "A.(1.4£J
Le Prix Goncourt
à M. Henri Deberly
Le Prix Femina
à M. Charles Sylvestre
M. SYLVESTRE M. DEBERLY
Pour la vingt-quatrième fois depuis 1903,
le prix G on couit a été déoerné, hier, avant
le déjeuner qui réunit, dans un restaurant,
les membres de la Société fondée par les
frères Goncourt.
M. Lucien Descaees n'assistait pas à ce
déjeuner ; il avait envoyé son bulletin de
vote. Par contre, M. Georges Courteline,
élu le 24 novembre dernier était venu en
voiture ; amputé d'une jambe, M. Courte-
line, a dû être transporté jusqu'à l'ascen-
seur qui le conduisiit au deuxième étage
dans le salon où se réunit l'Académie.
Les 7 tours de scrutin ont donné des voix
à MM. René Bizet, Georges Bernanos, Ga-
briel Reuillard, Jean DorSenne, Jean Cas-
sou, Henri Duclos, Auguste Bailly, Jou-
handeau, etc. Un véritable palmarès !
En manière de passe-temps, les journalis-
tes qui se trouvaient là décidèrent d'attri-
buer, eux aussi, un prix littéraire. Pour-
quoi pas? Mais ils le firent avec une gra-
vité qu'on n'attq?idaât pas d'eux. M. Ar-
mand Lunel, auteur dei Nicolo Peccavi, fut
le lauréat de cette platonique distinction
qui gagnerait, 'peut-être, à rester humoris-
tique.
Une heure plus tard, les mêmes (informa-
teurs se retrouvaient dans un autre salon
pour connaître les délibérations du jury Fé-
mina.
Un grand diable de valet, en habit noir
usagé et pantalon gris-souris, prétendit tout
d'abord les empêcher de fumer. Il fut cons-
pué et renvoyé à l'office. Après quoi, sur le
coup de 2 h. 45, on apprit que le prix était
attribué à M. Charles Sylvestre pour Pro-
dige du, cœur par dtix voix contre huit à
Bab el Oued, roman de Mme Lucienne Fa-
vre et une à La Porte du Sauveur, de M.
Burnet.
Le palmarès préliminaire avait réuni,
dans l'ordre alphabétique, les noms dei MM.
Bernanos, Cassou, Fleg, Green et Kessel.
L. Dx.
LES LIVRES COURONNÉS
Le Supplice de Phèdre, de M. Henri
Deberly, qui obtient le prix Goncourt,
est assurément un des bons romans de
cette année. Le talent de l'auteur, un peu
sec, mais pénétrant, parfois même jus-
qu'à la cruauté, s'était déjà fait appré-
cier dans 'divers ouvrages, notamment
dans l "Impudente, étude d'un caractère
de femme qui n'est pas sans quelque pa-
renté avec l'héroïne du Supplice de Phè-
dre. M. Deberly est un classique, un mo-
raliste. Ses analyses se présentent comme
des démonstrations singulièrement luci-
des, exemptes de tout charme emprunté.
Elles peuvent déplaire ou agacer. Elles ne
sauraient laisser personne indifférent.
Le Supplice de Phèdre pincera chez ses
lectrices bien des fibres secrètes et qua-
siment interdites. Est-il nécessaire d'en
dire le sujet ? Le titre de l'ouvrage l'in-
dique assez.
On a donné le prix Fémina à Prodige
du cœur; de M. Charles Sylvestre, ro-
mancier Limousin. C'est un roman rus-
tique, sentimental, conventionnel et un
peu ennuyeux. C'est l'histoire d'une vieil-
le fille qui se prend d'une passion toute
maternelle pour le fils de son frère,
qu'elle a élevé. Mais la veuve du frère
vient réclamer l'enfant et l'emmène à la
ville. Alors, dans un accès de désespoir,
la vieille fille s'élance, malgré le mau-
vais temps, sur les traces de la voiture
qui emporte le gamin, et elle attrape la
grippe, maladie toujours mortelle, du
moins dans les romans.
Le prix Théophraste-Renaudot, qui rap-
pelle certain prix de 500,000 francs trop
oublié aujourd'hui, a été décerné pour la
première fois cette année à Nicolo-Pec-
cavi, de M. Armand Lunel. Le plus cu-
rieux, le plus original sans doute 4 des
trois romans couronnés hier. Etude* his-
torique et psychologique de la vie juive
dans le Comtat-Venaissin depuis le trei-
zième siècle jusqu'à nos jours, ce récit
plein de verve prend les tons les plus im-
prévus. Sans aucune intention de taqui-
nerie à l'égard des juges littéraires qui
lui ont préféré Le fpupplice de Phèdre et
Prodige du cœur, on peut dire que Nico-
lo-Peccavi a été la révélation de la jour-
née.
— A. B.
On va " charrier "
on ne va pas enterrer à l'église
malgré lui
l'auteur des " Blasphèmes "
On eût préféré, sans doute, que Jean
Richepin, poète des gueux, « s'en
allât » dans le corbillard des pauvres.
Accompagnée des troupes qu appelle
la cravate de commandeur, la modeste
cérémonie n'en aurait eu, dans sa sim-
plicité, que plus de noblesse et de gran-
deur.
Elle eût été plus conforme à la vraie
figure du poète, qui ne fut pas seule-
ment un anticlérical fougueux à l'an-
cienne mode, mais dont toute l'œuvre,
groupée autour des Blasphèmes, fut un
acte perpétuel et opiniâtre d'antifoi.
Son dernier volume les Glas aurait pu
porter le titre de Testament d'un
athée. Pas d'idée qui tînt plus au cœur
et à l'esprit de Jean Richepin, et le
maître Aulard rappelait hier encore
les derniers entretiens du poète au
Val-André. « Sa libre pensée, qu'il
chanta magnifiquement dans ses Blas-
phèmes, écrit M. Aulard, était le fond
même de son être moral et le resta. Au
mois dernier, en Bretagne, dans sa pe-
tite et charmante maison du Val-An-
dré, Richepin me parla des religions
comme il m'en parlait rue d'Ulm, il y
a plus d'un demi-siècle. Sa raison resta
ferme jusqu-au bout. »
A la veille même de sa mort, tous ses
amis l'ont entendu répéter, avec une
comique horreur, qu'il ne voulait ja-
mais voir de soutane auprès de son lit.
Et on lui a, en effet, pendant quinze
~ jours d'agonie, épargné ce déSagré-
ment.
Alors cet enterrement religieux
d'épicier cossu? Ces simagrées de pre-
mière classe? Qui est intervenu, qui
s'est interposé, entre le cercueil et la
volonté manifeste, évidente de ce vieil
et grand incroyant, dont l'esprit puis-
sant fut toujours maître de lui-même?
Qui attendait son dernier, souffle pour
entr'ouvrir la porte aux punaises et
aux cancrelats de la prochaine sacris-
tie? Qui a, ou qui s'arroge cet horri-
ble pouvoir de caricature posthume?
Qui peut avoir approché d'assez près
la grande figure du maître Richepin
pour se permettre d'effacer à son gré
le plus fort, le plus beau trait de son
visage, de manquer par une telle falsi-
fication au plus glorieux de sa mé-
moire et de n'avoir pas conscience
d'un pareil attentat?
Le plus fort, ou le plus curieux, c'est
que la famille n'y est pour rien, et cela
montre assez combien l'Eglise, guet-
tant ceux qui ont médit d'elle, est de-
meurée puissante, vindicative, sournoi-
sement prompte à saisir toutes les oc-
casions, à utiliser tous les auxiliaires,
et il en est de comiques ! Certaines
voies de la Providence ne sont à Paris
que trop pénétrables...
Laissons cela : il nous aura suffi de
marquer qu'un groupe d'admirateurs
et d'amis de Jean Richepin, qui gar-
dent sa pensée fidèle, n'assisteront pas
ce matin, par respect, aux funérailles
soi-disant religieuses et protestent de
tout leur cœur, qui a aimé et vénéré le
maître de la pensée libre, contre l'in-
jure suprême qui sera faite, même en
musique, à sa dépouille.
Car l'un, le plus notable des prêtres
qu'il n'a pas voulus, va tout à l'heure
prononcer l'absoute. L'absoute ! En
d'autres termes, très exactement, l'ab.
solution ; par la voix d'un monseigneur
de luxe, l'Eglise va tout à l'heure par-
donner au grand Richepin d'avoir écrit
la Chanson des Gueux et les Blasphè.
mes! Beau spectacle! Et il faudrait
que nous tolérions ça sans laisser pa-
raître notre indignation et notre dé-
goût!
Gustave Téry
Les obsèques de Jean Richepin
Rappelons que les obsèques de Jean Ri-
chepin seront célébrées ce matin jeudi, à
10 heures très précises, 8, rue de l'Annon-
ciation.
Des discours seront prononcés par MM.
Herriot, au nom du gouvernement ; Dou-
mic, de l'Académie Française ; André Ri-
voire, représentant la Société des Auteurs,
et G. de Porto-Riche, au nom 1 des amis.
__
AUTOUR DE L'AFFAIRE DES DÉCORATIONS
Quand Marcel Ruotte
était à la station-magasin
de Nuits-sous-Ravières
(D'un correspondant particulier)
1 Dijon,! 14 décembre.'
Pendant la guerre, Marcel Ruotte fit son
devoir, comme tout le monde. Parti comme
simple soldat du recrutement de,Saint-Dié,
il fut versé, après des tribulations com-
munes à chacun des mobilisés, au 56° d'in-
fanterie, à Chalon-sur-Saône, où, déclaré
inapte — comme on disait, — il fut en-
globé, nonobstant son jeune âge, dans un
détachement du 58e territorial, composé de
vieux R. A. T., et dirigé, en janvier 1915,
avec ce détachement, à la Station-Magasin
de Nuits-sous^Ravières (Yonne).
Cette compagnie d'inaptes (vieux terri-
toriaux, blessés retour du front ou malin-
gres) était destinée à être occupée à la
manutention des services de cet important
organisme de l'arrière.
Marcel Ruotte, trouvant à juste titre le
métier de portefaix peu en rapport avec
sa condition et ses titres, essaya de. s'en
tirer... Qui pourrait l'en blâmer '?
A peine arrivé à Nuits, Ruotte, qui fai-
sait sonner très haut un titre de licencié
en droit et ses importantes fonctions do
consul de France en Allemagne (?), se pré-
senta allégrement au commandant d'ar
mes, commissaire de gare de la station,
en lui indiquant, non sans quelque hau-
teur, qu'il aurait en lui un secrétaire 'in-
comparable et tout indiqué...
Mais que peut un troupier contre un « quatre ga-
„ . [Ions >< I
Malgré ses titres — ou à cause d'eux —
le soldat Marcel Ruotte . fut royalement
c vidé », avec, je crois bien, quelques jours
de prison, pour avoir négligé l,a. réglemen-
taire « voie hiérarchique ».
Puis il fut, bien:entendu, à partir de ce
jour, repéré et employé aux' travaux -'l'es
plus pénibles, et l'on vit .Marcel :Ruotte,
licencié eli dtoit et • constil de France, ^ein-
ployé comme ,« sous-pied » àrla iboJjlah-;
gerie lJU -c« plongeur » : dans les cuismes.
coltiner; les ; sacs de charbon ou « panOuil-
1er » d'ignobles marmites dégouttantes1 de
graisse. :" » •- ' :r7 :
Mais, dans ces humbles et répugnantes
fonctions, il ne perdit jamais rien d'une
morgue hautaine qui était loin de lui at-
tir-er les ; sympathies de ses ' compagnons
de corvée. Il se prétendait fils d'un châte-
lain énormément riche, possédant de riom-
breux domaines, et se vantait'si haut, do
ses relations mondaines qu'un chanson-
nier, égaré lui aussi dans ce pittoresque
détachement, commandé par le capitaine
Savary, lui dédia un jour l'amusante pièce
satirique que nous reproduisons ci.-des-
sous :
A MARCEL RUOTTE,
diplomate et homme de corvée.
Qu'eussiez-vous dit, RuoUe,; si,' / ■'
Quand vous faisiez votre persil:
Dans les salons du ministère, •
Près de madame votre mère, , • '
La respectable douairière,
- On eût prévu que vous seriez
Le dernier des manouvriérs 71
Vos confrères, les diplomates, 1
Auront-ils point le rouge au front,
Dites-le-moi, quand ils sauront
Que vous pelâtes des patates,
Empilâtes et coltinâtes ■
Des sacs de plâtre et de charbon ? •
Où donc le frac et le plastron ?
Et la jeune fille bien née ■ '
Dont l'haleine. était, parfumée " ;.!
.. Et que. vous avez promenée -
Dans les grands parcs de vos châteaux,
Sera-t-elle vraiment' cha;rmée
Quand elle saura, pauvre' aimée. ;
Que vous convoyez des bestiaux ?
Mais c'est le métier militaire,
La dure école de la guerre.
Consolez-vous avec ces mots ! ;
Et s'il n'a rien de la carrière
Chère à votre maître Barrère,
Portez quand même les ballots 1 • 1
Songez que, sous leur bourguignotte,
Vos ancêtres, dans leur, tombeau,
Seront fiers de Marcel Ruotte.
' Les pantalons couverts de crotte.
Comme les grogna'rds de-Marceau.
Le champiutr
de boxe
CHARLES PEGUILHAN
qui vient de mourir
à l'hdpitai
de Hartford
(Connecticut)
des suites
de son combat,
avec le boxeur
américain
Elmer Friedman
LES CHANGES
Avant-hier Hier
La livre • ! 122,45 122,35
Le dollar. 25,24 25,22
L'AFFAIRE DE BRIE-COMTE-ROBERT
IL FAUT ENTENDRE
Edouard Hunschted
le véritable " ami " de Cady
qu'accuse Mme Charvin
Il est actuellement à Nice
Il est . surprenant de voir la Sûreté Gé-,
nérale ne pas s'arrêter plus longuement'
aux ' déclarations de' Mme Charvin, à qui
Edouard Hunschted, l'amant de « Cady »J.
a affirmé avoir tapé trop foi*t. 1
Cette affaire n'est, pas d'ordre politique,
mais seulement : criminel. Quelles que
soient les opinions .de Jollot, il n'es : pis
permis de le: laisser plus longtemps e t pri..
son, si Edouard Hunschted a dit la vérité. j
D'ailleurs, cet individu a joué un rôle r
très curieux dans l'affaire Cady.
A Brie-Comte-Robert, où il se disait in- j
formateur bénévole d'un journal parisien
du soir, Edouard Hunschted prenait des i
airs avantageux ; il ne cachait pas avoir i
été admis dans l'intimité de Cady. Ceye«ci„
avant de mourir, l'appela souvent auprès
d'elle.... r
— Je suis très gêné, expliquait-il, caîf
ma femme pourrait savoir que j'ai été son
ami ! ■ - "
Or Edouard Hunschted délaissait députe,
longtemps son ménage et menait une vi|
qui .était loin d'être exemplaire.
— C'était un' bluffeur et un noceur, nous
a-t-,on dit, t \ ^ t .
Au cours de l'enquête, ce « bel ami
mué en journaliste amateur, invitait, ra.
porters, et policiers, offrait le Champagne,
parlait de ses-relations, ce qui n'alla pàs
sans étonner. Mais, comme il ne vint pas
— et pour .cause — au procès de Yeluii,
on l'oublia. -
Qu'attend-on pour l'interroger ?
Il est actuellement à Nice, après :.voiï',
à Genève,'commis une- série de mau-faisèS
actions^
Ce soir, à 19 h. 0
M. Lucien DESCâVÎS
de
l'Académie Goncaui%
parlera, de
'•SOUS-OFFS"
IJt évoquera
quelques souvenirs
à la tribune de
RADIO-ŒUVRE
Nous allons causer devant vous
du droit syndical
et des traitements des fonctionnaires
avec M. Charles Laurent
L'ŒUVRE. Chers
amis ' de - Radio-
Œuvre, je ' vous
présente M. Char-
les Laurent,- le dé-
voue secrétaire de
la Féd'ératioTF des
syndicats de fonc-
tionnaires, ',tlUt ' a
bien voulu, venir
ce- soir i vous par-
ler du droit syn-
dical - et des trai-
tements des fonc-
tionnaires.. • ■ J -
Et d'abord, mon
cher secrétaire -gé-
néral. voulez-vous
rappeler à nos au-
diteurs . quelle - est •
[illisible]
actuellement, et d'une façon générale, m
situation faite aux fonctionnaires ?
M. CHARLES LAURENT. — Voulez-vous
que nous remontions un peu dans le
passé?'Déjà, avant la guerre, les fonc-
tionnaires civils et militaires, se pIaf-
gnaient de l'insuffisance de leur rémuné-
ration. Les militaires avaient, à la fin de
1913, vu relever leur solde alors çu'eri
1914 on faisait aux civils les promesses
les plus formelles. La guerre survint et
l'on ne parla plus de rien jusqu'en 1917.)
A ce moment, la hausse du prix de la vie,
outre qu'elle ■ déclencha de nombreuses
grèves, -fit se produire une vive agitation
chez les fonctionnaires non mobilisés. Le
gouvernement accorda des indemnités d'à
cherté de vie fixées, d'abord à 0 fr. 50 puis
à 1 franc par jour. En 1919, à la démobi-
lis-atioh, sur ;la vive 'insistance des fonc-
tionnaires, une revalorisation partieila
leur était accordée. Les traitements et les
soldes étaient doublés, alors que l'indice
des prix avait triplé. L'activité des grou-
pements de foncu'nnnr.-iboutit enfin à
une nouvelle révision K"'- ç. t lieu en l'.L'a
et s'exprima par uner nnocnaon provisoire
de 12 % du traitement; qui fut attribua
en! 1926. Actuellement, les augmentatÍo-HS
successives obtenues depuis 1913 équlva..
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9, rue Louis-le-Grand (ze) ,
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Directeur : .
1 _GUSTAVE -MIEIIEZIR
mRk.». i Louym 65-01, 65-02
1 .. , 65-03,65-04, ~ J *
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d'Etat, pourvoi 5e parle-t-on jamais du,
Monopole, que-de'tiewiiUes "clpil lards"1
de la Uillctte ? : ■ -
LE PÉRIL DU DÉBOISEMENT
Si l'Etat avait pu reboiser
la catastrophe de Roquebillière
n'aurait pu se produire
'Le 24 novembre dernier, à 3 heures du
matin, deux millions de mètres cubes
de terre, se détachant du versant qui cou-
ronne le village de Belvédère, tombèrent
de 578 mètres de haut dans la vallée de
'la Vésubie. L'avalanche accrocha au pas-
gage douze maisons de Roquebillière qui
furent rasées, enleva la route et le che-
min vicinal, ravagea dix hectares de ver-
gers et ensevelit dix-neuf personnes.
La même nuit, à quatre kilomètres de
là, tous les coteaux de la rive gauche de
la Vésubie s'effondraient aussi dans la
rivière, et la route fut emportée sur une
longueur de 400 mètres.
— Vous savez tout cela, Monsieur le
'Ministre, puisque dès le surlendemain
vous prescriviez une enquête. J'en viens
apprendre les résultats.
M. Queuille inclina la tête et saisit un
papier :
— Le rapport de M. Mougin, inspec-
teur général des eaux et forêts, vient de
m'être remis.
— Je l'ai lu. L'Œuvre .aimerait à con-
Tiaître votre pensée au sujet de certaines
phrases écrites dans ce document par
votre envoyé spécial.
— Quelles phrases ?
— Voici. M. Mougin, haut fonction-
l naire, s'est rendu sur les lieux avec
lM. le conservateur des eaux et forêts, et
'M. l'inspecteur principal de Nice. Ils
étaient trois forestiers. Vous aviez or-
donné d'étudier les causes de la cata-
strophe par rapport au déboisement.
; —C'est exact. *
; — Or M. Mougin, qui rencontra sur
place ses collègues des ponts et chaus-
sées, vous a fait un rapport d'ingénieur.
Il a étudié la croupe fatale en géologue :
argile sur gypses triasiques, irrigation
exagérée des cultivateurs, infiltration
des.eaux et formation de galeries dans
le gypse désagrégé, bref un très joli tra-
vail d'amateur de cailloux. Il lui permet
d'affirmer : « Ce n'est pas le déboisement
qui fut la cause de la catastrophe. » Qu'en
sait-il ?
— M. Mougin a remarqué que le ver-
sant écroulé, planté de châtaigniers et
d'arbres fruitiers, n'était pas dénudé.
— Sans doute. Mais il observe égale-
ment que ledit versant ne pouvait être
compris dans ce périmètre de la Vésubie
idont le raffermissement fut déclaré
d'utilité publique par la loi du 26 juil-
let 1892. C'est là que je ne comprend plus.
Ce' reboisement portait sur 265 hectares.
Or, depuis 1892,, l'Etat n'a pu acheter,
pour les reboiser, que 7 hectares / Et
M. Mougin conclut qu'« il est inutile
d'invoquer à nouveau l'utilité publique
pour reboiser ces dangereux versants,
" parce que les populations refusent de
vendre leurs terrains ». Alors, à quoi sert,
la loi Chauveau sur le reboisement des
montagnes ? S'il y avait eu des arbres au
lieu d'un pâturage à quatre kilomètres
de Roquebillière, si les 265 hectares « à
reboiser », d'après la loi, l'avaient été,
Jes pluies eussent été moins torrentielles,
le sous-sol d'argile sur gypse triasique
11'e11t point été saturé d'eau, le glisse-
ment ne se serait point produit, douze
. maisons seraient debout, dix-neuf habi-
Itants vivraient et...
— Et le ministre de l'agriculture serait
bien content, coupa M. Queuille. Car, la
loi Chauveau -obéie, je n'aurais plus be-
soin de réglementer devant la commis-
sion d'agriculture le droit des proprié-
taires. J'aurais pour verser les indemni-
. tés nécessaires l'argent indispensable. Je
ne devrais plus préparer pour la rentrée
parlementaire le programme forestier
qui fera partie du (c programme de la
production » que présentera le gouverne-
ment. Et, si le projet de loi Jean Durand,
que Y Œuvre connaît bien, sur le reboi-
sement de la France était voté, ce n'est
pas trois millions de francs, pris annuel-
lement sur le produit des jeux, qui me
\permettraient de racheter des forêts, ce
iserail le déboisement combattu, arrêté,
Vaincu.
— Et des catastrophes comme celle de
Roquebillière presque impossibles...
, A condition, bien entendu, que les fo-
restiers a pensent » arbres et non cail-
loux, et qu'ils admettent une fois pour
' toutes cet axiome de l'école primaire :
« Quand l'arbre rr...qnque, l'eau ravage,
et c'est ensuite le désert. «
Mais il ne faut jamais l'oublier...
Emmanuel Bourcier.
Les proscrits italiens de Paris
» accueillent M. Turati 1
~315 "A.(1.4£J
Le Prix Goncourt
à M. Henri Deberly
Le Prix Femina
à M. Charles Sylvestre
M. SYLVESTRE M. DEBERLY
Pour la vingt-quatrième fois depuis 1903,
le prix G on couit a été déoerné, hier, avant
le déjeuner qui réunit, dans un restaurant,
les membres de la Société fondée par les
frères Goncourt.
M. Lucien Descaees n'assistait pas à ce
déjeuner ; il avait envoyé son bulletin de
vote. Par contre, M. Georges Courteline,
élu le 24 novembre dernier était venu en
voiture ; amputé d'une jambe, M. Courte-
line, a dû être transporté jusqu'à l'ascen-
seur qui le conduisiit au deuxième étage
dans le salon où se réunit l'Académie.
Les 7 tours de scrutin ont donné des voix
à MM. René Bizet, Georges Bernanos, Ga-
briel Reuillard, Jean DorSenne, Jean Cas-
sou, Henri Duclos, Auguste Bailly, Jou-
handeau, etc. Un véritable palmarès !
En manière de passe-temps, les journalis-
tes qui se trouvaient là décidèrent d'attri-
buer, eux aussi, un prix littéraire. Pour-
quoi pas? Mais ils le firent avec une gra-
vité qu'on n'attq?idaât pas d'eux. M. Ar-
mand Lunel, auteur dei Nicolo Peccavi, fut
le lauréat de cette platonique distinction
qui gagnerait, 'peut-être, à rester humoris-
tique.
Une heure plus tard, les mêmes (informa-
teurs se retrouvaient dans un autre salon
pour connaître les délibérations du jury Fé-
mina.
Un grand diable de valet, en habit noir
usagé et pantalon gris-souris, prétendit tout
d'abord les empêcher de fumer. Il fut cons-
pué et renvoyé à l'office. Après quoi, sur le
coup de 2 h. 45, on apprit que le prix était
attribué à M. Charles Sylvestre pour Pro-
dige du, cœur par dtix voix contre huit à
Bab el Oued, roman de Mme Lucienne Fa-
vre et une à La Porte du Sauveur, de M.
Burnet.
Le palmarès préliminaire avait réuni,
dans l'ordre alphabétique, les noms dei MM.
Bernanos, Cassou, Fleg, Green et Kessel.
L. Dx.
LES LIVRES COURONNÉS
Le Supplice de Phèdre, de M. Henri
Deberly, qui obtient le prix Goncourt,
est assurément un des bons romans de
cette année. Le talent de l'auteur, un peu
sec, mais pénétrant, parfois même jus-
qu'à la cruauté, s'était déjà fait appré-
cier dans 'divers ouvrages, notamment
dans l "Impudente, étude d'un caractère
de femme qui n'est pas sans quelque pa-
renté avec l'héroïne du Supplice de Phè-
dre. M. Deberly est un classique, un mo-
raliste. Ses analyses se présentent comme
des démonstrations singulièrement luci-
des, exemptes de tout charme emprunté.
Elles peuvent déplaire ou agacer. Elles ne
sauraient laisser personne indifférent.
Le Supplice de Phèdre pincera chez ses
lectrices bien des fibres secrètes et qua-
siment interdites. Est-il nécessaire d'en
dire le sujet ? Le titre de l'ouvrage l'in-
dique assez.
On a donné le prix Fémina à Prodige
du cœur; de M. Charles Sylvestre, ro-
mancier Limousin. C'est un roman rus-
tique, sentimental, conventionnel et un
peu ennuyeux. C'est l'histoire d'une vieil-
le fille qui se prend d'une passion toute
maternelle pour le fils de son frère,
qu'elle a élevé. Mais la veuve du frère
vient réclamer l'enfant et l'emmène à la
ville. Alors, dans un accès de désespoir,
la vieille fille s'élance, malgré le mau-
vais temps, sur les traces de la voiture
qui emporte le gamin, et elle attrape la
grippe, maladie toujours mortelle, du
moins dans les romans.
Le prix Théophraste-Renaudot, qui rap-
pelle certain prix de 500,000 francs trop
oublié aujourd'hui, a été décerné pour la
première fois cette année à Nicolo-Pec-
cavi, de M. Armand Lunel. Le plus cu-
rieux, le plus original sans doute 4 des
trois romans couronnés hier. Etude* his-
torique et psychologique de la vie juive
dans le Comtat-Venaissin depuis le trei-
zième siècle jusqu'à nos jours, ce récit
plein de verve prend les tons les plus im-
prévus. Sans aucune intention de taqui-
nerie à l'égard des juges littéraires qui
lui ont préféré Le fpupplice de Phèdre et
Prodige du cœur, on peut dire que Nico-
lo-Peccavi a été la révélation de la jour-
née.
— A. B.
On va " charrier "
on ne va pas enterrer à l'église
malgré lui
l'auteur des " Blasphèmes "
On eût préféré, sans doute, que Jean
Richepin, poète des gueux, « s'en
allât » dans le corbillard des pauvres.
Accompagnée des troupes qu appelle
la cravate de commandeur, la modeste
cérémonie n'en aurait eu, dans sa sim-
plicité, que plus de noblesse et de gran-
deur.
Elle eût été plus conforme à la vraie
figure du poète, qui ne fut pas seule-
ment un anticlérical fougueux à l'an-
cienne mode, mais dont toute l'œuvre,
groupée autour des Blasphèmes, fut un
acte perpétuel et opiniâtre d'antifoi.
Son dernier volume les Glas aurait pu
porter le titre de Testament d'un
athée. Pas d'idée qui tînt plus au cœur
et à l'esprit de Jean Richepin, et le
maître Aulard rappelait hier encore
les derniers entretiens du poète au
Val-André. « Sa libre pensée, qu'il
chanta magnifiquement dans ses Blas-
phèmes, écrit M. Aulard, était le fond
même de son être moral et le resta. Au
mois dernier, en Bretagne, dans sa pe-
tite et charmante maison du Val-An-
dré, Richepin me parla des religions
comme il m'en parlait rue d'Ulm, il y
a plus d'un demi-siècle. Sa raison resta
ferme jusqu-au bout. »
A la veille même de sa mort, tous ses
amis l'ont entendu répéter, avec une
comique horreur, qu'il ne voulait ja-
mais voir de soutane auprès de son lit.
Et on lui a, en effet, pendant quinze
~ jours d'agonie, épargné ce déSagré-
ment.
Alors cet enterrement religieux
d'épicier cossu? Ces simagrées de pre-
mière classe? Qui est intervenu, qui
s'est interposé, entre le cercueil et la
volonté manifeste, évidente de ce vieil
et grand incroyant, dont l'esprit puis-
sant fut toujours maître de lui-même?
Qui attendait son dernier, souffle pour
entr'ouvrir la porte aux punaises et
aux cancrelats de la prochaine sacris-
tie? Qui a, ou qui s'arroge cet horri-
ble pouvoir de caricature posthume?
Qui peut avoir approché d'assez près
la grande figure du maître Richepin
pour se permettre d'effacer à son gré
le plus fort, le plus beau trait de son
visage, de manquer par une telle falsi-
fication au plus glorieux de sa mé-
moire et de n'avoir pas conscience
d'un pareil attentat?
Le plus fort, ou le plus curieux, c'est
que la famille n'y est pour rien, et cela
montre assez combien l'Eglise, guet-
tant ceux qui ont médit d'elle, est de-
meurée puissante, vindicative, sournoi-
sement prompte à saisir toutes les oc-
casions, à utiliser tous les auxiliaires,
et il en est de comiques ! Certaines
voies de la Providence ne sont à Paris
que trop pénétrables...
Laissons cela : il nous aura suffi de
marquer qu'un groupe d'admirateurs
et d'amis de Jean Richepin, qui gar-
dent sa pensée fidèle, n'assisteront pas
ce matin, par respect, aux funérailles
soi-disant religieuses et protestent de
tout leur cœur, qui a aimé et vénéré le
maître de la pensée libre, contre l'in-
jure suprême qui sera faite, même en
musique, à sa dépouille.
Car l'un, le plus notable des prêtres
qu'il n'a pas voulus, va tout à l'heure
prononcer l'absoute. L'absoute ! En
d'autres termes, très exactement, l'ab.
solution ; par la voix d'un monseigneur
de luxe, l'Eglise va tout à l'heure par-
donner au grand Richepin d'avoir écrit
la Chanson des Gueux et les Blasphè.
mes! Beau spectacle! Et il faudrait
que nous tolérions ça sans laisser pa-
raître notre indignation et notre dé-
goût!
Gustave Téry
Les obsèques de Jean Richepin
Rappelons que les obsèques de Jean Ri-
chepin seront célébrées ce matin jeudi, à
10 heures très précises, 8, rue de l'Annon-
ciation.
Des discours seront prononcés par MM.
Herriot, au nom du gouvernement ; Dou-
mic, de l'Académie Française ; André Ri-
voire, représentant la Société des Auteurs,
et G. de Porto-Riche, au nom 1 des amis.
__
AUTOUR DE L'AFFAIRE DES DÉCORATIONS
Quand Marcel Ruotte
était à la station-magasin
de Nuits-sous-Ravières
(D'un correspondant particulier)
1 Dijon,! 14 décembre.'
Pendant la guerre, Marcel Ruotte fit son
devoir, comme tout le monde. Parti comme
simple soldat du recrutement de,Saint-Dié,
il fut versé, après des tribulations com-
munes à chacun des mobilisés, au 56° d'in-
fanterie, à Chalon-sur-Saône, où, déclaré
inapte — comme on disait, — il fut en-
globé, nonobstant son jeune âge, dans un
détachement du 58e territorial, composé de
vieux R. A. T., et dirigé, en janvier 1915,
avec ce détachement, à la Station-Magasin
de Nuits-sous^Ravières (Yonne).
Cette compagnie d'inaptes (vieux terri-
toriaux, blessés retour du front ou malin-
gres) était destinée à être occupée à la
manutention des services de cet important
organisme de l'arrière.
Marcel Ruotte, trouvant à juste titre le
métier de portefaix peu en rapport avec
sa condition et ses titres, essaya de. s'en
tirer... Qui pourrait l'en blâmer '?
A peine arrivé à Nuits, Ruotte, qui fai-
sait sonner très haut un titre de licencié
en droit et ses importantes fonctions do
consul de France en Allemagne (?), se pré-
senta allégrement au commandant d'ar
mes, commissaire de gare de la station,
en lui indiquant, non sans quelque hau-
teur, qu'il aurait en lui un secrétaire 'in-
comparable et tout indiqué...
Mais que peut un troupier contre un « quatre ga-
„ . [Ions >< I
Malgré ses titres — ou à cause d'eux —
le soldat Marcel Ruotte . fut royalement
c vidé », avec, je crois bien, quelques jours
de prison, pour avoir négligé l,a. réglemen-
taire « voie hiérarchique ».
Puis il fut, bien:entendu, à partir de ce
jour, repéré et employé aux' travaux -'l'es
plus pénibles, et l'on vit .Marcel :Ruotte,
licencié eli dtoit et • constil de France, ^ein-
ployé comme ,« sous-pied » àrla iboJjlah-;
gerie lJU -c« plongeur » : dans les cuismes.
coltiner; les ; sacs de charbon ou « panOuil-
1er » d'ignobles marmites dégouttantes1 de
graisse. :" » •- ' :r7 :
Mais, dans ces humbles et répugnantes
fonctions, il ne perdit jamais rien d'une
morgue hautaine qui était loin de lui at-
tir-er les ; sympathies de ses ' compagnons
de corvée. Il se prétendait fils d'un châte-
lain énormément riche, possédant de riom-
breux domaines, et se vantait'si haut, do
ses relations mondaines qu'un chanson-
nier, égaré lui aussi dans ce pittoresque
détachement, commandé par le capitaine
Savary, lui dédia un jour l'amusante pièce
satirique que nous reproduisons ci.-des-
sous :
A MARCEL RUOTTE,
diplomate et homme de corvée.
Qu'eussiez-vous dit, RuoUe,; si,' / ■'
Quand vous faisiez votre persil:
Dans les salons du ministère, •
Près de madame votre mère, , • '
La respectable douairière,
- On eût prévu que vous seriez
Le dernier des manouvriérs 71
Vos confrères, les diplomates, 1
Auront-ils point le rouge au front,
Dites-le-moi, quand ils sauront
Que vous pelâtes des patates,
Empilâtes et coltinâtes ■
Des sacs de plâtre et de charbon ? •
Où donc le frac et le plastron ?
Et la jeune fille bien née ■ '
Dont l'haleine. était, parfumée " ;.!
.. Et que. vous avez promenée -
Dans les grands parcs de vos châteaux,
Sera-t-elle vraiment' cha;rmée
Quand elle saura, pauvre' aimée. ;
Que vous convoyez des bestiaux ?
Mais c'est le métier militaire,
La dure école de la guerre.
Consolez-vous avec ces mots ! ;
Et s'il n'a rien de la carrière
Chère à votre maître Barrère,
Portez quand même les ballots 1 • 1
Songez que, sous leur bourguignotte,
Vos ancêtres, dans leur, tombeau,
Seront fiers de Marcel Ruotte.
' Les pantalons couverts de crotte.
Comme les grogna'rds de-Marceau.
Le champiutr
de boxe
CHARLES PEGUILHAN
qui vient de mourir
à l'hdpitai
de Hartford
(Connecticut)
des suites
de son combat,
avec le boxeur
américain
Elmer Friedman
LES CHANGES
Avant-hier Hier
La livre • ! 122,45 122,35
Le dollar. 25,24 25,22
L'AFFAIRE DE BRIE-COMTE-ROBERT
IL FAUT ENTENDRE
Edouard Hunschted
le véritable " ami " de Cady
qu'accuse Mme Charvin
Il est actuellement à Nice
Il est . surprenant de voir la Sûreté Gé-,
nérale ne pas s'arrêter plus longuement'
aux ' déclarations de' Mme Charvin, à qui
Edouard Hunschted, l'amant de « Cady »J.
a affirmé avoir tapé trop foi*t. 1
Cette affaire n'est, pas d'ordre politique,
mais seulement : criminel. Quelles que
soient les opinions .de Jollot, il n'es : pis
permis de le: laisser plus longtemps e t pri..
son, si Edouard Hunschted a dit la vérité. j
D'ailleurs, cet individu a joué un rôle r
très curieux dans l'affaire Cady.
A Brie-Comte-Robert, où il se disait in- j
formateur bénévole d'un journal parisien
du soir, Edouard Hunschted prenait des i
airs avantageux ; il ne cachait pas avoir i
été admis dans l'intimité de Cady. Ceye«ci„
avant de mourir, l'appela souvent auprès
d'elle.... r
— Je suis très gêné, expliquait-il, caîf
ma femme pourrait savoir que j'ai été son
ami ! ■ - "
Or Edouard Hunschted délaissait députe,
longtemps son ménage et menait une vi|
qui .était loin d'être exemplaire.
— C'était un' bluffeur et un noceur, nous
a-t-,on dit, t \ ^ t .
Au cours de l'enquête, ce « bel ami
mué en journaliste amateur, invitait, ra.
porters, et policiers, offrait le Champagne,
parlait de ses-relations, ce qui n'alla pàs
sans étonner. Mais, comme il ne vint pas
— et pour .cause — au procès de Yeluii,
on l'oublia. -
Qu'attend-on pour l'interroger ?
Il est actuellement à Nice, après :.voiï',
à Genève,'commis une- série de mau-faisèS
actions^
Ce soir, à 19 h. 0
M. Lucien DESCâVÎS
de
l'Académie Goncaui%
parlera, de
'•SOUS-OFFS"
IJt évoquera
quelques souvenirs
à la tribune de
RADIO-ŒUVRE
Nous allons causer devant vous
du droit syndical
et des traitements des fonctionnaires
avec M. Charles Laurent
L'ŒUVRE. Chers
amis ' de - Radio-
Œuvre, je ' vous
présente M. Char-
les Laurent,- le dé-
voue secrétaire de
la Féd'ératioTF des
syndicats de fonc-
tionnaires, ',tlUt ' a
bien voulu, venir
ce- soir i vous par-
ler du droit syn-
dical - et des trai-
tements des fonc-
tionnaires.. • ■ J -
Et d'abord, mon
cher secrétaire -gé-
néral. voulez-vous
rappeler à nos au-
diteurs . quelle - est •
[illisible]
actuellement, et d'une façon générale, m
situation faite aux fonctionnaires ?
M. CHARLES LAURENT. — Voulez-vous
que nous remontions un peu dans le
passé?'Déjà, avant la guerre, les fonc-
tionnaires civils et militaires, se pIaf-
gnaient de l'insuffisance de leur rémuné-
ration. Les militaires avaient, à la fin de
1913, vu relever leur solde alors çu'eri
1914 on faisait aux civils les promesses
les plus formelles. La guerre survint et
l'on ne parla plus de rien jusqu'en 1917.)
A ce moment, la hausse du prix de la vie,
outre qu'elle ■ déclencha de nombreuses
grèves, -fit se produire une vive agitation
chez les fonctionnaires non mobilisés. Le
gouvernement accorda des indemnités d'à
cherté de vie fixées, d'abord à 0 fr. 50 puis
à 1 franc par jour. En 1919, à la démobi-
lis-atioh, sur ;la vive 'insistance des fonc-
tionnaires, une revalorisation partieila
leur était accordée. Les traitements et les
soldes étaient doublés, alors que l'indice
des prix avait triplé. L'activité des grou-
pements de foncu'nnnr.-iboutit enfin à
une nouvelle révision K"'- ç. t lieu en l'.L'a
et s'exprima par uner nnocnaon provisoire
de 12 % du traitement; qui fut attribua
en! 1926. Actuellement, les augmentatÍo-HS
successives obtenues depuis 1913 équlva..
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