Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1844-12-24
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Description : 24 décembre 1844 24 décembre 1844
Description : 1844/12/24. 1844/12/24.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
regrettable dans la personne de M. Grillon de Villeclair,
chevalier de la Légion-d'Honneur ancien maire de Cbâ-
teauroux, directeur do la manufacture impériale de sucre
indigène du département de l'Indre, conseiller de préfec-
ture et membre du comité des bàtimens civils. »
V Avenir National de Limoges, du 21 décembre, ra-
conte la drame judiciaire qui suit
« Il y a quelques mois, un condamné de laOour d'assises
de Tulle traversait notre ville, escorté de deux gendarmes 1
pour aller occuper à la maison centrale le domicile que
lui avait sssi^né la justice des hommes. Une jeune femme
vêtue de noir, la figure couverte d'un voile et qui sem-
blait appartenir à une classe plus élevée que celle où se
recrute le personnel des prisons, suivait ce triste convoi.
Cet homme, ainsi escorté par la généreuse sympathie d'une
jeune épouse, était le sieur Vinsot, percepteur dans l'ar-
rondissement de Tulle, condamné à cinq ans de détention
par la Cour d'assises de la Corrèze. Voici* le résumé suc-
cinct des faits qui donnèrent lieu à cette condamnation
» Dans l'auberge qu'avait habitée M. Vinsot avant son
mariage, se trouvait une jeune fille d'une figure agréable,
et pour laquelle le public l'accusait de ne pas être indiffé-
rent. Cependant, ayant trouvé plus tard un parti conve-
nable, il se maria. La jeune femme qu'il avait épousée
était belle aussi, d'une éducation distinguée et on devait
supposer que la jolie fille d'auberge serait bientôt oubliée.
A quelque temps de là, cette dernière donna le jour à yn
enfant qui disparut. La justice informa; la mère fut arrêtée
sous la prévention d'infanticide, et d'après ses révélations
M. Vinsot, auquel elle prétendai t avoir confié cet enfant,
é fut également mis en accusation.
» Pendant une longue instruction, la jeune femme de
1 accusé vint à Limoges solliciter du procureur-général et
du président des assises d'abréger les lenteurs judiciaires
et d'avancer le jour du débat, qu'elle espérait être celui de
la délivrance. Mais Vinsot, déclaré coupable, fut condamné
à cinq années de détention. La jeune fille, qui n'avait cessé
de 1 accuser pendant tout le débat, fut condamnée à trois
années de la même peine,
»" L'arrêt de la justice avait été exécuté et l'un et l'autre
de ces condamnés subissaient leur peine dans la maison
centrale de Limoges. Il y a quelques jours, la jeune fille
qui, après avoir donné son amour à Vinsot, lui avait voué
une haine implacable, tombe malade. Le confesseur est
appelé au lit de la prisonnière, qui avoue ses fautes. C'est
alors que s'accomplit une scène d'un grand intérêt rendue
par l'approche de l'éternité au sentiment de sa conscience,
la prisonnière déclare, en présence de témoins, qu'elle est
seule coupable, qu'elle a tué son enfant, et qu'elle n'a
accusé son ancien amant que par désir de vengeance. Ces
aveux, faits avec un caractère complet de sincérité ont
été constatés par écrit.
» La malheureuse ne survécut que peu de jours à cet
aveu. Aussitôt après sa mort, ces faits ont été portés à la
connaissance de M. le procureur-général qui a immédia-
tement sollicité une grâce de la justice royale. Ces circon-
stances, providentielles en quelque sorte, vont remplir de
joie le cœur de la pauvre jeune femme qui, au milieu de
tant d'épreuves douloureuses a su conserver son courage
et sa confiance d'épouse. Là clémence royale réparera sans
doute cette erreur de la justice des hommes! !»
On lit dans l'Impartial du Rhin du 21 décembre
« Nous avons annoncé hier le triple meurtre et l'incendie
dont la commune de Zillisheim a été le théâtre. De nou-
velles informations nous permettent de compléter les ren-
seignemens sur cet épouvantable crime. Le nom de la fa-
mille est Gesegnet. Le père était âgé de soixante-dix ans,
la mère de cinquante-deux et le fils de vingt-trois. La for-
tune de ces malheureux est évaluée à 15,000 fr. On croit
que la convoitise de cette fortune a été le motif détermi-
nant du crime. Trois personnes, soupçonnées d'en être les
auteurs, sont déjà sous la main de la justice. »
On écrit de Boulogne, le 22 décembre
« Cette année, la pêche aux harengs a été très produc-
tive pour notre port. Quelques uns de nos grands bateaux
ont ramené de ce poisson pour une valeur de 22 à 23,000 fr.
La moyenne, entre les cent plus forts bateaux, a été de
10,000 fr. à peu près, et de 4,000 fr. environ pour les
soixante autres petits bateaux.
» Somme toute le produit de cette saison, réparti dans
toute la population maritime, peut s'évaluer de 12 à
1,400 mille francs. »
La Caisse d'épargne de Paris a reçu dimanche 22 et
lundi 23 décembre, de 3,903 déposans, dont 449 nouveaux,
la somme de 880,189 fr.
Les remboursemens demandés se sont élevés à la
somme de 893,000 fr., c'est-à-dire à 312,811 fr. au-dessus
de la somme totale des dépôts.
Nous sommes autorisés à démentir formellement les
assertions de plusieurs journaux qui ont prétendu que
M. le chancelier était l'auteur d'un vaudeville joué en
1805. M. le chancelier n'a jamais fait de vaudeville, ni
écrit aucune pièce de vers de sa vie.
M. Petiet, ingénieur en chef du chemin de fer de la
rive gauche, a fait appel du jugement du tribunal de Ver-
sailles qui l'a condamné à vingt jours de prison, à l'occa-
sion de l'accident survenu sur ce chemin le 21 juillet der-
nier.
Aujourd'hui la première chambre de la Cour royale
présidée par M. Séguier, après avoir entendu les conclu-
rions de M. Bresson, avocat-général, dans l'affaire des
deux enfans réclamés par deux pères, a ordonné que les
Vous avez fait de nombreuses folies, et une entre autres
assez éclatante pour vous exiler do la France pendant de
longues années.
Un mari tué en duel,iïne f.-ir.rao perdue, uno famille
désolée, sont des crimes que sa loi r>,< punit pas, et contre
lesquels le mondt) doit paV cossérçtusïit se montrer d'autant
plus sévère. Vous le trouvâtes très injuste, il y a dix ans, de
ce qu'il se détourna de vous après ce fatal scandale, et
plutôt que de courber la tête, vous lui jetâtes un insolent
défi.
Retiré à Florence avec cette femme qu'il fallait laisser
oublier, vous avez tout fait pour donner à cette malheu-
reuse liaison un éclat insultant, pour couronner votre vic-
time d'une triste célébrité. Tous les as vous envoyiez dé-
daigneusement, du fond de votre exil, ces tableaux qui ont
fait vôtre gloire et votre fortune, et il n'en est pas un dans
lequel tous n'ayez placé cette figure adorée dominant tou-
jours les autres, comme une protestation permanente con-
tre la condamnation qui vous frappait tous deux. Le public
battait des mains à vos toiles, mais pas une porte ne s'est
ouverte pour accueillir la femme coupable, pas un cri ap-
probateur ne vous a soutenu dans votre lutte.
VÔHà trois ans que la mort de cette femme a brisé cette
chaîne, et vos anciens amis, fiers de vos succès, ravis de
pouvoir vous retrouver, vous ont rappelé en tumulte.
Leurenthousiasme vous a trompé, Michel, et vous êtes ren-
tré dans votre pays la tête haute comme un vainqueur;
c'est une faute dont ils sont coupables, et qui cependant
ne pèsera que sur vous, croyez-moi la mort a fait cesser
le combat, mais elle ne vous a pas donné ja victoire on
vous pardonne le passé, mais on jugera d'autant plus sé-
vèrement l'avenir. Jamais le monde n'abdiquera ses droits
pour un homme, quelque célèbre et quelque puissant qu'il
soit. Il prendra de vous le grand artiste, le peintre auda-
cieux et fécond; il vous regardera avec curiosité, vous ap-
plaudira avec transport mais la considération calme et
pure qu'il accorde à l'honnête homme de famiile, les joies
du foyer, les affections fraternelles de la vie domestique,
l'inttmité sainte où la douleur est accueillie par de douces
pitiés et le bonheur par des sourires heureux, toutes ce.s
choses qui sont la vie réelle du cœur il vous les refusera
implacablement. Vous aurez une place élevée dans toutes
les fêtes publiques, et vous y trônerez; mais vous n'aurez
pas un coin au feu d'une chaste maison. Vous aurez là
foule avec vous tant que vous réussirez, mais vous serez
soûl le jour où vous aurez besoin de pleurer.
Mon enfant, mon cher enfant, prenez garde, je vous en
supplie mesurez sagement et d'un œil calme le chemin
que vous allez prendre. vous me faites peur, et je vous
écrfc sous l'émotion de la scène qui s'est passée hier chez
Mme. ̃ r
Mon cher Michel pour tout autre que pour vous les
paroles. que vous avez prononcées hier eussent été sans
conséquence elles ont été d'une portée fâcheuse dans votre
bouche «Ucs'Gnjt tourné contre vous et contra la personne
que- -vans avez Voulu défendre. Dites-moi, je vous prie
pourquoiy au moment où M. Brunelle racontait si galment
les mille aventures scandaleuses de M™» Fazio, êtes-vous
venu avec votre, figure bistre, vos yeux noirs et jaunes,
votre physionomie triste et maigre, dire d'un ton menaçant
à M. Brunelle:
mineurs Berthe et Maurice seront Kxnis à Bobeliri, à la
charge par lui de fournir aux frais de leur entretien de leur
éducation, et da les laisser visiter par leur mère deux fois
par semaine, soit dans son domicile, soit dans les établis-
semens pu il pourrait Jes plaJTer.
Une vente au profit de la Société d'encouragement de
l'instruction primaire parmi Jes protéçtans de ffrahce a été
organisée il y a un an par une réunion de damés pr°tes-
tantef do Paris.
Cet appel fait à la charité a été entendu; les acheteurs
se sont félicités, en coopérant à unebonne œuvre, de trou-
ver à cette vente un élégant assortiment de ces mille
objets utiles ou agréables que l'on est heureux de décou-
vrir aux approches du jour de l'an. Une vente pareille a
été organisée cette année; elle aura lieu, rues' des Petites
Ecuries, no 40, vendredi 37 et samedi 28 décembre, de piidi
à six heures. Les comptoirs, remplis d'objeis confectionnés
en très grande partie par les dames de l'association et par
les personnes qui ont bien voulu leur venir en aide, seront
occupéspar les dames du comité elles-mêmes.
Tout fait espérer que le succès qu'a obtenu l'an passé
cette œuvre de charité ne lui manquera pas cette année..
LL. MM. la Reine des Français et la Reine des Belges,
LL. AA. RR. la princesse Adélaïde, la duchesse de Ne-
mours, la duchesse d'Aumale et le duc de Montpensier,
ont visité hier les salons de MM. Alph. Giroux et C°, où
elles ont fait 4e nombreuses et importantes acquisitions.
La Galerie de Shakspeare, cette suite de belles gra-
vnres qui retrace les scènes les plus dramatiques des pièces
de Shakspeare, est un des cadeaux les plus convenables
pour être offerts eh étrennes. C'est en quelque sorte une
actualité à laquelle les représentations des acteurs anglais
prêtent tout le charme de l'à-propos.
Quel que soit le point de vue sous lequel on considère
l'Inquisition, son rôle historique est immense, non seule-
ment en Espagne et en Portugal et dans les possessions
transatlantiques de ces deux Etats, mais dans toute là
chrétienté. Les Mystères d4 l'Inquisition, qu'on publie en ce
moment, écrits avec savoir et talent, animés par là pein-
ture vive et pittoresque des mœurs espagnoles, apportent
à l'obseryatipn et à la curiosité l'ouvrage le mieux fait
pour éclairer l'esprit sur cette terrible institution.
M. Mailher de Chassât, avocat à la Cour royale au-r
teur du Traité de l'Interprétation des Lois, du Traité de la
Rétroactivité de la Loi, etc., vient de faire paraître un traité
sur les statuts. Cette matière, l'une des plus controversées
de l'ancien droit, et qni n'a pas cessé de l'être même au-
jourd'hui, est présentée dans cet ouvrage sous un jour en-
tièrement nouveau, qui doit attirer l'attention des juris-
consultes de tous les pays.
TRIBUNAL DE COMMERCE DE LA SEINE.
PRÉSIDENCE DE M. DEVINCK.
Le journal la Presse contre le Globe. Demande de 40,000 fr*
de dommages et intérêts.
M" Durmont, agréé, prend les conclusions suivantes pour
M. Dujarier, agissant tant comme gérant du journal te Presse
qu'en son nom personnel, comme cessionnaire du droit de pro-
priété littéraire de l'euvrage intitulé Captivité de Sainte-Hélène
par M. le général Montholon
« n plaira au tribunal, attendu qu'il faut 'distinguer dans un
journal la partie Mtellectuelle qui est du domaine public de la
critique et de la discussion, et les intérêts commerciaux qui doi-
vent être respectés comme ceux de toute entreprise privée;
j Que s'il est juste d'admettre que le journal le Globe a le droit
de discuter et critiquer la valeur politique et littéraire des publi-
cations de te Presse, on ne saurait admettre que ce droit puisse
s exercer d'une manière malveillante sur des ouvrages non encore
publiés, dans l'unique but de les discréditer à l'avance;
j Attendu que le .journal le Globe a publié une série d'articles
contre te Presse dans une évidente intention de nuire, notamment
dans les numéros des 5, 8, 10 et 13 décembre courant
» Attendu que dans son numéro du 5 de ce mois, le Globe a
annoncé que les Mémoires de M- le général Montholon seront
écrits par M. Alexandre Dumas, et que le journal te Presse joue
une comédie et se moque du public avec le plus grand aplomb
» Que dans le numéro du 8 décembre, le Globe répète que les
Mémoires de M. de Montholon ne seront autre chose que lès Mé-
moires de M. Alexandre Dumas, qui va envisager l'Empereur au
même point de vue historique que te pêche aux truilcs cl les
beefteack d'ours
» Attendu qu'en insérant, dans son numéro du 10 décembre, les
démentis et les explications du requérant, le Globe, au lieu de re-
connaître loyalement son erreur et ses torts, a ajouté des com-
mentaires qui aggravent, au lieu de l'atténuer, le préjudice
causé;
» Attendu enfin que, dans son numéro du 13 le Globe articule
encore des faits entièrement faux et se permet des insinuations
perfides de manière à ruiner le livre dans l'opinion publique en
>reseulant l'auteur et le publicateur comme agissant sous des in-
fluences étrangères et méprisables que eelte persistance du Globe
dans celte voie de calomnie est d'autant plus répréhensible que
le requérant, dans un but de modération, avait offert à son direc-
eur de lui communiquer les pièces originales et les copies certi-
fiées couformes qui auraient permis au Globe de se rétracter s'il
eût été de bonne foi que le Globe au contraire, a insinué que
les docamens qui devaient servir à écrire l'Histoire de la captivité
de Sainle-Hêlène ont été envoyés par la famille de sir Hudson
-owe, le geôlier de l'Empereur, pour les faire servir à une réha-
«litation au moyen d'Injures qui garantiraient l'impartialité des
faits
» Attendu que de l'ensemble de ces articles il résulte évidem-
ment que le Globe n'a pas fait la critique littéraire et historique
d'un ouvrage qui n'a pas encore été livré à la publicité, mais qu'il
a été dirigé au contraire par un mauvais sentiment de rivalité et
par le désir de porter atteinte aux intérêts du requérant, en si-
gnalant un livre entièrement inédit comme une œuvre sans mo.
Cette femme vous a donc fait beaucoup de mal,
Monsieur? femme vous a. "one fait beaucoup de mal,
Nullement vous a-t-il répondu elle est même fort
aimable, bonne femme et lorsque je la rencontre dans le
monde, elle est toute gracieuse pour moi.
Et c'est pour cela que vous la traînez si plaisamment
dans la boue? lui avezyvous dit.
L'apostrophe était dure, mais peut-être n'y eût-on pas
pris garde et l'eût-on attribuée à ces mouvemens d'hu-
meur sombre qui vous sont si familiers. Mais vous ne vous
êtes pas arrêté là, et lorsque M. Brunelle vous a répondu
« que s'il parlait de Mme Fazio comme il le faisait, c'est
parce qu'elle était au-dessous du mépris et qu'elle avait
appartenu à qui l'avait désirée, » vous ne pouvez vous
figurer de quel air furieux vous lui avez dit
On doit savoir le nom de six au moins des amans d'une
femme qui en a eu par centaines.
Et comme M. Brunelle n'a pu vous en nommer qu'un ou
deux, vous vous êtes fait le défenseur de cette vertu mé
connue vous avez protesté contre la clameur publique qui
flétrit justement le vice, et vous avez engagé une discus-
sion qui eût pu finir par une affaire sérieuse si M. Bru-
nelle nes'était retiré en homme de bonne compagnie.
Et maintenant, quelle folle idée vous a pris de soutenir
l'étrange thèse que vous avez adopté Que vous importe
ce qu'on dit de Mme Fazio? Ou plutôt, ce que l'on a raconté
après votre départ serait-il vrai, et n'auriez-vous fait que
défendre votre nouvelle maîtresse ? Oh Michel mon enfant
où allez-vous? Ce que la fougue de l'âge a pu vous' faire
pardonner une fois, serait considéré aujourd^ii comrae
une faute irréparable. Si vous saviez avec quel chagrin j'ai
écouté les jugemens qu'on a portés sur vous]! On a parlé de
vice invétéré d'homme en qui sont morts tous les princi-
pes de la sainte morale; Que vous dirai-je? J'ai été désolée.
Je vous en conjure oubliez tQus ces ressentimens qui vous
ont égaré, revenez au respect des lois vulgaires de l'hon-
nêteté; fuyez ce monde pervers où vous avez trop vécu,
abandonnez ces odieux paradoxes que notre littérature
moderne a trop longtemps soutenus, et qui prêtent au
vice, une auréole d'intérêt qui le rend charmant pour les
imaginations corrompues. Je suis vieille j'ai donc le droit
de vous conseiller; je vous aime et ce droit dévient un
devoir pour; mqj. Répondez-moi, je suis sûre que vous
vous.justifierez,et alors j'oserai vous défendre mieux que
je ne l'ai fait
A vous de coeur, quand méim,. ̃ Comtesse DE L.j.
Lettre de Michel Meylan à Jfmb là comtesse de £.
Madame et chère marraine
Votre le|tre m'a surpris et m'a fait du bien. Le blâme
qu'elle me jette m'a attristé mais je l'ai presque oublié
en voyant que quelqu'un m'aimait encore en ce monde.
Cependant vous avez fq.it de mon cœur, en me rappelant
celle qui n'est plus comme un ami a fait hier de ma main
il la pressait avep chaleur, sans s'apercevoir qu'il la brisait
avec l'anneau que je porte à mon doigt. Quoi qu'il en sait,
vous ne vous êtes pas trompée; vous me demandez une
justification et .je vous l'envoie. Pour ce qui regarde per-
sonnellement Mme Fazio ma réponse est simple je ne la
connais pas et je ne l'ai jamais vue. Pour ce qui peut êîre
du sentiment qui a dicté ma sortie contre M. Brunelie 1
salité, sans dignité littéraire, sans autorité historiqne enfin
comme une œuvre anti-nationale;
n Attendu qu'il y a eu préjudice causé, et que la réparation de
ce préjudice est due aux termes de l'arlicle 1382 du Code civil
» Condamner le sieur Solar, gérant du Globe.par toutes les voies
de qroit, et même par corps, à 20,000 fr. de donimagës-intérèls
pour le Iprt causé au journal la Presse (jui a acquis fe droit de
première publication, et g pareille somme pour celui causé au re-
quérant gomme cessipnnaire de la propriété littéraire de l'ou-
vrage '̃ ̃•>̃-•
» "te condamner pn oufre ib l'ius,er.t{o,n du jugement à interr
Venir dans le Globe' et dans la Presse et dans 'six autres jour-
naux de Paris, six journaux des départemens et six de l'étranger,
au choix du requérant, et en outre à l'affiche du jugement à mille
exemplaires, et Ce aux frais du défendeur, qui sera tenu, et par
corps, de les rembourser sur les seules quittances qui lui seraient
représerijées se voir condamner aux dépens, aYeçjexéeution pfp-
vjioire, "sans caution, i' ̃•>
Messieurs, dit m* dursiont, au commencement 4b moisije
décembre la Presse a augmenté son format, et en maintenant son
prix à 48 fr. pour les départemens, elle l'a rédait à 40 fr. par an
pour l'abonnement de Paris.
Ce n'est pas la première révolution que la Presse a introduite
•dans la publication des journaux aussi a-t-elle depuis longtemps
excité contre elle l'envie et les envieux. Chacah était libre de
critiquer la mesure qu'elle a prise mais le gérant du Globe a tel-
lement dépassé toutes les bornes de la critique il a tellement
cherché à porter atteinte à la prospérité de l'exploitation commer-
ciale de la Presse, que le gérant de la Presse a dû venir vous de-
mander réparation.
Tant qu'il s'est agi de réflexions sur les opinions politiques, de
critiques sur les articles publiés, la Presse a pu supporter ces at-
taques, et ne pas vous demander justice; mais dès qu'il s'agit d'un
préjudice quelconque causé par une exploitation de commerce
dans l'intérêt d'une concurrence la Presse a droit de se plaindre.
En annonçant son nouveau mode de publication, la Presse a
promis de faire connaître à ses abonnés des ouvrages inédits et
importans, les Mémoires de M. de Chateaubriand, les Girondins,
par M. de Lamartine, et la Captivité de Sainte-Hélène par le géné-
ral Montholon. Elle a annencè la publication de ces ouvrages,
formant ensemble trente volumes elle avait acquis en effet le
droit de les publier sous la forme de feuilletons.
Ces annonces reposent-elles sur des certitudes? la Presse avait-
elle l'intention, en les faisant, de tromper le public ? Le tribunal
va en juger.
Par un traité intervenu, le 26 mars 1836, entre M. de Chateau-
briand et M. Ad. Sala, gérant de la Société formée pour la publi-
cation des Mémoires de l'illustre écrivain, la Société Sala et Ce
avait acquis le droit exclusif à la propriété des Mémoires inédits
comme de tous autres ouvrages que pourrait encore à l'avenir
composer M. de Chateaubriand.
Or, par un second traité que voici, et qui passera sous les yeux
du tribunal, il a été, à la date du 27 août dernier, stipulé entre
31. Dujarier, gérant du journal la Presse, et la Société Sala
« Art. 1". MM. Sala et Ce cèdent et transportent à MM. Dujarier
» et Ce le droit d'insérer el de publier en feuilletons dans le journal
d la Presse exclusivement les Mémoires de M. de Chateaubriand
j dès que la Société en aura la libre disposition, au décès de M. de
s Chateaubriand.
j Art. 2. L'impression sera en tous points conforme au manu-
> scrit, sans ebangemens ni additions aucuns, suivant les intentions
» de l'auteur, intentions expliquées dans l'acte précité (celui du
» 26 mars 1836). »
La Presse avait donc eu incontestablement le droit d'annoncer
,Ia publication de ces Mémoires. Mais, nous dit-on, elle a dissimulé
dans l'annonce la condition de la publication, qui est subordonnée
au décès de M. de Chateaubriand. Mais qui ne sait, qui n'a en-
tendu dire qu'il s'agit de Mémoires posthumes qui, à moins d'ur-i
changement dans la volonté de l'écrivain, ne doivent être publiés
qu'après samprt?Quine sait qu'il s'agit des Mémoires d'outre-
tombe dont le monde littéraire s'occupe depuis bientôt dix ans?
Et où donc avez-vous vu que la Presse ait dissimulé cette condi-
tion ? Nous lisons dans le numéro même qui contient l'annonce,
sous la rubrique Programme UUérairc, ces lignes assez claires sans
dpule
t Ces Mémoires ne doivent paraître qu'après sa mort. Ce sont
les discours que ce génie veut nous tenir du fond de sa tombe. »
Et plus loin: »
t A Dieu ne plaise que nous veuillons hâter, dans notre espé-
rance, le jour où les admirateurs en deuil viendraient faire le tour
de ce tombeau. Une pareille impatience serait de l'impiété. >
Nous n'avons donc rien dit sur le premier point que la plus
stricte vérité.
En effet M. Dujarier a traité avec une Compagnie, dont
M. Delloye est le directeur, pour la publication exclusive dans
son journal des Mémoires d'oulre-lombe de M. de Chateaubriand,
e( des Girondins, par M. de Lamartine.
Dans le traité relatif aux Mémoires de M. de Chateaubriand,
M. Dujarier s'engage à payer comptant une somme de 80,000 fr.,
et de plus à supporter une part de 4,000 fr. dans la rente viagère
dé 16,000 fr. que fait cette même Compagnie à M. de Chateau-
briand.
Quant à l'ouvrage sur la captivité de Sainte-Hélène M. Duja-
rier a traité directement avec M. le général Monlholon, il a acquis
en son nom personnel la publication entière de ce livre et il a
cédé ensuite à ses coassociés de la Presse le droit de le faire pa-
raître dans les feuilletons de ce journal.
Je représente la correspondance de M. de Montholon lui-même.
Voici une lettre de son copiste signée du général Montholon.
Je représente les deux premiers volumes mis au net, avec des
rectincaiions de la main même du général Montholon; les deux
premiers volumes sont là; ils sont bien de M. de Monlholon il
ne saurait y avoir de difficulté là-dessus.
Je suis porteur de la cerrespondance de sir Hudson Lowe, rela-
tiyement à la captivité du prisonnier de Sainte-Hélène.
nie schayé Sont-ce les originaux ?
M« DURMOiVT Attendez Je représente le projet de Consti-
tution destiné par l'Empereur à son fils, et que M. le général Mon-
tholon devait remettre à Vienne au duc de Relchstadt; je repré-
sente le testament et les codicilles de Napoléon, enfin tout ce qui
regarde l'exécution testamentaire.
Est-ce en original? Non le testament et les codicilles, le tribunal
le comprend sont déposés à Londres au greffe de la Cour de
l'archevêque de Cantorbéry; d'autres pièces sont déposées au
greffe de la Cour du banc du Roi; les autres documens sont dé-
posés à Paris entre les mains de M. Bertrand notaire en sorte
que ces pièces sont à l'abri de toute perte; mais les copies que je
produis sont certifiées conformes.
Il y a aussi une correspondance fort curieuse de l'amiral Bau-
mon histoire seule pourrait vous expliquer cette étrange
contradiction de mon cœur. En effet avec peu d'estime
pqr.r les femmes, je ne sais pourquoi je suis toujours prêt
à donner un démenti à celui qui les accuse.
Ce que j'ai fait pour Mme Fazio, je l'euîse fait pour toute
autre dont on eût mal parlé. Non, Madame, ce n'est point
sojis l'impression d'une nouvelle passion, que je me suis em-
pqrté contre M. Brunelle c'est parce qu'au moment où
j'ai considéré cet homme avec sa face blafarde et jaune,
ses cheveux plats, sa voix nazillarde et traînante son œil
fauve et bas, il m'a rappelé un misérable qui m'a fait plus
8e ma! que vous ne pouvez le croire.
C'est que M. Brunelle a remué en moi un souvenir terri-
ble et fatal, c'est qu'il a fait vibrer dans mon âme une
douleur qui s'y cache depuis vingt ans. C'est qu'il m'a remis
sous l'empire de la funeste pensée qui m'a peut-être poussé
à toutes les folies que vous me reprochez, sous l'empire dp
la pansée qui m'a fait engager cette lutte que j'avais espérée
pljis longue, et que la mort a finie sans que j'en fusse
lassé de la pensée enfin qui m'a donné cette humeur
chagrine qui me dévore, et cet amour de la retraite où j'ai
abrité le peu d'affections que j'ai trouvées ici-bas. C'est
qu/il a agité en moi un remords que vingt ans de repentir
n'ont pu effacer. C'est qu'enfin, Madame, en défendant
cette Mme* Fazio, que je ne connais pas, j'ai peut-être tenu
un serment fait sur une tombe fermée depuis longtemps.
Car ma vie est pleine de tristesse, et lorsque je regarde
dans mon passé j'y trouve peu de souvenirs qui n'y soient
marqués par un, sépulcre.
Si j'ai eu tort, c'est d'avoir répondu à un homme -comme
M. Brunelle. Cet homme s'est retiré parce qu'il est un lâche
et non point parcs qu'il est un homme de bonne compagnie,
fe comprends la médisance contre les femmes dans la
bouche des femmes la jalousie lui donne une excuse
mais l'homme qui salit avec cet excès un? femme quelle
qu'elle soit une femme qui a un mari, une famille des
enfans cet homme est abominable à mes yeux. Du reste,
et ppûr répondre à une phrase de votre lettre, je dis que si
le vice n'avait pas, plus encore que ses joyeux conteur?, ses
auditeurs empressés, il serait moins redoutable, car il
mourrait dans l'obscurité.
La littérature lui a prêté, dites-vous, des charmes déce-
yans c'est possible mais elle n'a pas fait que le monde se
plaise,à ces récits et qu'il les accueille de toutes ses oreilles,
j'en appelle, à vous-même n'est-il pas vrai que .jamais
conversalibn n'est plus avidement écoutée, plus ardem-
ment entourée, que lorsqu'elle roule sur des scandales? Il
est juste d'avouer que le cercle se récrie et que, la lèvre
des bégueules hyprocrites s'allonge en moue dédaigneuse
il faut reconnaître aussi que chacun laisse tomber, pour sa
justification une sainte parole de mépris sur les femmes
qu'on vient d'immoler à la méchanceté universelle, aa
besoin de s'entretenir du vice et des vicieux. Il .faut dire
onfin que tout le monde s'absout courageusement du plaisir
que fait la médisance en crachant sur la victime. Ègt-ça en
cela que la speiété est plus morale que la littérature? Je
e veux bien.: 1
Mais quant à moi, Madame, je vous l'avoue, j'ai été trop
longtemps exilé du Inonde (comme vous dîtes) pour ne pas
m'y trouver mal placé. Je ne le comprends piûs. Flagellé,
insulté, repoussé par lui pour une femme à laquelle il n'a j
Ïl
dio. En I8is M. Bandln alors eapllaine dé vaisseau proposa f"
l'Empereur de l'emmener de Rochefort et de le conduire en Am*
que. La correspondance de l'amiral Baudin est relative à ce trafï
de la vie de Napoléon on sent bien qu'elle ne pouvait exister qu
dans, tes mam§ de l'Empereur qui l'a communiquée au généra^'
Montliolpri. ̃̃̃*̃
fies annonces ont excité la jalousie du Globe elles sont deve-
nues le tgxte dp ces accusations dans le numéro du 5 décembre •
« On annonce que M. Alexandre Dumas va partir incessamment
nqur le phaleag de. Ham, où il va écrire les Mémoires de
M. de MonlnqiQn, afin de suppléer à la faiblesse du style du gé-
néral: Quelle comédie et peut-on se moquer du public avec Dlns
d'assurance? r
Le Globe ne se borne pas à inventer le bruit, il invente aussi
1 impression que cette rumieur prétendue a produite sur l'opinion
publique. C'est ainsi qu'onâ vu un sténographe rendant compte
dans les journaux, ajouter les mots mouvement, rires, quoiqu'il n'y
eût pas eu de rires ni de mouvement; mais il disait pour s'excuser ¡
J ai ri moi-même, donc on a ri il exprimait ainsi la prétendue ap-
probation des auditeurs aux discours qu'il approuvait, et leur im-
probation pour les discours qu'il ne goûtait pas >
Le Gtofte va jusqu'à présenter d'une manière dubitative les as-
sertions les plus injurieuses. On y Ut ml ̃*
< Un homme d'honneur connu de tout Paris, un ami du prince
Louis Bonaparte est venu hier dans nos bureaux nous prier d'a-
dresser a M. de Montholon, à M. Alexandre Dumas et à M. Duia-
rier les questions suivantes
j Serait-il vrai que M. Alexandre Dumas serait allé déjà au châ-
teau de Ham qu'il aurait versé lui-même entre les mains du gé-
néral Montholon un à-compte de 14,000 fr., au nom de MM Dula-
rier et Compagnie; qu'il aurait séjourné quelques jours au châ-
teau qu'il aurait dmè constamment à la table du prince, en com-
pagnie du général qu'il aurait passé la plus grande partie de son
temps dans la chambre du général? serait-n vrai enfin que
M. de Montholon aurait reçu de la plume de M. Dumas la rédaction
de la petite dédicace insérée dans le fameux programme du journal
l(t irVCSSB t £
«Nous avons enfin une autre question à adresser à M. Dujarier- ♦
de la part de l'ami du prince Louis Napoléon Parmi les pap éra-r
que M. Dujarier a offert de nous communiquer, si nous voulions
prendre la peine de passer chez lui ou chez le notaire de la Presse
ne se trouverait-il pas par hasard des papiers envoyés par la fa-
mille de sir Hudson Lowe, dans un Intérêt purement historique
sans doute ? Le fameux traité d'Alliance entre Napoléon et Alexan- G
îamîiipeaKSoï1 œ1 pas élé conflé à M- DDjarier »ar la
famille de sir Hudson Lowe ? ~e 1, 1
» La famille de sir Hudson lowe aurait un grand intérêt", on lo^C
comprend, a faire établir par un ami de l'Empereur que les perse- t
cutions du geôlier de Sainte-Hélène n'étaient que des précautions i
nécessaires motivées par un grand complot politique. Ces faits
n'en auraient que plus de force s'ils étaient, accompagnés de dé-
clamations contre la cruauté de sir Hudson Lowe. Les injures ga-
ran iraient l'impartialité des faits, et il ue resterait plus qu'à inter-
préter ces faits et à les faire servir à une réhabilitation
> Nous sommes convaincus que le général Montholon que
M. Alexandre Dumas, que M. Dujarier ne se prêteraient en aucun
cas à cette indigne manœuvre; mais nous devions à M. de Mon-
ttiolon et a M. Dumas de leur faire connaître ces bruits afin qu'ils
pussent rassurer eux-mêmes ceux qui ont pu leur accorder quel-
qpe créance, t H
Ainsi le Globe va jusqu'à dire maintenant que notre publication
doit être une œuvre d'infamie, qu'elle doit avoir pour but caché
la réhabilitation d'Hudson Lowe, d'exécrable mémoire. •
Enfin, dans son numéro du 15, le Globe pubiie, par anticipation
et par une sorte de parodie de la justice, la plaidoirie de son dé- ̃>
fenseur; et, sous cette forme, il continue son système de déprô- '•
ciation, d'attaque. On y voit des dilemmes de cette sorte Ou le
dommage est nul, et alors vous devez condamner la Presse anx v
dépens, ou il est considérable, et dès lors il en faut conclure que
la spéculation n'a pas rèossi, que les abonnés du grand format ont
le pied boiteux. » Puis il persiste à.répéter que c M. de Montholon 1
sera un très mauvais écrivain et que ses Mémoires seront trèt <
ennuyeux mais que les Mémoires de M. de Monlholon par M. Du- '̃-̃
mas auraient été très amusans. >
Puis le Globe pousse son voisin le Charivari qui est enchanta
de fourrer son nez dans des querelles de ce genre. « Le Globe dit
le Charivari. contient un article de nature à produire une triste
impression. Les faifs dont il demande compte sont si craves nn».
nous laissons parler l'interrogateur. »
Puis après avoir rapporté tout au long les calomnies du Globe • ,̃
« De promptes explicaiions ajouté-t-il sont indispensables De-
vant une pareille accusation, un démenti est exigé par la mora- '•
lite publique p:us encore que par l'honneur des personnes dési.
gOGGS. t
On remarque, dit le Globe le 8 décembre, et c'est le Globe tout
seul qui fait cette remarque, que la Presse n'a pas démenti ce nue 'j
nous avons dit dans notre numéro du 5 ainsi il reste prouvé une
les Mémoires de M. de Montholon sont de M. Alexandre Dumas
Dans le journal te Presse du 8 décembre, M Duiarier insfrrà i
une lettre où il déclare de la manière la plus positive qu'en qutazl
lignes le Globe a commis une multitude de mensonges et aue
toutes ses assertions sont fausses. aréique
Le Globe, après avoir inséré cette lettre y ajonte un commen- a
taire dans lequel il cherche à donner le change et à Induire do
pins en plus le public en erreur. M. Dujarier avait invité M Solar
a venir voir les pièces dans son bureau où elles étaient à sa dis-
position. le Globe ne se soucie nullement de faire cette vérifica-
tion, et il se livre à de nouvelles suppositions; il persiste à dire
que l'ouvrage sur la captivité de Sainte-Hélène est une œuvre sud-
posée, et que M. de Montholon a eu tort de prêter son nom à une
spéculation mercantile.
Dans son numéro du 18 décembre, le Globe insère les lettres du '̃'̃
prince Louis Bonaparte et de M. de Montholon, mais y ajoute en-
core des notes mensongères. «u«"io eu
Nous admettons qu'on a le droit de critiquer dans un journal
a tort ou a raison, une œuvre littéraire qui a déjà paru sauf au
public a prononcer en connaissance de cause sur la justice ou
l'injustice de ces attaques. uu
Nous admettons qu'une pièce de théâtre jouée et reDrésenlAn l
devienne le sujet d'attaques même passionnées, c'est encore le at
public qui sera jage..
PSMp'^ fr «u'°.n.,ne;fanrait admettre, et qui est intolérable c'est »
cette critique faite d'avance d'une œuvre qu'on ne connaît oas
dont on n'a pas lu une ligne, dont où ne sauràii se faire la plus
légère idée.
One diriez-vous d'un journaliste qui, à l'époque de l'exposition
des tableaux, dirait avant l'ouverture Tel tableau que l'on va `
exposer et qui est signé de M. Ingres n'est pas de lui mais d'un
autre, que c'est un ouvrage détestable, une mauvaise croûte"
manqué qu'une position et pas une vertu, pas un sacrifice
pas un dévouement, j'ai cru, en rentrant dans ce monde si
sévère et si insolent, j'ai cru naïvement que j'allais péné-
trer dans un sanctuaire immaculé, blanc, pur, sérieux
chaste et tout peuplé d'honnêtes sentimens.
Oh Madame, qu'ai-je vu?
A la vérité, ce monde est merveilleusement doré d'hypo-
crisie et de mensonge mais lorsque j'ai voulu voir au delà
de cette superficie brillante, quand j'ai gratté du bout de
l'ongle tous ces plâtres peints à la vertu, j'ai trouvé bien
vite dans ce monde régulier une corruption plus profonde
que dans le désordre le plus éhonté.
Pardonnez-moi ce que je vais vous dire Madame mais
si jamais je rencontre Mme Fazio, je la saluerai plus respec-
tueusement que je ne ferais pour aucune de ces femmes
qui l'ont si indignement traitée hier. En effet pour elle
la chance possible est qu'elle vaille mieux que ce qu'on en.
dit, tandis que pour celles que l'on ménage, là chance cer-
taine c'est qu'elles valent moins que ce qu'on en pense
Dailleurs s'il est vrai qu'un vice est un vice je né pour-
rai jamais admettre que deux vices fassent une vertu Ce-
pendant combien de fois le libertinage plus l'hypocrisie
sont admis à ce titre dans vos salons Peut-être en chimie
est-il vrai que deux poisons combinés fassent un breuyàjte
salutaire, et peut-être le monde fait-il de la chimie morale •
cela doit être, mais je n'y comprends rien.
Voilà ce qui m'irrite voilà ce qui m'a fait prendre le
parti de Mme Fazio voilà ce qui me fait vous dire un mot
qui vous surprendra encore plus étrangement que tout ce
que je viens de vous dire c'est que je souhaite pour elle
que Mme Fazio soit ce qu'on en a dit; car Vil en était au-
trement, un jour peut venir où quelqu'un lui répétera' ce
qu on pense d'elle, et peut-être alors lui arriverait-il ce qui
est arrivé à la femme dont je veux vous raconter l'histoire
Si ce récit me justifie à vos yeux, iî aura atteint le seul
but que je cherche. Quant à ce que le monde peut dire de
mon donquichotisme en faveur de certaines femmes je ne
m en soucie nullement. Le monde a eu sii part de ïûa vi«
qu'il la déchire à son aise. Demain je retourne à Florence
dans quelques jows, je serai dans cet atelier mainteriàB^
solitaire et auquel manque sa muse. C'est là lo coin birje e
pleurerai, Madame, si jamais je pleure; mais e'èst delà
aussi que je parlerai au monde par mon pinceau* et Sans
la langue des arts. Je ne sais pas celle qu'il parle dii Sont
des lèvres, et il rirait de celle qui sortirait de mon êtiê&f'"<-
Agréez, Madame et amie, etc., votre filleul, i-
'̃ '̃ Michel Mmvtis.
P. S. Je yous envoie ce manuscrit telqueje l'ai écrit iïy a
dix ans, quandje me donnais là peine de cherchera compren-
dre les hommes. C'est pour cela que vous y trouverez des ana- `
lyses que je ne ferais plus maintenant. Je suis devenutrop
indifférent à tout ce qui n'est pas mon art pour chercher a
connaître la raison des actions humaines. Je les vois et je
les subis sans les expliquer, car elles ne m'intéressent plus.
Cependant vous y trouverez quelques réflexions que j'y ai
ajoutées car il y a eu des momens où en le relisant je me
suis trouvé bien niais ou bien impertinent. Vous recon-
naîtrez ces notes à la date qu'elles portent.
Pour copie conforme •̃̃̃ ̃•̃̃
{la suite à demain.) Frédéric Sociri,
chevalier de la Légion-d'Honneur ancien maire de Cbâ-
teauroux, directeur do la manufacture impériale de sucre
indigène du département de l'Indre, conseiller de préfec-
ture et membre du comité des bàtimens civils. »
V Avenir National de Limoges, du 21 décembre, ra-
conte la drame judiciaire qui suit
« Il y a quelques mois, un condamné de laOour d'assises
de Tulle traversait notre ville, escorté de deux gendarmes 1
pour aller occuper à la maison centrale le domicile que
lui avait sssi^né la justice des hommes. Une jeune femme
vêtue de noir, la figure couverte d'un voile et qui sem-
blait appartenir à une classe plus élevée que celle où se
recrute le personnel des prisons, suivait ce triste convoi.
Cet homme, ainsi escorté par la généreuse sympathie d'une
jeune épouse, était le sieur Vinsot, percepteur dans l'ar-
rondissement de Tulle, condamné à cinq ans de détention
par la Cour d'assises de la Corrèze. Voici* le résumé suc-
cinct des faits qui donnèrent lieu à cette condamnation
» Dans l'auberge qu'avait habitée M. Vinsot avant son
mariage, se trouvait une jeune fille d'une figure agréable,
et pour laquelle le public l'accusait de ne pas être indiffé-
rent. Cependant, ayant trouvé plus tard un parti conve-
nable, il se maria. La jeune femme qu'il avait épousée
était belle aussi, d'une éducation distinguée et on devait
supposer que la jolie fille d'auberge serait bientôt oubliée.
A quelque temps de là, cette dernière donna le jour à yn
enfant qui disparut. La justice informa; la mère fut arrêtée
sous la prévention d'infanticide, et d'après ses révélations
M. Vinsot, auquel elle prétendai t avoir confié cet enfant,
é fut également mis en accusation.
» Pendant une longue instruction, la jeune femme de
1 accusé vint à Limoges solliciter du procureur-général et
du président des assises d'abréger les lenteurs judiciaires
et d'avancer le jour du débat, qu'elle espérait être celui de
la délivrance. Mais Vinsot, déclaré coupable, fut condamné
à cinq années de détention. La jeune fille, qui n'avait cessé
de 1 accuser pendant tout le débat, fut condamnée à trois
années de la même peine,
»" L'arrêt de la justice avait été exécuté et l'un et l'autre
de ces condamnés subissaient leur peine dans la maison
centrale de Limoges. Il y a quelques jours, la jeune fille
qui, après avoir donné son amour à Vinsot, lui avait voué
une haine implacable, tombe malade. Le confesseur est
appelé au lit de la prisonnière, qui avoue ses fautes. C'est
alors que s'accomplit une scène d'un grand intérêt rendue
par l'approche de l'éternité au sentiment de sa conscience,
la prisonnière déclare, en présence de témoins, qu'elle est
seule coupable, qu'elle a tué son enfant, et qu'elle n'a
accusé son ancien amant que par désir de vengeance. Ces
aveux, faits avec un caractère complet de sincérité ont
été constatés par écrit.
» La malheureuse ne survécut que peu de jours à cet
aveu. Aussitôt après sa mort, ces faits ont été portés à la
connaissance de M. le procureur-général qui a immédia-
tement sollicité une grâce de la justice royale. Ces circon-
stances, providentielles en quelque sorte, vont remplir de
joie le cœur de la pauvre jeune femme qui, au milieu de
tant d'épreuves douloureuses a su conserver son courage
et sa confiance d'épouse. Là clémence royale réparera sans
doute cette erreur de la justice des hommes! !»
On lit dans l'Impartial du Rhin du 21 décembre
« Nous avons annoncé hier le triple meurtre et l'incendie
dont la commune de Zillisheim a été le théâtre. De nou-
velles informations nous permettent de compléter les ren-
seignemens sur cet épouvantable crime. Le nom de la fa-
mille est Gesegnet. Le père était âgé de soixante-dix ans,
la mère de cinquante-deux et le fils de vingt-trois. La for-
tune de ces malheureux est évaluée à 15,000 fr. On croit
que la convoitise de cette fortune a été le motif détermi-
nant du crime. Trois personnes, soupçonnées d'en être les
auteurs, sont déjà sous la main de la justice. »
On écrit de Boulogne, le 22 décembre
« Cette année, la pêche aux harengs a été très produc-
tive pour notre port. Quelques uns de nos grands bateaux
ont ramené de ce poisson pour une valeur de 22 à 23,000 fr.
La moyenne, entre les cent plus forts bateaux, a été de
10,000 fr. à peu près, et de 4,000 fr. environ pour les
soixante autres petits bateaux.
» Somme toute le produit de cette saison, réparti dans
toute la population maritime, peut s'évaluer de 12 à
1,400 mille francs. »
La Caisse d'épargne de Paris a reçu dimanche 22 et
lundi 23 décembre, de 3,903 déposans, dont 449 nouveaux,
la somme de 880,189 fr.
Les remboursemens demandés se sont élevés à la
somme de 893,000 fr., c'est-à-dire à 312,811 fr. au-dessus
de la somme totale des dépôts.
Nous sommes autorisés à démentir formellement les
assertions de plusieurs journaux qui ont prétendu que
M. le chancelier était l'auteur d'un vaudeville joué en
1805. M. le chancelier n'a jamais fait de vaudeville, ni
écrit aucune pièce de vers de sa vie.
M. Petiet, ingénieur en chef du chemin de fer de la
rive gauche, a fait appel du jugement du tribunal de Ver-
sailles qui l'a condamné à vingt jours de prison, à l'occa-
sion de l'accident survenu sur ce chemin le 21 juillet der-
nier.
Aujourd'hui la première chambre de la Cour royale
présidée par M. Séguier, après avoir entendu les conclu-
rions de M. Bresson, avocat-général, dans l'affaire des
deux enfans réclamés par deux pères, a ordonné que les
Vous avez fait de nombreuses folies, et une entre autres
assez éclatante pour vous exiler do la France pendant de
longues années.
Un mari tué en duel,iïne f.-ir.rao perdue, uno famille
désolée, sont des crimes que sa loi r>,< punit pas, et contre
lesquels le mondt) doit paV cossérçtusïit se montrer d'autant
plus sévère. Vous le trouvâtes très injuste, il y a dix ans, de
ce qu'il se détourna de vous après ce fatal scandale, et
plutôt que de courber la tête, vous lui jetâtes un insolent
défi.
Retiré à Florence avec cette femme qu'il fallait laisser
oublier, vous avez tout fait pour donner à cette malheu-
reuse liaison un éclat insultant, pour couronner votre vic-
time d'une triste célébrité. Tous les as vous envoyiez dé-
daigneusement, du fond de votre exil, ces tableaux qui ont
fait vôtre gloire et votre fortune, et il n'en est pas un dans
lequel tous n'ayez placé cette figure adorée dominant tou-
jours les autres, comme une protestation permanente con-
tre la condamnation qui vous frappait tous deux. Le public
battait des mains à vos toiles, mais pas une porte ne s'est
ouverte pour accueillir la femme coupable, pas un cri ap-
probateur ne vous a soutenu dans votre lutte.
VÔHà trois ans que la mort de cette femme a brisé cette
chaîne, et vos anciens amis, fiers de vos succès, ravis de
pouvoir vous retrouver, vous ont rappelé en tumulte.
Leurenthousiasme vous a trompé, Michel, et vous êtes ren-
tré dans votre pays la tête haute comme un vainqueur;
c'est une faute dont ils sont coupables, et qui cependant
ne pèsera que sur vous, croyez-moi la mort a fait cesser
le combat, mais elle ne vous a pas donné ja victoire on
vous pardonne le passé, mais on jugera d'autant plus sé-
vèrement l'avenir. Jamais le monde n'abdiquera ses droits
pour un homme, quelque célèbre et quelque puissant qu'il
soit. Il prendra de vous le grand artiste, le peintre auda-
cieux et fécond; il vous regardera avec curiosité, vous ap-
plaudira avec transport mais la considération calme et
pure qu'il accorde à l'honnête homme de famiile, les joies
du foyer, les affections fraternelles de la vie domestique,
l'inttmité sainte où la douleur est accueillie par de douces
pitiés et le bonheur par des sourires heureux, toutes ce.s
choses qui sont la vie réelle du cœur il vous les refusera
implacablement. Vous aurez une place élevée dans toutes
les fêtes publiques, et vous y trônerez; mais vous n'aurez
pas un coin au feu d'une chaste maison. Vous aurez là
foule avec vous tant que vous réussirez, mais vous serez
soûl le jour où vous aurez besoin de pleurer.
Mon enfant, mon cher enfant, prenez garde, je vous en
supplie mesurez sagement et d'un œil calme le chemin
que vous allez prendre. vous me faites peur, et je vous
écrfc sous l'émotion de la scène qui s'est passée hier chez
Mme. ̃ r
Mon cher Michel pour tout autre que pour vous les
paroles. que vous avez prononcées hier eussent été sans
conséquence elles ont été d'une portée fâcheuse dans votre
bouche «Ucs'Gnjt tourné contre vous et contra la personne
que- -vans avez Voulu défendre. Dites-moi, je vous prie
pourquoiy au moment où M. Brunelle racontait si galment
les mille aventures scandaleuses de M™» Fazio, êtes-vous
venu avec votre, figure bistre, vos yeux noirs et jaunes,
votre physionomie triste et maigre, dire d'un ton menaçant
à M. Brunelle:
mineurs Berthe et Maurice seront Kxnis à Bobeliri, à la
charge par lui de fournir aux frais de leur entretien de leur
éducation, et da les laisser visiter par leur mère deux fois
par semaine, soit dans son domicile, soit dans les établis-
semens pu il pourrait Jes plaJTer.
Une vente au profit de la Société d'encouragement de
l'instruction primaire parmi Jes protéçtans de ffrahce a été
organisée il y a un an par une réunion de damés pr°tes-
tantef do Paris.
Cet appel fait à la charité a été entendu; les acheteurs
se sont félicités, en coopérant à unebonne œuvre, de trou-
ver à cette vente un élégant assortiment de ces mille
objets utiles ou agréables que l'on est heureux de décou-
vrir aux approches du jour de l'an. Une vente pareille a
été organisée cette année; elle aura lieu, rues' des Petites
Ecuries, no 40, vendredi 37 et samedi 28 décembre, de piidi
à six heures. Les comptoirs, remplis d'objeis confectionnés
en très grande partie par les dames de l'association et par
les personnes qui ont bien voulu leur venir en aide, seront
occupéspar les dames du comité elles-mêmes.
Tout fait espérer que le succès qu'a obtenu l'an passé
cette œuvre de charité ne lui manquera pas cette année..
LL. MM. la Reine des Français et la Reine des Belges,
LL. AA. RR. la princesse Adélaïde, la duchesse de Ne-
mours, la duchesse d'Aumale et le duc de Montpensier,
ont visité hier les salons de MM. Alph. Giroux et C°, où
elles ont fait 4e nombreuses et importantes acquisitions.
La Galerie de Shakspeare, cette suite de belles gra-
vnres qui retrace les scènes les plus dramatiques des pièces
de Shakspeare, est un des cadeaux les plus convenables
pour être offerts eh étrennes. C'est en quelque sorte une
actualité à laquelle les représentations des acteurs anglais
prêtent tout le charme de l'à-propos.
Quel que soit le point de vue sous lequel on considère
l'Inquisition, son rôle historique est immense, non seule-
ment en Espagne et en Portugal et dans les possessions
transatlantiques de ces deux Etats, mais dans toute là
chrétienté. Les Mystères d4 l'Inquisition, qu'on publie en ce
moment, écrits avec savoir et talent, animés par là pein-
ture vive et pittoresque des mœurs espagnoles, apportent
à l'obseryatipn et à la curiosité l'ouvrage le mieux fait
pour éclairer l'esprit sur cette terrible institution.
M. Mailher de Chassât, avocat à la Cour royale au-r
teur du Traité de l'Interprétation des Lois, du Traité de la
Rétroactivité de la Loi, etc., vient de faire paraître un traité
sur les statuts. Cette matière, l'une des plus controversées
de l'ancien droit, et qni n'a pas cessé de l'être même au-
jourd'hui, est présentée dans cet ouvrage sous un jour en-
tièrement nouveau, qui doit attirer l'attention des juris-
consultes de tous les pays.
TRIBUNAL DE COMMERCE DE LA SEINE.
PRÉSIDENCE DE M. DEVINCK.
Le journal la Presse contre le Globe. Demande de 40,000 fr*
de dommages et intérêts.
M" Durmont, agréé, prend les conclusions suivantes pour
M. Dujarier, agissant tant comme gérant du journal te Presse
qu'en son nom personnel, comme cessionnaire du droit de pro-
priété littéraire de l'euvrage intitulé Captivité de Sainte-Hélène
par M. le général Montholon
« n plaira au tribunal, attendu qu'il faut 'distinguer dans un
journal la partie Mtellectuelle qui est du domaine public de la
critique et de la discussion, et les intérêts commerciaux qui doi-
vent être respectés comme ceux de toute entreprise privée;
j Que s'il est juste d'admettre que le journal le Globe a le droit
de discuter et critiquer la valeur politique et littéraire des publi-
cations de te Presse, on ne saurait admettre que ce droit puisse
s exercer d'une manière malveillante sur des ouvrages non encore
publiés, dans l'unique but de les discréditer à l'avance;
j Attendu que le .journal le Globe a publié une série d'articles
contre te Presse dans une évidente intention de nuire, notamment
dans les numéros des 5, 8, 10 et 13 décembre courant
» Attendu que dans son numéro du 5 de ce mois, le Globe a
annoncé que les Mémoires de M- le général Montholon seront
écrits par M. Alexandre Dumas, et que le journal te Presse joue
une comédie et se moque du public avec le plus grand aplomb
» Que dans le numéro du 8 décembre, le Globe répète que les
Mémoires de M. de Montholon ne seront autre chose que lès Mé-
moires de M. Alexandre Dumas, qui va envisager l'Empereur au
même point de vue historique que te pêche aux truilcs cl les
beefteack d'ours
» Attendu qu'en insérant, dans son numéro du 10 décembre, les
démentis et les explications du requérant, le Globe, au lieu de re-
connaître loyalement son erreur et ses torts, a ajouté des com-
mentaires qui aggravent, au lieu de l'atténuer, le préjudice
causé;
» Attendu enfin que, dans son numéro du 13 le Globe articule
encore des faits entièrement faux et se permet des insinuations
perfides de manière à ruiner le livre dans l'opinion publique en
>reseulant l'auteur et le publicateur comme agissant sous des in-
fluences étrangères et méprisables que eelte persistance du Globe
dans celte voie de calomnie est d'autant plus répréhensible que
le requérant, dans un but de modération, avait offert à son direc-
eur de lui communiquer les pièces originales et les copies certi-
fiées couformes qui auraient permis au Globe de se rétracter s'il
eût été de bonne foi que le Globe au contraire, a insinué que
les docamens qui devaient servir à écrire l'Histoire de la captivité
de Sainle-Hêlène ont été envoyés par la famille de sir Hudson
-owe, le geôlier de l'Empereur, pour les faire servir à une réha-
«litation au moyen d'Injures qui garantiraient l'impartialité des
faits
» Attendu que de l'ensemble de ces articles il résulte évidem-
ment que le Globe n'a pas fait la critique littéraire et historique
d'un ouvrage qui n'a pas encore été livré à la publicité, mais qu'il
a été dirigé au contraire par un mauvais sentiment de rivalité et
par le désir de porter atteinte aux intérêts du requérant, en si-
gnalant un livre entièrement inédit comme une œuvre sans mo.
Cette femme vous a donc fait beaucoup de mal,
Monsieur? femme vous a. "one fait beaucoup de mal,
Nullement vous a-t-il répondu elle est même fort
aimable, bonne femme et lorsque je la rencontre dans le
monde, elle est toute gracieuse pour moi.
Et c'est pour cela que vous la traînez si plaisamment
dans la boue? lui avezyvous dit.
L'apostrophe était dure, mais peut-être n'y eût-on pas
pris garde et l'eût-on attribuée à ces mouvemens d'hu-
meur sombre qui vous sont si familiers. Mais vous ne vous
êtes pas arrêté là, et lorsque M. Brunelle vous a répondu
« que s'il parlait de Mme Fazio comme il le faisait, c'est
parce qu'elle était au-dessous du mépris et qu'elle avait
appartenu à qui l'avait désirée, » vous ne pouvez vous
figurer de quel air furieux vous lui avez dit
On doit savoir le nom de six au moins des amans d'une
femme qui en a eu par centaines.
Et comme M. Brunelle n'a pu vous en nommer qu'un ou
deux, vous vous êtes fait le défenseur de cette vertu mé
connue vous avez protesté contre la clameur publique qui
flétrit justement le vice, et vous avez engagé une discus-
sion qui eût pu finir par une affaire sérieuse si M. Bru-
nelle nes'était retiré en homme de bonne compagnie.
Et maintenant, quelle folle idée vous a pris de soutenir
l'étrange thèse que vous avez adopté Que vous importe
ce qu'on dit de Mme Fazio? Ou plutôt, ce que l'on a raconté
après votre départ serait-il vrai, et n'auriez-vous fait que
défendre votre nouvelle maîtresse ? Oh Michel mon enfant
où allez-vous? Ce que la fougue de l'âge a pu vous' faire
pardonner une fois, serait considéré aujourd^ii comrae
une faute irréparable. Si vous saviez avec quel chagrin j'ai
écouté les jugemens qu'on a portés sur vous]! On a parlé de
vice invétéré d'homme en qui sont morts tous les princi-
pes de la sainte morale; Que vous dirai-je? J'ai été désolée.
Je vous en conjure oubliez tQus ces ressentimens qui vous
ont égaré, revenez au respect des lois vulgaires de l'hon-
nêteté; fuyez ce monde pervers où vous avez trop vécu,
abandonnez ces odieux paradoxes que notre littérature
moderne a trop longtemps soutenus, et qui prêtent au
vice, une auréole d'intérêt qui le rend charmant pour les
imaginations corrompues. Je suis vieille j'ai donc le droit
de vous conseiller; je vous aime et ce droit dévient un
devoir pour; mqj. Répondez-moi, je suis sûre que vous
vous.justifierez,et alors j'oserai vous défendre mieux que
je ne l'ai fait
A vous de coeur, quand méim,. ̃ Comtesse DE L.j.
Lettre de Michel Meylan à Jfmb là comtesse de £.
Madame et chère marraine
Votre le|tre m'a surpris et m'a fait du bien. Le blâme
qu'elle me jette m'a attristé mais je l'ai presque oublié
en voyant que quelqu'un m'aimait encore en ce monde.
Cependant vous avez fq.it de mon cœur, en me rappelant
celle qui n'est plus comme un ami a fait hier de ma main
il la pressait avep chaleur, sans s'apercevoir qu'il la brisait
avec l'anneau que je porte à mon doigt. Quoi qu'il en sait,
vous ne vous êtes pas trompée; vous me demandez une
justification et .je vous l'envoie. Pour ce qui regarde per-
sonnellement Mme Fazio ma réponse est simple je ne la
connais pas et je ne l'ai jamais vue. Pour ce qui peut êîre
du sentiment qui a dicté ma sortie contre M. Brunelie 1
salité, sans dignité littéraire, sans autorité historiqne enfin
comme une œuvre anti-nationale;
n Attendu qu'il y a eu préjudice causé, et que la réparation de
ce préjudice est due aux termes de l'arlicle 1382 du Code civil
» Condamner le sieur Solar, gérant du Globe.par toutes les voies
de qroit, et même par corps, à 20,000 fr. de donimagës-intérèls
pour le Iprt causé au journal la Presse (jui a acquis fe droit de
première publication, et g pareille somme pour celui causé au re-
quérant gomme cessipnnaire de la propriété littéraire de l'ou-
vrage '̃ ̃•>̃-•
» "te condamner pn oufre ib l'ius,er.t{o,n du jugement à interr
Venir dans le Globe' et dans la Presse et dans 'six autres jour-
naux de Paris, six journaux des départemens et six de l'étranger,
au choix du requérant, et en outre à l'affiche du jugement à mille
exemplaires, et Ce aux frais du défendeur, qui sera tenu, et par
corps, de les rembourser sur les seules quittances qui lui seraient
représerijées se voir condamner aux dépens, aYeçjexéeution pfp-
vjioire, "sans caution, i' ̃•>
Messieurs, dit m* dursiont, au commencement 4b moisije
décembre la Presse a augmenté son format, et en maintenant son
prix à 48 fr. pour les départemens, elle l'a rédait à 40 fr. par an
pour l'abonnement de Paris.
Ce n'est pas la première révolution que la Presse a introduite
•dans la publication des journaux aussi a-t-elle depuis longtemps
excité contre elle l'envie et les envieux. Chacah était libre de
critiquer la mesure qu'elle a prise mais le gérant du Globe a tel-
lement dépassé toutes les bornes de la critique il a tellement
cherché à porter atteinte à la prospérité de l'exploitation commer-
ciale de la Presse, que le gérant de la Presse a dû venir vous de-
mander réparation.
Tant qu'il s'est agi de réflexions sur les opinions politiques, de
critiques sur les articles publiés, la Presse a pu supporter ces at-
taques, et ne pas vous demander justice; mais dès qu'il s'agit d'un
préjudice quelconque causé par une exploitation de commerce
dans l'intérêt d'une concurrence la Presse a droit de se plaindre.
En annonçant son nouveau mode de publication, la Presse a
promis de faire connaître à ses abonnés des ouvrages inédits et
importans, les Mémoires de M. de Chateaubriand, les Girondins,
par M. de Lamartine, et la Captivité de Sainte-Hélène par le géné-
ral Montholon. Elle a annencè la publication de ces ouvrages,
formant ensemble trente volumes elle avait acquis en effet le
droit de les publier sous la forme de feuilletons.
Ces annonces reposent-elles sur des certitudes? la Presse avait-
elle l'intention, en les faisant, de tromper le public ? Le tribunal
va en juger.
Par un traité intervenu, le 26 mars 1836, entre M. de Chateau-
briand et M. Ad. Sala, gérant de la Société formée pour la publi-
cation des Mémoires de l'illustre écrivain, la Société Sala et Ce
avait acquis le droit exclusif à la propriété des Mémoires inédits
comme de tous autres ouvrages que pourrait encore à l'avenir
composer M. de Chateaubriand.
Or, par un second traité que voici, et qui passera sous les yeux
du tribunal, il a été, à la date du 27 août dernier, stipulé entre
31. Dujarier, gérant du journal la Presse, et la Société Sala
« Art. 1". MM. Sala et Ce cèdent et transportent à MM. Dujarier
» et Ce le droit d'insérer el de publier en feuilletons dans le journal
d la Presse exclusivement les Mémoires de M. de Chateaubriand
j dès que la Société en aura la libre disposition, au décès de M. de
s Chateaubriand.
j Art. 2. L'impression sera en tous points conforme au manu-
> scrit, sans ebangemens ni additions aucuns, suivant les intentions
» de l'auteur, intentions expliquées dans l'acte précité (celui du
» 26 mars 1836). »
La Presse avait donc eu incontestablement le droit d'annoncer
,Ia publication de ces Mémoires. Mais, nous dit-on, elle a dissimulé
dans l'annonce la condition de la publication, qui est subordonnée
au décès de M. de Chateaubriand. Mais qui ne sait, qui n'a en-
tendu dire qu'il s'agit de Mémoires posthumes qui, à moins d'ur-i
changement dans la volonté de l'écrivain, ne doivent être publiés
qu'après samprt?Quine sait qu'il s'agit des Mémoires d'outre-
tombe dont le monde littéraire s'occupe depuis bientôt dix ans?
Et où donc avez-vous vu que la Presse ait dissimulé cette condi-
tion ? Nous lisons dans le numéro même qui contient l'annonce,
sous la rubrique Programme UUérairc, ces lignes assez claires sans
dpule
t Ces Mémoires ne doivent paraître qu'après sa mort. Ce sont
les discours que ce génie veut nous tenir du fond de sa tombe. »
Et plus loin: »
t A Dieu ne plaise que nous veuillons hâter, dans notre espé-
rance, le jour où les admirateurs en deuil viendraient faire le tour
de ce tombeau. Une pareille impatience serait de l'impiété. >
Nous n'avons donc rien dit sur le premier point que la plus
stricte vérité.
En effet M. Dujarier a traité avec une Compagnie, dont
M. Delloye est le directeur, pour la publication exclusive dans
son journal des Mémoires d'oulre-lombe de M. de Chateaubriand,
e( des Girondins, par M. de Lamartine.
Dans le traité relatif aux Mémoires de M. de Chateaubriand,
M. Dujarier s'engage à payer comptant une somme de 80,000 fr.,
et de plus à supporter une part de 4,000 fr. dans la rente viagère
dé 16,000 fr. que fait cette même Compagnie à M. de Chateau-
briand.
Quant à l'ouvrage sur la captivité de Sainte-Hélène M. Duja-
rier a traité directement avec M. le général Monlholon, il a acquis
en son nom personnel la publication entière de ce livre et il a
cédé ensuite à ses coassociés de la Presse le droit de le faire pa-
raître dans les feuilletons de ce journal.
Je représente la correspondance de M. de Montholon lui-même.
Voici une lettre de son copiste signée du général Montholon.
Je représente les deux premiers volumes mis au net, avec des
rectincaiions de la main même du général Montholon; les deux
premiers volumes sont là; ils sont bien de M. de Monlholon il
ne saurait y avoir de difficulté là-dessus.
Je suis porteur de la cerrespondance de sir Hudson Lowe, rela-
tiyement à la captivité du prisonnier de Sainte-Hélène.
nie schayé Sont-ce les originaux ?
M« DURMOiVT Attendez Je représente le projet de Consti-
tution destiné par l'Empereur à son fils, et que M. le général Mon-
tholon devait remettre à Vienne au duc de Relchstadt; je repré-
sente le testament et les codicilles de Napoléon, enfin tout ce qui
regarde l'exécution testamentaire.
Est-ce en original? Non le testament et les codicilles, le tribunal
le comprend sont déposés à Londres au greffe de la Cour de
l'archevêque de Cantorbéry; d'autres pièces sont déposées au
greffe de la Cour du banc du Roi; les autres documens sont dé-
posés à Paris entre les mains de M. Bertrand notaire en sorte
que ces pièces sont à l'abri de toute perte; mais les copies que je
produis sont certifiées conformes.
Il y a aussi une correspondance fort curieuse de l'amiral Bau-
mon histoire seule pourrait vous expliquer cette étrange
contradiction de mon cœur. En effet avec peu d'estime
pqr.r les femmes, je ne sais pourquoi je suis toujours prêt
à donner un démenti à celui qui les accuse.
Ce que j'ai fait pour Mme Fazio, je l'euîse fait pour toute
autre dont on eût mal parlé. Non, Madame, ce n'est point
sojis l'impression d'une nouvelle passion, que je me suis em-
pqrté contre M. Brunelle c'est parce qu'au moment où
j'ai considéré cet homme avec sa face blafarde et jaune,
ses cheveux plats, sa voix nazillarde et traînante son œil
fauve et bas, il m'a rappelé un misérable qui m'a fait plus
8e ma! que vous ne pouvez le croire.
C'est que M. Brunelle a remué en moi un souvenir terri-
ble et fatal, c'est qu'il a fait vibrer dans mon âme une
douleur qui s'y cache depuis vingt ans. C'est qu'il m'a remis
sous l'empire de la funeste pensée qui m'a peut-être poussé
à toutes les folies que vous me reprochez, sous l'empire dp
la pansée qui m'a fait engager cette lutte que j'avais espérée
pljis longue, et que la mort a finie sans que j'en fusse
lassé de la pensée enfin qui m'a donné cette humeur
chagrine qui me dévore, et cet amour de la retraite où j'ai
abrité le peu d'affections que j'ai trouvées ici-bas. C'est
qu/il a agité en moi un remords que vingt ans de repentir
n'ont pu effacer. C'est qu'enfin, Madame, en défendant
cette Mme* Fazio, que je ne connais pas, j'ai peut-être tenu
un serment fait sur une tombe fermée depuis longtemps.
Car ma vie est pleine de tristesse, et lorsque je regarde
dans mon passé j'y trouve peu de souvenirs qui n'y soient
marqués par un, sépulcre.
Si j'ai eu tort, c'est d'avoir répondu à un homme -comme
M. Brunelle. Cet homme s'est retiré parce qu'il est un lâche
et non point parcs qu'il est un homme de bonne compagnie,
fe comprends la médisance contre les femmes dans la
bouche des femmes la jalousie lui donne une excuse
mais l'homme qui salit avec cet excès un? femme quelle
qu'elle soit une femme qui a un mari, une famille des
enfans cet homme est abominable à mes yeux. Du reste,
et ppûr répondre à une phrase de votre lettre, je dis que si
le vice n'avait pas, plus encore que ses joyeux conteur?, ses
auditeurs empressés, il serait moins redoutable, car il
mourrait dans l'obscurité.
La littérature lui a prêté, dites-vous, des charmes déce-
yans c'est possible mais elle n'a pas fait que le monde se
plaise,à ces récits et qu'il les accueille de toutes ses oreilles,
j'en appelle, à vous-même n'est-il pas vrai que .jamais
conversalibn n'est plus avidement écoutée, plus ardem-
ment entourée, que lorsqu'elle roule sur des scandales? Il
est juste d'avouer que le cercle se récrie et que, la lèvre
des bégueules hyprocrites s'allonge en moue dédaigneuse
il faut reconnaître aussi que chacun laisse tomber, pour sa
justification une sainte parole de mépris sur les femmes
qu'on vient d'immoler à la méchanceté universelle, aa
besoin de s'entretenir du vice et des vicieux. Il .faut dire
onfin que tout le monde s'absout courageusement du plaisir
que fait la médisance en crachant sur la victime. Ègt-ça en
cela que la speiété est plus morale que la littérature? Je
e veux bien.: 1
Mais quant à moi, Madame, je vous l'avoue, j'ai été trop
longtemps exilé du Inonde (comme vous dîtes) pour ne pas
m'y trouver mal placé. Je ne le comprends piûs. Flagellé,
insulté, repoussé par lui pour une femme à laquelle il n'a j
Ïl
dio. En I8is M. Bandln alors eapllaine dé vaisseau proposa f"
l'Empereur de l'emmener de Rochefort et de le conduire en Am*
que. La correspondance de l'amiral Baudin est relative à ce trafï
de la vie de Napoléon on sent bien qu'elle ne pouvait exister qu
dans, tes mam§ de l'Empereur qui l'a communiquée au généra^'
Montliolpri. ̃̃̃*̃
fies annonces ont excité la jalousie du Globe elles sont deve-
nues le tgxte dp ces accusations dans le numéro du 5 décembre •
« On annonce que M. Alexandre Dumas va partir incessamment
nqur le phaleag de. Ham, où il va écrire les Mémoires de
M. de MonlnqiQn, afin de suppléer à la faiblesse du style du gé-
néral: Quelle comédie et peut-on se moquer du public avec Dlns
d'assurance? r
Le Globe ne se borne pas à inventer le bruit, il invente aussi
1 impression que cette rumieur prétendue a produite sur l'opinion
publique. C'est ainsi qu'onâ vu un sténographe rendant compte
dans les journaux, ajouter les mots mouvement, rires, quoiqu'il n'y
eût pas eu de rires ni de mouvement; mais il disait pour s'excuser ¡
J ai ri moi-même, donc on a ri il exprimait ainsi la prétendue ap-
probation des auditeurs aux discours qu'il approuvait, et leur im-
probation pour les discours qu'il ne goûtait pas >
Le Gtofte va jusqu'à présenter d'une manière dubitative les as-
sertions les plus injurieuses. On y Ut ml ̃*
< Un homme d'honneur connu de tout Paris, un ami du prince
Louis Bonaparte est venu hier dans nos bureaux nous prier d'a-
dresser a M. de Montholon, à M. Alexandre Dumas et à M. Duia-
rier les questions suivantes
j Serait-il vrai que M. Alexandre Dumas serait allé déjà au châ-
teau de Ham qu'il aurait versé lui-même entre les mains du gé-
néral Montholon un à-compte de 14,000 fr., au nom de MM Dula-
rier et Compagnie; qu'il aurait séjourné quelques jours au châ-
teau qu'il aurait dmè constamment à la table du prince, en com-
pagnie du général qu'il aurait passé la plus grande partie de son
temps dans la chambre du général? serait-n vrai enfin que
M. de Montholon aurait reçu de la plume de M. Dumas la rédaction
de la petite dédicace insérée dans le fameux programme du journal
l(t irVCSSB t £
«Nous avons enfin une autre question à adresser à M. Dujarier- ♦
de la part de l'ami du prince Louis Napoléon Parmi les pap éra-r
que M. Dujarier a offert de nous communiquer, si nous voulions
prendre la peine de passer chez lui ou chez le notaire de la Presse
ne se trouverait-il pas par hasard des papiers envoyés par la fa-
mille de sir Hudson Lowe, dans un Intérêt purement historique
sans doute ? Le fameux traité d'Alliance entre Napoléon et Alexan- G
îamîiipeaKSoï1 œ1 pas élé conflé à M- DDjarier »ar la
famille de sir Hudson Lowe ? ~e 1, 1
» La famille de sir Hudson lowe aurait un grand intérêt", on lo^C
comprend, a faire établir par un ami de l'Empereur que les perse- t
cutions du geôlier de Sainte-Hélène n'étaient que des précautions i
nécessaires motivées par un grand complot politique. Ces faits
n'en auraient que plus de force s'ils étaient, accompagnés de dé-
clamations contre la cruauté de sir Hudson Lowe. Les injures ga-
ran iraient l'impartialité des faits, et il ue resterait plus qu'à inter-
préter ces faits et à les faire servir à une réhabilitation
> Nous sommes convaincus que le général Montholon que
M. Alexandre Dumas, que M. Dujarier ne se prêteraient en aucun
cas à cette indigne manœuvre; mais nous devions à M. de Mon-
ttiolon et a M. Dumas de leur faire connaître ces bruits afin qu'ils
pussent rassurer eux-mêmes ceux qui ont pu leur accorder quel-
qpe créance, t H
Ainsi le Globe va jusqu'à dire maintenant que notre publication
doit être une œuvre d'infamie, qu'elle doit avoir pour but caché
la réhabilitation d'Hudson Lowe, d'exécrable mémoire. •
Enfin, dans son numéro du 15, le Globe pubiie, par anticipation
et par une sorte de parodie de la justice, la plaidoirie de son dé- ̃>
fenseur; et, sous cette forme, il continue son système de déprô- '•
ciation, d'attaque. On y voit des dilemmes de cette sorte Ou le
dommage est nul, et alors vous devez condamner la Presse anx v
dépens, ou il est considérable, et dès lors il en faut conclure que
la spéculation n'a pas rèossi, que les abonnés du grand format ont
le pied boiteux. » Puis il persiste à.répéter que c M. de Montholon 1
sera un très mauvais écrivain et que ses Mémoires seront trèt <
ennuyeux mais que les Mémoires de M. de Monlholon par M. Du- '̃-̃
mas auraient été très amusans. >
Puis le Globe pousse son voisin le Charivari qui est enchanta
de fourrer son nez dans des querelles de ce genre. « Le Globe dit
le Charivari. contient un article de nature à produire une triste
impression. Les faifs dont il demande compte sont si craves nn».
nous laissons parler l'interrogateur. »
Puis après avoir rapporté tout au long les calomnies du Globe • ,̃
« De promptes explicaiions ajouté-t-il sont indispensables De-
vant une pareille accusation, un démenti est exigé par la mora- '•
lite publique p:us encore que par l'honneur des personnes dési.
gOGGS. t
On remarque, dit le Globe le 8 décembre, et c'est le Globe tout
seul qui fait cette remarque, que la Presse n'a pas démenti ce nue 'j
nous avons dit dans notre numéro du 5 ainsi il reste prouvé une
les Mémoires de M. de Montholon sont de M. Alexandre Dumas
Dans le journal te Presse du 8 décembre, M Duiarier insfrrà i
une lettre où il déclare de la manière la plus positive qu'en qutazl
lignes le Globe a commis une multitude de mensonges et aue
toutes ses assertions sont fausses. aréique
Le Globe, après avoir inséré cette lettre y ajonte un commen- a
taire dans lequel il cherche à donner le change et à Induire do
pins en plus le public en erreur. M. Dujarier avait invité M Solar
a venir voir les pièces dans son bureau où elles étaient à sa dis-
position. le Globe ne se soucie nullement de faire cette vérifica-
tion, et il se livre à de nouvelles suppositions; il persiste à dire
que l'ouvrage sur la captivité de Sainte-Hélène est une œuvre sud-
posée, et que M. de Montholon a eu tort de prêter son nom à une
spéculation mercantile.
Dans son numéro du 18 décembre, le Globe insère les lettres du '̃'̃
prince Louis Bonaparte et de M. de Montholon, mais y ajoute en-
core des notes mensongères. «u«"io eu
Nous admettons qu'on a le droit de critiquer dans un journal
a tort ou a raison, une œuvre littéraire qui a déjà paru sauf au
public a prononcer en connaissance de cause sur la justice ou
l'injustice de ces attaques. uu
Nous admettons qu'une pièce de théâtre jouée et reDrésenlAn l
devienne le sujet d'attaques même passionnées, c'est encore le at
public qui sera jage..
PSMp'^ fr «u'°.n.,ne;fanrait admettre, et qui est intolérable c'est »
cette critique faite d'avance d'une œuvre qu'on ne connaît oas
dont on n'a pas lu une ligne, dont où ne sauràii se faire la plus
légère idée.
One diriez-vous d'un journaliste qui, à l'époque de l'exposition
des tableaux, dirait avant l'ouverture Tel tableau que l'on va `
exposer et qui est signé de M. Ingres n'est pas de lui mais d'un
autre, que c'est un ouvrage détestable, une mauvaise croûte"
manqué qu'une position et pas une vertu, pas un sacrifice
pas un dévouement, j'ai cru, en rentrant dans ce monde si
sévère et si insolent, j'ai cru naïvement que j'allais péné-
trer dans un sanctuaire immaculé, blanc, pur, sérieux
chaste et tout peuplé d'honnêtes sentimens.
Oh Madame, qu'ai-je vu?
A la vérité, ce monde est merveilleusement doré d'hypo-
crisie et de mensonge mais lorsque j'ai voulu voir au delà
de cette superficie brillante, quand j'ai gratté du bout de
l'ongle tous ces plâtres peints à la vertu, j'ai trouvé bien
vite dans ce monde régulier une corruption plus profonde
que dans le désordre le plus éhonté.
Pardonnez-moi ce que je vais vous dire Madame mais
si jamais je rencontre Mme Fazio, je la saluerai plus respec-
tueusement que je ne ferais pour aucune de ces femmes
qui l'ont si indignement traitée hier. En effet pour elle
la chance possible est qu'elle vaille mieux que ce qu'on en.
dit, tandis que pour celles que l'on ménage, là chance cer-
taine c'est qu'elles valent moins que ce qu'on en pense
Dailleurs s'il est vrai qu'un vice est un vice je né pour-
rai jamais admettre que deux vices fassent une vertu Ce-
pendant combien de fois le libertinage plus l'hypocrisie
sont admis à ce titre dans vos salons Peut-être en chimie
est-il vrai que deux poisons combinés fassent un breuyàjte
salutaire, et peut-être le monde fait-il de la chimie morale •
cela doit être, mais je n'y comprends rien.
Voilà ce qui m'irrite voilà ce qui m'a fait prendre le
parti de Mme Fazio voilà ce qui me fait vous dire un mot
qui vous surprendra encore plus étrangement que tout ce
que je viens de vous dire c'est que je souhaite pour elle
que Mme Fazio soit ce qu'on en a dit; car Vil en était au-
trement, un jour peut venir où quelqu'un lui répétera' ce
qu on pense d'elle, et peut-être alors lui arriverait-il ce qui
est arrivé à la femme dont je veux vous raconter l'histoire
Si ce récit me justifie à vos yeux, iî aura atteint le seul
but que je cherche. Quant à ce que le monde peut dire de
mon donquichotisme en faveur de certaines femmes je ne
m en soucie nullement. Le monde a eu sii part de ïûa vi«
qu'il la déchire à son aise. Demain je retourne à Florence
dans quelques jows, je serai dans cet atelier mainteriàB^
solitaire et auquel manque sa muse. C'est là lo coin birje e
pleurerai, Madame, si jamais je pleure; mais e'èst delà
aussi que je parlerai au monde par mon pinceau* et Sans
la langue des arts. Je ne sais pas celle qu'il parle dii Sont
des lèvres, et il rirait de celle qui sortirait de mon êtiê&f'"<-
Agréez, Madame et amie, etc., votre filleul, i-
'̃ '̃ Michel Mmvtis.
P. S. Je yous envoie ce manuscrit telqueje l'ai écrit iïy a
dix ans, quandje me donnais là peine de cherchera compren-
dre les hommes. C'est pour cela que vous y trouverez des ana- `
lyses que je ne ferais plus maintenant. Je suis devenutrop
indifférent à tout ce qui n'est pas mon art pour chercher a
connaître la raison des actions humaines. Je les vois et je
les subis sans les expliquer, car elles ne m'intéressent plus.
Cependant vous y trouverez quelques réflexions que j'y ai
ajoutées car il y a eu des momens où en le relisant je me
suis trouvé bien niais ou bien impertinent. Vous recon-
naîtrez ces notes à la date qu'elles portent.
Pour copie conforme •̃̃̃ ̃•̃̃
{la suite à demain.) Frédéric Sociri,
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