Titre : Le Pays de Retz : journal des communes et des mutualités de l'arrondissement de Paimboeuf, du Canton de Machecoul et des communes limitrophes, paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Chauvé)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paimboeuf)
Date d'édition : 1904-01-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32834456b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 janvier 1904 24 janvier 1904
Description : 1904/01/24 (N53). 1904/01/24 (N53).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4586951g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87460
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/02/2018
DEUXIÈME ANNÉE. — N° 53
6£ S
5 Celtismes
DIMANCHE 24 JANVIER 1
Journal des Communes de Varrondissement de Paimhœuf, et des cantons de Bouaye , Legfé, Machecoul et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu
PARAISSANT LE DIMANCHE
â»)îfilX DE L’ABOWllEiîaEilT :
fLoire-Saférlenrjp et,,départements limitrophes: SLA me» , S Fr. »>*
Autres départéukeuts — 4
BÎJREAIJX î à *3. SSBOTBOSi,
A CHAUVE (Laire-Infré)
Ce Journal reçoit les annonces légales.
pa&ix sêes askaivces <
Cégaîes eî judiciaires La ligne : O Fr. £5
4“ page — « 30
3 e page — O 50
Chronique — 1 » »,
ôaaaiauüw^aacaaraiMreCTraBgâBsagâimiKaBnaM»^^ asaasa^ijBàaaaawKaBiflagMiBBaga^^
LES PITRIOTARDS
Connaissez-vous rien de plus
suggestif que cette affaire de Pab-
bé Delsor, que Ton a expulsé de
Lunéville, où la bande nationa
liste Pavait appelé pour monter
un chahut contre le gouverne
ment français ?
Cet abbé Delsor est député au
Reichstag d’Allemagne. Malgré
sa qualité d’Alsacien-Lorraihf
c’est le plat adulateur de l’empe
reur Guillaume.
La presse réactionnaire, men
teuse, comme à son ordinaire et
pour laquelle tous les moyens
sont bons, l’avait représenté com
me député protestataire au Rei
chstag. Or il est aujourd’hui avé
ré qu’il a conseillé maintes fois
aux Alsaciens de se rallier sin
cèrement à l’Allemagne, et qu’il
fait partie du centre catholique
allemand.
C’est son droit. Mais c’est le
nôtre aussi de mépriser cet an
cien Français devenu Prussien
de fait et de cœur, quand il lui était
toujours loisible comme tant
d’autres d’opter pour la France;
qui n’a que des flatteries pour
l’empereur Guillaume et que des
injures pour le gouvernement
français. AL Combes a bien fait
de le renvoyer planter ses choux
de l’autre côté de là frontière.
T ° U • ■ -« f» . T •
X \ yj U.,- ..JU».'
si, par-un malheur qui n’est pas
près d’arriver, le reste delà France
était encore conquis par l’Alle
magne, ce sont nos bons nationa
listes qui entonneraient les pre
miers les louanges du vainqueur.
A Coblentz, les pifriotards !
J. B.
Nos Prétendants
—o—
D’après le journal LAllgemeine
Zeitung, le duc d’Orléans, fils du
comte'de Paris, aspirant au trône
royal de France, serait en train de
divorcer avec l’archiduchesse Marie
Dorothée, son épouse.
La cause serait, non pas qu’il n’a
pas d’enfants, mais le duc est vo
lage, amoureux d’une jeune prin
cesse, et veut l’épouser.
De plus le duc s’était adressé au
pape Léon XIII pour obtenir la nul
lité de son mariage ; de nouveau il
s’est adressé à Pie X. Au dernier
moment son entourage, ses amis
politiques auraient agi auprès de
lui, et il aurait retiré sa demande.
Le ménage royale présente peu
d’harmonie, comme on le voit. Je
crois que La Gamelle imite un peu
son ancêtre Henri IV, il court la
prétentaine.
Une aventure, qui n’a pas fait
sourire la duchesse Dorothée est
celle-ci : Le duc, en compagnie d’u
ne chanteuse d’opérette Pcohpudor ,
aurait eu un accident d’auto; dans
ce cas, il n’aurait pas hésité à la
faire passer pour sa femme, et mê
me à lui taire signer dans ce nom,
le procès-verbal d’accident.
Un journal nantais bien pensant,
royaliste convaincu, disait de lui
dans un de ses précédents numéros:
« Sa conduite et son langage sont
« .de sûrs garants pour l’avenir. Il
« est catholique sincère et prati-
« quant. » Je croyais que l’église
catholique n’admettait pas le divor
ce, ô temporal ô mores!
Ce journal traitait le prince Jérô
me Napoléon de libre-penseur, de
Fils de iranc-maçon, vivant marita
lement hors des lois du mariage, et
peutrètre lui aussi franc-maçon. En
voijàv des prétendants! Pauvre Fran
ce, un débauché-, un divorcé de de
main, veut être* ton roi; un franc-
maçon ton, empereur!
Ce pauvre journal n’a pas eu de
chance, il a été vertement répri
mandé, pour avoir insulté le repré
sentant des Bonaparte, il a reçu
une leçon dont il se souviendra long
temps, aussi a-t-il juré de ne plus
recommencer et même de répondre.
\ o-.vi oc qo on diSait du uucet do sa
famille :
« L’arrière grand’père du duc
d’Orléans, Philippe-Egalité ne man
geait pas de saucisson le Vendredi
saint, mais il guillotinait Louis XVI.
Le grand’père Louis-Philippe volait
la couronne royale au comte de
Chambord; plus tard le Comte de
Paris empêchait Henri V de monter
sur le trône.
Comme excuses, le bon journal
avoue qu’il y a du brouille dans la
famille royale, mais que tout est
arrangé. Mais tout ceci n’empêche
pas que nous avons deux préten
dants qui se valent:
1° Jérôme, libre-penseur, peut-
être franc-maçon comme son père
qui mangeait du saucisson le Ven
dredi-saint, et vivant maritalement.
2o Le duc d’Orléans, bien marié
avec Dorothée dont il veut divorcer,
noceur, aimant faire la cour aux
chanteuses d’opérette. Voilà nos
prétendants, qui rêvent de renver
ser la République!!!
Sempre.
Lhopjieau
— O—
Une grève au catholique pays de Retz
Vénérables ancêtres, vos cendres doivent
frémir si vous avez connaissance de ia con
duite de vos misérables descendants,
La terrible grève s’étend de proche en
proche et les paroisses sont à la veille de
bien grandes catastrophes.
C’est à n’y pas croire! Après Saint-Jean-
de.-Boiseau qui n’a plus de marguilliers,
voici que la contagion gagne la paroisse de
Brains.
A Saint-Jean il n’y aura plus de 'messes
pour les fidèles trépassés, le vendredi , puis
qu'il n’y a plus do matguiLX es pour quocor.
x-Z Au: xiKvi.h X dé .. . É ) ' n. j #
pain bénit, plus de quêtes, etc.
On cite encore une troisième paroisse du
canton du Pellerin qui serait dépourvue de
ces zèles serviteurs.
Dans quel temps vivons-nous grand
Dieu ! et dire que ce sont les défunts qui
paieront en souffrancës la paresse des vi
vants !
PAÎMBŒUF
Etal-cieil du S au 15 janvier
PUBLICATIONS DE MARIAGES
Jules-Louis-François Le Dôan, préposé
des Douanes, à Saint-Brévin-les-Pins, et
prêdédemment à Nantes, avec Marie-Reine-
Virginie-Adélaïde Lebrun,tailleuse,à Paim-
bæuf.
DÉCÈS
Noël-Pierre-Jean-Josepli-Marie Cossu, 1
mois, route de Nantes, 5.
Julienne Martin, journalière, 91 ans, rue
de l’Hôpital.
Joéphine-Marie-Féiicie JSéchu, 24 ans,
lingère, rue du Haut-Paimbœuf.
Marie Allais, 77 ans, sans profession, rue
de l’hôpital. 11.
Mouvement du port
Le remorqueur en fer et à aubes Hercule
es t arrivé dans le port pour y être démoli
p a r M. Saugeras,
Le sloop Liberté qui avait fait naufrage à
pointe de la Chaussée est entré dans la for
me de radoub, pour y être réparé.
CORSEPT.
Etat-civil du 14 au 21 janvier
PUBLICATIONS DE MARIAGE
Merlet Julien, cultivateur, âgé de 58 ans
et : Pitard Constance, cultivatrice, âgée de
49 ans, domiciliés à la Gélidière.
S , -B»IÉViI]f-I,ES-PBKîS
Etat-civil du 17 au 24 Janvier
NAISSANCES
Jalfre Emmanuel au bourg.
PUBLICATIONS DE MARIAGES
Chiffoleau Victor 29 ans, à la Lande et
Picaud Glarise 29 ans, à la Lande.
DÉCÈS
Couronné Marguerite 77 ans. au Grand-
Ruau.
Rousseau Charles, pêcheur,
M, le receveur buraliste, dépositaire de
journaux à Saint-Rrévin nous informe qu’il
a vendu dans le courant de l’année 1903
environ 35.000 journaux et publications
diverses, où une progression sur les années
précédentes de plus de 10.000.
Ces chiffres méritent d'être signalés.
Retirage au sort
Le tirage au sort avait lieu mercredi à
Paimbœm; la commune de St-Rrêvin, très
bien partagée a emporté les n° 20 24 26 27
25 30 et 33, la fleur écluse à Drouet Fran
çois menuisier au bourg.
J*
PORNIC
Etat-civil du 16 a,u 23 janvier
DÉCÈS
Julie Bonnamen, veuve en premier ma
riage de Louis Baudouin et en second de
Autoino Latranché.
Siéjiapiitsuars Ê 1
Titulaires. — MM.Louis Dupin, hôtelier
t La. rçen F u u » Ji ^ jctifâifiL ». . ; »vca».»—
tin, négociant ; Jean Hamon, à la Plaine ;
Michel Moreau, à Sainte-Marie.
Suppléants. — MM, Donatien Labarre,
menuisier ; J. - M, Le Denmat, clerc de
notaire ; J. Leray, douanier retraité ; Léo
nard Trouillard, auGlion ; Michel Bachelier,
à Sainte-Marie.
Adjudication du 4 4 janvier
L’adjudication des travaux d’entretien
des chemins vicinaux a donné les résultats
suivants.
Guitteny, 9 °/ 0 , adjudicataire. — Pratfils.
9. — Musseau Joseph 5.
MoîJivcmeiat dsa port
Le Saint-Philbert , patron Vilain a quit
té notre port mercredi matin à la marée
avec un chargement de vin à destination de
Noirmouticr.
Est attendu au port le brick Edmond-
René-üésiré, venant de Cardiff avec un
chargement de charbon pour M,A. Grimaud.
Noyé en mer
Le corps du jeune Rousseau, dont la
chaloupe de pêche a chaviré à l’entrée de
' ia Loire, dans un coup de vent, le 4 janvier
a été retrouvé, le 15 janvier à Saint-Brevin
l’Océan et ramené immédiatement à Por
nie.
Le corps du père Rousseau n’a pas enco
re été aperçu. La côte est surveillée par la
douane à cet effet.
Samedi, à deux heures, et demie à eu
lieu l’enterrement du fils Rousseau,
Une partie de la population pornicaise y
assistait; tout ce que notre port compte de
pêcheurs avaient tenu à accompagner le
malheureux Rousseau à sa dernière de
meure. La municipalité et la marine étaient
représentées.
Le corps du jeune Rousseau était porté
par des camarades. Sa pauvre mère qui
assiatait aux obsèques, avec ses enfants
faisait peine à voir.
Une quête a été organisée par MM. V,
Fortineau et A. Gautier , de Pornic,
elle a rapportéjusqu’à ce jour la sommede
870 francs.
La Société des Régates de Pornic a donné
200 francs également à la veuve Rousseau,
sur sa caisse pour les veuves et orphelins
des marins de Pornic.
Si quelques lecteurs du Pays de Ilelz
désiraient prendre part à cette bonne œu
vre nous les prions de vouloir bien adres
ser leur offrande à MM. A. Gautier ou For
tineau à Pornic, ou au Maire.
Ponts et Chaussées. — Nous apprenons
que M. Jagot, conducteur des Ponts et
chaussées dans notre ville, vient d’être
désigné pour Saint-Nazaire. Son rempla
çant est M. Stéphanie, actuellement à Saint-
Nazaire.
Incendie, — Le 14 courant. M, Antoine
Gautier, 57 ans, négociant, place de la Ter
rasse, était réveillé vers 6 h. 1]2 du matin
par une forte odeur de brûlé. Il se leva et
constata qu’il y avait un commencement
d’incendie près de son escalier, dans un
réduit où il dépose son linge.
A l’aide de sceaux d’eau, le feu fut rapi
dement éteint.
M. Gautier présume qu’il est dû à un court
circuit produit dans les fils électriques par
la tempête dé la nuit précédente.
Le linge brûlé est estimé, à 100 francs ;
les dégâts causés auplalond et au plancher *
se montent à 200 francs.
Ces pertes sont couvertes par la Gompa
gnie d’assurances « La France ».
S,SS
Hé}mi'üteup$
litULsir.fcS». — MM. fl. MoüTôaU, a F T>: *
rochêre ; F. Beaulieu, au Port ; F, Füuc'ber
à la Fbntaine-aux-Bretons ; C, GuilMu v . à
Ste-Marie ; J. - M, Baconnais, à Arthon,
Suppléants. — MM. Pacaud, à la Dcvai-
rie ; F. Landais, à la Colinderie ; F. Sorin,
à laJoselière ; P. Bruneau, à la Bernerie ;
V. Fortineau, à Pornic.
Adjudication du 13 janvier
L’adjudication des travaux d’entretien
des chemins vicinaux a donnés les résultats
suivants:
Prat père, 14 °/ 0 , — Guitteny 11, — Mus
seau Joseph 6.
>■ AÏMT-MICIIEE-CIIEF-CMEF,
RépsiB.*tltcui*s
Titulaires. — MM, Rouaud fils, à la Bas-
se-Rinais ; Archambaud fils, à la Soucliais:
Quirion fils, à l’Aiguillon ; Cliesneau, à St-
Brévin ; F. Pierre, à Saint-Père-en-Retz.
Suppléants, — P, Pavageau,à la Poupli-
niôre ; A, Santerre, au Redois ; F. Jean, à
la Roussellerie ; G. Dolu, à St-Brévin ; J.
M. Rouleau, à Ste-Marie.
ARTIIOÏV-EN-RETZ;.
Etat-civil-du 2 au 21 Janvier
PUBLICATIONS DE MARIAGE
Gourmeau Alphonse-François-Marie 62
ans, à la Roulais, et Gouard Frauçoise, 45
ans. à la Sauvageais en Vue.
FEUILLETON DU “PAYS DE RETZ”
du 24 Janvier 1804
N° 36
LA
PREMIÈRE PARTIE
RÉCRS DE LA GRANDE-GUERRE
V (Suite)
—■ Dors, mon petit Jean ! N’aies pas
peur ! Ce sont les. soldats de la maré
chaussée qui courent après la vilaine
Guerre, qui s’est cachée dans la forêt.
Ils vont l’arrêter et la mettrê en prison.
Elle ne mangera plus les petits enfants,
l’horrible hête ! Jamais plus nous la re
verrons. Ne crains rien ; dors, mon p’tit
Jean !
Et, devant ces paroles douces, l’enfant
yivait esquissé un sourire de ses lèvres
pâlottes. Puis, il avait murmuré, en ré
fléchissant dans son petit cerveau:
— Quand je serai gran.d, tu m’achè
teras un fusil, pas, mémê'l Et, je la tue
rai : pan ! pan ! la vilaine hôte. Oui, c’est
moi qui la tuerai. Car les soldats du roi
vont ia manquer, peut-être. Et s’ils ne
la manquent pas, il y en a d’autres
Guerres , n’est-ce pas, dansja forêt?
— Dors mon petit Jean ; bientôt je
t’achèterai un fusil.
Et, l’enfant rêvant aux prouesses de
chasses fantasmagoriques, ferma bien
tôt les yeux.
Des gardes nationaux venaient d’ap
porter quelques fagots composés de
branches et brindilles de bois mort. On
alluma un grand feu dans la vaste che
minée, autour duquel les officiers séchè
rent leurs habits trempés.
Le commandant alluma sa vieille pipe,
ce que plusieurs imitèrent et, le dos au
feu, et le ventre regardant la table vide,
on devisa, de la guerre et de la situation
particulièrement mauvaise des ancien
nes provinces de l’ouest et du pays de
Retz en particulier.
Dans les campagnes, sans cesse par
courues par des bandes, aucune sécurité
n’existait. La récolte de l’année précé
dente avait été très médiocre. C’était la
famine qui s’ajoutait aux maux de la
guerre..
Bref, chacun finit par s’assoupir, les
uns môme par s’endormir profondément.
La fermière avait saisi un moment
propice et s’était éclipsée sans mot dire.
Quand, au petit jour, chacun eut mis
de l’ordre dans ses idées, on s’aperçut
qu’elle n’était plus là. Mais personne
n’ajouta grandintérôt à cette disparition.
— Elle est partie voir son homme, la
pauvre ! fit le commandant attendri.
Cela est tout naturel. En tous cas, ce
n’est pas nous qui avons tué ce chouan
de malheur, car pour un chouan, c’en
était un pur. Avez-vous entendu l’enfant?
Quand il a cessé do pleurer, c’est quand
il a cru que nous étions les soldats du
roi. S’il avait su que nous étions au ser
vice de la Gueuse , je-vous garantis qu’il
crierait encore ou serait évanoui ou
mort peut-être. Quelle haine on leur
apprend dès cette tendre enfance pour
les patriotes ! Et quel amour imbécile
on leur inculque pour un fantoche ayant
une couronne sur la tète en guise de
chapeau, lequel fantoche ils ne con
naissent pas, d’ailleurs et qui ne les con
naît pas. Que le torrent des âges roule
à pleins bords des années et des années,
et leurs descendants seront encore cor
rompus par ces doctrines anti-sociales,
imposées l’épée à la main, par les con
quérants des Gaules, aux indigènes
vaincus...
... Mais ce n’est pas le moment de
philosopher, ce serait celui plutôt de se
restaurer. Voici qu’il fait jour déjà. Il
faudrait voir si la cachette de la carrière
a réellement contenu, ou contient enco
re des provisions. C’est le plus urgent.
Les gardes nationaux de la Plaine vont
se charger de cette besogne, tandis que
les autres vont battre la forêt aux alen
tours et tâcher d’abattre quelque pièce
de gibier.
Ainsi fut fait.
La carrière fut visitée par les gars de
la Plaine, qui en rapportèrent triom
phants trois pleins sacs de blé-noir. De
leur côté, ceux de Saint-Michel décou
vrirent, en plein bois, une belle vache
avec son veau. Ils ramenèrent ces deux
pauvres hôtes au milieu des transports
de joie. C’était un festin miraculeux qui
tombait ainsi sur les patriotes.
La vache et son veau furent tués sans
tarder, puis dépecés avec la même ra
pidité. D’aucuns se jetèrent sur les mor
ceaux que l’on jette ordinairement com
me impropres à la consommation et les
avalèrent tout crus, avec avidité !
On distribua les morceaux par es
couades ; puis chacun, comme il put,
s’arrangea pour trouver du bois mort,
allumer un feu, dresser une broche avec
quelque branche.
Bref, la viande était cuite, ou, plutôt
grillée, que la bouillie de blé-noir n’é
tait pas encore à point. Il avait fallu du
temps pour réduire le grain en farine
à l’aide de la meule trouvée à la ferme
et sur la manivelle de laquelle quatre
hommes, suant à grosses gouttes, s’é
taient pourtant attelés.
Enfin, à la viande ont pu bientôt ajou
ter la galette cuite sur la cendre, qui
était mille fois meilleure qu’on auraiteru.
Gargantua ne ressentit jamais pareille
satisfactiou à son estomac, je vous as
sure. Ce fut un engloutissement vérita
ble, et pas une bribe de viande, pas [une
pincée de farine ne fut perdue.
L’eau claire d’une source voisine,
qui semblait ignorer la Révolution, se
prodigua généreusement au gré de tous
et fut trouvée exquise.
(A suivre ) Julien Bouvron.
A j^HAUVÉ
Journaux & Revues
Catalogues - Circulaires
Têtes de lettres - Facture^
€J JUSTES BE VISITE
1 fr. 50 et 2 fr.
6£ S
5 Celtismes
DIMANCHE 24 JANVIER 1
Journal des Communes de Varrondissement de Paimhœuf, et des cantons de Bouaye , Legfé, Machecoul et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu
PARAISSANT LE DIMANCHE
â»)îfilX DE L’ABOWllEiîaEilT :
fLoire-Saférlenrjp et,,départements limitrophes: SLA me» , S Fr. »>*
Autres départéukeuts — 4
BÎJREAIJX î à *3. SSBOTBOSi,
A CHAUVE (Laire-Infré)
Ce Journal reçoit les annonces légales.
pa&ix sêes askaivces <
Cégaîes eî judiciaires La ligne : O Fr. £5
4“ page — « 30
3 e page — O 50
Chronique — 1 » »,
ôaaaiauüw^aacaaraiMreCTraBgâBsagâimiKaBnaM»^^ asaasa^ijBàaaaawKaBiflagMiBBaga^^
LES PITRIOTARDS
Connaissez-vous rien de plus
suggestif que cette affaire de Pab-
bé Delsor, que Ton a expulsé de
Lunéville, où la bande nationa
liste Pavait appelé pour monter
un chahut contre le gouverne
ment français ?
Cet abbé Delsor est député au
Reichstag d’Allemagne. Malgré
sa qualité d’Alsacien-Lorraihf
c’est le plat adulateur de l’empe
reur Guillaume.
La presse réactionnaire, men
teuse, comme à son ordinaire et
pour laquelle tous les moyens
sont bons, l’avait représenté com
me député protestataire au Rei
chstag. Or il est aujourd’hui avé
ré qu’il a conseillé maintes fois
aux Alsaciens de se rallier sin
cèrement à l’Allemagne, et qu’il
fait partie du centre catholique
allemand.
C’est son droit. Mais c’est le
nôtre aussi de mépriser cet an
cien Français devenu Prussien
de fait et de cœur, quand il lui était
toujours loisible comme tant
d’autres d’opter pour la France;
qui n’a que des flatteries pour
l’empereur Guillaume et que des
injures pour le gouvernement
français. AL Combes a bien fait
de le renvoyer planter ses choux
de l’autre côté de là frontière.
T ° U • ■ -« f» . T •
X \ yj U.,- ..JU».'
si, par-un malheur qui n’est pas
près d’arriver, le reste delà France
était encore conquis par l’Alle
magne, ce sont nos bons nationa
listes qui entonneraient les pre
miers les louanges du vainqueur.
A Coblentz, les pifriotards !
J. B.
Nos Prétendants
—o—
D’après le journal LAllgemeine
Zeitung, le duc d’Orléans, fils du
comte'de Paris, aspirant au trône
royal de France, serait en train de
divorcer avec l’archiduchesse Marie
Dorothée, son épouse.
La cause serait, non pas qu’il n’a
pas d’enfants, mais le duc est vo
lage, amoureux d’une jeune prin
cesse, et veut l’épouser.
De plus le duc s’était adressé au
pape Léon XIII pour obtenir la nul
lité de son mariage ; de nouveau il
s’est adressé à Pie X. Au dernier
moment son entourage, ses amis
politiques auraient agi auprès de
lui, et il aurait retiré sa demande.
Le ménage royale présente peu
d’harmonie, comme on le voit. Je
crois que La Gamelle imite un peu
son ancêtre Henri IV, il court la
prétentaine.
Une aventure, qui n’a pas fait
sourire la duchesse Dorothée est
celle-ci : Le duc, en compagnie d’u
ne chanteuse d’opérette Pcohpudor ,
aurait eu un accident d’auto; dans
ce cas, il n’aurait pas hésité à la
faire passer pour sa femme, et mê
me à lui taire signer dans ce nom,
le procès-verbal d’accident.
Un journal nantais bien pensant,
royaliste convaincu, disait de lui
dans un de ses précédents numéros:
« Sa conduite et son langage sont
« .de sûrs garants pour l’avenir. Il
« est catholique sincère et prati-
« quant. » Je croyais que l’église
catholique n’admettait pas le divor
ce, ô temporal ô mores!
Ce journal traitait le prince Jérô
me Napoléon de libre-penseur, de
Fils de iranc-maçon, vivant marita
lement hors des lois du mariage, et
peutrètre lui aussi franc-maçon. En
voijàv des prétendants! Pauvre Fran
ce, un débauché-, un divorcé de de
main, veut être* ton roi; un franc-
maçon ton, empereur!
Ce pauvre journal n’a pas eu de
chance, il a été vertement répri
mandé, pour avoir insulté le repré
sentant des Bonaparte, il a reçu
une leçon dont il se souviendra long
temps, aussi a-t-il juré de ne plus
recommencer et même de répondre.
\ o-.vi oc qo on diSait du uucet do sa
famille :
« L’arrière grand’père du duc
d’Orléans, Philippe-Egalité ne man
geait pas de saucisson le Vendredi
saint, mais il guillotinait Louis XVI.
Le grand’père Louis-Philippe volait
la couronne royale au comte de
Chambord; plus tard le Comte de
Paris empêchait Henri V de monter
sur le trône.
Comme excuses, le bon journal
avoue qu’il y a du brouille dans la
famille royale, mais que tout est
arrangé. Mais tout ceci n’empêche
pas que nous avons deux préten
dants qui se valent:
1° Jérôme, libre-penseur, peut-
être franc-maçon comme son père
qui mangeait du saucisson le Ven
dredi-saint, et vivant maritalement.
2o Le duc d’Orléans, bien marié
avec Dorothée dont il veut divorcer,
noceur, aimant faire la cour aux
chanteuses d’opérette. Voilà nos
prétendants, qui rêvent de renver
ser la République!!!
Sempre.
Lhopjieau
— O—
Une grève au catholique pays de Retz
Vénérables ancêtres, vos cendres doivent
frémir si vous avez connaissance de ia con
duite de vos misérables descendants,
La terrible grève s’étend de proche en
proche et les paroisses sont à la veille de
bien grandes catastrophes.
C’est à n’y pas croire! Après Saint-Jean-
de.-Boiseau qui n’a plus de marguilliers,
voici que la contagion gagne la paroisse de
Brains.
A Saint-Jean il n’y aura plus de 'messes
pour les fidèles trépassés, le vendredi , puis
qu'il n’y a plus do matguiLX es pour quocor.
x-Z Au: xiKvi.h X dé .. . É ) ' n. j #
pain bénit, plus de quêtes, etc.
On cite encore une troisième paroisse du
canton du Pellerin qui serait dépourvue de
ces zèles serviteurs.
Dans quel temps vivons-nous grand
Dieu ! et dire que ce sont les défunts qui
paieront en souffrancës la paresse des vi
vants !
PAÎMBŒUF
Etal-cieil du S au 15 janvier
PUBLICATIONS DE MARIAGES
Jules-Louis-François Le Dôan, préposé
des Douanes, à Saint-Brévin-les-Pins, et
prêdédemment à Nantes, avec Marie-Reine-
Virginie-Adélaïde Lebrun,tailleuse,à Paim-
bæuf.
DÉCÈS
Noël-Pierre-Jean-Josepli-Marie Cossu, 1
mois, route de Nantes, 5.
Julienne Martin, journalière, 91 ans, rue
de l’Hôpital.
Joéphine-Marie-Féiicie JSéchu, 24 ans,
lingère, rue du Haut-Paimbœuf.
Marie Allais, 77 ans, sans profession, rue
de l’hôpital. 11.
Mouvement du port
Le remorqueur en fer et à aubes Hercule
es t arrivé dans le port pour y être démoli
p a r M. Saugeras,
Le sloop Liberté qui avait fait naufrage à
pointe de la Chaussée est entré dans la for
me de radoub, pour y être réparé.
CORSEPT.
Etat-civil du 14 au 21 janvier
PUBLICATIONS DE MARIAGE
Merlet Julien, cultivateur, âgé de 58 ans
et : Pitard Constance, cultivatrice, âgée de
49 ans, domiciliés à la Gélidière.
S , -B»IÉViI]f-I,ES-PBKîS
Etat-civil du 17 au 24 Janvier
NAISSANCES
Jalfre Emmanuel au bourg.
PUBLICATIONS DE MARIAGES
Chiffoleau Victor 29 ans, à la Lande et
Picaud Glarise 29 ans, à la Lande.
DÉCÈS
Couronné Marguerite 77 ans. au Grand-
Ruau.
Rousseau Charles, pêcheur,
M, le receveur buraliste, dépositaire de
journaux à Saint-Rrévin nous informe qu’il
a vendu dans le courant de l’année 1903
environ 35.000 journaux et publications
diverses, où une progression sur les années
précédentes de plus de 10.000.
Ces chiffres méritent d'être signalés.
Retirage au sort
Le tirage au sort avait lieu mercredi à
Paimbœm; la commune de St-Rrêvin, très
bien partagée a emporté les n° 20 24 26 27
25 30 et 33, la fleur écluse à Drouet Fran
çois menuisier au bourg.
J*
PORNIC
Etat-civil du 16 a,u 23 janvier
DÉCÈS
Julie Bonnamen, veuve en premier ma
riage de Louis Baudouin et en second de
Autoino Latranché.
Siéjiapiitsuars Ê 1
Titulaires. — MM.Louis Dupin, hôtelier
t La. rçen F u u » Ji ^ jctifâifiL ». . ; »vca».»—
tin, négociant ; Jean Hamon, à la Plaine ;
Michel Moreau, à Sainte-Marie.
Suppléants. — MM, Donatien Labarre,
menuisier ; J. - M, Le Denmat, clerc de
notaire ; J. Leray, douanier retraité ; Léo
nard Trouillard, auGlion ; Michel Bachelier,
à Sainte-Marie.
Adjudication du 4 4 janvier
L’adjudication des travaux d’entretien
des chemins vicinaux a donné les résultats
suivants.
Guitteny, 9 °/ 0 , adjudicataire. — Pratfils.
9. — Musseau Joseph 5.
MoîJivcmeiat dsa port
Le Saint-Philbert , patron Vilain a quit
té notre port mercredi matin à la marée
avec un chargement de vin à destination de
Noirmouticr.
Est attendu au port le brick Edmond-
René-üésiré, venant de Cardiff avec un
chargement de charbon pour M,A. Grimaud.
Noyé en mer
Le corps du jeune Rousseau, dont la
chaloupe de pêche a chaviré à l’entrée de
' ia Loire, dans un coup de vent, le 4 janvier
a été retrouvé, le 15 janvier à Saint-Brevin
l’Océan et ramené immédiatement à Por
nie.
Le corps du père Rousseau n’a pas enco
re été aperçu. La côte est surveillée par la
douane à cet effet.
Samedi, à deux heures, et demie à eu
lieu l’enterrement du fils Rousseau,
Une partie de la population pornicaise y
assistait; tout ce que notre port compte de
pêcheurs avaient tenu à accompagner le
malheureux Rousseau à sa dernière de
meure. La municipalité et la marine étaient
représentées.
Le corps du jeune Rousseau était porté
par des camarades. Sa pauvre mère qui
assiatait aux obsèques, avec ses enfants
faisait peine à voir.
Une quête a été organisée par MM. V,
Fortineau et A. Gautier , de Pornic,
elle a rapportéjusqu’à ce jour la sommede
870 francs.
La Société des Régates de Pornic a donné
200 francs également à la veuve Rousseau,
sur sa caisse pour les veuves et orphelins
des marins de Pornic.
Si quelques lecteurs du Pays de Ilelz
désiraient prendre part à cette bonne œu
vre nous les prions de vouloir bien adres
ser leur offrande à MM. A. Gautier ou For
tineau à Pornic, ou au Maire.
Ponts et Chaussées. — Nous apprenons
que M. Jagot, conducteur des Ponts et
chaussées dans notre ville, vient d’être
désigné pour Saint-Nazaire. Son rempla
çant est M. Stéphanie, actuellement à Saint-
Nazaire.
Incendie, — Le 14 courant. M, Antoine
Gautier, 57 ans, négociant, place de la Ter
rasse, était réveillé vers 6 h. 1]2 du matin
par une forte odeur de brûlé. Il se leva et
constata qu’il y avait un commencement
d’incendie près de son escalier, dans un
réduit où il dépose son linge.
A l’aide de sceaux d’eau, le feu fut rapi
dement éteint.
M. Gautier présume qu’il est dû à un court
circuit produit dans les fils électriques par
la tempête dé la nuit précédente.
Le linge brûlé est estimé, à 100 francs ;
les dégâts causés auplalond et au plancher *
se montent à 200 francs.
Ces pertes sont couvertes par la Gompa
gnie d’assurances « La France ».
S,SS
Hé}mi'üteup$
litULsir.fcS». — MM. fl. MoüTôaU, a F T>: *
rochêre ; F. Beaulieu, au Port ; F, Füuc'ber
à la Fbntaine-aux-Bretons ; C, GuilMu v . à
Ste-Marie ; J. - M, Baconnais, à Arthon,
Suppléants. — MM. Pacaud, à la Dcvai-
rie ; F. Landais, à la Colinderie ; F. Sorin,
à laJoselière ; P. Bruneau, à la Bernerie ;
V. Fortineau, à Pornic.
Adjudication du 13 janvier
L’adjudication des travaux d’entretien
des chemins vicinaux a donnés les résultats
suivants:
Prat père, 14 °/ 0 , — Guitteny 11, — Mus
seau Joseph 6.
>■ AÏMT-MICIIEE-CIIEF-CMEF,
RépsiB.*tltcui*s
Titulaires. — MM, Rouaud fils, à la Bas-
se-Rinais ; Archambaud fils, à la Soucliais:
Quirion fils, à l’Aiguillon ; Cliesneau, à St-
Brévin ; F. Pierre, à Saint-Père-en-Retz.
Suppléants, — P, Pavageau,à la Poupli-
niôre ; A, Santerre, au Redois ; F. Jean, à
la Roussellerie ; G. Dolu, à St-Brévin ; J.
M. Rouleau, à Ste-Marie.
ARTIIOÏV-EN-RETZ;.
Etat-civil-du 2 au 21 Janvier
PUBLICATIONS DE MARIAGE
Gourmeau Alphonse-François-Marie 62
ans, à la Roulais, et Gouard Frauçoise, 45
ans. à la Sauvageais en Vue.
FEUILLETON DU “PAYS DE RETZ”
du 24 Janvier 1804
N° 36
LA
PREMIÈRE PARTIE
RÉCRS DE LA GRANDE-GUERRE
V (Suite)
—■ Dors, mon petit Jean ! N’aies pas
peur ! Ce sont les. soldats de la maré
chaussée qui courent après la vilaine
Guerre, qui s’est cachée dans la forêt.
Ils vont l’arrêter et la mettrê en prison.
Elle ne mangera plus les petits enfants,
l’horrible hête ! Jamais plus nous la re
verrons. Ne crains rien ; dors, mon p’tit
Jean !
Et, devant ces paroles douces, l’enfant
yivait esquissé un sourire de ses lèvres
pâlottes. Puis, il avait murmuré, en ré
fléchissant dans son petit cerveau:
— Quand je serai gran.d, tu m’achè
teras un fusil, pas, mémê'l Et, je la tue
rai : pan ! pan ! la vilaine hôte. Oui, c’est
moi qui la tuerai. Car les soldats du roi
vont ia manquer, peut-être. Et s’ils ne
la manquent pas, il y en a d’autres
Guerres , n’est-ce pas, dansja forêt?
— Dors mon petit Jean ; bientôt je
t’achèterai un fusil.
Et, l’enfant rêvant aux prouesses de
chasses fantasmagoriques, ferma bien
tôt les yeux.
Des gardes nationaux venaient d’ap
porter quelques fagots composés de
branches et brindilles de bois mort. On
alluma un grand feu dans la vaste che
minée, autour duquel les officiers séchè
rent leurs habits trempés.
Le commandant alluma sa vieille pipe,
ce que plusieurs imitèrent et, le dos au
feu, et le ventre regardant la table vide,
on devisa, de la guerre et de la situation
particulièrement mauvaise des ancien
nes provinces de l’ouest et du pays de
Retz en particulier.
Dans les campagnes, sans cesse par
courues par des bandes, aucune sécurité
n’existait. La récolte de l’année précé
dente avait été très médiocre. C’était la
famine qui s’ajoutait aux maux de la
guerre..
Bref, chacun finit par s’assoupir, les
uns môme par s’endormir profondément.
La fermière avait saisi un moment
propice et s’était éclipsée sans mot dire.
Quand, au petit jour, chacun eut mis
de l’ordre dans ses idées, on s’aperçut
qu’elle n’était plus là. Mais personne
n’ajouta grandintérôt à cette disparition.
— Elle est partie voir son homme, la
pauvre ! fit le commandant attendri.
Cela est tout naturel. En tous cas, ce
n’est pas nous qui avons tué ce chouan
de malheur, car pour un chouan, c’en
était un pur. Avez-vous entendu l’enfant?
Quand il a cessé do pleurer, c’est quand
il a cru que nous étions les soldats du
roi. S’il avait su que nous étions au ser
vice de la Gueuse , je-vous garantis qu’il
crierait encore ou serait évanoui ou
mort peut-être. Quelle haine on leur
apprend dès cette tendre enfance pour
les patriotes ! Et quel amour imbécile
on leur inculque pour un fantoche ayant
une couronne sur la tète en guise de
chapeau, lequel fantoche ils ne con
naissent pas, d’ailleurs et qui ne les con
naît pas. Que le torrent des âges roule
à pleins bords des années et des années,
et leurs descendants seront encore cor
rompus par ces doctrines anti-sociales,
imposées l’épée à la main, par les con
quérants des Gaules, aux indigènes
vaincus...
... Mais ce n’est pas le moment de
philosopher, ce serait celui plutôt de se
restaurer. Voici qu’il fait jour déjà. Il
faudrait voir si la cachette de la carrière
a réellement contenu, ou contient enco
re des provisions. C’est le plus urgent.
Les gardes nationaux de la Plaine vont
se charger de cette besogne, tandis que
les autres vont battre la forêt aux alen
tours et tâcher d’abattre quelque pièce
de gibier.
Ainsi fut fait.
La carrière fut visitée par les gars de
la Plaine, qui en rapportèrent triom
phants trois pleins sacs de blé-noir. De
leur côté, ceux de Saint-Michel décou
vrirent, en plein bois, une belle vache
avec son veau. Ils ramenèrent ces deux
pauvres hôtes au milieu des transports
de joie. C’était un festin miraculeux qui
tombait ainsi sur les patriotes.
La vache et son veau furent tués sans
tarder, puis dépecés avec la même ra
pidité. D’aucuns se jetèrent sur les mor
ceaux que l’on jette ordinairement com
me impropres à la consommation et les
avalèrent tout crus, avec avidité !
On distribua les morceaux par es
couades ; puis chacun, comme il put,
s’arrangea pour trouver du bois mort,
allumer un feu, dresser une broche avec
quelque branche.
Bref, la viande était cuite, ou, plutôt
grillée, que la bouillie de blé-noir n’é
tait pas encore à point. Il avait fallu du
temps pour réduire le grain en farine
à l’aide de la meule trouvée à la ferme
et sur la manivelle de laquelle quatre
hommes, suant à grosses gouttes, s’é
taient pourtant attelés.
Enfin, à la viande ont pu bientôt ajou
ter la galette cuite sur la cendre, qui
était mille fois meilleure qu’on auraiteru.
Gargantua ne ressentit jamais pareille
satisfactiou à son estomac, je vous as
sure. Ce fut un engloutissement vérita
ble, et pas une bribe de viande, pas [une
pincée de farine ne fut perdue.
L’eau claire d’une source voisine,
qui semblait ignorer la Révolution, se
prodigua généreusement au gré de tous
et fut trouvée exquise.
(A suivre ) Julien Bouvron.
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