Titre : La Volonté nationale : journal de Paris, politique, littéraire et financier / rédacteur en chef H. de Saint-Pérey
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-02-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328921835
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 février 1927 26 février 1927
Description : 1927/02/26 (N107). 1927/02/26 (N107).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4550644m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-15147
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/04/2017
N° 107 (N. S.)
Prix : 25 centimes
21 e année —
Samedi 26 février 1927
ABONNEMENTS :
! an 6 mois 3 mois
France et Colonies 15 8 5
Étranger 30 20 10
Adresser Abonnements et Souscriptions
à M. Georges PERR1ER
ORGANE DU PART! DE L'APPEL AU PEUPLE
La France qui repousserait un maître attend un chef.
C’est à elle seule qu’il appartient de le désigner librement.
VICTOR NAPOLÉON.
RÉDACTION-ADMINISTRATION :
7, rue de Naples, 7
Paris (8 e )
Téléphone : LABORDE 09-00
Permanence les Mardi et Vendredi
de 16 à 18 heures
// faut dore
U ère des désordres,
il faut eu finir
avec les ihéories
d’ostracisme et les
doctrines de haine.
Rédacteur en chef Politique : Roger GUÉRILLON
i
Directeur-Administrateur : Georges PERRIER
VICTOR NAPOLÉON.
MENTEURS!
UNE ETUDE NAPOLEONIENNE
La vraie ligure de Bonaparte en Corse
par LOZENZI DE BRADI
Pour éviter des frais de recouvrements, ADRESSEZ
AUJOURD’HUI MÊME le montant de votre abonnement
à M. Georges Perrier, Directeur de la Volonté Nationale,
7, rue de Naples, Paris (8 e ).
SECTION FEMININE DU PARTI DE L’APPEL AU PEUPLE
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiitiMiiur.
Le 6 Mars 1927, à 20 h. 30
SALLE DES INGÉNIEURS CIVILS,'19, Rue Blanche (Métro : Trinité)
CONFÉRENCE
de M. ANDRÉ SALGUES, Licencié es-lettres
“Napoléon dans l’Œuvre poétique de Victor Hugo ”
Sous la Présidence de Monsieur André BARADAT,
Délégué général de S. A. I. le Prince NAPOLÉON pour la région du Sud-Ouest.
ENTRÉE GRATUITE
INVITATION
LA DOCTRINE DE NAPOLÉON
Alors que dans le domaine de la po
litique nous assistons, depuis quelques
mois, à un réveil des idées napoléo
niennes, nous sommes heureux de sa
luer l’apparition d’un ouvrage littéraire
qui restera l’une des plus belles pierres
du monument que les Français ont
érigé à la mémoire de Napoléon.
Pour comprendre dans ses détails
l’œuvre surhumaine de Bonaparte, il
faut, avant toutes choses, étudier avec
avidité lame, le cœur et l’esprit de
celui qui restera toujours aux yeux de
ses adversaires comme de ses admira
teurs la figure la plus frappante de
notre Histoire.
Ce fut l’honneur d’un Frédéric, Mas
son de consacrer une vie laborieuse à
l’étude historique du Grand Homme.
Le livre de M. Lorenzi de Bradi trouve
sa place naturelle, dans toutes les bi
bliothèques, à -côté des ouvrages de Fré
déric Masson.
L’adolescent présente toujours en rac
courci les traits qui modèleront !a
figure de l’homme, et l’on ne peut
comprendre celui-ci que si l’on a pris
soin d’étudier celui-là.
C’est la tâche que s’était assignée
l’auteur de ce beau livre, il l’a accom
plie avec un rare bonheur.
La première phrase de l lntroduction
est une profession de foi : « Dès le ber ■
ceau, j’ai appris à aimer Napoléon. »
Ceci est mieux qu’une confession, c’est
d’abord un acte de foi et c’est aussi ce
qui explique le succès de l’ouvrage.
Le Culte de Napoléon est une sorte
de grâce, et s’il est vrai de dire que l’on
naît poète alors qu’on devient orateur,
il l’est aussi d’affirmer que l’on naît
napoléonien.
M. Lorenzi de Bradi a puisé dans sa
tradition familiale l’amour de l’Empe
reur. Son grand-père, le Chevalier de
Bradi, avait suivi son idole dans toutes
ses campagnes; il sut transmettre à son
petit-fils son culte et son enthousiasme.
De plus, c’est le talent d’un Corse qui
rend hommage au génie d’un Corse et
de là vient le charme fait de tendresse
et de dévotion que nous retrouvons à
toutes les pages.
L’auteur n’est pas loin d’écrire que
Napoléon n’a donné toute sa mesure
que parce qu’il est né dans « l’ile Em
baumée » et qu’il en eût été différem
ment si la Providence l’avait fait Borde
lais ou Lillois !
Hier, nous aurions souri devant une
telle prétention; en refermant le livre,
j’en étais, pour ma part, convaincu.
Il y a des terres prédestinées : la
Corse est de celles-là; pour berceau d’un
Géant il fallait cette île enfantée dans
une convulsion volcanique.
Le poète latin nous a conté les pro
diges qui accompagnèrent la mort de
César. On dirait que le ciel veuille sa
luer de son tonnerre les génies terres
tres. L’orage qui grondait sur Sainte-
Hélène, ce jour de mai où l’Empèrétir
mourut, lui rappela sans doute, aux
dernières heures de sa vie, que le matin
de sa naissance Ajaccio fut illuminé
d’un intense et bref éblouissement.
L’historien de Napoléon nous conte
les premières années de son LIéros. Il
faut lire son premier acte d’autorité
quand il voulut, à deux ans, s’opposer
à ce que le prêtre qui baptisait sa petite
sœur versât de l’eau sur la tête de celle-
ci : « Ses colères claquaient comme des
coups de vent, on ne pouvait le faire
pleurer. »
Il faut lire aussi les première batailles
que le petit Bonaparte livrait à la tête
des gamins de la ville, aux enfants des
faubourgs.
Son génie de stratège, de tacticien
apparaît déjà. Sachant qu’il se battra
sur la plage, il fait porter, de nuit, des
paniers de cailloux qu’il cache sous le
sable.
Il sait enflammer l’ardeur de ses pe
tits soldats, il n’a pas dix ans et déjà
il leur fait des proclamations !
Parfois, il accompagnait son père « à
la Sposata », la terre des Bonaparte ;
M. de Bradi l’a visitée, il a mis ses pas
où Napoléon avait posé les siens, et c’est
un poème que ces pages dans lesquelles
il chante « la religion de la vigne »,
cette nourrice qui permit d’assurer ses
études à l’élève de Brienne.
Il faudrait pouvoir citer toutes les
pages de ce livre; chacune est une con
tribution à l’Histoire de Napoléon et
même à l’Histoire tout court.
La Révolution a éclaté, Bonaparte
veut l’adapter en Corse. Combien
d’idées précises nous trouvons au cours
de ces chapitres consacrés aux intrigues
que se livrent, là-bas, les politiciens de
l’époque !
Paoli a pris le parti des Anglais. Bo
naparte dresse contre lui le Parti Fran
çais. C’est en vain que ses ennemis !e
feront accuser, à Paris, d’avoir troublé
l’ordre quand il s’est contenté de faire
échec à des combinaisons étrangères. 11
se disculpe et Paoli, pour se venger,
suscite des assassins pour se débarras
ser d'un rival exécré.
Plus tard, vainqueur, Paoli chasse de
Corse la famille Bonaparte après avoir
pillé sa maison.
Napoléon, « Nabulio », comme l’ap
pellent ses concitoyens, quitte sa Patrie,
pauvre comme Job, mais il a pour le
servir le plus grand génie de l’Histoire
et quand il reviendra dans « l’Ile de
Beauté », d’abord après l’expédition
d’Egypte, et puis après File d’Elbe, ses
concitoyens l'accueilleront dans un dé
lire d’ovations et d’enthousiasme.
Le succès qui a marqué dans les mi
lieux littéraires la publication du livre
de M. Lorenzi de Bradi est un juste
hommage au grand talent de cet écri
vain. Il a su nous montrer l’influence
d’un milieu prédestiné sur un homme
prédestiné. Amoureux passionné de sa
petite Patrie, il a traduit son amour
dans la plus belle des langues.
Sa description de la grotte de Casone
figurera demain dans toutes les antho
logies :
« C’est là que Nabuliô faisait l'école
« buissonnière. Quand l'étude le las-
« sait, il se réfugiait dans la grotte du
d Casone où, souvent, on allait le cher-
« cher. Son esprit, de bonne heure in-
« domptable et plein de fougue, trou-
« vait une sorte d’apaisement dans cette
« solitude, à l’ombre de la pierre,
« parmi les oliviers séculaires...
« Il me semble le voir dans ce sen
ti tier qui montait vers les oliviers du
« Casone. Il allait nonchalamment, res
te pirant les arômes de la terre et des
« feuillages, effarouchant les merles au
u bec d'or, arrachant, de temps à au-
« tre, des feuilles de myrte ou de len-
« risque, pour les mâcher. Il goûtait
« plus de contrainte, plus d’autorisa
it tion à demander à ses parents, plus
« de taquineries de camarades ; là il
« était son maître, il allait comme il
« voulait, chantant, sifflant ; là, il pen
« sait selon son génie. Car, de bonne
« heure, il sentit son génie ; il le sentait
t< avec plus de force dans l’isolement.
« D’où son penchant à s’isoler. Le tra
it vail mystérieux du génie le prenait
« comme un charme, et il aimait à s’y
« abandonner dans le murmure des
« arbres... »
Rogek GUERILLON.
Dans mon discours du 23 janvier,
reproduit par le journal; j'avait dit :
« Nous ne voulons pas que les lois soient
laissées à la confection des vétérinaires
de chef-lieu de canton. »
J’ai reçu une lettre de protestation de
l’un de nos amis les plus dévoués, les
plus fidèles qui, lui-même vétérinaire,
avait jugé cette phrase désagréable pour
ses collègues.
C’est qu’il m’avait mal compris; il
n’entrait pas dans ma pensée de jeter !e
moindre discrédit sur une corporation
parfaitement honorable.
Je voulais seulement faire une allu
sion à l’incapacité de ces hommes,
qu’ils soient avocats ou vétérinaires à
l'instar du citoyen Renaudel, qui en
trent au Palais-Bourbon à la faveur des
seules intrigues et qui, dans leur tra
vail de législateur, se révèlent bientôt
aussi incapables qu’ils le furent dans
l’exercice de leur profession.
R. G.
Nous sommes heureux de reproduire
pour nos lecteurs les passages essentiels
des discours prononcés par noire ami
Paul de Cassagnac et Mlle Peretti à la
Réunion de la Salle de Géographie :
Discours de M. Paul de Cassagnac
« L’Empereur précisait et définissait
les principes de gouvernement, c’est-à-
dire les principes dont nul peuple ne
peut se passer, quelle que soit la forme
de gouvernement qu’il ait adoptée. Ce
sont l’Autorité, la Responsabilité, la
Stabilité.
« L’Autorité, d’abord. Principe pre
mier et souverain, générateur de tous
les autres. Sans lui, tout est vain.
« L’Autorité, qu’est-elle au juste ?
L’homme dit : « Je pense, donc je
suis. » Le Gouvernement dit : « Je gou
verne, donc je suis. » Un Gouverne
ment qui gouverne contient toute sa
propre raison d’être, s’il a le droit
d’exercer légitimement le pouvoir,
c’est-à-dire l’Autorité. Mais s’il n’est pas
capable de gouverner, il n’est rien.
« L’Autorité est aussi éloignée de la
tyrannie qui en est la caricature, que
de l’anarchie qu’elle réprime par défi
nition.
« Sans elle, rien ne peut être dans
un pays, et voilà pourquoi l’Empereur
voyait en elle la garantie de l’Ordre, de
la Loi, de la Légalité aussi, de la Liber
té, de la Propriété, de la Justice et de
la Sûreté.
« Quant à la Liberté, elle n’est pas
un principe de Gouvernement : il faut
bien fixer ici la doctrine. La liberté est
un Droit, comme le précise la Décla
ration fameuse qui précède la Consti
tution de 1791; un droit naturel et im
prescriptible. Mais, comme l’a écrit un
homme qui avait admirablement com
pris la doctrine napoléonienne, l’Etat
n’est pas une source de liberté, et on ne
peut lui demander de le devenir; il ne
faut demander à chaque chose, à cha
que être, que de remplir sa destination.
L’Etat est le pouvoir organisé et l’on ne
doit attendre de lui que l’exercice de
l’Autorité. La Liberté, elle, a sa source
dans l’individu, dans le citoyen. Et cha
cun de nous, aliénant une part de cette
Liberté, la tend à l’Etat, et lui dit :
« Prends, prends I et avec ces fragments
de liberté que nous te donnons, forge
une puissance commune qui nous pro
tège et nous défende. » Cette force, c’est
la Loi, et pour la rendre opérante, pour
l’animer, il faut l’Autorité.
« Voilà, Messieurs, tout l’esprit de la
Doctrine Napoléonienne. J’abrège. Ce
n’est point par un autre jeu que l’Au
torité garantit la Propriété, la Justice
et la Sûreté.
« A l’Autorité est liée la Responsabi
lité. Qui, dans un pays, exerce celle-là
doit être chargé de celle-ci. C’est une
conséquence logique, c’est une mora
lité nécessaire. Mais, pareillement, on
ne peut imputer la Responsabilité à qui
n’exerce pas l’Autorité.
« Et pour que toutes deux soient bien
faisantes, il faut qu’elles se reposent sur
la Stabilité ; le gouvernement doit dis
poser du temps indispensable pour -con-
cevoir. mûrir, développer, épanouir la 1
mise de toutes les ressources morales et
matérielles de la nation, dans la plus
large acception du terme.
« Napoléon fut le Messie des idées
modernes, le prophète des principes
que je viens de vous énoncer. J’aurais
voulu avoir le temps de vous démon
trer que seuls ils importent. Dans les
crises de trouble, de doute, les nations
n’ont qu’à se référer à eux. Leur clarté
perce la brume et indique la route avec
certitude, alors que les solutions de ha
sard, de rencontre ou de personnes con
duisent à la déception et à ses consé
quences redoutables.
« La nation qui enferme en sa Cons
titution les Principes napoléoniens
d’Autorité, de Responsabilité, de Stabi
lité, possède le viatique infaillible.
Celle qui les méconnaît ou les rejette
court à sa perte.
« Dès lors, une conséquence surgit,
que l’Empereur avait aperçue, lui qui
avait traversé tant de régimes baptisés
différemment : République, Directoire,
Consulat, Empire... une conséquence
qu’il affirmait et qui surprend toujours
l’homme dont l’esprit n’a point réflé
chi sur ces choses, mais qui est pro
fondément vraie : peu importe le nom
du régime, le tout est de savoir dans
quelle mesure il s’est approprié, incor
poré les principes.
« Une République dont le titre est
libéral peut être absolue : telle la Répu
blique des Etats-Unis, telle celle de
Louis Napoléon, qui fut Napoléon III.
« Et un Empire, au vocable impé
rieux peut infuser à ses institutions un
libéralisme —- disons le mot — un
germe d’anarchie dont il périra, pour
le plus grand dommage de la nation
elle-même.
tt C’est l’erreur qu’avait commise à la
fin de s,on règne Napoléon III. Et mon
père l’avait bien vue, et il en pressen
tait toutes les conséquences désastreu
ses, lorsqu’il attaquait avec violence
dans le journal qu’il dirigeait alors, le
ministère d’Emile Ollivier.
« Ces attaques déplurent à l’Empe-
reür. Un matin, il fit appeler mon père
aux Tuileries, et lui donna l’ordre de
les cesser.
« — Non, Sire; j’en suis au regret,
mais je n’obéirai pas, dit mon père.
« — Et puis-je savoir pourquoi ?
tt —- Sire, je sers les Principes et non
les Princes. Et je sers les Princes dans
la mesure où ils sont fidèles eux-mêmes
aux principes qu’ils doivent incarner. »
« L’Empereur se fâcha :
« — Vous êtes mon serviteur, pour
tant, et mon sujet ?
« — Oui, Sire, je suis votre servi
teur, mais je sers debout. »
« Cette audace émut l’Empereur :
« — Eh bien! tête de fer, reprit-il,
vous ne m’avez jamais rien demandé.
Demandez-moi quelque chose aujour
d’hui. »
« Dans l’espace d’une seconde, mon
père jeta un regard autour de lui, et
sur la cheminée du cabinet de travail
où tous deux se trouvaient, il vit le
bronze, le buste du Prince Impérial,
par Carpeaux.
(Voir la. suite 2 e page, 4 e colonne).
Dans un petit canard de province,
qui s’intitule le Progrès de la Somme,
on lit les lignes suivantes, que l’auteur
a oublié de signer, comme de bien en
tendu.
Les aigles impériales étaient vain
cues et le peuple de Paris, ap
prouvé par la # Nation entière, ve
nait dans un sursaut de colère ven
geresse d’obliger la dynastie napo
léonienne à abandonner le pou
voir conquis quelque vingt ans
plus tôt par des procédés que l’His
toire impartiale a jugés. Un gou
vernement provisoire, de Défense
Nationale, s’était créé, dont le pre
mier 6oin fut de s’entourer de ci
toyens comprenant les nécessités
de l’heure et dont le passé répon
dît de l’avenir. Il fallait notam
ment qu’à ia tête des départements
fussent placés des hommes d’ini
tiative et d’autorité, respectés de
leurs concitoyens, versés dans les
affaires, aptes à faire s’instaurer
definitivement cet esprit démocra
tique dont l’aurore déjà pointait
dans le ciel sombre de la défaite.
C’est ainsi que fut nommé à la
préfecture de la Somme, un hom
me de haut mérite, M. Jules Lar-
dière, industriel osé et énergique,
républicain dont les opinions
n’avaient pas attendu pour se ma
nifester que survinssent les der
niers soubresauts de l’Empire.
Depuis longtemps déjà aux cô
tés de Frédéric Petit et de Lucien
Fournier, il avait, guidé par un
idéal sûr et animé par un cœur
d’apôtre, remué les masses, expo
sé aux ouvriers qui trouvaient en
lui un ami aux conseils éclairés
et à l’attentive générosité, le ma
gnifique programme de liberté, de
fraternité et d’égalité, au coin du
quel est frappée la conception ré
publicaine.
Et voilà comment on écrit l’histoire :
c’est grâce aux mensonges des partisans
du régime alimentaire, que les braves
gens de France croient dur comme fer
qu’avant 1 l’avènement de la République,
III e du nom, la France n’était pas gou
vernée.
Petit rédacteur du Progrès de la
Somme, permetlez-moi de redresser vos
erreurs volontaires, pour la gouverne de
vos lecteurs qui, entre nous, ont bien le
droit de connaître toute la vérité.
En 1870, les Aigles Impériales furent
vaincues, c’esj,- vrai ; mais non pas com
me vous voudriez le faire croire à vos
lecteurs, par les seuls Allemands, mais
surtout par des Français, des Français
à la petite semaine, qui s’appelaient
Gambetta, Jules Favre, Jules Simon,
Jules F’erry, Magnin, Garnier, Pagès,
Thiers, etc., des hommes qui n’hésitè
rent pas à renverser un gouvernement
qui avait doté les ouvriers de France de
17 lois sociales en 22 ans, alors que
votre République n'est même pas capa
ble de donner du pain à ceux qui ont
été meurtris sur les champs de bataille
de 1 g 14 à 1918. Ils ont renversé l’Em
pire. Avec le consentement du peuple,
dites-vous ! Mensonge !
Ils ont trahi la France devant l'ennemi,
voilà la vérité.
Alors que dès 1866, Napoléon III, per
cevant le danger qu’il y avait pour la
France de n’avoir pas un nombre suf
fisant de canons, de mitrailleuses et de
soldats, à opposer à l’Allemagne, dans
le cas probable d’une provocation de sa
part, alors que Napoléon III, dis-je, en
villégiature à Biarritz, établissait un
projet de réorganisation de l’armée, qui
devait équilibrer les forces de l’Allema
gne et de la France à 1.200.000 hom
mes, on vit se dresser sur les bancs de
la Chambre les traîtres que j’ai cités
plus haut, pour combattre et annuler
LA SEULE ORGANISATION CAPABLE DE FAIRE
RÉFLÉCHIR BISMARCK.
M. Magnin, qui fut Président du Sé
nat sous Votre République, disait : tt Je
repousse cette loi parce qu’elle est une
surcharge imposée à la population. »
M. Thiers l’approuvait; et pour faire
plus vivement rejeter la loi disait en
pleine séance : « On vous présente l’ar
mée prussienne forte de 1.200.000 hom
mes; c’est une fantasmagorie de chif
fres I n’en croyez rien. »
Et, cependant, cette affirmation était
juste, nos soldats s’en rendirent compte
quatre ans plus tard.
Ernést Picart disait; sur le ton le' plus
convaincu : a Je vous conjure dans l'in
térêt de la France, de repousser cette
loi. »
Jules Simon disait avec cynisme :
« Les armées permanentes sont jugées
et condamnées, je ne voterai pas des
crédits inutiles. »
Jules Favre clamait au maréchal Nie),
ministre de la guerre : « Vous voulez
donc faire de la France une vaste ca
serne ? »
« Prenez garde d’en faire un vaste
cimetières », lui répondit le maréchal.
Voilà de quelle façon les pères de la
111° République, qu’aucune nation ne
nous envie, voyaient leur devoir de
Français.
Et la loi salvatrice, la loi qui devait
empêcher la guerre, fut repoussée, mal
gré les patriotiques efforts du maréchal
Niel.
Les démagogues, les soi-disant pa
cifistes, hier comme aujourd’hui, li
vraient la France à l’Allemagne. Et
notez bien ceci : ce sont ces mêmes
hommes qui, lorsque l’Empereur d’Al
lemagne voulut placer un Hohenzollern
sur le trône d’Espagne, jetèrent les plus
hauts cris, en accusant l’Empereur de
trahison. Ce sont ces mêmes hommes
qui, lors de l’affaire d’Ems, créée de
toutes pièces par Bismarck forcèrent
l’Empereur à déclarer la guerre à l’Al
lemagne, malgré l'infériorité manifeste
du matériel et du nombre. Ils escomp
tèrent la victoire des Allemands pour
mieux trahir.
Ce sont les mêmes encore, qui à la
veille de la déclaration de guerre, vo
tèrent tous les crédits demandés, alors
qu’ils les avaient refusés trois ans plus
tôt. Ce sont enfin les mêmes, toujours
les mêmes, qui, pour satisfaire leu:
vanité, leur orgueil, leurs intérêts per
sonnels, contre les intérêts de la France,
firent le coup d Etat, devant l'ennemi,
et pour n’avoir pas voulu céder :
Une pierre de nos forteresses, ni un
pouce du territoire, lors de l’entrevue
de Ferrières, ils durent abandonner,
quelques mois plus tard, l’Alsace-Lor-
raine et consentir au payement d’une
indemnité de cinq milliards. Leurs gé
néraux s’appelaient Bazaine et Wimp-
fen; le premier capitula dans Metz avec
178.000 hommes, le second fut la cause
directe de Sedan.
Pour un début, c’était un beau dé
but; mais nous en avons vu bien d’au
tres depuis.
Lecteurs du Progrès de la Somme,
dites-moi,je vous prie, où s’est exprimée
la volonté du peuple dans tout ce qui
précède ? On vous ment.
Le 4 septembre 1870 a été fait par
des hommes pareils à ceux qui gou
vernent actuellement ce pays : des dé
magogues, des menteurs, des tripo-
teurs, des hommes louches. Jamais ils
n’ont pu faire ratifier ce coup d’Etat par
le peuple français; jamais le régime
pourri dont nous ont doté ces hom
mes n’a obtenu le consentement de la
Nation. Leurs premiers préfets, leurs
premiers sous-préfets, ils les ont pris
n’importe où ; il y en a eu de bons (il
y a des hommes honnêtes dans tous les
partis), mais nous savons aussi qu’ils
en ont choisi dont la place aurait été
plutôt au bagne. Et vous savez comme
moi que ce que j’avance est encore vrai
aujourd’hui.
Je 11c rougis pas de serrer la main aux
braves gens, à quelque parti qu'ils ap
partiennent, mais je méprise les menteurs.
Georges PERRIER.
Piqûres d'abeilles
Le scrutin d’arrondissement, au fond,
c’est une question de gros sous. Ce que ses
partisans de la gauche radicale-socialiste
veulent surtout arrondir, c’est leur bourse,
et tous les arguments de haute stratégie po
litique qu’on nous sert pour le justifier,
c’est du boniment pour les tréteaux de hi
foire.
Tout ce battage devant un public qui
n’est point, dupe fend simplement à mas
quer un double souci sordide :
Celui d’acquérir au plus juste prix de3
circonscriptions de tout repos dont l’effectif
électoral limité imposera moins de frais au
candidat, puis à l’élu;
Et celui de conserver indéfiniment des
situations qui sont enfin devenues bonnes
depuis les quarante-cinq mille.
Ayant à travailler un département tout
entier pour arriver à se faire élire et ré
élire, il est certain que le député du scrutin
de liste départemental est obligé, s’il veut
tenir le coup, soit de faire des prodiges de
valeur, soit de se payer une publicité qui
coûte cher.
-.Dès prodiges de valeur? Soyons aimable;
ne demandons pas combien, parmi ces
Messieurs, sont incapables d’émerger de
ia commune médiocrité pour s’imposer au
Prix : 25 centimes
21 e année —
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La France qui repousserait un maître attend un chef.
C’est à elle seule qu’il appartient de le désigner librement.
VICTOR NAPOLÉON.
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Paris (8 e )
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// faut dore
U ère des désordres,
il faut eu finir
avec les ihéories
d’ostracisme et les
doctrines de haine.
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i
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MENTEURS!
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7, rue de Naples, Paris (8 e ).
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iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiitiMiiur.
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Alors que dans le domaine de la po
litique nous assistons, depuis quelques
mois, à un réveil des idées napoléo
niennes, nous sommes heureux de sa
luer l’apparition d’un ouvrage littéraire
qui restera l’une des plus belles pierres
du monument que les Français ont
érigé à la mémoire de Napoléon.
Pour comprendre dans ses détails
l’œuvre surhumaine de Bonaparte, il
faut, avant toutes choses, étudier avec
avidité lame, le cœur et l’esprit de
celui qui restera toujours aux yeux de
ses adversaires comme de ses admira
teurs la figure la plus frappante de
notre Histoire.
Ce fut l’honneur d’un Frédéric, Mas
son de consacrer une vie laborieuse à
l’étude historique du Grand Homme.
Le livre de M. Lorenzi de Bradi trouve
sa place naturelle, dans toutes les bi
bliothèques, à -côté des ouvrages de Fré
déric Masson.
L’adolescent présente toujours en rac
courci les traits qui modèleront !a
figure de l’homme, et l’on ne peut
comprendre celui-ci que si l’on a pris
soin d’étudier celui-là.
C’est la tâche que s’était assignée
l’auteur de ce beau livre, il l’a accom
plie avec un rare bonheur.
La première phrase de l lntroduction
est une profession de foi : « Dès le ber ■
ceau, j’ai appris à aimer Napoléon. »
Ceci est mieux qu’une confession, c’est
d’abord un acte de foi et c’est aussi ce
qui explique le succès de l’ouvrage.
Le Culte de Napoléon est une sorte
de grâce, et s’il est vrai de dire que l’on
naît poète alors qu’on devient orateur,
il l’est aussi d’affirmer que l’on naît
napoléonien.
M. Lorenzi de Bradi a puisé dans sa
tradition familiale l’amour de l’Empe
reur. Son grand-père, le Chevalier de
Bradi, avait suivi son idole dans toutes
ses campagnes; il sut transmettre à son
petit-fils son culte et son enthousiasme.
De plus, c’est le talent d’un Corse qui
rend hommage au génie d’un Corse et
de là vient le charme fait de tendresse
et de dévotion que nous retrouvons à
toutes les pages.
L’auteur n’est pas loin d’écrire que
Napoléon n’a donné toute sa mesure
que parce qu’il est né dans « l’ile Em
baumée » et qu’il en eût été différem
ment si la Providence l’avait fait Borde
lais ou Lillois !
Hier, nous aurions souri devant une
telle prétention; en refermant le livre,
j’en étais, pour ma part, convaincu.
Il y a des terres prédestinées : la
Corse est de celles-là; pour berceau d’un
Géant il fallait cette île enfantée dans
une convulsion volcanique.
Le poète latin nous a conté les pro
diges qui accompagnèrent la mort de
César. On dirait que le ciel veuille sa
luer de son tonnerre les génies terres
tres. L’orage qui grondait sur Sainte-
Hélène, ce jour de mai où l’Empèrétir
mourut, lui rappela sans doute, aux
dernières heures de sa vie, que le matin
de sa naissance Ajaccio fut illuminé
d’un intense et bref éblouissement.
L’historien de Napoléon nous conte
les premières années de son LIéros. Il
faut lire son premier acte d’autorité
quand il voulut, à deux ans, s’opposer
à ce que le prêtre qui baptisait sa petite
sœur versât de l’eau sur la tête de celle-
ci : « Ses colères claquaient comme des
coups de vent, on ne pouvait le faire
pleurer. »
Il faut lire aussi les première batailles
que le petit Bonaparte livrait à la tête
des gamins de la ville, aux enfants des
faubourgs.
Son génie de stratège, de tacticien
apparaît déjà. Sachant qu’il se battra
sur la plage, il fait porter, de nuit, des
paniers de cailloux qu’il cache sous le
sable.
Il sait enflammer l’ardeur de ses pe
tits soldats, il n’a pas dix ans et déjà
il leur fait des proclamations !
Parfois, il accompagnait son père « à
la Sposata », la terre des Bonaparte ;
M. de Bradi l’a visitée, il a mis ses pas
où Napoléon avait posé les siens, et c’est
un poème que ces pages dans lesquelles
il chante « la religion de la vigne »,
cette nourrice qui permit d’assurer ses
études à l’élève de Brienne.
Il faudrait pouvoir citer toutes les
pages de ce livre; chacune est une con
tribution à l’Histoire de Napoléon et
même à l’Histoire tout court.
La Révolution a éclaté, Bonaparte
veut l’adapter en Corse. Combien
d’idées précises nous trouvons au cours
de ces chapitres consacrés aux intrigues
que se livrent, là-bas, les politiciens de
l’époque !
Paoli a pris le parti des Anglais. Bo
naparte dresse contre lui le Parti Fran
çais. C’est en vain que ses ennemis !e
feront accuser, à Paris, d’avoir troublé
l’ordre quand il s’est contenté de faire
échec à des combinaisons étrangères. 11
se disculpe et Paoli, pour se venger,
suscite des assassins pour se débarras
ser d'un rival exécré.
Plus tard, vainqueur, Paoli chasse de
Corse la famille Bonaparte après avoir
pillé sa maison.
Napoléon, « Nabulio », comme l’ap
pellent ses concitoyens, quitte sa Patrie,
pauvre comme Job, mais il a pour le
servir le plus grand génie de l’Histoire
et quand il reviendra dans « l’Ile de
Beauté », d’abord après l’expédition
d’Egypte, et puis après File d’Elbe, ses
concitoyens l'accueilleront dans un dé
lire d’ovations et d’enthousiasme.
Le succès qui a marqué dans les mi
lieux littéraires la publication du livre
de M. Lorenzi de Bradi est un juste
hommage au grand talent de cet écri
vain. Il a su nous montrer l’influence
d’un milieu prédestiné sur un homme
prédestiné. Amoureux passionné de sa
petite Patrie, il a traduit son amour
dans la plus belle des langues.
Sa description de la grotte de Casone
figurera demain dans toutes les antho
logies :
« C’est là que Nabuliô faisait l'école
« buissonnière. Quand l'étude le las-
« sait, il se réfugiait dans la grotte du
d Casone où, souvent, on allait le cher-
« cher. Son esprit, de bonne heure in-
« domptable et plein de fougue, trou-
« vait une sorte d’apaisement dans cette
« solitude, à l’ombre de la pierre,
« parmi les oliviers séculaires...
« Il me semble le voir dans ce sen
ti tier qui montait vers les oliviers du
« Casone. Il allait nonchalamment, res
te pirant les arômes de la terre et des
« feuillages, effarouchant les merles au
u bec d'or, arrachant, de temps à au-
« tre, des feuilles de myrte ou de len-
« risque, pour les mâcher. Il goûtait
it tion à demander à ses parents, plus
« de taquineries de camarades ; là il
« était son maître, il allait comme il
« voulait, chantant, sifflant ; là, il pen
« sait selon son génie. Car, de bonne
« heure, il sentit son génie ; il le sentait
t< avec plus de force dans l’isolement.
« D’où son penchant à s’isoler. Le tra
it vail mystérieux du génie le prenait
« comme un charme, et il aimait à s’y
« abandonner dans le murmure des
« arbres... »
Rogek GUERILLON.
Dans mon discours du 23 janvier,
reproduit par le journal; j'avait dit :
« Nous ne voulons pas que les lois soient
laissées à la confection des vétérinaires
de chef-lieu de canton. »
J’ai reçu une lettre de protestation de
l’un de nos amis les plus dévoués, les
plus fidèles qui, lui-même vétérinaire,
avait jugé cette phrase désagréable pour
ses collègues.
C’est qu’il m’avait mal compris; il
n’entrait pas dans ma pensée de jeter !e
moindre discrédit sur une corporation
parfaitement honorable.
Je voulais seulement faire une allu
sion à l’incapacité de ces hommes,
qu’ils soient avocats ou vétérinaires à
l'instar du citoyen Renaudel, qui en
trent au Palais-Bourbon à la faveur des
seules intrigues et qui, dans leur tra
vail de législateur, se révèlent bientôt
aussi incapables qu’ils le furent dans
l’exercice de leur profession.
R. G.
Nous sommes heureux de reproduire
pour nos lecteurs les passages essentiels
des discours prononcés par noire ami
Paul de Cassagnac et Mlle Peretti à la
Réunion de la Salle de Géographie :
Discours de M. Paul de Cassagnac
« L’Empereur précisait et définissait
les principes de gouvernement, c’est-à-
dire les principes dont nul peuple ne
peut se passer, quelle que soit la forme
de gouvernement qu’il ait adoptée. Ce
sont l’Autorité, la Responsabilité, la
Stabilité.
« L’Autorité, d’abord. Principe pre
mier et souverain, générateur de tous
les autres. Sans lui, tout est vain.
« L’Autorité, qu’est-elle au juste ?
L’homme dit : « Je pense, donc je
suis. » Le Gouvernement dit : « Je gou
verne, donc je suis. » Un Gouverne
ment qui gouverne contient toute sa
propre raison d’être, s’il a le droit
d’exercer légitimement le pouvoir,
c’est-à-dire l’Autorité. Mais s’il n’est pas
capable de gouverner, il n’est rien.
« L’Autorité est aussi éloignée de la
tyrannie qui en est la caricature, que
de l’anarchie qu’elle réprime par défi
nition.
« Sans elle, rien ne peut être dans
un pays, et voilà pourquoi l’Empereur
voyait en elle la garantie de l’Ordre, de
la Loi, de la Légalité aussi, de la Liber
té, de la Propriété, de la Justice et de
la Sûreté.
« Quant à la Liberté, elle n’est pas
un principe de Gouvernement : il faut
bien fixer ici la doctrine. La liberté est
un Droit, comme le précise la Décla
ration fameuse qui précède la Consti
tution de 1791; un droit naturel et im
prescriptible. Mais, comme l’a écrit un
homme qui avait admirablement com
pris la doctrine napoléonienne, l’Etat
n’est pas une source de liberté, et on ne
peut lui demander de le devenir; il ne
faut demander à chaque chose, à cha
que être, que de remplir sa destination.
L’Etat est le pouvoir organisé et l’on ne
doit attendre de lui que l’exercice de
l’Autorité. La Liberté, elle, a sa source
dans l’individu, dans le citoyen. Et cha
cun de nous, aliénant une part de cette
Liberté, la tend à l’Etat, et lui dit :
« Prends, prends I et avec ces fragments
de liberté que nous te donnons, forge
une puissance commune qui nous pro
tège et nous défende. » Cette force, c’est
la Loi, et pour la rendre opérante, pour
l’animer, il faut l’Autorité.
« Voilà, Messieurs, tout l’esprit de la
Doctrine Napoléonienne. J’abrège. Ce
n’est point par un autre jeu que l’Au
torité garantit la Propriété, la Justice
et la Sûreté.
« A l’Autorité est liée la Responsabi
lité. Qui, dans un pays, exerce celle-là
doit être chargé de celle-ci. C’est une
conséquence logique, c’est une mora
lité nécessaire. Mais, pareillement, on
ne peut imputer la Responsabilité à qui
n’exerce pas l’Autorité.
« Et pour que toutes deux soient bien
faisantes, il faut qu’elles se reposent sur
la Stabilité ; le gouvernement doit dis
poser du temps indispensable pour -con-
cevoir. mûrir, développer, épanouir la 1
mise de toutes les ressources morales et
matérielles de la nation, dans la plus
large acception du terme.
« Napoléon fut le Messie des idées
modernes, le prophète des principes
que je viens de vous énoncer. J’aurais
voulu avoir le temps de vous démon
trer que seuls ils importent. Dans les
crises de trouble, de doute, les nations
n’ont qu’à se référer à eux. Leur clarté
perce la brume et indique la route avec
certitude, alors que les solutions de ha
sard, de rencontre ou de personnes con
duisent à la déception et à ses consé
quences redoutables.
« La nation qui enferme en sa Cons
titution les Principes napoléoniens
d’Autorité, de Responsabilité, de Stabi
lité, possède le viatique infaillible.
Celle qui les méconnaît ou les rejette
court à sa perte.
« Dès lors, une conséquence surgit,
que l’Empereur avait aperçue, lui qui
avait traversé tant de régimes baptisés
différemment : République, Directoire,
Consulat, Empire... une conséquence
qu’il affirmait et qui surprend toujours
l’homme dont l’esprit n’a point réflé
chi sur ces choses, mais qui est pro
fondément vraie : peu importe le nom
du régime, le tout est de savoir dans
quelle mesure il s’est approprié, incor
poré les principes.
« Une République dont le titre est
libéral peut être absolue : telle la Répu
blique des Etats-Unis, telle celle de
Louis Napoléon, qui fut Napoléon III.
« Et un Empire, au vocable impé
rieux peut infuser à ses institutions un
libéralisme —- disons le mot — un
germe d’anarchie dont il périra, pour
le plus grand dommage de la nation
elle-même.
tt C’est l’erreur qu’avait commise à la
fin de s,on règne Napoléon III. Et mon
père l’avait bien vue, et il en pressen
tait toutes les conséquences désastreu
ses, lorsqu’il attaquait avec violence
dans le journal qu’il dirigeait alors, le
ministère d’Emile Ollivier.
« Ces attaques déplurent à l’Empe-
reür. Un matin, il fit appeler mon père
aux Tuileries, et lui donna l’ordre de
les cesser.
« — Non, Sire; j’en suis au regret,
mais je n’obéirai pas, dit mon père.
« — Et puis-je savoir pourquoi ?
tt —- Sire, je sers les Principes et non
les Princes. Et je sers les Princes dans
la mesure où ils sont fidèles eux-mêmes
aux principes qu’ils doivent incarner. »
« L’Empereur se fâcha :
« — Vous êtes mon serviteur, pour
tant, et mon sujet ?
« — Oui, Sire, je suis votre servi
teur, mais je sers debout. »
« Cette audace émut l’Empereur :
« — Eh bien! tête de fer, reprit-il,
vous ne m’avez jamais rien demandé.
Demandez-moi quelque chose aujour
d’hui. »
« Dans l’espace d’une seconde, mon
père jeta un regard autour de lui, et
sur la cheminée du cabinet de travail
où tous deux se trouvaient, il vit le
bronze, le buste du Prince Impérial,
par Carpeaux.
(Voir la. suite 2 e page, 4 e colonne).
Dans un petit canard de province,
qui s’intitule le Progrès de la Somme,
on lit les lignes suivantes, que l’auteur
a oublié de signer, comme de bien en
tendu.
Les aigles impériales étaient vain
cues et le peuple de Paris, ap
prouvé par la # Nation entière, ve
nait dans un sursaut de colère ven
geresse d’obliger la dynastie napo
léonienne à abandonner le pou
voir conquis quelque vingt ans
plus tôt par des procédés que l’His
toire impartiale a jugés. Un gou
vernement provisoire, de Défense
Nationale, s’était créé, dont le pre
mier 6oin fut de s’entourer de ci
toyens comprenant les nécessités
de l’heure et dont le passé répon
dît de l’avenir. Il fallait notam
ment qu’à ia tête des départements
fussent placés des hommes d’ini
tiative et d’autorité, respectés de
leurs concitoyens, versés dans les
affaires, aptes à faire s’instaurer
definitivement cet esprit démocra
tique dont l’aurore déjà pointait
dans le ciel sombre de la défaite.
C’est ainsi que fut nommé à la
préfecture de la Somme, un hom
me de haut mérite, M. Jules Lar-
dière, industriel osé et énergique,
républicain dont les opinions
n’avaient pas attendu pour se ma
nifester que survinssent les der
niers soubresauts de l’Empire.
Depuis longtemps déjà aux cô
tés de Frédéric Petit et de Lucien
Fournier, il avait, guidé par un
idéal sûr et animé par un cœur
d’apôtre, remué les masses, expo
sé aux ouvriers qui trouvaient en
lui un ami aux conseils éclairés
et à l’attentive générosité, le ma
gnifique programme de liberté, de
fraternité et d’égalité, au coin du
quel est frappée la conception ré
publicaine.
Et voilà comment on écrit l’histoire :
c’est grâce aux mensonges des partisans
du régime alimentaire, que les braves
gens de France croient dur comme fer
qu’avant 1 l’avènement de la République,
III e du nom, la France n’était pas gou
vernée.
Petit rédacteur du Progrès de la
Somme, permetlez-moi de redresser vos
erreurs volontaires, pour la gouverne de
vos lecteurs qui, entre nous, ont bien le
droit de connaître toute la vérité.
En 1870, les Aigles Impériales furent
vaincues, c’esj,- vrai ; mais non pas com
me vous voudriez le faire croire à vos
lecteurs, par les seuls Allemands, mais
surtout par des Français, des Français
à la petite semaine, qui s’appelaient
Gambetta, Jules Favre, Jules Simon,
Jules F’erry, Magnin, Garnier, Pagès,
Thiers, etc., des hommes qui n’hésitè
rent pas à renverser un gouvernement
qui avait doté les ouvriers de France de
17 lois sociales en 22 ans, alors que
votre République n'est même pas capa
ble de donner du pain à ceux qui ont
été meurtris sur les champs de bataille
de 1 g 14 à 1918. Ils ont renversé l’Em
pire. Avec le consentement du peuple,
dites-vous ! Mensonge !
Ils ont trahi la France devant l'ennemi,
voilà la vérité.
Alors que dès 1866, Napoléon III, per
cevant le danger qu’il y avait pour la
France de n’avoir pas un nombre suf
fisant de canons, de mitrailleuses et de
soldats, à opposer à l’Allemagne, dans
le cas probable d’une provocation de sa
part, alors que Napoléon III, dis-je, en
villégiature à Biarritz, établissait un
projet de réorganisation de l’armée, qui
devait équilibrer les forces de l’Allema
gne et de la France à 1.200.000 hom
mes, on vit se dresser sur les bancs de
la Chambre les traîtres que j’ai cités
plus haut, pour combattre et annuler
LA SEULE ORGANISATION CAPABLE DE FAIRE
RÉFLÉCHIR BISMARCK.
M. Magnin, qui fut Président du Sé
nat sous Votre République, disait : tt Je
repousse cette loi parce qu’elle est une
surcharge imposée à la population. »
M. Thiers l’approuvait; et pour faire
plus vivement rejeter la loi disait en
pleine séance : « On vous présente l’ar
mée prussienne forte de 1.200.000 hom
mes; c’est une fantasmagorie de chif
fres I n’en croyez rien. »
Et, cependant, cette affirmation était
juste, nos soldats s’en rendirent compte
quatre ans plus tard.
Ernést Picart disait; sur le ton le' plus
convaincu : a Je vous conjure dans l'in
térêt de la France, de repousser cette
loi. »
Jules Simon disait avec cynisme :
« Les armées permanentes sont jugées
et condamnées, je ne voterai pas des
crédits inutiles. »
Jules Favre clamait au maréchal Nie),
ministre de la guerre : « Vous voulez
donc faire de la France une vaste ca
serne ? »
« Prenez garde d’en faire un vaste
cimetières », lui répondit le maréchal.
Voilà de quelle façon les pères de la
111° République, qu’aucune nation ne
nous envie, voyaient leur devoir de
Français.
Et la loi salvatrice, la loi qui devait
empêcher la guerre, fut repoussée, mal
gré les patriotiques efforts du maréchal
Niel.
Les démagogues, les soi-disant pa
cifistes, hier comme aujourd’hui, li
vraient la France à l’Allemagne. Et
notez bien ceci : ce sont ces mêmes
hommes qui, lorsque l’Empereur d’Al
lemagne voulut placer un Hohenzollern
sur le trône d’Espagne, jetèrent les plus
hauts cris, en accusant l’Empereur de
trahison. Ce sont ces mêmes hommes
qui, lors de l’affaire d’Ems, créée de
toutes pièces par Bismarck forcèrent
l’Empereur à déclarer la guerre à l’Al
lemagne, malgré l'infériorité manifeste
du matériel et du nombre. Ils escomp
tèrent la victoire des Allemands pour
mieux trahir.
Ce sont les mêmes encore, qui à la
veille de la déclaration de guerre, vo
tèrent tous les crédits demandés, alors
qu’ils les avaient refusés trois ans plus
tôt. Ce sont enfin les mêmes, toujours
les mêmes, qui, pour satisfaire leu:
vanité, leur orgueil, leurs intérêts per
sonnels, contre les intérêts de la France,
firent le coup d Etat, devant l'ennemi,
et pour n’avoir pas voulu céder :
Une pierre de nos forteresses, ni un
pouce du territoire, lors de l’entrevue
de Ferrières, ils durent abandonner,
quelques mois plus tard, l’Alsace-Lor-
raine et consentir au payement d’une
indemnité de cinq milliards. Leurs gé
néraux s’appelaient Bazaine et Wimp-
fen; le premier capitula dans Metz avec
178.000 hommes, le second fut la cause
directe de Sedan.
Pour un début, c’était un beau dé
but; mais nous en avons vu bien d’au
tres depuis.
Lecteurs du Progrès de la Somme,
dites-moi,je vous prie, où s’est exprimée
la volonté du peuple dans tout ce qui
précède ? On vous ment.
Le 4 septembre 1870 a été fait par
des hommes pareils à ceux qui gou
vernent actuellement ce pays : des dé
magogues, des menteurs, des tripo-
teurs, des hommes louches. Jamais ils
n’ont pu faire ratifier ce coup d’Etat par
le peuple français; jamais le régime
pourri dont nous ont doté ces hom
mes n’a obtenu le consentement de la
Nation. Leurs premiers préfets, leurs
premiers sous-préfets, ils les ont pris
n’importe où ; il y en a eu de bons (il
y a des hommes honnêtes dans tous les
partis), mais nous savons aussi qu’ils
en ont choisi dont la place aurait été
plutôt au bagne. Et vous savez comme
moi que ce que j’avance est encore vrai
aujourd’hui.
Je 11c rougis pas de serrer la main aux
braves gens, à quelque parti qu'ils ap
partiennent, mais je méprise les menteurs.
Georges PERRIER.
Piqûres d'abeilles
Le scrutin d’arrondissement, au fond,
c’est une question de gros sous. Ce que ses
partisans de la gauche radicale-socialiste
veulent surtout arrondir, c’est leur bourse,
et tous les arguments de haute stratégie po
litique qu’on nous sert pour le justifier,
c’est du boniment pour les tréteaux de hi
foire.
Tout ce battage devant un public qui
n’est point, dupe fend simplement à mas
quer un double souci sordide :
Celui d’acquérir au plus juste prix de3
circonscriptions de tout repos dont l’effectif
électoral limité imposera moins de frais au
candidat, puis à l’élu;
Et celui de conserver indéfiniment des
situations qui sont enfin devenues bonnes
depuis les quarante-cinq mille.
Ayant à travailler un département tout
entier pour arriver à se faire élire et ré
élire, il est certain que le député du scrutin
de liste départemental est obligé, s’il veut
tenir le coup, soit de faire des prodiges de
valeur, soit de se payer une publicité qui
coûte cher.
-.Dès prodiges de valeur? Soyons aimable;
ne demandons pas combien, parmi ces
Messieurs, sont incapables d’émerger de
ia commune médiocrité pour s’imposer au
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