Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-06-23
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Description : 23 juin 1878 23 juin 1878
Description : 1878/06/23. 1878/06/23.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
DIMANCHE 23»
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lue défi Prëtres-SMnt-Gennain-i'ÀuïëFroIs, 17.
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A Valparàiso (Chili), chez M. Orestes L. Tornero.
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P(~TIQUES ET LITTÉRAIRES
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DI1AME23 JUIN
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̃••' 0$ S'ABONDE ̃ .̃
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PAftïS
SAMEDI 22 JUIN
«< Lès habiletés russes ont un singulier
» caractère disions-nous il y a deux
» jours après avoir produit l'effet calculé
» contre l'adversaire, elles se retournent
» subitement cantre celui qui s'en est
» servi. On a cru faire un coup de maître
» en amenant les ministres anglais à si-
»" gner en secret le Mémorandum du
».3O mai; un coup plus habile encore en
«divulguant ce document. La publication
» du Gloiïe a créé, en effet, des embarras à
»Jord Beaçonsfield, à Londres et à Berlin.
»" Son prestige a été diminué. Mais il est à
» craindre que les Anglais, piqués au jeu,
» ne prennent leur revanche et ne nion-
» trent au Congrès plus de roideur que ja-
» inais. Peut-être aussi, compromis en-
» vers l'Autriche, ils s'empresseront d'au-.
»,tant plus de se rapprocher d'elle. »
INous avions été bons prophètes. Tous
les r enâëigne'mens qui nous arrivent de
Berlin prouvent que loin de séparer
irrémédiablement l' Angleterre de l'Au-
triche, résultat que les Russes avaient
certainement attendu et escompté, les
indiscrétions du Globe ont obligé les
plénipotentiaires anglais à faire immé-
diatement cause commune avec leurs con-
frères autrichiens. C'était à vrai dire,
le seul moyen qui s'Offrît à eux de dissiper
les niéfiances provoquées par la publi-
cation des Mémorandums. S'ils avaient
voulu s'enfermer dans une réserve diplo-
matique etiprendre une attitude expëc-
tanle, l'Autriche se serait crue à l'instant
trahie. Ils n'ont pu la rassurer qu'en allant
au-devant d'elle et qu'en s'efforçant de
conjurer, par la chaleur avec laquelle ils
soutenaient, ses intérêts, les soupçons
d'égôïsine que lès, documens du Globe fai-,
saient ai sérieusement peser sur eux.
Nous avons suivi, dans les dépêchés et
dâiïs lés correspondances de Beriin, les
progrès dé ce rapprochement imprévu de
rÂngleterce et de l'Autriche. Chose cu-
rieusevl au moment même où les Mémo-
randums du Globe soulevaient dans la
presse de Vienne une, violente tempête
qui ejstsbien loin d'être encore apaiséevon
en paraissait beaucoup moins ému dans
les cercles officiels et surtout à la mis-
sion aùstro-hongroisé -au Congrès. Après
deux ou trois; jours .d'embarras et de si-
lence, une dépêche de Berlin, adressée à
l'agence Havas, nous apportait la pre-
mière expression de cet optimisme per-
sistânt de là diplomatie autrichienne
a On considère, disait cette dépêche, que là-
diplomatie russe avalten vue, par la publica-
tion dans le Globe du Mémorandum dont l'au-
thenticité nlest pas contestée, ,de .séparer
l'Angle teire. de l'Autriche dans le Congrès.
Malgré .l'émotion qu'a causée -tout d'abord
cette publication, on affirme aujourd'hui. dans
les cercles autrichiens que l'entente de l'An-
gleterre et de l'Autriche, est 'complète, et que
ces deux' puissances marcheront' constam-
ment d'accord dans la suite du Congrès. Lors-
-qurôn objecte que les engagemens de l'An-
gleterre ôteront.à son appui la force morale,
on soutient" dans les mêmes cercl.es que les
Anglaisnè peuvent pas se considérer et ne se
considèrent pas comme irrévocablement liés
par; ces documens: •>
Les Anglais, de leur côté, n'épargnaient
rien pour justifier cette appréciation des
cercles autrichiens sur la nature et la por-
tée des documens du Globe. «Ces documens
» n'ont pas, disait la même dépêche, le
» caractère irrévocable et obligatoire des
» conventions et des traités. La -forme
» même dans laquelle ils ont été rédigés
» indique qu'ils n'ont pas cette impor-
» tance. » S'il faut en croire, .en effet, des
explications dont l'origine est probable-
ment officieuse les docume'ns du Globe
ne seraient pas" des Mémorandums dans
le vrai gens du mot ce seraient plutôt de»
proaiMnwria, c'est-à-dire des pièces di-
plomatiques rédigées par le comte Schou-
valoff et parle marquis de Salisbury, afin
de Résumer .et .de coordonner les conver-
sations dans lesquelles ils ont préparé
la réunion du Congrès. Le Mornirbg Post
et le SMMard nous apprennent même
que le marquis de Salisbury n'a pas si-
gné en ioutes lettres les deux documens,
mais qutiï a seulement apposé ses initia-
les :-au bas 4e chacun d'eux. Que faut-il
conclure de ces efforts de la, presse an-
glaise favorable au ministère, pour ré-
duire les Mémorandums aux proportions
de. simples notes prises sur leurs carnets
respectifs par deux négociateurs? Une
seule chose, c'est que l'Angleterre, juste-
ment inquiète de l'impression produite par
les f révélations du Globe, cherche à mon-
trer que son évolution a été plus appa-
rente que réelle, et que la diplomatie ~e
autrichienne, a eu raison de ne pas s'en
énfoùvoïr* outre mesure.
Le jour même où l'agence Havas Tece-
vait de Berlin la dépêche que nous avons
citfe, l&Cwrèspbndwcepoïitipië devienne
en recevait de son côté une plus explicite
encore. '« Une entente entre l'Autriche et
y 1:' Angleterre n'est pas douteuse, disait
> cette dépêche, et il faut considérer
» comme certain que ceite entente durera
» pendant tout le cours des négociations.
» La puWIcatioh du Globe .est absolument
!» sans effet sur le caractère dès relations
» atistro- anglaises. » On voit jusqu'à
quel point la diplomatie autrichienne
était rassurée, ou du moins affectait de
l'être. Cette tactique lui a très bien
réussi, et le correspondant du Temps a
raconté l'effet singulier et inattendu pro-
duit par la publication des Mémoran-
dums.
« II parait certain, dit-il, que, loin d'irriter
l'Autriche et de diminuer les chances
d'une entente de cette puissance avec la
Grande-Bretagne, la publication du Globe, en
forçant les deux diplomates compromis àdire
franchement la vérité sur le.urs pourparlers an-
térieurs, a servi le comte Andrassy et lui a
fourni les moyens d'entamer une discussion
profitable. Tel est aussi, du reste, l'avis delà
Gazette de la Croix. « Un accord, dit ce jour-
nal, a pu enfin se faire entre l'Angleterre
et l'Autriche Hongrie, aussitôt que la
dernière a pu se rendre exactement
compte de ce que voulait la première et
il-pafàlt probable que cet accord deviendra
de plus en plus intime, de sorte que la Rus-
sie aura bien de la peine à obtenir ce qu'elle
désirait. » En d'autres termes, la Gazette de
la Croix et avec elle un grand nombre de
personnes vivant dans l'atmosphère du Con-
grès estiment que si, comme on l'a prétendu,
c'est la diplomatie russe qui a donné au
Globe les documens en question, avec l'espoir
de mettre l'Autriche en défiance de l'Angle-
terre, cette manoeuvre a produit le résultat
contraire.
» II paraît aujourd'hui démontré qu'à la
suite des discussions à trois dont les docu-
mens publiés par le Globe ont dû fournir la
matière, la Grande-Bretagne et l'Autriche-
Hongrie ont découvert la possibilité de mar-
cher d'accord, et que la Russie se trouve for-
cée de s'entendre avec ces deux puissances.»
Nos propres renseignemens confirment
ceux de notre confrère. Un de nos corres-
pondans nous télégraphiait hier que « les
» révélations du Globe avaient produit tin
» tout autre effet que celui dont s'étaient
» flattés les Russes qu'elles avaient
» amené un rapprochement plus étroit
» entre l'Angleterre et l'Autriche, et que
» les Russes commençaient à être très af-
» fectés de la tournure que prenaient les
» choses. » Il paraît, en effet, incontesta-
ble que les Mémorandums n'ont pas em-
pêché les plénipotentiaires anglais et les
plénipotentiaires autrichiens d'agir en
commun dans les négociations qui ont lieu
pendant l'intervalle des séances du Con-
grès. La question de la Bulgarie, qui avait
été posée à la séance de mercredi, est
agitée depuis dans les discussions prépa-
ratoires auxquelles prennent part l'An-
gleterre, l'Autriche et. la Russie. Or, le
correspondant du Times nous apprend que
les représentans anglais et autrichiens
ont été d'accord pour réclamer l'évacua-
tion de la Bulgarie par les troupes rus-
ses, aussitôt après la conclusion de la
paix, et pour donner à la Porte le droit
de fortifier les défilés des Balkans et
d'y entretenir des troupes. Ils ont même
fait de ces deux clauses « des con-
̃ » ditions sine quâ non de la réussite du
» Congrès. » Ainsi, en dépit des Mémo-
randums, ,1a Russie se trouve en face
de deux puissances parfaitement unies
pour eombattf e ses prétentions exor-
bitantes. Les plénipotentiaires russes,
surpris par cette conduite, ont dû
suivant une dépêche, demander de nou-
velles instructions à Saint-Pétersbourg.
Le czar a-t-il consenti aux deman-
des de l'Angleterre et de l'Autriche
réunies? Nous l'ignorons mais c'est déjà
un grand point .que ces demandes lui
aient été adressées en commun. L'Autri-
che ne se contente pas, d'ailleurs, d'exiger
l'évacuation générale de la Bulgarie, elle
voudrait que les garnisons de Silistrie et
de Roustohouk s'éloignassent immédiate-
ment et que les deux places fussent ra-
sées. Tant que deux forteresses aussi im-
portantes resteront entre les mains des
Russes, la liberté du Danube ne sera en
effet qu'un vain mot.
On voit que dans, cette affaire des Mé-
morandums, comme dans celle du traité
de San-Stefano, la Russie a été la dupe de
sa propre habileté. Elle voulait éloigner
l'Angleterre de l'Autriche, elle n'a réussi
qu'à les rapprocher davantage. Nous au-
rons encore à revenir sur cette intéres-
sante question, car les bruits les plus
singuliers commencent à circuler en Eu-
rope, et il se forme peuà peu autour des
documens du Globe une" sorte de roman
plu s ou moins vraisemblable, plus oumoins
vfai, qui mérite d'être raconté. Nous nous
bornerons, pour conclure aujourd'hui, à
citer un curieux épisode qui se rattache au
même sujet et qui a été rapporté par le
correspondant du Times à Berlin. « Une
» scène dramatique a eu lieu ces jours-ci
» à l'hôtel Kaiserhof. Un correspondant
» d'un journal français a été éveillé dans
» la nuit par un messager russe qui ve-
» nait lui demander de télégraphier im-
» médiatement à son journal que les dor-
» cumens publiés par le Globe n'avaient
» été communiqués ni directement ni
» indirectement par le comte Schou-
» valoff. Le correspondant français v
» a demandé de qui le messager avait
» reçu ses instructions « Du comte
» Schouvaloff lui-même », a répondu
» celui-ci. « Alors, répliqua le jour-
» naliste, je peux me reméttre au lit
,» sans fatiguer le fil télégraphique. »
« Je crois, ajoute le correspondant du
» Times, que chacun aurait fait la même
» réponse. Il est possible que la Russie
« ne désire, pas prendre sur elle la res-
» poDsabililé d'avoir divulgué les docu-
» mens, aujourd'hui surtout que ,1e coup
» a raté mais comme ce coup avait été
» dirigé contre le cabinet anglais, tout le
» monde admettra plus facilement que la
» communication des dociimens est due
» à un Russe qu'à un Anglais, et tant
» qu'on n'aura pas d'éclairdissemensplus
» satisfaisans, on se remettra au lit sans
» télégraphier. »
Le Français joue-t-il l'ignorance ou
est-ce sincèrement qu'il persiste dans ses
erreurs ? Nous lui avions reproché d'avoir
dit que le traité de San-Stefano divisait
en deux la Bulgarie, et que la circulaire
du marquis de Salisbury critiquait cette
stipulation. Soit nous répond-il. Ce n'est
pas de la Bulgarie que nous voulions par-
ler, c'est de laRoumélie. Si notre confrère
ne se moque pas de nous ou de ses
lecteurs, nous ne pouvons que lui re-
commander de nouveau la lecture atten-
tive du traité de San-Stefano et de la cir-
culaire du marquis de Salisbury, et s'il
y trouve un projet de division de la Rou-
mélie, nous consentons bien volontiers à
passer désormais pour de simples -.<̃ litté-
rateurs politiques » dont « l'étourderiô,
la légèreté et l'inexpérience » méritent
tous les dédains des profonds politiques,
des savans grammairiens et des irrépro-
chables géographes du Français.
BOURSE DE PARIS
CIdtnre le 21 le 22 Hausse. Baisse.
5 O/O
Comptant. 75 53 76. 45 «/
Fin cour. 75 75 76 10 ,35
4 I/S O/O
Comptant 105 j. 104 75 ,h 25 J.
6 O/O
Comptant 112 55 .f. 112 90 35 è/
Fin cour. 112 75. 113 10 35
PKTITK BOURSB HV SOIR.
Emprunt 5 0/0. H3&.15, 25, 11 1/4.
3 0/0. 76fr. 17 1/2, 20, 10.
5 0/0 turc. 15 fr. 80, 85, 50.
Banque ottomane.. 448 fr. 75, 447 fr. 50.
Hongrois 6 0/0 80 1/2, 5/8, 3/8.
Egyptiennes 6 0/0.. 276 fr., 278 fr., 271 fr. 25.
Chemins égyptiens. 361 fr.
Florins (or), 64 1/2, 3/8. ̃
Un de nos correspondans particulière nous
adresse la dépêche suivante:
« Berlin, le 22 juin, 7 h. soir.
<> Après une nouvelle interruption de deux
jours, le Congrès vient enfin de tenir sa qua-
trième, séance. Est-ce à dire qu'on soit d'ac-
cord relativement aux questions qui ont mo-
tivé cet ajournement ? Jusqu'ici rien ne le
prouve, et les difficultés soulevées sont de
nature trop grave pour que l'entente puisse
être déjà faite.
» Moins imprudent que le général Igna-
tieff, plus circonspect, plus souple, plus di-
plomate, le prince Gortchakoff poursuit au
fond le même but qui a été depuis un
siècle celui de la politique russe, à savoir
l'anéantissement complet de la Turquie et
la prise de possession du Bosphore par les
Russes or, un pas immense serait fait
dans cette voie par la création de la Bulgarie,
si l'Europe approuvait sans réserve les con-
ventions conclues' avec lord Salisbury par le
lieutenant du chancelier, lecomte Schouvaloff.
Le ministre anglais s'est réservé, il est vrai,
le droit de discuter certains points devant le
Congrès et il a sagement fait, car c'est un
des points réservés par lui article- 1! du
Memorandum qui tient en ce moment tous
les diplomates en haleine.
» Depuis deux jours, de longs pourparlers
ont lieu entre la Russie, l'Angleterre et
l'Autriche-Hongrie. (le matin encore, avant
la séance du Congrès, le comte Andrassy, le
comte Schouvaloff et lord Salisbury étaient
réunis à l'hôtel de l'ambassade anglaise et y
sont restés en discussion jusqu'à une heure et
demie. Ont-ilsréussi à teniren échec l'ambition
russe et fait obtenir à la Turquie le
droit de tenir garnison dans la Bulga-
rie méridionale ? C'est de cela qu'il s'agit.
En effet, la Russie, voulant à tout prix affai-
blir l'empire ottoman, déclare qu'elle attache
une importance toute particulière à ce que
l'armée du Sultan se retire immédiate-
ment non seulement delà Bulgarie du Nord,
mais même de la province qui doit être créée
au sud des Balkans sous le titre de Bulgarie
du Sud. et qui demeurera sous la dépendance
de la Turquie, bien que mise en posses-
sion d'une véritable autonomie administrative.
Le comte Andrassy soutient, au contraire,
que le maintien des troupes ottomanes dans
cette province est pour la Turquie une ques-
tion vitale. A quoi bon maintenir le pou-
voir nominal du Sultan à Constantinople?
A quoi bon proclamer le maintien de la Tur-
quie sans lui laisser 1a possibilité de vivre ? '?
Et, même en se restreignant au point de vue
spécial de la province bulgare, quelle sera la
garantie de la dépendance dans laquelle
cette province doit rester vis-à-vis de la Tur-
quie si le droit de garnison n'est pas main-
tenu aux troupes ottomanes ? '?
» La question, vous le voyez, est d'une
importance capitale et justifie amplement lés
lenteurs dont nous sommes témoins. La ques-
tion de la délimitation est résolue en principe.
On s'en est occupé dans la séance d'aujour-
d'hui. Jusqu'à présent le comte Andrassy, on
peut lui rendre cette justice, a plus fait pour
la Turquie que pour l'Autriche elle-même,
bien qu'au fond les deux intérêts se con-
fondent dans une certaine mesure.
» Je vous ai télégraphié avant-hier qu'il
s'était entendu avec la Russie relativement à
la Serbie et au Monténégro. La nouvelle est
exacte au fond; mais elle doit être rectifiée
en ce sens que ce n'est pa=s avec la Russie
que l'entente a eu lieu. Suivant à sa façon
l'exemple de l'Angleterre qui a traité di-
rectement pour ce qui concernait ses intérêts
immédiats, le comte Andrassy s'est mis di-
rectement en rapport avec les représentans
de la Serbie et du Monténégro. Il s'est ef-
forcé, dans des entretiens qu'il a mis avec
eux, de concilier les intérêts da l'Autriche
avec les vœux bien connus de cesdtux prin-
cipautés» Or, coaitne il arrive toujours quand
on est dans une voiejuste et raisonnable, il a
réussi à les satisfaire mieux qu'elles n'étaient
par le traité de San-Stefano. La Serbie notam-
ment est plus satisfaite des arrangemens
proposés par le comte Andrassy, et elle le
dit ouvertement.
« Vis-à-vis du Monténégro l'entente n'est
pas encore définitive. Cependant, ainsi que
je vous l'ai marqué, l'Autriche est dé-
cidée à lui céder Antivari à de certaines
conditions. Il reste à trouver une compensa-
tion pour ce qu'elle lui enlève au nord; mais
on y arrivera avec un peu de bonne volonté.
» Relativement à la Grèce, je dois le répé-
ter, son admission a été regardée comme
étant de plein droit quand on discu-
tera les questions relatives aux provin-
ces helléniques limitrophes du royaume.
Pour les autres points, elle sera facultative,
c'est-à-dire que le Congrès décidera chaque
fois s'il doit l'admettre ou non à donner son
avis. En tout cas, les sympathies en sa fâ-
veùr augmentent chaque jour, et l'on recon-
naît, comme l'a dit justement M. Waddington,
que les Bulgares ne sont pas les seuls chré-
tiens de la péninsule des Balkans. Sera-t-il
aussi aisé de jsatisfaire les Arméniens qui,
euxaussi, viennent demander leur autonomie?
ÎIM. Kheremial et Khoresse, évêques arméniens
schismatiques, et un civil papassian sont ar-
rivés à Berlin dans ce but. Le patriarche
Narstjs; arrive aussi. De plus en plus la ques-
tion d'Orient se pose sous toutes ses faces et
dans toute son étendue. Néanmoins, l'accord se
fera. Des bruits pessimistes ont tenté de se
faire jour, mais on n'a pas tardé à reconnaître
qu'ils étaient sans fondement.
» Ainsi que vous l'avez justement fait .ob-
server avant la réunion du Congrès, ce sont
les puissances neutres qui feront pencher la
balance et tiendront la décision dans leurs
mains. Or on voit déjà la majorité se dessi-
ner. L'attitude ferme de l'Angleterre, de
l'Allemagne, de la France et de l'Autriche-
Hongrie laisse clairement entrevoir le résultat
final. » » N.
Télégraphie privée. (
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Vienne, le 22 juin.
Des avis de Berlin, provenant de bonnesource,
annoncent que l'impression générale sur la
séance du Congrès; d'aujourd'hui est très satis-
fàisante.
.Les travaux du Congrès ont considérablement
avancé.
̃ Berlin, le 22 juin.
Les délégués turcs n'élèveront dans la séance
d'aujourd'hui aucune protestation contre la ré-
solution prévue du Congrès relative à l'admission
de la Grèce.
Berlin, le 22 juin, -12 h. 35 m. soir.
On assure que, pendant lés négociations de ces
derniers jours, la question de la Bulgarie avait pris
une nouvelle forme. Au lieu d'une Bulgarie nord
et d'une Bulgarie sud, ou Roamélie, il avait été
question d'une Bulgarie occidentale et d'une Bul-
garie orientale. Ce projet, dû a Midhat Pacha, était
motivé surtout par la nécessité de grouper d'une
façon plus 'ogique les populations. On assure
que les délégués turcs auraient rsç.u de Constan-
tinople des instructions pour appuyer ce projet,
parce qu'il aurait seul permis aux Turcs de con-
server leur influence sur la Bulgarie riveraine de
la mer Noire, principalement à Varna.
La discussion de la question bulgare conti-
nuera dans la séance d'ajjourd'hui. Il avait été
décidé qu'une décision serait prise aujourd'hui et
qu'on en finirait sur ce point; mais la chose est
généralement considérée comme fort improbable.
La décision sur l'admission en principe de la
Grèce au Congrès n'a pas encore été communi-
quée officiellement aux délégués helléniques.
Quelques points relatifs à cette admission sont
encore à préciser. Ils le seront probablement au-
jourd'hui.
Berlin, le 22 juin.
Les pourparlers qui ont eu liea hier entre les
plénipotentiaires autrichiens, anglais et russes ne
semblent pas avoir produit un résultat pour la
séance d'aujourd'hui. Les pourparlers seront con-
tinués aujourd'hui jusqu'à l'ouverture de la séance
du Congrès.
Jusqu'à présent, les plénipotentiaires sont con-
venus d'une manière générale que la frontière de
la Bulgarie du côté des Balkans sera fixée de
façon que les défilés de ces montagnes res-
tent à la Turquie. Il est exact que l'on attend de
Saint-Pétersbourg une décision de l'empereur
Alexandre.
La question relative à Antïvàri n'a pas encore
été discutée dans les entrevues préliminaires; on
croit, du reste, savoir que les plénipotentiaires ne
se sont occupés jusqu'à présent ciue de la Bul-
garie, où il y a encore tant de points à régler.
Les représentans des puissances n'aborderont
les questions concernant le Montenegro et la
Serbie que dans la dernière période du Congrès
et des pourparlers, à laquelle on attache une im-
portance toute particulière vu qu'il s'agira alors
d'aplanir les principales difficultés et de faire
disparaître les divergences d'opinions.
Vienne, le 22 juin.
La Correspondance ̃politique publie un télé-
gramme de Berlin, daté de ce jour, qui prétend
qu'on n'attache aucune importance au refus de
la Porte d'évacuer Choumia et Varna. Il est à
présumer que cette évacuation aura lieu dès que
les Russes auront évacué la Rôumélie.
La Roumanie, ayant acquis la conviction que
les espérances qu'elle avait fondées sur le Con-
grès sont vaines, tend, dit-on, à se rapprocher
davantage de l'Autriche. ]
Londres, le 22 juin. ]
Le Moniing Post publie la dépêche suivante de ]
Berlin, en date du 21
« L'Autriche a réclamé à la Sublime-Porte lé i
paiement de 7 millions de florins pour les secours J J
qu'elle a accordés aux réfugiés bosniaques. En <
cas de non-paiement, elle réclame Klek, Sutto- <
rina, Trébinje, Suoski et Livno. » t
Le T.mes a reçu aussi de Berlin la dépêche sui- t
vante
« Les délégués anglais, russes et autrichiens
sont tombés ce soir d'accord sur les points 1
suivans, qui seront soumis demain à la ratifica-
tipn du Congrès La ligne de demarcation.de la ]
Bulgarie est fixée aux Balkans les Turcs auront 1
le droit de fortifier les défilés des Balkans et de
mettre des garnisons dans les places fortifiées 1
Sofia sera comprise dans la Roumélie, et Varna 5
dans la Bulgarie Bourgas restera au pouvoir ]
des Turcs les agrandissemens territoriaux du
Monténégro et de la Serbie, du côté du nord, se- 1
ront restreints, mais ces deux pays recevront I
une compensation vers le sud. »
Londres, le 22 juin. (
Le Times publie la dépêche suivante de Berlin, T
le 22 juin:
« Les plénipotentiaires russes ont reçu la ré- (
ponse de Saint-Pétersbourg.
» Le gouvernement russe accepte les demandes k
de lord Beaçonsfield relativement aux fronfères c
méridionales de la Roumélie et à l'occupation de 1
la ligne des Balkans par des garnisons turques.. i
» Lord Beaçonsfield faisait dépendre la conti- l
nuation du Congrès de l'acceptation de ces coh- c
ditions..̃ j
» On pense que le résultat de la séance du J
Congrès d'aujourd'hui sera satisfaisant. » C
Cous tan tmople, le 21 juin, soir- 1
M. Bratiano aura demain .une audience du&ul- .t
tan; il partira le même jour pour Bucharest.
M. Ëratiâno est satisfait de l'accueil qu'il a
reçu de la Sublime-Porte.
La question des prisonniers de guerre est ar-
rangée.
Le ministre de la guerre a adressé, le 20 juin
au soir, la lettre suivante au général gouver-
neur de Paris
« Monsieur le gouverneur,
» Le maréchal-Président de la république
a été très satisfait de la belle tenue des trou-
pes qu'il a passées en revue aujourd'hui, de
leur attitude sous les armes, et de la manière
dont elles ont défilé.
•j Je huis heureux d'avoir à vous transmet-
tre le témoignage de sa satisfaction.
» Recevez, monsieur le gouverneur, l'assu-
rance de ma haute considération.
» Le ministre de la guerre,
» Général Borel. »
II est beaucoup question depuis quel-
que temps du socialisme en Allemagne.
Les deux attentats dont à été l'objet l'em-
pereur Guillaume, les mesures réclamées
par M. de Bismarck et repoussées par le
Parlement, la dissolution de ce grand
eorps .et les prochaines élections ont
donné un véritable intérêt à tous les
renseignemens sur l'état social de nos
voisins.
Nous avons précisément reçu il y a
quelques semaines la collection d'un
journal spécial allemand dont il a été parlé
à propos des derniers événemens c'est
la Social Correspondent, organe de l'Union
centrale (Central Verein) pour le bien des
classes laborieuses, et éditée à Dresde par
M. le docteur Victor Bôhmert et par
M. Arthur de Studnitz. Ce n'est pas là
une feuille socialiste tout au contraire,
c'est une feuille philanthropique et éco-
nomique qui s'est donné la mission de
combattre le socialisme en Allemagne.
M. Bôhmert est un homme fort connu
pour ses travaux sur les' questions ouvriè-
res il est directeur du Bureau de statis-
tique de Dresde et professeur d'économie
politique à l'Ecole polytechnique de la
même ville. Il est en outre, de l'autre
côté des Vosges, le grand propagateur de
la doctrine de la participation des ou-
vriers aux bénéfices industriels; c'est là
même le remède qu'il oppose, avec une trop
grande confiance croyons-nous, au socia-
lisme. La Social Correspondent qu'il dirige
est un journal de polémique et de vulgari-
sation en même temps. On a prétendu que
Nobiling, l'assassin de l'empereur d'Alle-
magne, y avait collaboré s'il en était
ainsi, cela prouverait que Nobiling n'est
pas, à proprement parler, un socialiste
mais M. Victor Bôhmert a défendu sa Re-
vue contre le préjudice qu'aurait pu lui
infliger le bruit qu'elle aurait compté No-
biling parmi ses collaborateurs, e,t il a éta-.
bli que la Social Correspondent n'avait eu
avec Nobiling que de rares et fugitives re-
lations.
Rien n'est plus pacifique en effet et
plus conciliant que la Social Correspon-
dent de Dresde. L'objet qu'elle poursuit'
c'est l'union des classes, et le seul en-
nemi qu'elle combatte c'est précisément
le socialisme. Nous avons lu avec intérêt
les livraisons de l'année 1877, et nous
avons pu y recueillir des faits intéressans;
sur la situation du socialisme allemand.
Le mal social chez nos voisins est cer-
tainement fort grand; le socialisme y
compte des adhérens nombreux et bien
organisés. Dieu nous garde de rendre res-
ponsable toute une catégorie d'individus
des crimes commis par deux hommes
isolés! Il est fort probable, à nos yeux,
que les deux attentats dont l'empereur
d'Allemagne a été l'objet proviennent
d'une inspiration solitaire, d'une imagi-
nation à la fois surexcitée et concentrée
en elle-même. Si nous parlons ici du so-
cialisme, ce n'est pas que nous voulions
le rendre, sans preuve aucune et sur de
simples soupçons, responsable de ces for-;
faits c'est seulement parce que ce sujet a
subitement acquis de l'actualité.
Un écrivain allemand, M. Franz Mehring,
a publié à Brême, en 1877, un livre inti-
tulé Die deutsche Social-Démocratie, la
Démocratie sociale en Allemagne. Dans ce
[ivre il fait l'exposé de la naissance et du
progrès du socialisme dans son pays, de-
puis Ferdinand Lasalle qui en a été en
juelque sorte le prophète ou l'apôtre,
usqu'à Schweitzer, Liebknecht et Bebel
jui en sont les coryphées actuels, et
m s'arrêtant à Karl Marx qui a été le
.héoricien et le philosophe de la doctrine
îouvelle. La Social Correspondent donne (
me analyse et des extraits du livre de
tf. Franz Méhring il en résulte que la ï
n-opagande socialiste repose actuellement (
;n Allemagne sur cent cinquante agita- I
.eurs ou conférenciers de profession, qui l
sont pour la plupart rétribués, et dont
es uns sortent de la classe des ouvriers <
nanuels, tandis que les autres appartien-
îent à la catégorie des hommes lettrés. 1
Outre ces 150 agitateurs ou conféren-
5iers, le socialisme allemand a une presse 3
îombreuse à son service son organe
îentral a 12,000 abonnés; les socialistes
jossèdent en outre 41 journaux politi-
lues, dont 13 paraissent six fois par se-
naine, 13 trois fois par semaine, les au- ]
res étant hebdomadaires ou bi-hebdoma-
laires. A ces journaux politiques s'a-
outent 14 journaux spéciaux (Geioerks-
'.haftsorgane) qui sont plus ou moins
nspirés de l'esprit dû socialisme, et enfin
me revue de littérature Die Neue Weït,
le Nouveau Monde, qui est rédigée dans
le même esprit. La Neue Weït ne compte
pas moins, assure-t-on, de 35,000 abon-
nés, et elle eît gagne chaque année un
chiffre notable. On calcule que le tirage de
l'ensemble de ces publications dépasse'
100,000 exemplaires; le parti socialiste
publie aussi un almanach qui s'est vendu
en 1876 â 50,000 exemplaires. '̃
Tous ces moyens d'action sont fort res-r
pectables, quoique le chiffre de 100,000
exemplaires ne soit pas encore énorme,
pour un pays de 45 millions d'habitans où
tout le monde sait lire nous avons chez
nous de petits journaux quotidiens qui se
vantent de tirer à 5 ou 600,000 exemplaires,
On peut remarquer en outre que tout lec-
teur d'un journal n'a pas nécessairement
toutes les opinions de ce journal; qu'ep
tout cas il peut les adopter avec plus ou
moins d'ardeur et plus ou moins de ré-<
serves quant à l'application immédiate..
Il est assez difficile de dire si le socia-
lisme, depuis deux ou trois ans, a fait en
Allemagne de très grands progrès. Si l' s'en tient uniquement au nombre et à, >
l'importance des journaux socialistes, on
est tenté de répondre affirmativement.
Ainsi, d'après M. Mehring, le nombre des
journaux socialistes a augmenté de 18 en
1876, et, d'après la Social Correspondent,
il se serait encore accru d'une trentaine en
1877. C'est là, certes, un mauvais symp-
tôme mais ce n'est pas une preuve dé-
cisive. Quant aux derniers succès des so-
cialistes dans les élections parlementai-
res, ils n'auraient pas non plus, d'après
certains passages de la Social Correspon-
dent toute l'importance qu'on leur
attribue. Les socialistes auraient de-
puis trois ans perdu des voix dans beau-
coup de districts. Ainsi dans le Schleswig-
Holstein, en 1874, leurs candidats
avaient obtenu 44,847 voix contre 57,965
qui avaient été données aux partis fidèles,
à l'empire, pour nous servir de l'expres-
sion de la Social Correspondent, Reichs-
treuenParteien; en 1877, dans la même ré-
gion, les socialistes n'obtinrent plus que
40,656 voix contre 88,490 dans cette
partie de l'empire, le socialisme a donc
perdu un peu de terrain. A Berlin, il est
vrai, et dans quelques autresgrandes villes,
ce parti subversif a beaucoup gagné; aux.
élections du 14 juin 1877, dans le sixième
district de cette' ville, l'un des coryphées
du socialisme allemand, M. Hasenclever,
a été élu par 12,752 voix, tandis qu'il n'a-
vait réuni que 9,569 voix dans l'élection
qui s'était faite cinq mois auparavant
dans le même district. Dans la 5° cir-
conscription de Berlin, le 18 juin 1877, le
candidat socialiste, qui ne fut d'ailleurs
pas élu, avait obtenu 1,200 voix de plus
que dans une élection qui se fit dans le
même district six mois auparavant.
Si les candidats, socialistes: réussissent
à Berlin et dans quelques autres grandes
villes, cela paraît tenir en partie à la très
grande indifférence de la classe bouiy.
geoise, qui ne va pas voter il semble
qu'il n'y ait à Berlin que la moitié des
électeurs inscrits qui votent, tandis qu'en
.France la proportion varie destrois quarts
aux quatre cinquièmes. Berlin en outré,
ville dont la croissance est très récente,
et qui en dix ans a vu sa population
augmenter de moitié (702,437 âmes en
1867, plus de 1 million aujourd'hui), est,
il faut bien le dire, un. repaire de vaga^
bonds: une partie de la population y est
dans la plus grande misère; les logemens
manquent. La Social Correspondent con-
sacre à cette question des logemens ber-
linois toute une série d'articles.
Quoi qu'il en soit, le socialisme est de-
venu en Allemagne ce qu'il n'est plus
nulle part ailleurs un parti organisé et
nombreux, qui ouvertement veut la sup-r
pression de la propriété et la confiscation
du capital par l'Etat. En France, le so-
cialisme n'existe plus, du moins à l'é-
tat de parti compacte et militant; il
ne fait plus chez nous parler de lui.
Parmi les principaux chefs même de la
Commune, un seul, Vermorel, était un
théoricien socialiste encore son derr-
nier livre (1) que nous avons sous les
yeux est-il beaucoup moins radical et
violent que ceux des' socialistes alle-
mands. En Angleterre, il y a des grèves
aombreuses où se commettent de très
grands excès; mais les Trades-Unions ont
complètement abandonné, au moins pour r
e moment, le programme du chartisme.
L.es Etats-Unis seuls, depuis trois ou
[uatre ans, veulent imiter l'Allemagne; il
i'y constitue un parti socialiste qui de-
dent inquiétant, et qui précisément re-
irute ses adhérens et ses chefs parmi les
Lméricains d'origine allemande et parmi
es émigrans allemands.
La Social Correspondent fait remarquer
:vee raison que la nation allemande pa-
̃aît plus .que les autres susceptible de se
aisser gagner au socialisme. En Suisse,
somme aux Etats-Unis, ce sont des Al!e-
nands qui entretiennent le mouvement
mtisocial en France, parmi les membres
lecondaires de la Commune, on a aussi
;ompté plusieurs Allemands. La nature
nême de l'intelligence allemande explique
;n partie ce phénomène; nos voisins ont
'esprit généralisateur, l'imagination très
portée au rêve et au système l'instruction
primaire, qui estchez eux trèsrép" andue.ne
iéfend qu'insuffisamment les esprits fai-
(1) le Parti socialiste, par A. Vermorel, publié
a la fin de l'Empire, librairie internationaleT
WW- ''V'
ois s'abomsîs
lue défi Prëtres-SMnt-Gennain-i'ÀuïëFroIs, 17.
PRIX »B I/ABONNEMBTCT
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DI1AME23 JUIN
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Mandats-poste, soit internationaux, soit français,
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e}t«2doît!5nHoaipurs|treagrééeep.M la rédaoîlaa»
'̃̃̃̃>-̃
Les souscripteurs dont l'abonnement
expire le 30 juin sont priés de le
renouveler s'ils ne veulent pas éprouver
de retard dans l'envoi du Journal.
PAftïS
SAMEDI 22 JUIN
«< Lès habiletés russes ont un singulier
» caractère disions-nous il y a deux
» jours après avoir produit l'effet calculé
» contre l'adversaire, elles se retournent
» subitement cantre celui qui s'en est
» servi. On a cru faire un coup de maître
» en amenant les ministres anglais à si-
»" gner en secret le Mémorandum du
».3O mai; un coup plus habile encore en
«divulguant ce document. La publication
» du Gloiïe a créé, en effet, des embarras à
»Jord Beaçonsfield, à Londres et à Berlin.
»" Son prestige a été diminué. Mais il est à
» craindre que les Anglais, piqués au jeu,
» ne prennent leur revanche et ne nion-
» trent au Congrès plus de roideur que ja-
» inais. Peut-être aussi, compromis en-
» vers l'Autriche, ils s'empresseront d'au-.
»,tant plus de se rapprocher d'elle. »
INous avions été bons prophètes. Tous
les r enâëigne'mens qui nous arrivent de
Berlin prouvent que loin de séparer
irrémédiablement l' Angleterre de l'Au-
triche, résultat que les Russes avaient
certainement attendu et escompté, les
indiscrétions du Globe ont obligé les
plénipotentiaires anglais à faire immé-
diatement cause commune avec leurs con-
frères autrichiens. C'était à vrai dire,
le seul moyen qui s'Offrît à eux de dissiper
les niéfiances provoquées par la publi-
cation des Mémorandums. S'ils avaient
voulu s'enfermer dans une réserve diplo-
matique etiprendre une attitude expëc-
tanle, l'Autriche se serait crue à l'instant
trahie. Ils n'ont pu la rassurer qu'en allant
au-devant d'elle et qu'en s'efforçant de
conjurer, par la chaleur avec laquelle ils
soutenaient, ses intérêts, les soupçons
d'égôïsine que lès, documens du Globe fai-,
saient ai sérieusement peser sur eux.
Nous avons suivi, dans les dépêchés et
dâiïs lés correspondances de Beriin, les
progrès dé ce rapprochement imprévu de
rÂngleterce et de l'Autriche. Chose cu-
rieusevl au moment même où les Mémo-
randums du Globe soulevaient dans la
presse de Vienne une, violente tempête
qui ejstsbien loin d'être encore apaiséevon
en paraissait beaucoup moins ému dans
les cercles officiels et surtout à la mis-
sion aùstro-hongroisé -au Congrès. Après
deux ou trois; jours .d'embarras et de si-
lence, une dépêche de Berlin, adressée à
l'agence Havas, nous apportait la pre-
mière expression de cet optimisme per-
sistânt de là diplomatie autrichienne
a On considère, disait cette dépêche, que là-
diplomatie russe avalten vue, par la publica-
tion dans le Globe du Mémorandum dont l'au-
thenticité nlest pas contestée, ,de .séparer
l'Angle teire. de l'Autriche dans le Congrès.
Malgré .l'émotion qu'a causée -tout d'abord
cette publication, on affirme aujourd'hui. dans
les cercles autrichiens que l'entente de l'An-
gleterre et de l'Autriche, est 'complète, et que
ces deux' puissances marcheront' constam-
ment d'accord dans la suite du Congrès. Lors-
-qurôn objecte que les engagemens de l'An-
gleterre ôteront.à son appui la force morale,
on soutient" dans les mêmes cercl.es que les
Anglaisnè peuvent pas se considérer et ne se
considèrent pas comme irrévocablement liés
par; ces documens: •>
Les Anglais, de leur côté, n'épargnaient
rien pour justifier cette appréciation des
cercles autrichiens sur la nature et la por-
tée des documens du Globe. «Ces documens
» n'ont pas, disait la même dépêche, le
» caractère irrévocable et obligatoire des
» conventions et des traités. La -forme
» même dans laquelle ils ont été rédigés
» indique qu'ils n'ont pas cette impor-
» tance. » S'il faut en croire, .en effet, des
explications dont l'origine est probable-
ment officieuse les docume'ns du Globe
ne seraient pas" des Mémorandums dans
le vrai gens du mot ce seraient plutôt de»
proaiMnwria, c'est-à-dire des pièces di-
plomatiques rédigées par le comte Schou-
valoff et parle marquis de Salisbury, afin
de Résumer .et .de coordonner les conver-
sations dans lesquelles ils ont préparé
la réunion du Congrès. Le Mornirbg Post
et le SMMard nous apprennent même
que le marquis de Salisbury n'a pas si-
gné en ioutes lettres les deux documens,
mais qutiï a seulement apposé ses initia-
les :-au bas 4e chacun d'eux. Que faut-il
conclure de ces efforts de la, presse an-
glaise favorable au ministère, pour ré-
duire les Mémorandums aux proportions
de. simples notes prises sur leurs carnets
respectifs par deux négociateurs? Une
seule chose, c'est que l'Angleterre, juste-
ment inquiète de l'impression produite par
les f révélations du Globe, cherche à mon-
trer que son évolution a été plus appa-
rente que réelle, et que la diplomatie ~e
autrichienne, a eu raison de ne pas s'en
énfoùvoïr* outre mesure.
Le jour même où l'agence Havas Tece-
vait de Berlin la dépêche que nous avons
citfe, l&Cwrèspbndwcepoïitipië devienne
en recevait de son côté une plus explicite
encore. '« Une entente entre l'Autriche et
y 1:' Angleterre n'est pas douteuse, disait
> cette dépêche, et il faut considérer
» comme certain que ceite entente durera
» pendant tout le cours des négociations.
» La puWIcatioh du Globe .est absolument
!» sans effet sur le caractère dès relations
» atistro- anglaises. » On voit jusqu'à
quel point la diplomatie autrichienne
était rassurée, ou du moins affectait de
l'être. Cette tactique lui a très bien
réussi, et le correspondant du Temps a
raconté l'effet singulier et inattendu pro-
duit par la publication des Mémoran-
dums.
« II parait certain, dit-il, que, loin d'irriter
l'Autriche et de diminuer les chances
d'une entente de cette puissance avec la
Grande-Bretagne, la publication du Globe, en
forçant les deux diplomates compromis àdire
franchement la vérité sur le.urs pourparlers an-
térieurs, a servi le comte Andrassy et lui a
fourni les moyens d'entamer une discussion
profitable. Tel est aussi, du reste, l'avis delà
Gazette de la Croix. « Un accord, dit ce jour-
nal, a pu enfin se faire entre l'Angleterre
et l'Autriche Hongrie, aussitôt que la
dernière a pu se rendre exactement
compte de ce que voulait la première et
il-pafàlt probable que cet accord deviendra
de plus en plus intime, de sorte que la Rus-
sie aura bien de la peine à obtenir ce qu'elle
désirait. » En d'autres termes, la Gazette de
la Croix et avec elle un grand nombre de
personnes vivant dans l'atmosphère du Con-
grès estiment que si, comme on l'a prétendu,
c'est la diplomatie russe qui a donné au
Globe les documens en question, avec l'espoir
de mettre l'Autriche en défiance de l'Angle-
terre, cette manoeuvre a produit le résultat
contraire.
» II paraît aujourd'hui démontré qu'à la
suite des discussions à trois dont les docu-
mens publiés par le Globe ont dû fournir la
matière, la Grande-Bretagne et l'Autriche-
Hongrie ont découvert la possibilité de mar-
cher d'accord, et que la Russie se trouve for-
cée de s'entendre avec ces deux puissances.»
Nos propres renseignemens confirment
ceux de notre confrère. Un de nos corres-
pondans nous télégraphiait hier que « les
» révélations du Globe avaient produit tin
» tout autre effet que celui dont s'étaient
» flattés les Russes qu'elles avaient
» amené un rapprochement plus étroit
» entre l'Angleterre et l'Autriche, et que
» les Russes commençaient à être très af-
» fectés de la tournure que prenaient les
» choses. » Il paraît, en effet, incontesta-
ble que les Mémorandums n'ont pas em-
pêché les plénipotentiaires anglais et les
plénipotentiaires autrichiens d'agir en
commun dans les négociations qui ont lieu
pendant l'intervalle des séances du Con-
grès. La question de la Bulgarie, qui avait
été posée à la séance de mercredi, est
agitée depuis dans les discussions prépa-
ratoires auxquelles prennent part l'An-
gleterre, l'Autriche et. la Russie. Or, le
correspondant du Times nous apprend que
les représentans anglais et autrichiens
ont été d'accord pour réclamer l'évacua-
tion de la Bulgarie par les troupes rus-
ses, aussitôt après la conclusion de la
paix, et pour donner à la Porte le droit
de fortifier les défilés des Balkans et
d'y entretenir des troupes. Ils ont même
fait de ces deux clauses « des con-
̃ » ditions sine quâ non de la réussite du
» Congrès. » Ainsi, en dépit des Mémo-
randums, ,1a Russie se trouve en face
de deux puissances parfaitement unies
pour eombattf e ses prétentions exor-
bitantes. Les plénipotentiaires russes,
surpris par cette conduite, ont dû
suivant une dépêche, demander de nou-
velles instructions à Saint-Pétersbourg.
Le czar a-t-il consenti aux deman-
des de l'Angleterre et de l'Autriche
réunies? Nous l'ignorons mais c'est déjà
un grand point .que ces demandes lui
aient été adressées en commun. L'Autri-
che ne se contente pas, d'ailleurs, d'exiger
l'évacuation générale de la Bulgarie, elle
voudrait que les garnisons de Silistrie et
de Roustohouk s'éloignassent immédiate-
ment et que les deux places fussent ra-
sées. Tant que deux forteresses aussi im-
portantes resteront entre les mains des
Russes, la liberté du Danube ne sera en
effet qu'un vain mot.
On voit que dans, cette affaire des Mé-
morandums, comme dans celle du traité
de San-Stefano, la Russie a été la dupe de
sa propre habileté. Elle voulait éloigner
l'Angleterre de l'Autriche, elle n'a réussi
qu'à les rapprocher davantage. Nous au-
rons encore à revenir sur cette intéres-
sante question, car les bruits les plus
singuliers commencent à circuler en Eu-
rope, et il se forme peuà peu autour des
documens du Globe une" sorte de roman
plu s ou moins vraisemblable, plus oumoins
vfai, qui mérite d'être raconté. Nous nous
bornerons, pour conclure aujourd'hui, à
citer un curieux épisode qui se rattache au
même sujet et qui a été rapporté par le
correspondant du Times à Berlin. « Une
» scène dramatique a eu lieu ces jours-ci
» à l'hôtel Kaiserhof. Un correspondant
» d'un journal français a été éveillé dans
» la nuit par un messager russe qui ve-
» nait lui demander de télégraphier im-
» médiatement à son journal que les dor-
» cumens publiés par le Globe n'avaient
» été communiqués ni directement ni
» indirectement par le comte Schou-
» valoff. Le correspondant français v
» a demandé de qui le messager avait
» reçu ses instructions « Du comte
» Schouvaloff lui-même », a répondu
» celui-ci. « Alors, répliqua le jour-
» naliste, je peux me reméttre au lit
,» sans fatiguer le fil télégraphique. »
« Je crois, ajoute le correspondant du
» Times, que chacun aurait fait la même
» réponse. Il est possible que la Russie
« ne désire, pas prendre sur elle la res-
» poDsabililé d'avoir divulgué les docu-
» mens, aujourd'hui surtout que ,1e coup
» a raté mais comme ce coup avait été
» dirigé contre le cabinet anglais, tout le
» monde admettra plus facilement que la
» communication des dociimens est due
» à un Russe qu'à un Anglais, et tant
» qu'on n'aura pas d'éclairdissemensplus
» satisfaisans, on se remettra au lit sans
» télégraphier. »
Le Français joue-t-il l'ignorance ou
est-ce sincèrement qu'il persiste dans ses
erreurs ? Nous lui avions reproché d'avoir
dit que le traité de San-Stefano divisait
en deux la Bulgarie, et que la circulaire
du marquis de Salisbury critiquait cette
stipulation. Soit nous répond-il. Ce n'est
pas de la Bulgarie que nous voulions par-
ler, c'est de laRoumélie. Si notre confrère
ne se moque pas de nous ou de ses
lecteurs, nous ne pouvons que lui re-
commander de nouveau la lecture atten-
tive du traité de San-Stefano et de la cir-
culaire du marquis de Salisbury, et s'il
y trouve un projet de division de la Rou-
mélie, nous consentons bien volontiers à
passer désormais pour de simples -.<̃ litté-
rateurs politiques » dont « l'étourderiô,
la légèreté et l'inexpérience » méritent
tous les dédains des profonds politiques,
des savans grammairiens et des irrépro-
chables géographes du Français.
BOURSE DE PARIS
CIdtnre le 21 le 22 Hausse. Baisse.
5 O/O
Comptant. 75 53 76. 45 «/
Fin cour. 75 75 76 10 ,35
4 I/S O/O
Comptant 105 j. 104 75 ,h 25 J.
6 O/O
Comptant 112 55 .f. 112 90 35 è/
Fin cour. 112 75. 113 10 35
PKTITK BOURSB HV SOIR.
Emprunt 5 0/0. H3&.15, 25, 11 1/4.
3 0/0. 76fr. 17 1/2, 20, 10.
5 0/0 turc. 15 fr. 80, 85, 50.
Banque ottomane.. 448 fr. 75, 447 fr. 50.
Hongrois 6 0/0 80 1/2, 5/8, 3/8.
Egyptiennes 6 0/0.. 276 fr., 278 fr., 271 fr. 25.
Chemins égyptiens. 361 fr.
Florins (or), 64 1/2, 3/8. ̃
Un de nos correspondans particulière nous
adresse la dépêche suivante:
« Berlin, le 22 juin, 7 h. soir.
<> Après une nouvelle interruption de deux
jours, le Congrès vient enfin de tenir sa qua-
trième, séance. Est-ce à dire qu'on soit d'ac-
cord relativement aux questions qui ont mo-
tivé cet ajournement ? Jusqu'ici rien ne le
prouve, et les difficultés soulevées sont de
nature trop grave pour que l'entente puisse
être déjà faite.
» Moins imprudent que le général Igna-
tieff, plus circonspect, plus souple, plus di-
plomate, le prince Gortchakoff poursuit au
fond le même but qui a été depuis un
siècle celui de la politique russe, à savoir
l'anéantissement complet de la Turquie et
la prise de possession du Bosphore par les
Russes or, un pas immense serait fait
dans cette voie par la création de la Bulgarie,
si l'Europe approuvait sans réserve les con-
ventions conclues' avec lord Salisbury par le
lieutenant du chancelier, lecomte Schouvaloff.
Le ministre anglais s'est réservé, il est vrai,
le droit de discuter certains points devant le
Congrès et il a sagement fait, car c'est un
des points réservés par lui article- 1! du
Memorandum qui tient en ce moment tous
les diplomates en haleine.
» Depuis deux jours, de longs pourparlers
ont lieu entre la Russie, l'Angleterre et
l'Autriche-Hongrie. (le matin encore, avant
la séance du Congrès, le comte Andrassy, le
comte Schouvaloff et lord Salisbury étaient
réunis à l'hôtel de l'ambassade anglaise et y
sont restés en discussion jusqu'à une heure et
demie. Ont-ilsréussi à teniren échec l'ambition
russe et fait obtenir à la Turquie le
droit de tenir garnison dans la Bulga-
rie méridionale ? C'est de cela qu'il s'agit.
En effet, la Russie, voulant à tout prix affai-
blir l'empire ottoman, déclare qu'elle attache
une importance toute particulière à ce que
l'armée du Sultan se retire immédiate-
ment non seulement delà Bulgarie du Nord,
mais même de la province qui doit être créée
au sud des Balkans sous le titre de Bulgarie
du Sud. et qui demeurera sous la dépendance
de la Turquie, bien que mise en posses-
sion d'une véritable autonomie administrative.
Le comte Andrassy soutient, au contraire,
que le maintien des troupes ottomanes dans
cette province est pour la Turquie une ques-
tion vitale. A quoi bon maintenir le pou-
voir nominal du Sultan à Constantinople?
A quoi bon proclamer le maintien de la Tur-
quie sans lui laisser 1a possibilité de vivre ? '?
Et, même en se restreignant au point de vue
spécial de la province bulgare, quelle sera la
garantie de la dépendance dans laquelle
cette province doit rester vis-à-vis de la Tur-
quie si le droit de garnison n'est pas main-
tenu aux troupes ottomanes ? '?
» La question, vous le voyez, est d'une
importance capitale et justifie amplement lés
lenteurs dont nous sommes témoins. La ques-
tion de la délimitation est résolue en principe.
On s'en est occupé dans la séance d'aujour-
d'hui. Jusqu'à présent le comte Andrassy, on
peut lui rendre cette justice, a plus fait pour
la Turquie que pour l'Autriche elle-même,
bien qu'au fond les deux intérêts se con-
fondent dans une certaine mesure.
» Je vous ai télégraphié avant-hier qu'il
s'était entendu avec la Russie relativement à
la Serbie et au Monténégro. La nouvelle est
exacte au fond; mais elle doit être rectifiée
en ce sens que ce n'est pa=s avec la Russie
que l'entente a eu lieu. Suivant à sa façon
l'exemple de l'Angleterre qui a traité di-
rectement pour ce qui concernait ses intérêts
immédiats, le comte Andrassy s'est mis di-
rectement en rapport avec les représentans
de la Serbie et du Monténégro. Il s'est ef-
forcé, dans des entretiens qu'il a mis avec
eux, de concilier les intérêts da l'Autriche
avec les vœux bien connus de cesdtux prin-
cipautés» Or, coaitne il arrive toujours quand
on est dans une voiejuste et raisonnable, il a
réussi à les satisfaire mieux qu'elles n'étaient
par le traité de San-Stefano. La Serbie notam-
ment est plus satisfaite des arrangemens
proposés par le comte Andrassy, et elle le
dit ouvertement.
« Vis-à-vis du Monténégro l'entente n'est
pas encore définitive. Cependant, ainsi que
je vous l'ai marqué, l'Autriche est dé-
cidée à lui céder Antivari à de certaines
conditions. Il reste à trouver une compensa-
tion pour ce qu'elle lui enlève au nord; mais
on y arrivera avec un peu de bonne volonté.
» Relativement à la Grèce, je dois le répé-
ter, son admission a été regardée comme
étant de plein droit quand on discu-
tera les questions relatives aux provin-
ces helléniques limitrophes du royaume.
Pour les autres points, elle sera facultative,
c'est-à-dire que le Congrès décidera chaque
fois s'il doit l'admettre ou non à donner son
avis. En tout cas, les sympathies en sa fâ-
veùr augmentent chaque jour, et l'on recon-
naît, comme l'a dit justement M. Waddington,
que les Bulgares ne sont pas les seuls chré-
tiens de la péninsule des Balkans. Sera-t-il
aussi aisé de jsatisfaire les Arméniens qui,
euxaussi, viennent demander leur autonomie?
ÎIM. Kheremial et Khoresse, évêques arméniens
schismatiques, et un civil papassian sont ar-
rivés à Berlin dans ce but. Le patriarche
Narstjs; arrive aussi. De plus en plus la ques-
tion d'Orient se pose sous toutes ses faces et
dans toute son étendue. Néanmoins, l'accord se
fera. Des bruits pessimistes ont tenté de se
faire jour, mais on n'a pas tardé à reconnaître
qu'ils étaient sans fondement.
» Ainsi que vous l'avez justement fait .ob-
server avant la réunion du Congrès, ce sont
les puissances neutres qui feront pencher la
balance et tiendront la décision dans leurs
mains. Or on voit déjà la majorité se dessi-
ner. L'attitude ferme de l'Angleterre, de
l'Allemagne, de la France et de l'Autriche-
Hongrie laisse clairement entrevoir le résultat
final. » » N.
Télégraphie privée. (
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Vienne, le 22 juin.
Des avis de Berlin, provenant de bonnesource,
annoncent que l'impression générale sur la
séance du Congrès; d'aujourd'hui est très satis-
fàisante.
.Les travaux du Congrès ont considérablement
avancé.
̃ Berlin, le 22 juin.
Les délégués turcs n'élèveront dans la séance
d'aujourd'hui aucune protestation contre la ré-
solution prévue du Congrès relative à l'admission
de la Grèce.
Berlin, le 22 juin, -12 h. 35 m. soir.
On assure que, pendant lés négociations de ces
derniers jours, la question de la Bulgarie avait pris
une nouvelle forme. Au lieu d'une Bulgarie nord
et d'une Bulgarie sud, ou Roamélie, il avait été
question d'une Bulgarie occidentale et d'une Bul-
garie orientale. Ce projet, dû a Midhat Pacha, était
motivé surtout par la nécessité de grouper d'une
façon plus 'ogique les populations. On assure
que les délégués turcs auraient rsç.u de Constan-
tinople des instructions pour appuyer ce projet,
parce qu'il aurait seul permis aux Turcs de con-
server leur influence sur la Bulgarie riveraine de
la mer Noire, principalement à Varna.
La discussion de la question bulgare conti-
nuera dans la séance d'ajjourd'hui. Il avait été
décidé qu'une décision serait prise aujourd'hui et
qu'on en finirait sur ce point; mais la chose est
généralement considérée comme fort improbable.
La décision sur l'admission en principe de la
Grèce au Congrès n'a pas encore été communi-
quée officiellement aux délégués helléniques.
Quelques points relatifs à cette admission sont
encore à préciser. Ils le seront probablement au-
jourd'hui.
Berlin, le 22 juin.
Les pourparlers qui ont eu liea hier entre les
plénipotentiaires autrichiens, anglais et russes ne
semblent pas avoir produit un résultat pour la
séance d'aujourd'hui. Les pourparlers seront con-
tinués aujourd'hui jusqu'à l'ouverture de la séance
du Congrès.
Jusqu'à présent, les plénipotentiaires sont con-
venus d'une manière générale que la frontière de
la Bulgarie du côté des Balkans sera fixée de
façon que les défilés de ces montagnes res-
tent à la Turquie. Il est exact que l'on attend de
Saint-Pétersbourg une décision de l'empereur
Alexandre.
La question relative à Antïvàri n'a pas encore
été discutée dans les entrevues préliminaires; on
croit, du reste, savoir que les plénipotentiaires ne
se sont occupés jusqu'à présent ciue de la Bul-
garie, où il y a encore tant de points à régler.
Les représentans des puissances n'aborderont
les questions concernant le Montenegro et la
Serbie que dans la dernière période du Congrès
et des pourparlers, à laquelle on attache une im-
portance toute particulière vu qu'il s'agira alors
d'aplanir les principales difficultés et de faire
disparaître les divergences d'opinions.
Vienne, le 22 juin.
La Correspondance ̃politique publie un télé-
gramme de Berlin, daté de ce jour, qui prétend
qu'on n'attache aucune importance au refus de
la Porte d'évacuer Choumia et Varna. Il est à
présumer que cette évacuation aura lieu dès que
les Russes auront évacué la Rôumélie.
La Roumanie, ayant acquis la conviction que
les espérances qu'elle avait fondées sur le Con-
grès sont vaines, tend, dit-on, à se rapprocher
davantage de l'Autriche. ]
Londres, le 22 juin. ]
Le Moniing Post publie la dépêche suivante de ]
Berlin, en date du 21
« L'Autriche a réclamé à la Sublime-Porte lé i
paiement de 7 millions de florins pour les secours J J
qu'elle a accordés aux réfugiés bosniaques. En <
cas de non-paiement, elle réclame Klek, Sutto- <
rina, Trébinje, Suoski et Livno. » t
Le T.mes a reçu aussi de Berlin la dépêche sui- t
vante
« Les délégués anglais, russes et autrichiens
sont tombés ce soir d'accord sur les points 1
suivans, qui seront soumis demain à la ratifica-
tipn du Congrès La ligne de demarcation.de la ]
Bulgarie est fixée aux Balkans les Turcs auront 1
le droit de fortifier les défilés des Balkans et de
mettre des garnisons dans les places fortifiées 1
Sofia sera comprise dans la Roumélie, et Varna 5
dans la Bulgarie Bourgas restera au pouvoir ]
des Turcs les agrandissemens territoriaux du
Monténégro et de la Serbie, du côté du nord, se- 1
ront restreints, mais ces deux pays recevront I
une compensation vers le sud. »
Londres, le 22 juin. (
Le Times publie la dépêche suivante de Berlin, T
le 22 juin:
« Les plénipotentiaires russes ont reçu la ré- (
ponse de Saint-Pétersbourg.
» Le gouvernement russe accepte les demandes k
de lord Beaçonsfield relativement aux fronfères c
méridionales de la Roumélie et à l'occupation de 1
la ligne des Balkans par des garnisons turques.. i
» Lord Beaçonsfield faisait dépendre la conti- l
nuation du Congrès de l'acceptation de ces coh- c
ditions..̃ j
» On pense que le résultat de la séance du J
Congrès d'aujourd'hui sera satisfaisant. » C
Cous tan tmople, le 21 juin, soir- 1
M. Bratiano aura demain .une audience du&ul- .t
tan; il partira le même jour pour Bucharest.
M. Ëratiâno est satisfait de l'accueil qu'il a
reçu de la Sublime-Porte.
La question des prisonniers de guerre est ar-
rangée.
Le ministre de la guerre a adressé, le 20 juin
au soir, la lettre suivante au général gouver-
neur de Paris
« Monsieur le gouverneur,
» Le maréchal-Président de la république
a été très satisfait de la belle tenue des trou-
pes qu'il a passées en revue aujourd'hui, de
leur attitude sous les armes, et de la manière
dont elles ont défilé.
•j Je huis heureux d'avoir à vous transmet-
tre le témoignage de sa satisfaction.
» Recevez, monsieur le gouverneur, l'assu-
rance de ma haute considération.
» Le ministre de la guerre,
» Général Borel. »
II est beaucoup question depuis quel-
que temps du socialisme en Allemagne.
Les deux attentats dont à été l'objet l'em-
pereur Guillaume, les mesures réclamées
par M. de Bismarck et repoussées par le
Parlement, la dissolution de ce grand
eorps .et les prochaines élections ont
donné un véritable intérêt à tous les
renseignemens sur l'état social de nos
voisins.
Nous avons précisément reçu il y a
quelques semaines la collection d'un
journal spécial allemand dont il a été parlé
à propos des derniers événemens c'est
la Social Correspondent, organe de l'Union
centrale (Central Verein) pour le bien des
classes laborieuses, et éditée à Dresde par
M. le docteur Victor Bôhmert et par
M. Arthur de Studnitz. Ce n'est pas là
une feuille socialiste tout au contraire,
c'est une feuille philanthropique et éco-
nomique qui s'est donné la mission de
combattre le socialisme en Allemagne.
M. Bôhmert est un homme fort connu
pour ses travaux sur les' questions ouvriè-
res il est directeur du Bureau de statis-
tique de Dresde et professeur d'économie
politique à l'Ecole polytechnique de la
même ville. Il est en outre, de l'autre
côté des Vosges, le grand propagateur de
la doctrine de la participation des ou-
vriers aux bénéfices industriels; c'est là
même le remède qu'il oppose, avec une trop
grande confiance croyons-nous, au socia-
lisme. La Social Correspondent qu'il dirige
est un journal de polémique et de vulgari-
sation en même temps. On a prétendu que
Nobiling, l'assassin de l'empereur d'Alle-
magne, y avait collaboré s'il en était
ainsi, cela prouverait que Nobiling n'est
pas, à proprement parler, un socialiste
mais M. Victor Bôhmert a défendu sa Re-
vue contre le préjudice qu'aurait pu lui
infliger le bruit qu'elle aurait compté No-
biling parmi ses collaborateurs, e,t il a éta-.
bli que la Social Correspondent n'avait eu
avec Nobiling que de rares et fugitives re-
lations.
Rien n'est plus pacifique en effet et
plus conciliant que la Social Correspon-
dent de Dresde. L'objet qu'elle poursuit'
c'est l'union des classes, et le seul en-
nemi qu'elle combatte c'est précisément
le socialisme. Nous avons lu avec intérêt
les livraisons de l'année 1877, et nous
avons pu y recueillir des faits intéressans;
sur la situation du socialisme allemand.
Le mal social chez nos voisins est cer-
tainement fort grand; le socialisme y
compte des adhérens nombreux et bien
organisés. Dieu nous garde de rendre res-
ponsable toute une catégorie d'individus
des crimes commis par deux hommes
isolés! Il est fort probable, à nos yeux,
que les deux attentats dont l'empereur
d'Allemagne a été l'objet proviennent
d'une inspiration solitaire, d'une imagi-
nation à la fois surexcitée et concentrée
en elle-même. Si nous parlons ici du so-
cialisme, ce n'est pas que nous voulions
le rendre, sans preuve aucune et sur de
simples soupçons, responsable de ces for-;
faits c'est seulement parce que ce sujet a
subitement acquis de l'actualité.
Un écrivain allemand, M. Franz Mehring,
a publié à Brême, en 1877, un livre inti-
tulé Die deutsche Social-Démocratie, la
Démocratie sociale en Allemagne. Dans ce
[ivre il fait l'exposé de la naissance et du
progrès du socialisme dans son pays, de-
puis Ferdinand Lasalle qui en a été en
juelque sorte le prophète ou l'apôtre,
usqu'à Schweitzer, Liebknecht et Bebel
jui en sont les coryphées actuels, et
m s'arrêtant à Karl Marx qui a été le
.héoricien et le philosophe de la doctrine
îouvelle. La Social Correspondent donne (
me analyse et des extraits du livre de
tf. Franz Méhring il en résulte que la ï
n-opagande socialiste repose actuellement (
;n Allemagne sur cent cinquante agita- I
.eurs ou conférenciers de profession, qui l
sont pour la plupart rétribués, et dont
es uns sortent de la classe des ouvriers <
nanuels, tandis que les autres appartien-
îent à la catégorie des hommes lettrés. 1
Outre ces 150 agitateurs ou conféren-
5iers, le socialisme allemand a une presse 3
îombreuse à son service son organe
îentral a 12,000 abonnés; les socialistes
jossèdent en outre 41 journaux politi-
lues, dont 13 paraissent six fois par se-
naine, 13 trois fois par semaine, les au- ]
res étant hebdomadaires ou bi-hebdoma-
laires. A ces journaux politiques s'a-
outent 14 journaux spéciaux (Geioerks-
'.haftsorgane) qui sont plus ou moins
nspirés de l'esprit dû socialisme, et enfin
me revue de littérature Die Neue Weït,
le Nouveau Monde, qui est rédigée dans
le même esprit. La Neue Weït ne compte
pas moins, assure-t-on, de 35,000 abon-
nés, et elle eît gagne chaque année un
chiffre notable. On calcule que le tirage de
l'ensemble de ces publications dépasse'
100,000 exemplaires; le parti socialiste
publie aussi un almanach qui s'est vendu
en 1876 â 50,000 exemplaires. '̃
Tous ces moyens d'action sont fort res-r
pectables, quoique le chiffre de 100,000
exemplaires ne soit pas encore énorme,
pour un pays de 45 millions d'habitans où
tout le monde sait lire nous avons chez
nous de petits journaux quotidiens qui se
vantent de tirer à 5 ou 600,000 exemplaires,
On peut remarquer en outre que tout lec-
teur d'un journal n'a pas nécessairement
toutes les opinions de ce journal; qu'ep
tout cas il peut les adopter avec plus ou
moins d'ardeur et plus ou moins de ré-<
serves quant à l'application immédiate..
Il est assez difficile de dire si le socia-
lisme, depuis deux ou trois ans, a fait en
Allemagne de très grands progrès. Si l'
l'importance des journaux socialistes, on
est tenté de répondre affirmativement.
Ainsi, d'après M. Mehring, le nombre des
journaux socialistes a augmenté de 18 en
1876, et, d'après la Social Correspondent,
il se serait encore accru d'une trentaine en
1877. C'est là, certes, un mauvais symp-
tôme mais ce n'est pas une preuve dé-
cisive. Quant aux derniers succès des so-
cialistes dans les élections parlementai-
res, ils n'auraient pas non plus, d'après
certains passages de la Social Correspon-
dent toute l'importance qu'on leur
attribue. Les socialistes auraient de-
puis trois ans perdu des voix dans beau-
coup de districts. Ainsi dans le Schleswig-
Holstein, en 1874, leurs candidats
avaient obtenu 44,847 voix contre 57,965
qui avaient été données aux partis fidèles,
à l'empire, pour nous servir de l'expres-
sion de la Social Correspondent, Reichs-
treuenParteien; en 1877, dans la même ré-
gion, les socialistes n'obtinrent plus que
40,656 voix contre 88,490 dans cette
partie de l'empire, le socialisme a donc
perdu un peu de terrain. A Berlin, il est
vrai, et dans quelques autresgrandes villes,
ce parti subversif a beaucoup gagné; aux.
élections du 14 juin 1877, dans le sixième
district de cette' ville, l'un des coryphées
du socialisme allemand, M. Hasenclever,
a été élu par 12,752 voix, tandis qu'il n'a-
vait réuni que 9,569 voix dans l'élection
qui s'était faite cinq mois auparavant
dans le même district. Dans la 5° cir-
conscription de Berlin, le 18 juin 1877, le
candidat socialiste, qui ne fut d'ailleurs
pas élu, avait obtenu 1,200 voix de plus
que dans une élection qui se fit dans le
même district six mois auparavant.
Si les candidats, socialistes: réussissent
à Berlin et dans quelques autres grandes
villes, cela paraît tenir en partie à la très
grande indifférence de la classe bouiy.
geoise, qui ne va pas voter il semble
qu'il n'y ait à Berlin que la moitié des
électeurs inscrits qui votent, tandis qu'en
.France la proportion varie destrois quarts
aux quatre cinquièmes. Berlin en outré,
ville dont la croissance est très récente,
et qui en dix ans a vu sa population
augmenter de moitié (702,437 âmes en
1867, plus de 1 million aujourd'hui), est,
il faut bien le dire, un. repaire de vaga^
bonds: une partie de la population y est
dans la plus grande misère; les logemens
manquent. La Social Correspondent con-
sacre à cette question des logemens ber-
linois toute une série d'articles.
Quoi qu'il en soit, le socialisme est de-
venu en Allemagne ce qu'il n'est plus
nulle part ailleurs un parti organisé et
nombreux, qui ouvertement veut la sup-r
pression de la propriété et la confiscation
du capital par l'Etat. En France, le so-
cialisme n'existe plus, du moins à l'é-
tat de parti compacte et militant; il
ne fait plus chez nous parler de lui.
Parmi les principaux chefs même de la
Commune, un seul, Vermorel, était un
théoricien socialiste encore son derr-
nier livre (1) que nous avons sous les
yeux est-il beaucoup moins radical et
violent que ceux des' socialistes alle-
mands. En Angleterre, il y a des grèves
aombreuses où se commettent de très
grands excès; mais les Trades-Unions ont
complètement abandonné, au moins pour r
e moment, le programme du chartisme.
L.es Etats-Unis seuls, depuis trois ou
[uatre ans, veulent imiter l'Allemagne; il
i'y constitue un parti socialiste qui de-
dent inquiétant, et qui précisément re-
irute ses adhérens et ses chefs parmi les
Lméricains d'origine allemande et parmi
es émigrans allemands.
La Social Correspondent fait remarquer
:vee raison que la nation allemande pa-
̃aît plus .que les autres susceptible de se
aisser gagner au socialisme. En Suisse,
somme aux Etats-Unis, ce sont des Al!e-
nands qui entretiennent le mouvement
mtisocial en France, parmi les membres
lecondaires de la Commune, on a aussi
;ompté plusieurs Allemands. La nature
nême de l'intelligence allemande explique
;n partie ce phénomène; nos voisins ont
'esprit généralisateur, l'imagination très
portée au rêve et au système l'instruction
primaire, qui estchez eux trèsrép" andue.ne
iéfend qu'insuffisamment les esprits fai-
(1) le Parti socialiste, par A. Vermorel, publié
a la fin de l'Empire, librairie internationaleT
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