Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-06-12
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Description : 12 juin 1857 12 juin 1857
Description : 1857/06/12. 1857/06/12.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Date de mise en ligne : 15/10/2007
JOÎIHNAL DES DÉBATS BU VENDREDI 1.2 JUIN" A8S1,
voie des négociations directes s'affaiblit sensiblement
jusqu'au moment où nous eûmes pour ainsi dire la
certitude que In Prusse n'était nullement disposée à
se mettre en rapport direct avec nous sur ces bastes.
» C'est ici te cas de rappeler le point de vue auquel
n!>us avons cru devoir nous placer et nous maintenir
\is-a-vis de la conférence.
» 11 n'eût pas été dans le rôle de la Confédération
de reconnaître à la conférence le caractère, d'un tri-
bunal arbitrai. C'est pourquoi nous déclinâmes toute
espèce ce droit en vertu duquel la conférence au-
rait cherché à formuler, de son chef des condi-
tions tendantes à l'aplaaissement du différend, et que
]a Suisse n'aurait eu qu'à accepter sans autre for-
malité. Bien plus, nous ne reconnûmes à la con-
férence que le caractère qu'elle pouvait revendi-
quer, de médiatrice, en alléguant que la Suisse de-
vait se mouvoir librement, et qu'il lui devait être
absolument réservé de pouvoir accepter ou rejeter il
son gré les conditions qui lui seraïent faites. Rien,
du reste, n'autorise à croire que cette manière de
̃voir ait fait l'objet d'un doute; au contraire, le point
de vue que nous tenions à faire prévaloir est complè-
tement sauvegardé, et il vous est dès lors entière-
menfloisible de prendre la détermination que vous
jugerez la plus utile au bien du pays.
» Des circonstances de diverse nature, et notam-
ment l'arrivée tardive des instructions nécessaires
aux plénipotentiaires, firent ajourner jusqu'au 9 fé-
vrier la réunion de la conférence, et par suite d'au-
tres empêchemens ]a première séance ne put même
avoir lieu que le 5 mars. La France, la Grande-Bre-
tagne, l'Autriche et la Russie y furent seules repré-
sentées. La conférence s'accorda à reconnaltre que lit
question de Neuehàtel, telle qu'elle se présentait,
constituait pour la paix de l'Europe un danger per-
manent, lequel ne pourrait être écarté qu'autant que
le rji de l'russe consentirait à renoncer aux droits
que les traités lui assuraient sur le canton de Neu-
ciiàtei. La conférence décida dans cette séance préli-
miuaire que le plénipotentiaire de S. M. le roi de
Prusse seiait invité' la séance suivante, et que le
résultat de la première séance lui serait communi-
qué.
̃ A A la seconde séance, tenue le 7 mars, le plénipo-
• temiaire.de Puisse ayant, après la lecture du premier
protocole, déclaré qu'il devait en référer à son gouver-
nement, les autres membres de la conférence expri-
mèrent l'espoir que le plénipotentiaire de Prusse se
trouverait prochainement en mesure de faire con-
nitlirelesr résolutions de son gouvernement.
« La troisième séance ne put pas avoir lieu avantle
24 mars. L« plénipotentiaire de Prusse y présenta les
conditions auxquelles S. M. le roi était disposée à re-
noncer à ses droits sur Neuchâtel. Ces conditions
étaient formulées comme suit
« ,1° Les rois de Prusse conservent k perpétuité le
̃» titre de prince de Neuchâtel et de Yalangin.
» 2° La Confédération suisse garde' à sa charge tous
» les frais résultant pour elle des éyônemens de sep-
» tembre; elle bonifiera l'indemnité fédérale pour
w l'entretien drs troupes d'occupaii'on.
» Î/Elat de Neuchâtel ne pourra être appelé a eon-
» trilmerk ces dépenses que comme tout autre canton
» et ait prorata de son contingent d'argent.
» 3" Les dépenses qui demeureront la charge de
» l'Etat seront réparties sur tous les habiluns, d'a-
» pies le principe d'une exacte proportionnalité, sans
» que. par la voie d'un impôt exceptionnel ou de
» toute autre manière elles puissent être mises exclu-
» sivement ou principalement à la charge d'une
» cla » 4° Aucune action, soit pénale ou correctionnelle,
» soit civile ou en dommages et intérêts, nepourra
» être dirigée ni par l'Etat de Neuchàlel, m par la
r> Confédération ni par aucune corporation on
» personne quelconque contre aucun de ceux qui
M ont pris part directement ou indirectement aux
» événemens de septembre.
Il 5" La Confédération helvétique paiera au roi la
» somme de 2 millions de francs comme équivalent,
3> pour le passé et pour l'avenir, des revenus annnel-
» lement mis par l'administration neucliàteloise à la
» libre disposition du prince. L'Etat de Neuchâtel ne
» pourra être chargé pour le paiement de cette somme
» qu'au prorata de son contingent d'argent.
« 6° Les biens de l'Eglise qui ont été réunis en 1848
» au domaine de l'EUt seront rendus à leur destina-
3> tion primitive. L'administration de ceux de ces
» biens qui appartenaient à l'Eglise réformée et qui
» étaient gérés par la chambre économique sera re-
» mise à une commission spéciale oit l'Eglise aura
» une juste représentation. La Suisse garantira l'exé-
» cution du présent article.
ij 7" Les capitaux et les rentes des fondations
» pieuses, des institutions privées d'utilité publique,
» des hospices bourgeois et communaux et des
» chambres de charité de l'Eglise et de la Compa-
» gaie des pasteurs seront respectés par l'Etat, qui
» lie pourra en devenir ni le propriétaire ni l'admi-
» nislialeur; la même garantie sera donnée 11 la fur-
» tune léguée par M. le baron de Pury à lit bourgeoi-
» sie do Neuchâtel, qui conservera la libre disposi-
» lion des revenus de cette fortune, pour les em-
» ployer conformément au testament du donateur.
» la Suisse garantira l'exécution du présent article.
» S" Une amnistie pleine et entière sera prononcée
pour tous les délits ou contraventions politiques ou
» militaires en rapport avec les derniers événemens,
» en faveur de tous les Nenchalelois suisses en étran-
» »er. et notamment en faveur des hommes de la
» milice qui se sont soustraits, en passant à fétran-
» ger, l'obligation de porter les armes contre leur
» prince.
» L'amnistie devra s'étendre à tous les délits politi-
» que-; de presse qui seraient antérieurs au 3 sep-
D timbre 1856.
» 9» Alln de laisser se calmer l'agitation provoquée
» parles derniers événemens, et d'assurer à tous les
» Ni'iichàtelois leur part légitime k la fixation d«
» leurs institutions, tout vote et tout débat sur la
» Constitution seront renvoyés d'un an ou de six mois
» au moins.
» Il serait conforme, aux antécédens et fondé en
» droit que les Neueliàtflois indigènes participas-
» sent seuls à cette œuvre constitutive, sans que, les
» étrangers domiciliés dans le pays pussent, par leur
» concours, influencer le résultat des votes. »
» Avant de se prononcer au sujet de ces conditions,
la conférence résolut de les porler k la connaissance
da plénipotentiaire de la Confédération, avec l'invi-
tation d'assister ïi la séance suivante. L'important
document renfermant les conditions attachées par la
Prusse à l'accomplissement des vreux.de la Suisse fut
soumis à notre délibération le 28 mars. Nous ne lar-
dâmes pas un instant à transmettre lit notre délégué
des instructions ultérieures dans lesquelles nous ne
jugeâmes pas devoir nous départir des points suivans,
niïi s'harmonisaient parfaitement avec les instr ic-
Uonsprimitivts:
» 1° Quant à la question relative au titre, nous es-
timons t'avoir suffl-îummonl prévue dans notre pre-
mière, instruction. Il y était démontré qu'une stipu-
lation de cette nature ne pouvait pas trouver place
dans un traité. Tout en admettant que des monar-
ques portent certains titres auxquels ils ne rattachent
aucun droit réel, il ne faut pas oublier que ces titres
reposent, uniquement sur la tradition, sans être en
aucune, manière garantis par une convention for-
melle C'est ainsi, par exemple, que l'empereur d'Au-
..iche Dorte le titre de comte et prince de Habsbourg,
eut un jour l'idée d'arranger pour le piano une
ouverture de ma connaissance. Son travail
ayant été publié, il m'en apporta un exem-
plaire, et je le priai de vouloir bien me faire
entendre ce morceau phénoménal. « Volontiers,
me répondit-il, mais c'est un peu difficile; je
n'en viendrais pas à bout aujourd'hui. Il faut
que je m'exerce pendant huit jours au moins
pour me mettre en doigt*. » Cette ouverture
ainsi réduite pour le piano rentre dans la ca-
tégorie des diners en peinture, et pourrait don-
ner aux partisans de la musique muette quel-
que apparence de raison.
Prudent, au contraire, a de l'amour pour les
réalités; ce qu'il écrit, il le joue, et comme il
̃veut, et quand il veut; il n'a pas besoin seule-
ment de quarante-huit heures d'exercices, il
est toujours en doigts. Aussi ses compositions
de piano ne sont-elles pas raisins peints à at-
traper les grives, mais de belles et bonnes
grappes dorées par le soleil, et où chacun mord
à belles dents..
La vogue intelligente, une popularité de bon
aloi, se sont attachées à plusieurs de ses œu-
vres. Je n'oublierai pas l'enivrement du public
en entendant un soir dans la salle de Ilerz le
Réveil des Fées, exécuté par l'auteur. Pour ré-
pondre au désir de tout l'auditoire, Prudent
dut le répéter au milieu des murmures de plai-
sir et des applaudisscmens mal contenus, et
j'avoue que je l'eusse volontiers entendu une
troisième fois. Il y a là un balancement rhyth-
mique, un doux cliquetis de perles sonores
qui berce et caresse sans qu'on puisse s'en las-
ser et quelle grâce souriante dans ce trait
mélodieux voltigeant sans cesse au-dessus de
ce beau lac d'harmonie! Comme tout cela est
élégant, frais et pur!
L'auteur de ce poétique morceau vient d'en
produire le pendant dans le caprice-étude in-
titulé les Naïdcs, où des qualités semblables à
celles que je viens de signaler se font remar-
quer. La barcarole se rapproche plutôt, par son
allure calme et son coloris moins éclatant, du
deuxième concerto que Pruent a nommé la
Prairie, et dont le sentiment général offre en
effet d'évidentes analogies avec cet ordre de
sensations douces (comme dit Beethoven en tête
du premier morceau de sa symphonie pasto-
rale) qu'on éprouve à l'aspect d'un paysage riant.
Voilà tout ce que l'auteur a prétendu repro-
duire par la musique. Cela se peut-il? Evidem-
ment oui. Tous les grands compositeurs l'ont
que le roi de s'arriaigne a le titre de roi de Jérusalem.
Cependant ni U Sair,se ni lit Porte n'oht reconnu ex-
pressément ces titres on ne les ont garantis à perpé-
tuité par un traité. l,a Suisse ne pourrait sans doute
pas empêcher S. M. le roi de Prusse de continuel à
porter le titre de prince de, Neucliàtcl; mais, dût le
cas se présenter, ta Confédération a la ferme convic-
tion et aOmetcomme s'entendant de soi -n.ême qu'on
n'en pourra faire découler aucune prétention quel-
conque, tant vis-à-vis du canton de Neuchâtel que
vis-à-vis de la Suisse.
» 2° Quant au numéro 2 des conditions (traitant de
la répartition des frais), tout en y souscrivant pour le
fond, nous avons dû toutefois demander une rédac-
tion pins précise.
» 3° Le numéro 3 (traitant des dépenses qui tom-
bent à la charge de l'Etat de Neuchàlel) paraît répon^
dre à de justes exigences 11 ne serait cependant pas
nécessaire que les dispositions qu'il renferme fussent
spécifiées d'une manière aussi circonstanciée, at-
tendu que Neuchittel ne saurait demander, pas plus
que la Confédération ne pourrait permettre que ces
frais fussent prélevés d'u'ie manière partiale ou im-
posés à telle o? telle classe de citoyens ou même à de
certaines familtes.
» Les numéros 4 et 8, qui traitent de t'amnistie, de-
vraient, selon nous, Cire réunis en un seul paragra-
phe. Nous a^'ons déclaré adhérer au contenu de ces
articles, en nom réservant d'ultérieures résolutions
au sujet de la compétence. Nous fûmes d'avis que
tous les délits politiques et militaires qui se ratta-
chent aux événemens de septembre doivent être ad-
mis au bénéfice d'une, amnistie complète el loyale,
de laquelle ne seraient exclus que les criminels ordi-
naires dans la plus stricte acception.
» 5° Relativement au n° 5, qui a pour objet la ques-
tion de l'indemnité, nous dùmes persister avec éner-
gie dans notre précédente instruction, aux termes de
laquelle nous contestons en principe l'indemnité et
ne pouvons admettre aucune obligation de la purt de
la Confédération à cet égard. Mais. abstraction faite
de cette considération, la somme demandée était en
dehors de toute proportion avec la situation actuelle.
A supposer que dans le temps la Suisse eût consenti
au paiement de cette somme, il ne faut pas perdre de
vue que les ciiconstances ont pris, à la suite des évé-
nemens de septembre, un caractère tout différent, et
ayant pour effet de restreindre considérablement les
limites d'une indemnité éventuelle.
» Les événemens de septembre, auxquels la Suisse
n'a contribué en rien, ont, ainsi que l'éventualité
d'une guerre, occasiouné tant à la Confédération
qu'aux cantons des charges extraordinaires qui ont
dû êlre prises en due considération. Lors des négo-
ciations de janvier, on a aussi eu lieu d'admettre
d'une manière assez certaine qu'il ne serait pas
question d'une indemnité pécuniaire, et c'est pour
celte raison que notre délégation n'a pas louché
ce point spécialement dans la Note de janvier. Si
dans le cours des négociations l'indemnité eût été
lixée à tel ou tel chiffre, la dernière disposition, celle
en vertu de laquelle le canlon de Neuchâtel ne devait
contribuer aux dépenses que comme tout autre can-
ton et dans la proportion établie, devait être écartée.
Le canton de Neuchâtel n'est pas annexé comme
province à l'Efat unitaire de la Suisse, mais comme
canton jouissant de nombreux et.imporfans droits de
souveraineté, et faisant partie d'une fédération d'Etats
alliés el possédanl les mêmes droits, et auxquels il
était déjà étroitement uni par des trailés. La mesure
de ce que Neuchâtel aurait à supporter pour sa part
d'indemnité serait l'objet d'un arrangement entre la
Confédération et les cantons. Le prorata que la Con-
fédération prendrait k sa charge rentre dans le do-
maine de sa libre appréciation, et cela h plus forte
raison que le bénéfice qui résulterait du rachat de la
somme dite royale ne profiterait en aucune manière
à la Confédération, mais uniquement et exclusive-
ment au canlon de Ni-uchàlel, qui a eu à acquitter
jusqu'en 1848 les intérêts du capital actuellement ré-
clamé. La prétention relative à la revendication du
capital est d'autant plussurprenanle, qu'il est notoire
que la somme royale était presque exclusivement
employée dans le pays.
» 0° Nous avons dû repousser formellement le nu-
méro G des conditions (traitant de l'administration
des birns de l'Eglise) dans la forme présentée, par le
motif pur et simple qu'il s'agit d'un objet seiatta-
chanl a la législation intérieure qui n'est pas suscep-
tible d'être réglée par un traité conclu avec un Etat
étranger. Une semblable immixtion dans la législa-
tion serait d'ailleurs absolument incompatible avec
l'entière indépendance du canton de Neuchâtel, qui a
été assurée a ta Suisse. Au surplus, ce qui est contesté
dans la condition dont il s.'agit n'est pas chose nou-
velle; des rapports identiques existent dans la plu-
part des cantons, et même dans un grand nombre
d'Etals étrangers de confession évangôlique et catho-
lique, où l'on n'a pas hésité k incorporer les biens de
Pliglise, en mettant à la charge du budget de l'l?tat
l'entretien du clergé, ainsi que les autres dépens! s
de l'administration ecclésiastique. Le numéro G ren-
ferme un empiétement manifeste sur les pouvoirs
constitutionnels d'un canton souverain, et l'autorité
fédérale ne serait pas compétente pour l'admettre.
» 7" Le contenu du numéro 7 (garantie des fonda-
tions pieuses) ne nous parait pas non plus devoir figu-
rer au traité. 11 n'y aaucune espèce de doute que les
fondations pieuses et. charitables jouiront de toute la
protection à laquelle elles peuvent prétendre, aux ter-
mes de la Constitution fédérale et cantonale. Les as-
surances relatives à l'intégrité des fondations pieuses
trouveraient mieux leur place dans une déclaration
séparée, de nature k tranquilliser pleinement la par-
tie opposée.
» 8" Enfin nous avons dû décliner positivement
ce qui est formulé au numéro 9. Le dernier membre
de cet article est diamétralement en contradiction
avec la Constitution fédérale. Cette dernière garantit
(article il) à tout citoyen suisse la faculté d'exercer
ses droits politiques pour les affaires fédérales et can-
tonales dans le canton où il est établi. Si l'on devait
néanmoins tenir compte de l'article 9, il faudrait
commencer par faire subir des ebangemens à la Con-
stitution fédérale, opération pour laquelle il n'existe
actuellement aucun motif ui aucune perspective.
» La première partie, de cet article ne se justifie non
plus en aucune manière. La Constitution du canton
de Neuchàlel du 30 avril 1818 prescrit textuellement
(articles 41 el suivansj la manière en laquelle, une ré-
vision de la Constitution doit être préparée. Il en ré^
suite qu'une révision de la Constitution k l'expiration
de neuf ans est admissible sans doute, mais il n'est
nullement prescrit que la révision doive réellement
avoir lieu il cette époque. Or la condition stipulée au
n° 9 n'a aucune valeur pratique; car, à supposer que
dans le courant de l'année une révision vienne à être
demandée conslilulionnellemenl, il s'écoulerait, jus-
qu'à ce que la révision pût s'effectuer, presque autant
de temps qu'il n'est prévu dans les conditions posées
par la Prusse.
» Dirigés par ces motifs, nous jugeâmes convena-
ble donner pour) instruction, k notre pléni-
potentiaire d'annoncer à la conférence que ses com-
mettans avaient pris connaissance de la déclaration
des quatre puissances, portant que la question neu-
cliàteloise était un sujet de cortlliis el nu danger par-
manent pour le repowie l'Europe, et que le seul
moyen d'y remédier était que le roi de Prusse fit un
sacrifice a l'intérêt général, en renonçanl à Neuchâ-
tel.
pensé comme lui; il serait puéril de le dé-
monlrer, et les gens qui voudraient ridiculiser
cette nouvelle tentative de musique pittoresque
en attribuant à Prudent l'intention de peindre
une prairie avec sa ceinture de saules, ses
hautes herbes, ses pâquerettes aux longs cils
blancs, ses orchis aux panaches roses et
ses ruisseaux murmurans, seraient des gens
de peu d'intelligence ou de peu de bonne foi.
La musique ne peint rien de tout cela, mais
elle peut faire qu'en l'écoutant on pense à tout
cela, et par suite faire renaître dans l'àme de
l'auditeur des impressions analogues à celles
qu'il éprouva en contemplant les calmes beau-
tés de la nature agreste. A coup sûr il n'y a
pas de musicien assez sot pour croire qu'i]
pourra donner par des sons l'idée d'une prairie
à un aveugle de naissance.
Mais je suis vraiment bon de m'amuser à dé-
battre encore cette vieille question.
Le scherzo qui a récemment paru avec les
autres morceaux dont je viens de parler est,
comme son nom l'indique, un badinage, mais
un badinage du plus piquant intérêt, où la
main droite exécute de charmantes folàtreries,
d'un dessin remarquable par son élégante ori-
ginalité.
Les six Romances sans paroles enfin apparu
tiennent à ce genre de musique mélancolique
sans passion, un peu indolente, qui plaît tant
aux natures allemandes, et dont Mendelssolm
fut sinon le créateur, au moins le propaga-
teur ingénieux. Celles du recueil de Prudent
que nous préférons et que nous signalerons à
l'attention des pianistes sont le premier,
allegretto en fa dièse mineur; le n° 3, andante
en sol dièse mineur, dont l'expression est douce
et pénétrante; et le n° u, morceau un peu ca-
pricieux, où la gaité succède à la rêverie, la
mélancolie au gracieux badinage, et semé par
conséquent de contrastes bien motivés.
Si d'éminentes qualités musicales suffisaient
de nos jours à assurer le succès des œuvres
d'un compositeur, celui des nouvelles produc-
tions de Prudent me semblerait certain. Mais il
faut tant de terreau, un si constant arrosage,
et tant de chaleur dans la serre, pour que cette
fleur précieuse puisse fleurir chez nous!
Eieçons de lecttsre imigieale,
PAR Il. HALÉVY.
Un ouvrage élémentaire tel que celui-ci,
» Notre plénipotentiaire devait rappeler en outre
que les droits de la Suisse sur Neuchàlel se déduisent
aes stipulations expresses des traités et des condi-
tions de la réunion de ce canton avec la Confédéra-
tion. L'Eiat de Neuchàlel Il été réuni à la Suisse
comme canton, et admis seulement en estte qualité.
Comme tel, il a acquis les mêmes droits que tous les
autres cantons, et l'autorité fédérale ne s'est jamais
trouvée vis-à-vis de lui dans une position différente
des autres.
» l'oussé par les lois d'une impérieuse nécessité et
du développement naturel de sa situation, ce canton
a procédé à une reconstitution qui n'avait rien de
contraire au droit public de la Suisse, ni même aux
stipulations du droit iuternational, car elle ne pou-
vait affecter que les rapports particuliers avec Ij
prince. La Confédération, qui envisageait seulement
le gouvernement siégeant à Neuchâtel, n'a pu qu'en-
registrer le changement intervenu. Ce changement a a
des lors prodnit les plus heureux résultats, se légiti-
mant tout à fait au point de vue des vœux et de l'u-
tité du pays, comme il l'était d'ailleurs pour la
Suisse.
» Une insurrection étant venue, en septembre 18' G,
troubler là paix publique et menacer dans la suite
d'un conflit sérieux, les grandes puissances crurent
qu'elles devaient empêcher pour l'avenir le retour do
semblables dangers elles demandèrent à la Suisse la
mise en liberté des déienus, lui promettant dans des
formi diverses leurs efforts pour obtenir le règle-
ment de la question dans le sens de l'entière indé-
pendance de Neuchàlel.
» En jouissance légitime de la plénitude de sa sor-
veraineté, la Suisse eût pu se dispenser d'une, recon-
naissance ultérieure. Mais dirigée par un esprit de
conciliation et admettant, avec confiance dans Us s
promesses faites, que le résultat d'une négociation ne
pourrait être de restreindre la souveraineté d'un can-
ton, mais uniquement de lui donner une sanction qui
mit un terme à toute contestation, elle a prononcé la
mise à néant de la procédure. La Confédération s'es-
time dès lors justifiée à attendre la reconnaissance de
cette entière indépendance et à écarter toutes clauses
qui tendraient lui porter atteinte.
» Nous crûmes devoir formuler de la manière sui-
vante nos conditions; en adoptant les bases susmen-
tionnées, faculté étant laissée à notre représenl -int
d'apporter dans la forme les modifications qui lui
parafaient nécessaires dans les limites de nos in-
structions
« S. M. le roi de Prusse renonce k tous les droits qui
lui ont été attribués par les traités sur le canton de
Neuchâtel.
» Par contre, la Suisse, donne les déclarations
suivantes
» 1" La Suisse ne peut, en ce qui la concerne, re-
u connaître aux rois de Prusse le titre de prince de
« Neuchàlel et de Valangin.
» Pour le cas où ils continueraient à porter ce ti-
» tre, elle ne saurait admettre qu'il puisse en décou-
» 1er aucuns droits vis-à-vis de la Suisse ou du can-
ton de Neuchâtel.
» 2» La Suisse prend k sa charge les frais résultant
»des événemens de 1850, savoir ceux de l'occupa-
» tion dit canton de Neuchâtel, ceux de la procédure
» qui a été instruite sur ces événemens, et ceux de la
mise sur pied qui a suivi. Les indemnités régle-
» mentaires pour logemwis de troupes seront rem-
» boursées aux habuans.
» Le canton de Neuchâtel ne contribuera à ces dé-
penses que comme tout autre canlon suisse et
» dans la proportion établie. Il sera seul chargé des
» frais particuliers qui lui incombent à la suite des
» événemens de septembre.
» 3" Les dépenses demeurant à la charge du canton
en vertu de l'article qui précède seront proportion-
» nellemenl réparties entre tous les habitans, eu vertu
des lois existantes.
» 4" Une amnistie générale sera prononcée pour
» tous les délits politiques ou militaires en rapport
avec les derniers événemens. Seront compris dans
» cette amnistie ceux qui se sont sousttaits par la
» fuite à l'accomplissement de leurs obligations mi-
» lilaires. L'amnistie embrassera les délits politiques
» et de presse antérieurs aux événemens de septembre
» 1856. Les délits communs en demeurent exclus.
« Aucune action civile ou en dommages-intérêts ne
» pourra Cire dirigée ni par la Confédération, ni par
le canton, ni par des particuliers, contre aucun de
» ceux qui oui pris part aux événemens de septembre,
» pour des réclamations s'y rapportant.
« Les fondations charitables et religieuses, les in-
» slilulions privées d'utilité publique, etc., sont au
» bénéfice de la protection dela Conslitulion fédérale
« et de la Constitution et des lois du canlon. Ces éla-
» blissemens conserveront la libre disposition des
» capitaux et des revenus de leur fortune, conformé-
» ment aux actes de leur institution et sous la haute
» surveillance de l'Etat. lisseront respectés a l'avenir
» et maintenus intégraleninnl, conformément k la
» destination qui leur a été fixée par les fondateurs.
» Cette déclaration ne pourra jamais donner lieu k
» l'intervention d'un Etat étranger. »
» C'est sur ces points que portèrent nos décisions
du 28 mars. Quant à celles des conditions de la par-
tie adverse qui étaient le plus inadmissibles, telles
que le litre, la question de Pindemailé et celle de la
révision, elles furent éliminées. Nous estimâmes en
revanche pouvoir sans scrupule accepter la condition
d'une partie des frais, ainsi qun celle, relative à une
amnistie large et générale. Nous ne fîmes également
aucune difficulté d'adhérer k une garantie des fonda-
tions pieuses, dans la supposition toutefois que toute
immixtion étrangère que l'on voudrait faire découler
de cette garantie serait formellement exclue. »
(La suite à demain.)
Le Moniteur public ce malin la loi portant t
prorogation du privilège de la Banque de
France. En voici le texte
« Art. 1er. Le privilège conféré à la Banque
par les lois des 2i germinal an XI, 22 avril
180G et 30 juin 1840, dont la durée expirait le
31 décembre 1807, est prorogé de ans et
ne prendra fin que le 31 décembre 1897.
» Art. 2. Le capital de la Banque, représenté
aujourd'hui par 91,250 actions, sera représenté
désormais par 182,500 actions d'une valeur no-
minative de 1,000 fr. chacune, non compris le
fonds de réserve.
» Art. 3. Les 91,250 actions nouvellement
créées seront exclusivement attribuées aux pro-
priétaires des 91,250 actions actuellement exi-
stantes, lesquelles devront en verser le prix a
raison de 1,100 fr. par action dans les .caisses
de la Banque, trimestre par trimestre, dans le
délai d'un an au plus tard, à partir de la pro-
mulgation de la présente loi.
» L'époque du premier [paiement et les con-
ditions auxquelles les actionnaires pourront
être admis à anticiper lés paimens ultérieurs
feront fixées par une décision de la Banque.
» Art. 4. Le produit de ces nouvelles actions
sera affecté, jusqu'à concurence de 91 millions
250,000 fr., à la formation du capital déterminé
*~mti6MM*
écrit par un grand maître, doit assurément at-
tirer l'attention et faire naître la confiance de
quiconque se propose d'étudier la musique.
L'élève, en ouvrant ce volume signé d'un nom
célèbre, devra se dire « Je suis sur que je vais
trouver ici la vérité; car l'auteur de la Juive,
de la Reine de Chypre, de Guido, de l'Eclair, et
de tant d'autres beaux onvrages, doit être de
ceux qui la possèdent. » Le raisonnement est
juste; mais l'élève, avant d'avoir lu, ne se dou-
tera pas que le principal mérite de cet ouvrage
réside moins dans les vérités dont il est plein,
vérités d'ailleurs appartenant au domaine pu-
blic et fort répandues, que dans la façon claire
et simple dont elles sont énoncées, et qui doit
les rendre saisissables de prime abord aux es-
prits les moins pénétrans.
C'est lit sans doute le principal et le grand
mérite de l'ouvrage de M. Halévy. 11 est rare
que les auteurs de traités, de méthodes, de
grammaires d'abécédaires n'oublient pas
quelque part, dans le cours de leur travail, que
l'élève pour lequel ils écrivent ne sait absolu-
ment rien, et par conséquent ne doit com-
prendre que ce qui ne suppose en lui aucune
connaissance préliminaire.
M. Halévy a su éviter cet écueil. Il procède
régulièrement, et ses démonstrations sont ba-
sées sur une logique imperturbable. La mé-
thode est divisée en quatre parties la pre-
mière traite de la connaissance des signes em-
ployés pour écrire la musique. Après l'avoir
étudiée, les élèvesdevronl distinguer facilement
ces différens signes et nommer sans hésiter les
notes sur toutes les clefs, et surtout sur la clef
attribuée à leur genre de voix. C'«st le premier
degré de lecture musicale.
La deuxième partie est consacrée à l'intona-
tion. Dans l'étude de cette partie, le maître (car
l'auteur ne suppose pas que l'élève va appren-
dre il lire la musique toutseul, ni qu'il y par-
viendra en quelques jours), le maître donc se
préoccupera avant tout de l'émission du son.
Comme l'étude de la mesure n'est présentée
que dans la troisième partie les élèves, pour
passer d'un son à un autre, suivront le mou-
vement de la main ou de la baguette du pro-
fesseur. lis apprendront ainsi à connaître et à
distinguer les intervalles majeurs et mineurs et
à chanter juste avec' une bonne émission de
voix.
La troisième partie traite de la mesure. Les
différentes espèces de mesures y sont étudiées.
!n.t~~B~"r
par l'article 2, et pour le surplus à l'augmen-
tation du fonds de réserve actuellement exi-
stant.
» Art. S. Sur le produit desdites actions, une
somme de 100 millions sera versée au Trésor
public dans le courant de 1839 aux époques
qui seront convenues entre le ministre des fi-
nances et la Banque.
« Cette somme sera portée en atténuation
des découverts du Trésor.
» Le ministre des finances est autorisé à faire
inscrire sur le Grand-Livre de la dette publi-
que la somme de rentes Trois pour 100 néces-
saire pour l'emploi de ladite somme de 100
millions.
» Un fonds d'amortissement du centième du
capital nominal desdites rentes sera ajouté à
la dotation de la Caisse d'amortissement.
» Les rentes seront transférées à la Banque
de France, au cours moyen du mois qui précé-
dera chaque versement, sans que ce prix puisse
être inférieur à 75 fr.
» Art. 6. Sur les rentes inscrites au Trésor
au nom de la Caisse d'amortissement, et pro-
venant des consolidations du fonds de réserve
de l'amortissement, il sera rayé du grand-
livre de la dette publique une somme égale à
celle des rentes créées par l'article précédent.
» Les rentes seront définitivement annulées,
en capital et arrérages, à dater du jour ou les
rentes nouvelles seront transférées à la Banque.
» Art. 7. La faculté accordée la Banque de
faire des avances sur effets publics français,
sur actions et obligations de chemins de fer
français, sur obligations de la ville de Paris,
esf étendue aux obligations émisespar la Société
de crédit foncier de France.
» Les dispositions générales qui régleront le
mode d'exécution du paragraphe précédent de-
vront être approuvées par un décret.
» Art. 8. La Banque de France pourra, si les
circonstances l'exigent, élever au-dessus de G
pour 100 le taux de ses escomptes et l'intérêt
de ses avances.
» Les bénéfices qui seront résultés, pour la
Banque, de l'exercice de cette faculté, seront
déduits des sommes annuellement partageables
entre les actionnaires et ajoutés au fonds so-
cial.
« Art. 9. La Banque de France aura la faculté
d'abaisser à 50 fr. la moindre coupure de ses
billets.
» Art. 10. Dix ans après la promulgation de
la présente loi, le gouvernement pourra exiger
de la Banque de France qu'elle établisse une
succursale dans les départemens où il n'en
existerait pas.
» Art. 11. Les intérêts qui seront dus par le
Trésor, à raison de son compte courant, seront
réglés sur le taux fixé par la Banque pour l'es-
compte du papier de commerce, mais sans
qu'ils puissent excéder 3 pour 100.
» Art. 12. Un règlement d'administration pu-
blique déterminera, à l'égard des actionnaires
incapables et des actionnaires en retard de
versement, les mesures nécessaires à l'exécu-
tion de la présente loi. »
On lit dans le Siècle
« Voici les noms des citoyens qui ont été dé-
signés comme [candidats aux élections du
21 juin par un certain nombre d'électeurs ap-
partenant aux diverses circonscriptions du dé-
partement de la Seine
» Circonscriptions.
» 1™ M. Ed. Laboulaye, membre de
l'Institut et rédacteur du
Journal des Débats.
» 2« M., Bethmont, ancien ministre.
« 3° M. le général Cavaignac.
« i" M. Emile Olivier, avocat.
» 5° M. Carnet, ancien ministre.
» 0° M. Goudchaux, ancien minis-
tre.
» 7e M. Darimon, rédacteur de la
Presse.
» 8° M. Vavin, ancien député.
» 9° M. Fcrd. de Lasteyrie.
» 10° M. lteynau, ancien sous-préfet
de Sceaux. »
Nous avons à peine besoin de faire re-
marquer que cette liste contient les noms de
plusieurs hommes, très honorables d'ail-
leurs, dont les opinions ne sont point les nô-
tres, et qui sont encore séparés de nous par
de profondes différences. A côté de ces
noms s'en trouvent quelques autres qui, à
divers titres, se recommandent à nos sym-
pathies, et que nous verrions avec plaisir
honorés du choix des électeurs de Paris.
Nous citerons les noms de MM. Vavin, an-
cien liquidateur de la liste civile du roi Louis-
Philippe Ferdinand de Lasteyrie, mem-
bre de nos anciennes assemblées; Reynau,
ancien sous-préfet de Sceaux Rethmont, l'u a
des membres les plus distingués du barreau
de Paris; notre collaborateur M. Edouard
Laboulaye, le général Cavaignac -qui aura
toujours des droits à la reconnaissance du
pays. Les hommes mêmes que nous ve-
nons de nommer ne représentent pas tous
la même nuance d'opinion, mais ils appar-
tiennent tous à la cause libérale, ét ils ont
donné des gages suffisans de leur atta-
chement à l'ordre. Nous n'excluons per-
sonne, nous nous contentons d'indiquer nos
préférences.. prkvost-wradol.
Plusieurs journaux continuent à présenter
M. Ilavin, directeur politique du Siècle, comme
candidat, soit dans la troisième, soit dans la
deuxième circonscription de Paris. Notre hono-
L'intonation et la mesure sont donc combinées
dans cette partie mais seulement appliquées
au ton d'ut. C'est le troisième degré de lecture
musicale.
Enfin, dans la quatrième partie, l'élève ap-
prend l'usage des accidens, et les règles de la
tonali té y sont exposées. Les différentes gammes,
dans le mode majeur eC dans le mode mineur,
la gamme chromatique, l'enharmonie, qui en
est le résultat nécessaire, forment l'objet des
éludes de cette quatrième partie. Ainsi, par un
travail bien dirigé, l'élève devra ètre parvenu
à pratiquer tous les signes de la notation dans
leurs conditions diverses d'intonation, de du-
rée et de tonalité.
Dans ce rudiment musical où les études sont
si bien graduées, quelques menus détails de
l'enseignement ont pourtant échappé à l'au-
teur. Il n'explique pas les fonctions du double
dièse, du double bémol, ni' celles du bécarre-
dièse et du bécarre-bémoi. Il ne parle môme
du double dièse que d'nne façon incidente,
en supposant que l'élève sait parfaitement ce
dont il s'agit. En outre il n'indique pas suffi-
samment les moyens de reconnaître les tona-
lités mineures. Dans la dernière page seule-
ment se trouve un court paragraphe ainsi
conçu « On reconnaît par la présence de la
note sensible du ton mineur si le morceau ap-
partient à ce ton mineur. » Ainsi l'apparition
fréquente du sol dièse fera reconnaître dans un
morceau qui ne porte pas de dièses ni de bé-
mols à la clef que ce morceau est en la mi-
neur. Oui, mais si, comme il peut fort bien se
faire, la mélodie ne contient pas de sol, com-
ment l'élève saura-t-il a quel ton appartient
la phrase qu'il chante? Evidemment il ne le
saura que s'il examine l'harmonie dont cette
phrase est accompagnée, en supposant qu'il y
ait un accompagnement.
Le début de la phrase commençant par un
la ne prouverait pas que le morceau fût en la,
caries compositeurs se permettent souvent de
commencer par des notes étrangères à l'ac-
cord parfait de la tonique; ils se permettent
même de commencer sur un autre accord que
celui de la tonique. L'un des airs de danse de
l'Ârmide de Gluck commence par la, si, lit, et
pourtant il est en ut. Mais ce qu'il eut été utile
d'expliquer à l'élève, c'est que si, dans beau-
coup de cas, l'aspect de la mélodie ne suffit
pas pour faire découvrir à quel ton celte mé-
lodie appartient, il est au moins un signe cer-
rable confrère nous'prie d'annoncer qu'il ne se
porte candidat ni dans l'une ni dans l'autre.
M. le général Cavaignac consentant à se mettre
sur les rangs, il a cru devoir se retirer devant
lui dans la troisième circonscription, où le gé-
néral a été anciennement nommé. 11 a égale-
ment refusé la candidature qui lui a été offerte
dans la deuxième circonscription. (Presse.)
M@ii¥@lîeg éiffangâères
ITALIE.
Rome 6 juin.
Le 2 de ce mois, le Saint-Père s'est rendu de
Rimini à Cesena. Il en est reparti le lendemain
pour Furlimpopoli et Forli. Après avoir passé
toute la journée du 4 à Forli, il s'est rendu le
5 à Frienza. (Gazette de Bologne.)
RUSSIE.
Saint-Pélersbourg 4 juin.
La Gazette duSénai publie un important ukase
sur l'organisation et le développement de l'ad-
ministralion militaire et civile du gouverne-
ment d'Orenbourg, le point central des opéra-
tions et des efforts de la Russie pour assurer
son influence et son extension dans l'Asie cen-
trale.
"Déjà en 1853 le personnel adjoint au gouver-
neur général d'Orenbourg et de Samara fut
considérablement augmenté parce que les
progrès de l'organisation intérieure du pays
l'exigeaient. L'ukase actuel prescrit d'attacher
au commandant en chef du corps d'Orenbourg
trois généraux et trois officiers supérieurs, et
au gouverneur d'Orenbourg et Samara un cer-
tain nombre d'employés supérieurs. Les dé-
penses que ces mesures doivent occasionner
ont déjà été approuvées par l'empereur.
(Correspondance Huilier.)
SUÈDE.
Stockholm, S juin.
Le prince royal, vice-roi de Norwége, la prin-
cesse sa femme et leur petite tille viennent
d'arriver par le bateau à vapeur Golhenbourg,
de Christiania à Stockholm.
Le prince royal ne compte séjourner que
trois semaines ou un mois à Stockholm pour
retourner ensuite à Christiania. Ainsi tombent
tous les bruits sur la prétendue intention du
roi Oscar de confier à son fils ainé la haute di-
rection des affaires des deux royaumes unis,
que l'affaiblissement de sa santé ne lui per-
mettrait plus de continuer.
Le roi a pu, par suite de grands travaux aux-
quels il s'est livré journellement depuis la
réunion de la Diète, éprouver quelques fai-
blesse physique; mais le repos l'a fait bientôt
disparaître. Le roi préside comme de coutume
deux fois par semaine le Conseil d'Etat, et fait
journellement des promenades de plusieurs
heures avec la reine, en voiture découverte,
dans les jardins publics et dans les environs
de la capitale.
Le but principal du voyage du prince royal
et de la princesse sa femme à Stockholm est
d'être présent à l'arrivée ici de la princesse
Sophie de Nassau que le prince Oscardoit épou-
ser demain, au château de Dieberich. il y aura
à cette occasion des fètes et des réjouissances
au palais et dans les lieux publics 'de la capi-
taie.
Dans quelques jours, ainsi que je vous l'ai
annoncé, une escadre suéco-norwégienne par-
tira d'ici pour Travemunde, port de Lubeck,
pour y prendre à son bord et les conduire à
Stockholm le prince Oscar et sa femme, la
princesse Sophie de Nassau.
(Correspondance Havas.)
MUSSE.
Berlin, 9 juin.
Samedi soir a été tenue la dernière grande
séance du conseil des ministres avant le dé-
part du roi. Nous apprenons que la ratification
du traité de Neuchâtel a été décidée dans cette
séance.
Les journaux semi-officiels confirment au-
jourd'hui qu'il n'y aura pas de session extraor-
dinaire des Chambres prussiennes au mois
d'août. (Correspondance Havas.)
suiss1.
Berne, 9 juin.
L'Assemblée fédérale a repris aujourd'hui 9
sa session extraordinaire, prorogée en février
demie".
Le Conseil national a été ouvert par M. A. Es-
cher, qui a prononcé le discours suivant
« Messieurs, vous avez été convoqués de nou-
veau dans la ville fédérale pour délibérer et
décider, autant qu'il vous appartient, sur la
position politique d'un des membres de la Con-
fédération suisse, le canton de Neuchàlel.
» Bien que ce soit la troisième fois qu'à des
époques proportionnellement rapprochées vous
vous réunissiez dans ce but, et bien que vous
avez dû être convoqués pour la session extra-
ordinaire ajournée le 1G février peu avant l'é-
poque où votre session extraordinaire vous
appelle dans la ville fédérale, vous avez néan-
moins obéi volontiers, je n'en doute pas, à
l'appel qui vous a élé fait, en considération de
la haute importance de l'objet qui doit nous
occuper.
» Si dans les deux premières parties de notre
session extraordinaire, vouée exclusivement à
l'affaire de Neuchàlel, il .s'est agi plutôt do ré-
solutions qui devaient préparer la solution de
cette question, nous sommes en position main-
tenant de pouvoir prendre une décision défi-
nitive.
» Nous n'avons ^ilus qu'à décider laquelle des
deux seules voies qu'il est possible de prendre
dans les circonstances actuelles nous devons
prendre en effet.
tain de reconnaître qu'elle n'appartient pas au
relatif mineur du ton indiqué par la clef.
La clef ne portant ni dièses ni bémols, si la
mélodie commence par un sol naturel, à coup
'sûr le morceau ne commence pas en la. Tout
ceci, bien entendu, n'est que relatif aux idées
généralement admises dans la pratique de la
musique moderne; et nous sommes fort loin
de croire qu'il n'y ait pas moyen d'employer
avec avantage et sans faire du plain-chant des
gammes autrement constituées que la gamme
diatonique vulgaire, et que la constitution de
cette gamme soit la seule cause déterminante
possible de la tonalité.
Il nous reste à signaler à M. Halévy une er-
reur de rédaction ou d'impression qui s'est
glissée dans une note au bas de la page 137,
erreur qui a son importance dans un ouvrage
de cette nature, parce qu'elle peut brouiller les s
idées de l'élève et lui faire croire qu'il n'a pas
compris ce qui précède.
La note est ainsi conçue « On peut cepen-
dant écrire la gamme de ré dièse, parce que la
notation se prèle à tout; mais elle nécessite-
rait l'emploi de deux doubles dièses, fa et ut, et
do cinq dièses. » Or cette gamme nécessite
remploi de sept dièses et de deux doubles
dièses. Il est bien évident qu'on n'use des dou-
bles dièses à la clef que lorsque tous les dièses
simples s'y trouvent déjà. C'est à corriger dans
la prochaine édition.
Le Pré Catelan.
Première représentation de Nella, ballet avec
chœurs de MM. Brideau et Duchaleau, musi-
que de M. Pilali.
Si vous avez lu les Mille et une Nuits, vous
avez peut-être rèvé de palais de fées, de jar-
dins enchantés, de diamans gros comme des
melons, de chœurs de génies, de houris dan-
santes, de gazons d'or, d'arbres qui chantent,
et de mille autres objets plus ravissans; et
vous avez vivement regretté que ce rêve ne fut
qu'un rêve. Eli bien, allez au Pré Catelan, par
uii des beaux soirs dont nous jouissons enfin,
et vous trouverez le rêve réalisé. Je fais seule-
ment une réserve à l'endroit des diamans qui
n'approchent point par leur grosseur, je l'avoue.
de celui qu'apporte l'oiseau Bock dans le coule
de Sclieherazade. Mais que de splendeurs,
que d'illuminations dans l'air, sur les ar-
bres, sur les eaux, que de verres luisans
» L'une de ces voies consiste à accepter le
projet de médiation qui nous est propose par
les quatre grandes puissances non intéressées,
et d'obtenir ainsi la reconnaissance de l'indé-
pendance complète de Ne'acluUel par la Prusse
et les autres grandes puissances qui, comme
parties principales du traité devienne elsigna-
taires duiprtocole de Londres, avaient considéré
jusqu'ici la Prusse comme possédant des droits
de souveraineté sur Neuchàlel, et de l'obtenir
sous des conditions qui ne portent aucune at-
teinte àla dignité de ia Confédération et de Neu-
cbatel, qui sont en partie transitoires etn'impo-
sent au canton dcNeucliûtel que des obligations
dontilpeut se charger d'autant plus facilement
que de lui-même il n'agirait pas autrement.
» L'autre voie que nous pouvons prendre est
le maintien" du statu quo; suivant laquelle on
s'en tiendrait à la mise à néant du procès in-
tenté contre les insurgés de septembre, et la
question principale, celle des rapports de Neu-
châtel resterait indécise; de cette manière, la
Suisse pourrait obtenir dans l'aveuir, au cas le
plus favorable, ce qu'on lui offre aujourd'hui
mais dans des circonstances défavorables, cette
voie pourrait préparer à la Suisse des compli-
cations nouvelles et des dangers.
» Il suffit d'indiquer ces deux voies qui nous
restent ouvertes dans cette affaire, pour que
toute personne qui ne se trouve pas sous le
coup d'une opinion préconçue comprenne aus-
sitôt quelle est celle qu'on doit prendre. Je crois
qu'il me suffit notamment de ces paroles d'in-
troduclioir. d'avoir posé la question que nous
devons résoudre.
» Dans la manière dont est posée la question
se trouve déjà la réponse. Mais qu'il me soit
permis d'exprimer le plaisir patriotique que
j'éprouve avoir que l'Assemblée fédérale suisse
s'est trouvée complètement à la hauteur de sa
mission quand elle a été appelée à résoudre la
question la plus importante et la plus difficile
qui lui ait été soumise depuis qu'elle existe,
sur le terrain de la politique extérieure, et,
qu'une question qui menaçait notre patrie de
grands périls et qui pouvait troubler la paix
du monde soit sur le point d'être résolue
presque autant au prolit qu'à l'honneur de la
Suisse.Je déclare ouverte la session du Conseil
national. »
Sur les 120 membres, '103 sont présens.
Après la prestation de serment d'un membre
nouveau, on passe immédiatement à l'affaire
de Neuchâtel. Les pièces sont renvoyées à la
commission déjà existante qui fera probable-
ment son rapport demain.
Le Conseil des Etats a été ouvert par
M. Briatte sans discours. C'est au Conseil na-
tional qu'appartient la priorité dans la ques-
tion de Neuchâtel. (Bund.)
IIOLLAKDE.
La Haye, G juin.
Le journal officiel contient un rapport très
étendu présenté au roi par MM. Myer et Gevers,
ministres des colonies et des affaires étrangè-
res, relatif aux affaires japonaises, et dont le
roi a approuvé la tendance et les propositions.
A ce rapport sont joints quinze articles addi-
tionnels convenus entre les chargés de pouvoirs
néerlandais et japonais pour faire partie du
traité entre le Japon et la Néerlande, conclu le
30 janvier 18B6. Ces articles contiennent entre
autres le libre exercice du culte assuré aux
Néerlandais l'abolition du sacrilège qui consi-
stait à fouler aux pieds l'image du Christ en
croix.
Les Néerlandais seront admis au commerce
dans les ports ouverts, et par conséquent ils se-
libres de vendre leurs marchandises à des né-
gociaiis japonais. Ils pourront aussi amener
leurs femmes et leurs enfans dans les ports ja-
pouais ouverts au commerce européen. L'im-
portation de monnaies étrangères et l'exporta-
tion de numéraire japonais sont admises.
Le gouvernement japonais pourra prélever
un droit modéré sur l'importation, le transit et
l'exportation. Les Néerlandais qui se trouvent
à Nangasaki pourront librement avoir des rela-
tions avec les étrangers, tant à bord des vais-
seaux qu'à Décima. Le gouvernement japonais
a déclaré qu'il est prêt à conclure des traités
avec les gouvernemens étrangers qui en expri-
meront le désir.
Le journal officiel publie aussi un rapport
de voyage du capitaine-lieutenant de marine
Fabins, de la visite qu'il a rendue en 1850 aux
ports de llakodadi et Simoda. (Echo universel.)
ESI'AGNE.
Madrid, 7 juin.
Dans la séance du Sénat du G juin il a été
donné lecture d'une dépêche de M. Xavier Istu-
riz annonçant au Sénat son départ pour la cour
de Saint-Pétersbourg en qualité de ministre
plénipotentiaire de la reine près cette cour.
Le Sénat déclare ensuite ne pas prendre en
considération une proposition de M. Canlcro,
ainsi conçue « La commission chargée de
faire un rapport sur le projet de réforme en
présentant son rapport, devra émettre son opi-
nion touchant une disposition aussi impor-
tante que l'a été l'acte additionnel.
(Gazette de Madrid.)
GRANDE-BRETAGNE.
"Londres, 4 juin.
Cité, midi. –Les Consolidés sont à 93 93
1/8, coupon détaché au 9; nouveau Trois pour
100, 92 3/i; Trois pour 100 réduit, 92 S/8. Fonds
étrangers: Trois pour 100 espagnol, 42 !{•
Mexicains, 23.
Cité, deux heures. –Consolidés 93 931/8 pour
compte, coupon délaché, et 93 3/4 9-4 au comp-
tant, y compris l'intérêt; nouveau Trois pour
100, 92 3/-i; Trois pour 100 réduit, 92 S/8. Dif-
férés espagnols, 25 1/2. (Globe.)
11 y a tout lieu de croire que la Banque
d Angleterre réduira demain le taux de l'es-
compte cette mesure serait justifiée par une
.·
dans les gazons quels longs serpcns de
quelle foule élégante, quelles fanfares
lointaines apportées par la brise quel air
suave et embaumé, et quel charme d'errer
dans ces nouveaux champs élyséens, où les
êtres vertueux fort heureusement ne sont pas
les seuls admis! Et puis il y a un théâtre
maintenant, un théâtre antique, tout neuf,
.dont les décors ne sont ni en misérable toile
peinte, comme à l'Opéra, ni en pierre, comme
au théâtre de Pompeï mais en arbres vé-
ritables, en cascades, en Heurs, en rochers,
en gazons naturels. Trois mille spectateurs s'y
pressant sur des gradins fleuris. Un très bon or-
chcs!re,où l'on compte beaucoup de-musiciens dé
l'Opéra, flanqué à droite et à gauche de deux
chœurs de voix d'hommes, et invisible, répand
ses harmonies affaiblies par la distance, mais
qu'on ne goûte que mieux au milieu de ce
frais silence auquel la lune rêveuse préside du
haut du ciel. Sur le théâtre, des danseuses es-
pagnoles exécutant des poëmes d'Alfred de
Musset avec un entrain, une furie à vous don-
ner le vertige, et une foule de brigands paille-
tés, carabinés, se disputant une jeune belle
Française qu'ils ont prise sur la grande route,
et dont ils veulent fusiller le mari; lequel mari
trouve à la fin le moyen de délivrer sa femme
et de faire sauter en l'air les brigands et leur
caverne.
Etl'on applaudi LM11» Irma Aymé et les danseurs
espagnols ;-et les Persans dans leur loge sont
forces de convenir qu'on ne danse aussi bien ni
à Téhéran ni à Ispahan; mais ils se consolent
en reconnaissant qu'on y fume beaucoup mieux.
Nous avons là, en effet, quelques centaines de
jeunes Français, Anglais, Russes, qui osent,
dans ce charmant séjour, fumer d'affreux ci-
gares dont l'odeur suffirait à tout dépoétiser
si le vent du soir, dans sa sollicitude pour les
gens délicats, ne se hâtait de l'emporter. Puis
tout ce peuple, enchanié de sa nuit orientale
se disperse enfin dans le bois de Boulogne, au-
tour du lac que voilent déjà les vapeurs bleues
du matin, et retourne à Paris en chantant les
louanges de l'ingénieux et hardi directeur du
Pré Caîclan.
Je voudrais savoir si dans l'ile de Taïii, ce
paradis terrestre, il y a pour la nuit quelque
chose do mieux que cela. llé hé il y a d'abord
les jeunes Taïtiennes. et. des bois moins il-
luminés.
H. Berlioz.
voie des négociations directes s'affaiblit sensiblement
jusqu'au moment où nous eûmes pour ainsi dire la
certitude que In Prusse n'était nullement disposée à
se mettre en rapport direct avec nous sur ces bastes.
» C'est ici te cas de rappeler le point de vue auquel
n!>us avons cru devoir nous placer et nous maintenir
\is-a-vis de la conférence.
» 11 n'eût pas été dans le rôle de la Confédération
de reconnaître à la conférence le caractère, d'un tri-
bunal arbitrai. C'est pourquoi nous déclinâmes toute
espèce ce droit en vertu duquel la conférence au-
rait cherché à formuler, de son chef des condi-
tions tendantes à l'aplaaissement du différend, et que
]a Suisse n'aurait eu qu'à accepter sans autre for-
malité. Bien plus, nous ne reconnûmes à la con-
férence que le caractère qu'elle pouvait revendi-
quer, de médiatrice, en alléguant que la Suisse de-
vait se mouvoir librement, et qu'il lui devait être
absolument réservé de pouvoir accepter ou rejeter il
son gré les conditions qui lui seraïent faites. Rien,
du reste, n'autorise à croire que cette manière de
̃voir ait fait l'objet d'un doute; au contraire, le point
de vue que nous tenions à faire prévaloir est complè-
tement sauvegardé, et il vous est dès lors entière-
menfloisible de prendre la détermination que vous
jugerez la plus utile au bien du pays.
» Des circonstances de diverse nature, et notam-
ment l'arrivée tardive des instructions nécessaires
aux plénipotentiaires, firent ajourner jusqu'au 9 fé-
vrier la réunion de la conférence, et par suite d'au-
tres empêchemens ]a première séance ne put même
avoir lieu que le 5 mars. La France, la Grande-Bre-
tagne, l'Autriche et la Russie y furent seules repré-
sentées. La conférence s'accorda à reconnaltre que lit
question de Neuehàtel, telle qu'elle se présentait,
constituait pour la paix de l'Europe un danger per-
manent, lequel ne pourrait être écarté qu'autant que
le rji de l'russe consentirait à renoncer aux droits
que les traités lui assuraient sur le canton de Neu-
ciiàtei. La conférence décida dans cette séance préli-
miuaire que le plénipotentiaire de S. M. le roi de
Prusse seiait invité' la séance suivante, et que le
résultat de la première séance lui serait communi-
qué.
̃ A A la seconde séance, tenue le 7 mars, le plénipo-
• temiaire.de Puisse ayant, après la lecture du premier
protocole, déclaré qu'il devait en référer à son gouver-
nement, les autres membres de la conférence expri-
mèrent l'espoir que le plénipotentiaire de Prusse se
trouverait prochainement en mesure de faire con-
nitlirelesr résolutions de son gouvernement.
« La troisième séance ne put pas avoir lieu avantle
24 mars. L« plénipotentiaire de Prusse y présenta les
conditions auxquelles S. M. le roi était disposée à re-
noncer à ses droits sur Neuchâtel. Ces conditions
étaient formulées comme suit
« ,1° Les rois de Prusse conservent k perpétuité le
̃» titre de prince de Neuchâtel et de Yalangin.
» 2° La Confédération suisse garde' à sa charge tous
» les frais résultant pour elle des éyônemens de sep-
» tembre; elle bonifiera l'indemnité fédérale pour
w l'entretien drs troupes d'occupaii'on.
» Î/Elat de Neuchâtel ne pourra être appelé a eon-
» trilmerk ces dépenses que comme tout autre canton
» et ait prorata de son contingent d'argent.
» 3" Les dépenses qui demeureront la charge de
» l'Etat seront réparties sur tous les habiluns, d'a-
» pies le principe d'une exacte proportionnalité, sans
» que. par la voie d'un impôt exceptionnel ou de
» toute autre manière elles puissent être mises exclu-
» sivement ou principalement à la charge d'une
» cla
» soit civile ou en dommages et intérêts, nepourra
» être dirigée ni par l'Etat de Neuchàlel, m par la
r> Confédération ni par aucune corporation on
» personne quelconque contre aucun de ceux qui
M ont pris part directement ou indirectement aux
» événemens de septembre.
Il 5" La Confédération helvétique paiera au roi la
» somme de 2 millions de francs comme équivalent,
3> pour le passé et pour l'avenir, des revenus annnel-
» lement mis par l'administration neucliàteloise à la
» libre disposition du prince. L'Etat de Neuchâtel ne
» pourra être chargé pour le paiement de cette somme
» qu'au prorata de son contingent d'argent.
« 6° Les biens de l'Eglise qui ont été réunis en 1848
» au domaine de l'EUt seront rendus à leur destina-
3> tion primitive. L'administration de ceux de ces
» biens qui appartenaient à l'Eglise réformée et qui
» étaient gérés par la chambre économique sera re-
» mise à une commission spéciale oit l'Eglise aura
» une juste représentation. La Suisse garantira l'exé-
» cution du présent article.
ij 7" Les capitaux et les rentes des fondations
» pieuses, des institutions privées d'utilité publique,
» des hospices bourgeois et communaux et des
» chambres de charité de l'Eglise et de la Compa-
» gaie des pasteurs seront respectés par l'Etat, qui
» lie pourra en devenir ni le propriétaire ni l'admi-
» nislialeur; la même garantie sera donnée 11 la fur-
» tune léguée par M. le baron de Pury à lit bourgeoi-
» sie do Neuchâtel, qui conservera la libre disposi-
» lion des revenus de cette fortune, pour les em-
» ployer conformément au testament du donateur.
» la Suisse garantira l'exécution du présent article.
» S" Une amnistie pleine et entière sera prononcée
pour tous les délits ou contraventions politiques ou
» militaires en rapport avec les derniers événemens,
» en faveur de tous les Nenchalelois suisses en étran-
» »er. et notamment en faveur des hommes de la
» milice qui se sont soustraits, en passant à fétran-
» ger, l'obligation de porter les armes contre leur
» prince.
» L'amnistie devra s'étendre à tous les délits politi-
» que-; de presse qui seraient antérieurs au 3 sep-
D timbre 1856.
» 9» Alln de laisser se calmer l'agitation provoquée
» parles derniers événemens, et d'assurer à tous les
» Ni'iichàtelois leur part légitime k la fixation d«
» leurs institutions, tout vote et tout débat sur la
» Constitution seront renvoyés d'un an ou de six mois
» au moins.
» Il serait conforme, aux antécédens et fondé en
» droit que les Neueliàtflois indigènes participas-
» sent seuls à cette œuvre constitutive, sans que, les
» étrangers domiciliés dans le pays pussent, par leur
» concours, influencer le résultat des votes. »
» Avant de se prononcer au sujet de ces conditions,
la conférence résolut de les porler k la connaissance
da plénipotentiaire de la Confédération, avec l'invi-
tation d'assister ïi la séance suivante. L'important
document renfermant les conditions attachées par la
Prusse à l'accomplissement des vreux.de la Suisse fut
soumis à notre délibération le 28 mars. Nous ne lar-
dâmes pas un instant à transmettre lit notre délégué
des instructions ultérieures dans lesquelles nous ne
jugeâmes pas devoir nous départir des points suivans,
niïi s'harmonisaient parfaitement avec les instr ic-
Uonsprimitivts:
» 1° Quant à la question relative au titre, nous es-
timons t'avoir suffl-îummonl prévue dans notre pre-
mière, instruction. Il y était démontré qu'une stipu-
lation de cette nature ne pouvait pas trouver place
dans un traité. Tout en admettant que des monar-
ques portent certains titres auxquels ils ne rattachent
aucun droit réel, il ne faut pas oublier que ces titres
reposent, uniquement sur la tradition, sans être en
aucune, manière garantis par une convention for-
melle C'est ainsi, par exemple, que l'empereur d'Au-
..iche Dorte le titre de comte et prince de Habsbourg,
eut un jour l'idée d'arranger pour le piano une
ouverture de ma connaissance. Son travail
ayant été publié, il m'en apporta un exem-
plaire, et je le priai de vouloir bien me faire
entendre ce morceau phénoménal. « Volontiers,
me répondit-il, mais c'est un peu difficile; je
n'en viendrais pas à bout aujourd'hui. Il faut
que je m'exerce pendant huit jours au moins
pour me mettre en doigt*. » Cette ouverture
ainsi réduite pour le piano rentre dans la ca-
tégorie des diners en peinture, et pourrait don-
ner aux partisans de la musique muette quel-
que apparence de raison.
Prudent, au contraire, a de l'amour pour les
réalités; ce qu'il écrit, il le joue, et comme il
̃veut, et quand il veut; il n'a pas besoin seule-
ment de quarante-huit heures d'exercices, il
est toujours en doigts. Aussi ses compositions
de piano ne sont-elles pas raisins peints à at-
traper les grives, mais de belles et bonnes
grappes dorées par le soleil, et où chacun mord
à belles dents..
La vogue intelligente, une popularité de bon
aloi, se sont attachées à plusieurs de ses œu-
vres. Je n'oublierai pas l'enivrement du public
en entendant un soir dans la salle de Ilerz le
Réveil des Fées, exécuté par l'auteur. Pour ré-
pondre au désir de tout l'auditoire, Prudent
dut le répéter au milieu des murmures de plai-
sir et des applaudisscmens mal contenus, et
j'avoue que je l'eusse volontiers entendu une
troisième fois. Il y a là un balancement rhyth-
mique, un doux cliquetis de perles sonores
qui berce et caresse sans qu'on puisse s'en las-
ser et quelle grâce souriante dans ce trait
mélodieux voltigeant sans cesse au-dessus de
ce beau lac d'harmonie! Comme tout cela est
élégant, frais et pur!
L'auteur de ce poétique morceau vient d'en
produire le pendant dans le caprice-étude in-
titulé les Naïdcs, où des qualités semblables à
celles que je viens de signaler se font remar-
quer. La barcarole se rapproche plutôt, par son
allure calme et son coloris moins éclatant, du
deuxième concerto que Pruent a nommé la
Prairie, et dont le sentiment général offre en
effet d'évidentes analogies avec cet ordre de
sensations douces (comme dit Beethoven en tête
du premier morceau de sa symphonie pasto-
rale) qu'on éprouve à l'aspect d'un paysage riant.
Voilà tout ce que l'auteur a prétendu repro-
duire par la musique. Cela se peut-il? Evidem-
ment oui. Tous les grands compositeurs l'ont
que le roi de s'arriaigne a le titre de roi de Jérusalem.
Cependant ni U Sair,se ni lit Porte n'oht reconnu ex-
pressément ces titres on ne les ont garantis à perpé-
tuité par un traité. l,a Suisse ne pourrait sans doute
pas empêcher S. M. le roi de Prusse de continuel à
porter le titre de prince de, Neucliàtcl; mais, dût le
cas se présenter, ta Confédération a la ferme convic-
tion et aOmetcomme s'entendant de soi -n.ême qu'on
n'en pourra faire découler aucune prétention quel-
conque, tant vis-à-vis du canton de Neuchâtel que
vis-à-vis de la Suisse.
» 2° Quant au numéro 2 des conditions (traitant de
la répartition des frais), tout en y souscrivant pour le
fond, nous avons dû toutefois demander une rédac-
tion pins précise.
» 3° Le numéro 3 (traitant des dépenses qui tom-
bent à la charge de l'Etat de Neuchàlel) paraît répon^
dre à de justes exigences 11 ne serait cependant pas
nécessaire que les dispositions qu'il renferme fussent
spécifiées d'une manière aussi circonstanciée, at-
tendu que Neuchittel ne saurait demander, pas plus
que la Confédération ne pourrait permettre que ces
frais fussent prélevés d'u'ie manière partiale ou im-
posés à telle o? telle classe de citoyens ou même à de
certaines familtes.
» Les numéros 4 et 8, qui traitent de t'amnistie, de-
vraient, selon nous, Cire réunis en un seul paragra-
phe. Nous a^'ons déclaré adhérer au contenu de ces
articles, en nom réservant d'ultérieures résolutions
au sujet de la compétence. Nous fûmes d'avis que
tous les délits politiques et militaires qui se ratta-
chent aux événemens de septembre doivent être ad-
mis au bénéfice d'une, amnistie complète el loyale,
de laquelle ne seraient exclus que les criminels ordi-
naires dans la plus stricte acception.
» 5° Relativement au n° 5, qui a pour objet la ques-
tion de l'indemnité, nous dùmes persister avec éner-
gie dans notre précédente instruction, aux termes de
laquelle nous contestons en principe l'indemnité et
ne pouvons admettre aucune obligation de la purt de
la Confédération à cet égard. Mais. abstraction faite
de cette considération, la somme demandée était en
dehors de toute proportion avec la situation actuelle.
A supposer que dans le temps la Suisse eût consenti
au paiement de cette somme, il ne faut pas perdre de
vue que les ciiconstances ont pris, à la suite des évé-
nemens de septembre, un caractère tout différent, et
ayant pour effet de restreindre considérablement les
limites d'une indemnité éventuelle.
» Les événemens de septembre, auxquels la Suisse
n'a contribué en rien, ont, ainsi que l'éventualité
d'une guerre, occasiouné tant à la Confédération
qu'aux cantons des charges extraordinaires qui ont
dû êlre prises en due considération. Lors des négo-
ciations de janvier, on a aussi eu lieu d'admettre
d'une manière assez certaine qu'il ne serait pas
question d'une indemnité pécuniaire, et c'est pour
celte raison que notre délégation n'a pas louché
ce point spécialement dans la Note de janvier. Si
dans le cours des négociations l'indemnité eût été
lixée à tel ou tel chiffre, la dernière disposition, celle
en vertu de laquelle le canlon de Neuchâtel ne devait
contribuer aux dépenses que comme tout autre can-
ton et dans la proportion établie, devait être écartée.
Le canton de Neuchâtel n'est pas annexé comme
province à l'Efat unitaire de la Suisse, mais comme
canton jouissant de nombreux et.imporfans droits de
souveraineté, et faisant partie d'une fédération d'Etats
alliés el possédanl les mêmes droits, et auxquels il
était déjà étroitement uni par des trailés. La mesure
de ce que Neuchâtel aurait à supporter pour sa part
d'indemnité serait l'objet d'un arrangement entre la
Confédération et les cantons. Le prorata que la Con-
fédération prendrait k sa charge rentre dans le do-
maine de sa libre appréciation, et cela h plus forte
raison que le bénéfice qui résulterait du rachat de la
somme dite royale ne profiterait en aucune manière
à la Confédération, mais uniquement et exclusive-
ment au canlon de Ni-uchàlel, qui a eu à acquitter
jusqu'en 1848 les intérêts du capital actuellement ré-
clamé. La prétention relative à la revendication du
capital est d'autant plussurprenanle, qu'il est notoire
que la somme royale était presque exclusivement
employée dans le pays.
» 0° Nous avons dû repousser formellement le nu-
méro G des conditions (traitant de l'administration
des birns de l'Eglise) dans la forme présentée, par le
motif pur et simple qu'il s'agit d'un objet seiatta-
chanl a la législation intérieure qui n'est pas suscep-
tible d'être réglée par un traité conclu avec un Etat
étranger. Une semblable immixtion dans la législa-
tion serait d'ailleurs absolument incompatible avec
l'entière indépendance du canton de Neuchâtel, qui a
été assurée a ta Suisse. Au surplus, ce qui est contesté
dans la condition dont il s.'agit n'est pas chose nou-
velle; des rapports identiques existent dans la plu-
part des cantons, et même dans un grand nombre
d'Etals étrangers de confession évangôlique et catho-
lique, où l'on n'a pas hésité k incorporer les biens de
Pliglise, en mettant à la charge du budget de l'l?tat
l'entretien du clergé, ainsi que les autres dépens! s
de l'administration ecclésiastique. Le numéro G ren-
ferme un empiétement manifeste sur les pouvoirs
constitutionnels d'un canton souverain, et l'autorité
fédérale ne serait pas compétente pour l'admettre.
» 7" Le contenu du numéro 7 (garantie des fonda-
tions pieuses) ne nous parait pas non plus devoir figu-
rer au traité. 11 n'y aaucune espèce de doute que les
fondations pieuses et. charitables jouiront de toute la
protection à laquelle elles peuvent prétendre, aux ter-
mes de la Constitution fédérale et cantonale. Les as-
surances relatives à l'intégrité des fondations pieuses
trouveraient mieux leur place dans une déclaration
séparée, de nature k tranquilliser pleinement la par-
tie opposée.
» 8" Enfin nous avons dû décliner positivement
ce qui est formulé au numéro 9. Le dernier membre
de cet article est diamétralement en contradiction
avec la Constitution fédérale. Cette dernière garantit
(article il) à tout citoyen suisse la faculté d'exercer
ses droits politiques pour les affaires fédérales et can-
tonales dans le canton où il est établi. Si l'on devait
néanmoins tenir compte de l'article 9, il faudrait
commencer par faire subir des ebangemens à la Con-
stitution fédérale, opération pour laquelle il n'existe
actuellement aucun motif ui aucune perspective.
» La première partie, de cet article ne se justifie non
plus en aucune manière. La Constitution du canton
de Neuchàlel du 30 avril 1818 prescrit textuellement
(articles 41 el suivansj la manière en laquelle, une ré-
vision de la Constitution doit être préparée. Il en ré^
suite qu'une révision de la Constitution k l'expiration
de neuf ans est admissible sans doute, mais il n'est
nullement prescrit que la révision doive réellement
avoir lieu il cette époque. Or la condition stipulée au
n° 9 n'a aucune valeur pratique; car, à supposer que
dans le courant de l'année une révision vienne à être
demandée conslilulionnellemenl, il s'écoulerait, jus-
qu'à ce que la révision pût s'effectuer, presque autant
de temps qu'il n'est prévu dans les conditions posées
par la Prusse.
» Dirigés par ces motifs, nous jugeâmes convena-
ble donner pour) instruction, k notre pléni-
potentiaire d'annoncer à la conférence que ses com-
mettans avaient pris connaissance de la déclaration
des quatre puissances, portant que la question neu-
cliàteloise était un sujet de cortlliis el nu danger par-
manent pour le repowie l'Europe, et que le seul
moyen d'y remédier était que le roi de Prusse fit un
sacrifice a l'intérêt général, en renonçanl à Neuchâ-
tel.
pensé comme lui; il serait puéril de le dé-
monlrer, et les gens qui voudraient ridiculiser
cette nouvelle tentative de musique pittoresque
en attribuant à Prudent l'intention de peindre
une prairie avec sa ceinture de saules, ses
hautes herbes, ses pâquerettes aux longs cils
blancs, ses orchis aux panaches roses et
ses ruisseaux murmurans, seraient des gens
de peu d'intelligence ou de peu de bonne foi.
La musique ne peint rien de tout cela, mais
elle peut faire qu'en l'écoutant on pense à tout
cela, et par suite faire renaître dans l'àme de
l'auditeur des impressions analogues à celles
qu'il éprouva en contemplant les calmes beau-
tés de la nature agreste. A coup sûr il n'y a
pas de musicien assez sot pour croire qu'i]
pourra donner par des sons l'idée d'une prairie
à un aveugle de naissance.
Mais je suis vraiment bon de m'amuser à dé-
battre encore cette vieille question.
Le scherzo qui a récemment paru avec les
autres morceaux dont je viens de parler est,
comme son nom l'indique, un badinage, mais
un badinage du plus piquant intérêt, où la
main droite exécute de charmantes folàtreries,
d'un dessin remarquable par son élégante ori-
ginalité.
Les six Romances sans paroles enfin apparu
tiennent à ce genre de musique mélancolique
sans passion, un peu indolente, qui plaît tant
aux natures allemandes, et dont Mendelssolm
fut sinon le créateur, au moins le propaga-
teur ingénieux. Celles du recueil de Prudent
que nous préférons et que nous signalerons à
l'attention des pianistes sont le premier,
allegretto en fa dièse mineur; le n° 3, andante
en sol dièse mineur, dont l'expression est douce
et pénétrante; et le n° u, morceau un peu ca-
pricieux, où la gaité succède à la rêverie, la
mélancolie au gracieux badinage, et semé par
conséquent de contrastes bien motivés.
Si d'éminentes qualités musicales suffisaient
de nos jours à assurer le succès des œuvres
d'un compositeur, celui des nouvelles produc-
tions de Prudent me semblerait certain. Mais il
faut tant de terreau, un si constant arrosage,
et tant de chaleur dans la serre, pour que cette
fleur précieuse puisse fleurir chez nous!
Eieçons de lecttsre imigieale,
PAR Il. HALÉVY.
Un ouvrage élémentaire tel que celui-ci,
» Notre plénipotentiaire devait rappeler en outre
que les droits de la Suisse sur Neuchàlel se déduisent
aes stipulations expresses des traités et des condi-
tions de la réunion de ce canton avec la Confédéra-
tion. L'Eiat de Neuchàlel Il été réuni à la Suisse
comme canton, et admis seulement en estte qualité.
Comme tel, il a acquis les mêmes droits que tous les
autres cantons, et l'autorité fédérale ne s'est jamais
trouvée vis-à-vis de lui dans une position différente
des autres.
» l'oussé par les lois d'une impérieuse nécessité et
du développement naturel de sa situation, ce canton
a procédé à une reconstitution qui n'avait rien de
contraire au droit public de la Suisse, ni même aux
stipulations du droit iuternational, car elle ne pou-
vait affecter que les rapports particuliers avec Ij
prince. La Confédération, qui envisageait seulement
le gouvernement siégeant à Neuchâtel, n'a pu qu'en-
registrer le changement intervenu. Ce changement a a
des lors prodnit les plus heureux résultats, se légiti-
mant tout à fait au point de vue des vœux et de l'u-
tité du pays, comme il l'était d'ailleurs pour la
Suisse.
» Une insurrection étant venue, en septembre 18' G,
troubler là paix publique et menacer dans la suite
d'un conflit sérieux, les grandes puissances crurent
qu'elles devaient empêcher pour l'avenir le retour do
semblables dangers elles demandèrent à la Suisse la
mise en liberté des déienus, lui promettant dans des
formi diverses leurs efforts pour obtenir le règle-
ment de la question dans le sens de l'entière indé-
pendance de Neuchàlel.
» En jouissance légitime de la plénitude de sa sor-
veraineté, la Suisse eût pu se dispenser d'une, recon-
naissance ultérieure. Mais dirigée par un esprit de
conciliation et admettant, avec confiance dans Us s
promesses faites, que le résultat d'une négociation ne
pourrait être de restreindre la souveraineté d'un can-
ton, mais uniquement de lui donner une sanction qui
mit un terme à toute contestation, elle a prononcé la
mise à néant de la procédure. La Confédération s'es-
time dès lors justifiée à attendre la reconnaissance de
cette entière indépendance et à écarter toutes clauses
qui tendraient lui porter atteinte.
» Nous crûmes devoir formuler de la manière sui-
vante nos conditions; en adoptant les bases susmen-
tionnées, faculté étant laissée à notre représenl -int
d'apporter dans la forme les modifications qui lui
parafaient nécessaires dans les limites de nos in-
structions
« S. M. le roi de Prusse renonce k tous les droits qui
lui ont été attribués par les traités sur le canton de
Neuchâtel.
» Par contre, la Suisse, donne les déclarations
suivantes
» 1" La Suisse ne peut, en ce qui la concerne, re-
u connaître aux rois de Prusse le titre de prince de
« Neuchàlel et de Valangin.
» Pour le cas où ils continueraient à porter ce ti-
» tre, elle ne saurait admettre qu'il puisse en décou-
» 1er aucuns droits vis-à-vis de la Suisse ou du can-
ton de Neuchâtel.
» 2» La Suisse prend k sa charge les frais résultant
»des événemens de 1850, savoir ceux de l'occupa-
» tion dit canton de Neuchâtel, ceux de la procédure
» qui a été instruite sur ces événemens, et ceux de la
mise sur pied qui a suivi. Les indemnités régle-
» mentaires pour logemwis de troupes seront rem-
» boursées aux habuans.
» Le canton de Neuchâtel ne contribuera à ces dé-
penses que comme tout autre canlon suisse et
» dans la proportion établie. Il sera seul chargé des
» frais particuliers qui lui incombent à la suite des
» événemens de septembre.
» 3" Les dépenses demeurant à la charge du canton
en vertu de l'article qui précède seront proportion-
» nellemenl réparties entre tous les habitans, eu vertu
des lois existantes.
» 4" Une amnistie générale sera prononcée pour
» tous les délits politiques ou militaires en rapport
avec les derniers événemens. Seront compris dans
» cette amnistie ceux qui se sont sousttaits par la
» fuite à l'accomplissement de leurs obligations mi-
» lilaires. L'amnistie embrassera les délits politiques
» et de presse antérieurs aux événemens de septembre
» 1856. Les délits communs en demeurent exclus.
« Aucune action civile ou en dommages-intérêts ne
» pourra Cire dirigée ni par la Confédération, ni par
le canton, ni par des particuliers, contre aucun de
» ceux qui oui pris part aux événemens de septembre,
» pour des réclamations s'y rapportant.
« Les fondations charitables et religieuses, les in-
» slilulions privées d'utilité publique, etc., sont au
» bénéfice de la protection dela Conslitulion fédérale
« et de la Constitution et des lois du canlon. Ces éla-
» blissemens conserveront la libre disposition des
» capitaux et des revenus de leur fortune, conformé-
» ment aux actes de leur institution et sous la haute
» surveillance de l'Etat. lisseront respectés a l'avenir
» et maintenus intégraleninnl, conformément k la
» destination qui leur a été fixée par les fondateurs.
» Cette déclaration ne pourra jamais donner lieu k
» l'intervention d'un Etat étranger. »
» C'est sur ces points que portèrent nos décisions
du 28 mars. Quant à celles des conditions de la par-
tie adverse qui étaient le plus inadmissibles, telles
que le litre, la question de Pindemailé et celle de la
révision, elles furent éliminées. Nous estimâmes en
revanche pouvoir sans scrupule accepter la condition
d'une partie des frais, ainsi qun celle, relative à une
amnistie large et générale. Nous ne fîmes également
aucune difficulté d'adhérer k une garantie des fonda-
tions pieuses, dans la supposition toutefois que toute
immixtion étrangère que l'on voudrait faire découler
de cette garantie serait formellement exclue. »
(La suite à demain.)
Le Moniteur public ce malin la loi portant t
prorogation du privilège de la Banque de
France. En voici le texte
« Art. 1er. Le privilège conféré à la Banque
par les lois des 2i germinal an XI, 22 avril
180G et 30 juin 1840, dont la durée expirait le
31 décembre 1807, est prorogé de ans et
ne prendra fin que le 31 décembre 1897.
» Art. 2. Le capital de la Banque, représenté
aujourd'hui par 91,250 actions, sera représenté
désormais par 182,500 actions d'une valeur no-
minative de 1,000 fr. chacune, non compris le
fonds de réserve.
» Art. 3. Les 91,250 actions nouvellement
créées seront exclusivement attribuées aux pro-
priétaires des 91,250 actions actuellement exi-
stantes, lesquelles devront en verser le prix a
raison de 1,100 fr. par action dans les .caisses
de la Banque, trimestre par trimestre, dans le
délai d'un an au plus tard, à partir de la pro-
mulgation de la présente loi.
» L'époque du premier [paiement et les con-
ditions auxquelles les actionnaires pourront
être admis à anticiper lés paimens ultérieurs
feront fixées par une décision de la Banque.
» Art. 4. Le produit de ces nouvelles actions
sera affecté, jusqu'à concurence de 91 millions
250,000 fr., à la formation du capital déterminé
*~mti6MM*
écrit par un grand maître, doit assurément at-
tirer l'attention et faire naître la confiance de
quiconque se propose d'étudier la musique.
L'élève, en ouvrant ce volume signé d'un nom
célèbre, devra se dire « Je suis sur que je vais
trouver ici la vérité; car l'auteur de la Juive,
de la Reine de Chypre, de Guido, de l'Eclair, et
de tant d'autres beaux onvrages, doit être de
ceux qui la possèdent. » Le raisonnement est
juste; mais l'élève, avant d'avoir lu, ne se dou-
tera pas que le principal mérite de cet ouvrage
réside moins dans les vérités dont il est plein,
vérités d'ailleurs appartenant au domaine pu-
blic et fort répandues, que dans la façon claire
et simple dont elles sont énoncées, et qui doit
les rendre saisissables de prime abord aux es-
prits les moins pénétrans.
C'est lit sans doute le principal et le grand
mérite de l'ouvrage de M. Halévy. 11 est rare
que les auteurs de traités, de méthodes, de
grammaires d'abécédaires n'oublient pas
quelque part, dans le cours de leur travail, que
l'élève pour lequel ils écrivent ne sait absolu-
ment rien, et par conséquent ne doit com-
prendre que ce qui ne suppose en lui aucune
connaissance préliminaire.
M. Halévy a su éviter cet écueil. Il procède
régulièrement, et ses démonstrations sont ba-
sées sur une logique imperturbable. La mé-
thode est divisée en quatre parties la pre-
mière traite de la connaissance des signes em-
ployés pour écrire la musique. Après l'avoir
étudiée, les élèvesdevronl distinguer facilement
ces différens signes et nommer sans hésiter les
notes sur toutes les clefs, et surtout sur la clef
attribuée à leur genre de voix. C'«st le premier
degré de lecture musicale.
La deuxième partie est consacrée à l'intona-
tion. Dans l'étude de cette partie, le maître (car
l'auteur ne suppose pas que l'élève va appren-
dre il lire la musique toutseul, ni qu'il y par-
viendra en quelques jours), le maître donc se
préoccupera avant tout de l'émission du son.
Comme l'étude de la mesure n'est présentée
que dans la troisième partie les élèves, pour
passer d'un son à un autre, suivront le mou-
vement de la main ou de la baguette du pro-
fesseur. lis apprendront ainsi à connaître et à
distinguer les intervalles majeurs et mineurs et
à chanter juste avec' une bonne émission de
voix.
La troisième partie traite de la mesure. Les
différentes espèces de mesures y sont étudiées.
!n.t~~B~"r
par l'article 2, et pour le surplus à l'augmen-
tation du fonds de réserve actuellement exi-
stant.
» Art. S. Sur le produit desdites actions, une
somme de 100 millions sera versée au Trésor
public dans le courant de 1839 aux époques
qui seront convenues entre le ministre des fi-
nances et la Banque.
« Cette somme sera portée en atténuation
des découverts du Trésor.
» Le ministre des finances est autorisé à faire
inscrire sur le Grand-Livre de la dette publi-
que la somme de rentes Trois pour 100 néces-
saire pour l'emploi de ladite somme de 100
millions.
» Un fonds d'amortissement du centième du
capital nominal desdites rentes sera ajouté à
la dotation de la Caisse d'amortissement.
» Les rentes seront transférées à la Banque
de France, au cours moyen du mois qui précé-
dera chaque versement, sans que ce prix puisse
être inférieur à 75 fr.
» Art. 6. Sur les rentes inscrites au Trésor
au nom de la Caisse d'amortissement, et pro-
venant des consolidations du fonds de réserve
de l'amortissement, il sera rayé du grand-
livre de la dette publique une somme égale à
celle des rentes créées par l'article précédent.
» Les rentes seront définitivement annulées,
en capital et arrérages, à dater du jour ou les
rentes nouvelles seront transférées à la Banque.
» Art. 7. La faculté accordée la Banque de
faire des avances sur effets publics français,
sur actions et obligations de chemins de fer
français, sur obligations de la ville de Paris,
esf étendue aux obligations émisespar la Société
de crédit foncier de France.
» Les dispositions générales qui régleront le
mode d'exécution du paragraphe précédent de-
vront être approuvées par un décret.
» Art. 8. La Banque de France pourra, si les
circonstances l'exigent, élever au-dessus de G
pour 100 le taux de ses escomptes et l'intérêt
de ses avances.
» Les bénéfices qui seront résultés, pour la
Banque, de l'exercice de cette faculté, seront
déduits des sommes annuellement partageables
entre les actionnaires et ajoutés au fonds so-
cial.
« Art. 9. La Banque de France aura la faculté
d'abaisser à 50 fr. la moindre coupure de ses
billets.
» Art. 10. Dix ans après la promulgation de
la présente loi, le gouvernement pourra exiger
de la Banque de France qu'elle établisse une
succursale dans les départemens où il n'en
existerait pas.
» Art. 11. Les intérêts qui seront dus par le
Trésor, à raison de son compte courant, seront
réglés sur le taux fixé par la Banque pour l'es-
compte du papier de commerce, mais sans
qu'ils puissent excéder 3 pour 100.
» Art. 12. Un règlement d'administration pu-
blique déterminera, à l'égard des actionnaires
incapables et des actionnaires en retard de
versement, les mesures nécessaires à l'exécu-
tion de la présente loi. »
On lit dans le Siècle
« Voici les noms des citoyens qui ont été dé-
signés comme [candidats aux élections du
21 juin par un certain nombre d'électeurs ap-
partenant aux diverses circonscriptions du dé-
partement de la Seine
» Circonscriptions.
» 1™ M. Ed. Laboulaye, membre de
l'Institut et rédacteur du
Journal des Débats.
» 2« M., Bethmont, ancien ministre.
« 3° M. le général Cavaignac.
« i" M. Emile Olivier, avocat.
» 5° M. Carnet, ancien ministre.
» 0° M. Goudchaux, ancien minis-
tre.
» 7e M. Darimon, rédacteur de la
Presse.
» 8° M. Vavin, ancien député.
» 9° M. Fcrd. de Lasteyrie.
» 10° M. lteynau, ancien sous-préfet
de Sceaux. »
Nous avons à peine besoin de faire re-
marquer que cette liste contient les noms de
plusieurs hommes, très honorables d'ail-
leurs, dont les opinions ne sont point les nô-
tres, et qui sont encore séparés de nous par
de profondes différences. A côté de ces
noms s'en trouvent quelques autres qui, à
divers titres, se recommandent à nos sym-
pathies, et que nous verrions avec plaisir
honorés du choix des électeurs de Paris.
Nous citerons les noms de MM. Vavin, an-
cien liquidateur de la liste civile du roi Louis-
Philippe Ferdinand de Lasteyrie, mem-
bre de nos anciennes assemblées; Reynau,
ancien sous-préfet de Sceaux Rethmont, l'u a
des membres les plus distingués du barreau
de Paris; notre collaborateur M. Edouard
Laboulaye, le général Cavaignac -qui aura
toujours des droits à la reconnaissance du
pays. Les hommes mêmes que nous ve-
nons de nommer ne représentent pas tous
la même nuance d'opinion, mais ils appar-
tiennent tous à la cause libérale, ét ils ont
donné des gages suffisans de leur atta-
chement à l'ordre. Nous n'excluons per-
sonne, nous nous contentons d'indiquer nos
préférences.. prkvost-wradol.
Plusieurs journaux continuent à présenter
M. Ilavin, directeur politique du Siècle, comme
candidat, soit dans la troisième, soit dans la
deuxième circonscription de Paris. Notre hono-
L'intonation et la mesure sont donc combinées
dans cette partie mais seulement appliquées
au ton d'ut. C'est le troisième degré de lecture
musicale.
Enfin, dans la quatrième partie, l'élève ap-
prend l'usage des accidens, et les règles de la
tonali té y sont exposées. Les différentes gammes,
dans le mode majeur eC dans le mode mineur,
la gamme chromatique, l'enharmonie, qui en
est le résultat nécessaire, forment l'objet des
éludes de cette quatrième partie. Ainsi, par un
travail bien dirigé, l'élève devra ètre parvenu
à pratiquer tous les signes de la notation dans
leurs conditions diverses d'intonation, de du-
rée et de tonalité.
Dans ce rudiment musical où les études sont
si bien graduées, quelques menus détails de
l'enseignement ont pourtant échappé à l'au-
teur. Il n'explique pas les fonctions du double
dièse, du double bémol, ni' celles du bécarre-
dièse et du bécarre-bémoi. Il ne parle môme
du double dièse que d'nne façon incidente,
en supposant que l'élève sait parfaitement ce
dont il s'agit. En outre il n'indique pas suffi-
samment les moyens de reconnaître les tona-
lités mineures. Dans la dernière page seule-
ment se trouve un court paragraphe ainsi
conçu « On reconnaît par la présence de la
note sensible du ton mineur si le morceau ap-
partient à ce ton mineur. » Ainsi l'apparition
fréquente du sol dièse fera reconnaître dans un
morceau qui ne porte pas de dièses ni de bé-
mols à la clef que ce morceau est en la mi-
neur. Oui, mais si, comme il peut fort bien se
faire, la mélodie ne contient pas de sol, com-
ment l'élève saura-t-il a quel ton appartient
la phrase qu'il chante? Evidemment il ne le
saura que s'il examine l'harmonie dont cette
phrase est accompagnée, en supposant qu'il y
ait un accompagnement.
Le début de la phrase commençant par un
la ne prouverait pas que le morceau fût en la,
caries compositeurs se permettent souvent de
commencer par des notes étrangères à l'ac-
cord parfait de la tonique; ils se permettent
même de commencer sur un autre accord que
celui de la tonique. L'un des airs de danse de
l'Ârmide de Gluck commence par la, si, lit, et
pourtant il est en ut. Mais ce qu'il eut été utile
d'expliquer à l'élève, c'est que si, dans beau-
coup de cas, l'aspect de la mélodie ne suffit
pas pour faire découvrir à quel ton celte mé-
lodie appartient, il est au moins un signe cer-
rable confrère nous'prie d'annoncer qu'il ne se
porte candidat ni dans l'une ni dans l'autre.
M. le général Cavaignac consentant à se mettre
sur les rangs, il a cru devoir se retirer devant
lui dans la troisième circonscription, où le gé-
néral a été anciennement nommé. 11 a égale-
ment refusé la candidature qui lui a été offerte
dans la deuxième circonscription. (Presse.)
M@ii¥@lîeg éiffangâères
ITALIE.
Rome 6 juin.
Le 2 de ce mois, le Saint-Père s'est rendu de
Rimini à Cesena. Il en est reparti le lendemain
pour Furlimpopoli et Forli. Après avoir passé
toute la journée du 4 à Forli, il s'est rendu le
5 à Frienza. (Gazette de Bologne.)
RUSSIE.
Saint-Pélersbourg 4 juin.
La Gazette duSénai publie un important ukase
sur l'organisation et le développement de l'ad-
ministralion militaire et civile du gouverne-
ment d'Orenbourg, le point central des opéra-
tions et des efforts de la Russie pour assurer
son influence et son extension dans l'Asie cen-
trale.
"Déjà en 1853 le personnel adjoint au gouver-
neur général d'Orenbourg et de Samara fut
considérablement augmenté parce que les
progrès de l'organisation intérieure du pays
l'exigeaient. L'ukase actuel prescrit d'attacher
au commandant en chef du corps d'Orenbourg
trois généraux et trois officiers supérieurs, et
au gouverneur d'Orenbourg et Samara un cer-
tain nombre d'employés supérieurs. Les dé-
penses que ces mesures doivent occasionner
ont déjà été approuvées par l'empereur.
(Correspondance Huilier.)
SUÈDE.
Stockholm, S juin.
Le prince royal, vice-roi de Norwége, la prin-
cesse sa femme et leur petite tille viennent
d'arriver par le bateau à vapeur Golhenbourg,
de Christiania à Stockholm.
Le prince royal ne compte séjourner que
trois semaines ou un mois à Stockholm pour
retourner ensuite à Christiania. Ainsi tombent
tous les bruits sur la prétendue intention du
roi Oscar de confier à son fils ainé la haute di-
rection des affaires des deux royaumes unis,
que l'affaiblissement de sa santé ne lui per-
mettrait plus de continuer.
Le roi a pu, par suite de grands travaux aux-
quels il s'est livré journellement depuis la
réunion de la Diète, éprouver quelques fai-
blesse physique; mais le repos l'a fait bientôt
disparaître. Le roi préside comme de coutume
deux fois par semaine le Conseil d'Etat, et fait
journellement des promenades de plusieurs
heures avec la reine, en voiture découverte,
dans les jardins publics et dans les environs
de la capitale.
Le but principal du voyage du prince royal
et de la princesse sa femme à Stockholm est
d'être présent à l'arrivée ici de la princesse
Sophie de Nassau que le prince Oscardoit épou-
ser demain, au château de Dieberich. il y aura
à cette occasion des fètes et des réjouissances
au palais et dans les lieux publics 'de la capi-
taie.
Dans quelques jours, ainsi que je vous l'ai
annoncé, une escadre suéco-norwégienne par-
tira d'ici pour Travemunde, port de Lubeck,
pour y prendre à son bord et les conduire à
Stockholm le prince Oscar et sa femme, la
princesse Sophie de Nassau.
(Correspondance Havas.)
MUSSE.
Berlin, 9 juin.
Samedi soir a été tenue la dernière grande
séance du conseil des ministres avant le dé-
part du roi. Nous apprenons que la ratification
du traité de Neuchâtel a été décidée dans cette
séance.
Les journaux semi-officiels confirment au-
jourd'hui qu'il n'y aura pas de session extraor-
dinaire des Chambres prussiennes au mois
d'août. (Correspondance Havas.)
suiss1.
Berne, 9 juin.
L'Assemblée fédérale a repris aujourd'hui 9
sa session extraordinaire, prorogée en février
demie".
Le Conseil national a été ouvert par M. A. Es-
cher, qui a prononcé le discours suivant
« Messieurs, vous avez été convoqués de nou-
veau dans la ville fédérale pour délibérer et
décider, autant qu'il vous appartient, sur la
position politique d'un des membres de la Con-
fédération suisse, le canton de Neuchàlel.
» Bien que ce soit la troisième fois qu'à des
époques proportionnellement rapprochées vous
vous réunissiez dans ce but, et bien que vous
avez dû être convoqués pour la session extra-
ordinaire ajournée le 1G février peu avant l'é-
poque où votre session extraordinaire vous
appelle dans la ville fédérale, vous avez néan-
moins obéi volontiers, je n'en doute pas, à
l'appel qui vous a élé fait, en considération de
la haute importance de l'objet qui doit nous
occuper.
» Si dans les deux premières parties de notre
session extraordinaire, vouée exclusivement à
l'affaire de Neuchàlel, il .s'est agi plutôt do ré-
solutions qui devaient préparer la solution de
cette question, nous sommes en position main-
tenant de pouvoir prendre une décision défi-
nitive.
» Nous n'avons ^ilus qu'à décider laquelle des
deux seules voies qu'il est possible de prendre
dans les circonstances actuelles nous devons
prendre en effet.
tain de reconnaître qu'elle n'appartient pas au
relatif mineur du ton indiqué par la clef.
La clef ne portant ni dièses ni bémols, si la
mélodie commence par un sol naturel, à coup
'sûr le morceau ne commence pas en la. Tout
ceci, bien entendu, n'est que relatif aux idées
généralement admises dans la pratique de la
musique moderne; et nous sommes fort loin
de croire qu'il n'y ait pas moyen d'employer
avec avantage et sans faire du plain-chant des
gammes autrement constituées que la gamme
diatonique vulgaire, et que la constitution de
cette gamme soit la seule cause déterminante
possible de la tonalité.
Il nous reste à signaler à M. Halévy une er-
reur de rédaction ou d'impression qui s'est
glissée dans une note au bas de la page 137,
erreur qui a son importance dans un ouvrage
de cette nature, parce qu'elle peut brouiller les s
idées de l'élève et lui faire croire qu'il n'a pas
compris ce qui précède.
La note est ainsi conçue « On peut cepen-
dant écrire la gamme de ré dièse, parce que la
notation se prèle à tout; mais elle nécessite-
rait l'emploi de deux doubles dièses, fa et ut, et
do cinq dièses. » Or cette gamme nécessite
remploi de sept dièses et de deux doubles
dièses. Il est bien évident qu'on n'use des dou-
bles dièses à la clef que lorsque tous les dièses
simples s'y trouvent déjà. C'est à corriger dans
la prochaine édition.
Le Pré Catelan.
Première représentation de Nella, ballet avec
chœurs de MM. Brideau et Duchaleau, musi-
que de M. Pilali.
Si vous avez lu les Mille et une Nuits, vous
avez peut-être rèvé de palais de fées, de jar-
dins enchantés, de diamans gros comme des
melons, de chœurs de génies, de houris dan-
santes, de gazons d'or, d'arbres qui chantent,
et de mille autres objets plus ravissans; et
vous avez vivement regretté que ce rêve ne fut
qu'un rêve. Eli bien, allez au Pré Catelan, par
uii des beaux soirs dont nous jouissons enfin,
et vous trouverez le rêve réalisé. Je fais seule-
ment une réserve à l'endroit des diamans qui
n'approchent point par leur grosseur, je l'avoue.
de celui qu'apporte l'oiseau Bock dans le coule
de Sclieherazade. Mais que de splendeurs,
que d'illuminations dans l'air, sur les ar-
bres, sur les eaux, que de verres luisans
» L'une de ces voies consiste à accepter le
projet de médiation qui nous est propose par
les quatre grandes puissances non intéressées,
et d'obtenir ainsi la reconnaissance de l'indé-
pendance complète de Ne'acluUel par la Prusse
et les autres grandes puissances qui, comme
parties principales du traité devienne elsigna-
taires duiprtocole de Londres, avaient considéré
jusqu'ici la Prusse comme possédant des droits
de souveraineté sur Neuchàlel, et de l'obtenir
sous des conditions qui ne portent aucune at-
teinte àla dignité de ia Confédération et de Neu-
cbatel, qui sont en partie transitoires etn'impo-
sent au canton dcNeucliûtel que des obligations
dontilpeut se charger d'autant plus facilement
que de lui-même il n'agirait pas autrement.
» L'autre voie que nous pouvons prendre est
le maintien" du statu quo; suivant laquelle on
s'en tiendrait à la mise à néant du procès in-
tenté contre les insurgés de septembre, et la
question principale, celle des rapports de Neu-
châtel resterait indécise; de cette manière, la
Suisse pourrait obtenir dans l'aveuir, au cas le
plus favorable, ce qu'on lui offre aujourd'hui
mais dans des circonstances défavorables, cette
voie pourrait préparer à la Suisse des compli-
cations nouvelles et des dangers.
» Il suffit d'indiquer ces deux voies qui nous
restent ouvertes dans cette affaire, pour que
toute personne qui ne se trouve pas sous le
coup d'une opinion préconçue comprenne aus-
sitôt quelle est celle qu'on doit prendre. Je crois
qu'il me suffit notamment de ces paroles d'in-
troduclioir. d'avoir posé la question que nous
devons résoudre.
» Dans la manière dont est posée la question
se trouve déjà la réponse. Mais qu'il me soit
permis d'exprimer le plaisir patriotique que
j'éprouve avoir que l'Assemblée fédérale suisse
s'est trouvée complètement à la hauteur de sa
mission quand elle a été appelée à résoudre la
question la plus importante et la plus difficile
qui lui ait été soumise depuis qu'elle existe,
sur le terrain de la politique extérieure, et,
qu'une question qui menaçait notre patrie de
grands périls et qui pouvait troubler la paix
du monde soit sur le point d'être résolue
presque autant au prolit qu'à l'honneur de la
Suisse.Je déclare ouverte la session du Conseil
national. »
Sur les 120 membres, '103 sont présens.
Après la prestation de serment d'un membre
nouveau, on passe immédiatement à l'affaire
de Neuchâtel. Les pièces sont renvoyées à la
commission déjà existante qui fera probable-
ment son rapport demain.
Le Conseil des Etats a été ouvert par
M. Briatte sans discours. C'est au Conseil na-
tional qu'appartient la priorité dans la ques-
tion de Neuchâtel. (Bund.)
IIOLLAKDE.
La Haye, G juin.
Le journal officiel contient un rapport très
étendu présenté au roi par MM. Myer et Gevers,
ministres des colonies et des affaires étrangè-
res, relatif aux affaires japonaises, et dont le
roi a approuvé la tendance et les propositions.
A ce rapport sont joints quinze articles addi-
tionnels convenus entre les chargés de pouvoirs
néerlandais et japonais pour faire partie du
traité entre le Japon et la Néerlande, conclu le
30 janvier 18B6. Ces articles contiennent entre
autres le libre exercice du culte assuré aux
Néerlandais l'abolition du sacrilège qui consi-
stait à fouler aux pieds l'image du Christ en
croix.
Les Néerlandais seront admis au commerce
dans les ports ouverts, et par conséquent ils se-
libres de vendre leurs marchandises à des né-
gociaiis japonais. Ils pourront aussi amener
leurs femmes et leurs enfans dans les ports ja-
pouais ouverts au commerce européen. L'im-
portation de monnaies étrangères et l'exporta-
tion de numéraire japonais sont admises.
Le gouvernement japonais pourra prélever
un droit modéré sur l'importation, le transit et
l'exportation. Les Néerlandais qui se trouvent
à Nangasaki pourront librement avoir des rela-
tions avec les étrangers, tant à bord des vais-
seaux qu'à Décima. Le gouvernement japonais
a déclaré qu'il est prêt à conclure des traités
avec les gouvernemens étrangers qui en expri-
meront le désir.
Le journal officiel publie aussi un rapport
de voyage du capitaine-lieutenant de marine
Fabins, de la visite qu'il a rendue en 1850 aux
ports de llakodadi et Simoda. (Echo universel.)
ESI'AGNE.
Madrid, 7 juin.
Dans la séance du Sénat du G juin il a été
donné lecture d'une dépêche de M. Xavier Istu-
riz annonçant au Sénat son départ pour la cour
de Saint-Pétersbourg en qualité de ministre
plénipotentiaire de la reine près cette cour.
Le Sénat déclare ensuite ne pas prendre en
considération une proposition de M. Canlcro,
ainsi conçue « La commission chargée de
faire un rapport sur le projet de réforme en
présentant son rapport, devra émettre son opi-
nion touchant une disposition aussi impor-
tante que l'a été l'acte additionnel.
(Gazette de Madrid.)
GRANDE-BRETAGNE.
"Londres, 4 juin.
Cité, midi. –Les Consolidés sont à 93 93
1/8, coupon détaché au 9; nouveau Trois pour
100, 92 3/i; Trois pour 100 réduit, 92 S/8. Fonds
étrangers: Trois pour 100 espagnol, 42 !{•
Mexicains, 23.
Cité, deux heures. –Consolidés 93 931/8 pour
compte, coupon délaché, et 93 3/4 9-4 au comp-
tant, y compris l'intérêt; nouveau Trois pour
100, 92 3/-i; Trois pour 100 réduit, 92 S/8. Dif-
férés espagnols, 25 1/2. (Globe.)
11 y a tout lieu de croire que la Banque
d Angleterre réduira demain le taux de l'es-
compte cette mesure serait justifiée par une
.·
dans les gazons quels longs serpcns de
quelle foule élégante, quelles fanfares
lointaines apportées par la brise quel air
suave et embaumé, et quel charme d'errer
dans ces nouveaux champs élyséens, où les
êtres vertueux fort heureusement ne sont pas
les seuls admis! Et puis il y a un théâtre
maintenant, un théâtre antique, tout neuf,
.dont les décors ne sont ni en misérable toile
peinte, comme à l'Opéra, ni en pierre, comme
au théâtre de Pompeï mais en arbres vé-
ritables, en cascades, en Heurs, en rochers,
en gazons naturels. Trois mille spectateurs s'y
pressant sur des gradins fleuris. Un très bon or-
chcs!re,où l'on compte beaucoup de-musiciens dé
l'Opéra, flanqué à droite et à gauche de deux
chœurs de voix d'hommes, et invisible, répand
ses harmonies affaiblies par la distance, mais
qu'on ne goûte que mieux au milieu de ce
frais silence auquel la lune rêveuse préside du
haut du ciel. Sur le théâtre, des danseuses es-
pagnoles exécutant des poëmes d'Alfred de
Musset avec un entrain, une furie à vous don-
ner le vertige, et une foule de brigands paille-
tés, carabinés, se disputant une jeune belle
Française qu'ils ont prise sur la grande route,
et dont ils veulent fusiller le mari; lequel mari
trouve à la fin le moyen de délivrer sa femme
et de faire sauter en l'air les brigands et leur
caverne.
Etl'on applaudi LM11» Irma Aymé et les danseurs
espagnols ;-et les Persans dans leur loge sont
forces de convenir qu'on ne danse aussi bien ni
à Téhéran ni à Ispahan; mais ils se consolent
en reconnaissant qu'on y fume beaucoup mieux.
Nous avons là, en effet, quelques centaines de
jeunes Français, Anglais, Russes, qui osent,
dans ce charmant séjour, fumer d'affreux ci-
gares dont l'odeur suffirait à tout dépoétiser
si le vent du soir, dans sa sollicitude pour les
gens délicats, ne se hâtait de l'emporter. Puis
tout ce peuple, enchanié de sa nuit orientale
se disperse enfin dans le bois de Boulogne, au-
tour du lac que voilent déjà les vapeurs bleues
du matin, et retourne à Paris en chantant les
louanges de l'ingénieux et hardi directeur du
Pré Caîclan.
Je voudrais savoir si dans l'ile de Taïii, ce
paradis terrestre, il y a pour la nuit quelque
chose do mieux que cela. llé hé il y a d'abord
les jeunes Taïtiennes. et. des bois moins il-
luminés.
H. Berlioz.
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