Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-05-03
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Description : 03 mai 1878 03 mai 1878
Description : 1878/05/03. 1878/05/03.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÉDITION DE PARIS.
WDRÉM S MAI
• 1878, I878d
ON S'ABONNE
«h Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
a. Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans les
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
«k aaoyen d'une valeur payable & Paris «a a«
Mandate-poste, soit internationaux, soit français
tn Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord 1
:̃ onez toits les directeurs dé postes { '̃̃
et dans tous les autres pays,
H* l'envoi d'une valeur payable à Puis» ,̃
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̃ Les annonces sont nous
•»« Wm. Vauchey, LaflH* ft CV =
8, plaça de la Bourse, i
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«Iles doivent toujours être agréées par la rédacttea.:
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WfiàrteàiénS. «0 fc lp't: to fr. f/t~ M fc,
Pam. 72 ff, 36 ft. M te.
Les abonnèmeiis partent des 1*" »U« d*
chaque mois.
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̃ feéparieitiep», an «Éïttér©. ta eettt*
In i,oiBdos, apply to Cé*i* and G», Wrekà
newepapers ©fiée, Grôshâni Street, G. P; ».J
un. Oelïry. |fMM:i(0s ^toûh lane Cprjtaj*
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Madeleine, 4ans le? kiosques et dans m *•
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PO~,ITIQUES ET LITTÉIIAtIiES Il'
POLITIQUES ET LITTERAIRES
«rÈum & mai
jNoùs n'avons pas parlé depuis quelque
temps de la situation îuiîitâire de l'armée
itisSé en Orient, situation qui ne serait
pas sans danger 8i la guêtre vëûaifc
à éclater. î)u Prulh à San StëfânO,
les Russes occupent une ligne de 400
lieues de longueur, coupée en deux en-
droits, d'abord par le Danube, puis par les
Balkans. Le front dé l'armée s*étend
à son tour sur une double ligne dont l'une
ya des bouches du. Danube à Widdin, et
l'autre de San-Stefano a la vallée de ïjt
Hâùte-'Marava. Il faudrait certainement,
pour occuper un espace àUS3i vaste et
semé d'aussi nombreuses difficultés, une
armée formidable,
ces dont la Russie dispose, il est incon-
J,égtafete que solj armée, diminuée, fati-
guée, rongée par le typhus, enfin diéper*
lée cotiSme elle l'est aujourd'hui, présente
sur divers points une. faiblesse relative.
Les forces dont les Russes disposaient
lorsqu'ils ont entrepris leuf tûardhe auda-f
cieuse sur Constantinople étaient suffi-
santes POur celte entreprise parce que
leur but était un et bien défini, et aussi
parce qu'ils n'ont trouvé que des alliés
sur leurs ilânCS el sur lettre derrières. Oif
Çèttt se demander si leurs forces actuelles
suffisent à la situation qui se ptodùiiait
sans doute en cas de guerre»
L'armée roumaine se coinjtàsë à peu près
de 4 0,000 hommes elîè ne serait pas bien
terrible pour les Russes s'ils n'avaient pas
(l'autre ennemi, mais, dans lé cas contraire,
elle serait un grave embarra3i La Rou-
manie est admirablement placée pour
menacer et pour couper les communica-
tions des Russes avec leur base d'opéra-
lions; Ceux-ci le sénient bien, et ils oùt
féiiipijàjé trois corps d'armée à occuper
la principauté. L'armée roumaine, nïena-
céé du désarmement* s'est retirée derrière
i'Âlùta, dans la Petite Valaçhie. Si de la
inenâçe la Russie passe à 1 acte, et si
fâriàée roumaine est décidément impuis-
kante à se défendre, on annonce qu'elle
franchira la frontière autrichienne, aimant
mieux déposer ses armes eiitfe des mains
neutres que de lés livrer à l'ennemi. Mais
si la guefre éclaté avec l'Angleterre, il
est à croire que les Roumains prendront
'loUragè, resteront chez eux, refuseront
de se laisser désarmer et dépendront
pour l'armée russe Un danger manifeste.
». î)u cOté des turcs, les Russes ne sont
pas non plus complètement rassurés. Il est
f>ien vrai que le traité de San-Stefano
oblige la Porte à se montrer absolument
satisfaite de tout ce qui s'est passé, et à
foauifesler par1 toiis les moyens sa con-
fkfiùe dans son nouvel ami; mais qui ne
îait le peU de cas que l'on fait aujourd'hui
des traités? Il iï'est pas impossible que la
Porte ne soit qu'à moitié réjouie des der-
niers événemens et qu'elle né laisse voir
quelque chose de ce sentiment. Ainsi,
Je traité de Ban-Stefano l'obligeait à li-
Vrer aux Russes les fortÈresses du quâ-,
drilatère .et Batoum, et jusqu'ici ses gé-
néraux n'ont livré que Roustchouk et Si-
listrie ils conservent jusqu'à aouvel or-
dre Schoumla, Varna et Baloum, c'est-
à-dire les places les plus importâmes en
Europe et en Asie. Schoumla com-
înande les passages les plus faciles des
Balkans. Varna, située sur la mer Noire,
assure des communications par mer entre
la Bulgarie et Constantinople pour le cas
çù elles seraient interrompues par terre
on peut aller en quinze heures de Varna
au Bosphore. Batoum enfin est un port
Excellent, soit pour recevoir les troupes
envoyées d'Europe en Asie, soit podr en
envoyer d'Asie en Europe, ce qui est en
ce moment le plus utile et même tout à
lait urgent. On s'explique donc la lenteur
places, et leur peu d'emprsssement est
d'autant plus naturel que le traité de San-
Stefano, par une inadvertance assez sin-
gulière de la part des Russes, a oublié
de fixer un délai pour l'évacuation des
forteresses. Il tant ajouter que les Turcs
ont un prétexte dont ils usent habile-
ment. Nous avons déjà évacué deux pla-
ces, disent-ils; nous avons donc com-
inencé l'application du traité, et les
Russes ne nous ont pas encore rendu nos
prisonniers. C'est à leur tour à donner ou
plutôt à suivre l'exemple de l'observation
des traités. Cette attitude des Turcs ne
laisse pas d'être gênantè pour les Russes."
ils ont envoyé des troupes autour de
êchoumîa et de Varna, et ils somment ces
places d'ouvrirleurs portés; mais Fazli'Pa-
|ïia et Achmet-Kaiserli Pacha qui les com-
mandent leur échappent sans cesse par
imelque moyen dilatoire. Le flegme oriental
se se laisse pas facilement décontenancer.
âehmet-Kaiserli, l'ancien défenseur de
Jiousichouk, vieillard de quatre-vingt-un
«tas, poursuit avec les généraux russes
une conversation à bâtons rompus qui ne
manque pas d'originalité. Aux som-
fiiations des Russes il a répondu d'a-
bord qu'il n'avait pas d'ordres du Sé-
î-âskiérat. Les Russes ont invoqué le
fraité ils ont insisté pour enlrer à
Varna. Soit a dit Achmet-Kaiserli,
înais où irais-je moi-même avec mes
groupe?, car non seulement je n'ai pas
d'ordres, mais je n'ai aucun moyen de
transport-? Les Russes ont menacé,
mais en vain. U,s ont demandé alors qu'on
îéur cédât les ouvrages extérieurs, pro*
posant de laisser les Turcs dans les mUrs
de la place. Refus des généraux turcs,
H&uvellë insistance des généraux fus-
ses à quoi Aohmët-Kaiserli à répondu >
si l'on en ëroifc le Times Laissons-
ïà ces sottes conversations et par-
lons d'autre chose. Les dépêches
d'aujourd'hui nous annoncent pourtant
que les Russes continuent leurs revendi-
catioris, au risqué dé se livrer à un mono-
logue* Voilà pour l'Europe. Quant à TÀsie^
Batoum n'a pas l'air non plus très pressé
d'ouvrir ses portés, et, en attendant, les
LaEes, au nombre de 15,000 hommes, les
jiiêmes qui ont défendu là ville avec tant
de courage, se sont soulevés et montrent
les intentions les moins conciliantes.
Près de Constantinople, la situation des
Russes n'est pas beaucoup meilleure.
Nous avons dit qu'ils n'avaient pas enctire
rendu les prisonniers turcs il faut faire
prié exception, ils ont renvoyé Ûsnïànt
Pacha après l'avoir si bien reçu, traité et
fêté, qu'ils n'ont pas douté d'avoir fait la
conquête de ce coeur généreux. Mais
Osman, à peine arrivé à Constantinople,
a repris autour de la ville les travaux de
terrassement qui lui ont si bien réussi à
Plevna, et que l'on a comparés au
travail silencieux de la taupe. Il a tracé,
particulièrement du côté de San-Stefano,
Une nouvelle ligne dé fortifications. Les
Russes ont fait tous leurs efforts pour
le taire envoyer en Asie} ainsi que Mouk-
iar i^acha, mais ils n'y ont pas réussi.
L'âfmée turque à Gonstantinople compte,
d'après les évaluations lès plus modérées,
90,000 hommes qui ont fait la dernière
campagne, le plus grand nombre dans
l'armée du Lom, troupe exercée qui a été
réorganisée à l'européenne, et dont l'es-
prit est éxcellehti On estime qu'en cas
dé guerre lès Turcs sont dès aujourd'hui
à même, de défendre Gonstantinople jus-
qu'à l'arrivée des Anglais. Le grarid-
duc Nicolas est parti par Odess,a pour.
Saint-Pétersbourg, laissant sa succes-
sion aU gériéfal Totleben, soit qu'on ait
trouvé compromettant pour un grand-duc
de faire deë concessions si l'on est résigné
à en faire, soit, ce qui est plus probable,
qu'on ait voulu donner à l'action mili-
taire une impulsion plus énergique. Le
général Totlëben considère, dit-on, comme
une faute l'occupation de San-Stefano
mieux aurait valu, d'après lui, rester
dans les lignes de Tchekmedjé-Tchataldja-
Derkps qui avaient d'ailleurs été fixées
par l'armistice. Le soulèvement qui s'est
produit dans tes montagnes de Rho-
dope et qui gagne tous les jours du
terrain a rendu cette faute plus mani-
feste. Les insurgés ne sont pas- seule-
ment les malheureux Bulgares musul-
mans, les Pomaks, exaspérés par les
cruautés des Bulgares chrétiens et par
les abus de l'administration russe et obli-
gés de combattre pour la vie. Ces Bulga-
res ont trouvé un appui précieux dans les
débris de l'armée de Suleiman Pacha. On
se rappelle que cette armée a disparu en
quelque sorte dans la direction de Sa-
lonique une partie s'était réfugiée
dans les montagnes avec ses armes
et ses munitions et: l'on distingue
déjà, dans les mouvemens des insurgés,
un plan militaire qui se dessine. L'in-
surrection occupe la région au nord des
monts Rhodope et s'étend vers Philippopoli
eiTatar-Bazardjik. Les insurgés cherchent
à occuper les défilés importans d'Hermanli,
et surtout ceux qui se trouvent entre Ich-
tirnan et Tatar-Bazardjik. On voit donc
que, de ce côté encore, la situation n'est
pas sans périL Que fera le général Totle-
ben ? Il lui est bien difficile de rester où
il est, et il prendra sans doute le parti de
reculer jusqu'à Andrinople, ou de mar-
cher sur Constantinople. Dans ce dernier
cas, il n'est pas douteux que les Anglais
forceraient le Bosphore et que les
hostilités se trouveraient engagées. On ad-
met généralement que les Anglais éprou-
veraient peu de difficultés à passer le
Bosphore, mais qu'ensuite leurs commu-
nications avec la mer de Marmara pour-
raient être coupées. Pour obvier à cet in-
convénient, les Anglais s'occupent déjà
à tracer un chemin de fer entre Ismidt et
la mer Noire, et ils étudient même le plan
d'un canal qui réuniraitla baie d'Ismidt
au petit fleuve Zakaria qui se jette dans
cette mer. L'entreprise est, paraît-il,
d'une exécution aisée et demanderait peu
de temps.
On voit par ces détails que la situation
des Russes laisse beaucoup à désirer au
point de vue de la sécurité. Il faut ajouter
que le typhus fait dans leur armée de ter-
ribles ravages il enlève environ 10,000
hommes par mois. Les chevaux, dont on
a fait une effrayante consommation pour
le passage des Balkans, sont très diffi-
ciles à remplacer. Le matériel des che-
mins de fer est presque détruit par l'u-
sage exagéré qu'on en a fait. Nous nous
demandons comment les Russes sortiront
de l'impasse où il aurait été si sage et si
simple pour eux de ne pas entrer..
Nous publions plus loin le remarquable
discours prononcé mardi dernier à Brad-
ford par M. Gathorne Hardy, le nouveau
secrétaire d'Etat pour l'Inde. Ce magni-
fique exposé de la politique du cabinet de
Londres dans la question d'Orient se passe
de tout commentaire, et nous n'avons qu'à
le signaler- à l'attention de nos lecteurs. Ils
^jûjôy^ppés, comme nous, de l'élévation
dfe&iiiès et de l'accent particulier d'honnê-
teté qui pénètrent ce morceau oratoire, et
ressentiront une véritable satisfaction mo- i
raie en le lisant. 1
BOUtlSK DE PARÏS
CIô4îi*«S ié 1«- \è 2 Jtàùèëë. Û'âiaiè
S «/«
domptant. 73 il- 72 50 :U 80
Fin cour 72 77 1 2 72 80 i}< « M • t. 27 1 2
« 1/» O/O ••
Comptant 102 50 1Q2 tô-it* .(̃
8 O.'O
Comptant l<-8 50 108 43 .5
Fin côar': 108 80 J. 108 42 12 7, 1 2
PBTITB BOTJRSK DU SOI».
Emprunt 5 Ô/0. Ï08 fr. 55, 51 1/f, 86.
S 0/0 turc 7 fr. 95.
Egyptiennes 6 0/0.. 165 fr, 62 ,1/2, $5, .163 62.
Nous recevons de notre correspondant par-
ticulier là dépêche suivante
« Vienne, le 2 mai, soir.
» Le cabinet de Saint-Pétersbourg repris
les négociations directes avec Londres. On
ne désespère pas encore ici qu'une entente
puisse se faire.
» Les pourparlers avec la Porte au sujet
des réfugiés durent toujours. L'occupation de
la Bosnie, si les choses en viennent à ce
ce point, ne s'effectuera pas sans l'assenti-
ment de la Turquie et ne pourra donc pas
être considérée comme une concession à la
politique de Saint-Pétersbourg. Du reste, le
courant russe à Vienne est sensiblement af-
faibli. »
Télégraphie privée»
(Service télégraphique de l'agencé Hâvàs.)
Saint-Pétersbourg, le"2mai.
Le Journal de Saint-Pétersbourg, à l'occasion
du discours de M. Gathorne Hardy à Bradford,
attaque vivement la politique du cabinet anglais
qu'il accuse d'inconséquence et de contradiction,
puisque, tout en se réclamant du traité de 1856,
elle le viole la première en envoyant la flotte an-
glaise dans les eaux de Constantinople.
Le Journal de Saint-Péiersbourg s'attache à
démontrer que la Russie a le droit de se consi-
dérer comme déliée d'engagemens vingt fois vio-
lé s par les autres, et il trouve que rappeler ces
traités après que les événemens ont amené une
nouvelle situation et créé à la Russie de nou-
veaux droits, c'est sortir des bornes de la raison.
La Russie est la première à désirer un Congrès
que l'Angleterre est la seule à empêcher.
'Vienne, le 1" mai, soir.
On mande dé Constantinople à la Correspon-
dance politique que le général Totleben a récem-
ment insiste auprès de la Porte pour que les
places de Chounila, de Varna et de Batoum fus-
sent immédiatement évacuées. Dans le cas où la
Porte céderait sans retard à cette exigence, le gé-
néral Totleben laisserait entrevoir la perspective
de la retraite des Russes jusqu'aux lignes forti-
fiées de Tchekm,edjé-Tchataldja-Derkos.
Le corps diplomatique tout entier a fait une
démarche auprès de la Porte pour qu'il soit remé-
dié aux inconvéniens que cause, au point de vue
sanitaire, l'accumulation des fugitifs dans la ca-
pitale. Sadyk Pacha a promis de prendre des
mesures.
La Correspondance politique publie aussi une
dépêche de Bucharest, disant
« Le gouvernement roumain a fait constater
que 50,000 Russes se trouvent actuellement en
Roumanie. De nouvelles troupes s'apprêtent à
entrer dans la principauté.
» La diplomatie russe continue ses efforts en vue
d'amener le gouvernement roumain à conclure
une nouvelle convention. »
Vienne, le 2 mai.
Le Tagblatt publie, dans son édition du soir,
les lignes suivantes
« Des renseignemens authentiques donnent lieu
de considérer comme tout à fait certain que la
Russie concentre une armée près de Bucharest et
sur la frontière de Transylvanie. I^e gouverne.
ment austro-hongrois est donc forcé, malgré les
relations amicales qu'il entretient avec le cabinet
de Saint-Pétersbourg, de prendre des mesures de
précaution au point de vue militaire. Aussi an-
nonce-t-on dans les cercles bien informés que
le gouvernement de Vienne examine sérieuse-
ment en ce moment la question de savoir s'il ne
doit pas concentrer une armée sur la frontière de
Transylvanie. » Vienne, le 2 mai.
•
La Correspondance politique publie une lettre
de son correspondant a Saint-Pétersbourg. datée
du 28 avril, dans laquelle on lit
« Ce matin il y a eu, sous la présidence de
l'empereur, un grand conseil des ministres dans
lequel, à ce qu'on assure, il a été pris des résolu-
tions importantes. Immédiatement après la
séance du conseil, des dépêches ont été en-
voyées à Vienne et à Londres. On donne pour
à peu près certain que les résolutions adoptées
sont d'une nature pacifique et conciliante. »
La Correspondance politique fait à ce sujet
les remarques suivantes
« Nous apprenons en effet que le cabinet de
Saint-Pétersbourg a pris l'initiative de nouvelles
négociations avec le cabinet de Londres au sujet
de la question de la réunion d'un Congrès, négo-
ciations qui, d'après ce qu'on croit, s'appuieraient
sur des concessions plus larges de la part du
gouvernement russe. »
Vienne, le 2 mai.
Suivant une dépêche d'Athènes du 2, adressée
à la Correspondance politique, les consuls anglais
Merlin et Blunt sont arrivés à Karditza et ont
déclaré aux chefs des insurgés de la Thes-
salie que l'Angleterre verrait avec satisfaction
l'insurrection cesser au moyen de la médiation
de l'Angleterre qui, dans ce cas, prendrait fait et
cause pour la Grèce. Par suite de cette interven-
tion, on s'attend à un arrangement pacifique.
Par contre, les nouvelles de Crète sont moins
bonnes; la lutte y continue toujours.
Londres, le 2 mai.
Le Times publie la dépèche suivante
Saint-Pétersbourg. le l" Des pourparlers ont
été repris entre Londres et Saint-Pétersbourg
par l'intermédiaire de Berlin mais on ne sait
rien relativement au progrès des négociations.
Le bruit court que la Russie a envoyé un ulti-
matum à la Porte, demandant l'évacuation de
Choumla et de Varna dans un certain délai.
On télégraphie de. Berlin au Daily Telegraph
que l'Angleterre ne fait aucune objection à l'oc-
cupation de la Bosnie et de l'Herzégovine par
l'Autriche.
Le même télégramme dément la nouvelle que
l'accord serait fait entre la Russie et l'Autriche.
On télégraphie de Vienne au même journal
« Une dépêche de Saint-Pétersbourg annonce
la publication d'un ukase impérial ordonnant la
formation de 48 nouveaux bataillons à ajouter
aux 48 autres dont la formation a été ordonnée
il y a une quinzaine de jours.
» Trois brigades dîarlillerie, formant un total
de 144 canons, sont également en voie d'organi-
sation. »
• Preston^ le Ie* mai, soir.
M. Cross, ministre de l'intérieur, a inauguré
aujourd'hui! le nouveau Club conservateur de
cette ville. De nombreux membres du Parlement
assistaient à la cérémonie.
Dans son discours, M. Cross a dit que le gou-
vernement avait agi avec le plus sincère et le
plus constant désir de maintenir la paix en Eu-
rope, et de défendre l'honneur et l'intégrité de
l'empire.
Un banquet a eu lieu dans la soirée. M. Cross
y a prononcé un second discours dans lequel il a
nié énergiquement que le gouvernement ait en-
couragé la Turquie du ait été animé d'un esprit
belliqueux. Tout ce que l'Angleterre fait actuel-
lement a pour but de maintenir les droits des
traités.
L'orateur a insisté sur le maintien de la décla-
ration de 1871; il a constaté que tous les gouver-
nemens ont apprécié avec justesse la circulaire
du marquis de Salisbury.
« Le gouvernement, a dit le ministre, ne pour-
suit pas une politique d'isolement au contraire,
il tâche d'amener l'accord entre les puissances.
Mais à quoi bon réunir les puissances en conseil,
si le traité qu'elles signeront peut être déchiré
par un des signataires ? »
M. Cross a déclaré que la guerre ne sera
provoquée paraucun acte de l'Angleterre. Il a
démontré que les demandes anglaises ne sont
pas une humiliation pour la Russie. « Le traité de
San-Stefano. a-t-il ajouté, doit être considéré
dans' son ensemble tel ou tel article peut être
innocent et l'ensemble pernicieux; Toute modifi-
cation aux traités actuels doit résulter de la Con-
férence libre, ouverte, de tous les signataires. »
L'orateur a reproché aux libéraux d'avoir sou-
dainement témoigné une affection incômpréheili
siblé pour la Russie et pour ses institutions.
« A la Conférence, a dit le ministre en termi-
nant, nous saurons convaincre l'Europe et le
monde, et probablement la Russie elle-même,
que le traité de San-Stefano doit être modifié. Il
faut donc qu'il soit déposé sur la table de la
Conférence pour être examiné. Nous le traiterons
loyalement; nous admettons des modifications
aux traités antérieurs, mais nous avons le droit
de discuter ces modifications. »
Constantinople, le l" mai.
La situation des réfugiés devient très critique,
les ressources des comités de secours étant pres-
que épuisées.
•'̃̃ `° Athènes, le 1" mai.
Les négociations entamées entre la Grèce et
l'Angleterre pour la conclusion d'un armistice
entre les provinces grecques révoltées et la Tur-
quie se poursuivent.
La Grèce a demandé à l'Angleterre de s'enten-
dre avec elle pour régler sa conduite future.
Vienne, le 2 mai.
La Gazette officielle d'Autriche publié Un ordre
défendant l'exportation des torpilles.
Bombay, le 2 mai.
Un second détachement composé de troupes
indigènes s'est embarqué aujourd'hui pouf
Malte.
Odessa, le 1er mai.
Le grand-duc Nicolas est arrivé aujourd'hui. Il
esj. reparti presque aussitôt pour Saint-Péters-
bourg.
Le Moniing Post publie un télégramme de
Berlin, d'après lequel le gouvernement russe se-
rait entré en pourparlers avec les Compagnies des
chemins de fer prussiens, à l'effet de conclure un
arrangement en vertu duquel les chemins de fer
et les ports prussiens seraient à la disposition du
commerce russe dans le cas d'un blocus de là
Baltique par une flotte anglaise.
L'impression que la journée d'hier a
produite sur tous ceux qui connaissent
depuis longtemps Paris est une impres-
sion de surprise autant que de joie. Nous
n'avions jamais assisté à un pareil spec-
tacle, et les plus âgés sont obligés de
rappeler leurs plus vieux souvenirs pour
y retrouver une manifestation aussi spon-
tanée, aussi unanime, aussi éclatante du
sentiment populaire. L'Exposition univer-
selle a été préparée dans une sorte de si-
lence, au milieu des sourdes critiques des
uns et des espérances timides des autres.
Si satisfaisant que soit en ce moment
l'état intérieur de notre pays les
agitations du dehors sont trop vi-
ves pour qu'une vague appréhension
n'ait pas combattu jrsqu'à la dernière
heure la confiance qui s'était glissée
et qui subsistait dans les cœurs. Ce qui
est certain, c'est que personne ne son-
geait, il y a quelques jours à peine, à la
grande fête dont nous venons d'être té-
moins. Aucun préparatif n'avait été fait,
aucune mesure n'avait été prise pour
donner à l'ouverture de l'Exposition uni-
verselle de 1878 le caractère d'une im-
mense démonstration nationale et pacifi-
que. On peut dire sans exagération que
l'idée en est subitement sortie des entrail-
les mêmes de Paris. Il a suffi d'un projet
lancé par quelques journaux et d'une dé-
cision du conseil municipal, pour qu'une
sorte de commotion électrique parcourût
à l'instant la ville entière et y produisît
une véritable explosion patriotique. On a
parlé de mot d'ordre, d'invitations mena-
çantes adressées par des meneurs au
commerce parisien. Ceux qui hasardent
de semblables insinuations ne savent-ils
pas, par une expérience personnelle, com-
bien les mots d'ordre et les invitations
menaçantes sont incapables de pro-
duire de tels effets? Ont-ils oublié ce
qu'étaient, sous l'Empire, les fêtes du
15 août? Non, il n'a pas été nécessaire
de, soulever par des moyens subreptices
l'enthousiasme populaire; il n'a pas été
nécessaire de créer des sentimens facti-
ces pour les faire éclater en manifesta-
tions trompeuses. Comme l'a très bien dit
M. Grévy dans un discours que tous les
groupes de la Chambre ont applaudi, l'âme
et le cçeur de Paris ont été profondément
secoués par une grande pensée nationale,
et c'est ce qui fait qu'en deux jours, sans
plan déterminé, sans injonction d'aucune
sorte, sans préméditation, sans apprêt,
toutes nos maisons se sont couvertes de
drapeaux, toutes nos fenêtres de lampions,
toutes nos rues d'une foule avide de parti-
ciper à la première manifestation du relè-
vement de la France par la sagesse, par le
travail et par la paix!
Nous rencontrons sans cesse des per-
sonnes qui redoutent, qui détestent même
les Têtes populaires. C'est un sentiment
dont il n'est pas difficile de retrouver
les causes, et d'expliquer l'origiBe. Les
fêtes populaires ont presque toujours
été chez nous des fêtes de parti.
Il faudrait remonter jusqu'aux jours
d'illusion généreuse qui précédèrent
lés fautes et les malheurs de la
Révolution pour rencontrer un exemple
de démonstration réellement nationale,
c'est-à-dire de démonstration où personne
pût se sentir blessé par la joie publique.
Malgré la gloire incomparable qu'elles
versaient sur notre pays, les victoires du
premier Empire lui coûtaient trop cher et
lui annonçaient un stVenif trop rempli
d'incertitudes pour qu'il pût y applaudir
avec cette ardeur confiante sans laquelle
il n'y a pas de véritable satisfaction. La
Restauration n'a connu que des fêtes par-
tielles, dans lesquelles la moitié de là
France semblait chercher plutôt l'occasion
de braver l'autre que celle d'exprimer avec
éclat ses propres sentimens. Bi brillantes
que fussent lès fêtés royalistes, si enthôu--
siaste que parût l'accueil fait à Charles X
dans son voyage de l'Est, on sentait flotter
au milieu dés fleurs, des oriflammes, des
lampions, des guirlandes de jeunes filles
venant entourer la voiture d'un roi-gen-
tilhomme, nous ne savons quelles som-
bres appréhensions, tristes présages des
catastrophes prochaines Les libéraux,
d'ailleurs avaient aussi leurs fêtes
tout prétexte leur était bon pour faire
retentir dans les rues et sur les places
leur cri de guerre contre un pou-
voir détesté, et l'on se rappelle sans doute
combien de fois le bruit grondant d'une
insurrection accompagna un cercueil
jusqu'au champ du repos. Enfin une
révolution légitime dans son principe,
mais dont les dernières conséquences ne
devaient pas être heureuses, emporta le
trône des Bourbons. Certes, les journées
de Juillet avaient été assez glorieuses
pour qu'on en célébrât tous les ans l'im-
mortel souvenir. Mais elles avaient laissé
dans les masses un vague instinct de ré-
volte dont ceux pour lesquels une mo-
narchie libérale et parlementaire avait
comblé toutes les espérances ne pou-
vaient manquer de se sentir attristés.
Nous ne parlerons pas des fêtes peu sé-
rieuses et bientôt suspendues par les san-
glantes journées de juin* qui suivirent là
révolution de 1848. Nous ne parlerons pas
non plus des fêtes factices de l'Empire. Le
malaise était général dans ces manifesta-
tions bruyantes qui dissimulaient mal
un péril, hélas trop rapproché. Quel
est le Français clairvoyant qui, pendant
les fêtes de l'Exposition universelle dé
1867, au lendemain de Sadowa, n'a pas
senti son âme envahie par de sombres
pressentimens que l'éclat des cortéges
royaux et le bruit des cérémonies offi-
cielles ne parvenaient pas à dissiper?
Nous comprenons sans peine que ceux
qui ont assisté aux fêtes politiques dont
notre siècle a été rempli ne puissent se
défendre d'un sentiment de crainte et d'in-
crédulité lorsqu'on leur parle d'une fête
vraiment nationale vraiment patriotique,
uniquement française. Et pourtant le
spectacle que Paris a donné hier devrait
dissiper leurs appréhensions et leurs crain-
tes. C'est la première fois peut-être depuis
trop longtemps que la population pari-
sienne s'est levée tout entière sous l'impul-
sion d'un même sentiment. Il n'y avait
plus de partis, dans nos rues et sur nos
places il n'y avait que des Français
heureux et fiers de voir leur pays, écrasé
il y a huit ans sous les plus grandes ca-
tastrophes qu'un peuple ait jamais subies,
donner si rapidement une telle preuve de
son impérissable énergie. Nous ne vou-
lons point dire que la république ne
lût pour rien dans là satisfaction générale.
On nous permettra, au contraire, de lui
appliquer le mot de Jeanne d'Arc à
son oriflamme Elle avait été à la
peine, il était bien juste qu'elle fût à
l'honneur! Oui, c'est à la république,
à la république modérée, 1 conserva-
trice, protectrice de tous les droits et
de toutes les libertés, que nous devons
les grands progrès que la France a ac-
complis depuis huif, ans, et dont l'Expo-
sition universelle vient donner au monde
l'éclatant témoignage. C'est à ce gou-
vernement de sagesse et de modéra-
tion, qui a su vaincre, sans aucune loi
d'exception les attaques violemment
injustes de ses adversaires; qui a pu
surmonter, sans cesser d'être libéral, les
plus grandes épreuves auxquelles au-
cun gouvernement ait été soumis qui
luttait il y a quelques mois encore,
avec une admirable discipline con-
tre la plus inqualifiable entreprise que
l'esprit de parti ait jamais inspirée
c'est à ce gouvernement d'ordre de
paix, ouvert à tous les dévouemens, dé-
daigneux des représailles, habile et éner-
gique au dedans, prudent et pacifique au
dehors, que revient la gloire du grand suc-
cès international auquel nous assistons.
Mais si la fête d'hier a été une fête répu-
blicaine, nous le répétons, elle n'a pas été
une fête de parti. Un calme admirable,
une gaîté tranquille ont régné partout.
Tous les quartiers ont été couverts de
drapeaux et d'illuminations. Les plus pe-
tites rues, les impasses à peine fréquen-
tées brillaient autant que les grands bou-
levards. On sentait que tout le monde
était uni dans une même pensée. Il n'y a
eu de provocation pour personne, et ceux
qui regretteraient cette magnifique èxpld;
sioix du sentiment populaire avôûéTâient
par là que l'esprit de faction a étouffé chez
eux l'esprit patriotique, et qu'ils ne peu-
vent voir la France heureuse et confiante
sans éprouver un de ces dépits honteux,
dont les âmes basses sont seules suscep-
tibles.
La France, en effet; â le droit d'être
fière d'elle-même et de laisser paraître sk
fierté. Après tant de revers, après tant de
critiques passionnées écoutées en silence',
après tant d'humiliations essuyées sans
colère, il lui est permis de relever la tête
et de dire aux étrangers « Vous savez
ce que nous étions devenus il y a huit
ans; Nous n'avions plus de gouverne*
ment, nos finances étaient détruites
notre industrie et notre commerce étaient
paralysés nos forces morales et mai
térielïes avaient reçu une atteinte ça
apparence mortelle. La plus criminelle
des insurrections succédant à la plus
désastreuse des guerres semblait nous
préparer un avenir d'anarchie perpé*
tuelle, triste prélude d'une conquête dé*
finitire Eh bien l en huit ans nous
nous sommes donné un gouvernement
aujourd'hui inébranlable nous àvbns
payé nos dettes et relevé à tel point
nos finances qu'elles paraissent plus
prospères que jamais. Pendant qu'on
parlait au dehors de notre irremé-
diable décadence nous travaillions
avec ardeur. Nos industriels, nos corn*
merçans,' nos artistes faisaient preuve
d'un zèle et d'une persévérance admi-
rables. Leurs œuvres sont sous vos
yeux, jugez-les Quant à la maladie révo-
lutionnaire sous laquelle on nous croyait
prêts à succomber, depuis huit ans On
n'en a plus revu un seul symptôme. Nous
avons eu à subir les plus coupables pro-
vocations sans que la plus petite tentative
de soulèvement se soit produite sur un
point quelconque du territoire. Voulez-
vous savoir maintenant si la paix n'est
que superficielle et si la moindre étincelle
risque d'allumer un incendie? regardez
nos rues, nos places et nos boulevards ils
sont encombrés d'une foule telle, que la
circulation en est devenue impossible, et
il n'y a pas un sergent de ville pour main-
tenir ces masses profondes, agitées et émues
par des sentimens chaleureux! Sous les
gouvernemens antérieurs, un encom-
brement semblable eût entraîné d'in-
évitables désordres. Aujourd'hui tout est
calme, pacifique, presque recueilli. Sont-
ce là les indices d'une décadence natio-
nale? Un peuple "qui a fait ce que nous
avons fait, qui a achevé en huit ans son
éducation politique, qui s'est relevé sans
bruit de la plus cruelle des chutes et qui
se présente aujourd'hui sans ostentation,
mais san3 fausse honte, avec le senti-
ment de ses fautes et des efforts qu'il a
tentés pour les réparer, à l'examen de l'é-
tranger, est-il un peuple perdu? » <
Cri. GABRIEL.
Le Congrès postal a été ouvert aujourd'hui
par M- Léon Say, ministre des finances.
La Chambre des Députés a, pour la tenue
du Congrès, mis à la disposition de l'admi-
nistration une partie du Palais-Bourbon, avec
une entrée par le petit jardin situé du côté du
boulevard Saint-Germain.
Des sièges en amphithéâtre ont été dispoi
sés dans la salle des conférences très élé-
gamment ornée pour la circonstance. Une
salle contiguë a été disposée pour les séances
des commissions. A l'entrée, un salon a été
préparé pour que les délégués puissent rece-
voir les personnes qui auraient à leur parler
au cours des séances de l'autre côté est in-
stallé un buffet.
Tous les Etats de l'Union postale sont re-
présentés par des délégués spéciaux ou par
les ministres résidant à Paris.
M. Léon Say, au nom du gouvernement
français, a souhaité la bienvenue aux délé-
gués il a constaté les heureux résultats de
l'Union postale et a félicité les Etats associés
à cette œuvre commune, de leur' persévé-
rance à poursuivre leur tâche. Il a déclaré le
Congrès ouvert et l'a invité à se constituer.
M. Kern, ministre de Suisse et doyen du
Congrès, a répondu au ministre des finances
et a proposé de décerner la présidence du
Congrès à la France, qui a pour représentans
MM. Cochery, sous-secrétaire d'Etat, et Bes-
nier, administrateur des postes.
En conséquence, M. Cochery a été proclamé
président, et M. Besnier, vice-président.
M. Cochery a pris place au fauteuil et à
ouvert la première séance qui a duré fort peu
de temps. Les commissions se sont ensuite
réunies pour examiner les propositions sou-
mises au Congrès par le bureau international
de Berne et par l'administration française qui
avaient été chargés en commun de préparer
l'ordre du jour des travaux.
Voici les paroles que M. le président
Grévy, interprète des sentimens de la
Chambre des Députés, a prononcées au-
jourd'hui, au commencement de la séance,
à propos de la cérémonie d'inauguration
de l'Exposition universelle
« Messieurs,
» Je cède au désir d'un grand nombre de mes
collègues, et je suis sûr d'être l'interprète du
sentiment de la Chambre, en exprimant publi-
quement la satisfaction et la profonde émotion
qu'elle a éprouvées au spectacle grandiose de
l'ouverture de l'Exposition universelle, émotion
causée surtout par la joie patriotique de voir la
France, à quelques années â peine de ses désas-
tres, trouver dans sa vitalité, dans sa puissance,
dans son génie, le moyen de convier si magnifl-'
quement le, monde entier à cette grande fête du
travail, du commerce et de l'industrie. (Applau-
dissemens prolongés.) »
WDRÉM S MAI
• 1878, I878d
ON S'ABONNE
«h Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
a. Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans les
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
«k aaoyen d'une valeur payable & Paris «a a«
Mandate-poste, soit internationaux, soit français
tn Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord 1
:̃ onez toits les directeurs dé postes { '̃̃
et dans tous les autres pays,
H* l'envoi d'une valeur payable à Puis» ,̃
:-f
̃ Les annonces sont nous
•»« Wm. Vauchey, LaflH* ft CV =
8, plaça de la Bourse, i
n in bureau du ~10>r~A~6_ ",i
•t»n bureau du JOCHNAULi
«Iles doivent toujours être agréées par la rédacttea.:
,̃ -> -̃̃̃̃ '̃ ̃ ̃' «h r » ̃? r 'î ,i..
TOiDiœW S MAI
e ~~190
Off S'ÀBOWNB
Wfl «es Pretres-3aint^iermain-l'Auxerrois, il
PttlX DE UiUBOWWBMHrr
bl,,¡, Uû an. Six niais» Trois èuM
WfiàrteàiénS. «0 fc lp't: to fr. f/t~ M fc,
Pam. 72 ff, 36 ft. M te.
Les abonnèmeiis partent des 1*" »U« d*
chaque mois.
~u,i; .I~~ M<~M*
̃ feéparieitiep», an «Éïttér©. ta eettt*
In i,oiBdos, apply to Cé*i* and G», Wrekà
newepapers ©fiée, Grôshâni Street, G. P; ».J
un. Oelïry. |fMM:i(0s ^toûh lane Cprjtaj*
•- -"̃& Culsondonj WM* *«̃• Smith et ̃•«»
486* Stacandt w. CLLondon.
tt l;cu~ellés A~i o~ ~pbbtiEttl, ~s; rae d it
Madeleine, 4ans le? kiosques et dans m *•
bHotbèqâes dés garèa Hè cnemins de fer «Kg bs«
~a~~ ~~i, ~t, Otë~. de ~or~ fi.
T^araisd (#li). «4»^- OWW L' T«^P'
''̃ "̃ ̃' ̃'̃' ̃"•'• .#T- .^ai^jiaaau
PO~,ITIQUES ET LITTÉIIAtIiES Il'
POLITIQUES ET LITTERAIRES
«rÈum & mai
jNoùs n'avons pas parlé depuis quelque
temps de la situation îuiîitâire de l'armée
itisSé en Orient, situation qui ne serait
pas sans danger 8i la guêtre vëûaifc
à éclater. î)u Prulh à San StëfânO,
les Russes occupent une ligne de 400
lieues de longueur, coupée en deux en-
droits, d'abord par le Danube, puis par les
Balkans. Le front dé l'armée s*étend
à son tour sur une double ligne dont l'une
ya des bouches du. Danube à Widdin, et
l'autre de San-Stefano a la vallée de ïjt
Hâùte-'Marava. Il faudrait certainement,
pour occuper un espace àUS3i vaste et
semé d'aussi nombreuses difficultés, une
armée formidable,
ces dont la Russie dispose, il est incon-
J,égtafete que solj armée, diminuée, fati-
guée, rongée par le typhus, enfin diéper*
lée cotiSme elle l'est aujourd'hui, présente
sur divers points une. faiblesse relative.
Les forces dont les Russes disposaient
lorsqu'ils ont entrepris leuf tûardhe auda-f
cieuse sur Constantinople étaient suffi-
santes POur celte entreprise parce que
leur but était un et bien défini, et aussi
parce qu'ils n'ont trouvé que des alliés
sur leurs ilânCS el sur lettre derrières. Oif
Çèttt se demander si leurs forces actuelles
suffisent à la situation qui se ptodùiiait
sans doute en cas de guerre»
L'armée roumaine se coinjtàsë à peu près
de 4 0,000 hommes elîè ne serait pas bien
terrible pour les Russes s'ils n'avaient pas
(l'autre ennemi, mais, dans lé cas contraire,
elle serait un grave embarra3i La Rou-
manie est admirablement placée pour
menacer et pour couper les communica-
tions des Russes avec leur base d'opéra-
lions; Ceux-ci le sénient bien, et ils oùt
féiiipijàjé trois corps d'armée à occuper
la principauté. L'armée roumaine, nïena-
céé du désarmement* s'est retirée derrière
i'Âlùta, dans la Petite Valaçhie. Si de la
inenâçe la Russie passe à 1 acte, et si
fâriàée roumaine est décidément impuis-
kante à se défendre, on annonce qu'elle
franchira la frontière autrichienne, aimant
mieux déposer ses armes eiitfe des mains
neutres que de lés livrer à l'ennemi. Mais
si la guefre éclaté avec l'Angleterre, il
est à croire que les Roumains prendront
'loUragè, resteront chez eux, refuseront
de se laisser désarmer et dépendront
pour l'armée russe Un danger manifeste.
». î)u cOté des turcs, les Russes ne sont
pas non plus complètement rassurés. Il est
f>ien vrai que le traité de San-Stefano
oblige la Porte à se montrer absolument
satisfaite de tout ce qui s'est passé, et à
foauifesler par1 toiis les moyens sa con-
fkfiùe dans son nouvel ami; mais qui ne
îait le peU de cas que l'on fait aujourd'hui
des traités? Il iï'est pas impossible que la
Porte ne soit qu'à moitié réjouie des der-
niers événemens et qu'elle né laisse voir
quelque chose de ce sentiment. Ainsi,
Je traité de Ban-Stefano l'obligeait à li-
Vrer aux Russes les fortÈresses du quâ-,
drilatère .et Batoum, et jusqu'ici ses gé-
néraux n'ont livré que Roustchouk et Si-
listrie ils conservent jusqu'à aouvel or-
dre Schoumla, Varna et Baloum, c'est-
à-dire les places les plus importâmes en
Europe et en Asie. Schoumla com-
înande les passages les plus faciles des
Balkans. Varna, située sur la mer Noire,
assure des communications par mer entre
la Bulgarie et Constantinople pour le cas
çù elles seraient interrompues par terre
on peut aller en quinze heures de Varna
au Bosphore. Batoum enfin est un port
Excellent, soit pour recevoir les troupes
envoyées d'Europe en Asie, soit podr en
envoyer d'Asie en Europe, ce qui est en
ce moment le plus utile et même tout à
lait urgent. On s'explique donc la lenteur
d'autant plus naturel que le traité de San-
Stefano, par une inadvertance assez sin-
gulière de la part des Russes, a oublié
de fixer un délai pour l'évacuation des
forteresses. Il tant ajouter que les Turcs
ont un prétexte dont ils usent habile-
ment. Nous avons déjà évacué deux pla-
ces, disent-ils; nous avons donc com-
inencé l'application du traité, et les
Russes ne nous ont pas encore rendu nos
prisonniers. C'est à leur tour à donner ou
plutôt à suivre l'exemple de l'observation
des traités. Cette attitude des Turcs ne
laisse pas d'être gênantè pour les Russes."
ils ont envoyé des troupes autour de
êchoumîa et de Varna, et ils somment ces
places d'ouvrirleurs portés; mais Fazli'Pa-
|ïia et Achmet-Kaiserli Pacha qui les com-
mandent leur échappent sans cesse par
imelque moyen dilatoire. Le flegme oriental
se se laisse pas facilement décontenancer.
âehmet-Kaiserli, l'ancien défenseur de
Jiousichouk, vieillard de quatre-vingt-un
«tas, poursuit avec les généraux russes
une conversation à bâtons rompus qui ne
manque pas d'originalité. Aux som-
fiiations des Russes il a répondu d'a-
bord qu'il n'avait pas d'ordres du Sé-
î-âskiérat. Les Russes ont invoqué le
fraité ils ont insisté pour enlrer à
Varna. Soit a dit Achmet-Kaiserli,
înais où irais-je moi-même avec mes
groupe?, car non seulement je n'ai pas
d'ordres, mais je n'ai aucun moyen de
transport-? Les Russes ont menacé,
mais en vain. U,s ont demandé alors qu'on
îéur cédât les ouvrages extérieurs, pro*
posant de laisser les Turcs dans les mUrs
de la place. Refus des généraux turcs,
H&uvellë insistance des généraux fus-
ses à quoi Aohmët-Kaiserli à répondu >
si l'on en ëroifc le Times Laissons-
ïà ces sottes conversations et par-
lons d'autre chose. Les dépêches
d'aujourd'hui nous annoncent pourtant
que les Russes continuent leurs revendi-
catioris, au risqué dé se livrer à un mono-
logue* Voilà pour l'Europe. Quant à TÀsie^
Batoum n'a pas l'air non plus très pressé
d'ouvrir ses portés, et, en attendant, les
LaEes, au nombre de 15,000 hommes, les
jiiêmes qui ont défendu là ville avec tant
de courage, se sont soulevés et montrent
les intentions les moins conciliantes.
Près de Constantinople, la situation des
Russes n'est pas beaucoup meilleure.
Nous avons dit qu'ils n'avaient pas enctire
rendu les prisonniers turcs il faut faire
prié exception, ils ont renvoyé Ûsnïànt
Pacha après l'avoir si bien reçu, traité et
fêté, qu'ils n'ont pas douté d'avoir fait la
conquête de ce coeur généreux. Mais
Osman, à peine arrivé à Constantinople,
a repris autour de la ville les travaux de
terrassement qui lui ont si bien réussi à
Plevna, et que l'on a comparés au
travail silencieux de la taupe. Il a tracé,
particulièrement du côté de San-Stefano,
Une nouvelle ligne dé fortifications. Les
Russes ont fait tous leurs efforts pour
le taire envoyer en Asie} ainsi que Mouk-
iar i^acha, mais ils n'y ont pas réussi.
L'âfmée turque à Gonstantinople compte,
d'après les évaluations lès plus modérées,
90,000 hommes qui ont fait la dernière
campagne, le plus grand nombre dans
l'armée du Lom, troupe exercée qui a été
réorganisée à l'européenne, et dont l'es-
prit est éxcellehti On estime qu'en cas
dé guerre lès Turcs sont dès aujourd'hui
à même, de défendre Gonstantinople jus-
qu'à l'arrivée des Anglais. Le grarid-
duc Nicolas est parti par Odess,a pour.
Saint-Pétersbourg, laissant sa succes-
sion aU gériéfal Totleben, soit qu'on ait
trouvé compromettant pour un grand-duc
de faire deë concessions si l'on est résigné
à en faire, soit, ce qui est plus probable,
qu'on ait voulu donner à l'action mili-
taire une impulsion plus énergique. Le
général Totlëben considère, dit-on, comme
une faute l'occupation de San-Stefano
mieux aurait valu, d'après lui, rester
dans les lignes de Tchekmedjé-Tchataldja-
Derkps qui avaient d'ailleurs été fixées
par l'armistice. Le soulèvement qui s'est
produit dans tes montagnes de Rho-
dope et qui gagne tous les jours du
terrain a rendu cette faute plus mani-
feste. Les insurgés ne sont pas- seule-
ment les malheureux Bulgares musul-
mans, les Pomaks, exaspérés par les
cruautés des Bulgares chrétiens et par
les abus de l'administration russe et obli-
gés de combattre pour la vie. Ces Bulga-
res ont trouvé un appui précieux dans les
débris de l'armée de Suleiman Pacha. On
se rappelle que cette armée a disparu en
quelque sorte dans la direction de Sa-
lonique une partie s'était réfugiée
dans les montagnes avec ses armes
et ses munitions et: l'on distingue
déjà, dans les mouvemens des insurgés,
un plan militaire qui se dessine. L'in-
surrection occupe la région au nord des
monts Rhodope et s'étend vers Philippopoli
eiTatar-Bazardjik. Les insurgés cherchent
à occuper les défilés importans d'Hermanli,
et surtout ceux qui se trouvent entre Ich-
tirnan et Tatar-Bazardjik. On voit donc
que, de ce côté encore, la situation n'est
pas sans périL Que fera le général Totle-
ben ? Il lui est bien difficile de rester où
il est, et il prendra sans doute le parti de
reculer jusqu'à Andrinople, ou de mar-
cher sur Constantinople. Dans ce dernier
cas, il n'est pas douteux que les Anglais
forceraient le Bosphore et que les
hostilités se trouveraient engagées. On ad-
met généralement que les Anglais éprou-
veraient peu de difficultés à passer le
Bosphore, mais qu'ensuite leurs commu-
nications avec la mer de Marmara pour-
raient être coupées. Pour obvier à cet in-
convénient, les Anglais s'occupent déjà
à tracer un chemin de fer entre Ismidt et
la mer Noire, et ils étudient même le plan
d'un canal qui réuniraitla baie d'Ismidt
au petit fleuve Zakaria qui se jette dans
cette mer. L'entreprise est, paraît-il,
d'une exécution aisée et demanderait peu
de temps.
On voit par ces détails que la situation
des Russes laisse beaucoup à désirer au
point de vue de la sécurité. Il faut ajouter
que le typhus fait dans leur armée de ter-
ribles ravages il enlève environ 10,000
hommes par mois. Les chevaux, dont on
a fait une effrayante consommation pour
le passage des Balkans, sont très diffi-
ciles à remplacer. Le matériel des che-
mins de fer est presque détruit par l'u-
sage exagéré qu'on en a fait. Nous nous
demandons comment les Russes sortiront
de l'impasse où il aurait été si sage et si
simple pour eux de ne pas entrer..
Nous publions plus loin le remarquable
discours prononcé mardi dernier à Brad-
ford par M. Gathorne Hardy, le nouveau
secrétaire d'Etat pour l'Inde. Ce magni-
fique exposé de la politique du cabinet de
Londres dans la question d'Orient se passe
de tout commentaire, et nous n'avons qu'à
le signaler- à l'attention de nos lecteurs. Ils
^jûjôy^ppés, comme nous, de l'élévation
dfe&iiiès et de l'accent particulier d'honnê-
teté qui pénètrent ce morceau oratoire, et
ressentiront une véritable satisfaction mo- i
raie en le lisant. 1
BOUtlSK DE PARÏS
CIô4îi*«S ié 1«- \è 2 Jtàùèëë. Û'âiaiè
S «/«
domptant. 73 il- 72 50 :U 80
Fin cour 72 77 1 2 72 80 i}< « M • t. 27 1 2
« 1/» O/O ••
Comptant 102 50 1Q2 tô-it* .(̃
8 O.'O
Comptant l<-8 50 108 43 .5
Fin côar': 108 80 J. 108 42 12 7, 1 2
PBTITB BOTJRSK DU SOI».
Emprunt 5 Ô/0. Ï08 fr. 55, 51 1/f, 86.
S 0/0 turc 7 fr. 95.
Egyptiennes 6 0/0.. 165 fr, 62 ,1/2, $5, .163 62.
Nous recevons de notre correspondant par-
ticulier là dépêche suivante
« Vienne, le 2 mai, soir.
» Le cabinet de Saint-Pétersbourg repris
les négociations directes avec Londres. On
ne désespère pas encore ici qu'une entente
puisse se faire.
» Les pourparlers avec la Porte au sujet
des réfugiés durent toujours. L'occupation de
la Bosnie, si les choses en viennent à ce
ce point, ne s'effectuera pas sans l'assenti-
ment de la Turquie et ne pourra donc pas
être considérée comme une concession à la
politique de Saint-Pétersbourg. Du reste, le
courant russe à Vienne est sensiblement af-
faibli. »
Télégraphie privée»
(Service télégraphique de l'agencé Hâvàs.)
Saint-Pétersbourg, le"2mai.
Le Journal de Saint-Pétersbourg, à l'occasion
du discours de M. Gathorne Hardy à Bradford,
attaque vivement la politique du cabinet anglais
qu'il accuse d'inconséquence et de contradiction,
puisque, tout en se réclamant du traité de 1856,
elle le viole la première en envoyant la flotte an-
glaise dans les eaux de Constantinople.
Le Journal de Saint-Péiersbourg s'attache à
démontrer que la Russie a le droit de se consi-
dérer comme déliée d'engagemens vingt fois vio-
lé s par les autres, et il trouve que rappeler ces
traités après que les événemens ont amené une
nouvelle situation et créé à la Russie de nou-
veaux droits, c'est sortir des bornes de la raison.
La Russie est la première à désirer un Congrès
que l'Angleterre est la seule à empêcher.
'Vienne, le 1" mai, soir.
On mande dé Constantinople à la Correspon-
dance politique que le général Totleben a récem-
ment insiste auprès de la Porte pour que les
places de Chounila, de Varna et de Batoum fus-
sent immédiatement évacuées. Dans le cas où la
Porte céderait sans retard à cette exigence, le gé-
néral Totleben laisserait entrevoir la perspective
de la retraite des Russes jusqu'aux lignes forti-
fiées de Tchekm,edjé-Tchataldja-Derkos.
Le corps diplomatique tout entier a fait une
démarche auprès de la Porte pour qu'il soit remé-
dié aux inconvéniens que cause, au point de vue
sanitaire, l'accumulation des fugitifs dans la ca-
pitale. Sadyk Pacha a promis de prendre des
mesures.
La Correspondance politique publie aussi une
dépêche de Bucharest, disant
« Le gouvernement roumain a fait constater
que 50,000 Russes se trouvent actuellement en
Roumanie. De nouvelles troupes s'apprêtent à
entrer dans la principauté.
» La diplomatie russe continue ses efforts en vue
d'amener le gouvernement roumain à conclure
une nouvelle convention. »
Vienne, le 2 mai.
Le Tagblatt publie, dans son édition du soir,
les lignes suivantes
« Des renseignemens authentiques donnent lieu
de considérer comme tout à fait certain que la
Russie concentre une armée près de Bucharest et
sur la frontière de Transylvanie. I^e gouverne.
ment austro-hongrois est donc forcé, malgré les
relations amicales qu'il entretient avec le cabinet
de Saint-Pétersbourg, de prendre des mesures de
précaution au point de vue militaire. Aussi an-
nonce-t-on dans les cercles bien informés que
le gouvernement de Vienne examine sérieuse-
ment en ce moment la question de savoir s'il ne
doit pas concentrer une armée sur la frontière de
Transylvanie. » Vienne, le 2 mai.
•
La Correspondance politique publie une lettre
de son correspondant a Saint-Pétersbourg. datée
du 28 avril, dans laquelle on lit
« Ce matin il y a eu, sous la présidence de
l'empereur, un grand conseil des ministres dans
lequel, à ce qu'on assure, il a été pris des résolu-
tions importantes. Immédiatement après la
séance du conseil, des dépêches ont été en-
voyées à Vienne et à Londres. On donne pour
à peu près certain que les résolutions adoptées
sont d'une nature pacifique et conciliante. »
La Correspondance politique fait à ce sujet
les remarques suivantes
« Nous apprenons en effet que le cabinet de
Saint-Pétersbourg a pris l'initiative de nouvelles
négociations avec le cabinet de Londres au sujet
de la question de la réunion d'un Congrès, négo-
ciations qui, d'après ce qu'on croit, s'appuieraient
sur des concessions plus larges de la part du
gouvernement russe. »
Vienne, le 2 mai.
Suivant une dépêche d'Athènes du 2, adressée
à la Correspondance politique, les consuls anglais
Merlin et Blunt sont arrivés à Karditza et ont
déclaré aux chefs des insurgés de la Thes-
salie que l'Angleterre verrait avec satisfaction
l'insurrection cesser au moyen de la médiation
de l'Angleterre qui, dans ce cas, prendrait fait et
cause pour la Grèce. Par suite de cette interven-
tion, on s'attend à un arrangement pacifique.
Par contre, les nouvelles de Crète sont moins
bonnes; la lutte y continue toujours.
Londres, le 2 mai.
Le Times publie la dépèche suivante
Saint-Pétersbourg. le l" Des pourparlers ont
été repris entre Londres et Saint-Pétersbourg
par l'intermédiaire de Berlin mais on ne sait
rien relativement au progrès des négociations.
Le bruit court que la Russie a envoyé un ulti-
matum à la Porte, demandant l'évacuation de
Choumla et de Varna dans un certain délai.
On télégraphie de. Berlin au Daily Telegraph
que l'Angleterre ne fait aucune objection à l'oc-
cupation de la Bosnie et de l'Herzégovine par
l'Autriche.
Le même télégramme dément la nouvelle que
l'accord serait fait entre la Russie et l'Autriche.
On télégraphie de Vienne au même journal
« Une dépêche de Saint-Pétersbourg annonce
la publication d'un ukase impérial ordonnant la
formation de 48 nouveaux bataillons à ajouter
aux 48 autres dont la formation a été ordonnée
il y a une quinzaine de jours.
» Trois brigades dîarlillerie, formant un total
de 144 canons, sont également en voie d'organi-
sation. »
• Preston^ le Ie* mai, soir.
M. Cross, ministre de l'intérieur, a inauguré
aujourd'hui! le nouveau Club conservateur de
cette ville. De nombreux membres du Parlement
assistaient à la cérémonie.
Dans son discours, M. Cross a dit que le gou-
vernement avait agi avec le plus sincère et le
plus constant désir de maintenir la paix en Eu-
rope, et de défendre l'honneur et l'intégrité de
l'empire.
Un banquet a eu lieu dans la soirée. M. Cross
y a prononcé un second discours dans lequel il a
nié énergiquement que le gouvernement ait en-
couragé la Turquie du ait été animé d'un esprit
belliqueux. Tout ce que l'Angleterre fait actuel-
lement a pour but de maintenir les droits des
traités.
L'orateur a insisté sur le maintien de la décla-
ration de 1871; il a constaté que tous les gouver-
nemens ont apprécié avec justesse la circulaire
du marquis de Salisbury.
« Le gouvernement, a dit le ministre, ne pour-
suit pas une politique d'isolement au contraire,
il tâche d'amener l'accord entre les puissances.
Mais à quoi bon réunir les puissances en conseil,
si le traité qu'elles signeront peut être déchiré
par un des signataires ? »
M. Cross a déclaré que la guerre ne sera
provoquée paraucun acte de l'Angleterre. Il a
démontré que les demandes anglaises ne sont
pas une humiliation pour la Russie. « Le traité de
San-Stefano. a-t-il ajouté, doit être considéré
dans' son ensemble tel ou tel article peut être
innocent et l'ensemble pernicieux; Toute modifi-
cation aux traités actuels doit résulter de la Con-
férence libre, ouverte, de tous les signataires. »
L'orateur a reproché aux libéraux d'avoir sou-
dainement témoigné une affection incômpréheili
siblé pour la Russie et pour ses institutions.
« A la Conférence, a dit le ministre en termi-
nant, nous saurons convaincre l'Europe et le
monde, et probablement la Russie elle-même,
que le traité de San-Stefano doit être modifié. Il
faut donc qu'il soit déposé sur la table de la
Conférence pour être examiné. Nous le traiterons
loyalement; nous admettons des modifications
aux traités antérieurs, mais nous avons le droit
de discuter ces modifications. »
Constantinople, le l" mai.
La situation des réfugiés devient très critique,
les ressources des comités de secours étant pres-
que épuisées.
•'̃̃ `° Athènes, le 1" mai.
Les négociations entamées entre la Grèce et
l'Angleterre pour la conclusion d'un armistice
entre les provinces grecques révoltées et la Tur-
quie se poursuivent.
La Grèce a demandé à l'Angleterre de s'enten-
dre avec elle pour régler sa conduite future.
Vienne, le 2 mai.
La Gazette officielle d'Autriche publié Un ordre
défendant l'exportation des torpilles.
Bombay, le 2 mai.
Un second détachement composé de troupes
indigènes s'est embarqué aujourd'hui pouf
Malte.
Odessa, le 1er mai.
Le grand-duc Nicolas est arrivé aujourd'hui. Il
esj. reparti presque aussitôt pour Saint-Péters-
bourg.
Le Moniing Post publie un télégramme de
Berlin, d'après lequel le gouvernement russe se-
rait entré en pourparlers avec les Compagnies des
chemins de fer prussiens, à l'effet de conclure un
arrangement en vertu duquel les chemins de fer
et les ports prussiens seraient à la disposition du
commerce russe dans le cas d'un blocus de là
Baltique par une flotte anglaise.
L'impression que la journée d'hier a
produite sur tous ceux qui connaissent
depuis longtemps Paris est une impres-
sion de surprise autant que de joie. Nous
n'avions jamais assisté à un pareil spec-
tacle, et les plus âgés sont obligés de
rappeler leurs plus vieux souvenirs pour
y retrouver une manifestation aussi spon-
tanée, aussi unanime, aussi éclatante du
sentiment populaire. L'Exposition univer-
selle a été préparée dans une sorte de si-
lence, au milieu des sourdes critiques des
uns et des espérances timides des autres.
Si satisfaisant que soit en ce moment
l'état intérieur de notre pays les
agitations du dehors sont trop vi-
ves pour qu'une vague appréhension
n'ait pas combattu jrsqu'à la dernière
heure la confiance qui s'était glissée
et qui subsistait dans les cœurs. Ce qui
est certain, c'est que personne ne son-
geait, il y a quelques jours à peine, à la
grande fête dont nous venons d'être té-
moins. Aucun préparatif n'avait été fait,
aucune mesure n'avait été prise pour
donner à l'ouverture de l'Exposition uni-
verselle de 1878 le caractère d'une im-
mense démonstration nationale et pacifi-
que. On peut dire sans exagération que
l'idée en est subitement sortie des entrail-
les mêmes de Paris. Il a suffi d'un projet
lancé par quelques journaux et d'une dé-
cision du conseil municipal, pour qu'une
sorte de commotion électrique parcourût
à l'instant la ville entière et y produisît
une véritable explosion patriotique. On a
parlé de mot d'ordre, d'invitations mena-
çantes adressées par des meneurs au
commerce parisien. Ceux qui hasardent
de semblables insinuations ne savent-ils
pas, par une expérience personnelle, com-
bien les mots d'ordre et les invitations
menaçantes sont incapables de pro-
duire de tels effets? Ont-ils oublié ce
qu'étaient, sous l'Empire, les fêtes du
15 août? Non, il n'a pas été nécessaire
de, soulever par des moyens subreptices
l'enthousiasme populaire; il n'a pas été
nécessaire de créer des sentimens facti-
ces pour les faire éclater en manifesta-
tions trompeuses. Comme l'a très bien dit
M. Grévy dans un discours que tous les
groupes de la Chambre ont applaudi, l'âme
et le cçeur de Paris ont été profondément
secoués par une grande pensée nationale,
et c'est ce qui fait qu'en deux jours, sans
plan déterminé, sans injonction d'aucune
sorte, sans préméditation, sans apprêt,
toutes nos maisons se sont couvertes de
drapeaux, toutes nos fenêtres de lampions,
toutes nos rues d'une foule avide de parti-
ciper à la première manifestation du relè-
vement de la France par la sagesse, par le
travail et par la paix!
Nous rencontrons sans cesse des per-
sonnes qui redoutent, qui détestent même
les Têtes populaires. C'est un sentiment
dont il n'est pas difficile de retrouver
les causes, et d'expliquer l'origiBe. Les
fêtes populaires ont presque toujours
été chez nous des fêtes de parti.
Il faudrait remonter jusqu'aux jours
d'illusion généreuse qui précédèrent
lés fautes et les malheurs de la
Révolution pour rencontrer un exemple
de démonstration réellement nationale,
c'est-à-dire de démonstration où personne
pût se sentir blessé par la joie publique.
Malgré la gloire incomparable qu'elles
versaient sur notre pays, les victoires du
premier Empire lui coûtaient trop cher et
lui annonçaient un stVenif trop rempli
d'incertitudes pour qu'il pût y applaudir
avec cette ardeur confiante sans laquelle
il n'y a pas de véritable satisfaction. La
Restauration n'a connu que des fêtes par-
tielles, dans lesquelles la moitié de là
France semblait chercher plutôt l'occasion
de braver l'autre que celle d'exprimer avec
éclat ses propres sentimens. Bi brillantes
que fussent lès fêtés royalistes, si enthôu--
siaste que parût l'accueil fait à Charles X
dans son voyage de l'Est, on sentait flotter
au milieu dés fleurs, des oriflammes, des
lampions, des guirlandes de jeunes filles
venant entourer la voiture d'un roi-gen-
tilhomme, nous ne savons quelles som-
bres appréhensions, tristes présages des
catastrophes prochaines Les libéraux,
d'ailleurs avaient aussi leurs fêtes
tout prétexte leur était bon pour faire
retentir dans les rues et sur les places
leur cri de guerre contre un pou-
voir détesté, et l'on se rappelle sans doute
combien de fois le bruit grondant d'une
insurrection accompagna un cercueil
jusqu'au champ du repos. Enfin une
révolution légitime dans son principe,
mais dont les dernières conséquences ne
devaient pas être heureuses, emporta le
trône des Bourbons. Certes, les journées
de Juillet avaient été assez glorieuses
pour qu'on en célébrât tous les ans l'im-
mortel souvenir. Mais elles avaient laissé
dans les masses un vague instinct de ré-
volte dont ceux pour lesquels une mo-
narchie libérale et parlementaire avait
comblé toutes les espérances ne pou-
vaient manquer de se sentir attristés.
Nous ne parlerons pas des fêtes peu sé-
rieuses et bientôt suspendues par les san-
glantes journées de juin* qui suivirent là
révolution de 1848. Nous ne parlerons pas
non plus des fêtes factices de l'Empire. Le
malaise était général dans ces manifesta-
tions bruyantes qui dissimulaient mal
un péril, hélas trop rapproché. Quel
est le Français clairvoyant qui, pendant
les fêtes de l'Exposition universelle dé
1867, au lendemain de Sadowa, n'a pas
senti son âme envahie par de sombres
pressentimens que l'éclat des cortéges
royaux et le bruit des cérémonies offi-
cielles ne parvenaient pas à dissiper?
Nous comprenons sans peine que ceux
qui ont assisté aux fêtes politiques dont
notre siècle a été rempli ne puissent se
défendre d'un sentiment de crainte et d'in-
crédulité lorsqu'on leur parle d'une fête
vraiment nationale vraiment patriotique,
uniquement française. Et pourtant le
spectacle que Paris a donné hier devrait
dissiper leurs appréhensions et leurs crain-
tes. C'est la première fois peut-être depuis
trop longtemps que la population pari-
sienne s'est levée tout entière sous l'impul-
sion d'un même sentiment. Il n'y avait
plus de partis, dans nos rues et sur nos
places il n'y avait que des Français
heureux et fiers de voir leur pays, écrasé
il y a huit ans sous les plus grandes ca-
tastrophes qu'un peuple ait jamais subies,
donner si rapidement une telle preuve de
son impérissable énergie. Nous ne vou-
lons point dire que la république ne
lût pour rien dans là satisfaction générale.
On nous permettra, au contraire, de lui
appliquer le mot de Jeanne d'Arc à
son oriflamme Elle avait été à la
peine, il était bien juste qu'elle fût à
l'honneur! Oui, c'est à la république,
à la république modérée, 1 conserva-
trice, protectrice de tous les droits et
de toutes les libertés, que nous devons
les grands progrès que la France a ac-
complis depuis huif, ans, et dont l'Expo-
sition universelle vient donner au monde
l'éclatant témoignage. C'est à ce gou-
vernement de sagesse et de modéra-
tion, qui a su vaincre, sans aucune loi
d'exception les attaques violemment
injustes de ses adversaires; qui a pu
surmonter, sans cesser d'être libéral, les
plus grandes épreuves auxquelles au-
cun gouvernement ait été soumis qui
luttait il y a quelques mois encore,
avec une admirable discipline con-
tre la plus inqualifiable entreprise que
l'esprit de parti ait jamais inspirée
c'est à ce gouvernement d'ordre de
paix, ouvert à tous les dévouemens, dé-
daigneux des représailles, habile et éner-
gique au dedans, prudent et pacifique au
dehors, que revient la gloire du grand suc-
cès international auquel nous assistons.
Mais si la fête d'hier a été une fête répu-
blicaine, nous le répétons, elle n'a pas été
une fête de parti. Un calme admirable,
une gaîté tranquille ont régné partout.
Tous les quartiers ont été couverts de
drapeaux et d'illuminations. Les plus pe-
tites rues, les impasses à peine fréquen-
tées brillaient autant que les grands bou-
levards. On sentait que tout le monde
était uni dans une même pensée. Il n'y a
eu de provocation pour personne, et ceux
qui regretteraient cette magnifique èxpld;
sioix du sentiment populaire avôûéTâient
par là que l'esprit de faction a étouffé chez
eux l'esprit patriotique, et qu'ils ne peu-
vent voir la France heureuse et confiante
sans éprouver un de ces dépits honteux,
dont les âmes basses sont seules suscep-
tibles.
La France, en effet; â le droit d'être
fière d'elle-même et de laisser paraître sk
fierté. Après tant de revers, après tant de
critiques passionnées écoutées en silence',
après tant d'humiliations essuyées sans
colère, il lui est permis de relever la tête
et de dire aux étrangers « Vous savez
ce que nous étions devenus il y a huit
ans; Nous n'avions plus de gouverne*
ment, nos finances étaient détruites
notre industrie et notre commerce étaient
paralysés nos forces morales et mai
térielïes avaient reçu une atteinte ça
apparence mortelle. La plus criminelle
des insurrections succédant à la plus
désastreuse des guerres semblait nous
préparer un avenir d'anarchie perpé*
tuelle, triste prélude d'une conquête dé*
finitire Eh bien l en huit ans nous
nous sommes donné un gouvernement
aujourd'hui inébranlable nous àvbns
payé nos dettes et relevé à tel point
nos finances qu'elles paraissent plus
prospères que jamais. Pendant qu'on
parlait au dehors de notre irremé-
diable décadence nous travaillions
avec ardeur. Nos industriels, nos corn*
merçans,' nos artistes faisaient preuve
d'un zèle et d'une persévérance admi-
rables. Leurs œuvres sont sous vos
yeux, jugez-les Quant à la maladie révo-
lutionnaire sous laquelle on nous croyait
prêts à succomber, depuis huit ans On
n'en a plus revu un seul symptôme. Nous
avons eu à subir les plus coupables pro-
vocations sans que la plus petite tentative
de soulèvement se soit produite sur un
point quelconque du territoire. Voulez-
vous savoir maintenant si la paix n'est
que superficielle et si la moindre étincelle
risque d'allumer un incendie? regardez
nos rues, nos places et nos boulevards ils
sont encombrés d'une foule telle, que la
circulation en est devenue impossible, et
il n'y a pas un sergent de ville pour main-
tenir ces masses profondes, agitées et émues
par des sentimens chaleureux! Sous les
gouvernemens antérieurs, un encom-
brement semblable eût entraîné d'in-
évitables désordres. Aujourd'hui tout est
calme, pacifique, presque recueilli. Sont-
ce là les indices d'une décadence natio-
nale? Un peuple "qui a fait ce que nous
avons fait, qui a achevé en huit ans son
éducation politique, qui s'est relevé sans
bruit de la plus cruelle des chutes et qui
se présente aujourd'hui sans ostentation,
mais san3 fausse honte, avec le senti-
ment de ses fautes et des efforts qu'il a
tentés pour les réparer, à l'examen de l'é-
tranger, est-il un peuple perdu? » <
Cri. GABRIEL.
Le Congrès postal a été ouvert aujourd'hui
par M- Léon Say, ministre des finances.
La Chambre des Députés a, pour la tenue
du Congrès, mis à la disposition de l'admi-
nistration une partie du Palais-Bourbon, avec
une entrée par le petit jardin situé du côté du
boulevard Saint-Germain.
Des sièges en amphithéâtre ont été dispoi
sés dans la salle des conférences très élé-
gamment ornée pour la circonstance. Une
salle contiguë a été disposée pour les séances
des commissions. A l'entrée, un salon a été
préparé pour que les délégués puissent rece-
voir les personnes qui auraient à leur parler
au cours des séances de l'autre côté est in-
stallé un buffet.
Tous les Etats de l'Union postale sont re-
présentés par des délégués spéciaux ou par
les ministres résidant à Paris.
M. Léon Say, au nom du gouvernement
français, a souhaité la bienvenue aux délé-
gués il a constaté les heureux résultats de
l'Union postale et a félicité les Etats associés
à cette œuvre commune, de leur' persévé-
rance à poursuivre leur tâche. Il a déclaré le
Congrès ouvert et l'a invité à se constituer.
M. Kern, ministre de Suisse et doyen du
Congrès, a répondu au ministre des finances
et a proposé de décerner la présidence du
Congrès à la France, qui a pour représentans
MM. Cochery, sous-secrétaire d'Etat, et Bes-
nier, administrateur des postes.
En conséquence, M. Cochery a été proclamé
président, et M. Besnier, vice-président.
M. Cochery a pris place au fauteuil et à
ouvert la première séance qui a duré fort peu
de temps. Les commissions se sont ensuite
réunies pour examiner les propositions sou-
mises au Congrès par le bureau international
de Berne et par l'administration française qui
avaient été chargés en commun de préparer
l'ordre du jour des travaux.
Voici les paroles que M. le président
Grévy, interprète des sentimens de la
Chambre des Députés, a prononcées au-
jourd'hui, au commencement de la séance,
à propos de la cérémonie d'inauguration
de l'Exposition universelle
« Messieurs,
» Je cède au désir d'un grand nombre de mes
collègues, et je suis sûr d'être l'interprète du
sentiment de la Chambre, en exprimant publi-
quement la satisfaction et la profonde émotion
qu'elle a éprouvées au spectacle grandiose de
l'ouverture de l'Exposition universelle, émotion
causée surtout par la joie patriotique de voir la
France, à quelques années â peine de ses désas-
tres, trouver dans sa vitalité, dans sa puissance,
dans son génie, le moyen de convier si magnifl-'
quement le, monde entier à cette grande fête du
travail, du commerce et de l'industrie. (Applau-
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