Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-09-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 200316 Nombre total de vues : 200316
Description : 03 septembre 1878 03 septembre 1878
Description : 1878/09/03. 1878/09/03.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k460550h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÉDITION DE PARIS.
MARDI 3 SEPTEMBRE
y im. ̃•̃̃;
ON S'ABOIE
tam dés Prôtres-Saint-(ïerniain-]'A.uxefrois, 17*
PRIX Ï9B i/AjBOftMSSf BNT
Un an. Six mois. Trois mois»
Dèpartamenâ. 80 fr. 40 fr. 20 ri.
Paria. 72 fit. 36 fr. iÉ ft.
us aconnemena partent des l« « 16 d«
chaque mois.
Paris, «m Buméico %9 eeau
•épapêenaene, on tkomér*. 95 «eat*
in TLêa& newspatpers office, 17, Gresham street, G. P. o •
if M. Keoiay, Bïavleti et C«, i, Finch !ane CoiniiJL'l
E. G. L ndoa; fflSM. W.-H. Smith et «on,
186, Straad, $. C London.
A Bruxelles, à VOffl.it ds publient, 48, rue de ï»
Madeleine, dans I33 kiosques et dans les bi-
bliothèques des gares de chemins de fer belges.
A. Vftlparaiso (Chili), chez M. Oreste» L. Tornero.
:•- MARDI 3 SEPTESBRÊ
s~~
̃̃ W78.. •
~a~~
en Belgique, ea ïtaiît.. ·
ûans le Luxembourg, en Turquie,
ta Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans l ïôgence3 du Maroc et de ia Tunisie
en GMne et' au Japon,
r*a moyen d'une valeur payable à Paris eu d«1
ttwadats-poste, soit internationaux, soit françai»
«a Allemagne, en Autriche, en Russi»,
et dans tous les pays du Nord
chesMous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
(mw l'euTOi d'K.ue *a!eu? payable à Pari* '•
v |-«h aaaoaceft boûè -reçues
6&«S tfOÊt. thMkvhvjryJLÀlBt* «S 6V
8, place ds la Bourse,
m an burese du Mmm^S&M, 1
«.a**«Scrt-?*iiîi«oioaïs itr«asr«É«! ds? le- rtdjtea»*.
m^m ̃ i JaP
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
PARIS
LUNDI 2 SEPTEMBRE
Le temps n'a rien effacé de l'émotion
profonde, mêlée de surprise et de douleur,
que la France a ressentie l'année dernière
lorsqu'un bruit auquel personne d'abord
ne voulait croire a couru subitement d'un
bout à l'autre du pays « M. Thiers est
mort » Ces quelques mots, répétés par
tous les échos, ont jeté dans les âmes
françaises une consternation dont le sou-
venir, et, si l'on nous permet de le dire,
.dont la sensation même, après une
année écoulée, n'est point encore affai-
blie. Ce vieillard chargé de gloire, cet
homme infatigable qui depuis plus de
cinquante ans occupait le monde de ses
œuvres et de ses luttes pour la liberté,
cet orateur et cet écrivain merveil-
leux qui avait gardé jusqu'au bout
toute la flamme de son génie, cet
esprit profond, ingénieux et charmant qui
exerçait la même séduction dans la cau-
get ie privée que dans les grands combats
de la vie publique, arrivé à l'extrême li-
mite de la vie, tenait encore une telle
place parmi nous, que sa mort a éclaté
comme un de ces événemens imprévus
auxquels nul ne s'attend et dont tout le
inonde est frappé. La veille du jour où
nous allions perdre M. Thiers, il retou-
chait et perfectionnait cet admirable Ma-
nifeste à ses électeurs dontaucune phrase
ne trahit la fatigue d'une main que la
mort va glacer pour toujours. Il nous a
été enlevé en pleine bataille, dans toute
l'énergie de ses facultés fines et puissan-
tes, comme un chef qui succombe avant
le triomphe, mais après l'avoir assuré ce-
pendant contre tous les retours de la force
du de la fortune.
Dieu nous garde de troubler un anni-i
versaire qui doit être un deuil national, en
évoquant des souvenirs dont quelqu'un
«pourrait, être blessé I. M. Thiers apparte-
nait à la Françe, et c'est la France tout
entière qui s'associera demain à l'bom-
niage que nous rendrons à sa mémoire
sous les voûtes de Notre-Dame. Nous di-
sions l'année dernière aux écrivains im-
pfudens qui déversaient l'outrage sur la
plus grande personnification de notre
.pays-: Prenez garde à ce que vous
faites! la France n'est pas seulement un
assemblage de déparlemsns dont le sort
de la guerre peut nous faire perdre quel-
ques lambeaux. Notre territoire, si cher;
et si précieux, n'est que l'enveloppe ma-
• térielle et le corps du pays. La France a1
une âme qui est son histoire, son génie,
la gloire de ses plus illustres enfans et;
lorsqu'on diminue, même au nom dei
la vérité, quelques uns des hommes'
qui ont honoré la France nous nous:
.sentons diminués comme si nous avions:
perdu une parcelle de notre âme.
Qu'est-ce donc lorsqu'on les diminue par'
les mensonges de l'esprit de parti? Ceux
Jqui injurient M. Thiers ne déshonorent
qu'eux-mêmes; mais s'il en était au-
trement, et si leurs efforts avaient quel-
que succès, ils seraient des Judas et
livreraient pour un gain problématique
et sordide quelque chose d'aussi essen-
tiellement français que tel morceau de
territoire que M. Thiers a su nous con-
server. Pourquoi faut-il que nous
soyons obligés de répéter aujourd'hui les
mêmes paroles? Pourquoi faut-il que
nous ayons & défendre là mémoire de
M. Thiers contre les attaques dont;
sa personne même était assaillie pen-
dant sa vie? Pourquoi faut-il que
nous nous voyions forcés de répéter aux=
hommes de parti que la mort même n'a:
pas désarmés C'est la France que vous
calomniez en calomniant M. Thiers, et
lorsque vous cherchez à ternir une gloire
devant laquelle l'Europe entière s'est ia.-
elinée, ce n'est pas seulement la républi-
que, c'est le pays que vous essayez de
..diminuer aux yeux du monde et de la
postérité? 9 .«̃̃
Jamais homme, en effet, n'a mieux per->
!;sonnifié que M. Thiers la France moderne,
cette France sortie de la Révolution, qui
s'est élevée au milieu de tant de souffran-
ces, de sacrifices de larmes et de sang,
et qui semble êlre enfin sur le point d'at-
teindre l'idéal de liberté et de paix qu'elle
a poursuivi si longtemps de ses géné-
reux efforts. Il se faisait honneur lui-
même d'être un vrai fidèle de 1789, un dé-
fenseur convaincu, intraitable des prin-
cipes de cette grande époque. Il se plai-
sait à répéter qu'il était, qu'il avait tou-
jours été, qu'il serait toujours un
bleu. Ennemi déclaré de la morgue
doctrinaire il voulait marcher avec son
temps. Dans les phases diverses de ?a lon-
gue et féconde carrière,. il a été uû ad-
versaire déclaré de la contre-révolution.
41 aimait, comme il l'a dit une fois à la
tribune dans un de ses plus beaux mou-
vemens d'éloquence, « à sentir en toutes
» circonstances le cœur du pays palpiter
» dans sa main. » Aussi ne s'est-il ja-
mais opposé à la volonté de la France
et n'a-t-il jamais tenté de la conduire
en froissant ses instincts les plus pro-
fond?. Mais s'il adorait la liberté, l'é-
galité;, le régime parlementaire et tou-
tes lés conquêtes du droit moderne,
^ges convictions libérales n'enlevaient rien
à son esprit de gouvernement. Génie ferme
et positif, formé à la meilleure école,
il n'a jamais abandonné les principes
conservateurs il les soutenait hardi-
ment dans l'Opposition, afin d'avoir le droit
de les appliquer énergiquement au pou-
voir. Dès qu'un des ressorts de cette puis-
sante machine qu'on appelle l'Etat était
menacé, dès que les projets de prétendus
réformateurs mettaient en danger l'armée,
le budget, l'administration, il était là pour
protester avec l'émotion d'un bon citoyen
qui ne peut voir sans douleur les forces
essentielles du pays compromises par la
légèreté ou par la sottise, avec l'autorité
d'un grand politique dont la voix méritait
d'être toujours écoutée parce qu'elle avait
été constamment au service des intérêts
nationaux.
C'est grâce à cette réunion de qualités
en apparence opposées que M. Thiers est
parvenu à accomplir l'œuvre qui a illus-
tré les dernières années de sa vie et qui
fera de son nom le nom le plus glorieux
de notre histoire contemporaine. Au len-
demain de ses désastres, le pays, foulé,
écrasé, ruiné, épuisé de ressources et d'é-
nergie, s'est tourné vers lui comme vers
le seul homme qui pût le sauver. Il est
facile de prétendre aujourd'hui, dans des
discours qui seraient ridicules s'ils n'é-
taient pas scandaleux, que la France s'est
relevée toute seule; mais, lorsqu'on se
reporte sans parti-pris aux souvenirs d'il
y a sept ans, il est impossible de mécon-
naître que « la noble blessée » ne pouvait
panser de ses propres mains les plaies dont
elle était meurtrie. Sachant combien le mal
était profond, l'Allemagne ne mettait pas en
doute que les conséquences en fussent mor-
telles. En quelques années cependant la
France était assez remise, assez rétablie
matériellement et moralement pour être
en mesure de se montrer ingrate envers
.celui qui l'avait guérie. Les hommes qui
avaient .le plus ardemment supplié
M. Thiers d'accepter le pouvoir au jour
du péril ont pu le lui reprendre presque
impunément trois ans après. L'œuvre de
salut était trop avancée pour être arrêtée.
Gomme M. Thiers l'avait dit avec une
noble fierté à ses adversaires au plus
fort de la lutte contre la Commune, « la
» situation était enfin à la hauteur de leur
» courage et de leur esprit » »
M. Thiers n'avait pas seulement réparé
tout ce qui était réparable dans nos dés-
astres, il avait encore assuré à la France
le bienfait d'un gouvernement durable.
Avec une sûreté de coup d'œil merveil-
leuse, il avait compris tout de suite, lui
vieux monarchiste, que les tentatives de
restauration n'aboutiraient qu'à de piteux
échecs; et, comme il avait l'habitude de
prendre son parti très vite, il s'était immé-
diatement rallié au seul gouvernement
possible. Son principe était qu'il ne fallait
pas lutter contre ce qui est inévitable, car
cela ne conduisait qu'au désordre et à
l'anarchie. Si la France était comme
une boule d'argile entre mes mains, répé-
tait-il, peut-être n'en ferais-je pas une ré-
publique mais c'est un bloc de marbre
que je ne saurais pétrir à mon gré.
Aussi acceptait-il sans arrière-pensée
avec cette chaleur et cet entrain qui ne
l'abandonnaient jamais, les institutions
nouvelles. Mais s'il était persuadé qu'on
ne pouvait pas changer la nature des cho-
ses, il croyait ardemment, au contraire,
qu'on pouvait modifier la nature des hom-
mes. Aussi entreprit-il, dès son arrivée
au pouvoir, l'éducation du parti républi-
cain et quiconque, ayant présente à l'es-
prit l'histoire de 1848, cherchera à se ren-
dre compte de ce qu'il a fait de ce parti,
sera bien forcé d'avouer que jamais trans-
formation plus heureuse et plus complète
n'a été accomplie en si peu de temps.
« La république sera conservatrice, ou
» elle ne sera pas » « Le succès sera
» au plus sage !» Ces paroles profondes
sous une forme simple ont servi de pro-
gramme et d'inspiration à tous les groupes
républicains depuis sept ans. Après le
24 mai, M. Thiers n'a pas abandonné
sa généreuse mission. Il la pour-
suivait encore le matin de sa mort.
C'est grâce à lui que, pendant cette
rude campagne du 16 mai où un pou-
voir provocateur ne perdait pas une
occasion de chercher à soulever quelque
démarche imprudente et quelque démon-
stration coupable, les républicains oeI t
montré une sagesse, une union, un respect
de la loi réellement extraordinaires. Ils
avaient compris qu'étant le droit ils
devaient être aussi le calme et lafermeté.
Mais on ne traverse pas de pareilles épreu-
ves sans y refaire son caractère. A
mon âge, disait M. Thiera quelques jours
avant sa mort, je joue ma vie en faisant
ce que je fais; mais je le dois; et je ne
suis pas plus libre, investi de la confiance
des républicains, que je ne l'étais en
1871, à la tête du gouvernement. Il
avait raison il jouait sa vie à l'œuvre
de l'affermissement de la république
par la modération et par la fermeté de ses
partisans, et il l'y a perdue. Mais ce noble
et touchant sacrifice n'a point été sans
résultat. C'est pourquoi, en pleurant
M. Thiers demain, une consolation
adoucira poui-tatit notre deuil il est
mort à la veille de la victoire, mais son
génie l'avait assurée d'avance, etc'est à lui
que l'histoire impartiale en rapportera
l'honneur
BOURSE DE PAMS
Clôture le 31. le 2. Danne. Baisse.
5 O/O
Comptant. 76 70 76 75 5,f
Liquid. 76 65 76 70 S
Fin cour 76 80 13 «;.
» 0/0 •
Amortissable.
Comptant. 80 20 88 20
Liquid. 80 S 80 5
Fin cour 80 10 8
4 t/a» 0/0
Comptant 108 30 ,K 109 25 95 ). fv
6 O/9
Comptant 112 3S 112 io B
Liquid. 112 27 1/2 112 47 1 2 20
Fin cour 112 70 42 l 2 2
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0 112 fr. 77 1/2, 76 1/4, 82 1/2.
3 0/0 turc. 14 fr-t 13 fr. 93.
Banque ottomane.. 316 fr., 813 fr.
Egyptiennes 6 0/0.. 281 fr., 28afr., 281 fr. 87.
Télégraphie privée.
(Sarcles vélâgraphiqti@ de ragene* Hava«.)
r Constantinople, le 31 août.
Des négociations sont engagées entre le grand-
vizir et Midhat Pacha par l'intermédiaire de
l'ambassade ottomane à Londres. On assure que
Midhat a envoyé un programme politique qui a
été soumis au Sultan.
M. Layard appuie vivement le rappel deilidhat;
ce rappel est désormais considéré comme pro-
bable.
Londres, le 2 septembre.
La cour a pris le deuil pour trois semaines à
l'occasion de la mort de la reine Christine.
La révolution de Saint-Domingue menaçant des
intérêts anglais. un navire de guerre stationnaire
à la Jamaïque est parti pour Saint-Domingue.
Le comte Landerdale est mort.
Le Times publie les dépêches suivantes:
« Bucharest, le i« septembre.– Le nombre offi-
ciel des malades de 1 armée russe d'occupation
s'élevait à 2,045" le 27 août. »
« Calcutta, le i" septembre. Le bruit court
que le gouvernement anglais demandera à l'émir
d'Afghanistan de recevoir à Caboul un ministre
résident anglais et, dans les principales autres
places, des agens anglais. On croit généralement
que l'émir refusera si on ne le menace pas d'une
occupation armée. »
Le Standard publie les deux nouvelles sui-
vantes
« Constantinople, le 31 août. Mouktar Pacha
est parti pour la Crète avec deux bataillons. »
» Bucharest, le i" septembre. Le gouverne-
ment roumain convoquera prochainement les
Chambres, sans doute pour discuter la réponse à
Note russe demandant formellement la remise de
la Bessarabie. »
On télégraphie dé Vienne au Daily News que
la Porte a refusé d'envoyer des troupes régulières
dans les monts Rhodope.
Rome, le i" septembre, soir.
On lit dans le journal Y Italie
a Le bruit a couru dernièrement que quelques
volontaires italiens étaient partis d'Ancône et s'é-
taient rendus en Bosnie. Le préfet d'Ancône, ques-
tionné à cet égard par le gouvernement, a ré-
pondu que cette nouvelle était fausse de tous
poims. s>
Le ministère a adressé à l'ambassade italienne
à Vienne, ainsi qu'à la légation à Constantinople,
de pressantes instructions demandant les rensei-
gnemens les plus prompts sur le meurtre de
M. Perrod, consul d'Italie à Serajewo.
Rome, le 2 septembre.
On confirme que ïï. Perrod, consul italien à
Serajewo, a été assassiné le 1" août dans les en-
virons de Gabeke.
Le conseil des ministres a décidé aujourd'hui
de reconstituer le ministère de l'agriculture et
du commerce pour le 1er octobre.
-̃ 1 Berlin, le 2 septembre, soir.
L'anniversaire de Sedan a été fêté ce matin
dans toutes les écoles. Dans plusieurs églises,
des services divins spéciaux ont été célébrés en
présence de nombreux fidèles. Les Sociétés gymnastes et d'anciens militaires ont défilé so-
lennellement dans les rues.
Les citoyens se sont réunis dans plusieurs
lieux publics pour fêter cette journée. Les mai-
sons sont pavoisêes aux couleurs de l'empire.
Aux vitrines des marchands on voit de nom-
breux bustes ou portraits de l'empereur et du
prince impérial, ornés des: couleurs allemandes.
La plupart des boutiques sont fermées.
Pes;r$présentation> extraordinaires ont eu lieu
'dans tous les théâtres. De grands préparatifs.ont
été faits pour l'illumination.
Syra, le 2 septembre.
Des avis dé Constantinople portent que l'insur-
rection qui a éclaté dans le district de Kpsan
(province d'Adana) est fomentée par Ahmet Pacha
qui, dans le temps, a été emprisonné à Constan-
tinople.
Les musulmans réclament leurs anciens privi-
lèges.
La commission internationale chargée
de faire une enquête sur les atrocités
bulgares c'est le mot consacré est
rentrée le 17 août à Constantinople, et
l'on peut maintenant se former une idée
générale de l'œuvre qu'elle a accomplie.
Il y a un an, certains journaux anglais
faisaient grand étalage dans leurs colonnes
de ce qu'ils nommaient ce sont eux qui
ont créé l'expression the Bulgarian
alrocilies. C'étaient alors les Bulgares
qui étaient les victimes d'actes de bar-
barie dont on exagérait à dessein l'hor-
reur. Aujourd'hui, le sens de cette
expression est complétement retourné,
et ce sont les Bulgares qui, en com-
pagnie des Russes, déshonorent l'huma-
nité par des scèues horribles de meurtre,
de pillage et de viol. L'enquête dont nous
allons exposer ci-dessous les principaux
résultats est véritablement accablante
pour les auteurs et pour les complices de
ces actes de sauvagerie.
La commission du Rhodope, comme on
l'appelle, avait un double objet d'abord
de s'enquérir de la situation des réfugiés
musulmans chassés de la Bulgarie par
l'invasion russe, et d'organiser aussi bien
que possible les secours urgens dont ils
auraient besoin, puis de relever les griefs
des iusurgés du mont Rhodope en vue
d'apaiser ia révolte, et d'éteindre ce foyer
dangereux d'agitations et de troubles. Elle
partit de Constantinople vers la fin du
mois de juillet, formant un cortège de
vingt et une personnes auxquelles vint se
joindre un peu plus tard un médecin
dont les services furent très utiles
aux réfugiés qu'elle visita.
Elle devait d'abord se rendre d'Andrino-
ple à Philippopoli et descendre vers le
sud la chaîne du Rhodope par les districts
d'Achi-Telebi et de Sultan- Yere jusqu'à la
côte mais ayant appris que, vu l'état
des routes et la désolation du pays, il lui
serait impossible d'aborder les différens
villages qu'elle se proposait, de visiter, elle
retourna à Andrinople pour prendre l'em-
branchement qui relie cette ville à De-
deagatch, d'où un yacht appartenant à
l'escadre anglaise, le Flying Post, la mena
en descendant la Maritza jusqu'à la mer
et.de là à la baie de Lagos, où elle arriva
le 27 juillet. Elle s'avança alors dans
la direction de Philippopoli, remontant
les chaînes du Rhodope du sud au nord
au lieu de les suivre du nord au sud,
commo elle l'avait d'abord projeté. Elle a
déployé, il faut lui rendre celte justice,
une activité infatigable, tenant, le jour,
plusieurs séances pour entendre les nom-
breux témoins appelés à déposer devant
elle, et rédigeant, lanuit, les rapports quo-
tidiens que ses divers membres adres-
saient à leurs gouvernemens respectifs.
Mais, dès ses premières opérations, elle
fnt contrecarrée par le commissaire
russe, M. Basili, premier secrétaire de
l'ambassade russe à Constantinople. Sous
prétexte que des pourparlers avaient
été engagés entre les commandans de
l'armée d'occupation et les insurgés, il
prétendit s'opposer à la continuation de
l'enquête. Ses collègues ayant consulté à
cet égard les ambassadeurs de leurs gou-
vernemens, MM. Layard, Fournier, comte
Zichy et Galvagno pour l'Angleterre, la
France, l'Autriche et l'Italie, répondirent
que l'enquête devait être poursuivie. Nous
ne savons pas si l'ambassadeur d'Allemagne
partagea cette opinion mais il paraît
certain que dans toute cette affaire l'Alle-
magne a marché d'accord avec la Russie,
et qu'elle ne s'est associée qu'avec répu-
gnance à une enquête qui ne tourne pas
à l'honneur de cette dernière pui?sance.
Ainsi, quand il s'est agi, vers les 26 et
27 août, de fixer la rédaction définitive du
rapport de la commission, le commissaire
allemand refusa d'y apposer sa signature
à moins qu'il ne fût modifié, sinon dans
le fond, du moins dans la forme, qu'il
trouvait sans doute trop dure à l'égard
de la Russie. M. Basili quitta la com-
mission dès le 28 juillet et fut rem-
placé par M. Lechine, second drogman
de l'ambassade, qui faisait jusqu'alors
partie de la commission en qualité de se-
cond commissaire russe. La véritable rai-
son de sa retraite est que ses collègues
refusaient de céder à sa double préten-
tion d'abord de soustraire à l'enquête
toutes les localités actuellement occupées
par l'armée russe, ensuite d'éliminer les
témoignages des musulmans sur les. atro-
cités commises à leur égard, prétendant
que la commission outrepassait ainsi ses
pouvoirs, limités selon lui à une enquête
administrative et au soulagement des
réfugiés. Pour nous, la retraite de M. Ba-
sili est un aveu indirect de la complicité
des Russes ou de leur connivence avec
les Bulgares.
Après ces détails préliminaires, nous
avons à résumer les principaux faits re-
levés par l'enquête. La commission ren-
trée à Constantinople le 16 août les a
consignés dans un rapport qui confirme
les renseignemens dfjà fournis par les
dépêches communiquées au Parlement
anglais et s'arrêtant à la date du 16 juil-
let. Il n'y est question que de villes et de
villages incendiés, de propriétés particu-
lières pillées et détruites, de vols d'ar-
gent, de mobilier, de bétail. Ce rap-
port contient en outre, d'après les dépo-
sitions des victimes, un vaste catalogue
de cruauté et de violence commis sur-
tout à l'égard des femmes et des enfans.
Il constate, nous ne devons pas le dissi-
muler, que les Moscovs, comme on les
appelle en Turquie, se sont encore con-
duits d'une façon plus barbare que les
Bulgares. Nous publions textuellement,
pour l'édification des soi-disant libéraux
anglais, de ces bulgaro -maniaques qui, l'an
dernier, chantaient à l'unisson avec de
si dolentes complaintes, la déposition sui-
vante. Elle émane d'une jeune femme
turque, du nom de Nazik, âgée de vingt-
trois ans, née à Buyuk Imotli, dans le
district deKesanlyk, et elle a été transmise
le 20 juillet à M. Layard par le vice-con-
sul anglais de Philippopoli', M. Calvert,
membre de la commission, lequel l'a reçue
et transcrite. Le mari de cette femme* et
l'aîné de ses trois enfans étaient morts
depuis trois mois, et ies. autorités russes
l'avaient renvoyée de Philippopoli en com-
pagnie de cent réfugiés, en leur assignant
pour résidence le village de Beykioï elles
leur avaient donné à tous un sauf-con-
duit. Voici maintenant sa déposition nous
ne connaissons pas de récit plus na-
vrant
« Après être sortis de Philippopoli, dit-elle,
nous couchâmes la première nuit à Tchirpéli,
la seconde à Yunkioï, village bulgare. Là, les
soldats russes qu'on nous avait donnés pour
escorte nous quittèrent à Philippopoli. Les
Bulgares nous firent un mauvais aceneiî. Ils
nous entassèrent dans un réduit de 30 pieds
carrés, hommes, femmes et enfaas. C'était
l'heure de la prière du soir. Peu de temps
après, la porte da la salle s'ouvrit, et une
bande de Bulgares armés d'épées, de cara-
bines, de sabres, de massues, de haches,
se rua sur nous un papass, un pope, était à
leur tête. J'étaU malade et me tenais dan3yn
coin avec mes deux enfans dans mes bras
uns petite fille de douze mois et un petit
garçon de dix jours. Les Bulgares commen-
cèrent par nous demander de l'argent, par
nous fouiller et nous battre parce qu'ils 'n'en
avaient pas trouvé assez. Après avoir ensuite
attaché tous les hommes, ils su jetèrent sur
les femmes, chacun d'eux saisissant la" pre-
mière venue; ils les entraînèrent dans les
champs et les jardins enyirounans, et ies
violèrent sans épargner môma des filles de
huit ans.
» Le pope lui-môme prit part à ces hor-
reurs, et la femme de Shelim Bashi fut sa
victime. Dans ia cou fusion de ces scènes bon-
teuses, mes deux enfans allaient être écrasés.
« Vous tuez mes enfans 1 » m'écriai-ie. Aus-
sitôt un Bulgare, armé d'un fusil à baïon-
nette, se retourne et plonge son arme dans
la poitrine de l'aînée de mes enfans elle ne
survécut que quelques instans. L'autre, âgé
de dix jours, comme je vous l'ai dit, mou
rut, le lendemain, des mauvais traitemens
qu'il avait recus; enfin, ce jour-là mêm3, on
nous permit do reprendre notre route vers
Beykioï. En chemin, la famille de Konkorn-
Mehmed, lui, sa femme, son fils et sa belle-
fille, fut massacrée tout entière, étant restée
en arrière et ayant été surprise par les Bul-
gares. La vie que nous avons menée à Bey-
kioï depuis deux mois, Dieu seul sait ce
qu'elle a été 1 Pas un jour ne s'est passé sans
que l'on infligeât aux femmes les derniers
outrages; et si elles opposaient une rési-
stance, helas inutile, elles étaient battues-
battues battues ce sont les mots mêmes
du témoin. Enfin nous en sommes venues
à être comme des animaux, au point d'ou-
blier même ce que c'est que de seutir la
honte. Pour moi, les Bulgares m'ont épar-
gnée. II3 m'avaient un jour entraînée dans
un champ mais, comme ne je pouvais ni
marcher ni me tenir debout, ils m'ont laissée;
mais mon esprit est complètement perdu. J'ai
vu mourir daus l'espace de trois mois ma
mère, mon mari et mes trois enfans. »
Ce témoignage nous dispensera assuré-
ment d'en citer aucun autre sur ce genre
d'atrocités. Voici maintenant quelques
détails sur le nombre et la situation des
réfugiés A la date du 7 juillet, M. Reade,
consul anglais à Varna, écrivait au mar-
quis de Salisbury, ministre des affaires
étrangères, que dans le caza de Choumla
on ne comptait pas moms de 200,000
réfugiés musulmans venus de districts
occupés par les Russes, et dont 10 à 15,000
étaient dans le plus complet dénûment.
Les ressources du gouvernement turc
étaient épuisées, ainsi que celles du co-
mité de secours institué en Angleterre
{Turlmh Compassionate Fund). Les auto-
rités russes les avaient invités à retourner
dans leur pays, leur promettant protec-
tion mais les attaques des Bulgares
les avaient forcés dé rebrousser chemin,
et un grand nombre avaient succombé
peu de jours après. Le 29 juillet, le colo-
nel Raab, attaché militaire d'Autriche à
Constantinople, et président de la commis-
sion internationale qui siégeait alors à
Gumul Djina, mandait au comte Zi-
chy que les réfugiés arrivés dans ce
district étaient dans la plus grande
détresse. Il n'en était pas venu moins
de 50,000, dont 6,000 étaient morts
dans les dix derniers mois le reste
vivait ou plutôt mourait en plein air,
décimés par la fièvre la diarrhée et
la dyssenierie. Quant aux villages pillés
et incendiés par les Russo-Bulgares, et
dont Grabava est le plus connu, M. Faw-
cett, consul général anglais, en avait
donné une première liste dans ses dépê-
ches des 28 et 29 mai au marquis de Salis-
bury elle s'est accrue depuis. M. Fawcett
mérite les plus grands éloges pour le zèle
dont il a fait preuve comme membre de la
commission du Rhodope. Nous devons
associer à son nom celui du colonel
Raab, en regrettant de ne pas avoir trouvé
dans les dépêches ceux des commissaires
français et italiens qui ont dignement
concouru, pro parte virili, à cette œuvre
de justice et d'humanité. Nous voudrions
espérer que leurs travaux seront couron-
nés de succès et qu'après la pacification
du Rhodope une administration régulière
assurera, sous le contrôle de la commis-
sion européenne, la paix et la prospérité
de ces malheureux pays.
Ernest DOTTAIN.
On nous écrit de Saint-Pétersbourg, le
15/27 août
« Onze jours se sont écoulés depuis l'auda-
cieux assassinat commis sur la personne du chef
des gendarmes, général Mezentsoff, et Saint-
Pétersbourg ne peut encore se remettre de la
panique causée par cet horrible événement.
La terreur qu'il a répandue dans les esprits
ne règne pas dans la capitale seule; la pro-
vince la ressent au même degré, si ce n'est
davantage. Si la police se montre im-
puissante là où elle e«t le mieux organisée,
s'il a'y a plus de sécurité à marcher en p'ein
jour au centre de la ville, que n'a-t-on pas à
craindre dansles chefs-lieux de provinces et de
districts, et comment se garantir d'attentats
tout prêts peut-être à suivre celui qui vient
d'être dirigé contre le général Mezent-
soff? On ne peut plus nier l'existence
d'une ou de plusieurs organisations révo-
lutionnaires dont le réseau embrasse le
pays entier, et qui travaillent à miner sourde-
ment les fondemens de l'Etat et dé la société
et cette conviction est d'autant plus inquié-
tante qu'on ignore les remèdes à employer
contre le mal. Les mesures adoptées jus-
qu'ici n'ont abouti évidemment qu'à l'aggra-
ver il faut trouver autre chose, et cela n'est
pas facile. Tantqu'ilnes'agissaitquedelapro-
pagaedede livres et de brochures prohibés, ou
d'autres distractions <ïé ce genre, lesmôdéréset
les libéraux prêchaient la tolérance, affirmant
qu'il suffirait de faire trêve aux persécutions
pour arrêter les progrès de la maladie. Leurs
conseils n'ont pas été suivis, et, depuis, le
mal a pris un caractère aigu qui exisre un
traitement plus énergique. De toutes les ca-
tégories d'assassinats, il n'en est pas de
plus odieux que ceux qui sont accomplis
au nom d'une idée, et lorsque le fanatisme
politique arrive au point d'y recourir, la
société est tenue de Fe défendre par tous
l«s moyens en soa pouvoir. Lorsque Véra
Zassoulitch tirait ton fameux coup derevolver
contre le préfet de Saint-Pétersbourg et obte-
nait un verdict d'acquittement du jury tou-
ché de son malheur et indigné da châtiment
immérité infligé à Bogcluboff, on pouvait
se faire l'illusion qu'il n'était question que
d'un fait personnel et d'un avertissement
donné aux agens du pouvoir. Mais, cette fois,
les assassins n'ont pas laissé au public a
moindreflche de consolationen face d'un crime
exécuté avec une au*i froide préméditation
et couronné d'impunité. Non seulement le
chef des gendarmes n'avait jamais outrepassé
ses pouvoirs et ne s'était rendu coupable d'au-
cune cruauté gratuite, mais son humeur bien-
veillante et affable lui avait procuré une grande
popularité au sein même de la faction qu'il
avait mission de poursuivre, et les nihilistes
savaient qu'ils ne pourraient que perdre en
voyant un autre à son poste. Si, malgré ces
considérations, ils n'ont pas hésité à le
choisir pour victime de leur vengeance
c'est bien pour prouver qu'ils frappaient
en lui non l'homme, mais le chef de la
3» section. Pour que ce coup porte les fruits
qu'ils en attendent, il faut nécessaire-
ment qu'il ne soit que le prélude d'autres
et le commencement d'une guerre civile
déclarée au gouvernement. Il faut croire
que le même sort attend les successeurs du
général Mezontsoff. et nul ne peut se flatter
d échapper au danger en évitant les fautes de
son prédécesseur, car son unique faute consis-
tait à occuper le poste en question.
» En jetant un coup d'œil rétrospectif sur
cette lutte entre les élémens révolutionnaires
et le gouvernement, on s'aperçoit que les
péripéties en, deviennent de plus en plus
émouvantes. D'abord, les prévenus de crimes
politiques, se laissent arrêter et juger avec
une parfaite résignation. Leurs avocats s'é-
vertuent à composer des plaidoyers éloquens
ou les principes de liberté et de légalité
occupent plus de place que le sort de
leurs cliens, et ces .derniers tout en
protestant de leur innocence, acceptent
avec soumission l'an et des tribunaux. Au
bout de quelque temps, le tableau change
d'aspect; on voit apparaître devant la barre
de tribunaux spéciaux recrutés parmi les sé-
nateurs les plus honorables, des esprits re-
belles à toute autorité, disputant à l'Etat le
droit de faire justice, se moquant des
lois et accablant les juges des insultes
les plus grossières. On se souvient du
scandale qui signala le dernier procès
politique, terminé à la fin de l'an-
née dernière, et l'embarras dans lequel
les sorties violentes de Mishkine et de ses
compagnons plongèrent le vénérable tribu-
nal appelé à se prononcer sur leurs mé-
faits. Les nouvelles difficultés que le gou-
vernement ne savait comment surmonter al-
laient bientôt être suivies d'autres et
après avoir récusé l'autorité des juges les
accuses politiques récusèrent celle des gen-
darmes chargés de les arrêter. A Odessa, une
de ces bandes, plus courageuse que les au-
tres, les rencontra les armes à la main
et on sait que cette tentative lui valut
d'être traduite devant le tribunal de guerre
et que le principal coupable, nommé Kovalsky
fut condamné à la peine de mort. Sa grâce
qui aurait pu lui être accordée dans un autre
moment, lui ayant été refusée, l'exécution de
la sentence a eu lieu le 2/14 août, et cette fois
la police a si b;en pris ses précautions que
tout s'est pa?sé dans les règles et qu'aucun
nouveau désordre n'est venu s'ajouter à
ceux qui avaient accompagné l'annonce
du verdict. Seulement Kovalsky était
fusillé le 2 de ce mois, et, le 4, le géné-
ral Mezentsofï tombait sous les coups des
assassins qui prenaient la fuite, emportés
derrière un magnifique trotteur gris qui
les attendait au coin de la rue! Est-ce
là une simple coïncidence, ou tout un plan
savamment combiné? Le meurtre est-il la
conséquence de l'acquittement de Véra Zas-
soulitch, comme le prétend le parti conserva-
teur, ou celle de l'exécution de Kovalsky,
comme l'affirment les progressistes ? Il est
difficile de décider qui a raison, d'autant
plus que les deux causes ont pu y con-
tribuer sans l'avoir déterminé. Du reste, non
seulement les partis avancés, mais même les
modérés ont peu de chances de se faire
écouter en ce moment, car rien ne pousse
si fortement à la réaction que la peur. Au
milieu des conjectures et des réflexions con-
tradictoires qui remplissent l'atmoaphère,
il faut sévir est le cri qui résonne le
plus unanimement, et tout le monde, en
d'autres termes, tous ceux qui osent ex-
primer ouvertement leur opinion s'accordent
à demander l'intimidation des scélérats. La
première idée qui se présente dans ces cas est
naturellement de s'en prendre à l'indulgence
du Code pénal on se dit que les crimes sont
commis parce qu'iis ne sont pas assez sévère-
ment punis, et l'on s'imagine de bonne foi
qu'il suffit de décréter des peines plus rigou-
reuses pour s'en délivrer. C'est surtout lorsque
la peine de mort ne figure point dans le Code
pénal-comme chez nous– qu'on est disposé
à lui attribuer une vertu magique, et voilà
pourquoi le premier résultat du meurtre ré-
cent a été la publication d'un ukase por«
tant que les crimes politiques, accompagnés
de résistance armée ou d'attentats contre les
agens de l'Etat en exercice de leurs fonctions
seraient portés désormais devant les tribu-
naux militaires.ou bien, en d'autres termes, que
les coupables seront passibles d'être fusillés. A
ce propos, leGWosamêmepoussél'indignation
jusqu'à affirmer que les balles sont une mort
trop honorable pour da pareils scélérats et
qu'il faut les faire périr par là corde. Toute-
fois, avant de discuter sur le genre de mort 't
qui leur convient le mieux, il faut commen-
cer parles prendre, et jusqu'ici les assassins
du général Mezentsoff jouissent de leur li-
berté et se moquent de' l'indignation sté-
MARDI 3 SEPTEMBRE
y im. ̃•̃̃;
ON S'ABOIE
tam dés Prôtres-Saint-(ïerniain-]'A.uxefrois, 17*
PRIX Ï9B i/AjBOftMSSf BNT
Un an. Six mois. Trois mois»
Dèpartamenâ. 80 fr. 40 fr. 20 ri.
Paria. 72 fit. 36 fr. iÉ ft.
us aconnemena partent des l« « 16 d«
chaque mois.
Paris, «m Buméico %9 eeau
•épapêenaene, on tkomér*. 95 «eat*
in TLêa&
if M. Keoiay, Bïavleti et C«, i, Finch !ane CoiniiJL'l
E. G. L ndoa; fflSM. W.-H. Smith et «on,
186, Straad, $. C London.
A Bruxelles, à VOffl.it ds publient, 48, rue de ï»
Madeleine, dans I33 kiosques et dans les bi-
bliothèques des gares de chemins de fer belges.
A. Vftlparaiso (Chili), chez M. Oreste» L. Tornero.
:•- MARDI 3 SEPTESBRÊ
s~~
̃̃ W78.. •
~a~~
en Belgique, ea ïtaiît.. ·
ûans le Luxembourg, en Turquie,
ta Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans l
en GMne et' au Japon,
r*a moyen d'une valeur payable à Paris eu d«1
ttwadats-poste, soit internationaux, soit françai»
«a Allemagne, en Autriche, en Russi»,
et dans tous les pays du Nord
chesMous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
(mw l'euTOi d'K.ue *a!eu? payable à Pari* '•
v |-«h aaaoaceft boûè -reçues
6&«S tfOÊt. thMkvhvjryJLÀlBt* «S 6V
8, place ds la Bourse,
m an burese du Mmm^S&M, 1
«.a**«Scrt-?*iiîi«oioaïs itr«asr«É«! ds? le- rtdjtea»*.
m^m ̃ i JaP
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
PARIS
LUNDI 2 SEPTEMBRE
Le temps n'a rien effacé de l'émotion
profonde, mêlée de surprise et de douleur,
que la France a ressentie l'année dernière
lorsqu'un bruit auquel personne d'abord
ne voulait croire a couru subitement d'un
bout à l'autre du pays « M. Thiers est
mort » Ces quelques mots, répétés par
tous les échos, ont jeté dans les âmes
françaises une consternation dont le sou-
venir, et, si l'on nous permet de le dire,
.dont la sensation même, après une
année écoulée, n'est point encore affai-
blie. Ce vieillard chargé de gloire, cet
homme infatigable qui depuis plus de
cinquante ans occupait le monde de ses
œuvres et de ses luttes pour la liberté,
cet orateur et cet écrivain merveil-
leux qui avait gardé jusqu'au bout
toute la flamme de son génie, cet
esprit profond, ingénieux et charmant qui
exerçait la même séduction dans la cau-
get ie privée que dans les grands combats
de la vie publique, arrivé à l'extrême li-
mite de la vie, tenait encore une telle
place parmi nous, que sa mort a éclaté
comme un de ces événemens imprévus
auxquels nul ne s'attend et dont tout le
inonde est frappé. La veille du jour où
nous allions perdre M. Thiers, il retou-
chait et perfectionnait cet admirable Ma-
nifeste à ses électeurs dontaucune phrase
ne trahit la fatigue d'une main que la
mort va glacer pour toujours. Il nous a
été enlevé en pleine bataille, dans toute
l'énergie de ses facultés fines et puissan-
tes, comme un chef qui succombe avant
le triomphe, mais après l'avoir assuré ce-
pendant contre tous les retours de la force
du de la fortune.
Dieu nous garde de troubler un anni-i
versaire qui doit être un deuil national, en
évoquant des souvenirs dont quelqu'un
«pourrait, être blessé I. M. Thiers apparte-
nait à la Françe, et c'est la France tout
entière qui s'associera demain à l'bom-
niage que nous rendrons à sa mémoire
sous les voûtes de Notre-Dame. Nous di-
sions l'année dernière aux écrivains im-
pfudens qui déversaient l'outrage sur la
plus grande personnification de notre
.pays-: Prenez garde à ce que vous
faites! la France n'est pas seulement un
assemblage de déparlemsns dont le sort
de la guerre peut nous faire perdre quel-
ques lambeaux. Notre territoire, si cher;
et si précieux, n'est que l'enveloppe ma-
• térielle et le corps du pays. La France a1
une âme qui est son histoire, son génie,
la gloire de ses plus illustres enfans et;
lorsqu'on diminue, même au nom dei
la vérité, quelques uns des hommes'
qui ont honoré la France nous nous:
.sentons diminués comme si nous avions:
perdu une parcelle de notre âme.
Qu'est-ce donc lorsqu'on les diminue par'
les mensonges de l'esprit de parti? Ceux
Jqui injurient M. Thiers ne déshonorent
qu'eux-mêmes; mais s'il en était au-
trement, et si leurs efforts avaient quel-
que succès, ils seraient des Judas et
livreraient pour un gain problématique
et sordide quelque chose d'aussi essen-
tiellement français que tel morceau de
territoire que M. Thiers a su nous con-
server. Pourquoi faut-il que nous
soyons obligés de répéter aujourd'hui les
mêmes paroles? Pourquoi faut-il que
nous ayons & défendre là mémoire de
M. Thiers contre les attaques dont;
sa personne même était assaillie pen-
dant sa vie? Pourquoi faut-il que
nous nous voyions forcés de répéter aux=
hommes de parti que la mort même n'a:
pas désarmés C'est la France que vous
calomniez en calomniant M. Thiers, et
lorsque vous cherchez à ternir une gloire
devant laquelle l'Europe entière s'est ia.-
elinée, ce n'est pas seulement la républi-
que, c'est le pays que vous essayez de
..diminuer aux yeux du monde et de la
postérité? 9 .«̃̃
Jamais homme, en effet, n'a mieux per->
!;sonnifié que M. Thiers la France moderne,
cette France sortie de la Révolution, qui
s'est élevée au milieu de tant de souffran-
ces, de sacrifices de larmes et de sang,
et qui semble êlre enfin sur le point d'at-
teindre l'idéal de liberté et de paix qu'elle
a poursuivi si longtemps de ses géné-
reux efforts. Il se faisait honneur lui-
même d'être un vrai fidèle de 1789, un dé-
fenseur convaincu, intraitable des prin-
cipes de cette grande époque. Il se plai-
sait à répéter qu'il était, qu'il avait tou-
jours été, qu'il serait toujours un
bleu. Ennemi déclaré de la morgue
doctrinaire il voulait marcher avec son
temps. Dans les phases diverses de ?a lon-
gue et féconde carrière,. il a été uû ad-
versaire déclaré de la contre-révolution.
41 aimait, comme il l'a dit une fois à la
tribune dans un de ses plus beaux mou-
vemens d'éloquence, « à sentir en toutes
» circonstances le cœur du pays palpiter
» dans sa main. » Aussi ne s'est-il ja-
mais opposé à la volonté de la France
et n'a-t-il jamais tenté de la conduire
en froissant ses instincts les plus pro-
fond?. Mais s'il adorait la liberté, l'é-
galité;, le régime parlementaire et tou-
tes lés conquêtes du droit moderne,
^ges convictions libérales n'enlevaient rien
à son esprit de gouvernement. Génie ferme
et positif, formé à la meilleure école,
il n'a jamais abandonné les principes
conservateurs il les soutenait hardi-
ment dans l'Opposition, afin d'avoir le droit
de les appliquer énergiquement au pou-
voir. Dès qu'un des ressorts de cette puis-
sante machine qu'on appelle l'Etat était
menacé, dès que les projets de prétendus
réformateurs mettaient en danger l'armée,
le budget, l'administration, il était là pour
protester avec l'émotion d'un bon citoyen
qui ne peut voir sans douleur les forces
essentielles du pays compromises par la
légèreté ou par la sottise, avec l'autorité
d'un grand politique dont la voix méritait
d'être toujours écoutée parce qu'elle avait
été constamment au service des intérêts
nationaux.
C'est grâce à cette réunion de qualités
en apparence opposées que M. Thiers est
parvenu à accomplir l'œuvre qui a illus-
tré les dernières années de sa vie et qui
fera de son nom le nom le plus glorieux
de notre histoire contemporaine. Au len-
demain de ses désastres, le pays, foulé,
écrasé, ruiné, épuisé de ressources et d'é-
nergie, s'est tourné vers lui comme vers
le seul homme qui pût le sauver. Il est
facile de prétendre aujourd'hui, dans des
discours qui seraient ridicules s'ils n'é-
taient pas scandaleux, que la France s'est
relevée toute seule; mais, lorsqu'on se
reporte sans parti-pris aux souvenirs d'il
y a sept ans, il est impossible de mécon-
naître que « la noble blessée » ne pouvait
panser de ses propres mains les plaies dont
elle était meurtrie. Sachant combien le mal
était profond, l'Allemagne ne mettait pas en
doute que les conséquences en fussent mor-
telles. En quelques années cependant la
France était assez remise, assez rétablie
matériellement et moralement pour être
en mesure de se montrer ingrate envers
.celui qui l'avait guérie. Les hommes qui
avaient .le plus ardemment supplié
M. Thiers d'accepter le pouvoir au jour
du péril ont pu le lui reprendre presque
impunément trois ans après. L'œuvre de
salut était trop avancée pour être arrêtée.
Gomme M. Thiers l'avait dit avec une
noble fierté à ses adversaires au plus
fort de la lutte contre la Commune, « la
» situation était enfin à la hauteur de leur
» courage et de leur esprit » »
M. Thiers n'avait pas seulement réparé
tout ce qui était réparable dans nos dés-
astres, il avait encore assuré à la France
le bienfait d'un gouvernement durable.
Avec une sûreté de coup d'œil merveil-
leuse, il avait compris tout de suite, lui
vieux monarchiste, que les tentatives de
restauration n'aboutiraient qu'à de piteux
échecs; et, comme il avait l'habitude de
prendre son parti très vite, il s'était immé-
diatement rallié au seul gouvernement
possible. Son principe était qu'il ne fallait
pas lutter contre ce qui est inévitable, car
cela ne conduisait qu'au désordre et à
l'anarchie. Si la France était comme
une boule d'argile entre mes mains, répé-
tait-il, peut-être n'en ferais-je pas une ré-
publique mais c'est un bloc de marbre
que je ne saurais pétrir à mon gré.
Aussi acceptait-il sans arrière-pensée
avec cette chaleur et cet entrain qui ne
l'abandonnaient jamais, les institutions
nouvelles. Mais s'il était persuadé qu'on
ne pouvait pas changer la nature des cho-
ses, il croyait ardemment, au contraire,
qu'on pouvait modifier la nature des hom-
mes. Aussi entreprit-il, dès son arrivée
au pouvoir, l'éducation du parti républi-
cain et quiconque, ayant présente à l'es-
prit l'histoire de 1848, cherchera à se ren-
dre compte de ce qu'il a fait de ce parti,
sera bien forcé d'avouer que jamais trans-
formation plus heureuse et plus complète
n'a été accomplie en si peu de temps.
« La république sera conservatrice, ou
» elle ne sera pas » « Le succès sera
» au plus sage !» Ces paroles profondes
sous une forme simple ont servi de pro-
gramme et d'inspiration à tous les groupes
républicains depuis sept ans. Après le
24 mai, M. Thiers n'a pas abandonné
sa généreuse mission. Il la pour-
suivait encore le matin de sa mort.
C'est grâce à lui que, pendant cette
rude campagne du 16 mai où un pou-
voir provocateur ne perdait pas une
occasion de chercher à soulever quelque
démarche imprudente et quelque démon-
stration coupable, les républicains oeI t
montré une sagesse, une union, un respect
de la loi réellement extraordinaires. Ils
avaient compris qu'étant le droit ils
devaient être aussi le calme et lafermeté.
Mais on ne traverse pas de pareilles épreu-
ves sans y refaire son caractère. A
mon âge, disait M. Thiera quelques jours
avant sa mort, je joue ma vie en faisant
ce que je fais; mais je le dois; et je ne
suis pas plus libre, investi de la confiance
des républicains, que je ne l'étais en
1871, à la tête du gouvernement. Il
avait raison il jouait sa vie à l'œuvre
de l'affermissement de la république
par la modération et par la fermeté de ses
partisans, et il l'y a perdue. Mais ce noble
et touchant sacrifice n'a point été sans
résultat. C'est pourquoi, en pleurant
M. Thiers demain, une consolation
adoucira poui-tatit notre deuil il est
mort à la veille de la victoire, mais son
génie l'avait assurée d'avance, etc'est à lui
que l'histoire impartiale en rapportera
l'honneur
BOURSE DE PAMS
Clôture le 31. le 2. Danne. Baisse.
5 O/O
Comptant. 76 70 76 75 5,f
Liquid. 76 65 76 70 S
Fin cour 76 80 13 «;.
» 0/0 •
Amortissable.
Comptant. 80 20 88 20
Liquid. 80 S 80 5
Fin cour 80 10 8
4 t/a» 0/0
Comptant 108 30 ,K 109 25 95 ). fv
6 O/9
Comptant 112 3S 112 io B
Liquid. 112 27 1/2 112 47 1 2 20
Fin cour 112 70 42 l 2 2
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0 112 fr. 77 1/2, 76 1/4, 82 1/2.
3 0/0 turc. 14 fr-t 13 fr. 93.
Banque ottomane.. 316 fr., 813 fr.
Egyptiennes 6 0/0.. 281 fr., 28afr., 281 fr. 87.
Télégraphie privée.
(Sarcles vélâgraphiqti@ de ragene* Hava«.)
r Constantinople, le 31 août.
Des négociations sont engagées entre le grand-
vizir et Midhat Pacha par l'intermédiaire de
l'ambassade ottomane à Londres. On assure que
Midhat a envoyé un programme politique qui a
été soumis au Sultan.
M. Layard appuie vivement le rappel deilidhat;
ce rappel est désormais considéré comme pro-
bable.
Londres, le 2 septembre.
La cour a pris le deuil pour trois semaines à
l'occasion de la mort de la reine Christine.
La révolution de Saint-Domingue menaçant des
intérêts anglais. un navire de guerre stationnaire
à la Jamaïque est parti pour Saint-Domingue.
Le comte Landerdale est mort.
Le Times publie les dépêches suivantes:
« Bucharest, le i« septembre.– Le nombre offi-
ciel des malades de 1 armée russe d'occupation
s'élevait à 2,045" le 27 août. »
« Calcutta, le i" septembre. Le bruit court
que le gouvernement anglais demandera à l'émir
d'Afghanistan de recevoir à Caboul un ministre
résident anglais et, dans les principales autres
places, des agens anglais. On croit généralement
que l'émir refusera si on ne le menace pas d'une
occupation armée. »
Le Standard publie les deux nouvelles sui-
vantes
« Constantinople, le 31 août. Mouktar Pacha
est parti pour la Crète avec deux bataillons. »
» Bucharest, le i" septembre. Le gouverne-
ment roumain convoquera prochainement les
Chambres, sans doute pour discuter la réponse à
Note russe demandant formellement la remise de
la Bessarabie. »
On télégraphie dé Vienne au Daily News que
la Porte a refusé d'envoyer des troupes régulières
dans les monts Rhodope.
Rome, le i" septembre, soir.
On lit dans le journal Y Italie
a Le bruit a couru dernièrement que quelques
volontaires italiens étaient partis d'Ancône et s'é-
taient rendus en Bosnie. Le préfet d'Ancône, ques-
tionné à cet égard par le gouvernement, a ré-
pondu que cette nouvelle était fausse de tous
poims. s>
Le ministère a adressé à l'ambassade italienne
à Vienne, ainsi qu'à la légation à Constantinople,
de pressantes instructions demandant les rensei-
gnemens les plus prompts sur le meurtre de
M. Perrod, consul d'Italie à Serajewo.
Rome, le 2 septembre.
On confirme que ïï. Perrod, consul italien à
Serajewo, a été assassiné le 1" août dans les en-
virons de Gabeke.
Le conseil des ministres a décidé aujourd'hui
de reconstituer le ministère de l'agriculture et
du commerce pour le 1er octobre.
-̃ 1 Berlin, le 2 septembre, soir.
L'anniversaire de Sedan a été fêté ce matin
dans toutes les écoles. Dans plusieurs églises,
des services divins spéciaux ont été célébrés en
présence de nombreux fidèles. Les Sociétés gymnastes et d'anciens militaires ont défilé so-
lennellement dans les rues.
Les citoyens se sont réunis dans plusieurs
lieux publics pour fêter cette journée. Les mai-
sons sont pavoisêes aux couleurs de l'empire.
Aux vitrines des marchands on voit de nom-
breux bustes ou portraits de l'empereur et du
prince impérial, ornés des: couleurs allemandes.
La plupart des boutiques sont fermées.
Pes;r$présentation> extraordinaires ont eu lieu
'dans tous les théâtres. De grands préparatifs.ont
été faits pour l'illumination.
Syra, le 2 septembre.
Des avis dé Constantinople portent que l'insur-
rection qui a éclaté dans le district de Kpsan
(province d'Adana) est fomentée par Ahmet Pacha
qui, dans le temps, a été emprisonné à Constan-
tinople.
Les musulmans réclament leurs anciens privi-
lèges.
La commission internationale chargée
de faire une enquête sur les atrocités
bulgares c'est le mot consacré est
rentrée le 17 août à Constantinople, et
l'on peut maintenant se former une idée
générale de l'œuvre qu'elle a accomplie.
Il y a un an, certains journaux anglais
faisaient grand étalage dans leurs colonnes
de ce qu'ils nommaient ce sont eux qui
ont créé l'expression the Bulgarian
alrocilies. C'étaient alors les Bulgares
qui étaient les victimes d'actes de bar-
barie dont on exagérait à dessein l'hor-
reur. Aujourd'hui, le sens de cette
expression est complétement retourné,
et ce sont les Bulgares qui, en com-
pagnie des Russes, déshonorent l'huma-
nité par des scèues horribles de meurtre,
de pillage et de viol. L'enquête dont nous
allons exposer ci-dessous les principaux
résultats est véritablement accablante
pour les auteurs et pour les complices de
ces actes de sauvagerie.
La commission du Rhodope, comme on
l'appelle, avait un double objet d'abord
de s'enquérir de la situation des réfugiés
musulmans chassés de la Bulgarie par
l'invasion russe, et d'organiser aussi bien
que possible les secours urgens dont ils
auraient besoin, puis de relever les griefs
des iusurgés du mont Rhodope en vue
d'apaiser ia révolte, et d'éteindre ce foyer
dangereux d'agitations et de troubles. Elle
partit de Constantinople vers la fin du
mois de juillet, formant un cortège de
vingt et une personnes auxquelles vint se
joindre un peu plus tard un médecin
dont les services furent très utiles
aux réfugiés qu'elle visita.
Elle devait d'abord se rendre d'Andrino-
ple à Philippopoli et descendre vers le
sud la chaîne du Rhodope par les districts
d'Achi-Telebi et de Sultan- Yere jusqu'à la
côte mais ayant appris que, vu l'état
des routes et la désolation du pays, il lui
serait impossible d'aborder les différens
villages qu'elle se proposait, de visiter, elle
retourna à Andrinople pour prendre l'em-
branchement qui relie cette ville à De-
deagatch, d'où un yacht appartenant à
l'escadre anglaise, le Flying Post, la mena
en descendant la Maritza jusqu'à la mer
et.de là à la baie de Lagos, où elle arriva
le 27 juillet. Elle s'avança alors dans
la direction de Philippopoli, remontant
les chaînes du Rhodope du sud au nord
au lieu de les suivre du nord au sud,
commo elle l'avait d'abord projeté. Elle a
déployé, il faut lui rendre celte justice,
une activité infatigable, tenant, le jour,
plusieurs séances pour entendre les nom-
breux témoins appelés à déposer devant
elle, et rédigeant, lanuit, les rapports quo-
tidiens que ses divers membres adres-
saient à leurs gouvernemens respectifs.
Mais, dès ses premières opérations, elle
fnt contrecarrée par le commissaire
russe, M. Basili, premier secrétaire de
l'ambassade russe à Constantinople. Sous
prétexte que des pourparlers avaient
été engagés entre les commandans de
l'armée d'occupation et les insurgés, il
prétendit s'opposer à la continuation de
l'enquête. Ses collègues ayant consulté à
cet égard les ambassadeurs de leurs gou-
vernemens, MM. Layard, Fournier, comte
Zichy et Galvagno pour l'Angleterre, la
France, l'Autriche et l'Italie, répondirent
que l'enquête devait être poursuivie. Nous
ne savons pas si l'ambassadeur d'Allemagne
partagea cette opinion mais il paraît
certain que dans toute cette affaire l'Alle-
magne a marché d'accord avec la Russie,
et qu'elle ne s'est associée qu'avec répu-
gnance à une enquête qui ne tourne pas
à l'honneur de cette dernière pui?sance.
Ainsi, quand il s'est agi, vers les 26 et
27 août, de fixer la rédaction définitive du
rapport de la commission, le commissaire
allemand refusa d'y apposer sa signature
à moins qu'il ne fût modifié, sinon dans
le fond, du moins dans la forme, qu'il
trouvait sans doute trop dure à l'égard
de la Russie. M. Basili quitta la com-
mission dès le 28 juillet et fut rem-
placé par M. Lechine, second drogman
de l'ambassade, qui faisait jusqu'alors
partie de la commission en qualité de se-
cond commissaire russe. La véritable rai-
son de sa retraite est que ses collègues
refusaient de céder à sa double préten-
tion d'abord de soustraire à l'enquête
toutes les localités actuellement occupées
par l'armée russe, ensuite d'éliminer les
témoignages des musulmans sur les. atro-
cités commises à leur égard, prétendant
que la commission outrepassait ainsi ses
pouvoirs, limités selon lui à une enquête
administrative et au soulagement des
réfugiés. Pour nous, la retraite de M. Ba-
sili est un aveu indirect de la complicité
des Russes ou de leur connivence avec
les Bulgares.
Après ces détails préliminaires, nous
avons à résumer les principaux faits re-
levés par l'enquête. La commission ren-
trée à Constantinople le 16 août les a
consignés dans un rapport qui confirme
les renseignemens dfjà fournis par les
dépêches communiquées au Parlement
anglais et s'arrêtant à la date du 16 juil-
let. Il n'y est question que de villes et de
villages incendiés, de propriétés particu-
lières pillées et détruites, de vols d'ar-
gent, de mobilier, de bétail. Ce rap-
port contient en outre, d'après les dépo-
sitions des victimes, un vaste catalogue
de cruauté et de violence commis sur-
tout à l'égard des femmes et des enfans.
Il constate, nous ne devons pas le dissi-
muler, que les Moscovs, comme on les
appelle en Turquie, se sont encore con-
duits d'une façon plus barbare que les
Bulgares. Nous publions textuellement,
pour l'édification des soi-disant libéraux
anglais, de ces bulgaro -maniaques qui, l'an
dernier, chantaient à l'unisson avec de
si dolentes complaintes, la déposition sui-
vante. Elle émane d'une jeune femme
turque, du nom de Nazik, âgée de vingt-
trois ans, née à Buyuk Imotli, dans le
district deKesanlyk, et elle a été transmise
le 20 juillet à M. Layard par le vice-con-
sul anglais de Philippopoli', M. Calvert,
membre de la commission, lequel l'a reçue
et transcrite. Le mari de cette femme* et
l'aîné de ses trois enfans étaient morts
depuis trois mois, et ies. autorités russes
l'avaient renvoyée de Philippopoli en com-
pagnie de cent réfugiés, en leur assignant
pour résidence le village de Beykioï elles
leur avaient donné à tous un sauf-con-
duit. Voici maintenant sa déposition nous
ne connaissons pas de récit plus na-
vrant
« Après être sortis de Philippopoli, dit-elle,
nous couchâmes la première nuit à Tchirpéli,
la seconde à Yunkioï, village bulgare. Là, les
soldats russes qu'on nous avait donnés pour
escorte nous quittèrent à Philippopoli. Les
Bulgares nous firent un mauvais aceneiî. Ils
nous entassèrent dans un réduit de 30 pieds
carrés, hommes, femmes et enfaas. C'était
l'heure de la prière du soir. Peu de temps
après, la porte da la salle s'ouvrit, et une
bande de Bulgares armés d'épées, de cara-
bines, de sabres, de massues, de haches,
se rua sur nous un papass, un pope, était à
leur tête. J'étaU malade et me tenais dan3yn
coin avec mes deux enfans dans mes bras
uns petite fille de douze mois et un petit
garçon de dix jours. Les Bulgares commen-
cèrent par nous demander de l'argent, par
nous fouiller et nous battre parce qu'ils 'n'en
avaient pas trouvé assez. Après avoir ensuite
attaché tous les hommes, ils su jetèrent sur
les femmes, chacun d'eux saisissant la" pre-
mière venue; ils les entraînèrent dans les
champs et les jardins enyirounans, et ies
violèrent sans épargner môma des filles de
huit ans.
» Le pope lui-môme prit part à ces hor-
reurs, et la femme de Shelim Bashi fut sa
victime. Dans ia cou fusion de ces scènes bon-
teuses, mes deux enfans allaient être écrasés.
« Vous tuez mes enfans 1 » m'écriai-ie. Aus-
sitôt un Bulgare, armé d'un fusil à baïon-
nette, se retourne et plonge son arme dans
la poitrine de l'aînée de mes enfans elle ne
survécut que quelques instans. L'autre, âgé
de dix jours, comme je vous l'ai dit, mou
rut, le lendemain, des mauvais traitemens
qu'il avait recus; enfin, ce jour-là mêm3, on
nous permit do reprendre notre route vers
Beykioï. En chemin, la famille de Konkorn-
Mehmed, lui, sa femme, son fils et sa belle-
fille, fut massacrée tout entière, étant restée
en arrière et ayant été surprise par les Bul-
gares. La vie que nous avons menée à Bey-
kioï depuis deux mois, Dieu seul sait ce
qu'elle a été 1 Pas un jour ne s'est passé sans
que l'on infligeât aux femmes les derniers
outrages; et si elles opposaient une rési-
stance, helas inutile, elles étaient battues-
battues battues ce sont les mots mêmes
du témoin. Enfin nous en sommes venues
à être comme des animaux, au point d'ou-
blier même ce que c'est que de seutir la
honte. Pour moi, les Bulgares m'ont épar-
gnée. II3 m'avaient un jour entraînée dans
un champ mais, comme ne je pouvais ni
marcher ni me tenir debout, ils m'ont laissée;
mais mon esprit est complètement perdu. J'ai
vu mourir daus l'espace de trois mois ma
mère, mon mari et mes trois enfans. »
Ce témoignage nous dispensera assuré-
ment d'en citer aucun autre sur ce genre
d'atrocités. Voici maintenant quelques
détails sur le nombre et la situation des
réfugiés A la date du 7 juillet, M. Reade,
consul anglais à Varna, écrivait au mar-
quis de Salisbury, ministre des affaires
étrangères, que dans le caza de Choumla
on ne comptait pas moms de 200,000
réfugiés musulmans venus de districts
occupés par les Russes, et dont 10 à 15,000
étaient dans le plus complet dénûment.
Les ressources du gouvernement turc
étaient épuisées, ainsi que celles du co-
mité de secours institué en Angleterre
{Turlmh Compassionate Fund). Les auto-
rités russes les avaient invités à retourner
dans leur pays, leur promettant protec-
tion mais les attaques des Bulgares
les avaient forcés dé rebrousser chemin,
et un grand nombre avaient succombé
peu de jours après. Le 29 juillet, le colo-
nel Raab, attaché militaire d'Autriche à
Constantinople, et président de la commis-
sion internationale qui siégeait alors à
Gumul Djina, mandait au comte Zi-
chy que les réfugiés arrivés dans ce
district étaient dans la plus grande
détresse. Il n'en était pas venu moins
de 50,000, dont 6,000 étaient morts
dans les dix derniers mois le reste
vivait ou plutôt mourait en plein air,
décimés par la fièvre la diarrhée et
la dyssenierie. Quant aux villages pillés
et incendiés par les Russo-Bulgares, et
dont Grabava est le plus connu, M. Faw-
cett, consul général anglais, en avait
donné une première liste dans ses dépê-
ches des 28 et 29 mai au marquis de Salis-
bury elle s'est accrue depuis. M. Fawcett
mérite les plus grands éloges pour le zèle
dont il a fait preuve comme membre de la
commission du Rhodope. Nous devons
associer à son nom celui du colonel
Raab, en regrettant de ne pas avoir trouvé
dans les dépêches ceux des commissaires
français et italiens qui ont dignement
concouru, pro parte virili, à cette œuvre
de justice et d'humanité. Nous voudrions
espérer que leurs travaux seront couron-
nés de succès et qu'après la pacification
du Rhodope une administration régulière
assurera, sous le contrôle de la commis-
sion européenne, la paix et la prospérité
de ces malheureux pays.
Ernest DOTTAIN.
On nous écrit de Saint-Pétersbourg, le
15/27 août
« Onze jours se sont écoulés depuis l'auda-
cieux assassinat commis sur la personne du chef
des gendarmes, général Mezentsoff, et Saint-
Pétersbourg ne peut encore se remettre de la
panique causée par cet horrible événement.
La terreur qu'il a répandue dans les esprits
ne règne pas dans la capitale seule; la pro-
vince la ressent au même degré, si ce n'est
davantage. Si la police se montre im-
puissante là où elle e«t le mieux organisée,
s'il a'y a plus de sécurité à marcher en p'ein
jour au centre de la ville, que n'a-t-on pas à
craindre dansles chefs-lieux de provinces et de
districts, et comment se garantir d'attentats
tout prêts peut-être à suivre celui qui vient
d'être dirigé contre le général Mezent-
soff? On ne peut plus nier l'existence
d'une ou de plusieurs organisations révo-
lutionnaires dont le réseau embrasse le
pays entier, et qui travaillent à miner sourde-
ment les fondemens de l'Etat et dé la société
et cette conviction est d'autant plus inquié-
tante qu'on ignore les remèdes à employer
contre le mal. Les mesures adoptées jus-
qu'ici n'ont abouti évidemment qu'à l'aggra-
ver il faut trouver autre chose, et cela n'est
pas facile. Tantqu'ilnes'agissaitquedelapro-
pagaedede livres et de brochures prohibés, ou
d'autres distractions <ïé ce genre, lesmôdéréset
les libéraux prêchaient la tolérance, affirmant
qu'il suffirait de faire trêve aux persécutions
pour arrêter les progrès de la maladie. Leurs
conseils n'ont pas été suivis, et, depuis, le
mal a pris un caractère aigu qui exisre un
traitement plus énergique. De toutes les ca-
tégories d'assassinats, il n'en est pas de
plus odieux que ceux qui sont accomplis
au nom d'une idée, et lorsque le fanatisme
politique arrive au point d'y recourir, la
société est tenue de Fe défendre par tous
l«s moyens en soa pouvoir. Lorsque Véra
Zassoulitch tirait ton fameux coup derevolver
contre le préfet de Saint-Pétersbourg et obte-
nait un verdict d'acquittement du jury tou-
ché de son malheur et indigné da châtiment
immérité infligé à Bogcluboff, on pouvait
se faire l'illusion qu'il n'était question que
d'un fait personnel et d'un avertissement
donné aux agens du pouvoir. Mais, cette fois,
les assassins n'ont pas laissé au public a
moindreflche de consolationen face d'un crime
exécuté avec une au*i froide préméditation
et couronné d'impunité. Non seulement le
chef des gendarmes n'avait jamais outrepassé
ses pouvoirs et ne s'était rendu coupable d'au-
cune cruauté gratuite, mais son humeur bien-
veillante et affable lui avait procuré une grande
popularité au sein même de la faction qu'il
avait mission de poursuivre, et les nihilistes
savaient qu'ils ne pourraient que perdre en
voyant un autre à son poste. Si, malgré ces
considérations, ils n'ont pas hésité à le
choisir pour victime de leur vengeance
c'est bien pour prouver qu'ils frappaient
en lui non l'homme, mais le chef de la
3» section. Pour que ce coup porte les fruits
qu'ils en attendent, il faut nécessaire-
ment qu'il ne soit que le prélude d'autres
et le commencement d'une guerre civile
déclarée au gouvernement. Il faut croire
que le même sort attend les successeurs du
général Mezontsoff. et nul ne peut se flatter
d échapper au danger en évitant les fautes de
son prédécesseur, car son unique faute consis-
tait à occuper le poste en question.
» En jetant un coup d'œil rétrospectif sur
cette lutte entre les élémens révolutionnaires
et le gouvernement, on s'aperçoit que les
péripéties en, deviennent de plus en plus
émouvantes. D'abord, les prévenus de crimes
politiques, se laissent arrêter et juger avec
une parfaite résignation. Leurs avocats s'é-
vertuent à composer des plaidoyers éloquens
ou les principes de liberté et de légalité
occupent plus de place que le sort de
leurs cliens, et ces .derniers tout en
protestant de leur innocence, acceptent
avec soumission l'an et des tribunaux. Au
bout de quelque temps, le tableau change
d'aspect; on voit apparaître devant la barre
de tribunaux spéciaux recrutés parmi les sé-
nateurs les plus honorables, des esprits re-
belles à toute autorité, disputant à l'Etat le
droit de faire justice, se moquant des
lois et accablant les juges des insultes
les plus grossières. On se souvient du
scandale qui signala le dernier procès
politique, terminé à la fin de l'an-
née dernière, et l'embarras dans lequel
les sorties violentes de Mishkine et de ses
compagnons plongèrent le vénérable tribu-
nal appelé à se prononcer sur leurs mé-
faits. Les nouvelles difficultés que le gou-
vernement ne savait comment surmonter al-
laient bientôt être suivies d'autres et
après avoir récusé l'autorité des juges les
accuses politiques récusèrent celle des gen-
darmes chargés de les arrêter. A Odessa, une
de ces bandes, plus courageuse que les au-
tres, les rencontra les armes à la main
et on sait que cette tentative lui valut
d'être traduite devant le tribunal de guerre
et que le principal coupable, nommé Kovalsky
fut condamné à la peine de mort. Sa grâce
qui aurait pu lui être accordée dans un autre
moment, lui ayant été refusée, l'exécution de
la sentence a eu lieu le 2/14 août, et cette fois
la police a si b;en pris ses précautions que
tout s'est pa?sé dans les règles et qu'aucun
nouveau désordre n'est venu s'ajouter à
ceux qui avaient accompagné l'annonce
du verdict. Seulement Kovalsky était
fusillé le 2 de ce mois, et, le 4, le géné-
ral Mezentsofï tombait sous les coups des
assassins qui prenaient la fuite, emportés
derrière un magnifique trotteur gris qui
les attendait au coin de la rue! Est-ce
là une simple coïncidence, ou tout un plan
savamment combiné? Le meurtre est-il la
conséquence de l'acquittement de Véra Zas-
soulitch, comme le prétend le parti conserva-
teur, ou celle de l'exécution de Kovalsky,
comme l'affirment les progressistes ? Il est
difficile de décider qui a raison, d'autant
plus que les deux causes ont pu y con-
tribuer sans l'avoir déterminé. Du reste, non
seulement les partis avancés, mais même les
modérés ont peu de chances de se faire
écouter en ce moment, car rien ne pousse
si fortement à la réaction que la peur. Au
milieu des conjectures et des réflexions con-
tradictoires qui remplissent l'atmoaphère,
il faut sévir est le cri qui résonne le
plus unanimement, et tout le monde, en
d'autres termes, tous ceux qui osent ex-
primer ouvertement leur opinion s'accordent
à demander l'intimidation des scélérats. La
première idée qui se présente dans ces cas est
naturellement de s'en prendre à l'indulgence
du Code pénal on se dit que les crimes sont
commis parce qu'iis ne sont pas assez sévère-
ment punis, et l'on s'imagine de bonne foi
qu'il suffit de décréter des peines plus rigou-
reuses pour s'en délivrer. C'est surtout lorsque
la peine de mort ne figure point dans le Code
pénal-comme chez nous– qu'on est disposé
à lui attribuer une vertu magique, et voilà
pourquoi le premier résultat du meurtre ré-
cent a été la publication d'un ukase por«
tant que les crimes politiques, accompagnés
de résistance armée ou d'attentats contre les
agens de l'Etat en exercice de leurs fonctions
seraient portés désormais devant les tribu-
naux militaires.ou bien, en d'autres termes, que
les coupables seront passibles d'être fusillés. A
ce propos, leGWosamêmepoussél'indignation
jusqu'à affirmer que les balles sont une mort
trop honorable pour da pareils scélérats et
qu'il faut les faire périr par là corde. Toute-
fois, avant de discuter sur le genre de mort 't
qui leur convient le mieux, il faut commen-
cer parles prendre, et jusqu'ici les assassins
du général Mezentsoff jouissent de leur li-
berté et se moquent de' l'indignation sté-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 78.31%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 78.31%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0" La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k460550h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k460550h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k460550h/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k460550h/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k460550h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k460550h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k460550h/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest