Titre : La Croix
Auteur : Groupe Bayard. Auteur du texte
Éditeur : La Croix (Paris)
Date d'édition : 1940-04-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343631418
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 avril 1940 12 avril 1940
Description : 1940/04/12 (Numéro 17552). 1940/04/12 (Numéro 17552).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
VENDREDI 12 AVRIL 1940
Les idées LA CROIX Les faits
ROMPEZ LA CHAINE
PÉRIODIQUEMENT, mais surtout aux jours J 1
de trouble et d'inquiétude, le cour^ (
riei des « chaînes » grossit volumi-
neusement. On apprend par les jour-
naux que tel arrondissement de Paris en
est inondé. Puis, une Semaine religieuse
insère une mise en garde, qui révèle que
l'épidémie sévit dans le département.
Le type le plus répandu aujourd'hui de
ces chaînes, c'est la chaine de prières. Evi-
demment, c'est le fin du fin de l'exploita-
tion de la crédulité. Mais elles semblent l
bien n'être arrivées à ce dernier cri que par
étapes.
Laissons de côté les progressions arithmé-
tiques et géométriques des chaînes de
timbres.
On a connu la chaîne des relations. Elle
consistait à envoyer à ses amis une liste de
noms assez en vue. Ils étaient invités à y
apposer leur signature et à répandre ensuite
le document dans leur entourage.
Un journal mondain a publié à l'époque
une de ces listes où figurent des person-
nages qui semblaient avoir autre chose à
faire que de s'arrêter à ces futilités, pour
ne pas dire à ces niaiseries. On pouyait
lire que Bernard Shaw avait. transmis le
papier à M. C.-E. Dawes M. C.-E.,Da-
wes à M. Henry Ford M. Henry Ford
au colonel Lindbergh le colonel Lindbergh
à lady Hay lady Hav à M. Aristide
Briand; M. Briand à M. Ramsay Mac-
donald et ce dernier à M. David Wind-
sor Ne soyons pas trop rigoristes Il faut
comprendre que nos excellences ont le be-
soin et le droit de se distraire comme le
commun des mortels.
Il y eut aussi la chaîne des lettres, née
en Flandre, mais de père américain. Elle
•'intitulait ambitieusement la chaîne mira-
culeuse. Excusez du peu ni plus ni moins
que la Médaille de la rue du Bac.
Comme la mode en est quelque peu pas-
lée, cela vaut sans doute la peine d'en
conserver copie à titre documentaire dans
le dossier des archives (1).
La chaine miraculeuse des Flandres. 1
Un ami m'envoie cette chaîne des Flan- I
dres.
Je vous l'envoie pour qu'elle ne soït pas
interrompue. Copiez cette lettre dans les
vingt-quatre heures et envoyez-là à 4 per-
sonnes amies auxquelles vous voulez du
bien.
La chaîne lut commencée en Flandre, par
un officier américain.
Elle doit faire 3 (trais) {oh le tour du
monde (2).
Qui interrompt la chaîne ne sera pas heu-
reux. Il est curieux que la prédiction s'est
réalisée depuis que la chaîne est com-
mencée.
Copiez cette lettre et observez ce qui se
passera après quatre fois le quatrième jour,
une chance inattendue.
Envoyez 4 lettres que vous ferez et ne
gardez pas la chaîne miraculeuse.
Maintenant, les choses se corsent. La
chaîne de lettres devient chaîne de prières.
Comment n'a-t-on pas songé jusqu'ici à tirer
profit du vieux fond religieux qui est au
cœur de tout homme puisque l'homme est
un animal religieux ?
Et comme notre époque a le énie de la
publicité, elle fait appel à celles qui lui
paraissent les vedettes du miracle et de la
dévotion, à Notre-Dame de Lourdes et à
sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
~TLt un beau matin, le courrier vous ap-
porte une chaîne de Lourdes dans ce goût,
où vous retrouvez votre vieille connaissance,
l'Américain, et le vieux truc du tour du
monde. et quelques fautes d'orthographe.
On m'envoie la chaîne miraculeuse de
Lourdes. Je vous l'envoie pour qu'elle ne
soit pas interrompue. Renvoyez-la dans les
vingt-quatre heures à 4 personnes diffé-
rentes à qui vous voulez du bonheur. La
chaîne a été commencée par un officier
américain et doit faire trois fois le tour du
monde. Celui qui interrompra cette chaine
ne sera jamais heureux et il est envieux de
lavoir la prédilection (prédiction?) s'est tou-
jours accomplie depuis que la chaîne existe.
Copiez cette lettre trois fois et envoyez
celle-ci même, que vous ne devez ni brûler
ni garder.
Observez ce qui se passera après quatre
jours et une chance inattendue s'accomplira
le quatrième jour.
Soyez heureux.
Quant à sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus,
quel vicaire de garde dans nos églises de
(1) Le Figaro, 5 mars 1930.
(2) D'autres écrivaient 13 foi.s
M l'abbé Glorv. archéologue dis-
M tingué, donnait, dans la Croix
# du 20 novembre dernier, de fort
intéressants aperçus sur la géné-
ralisation, en France, du culte de l'eau
eaux des pluies, des sources, des fontaines.
Laissant au savant le soin de conclure à un
point de départ unique, susceptible même de
briser te cadre du seul terroir français, nous
nous bornerons à présenter ici, un côté du
folklore breton, peut.-être assez mal connu
au dehors le culte des fontaines, dans ses
rapports avec les animaux.
La Bretagne et les fontaines
Si la Bretagne est, par excellence, le
pays des Pardons, elle l'est pareillement
des fontaines. Sans elles, point de pardons.
Elles sont donc multiples tantôt somp-
tueuses et tantôt d'une simplicité rustique.
Voici l'appareil circulaire complet de
pierre, autour de la piscine dallée avec
bancs de pierre, à l'intérieur pour la com-
modité des malades, dont un des types est
Gpulven, en Léon. Un vrai bijou architec-
tural est la fontaine à triple vasques de
Saint-Jean-du-Doigt, près Morlaix, où des
têtes d'anges canalisent le jet d'eau vers
le bassin. Parfois, ce sont de magnifiques
pièces de sculpture, comme Notte-Dame-
des-Fontaines, au pied du Carmel de Mor-
laix, sur la voie de l'antique pèlerinage du
Tro-Breiz. Ce sont aussi des édicules de
granit, en forme d'oratoires, comme l'est
Notre.Dame-des-Fontaines à Samt-Brieuc,
où baptisait l'évêque breton venu d'outre-
mer. Ce sont encore des fontaines monumen-
tale», d'un genre classique, d'ailleurs,
comme à Carnac, Sainte-Anne-d'Aurav.
Souvent la piscine se revêt d'une simple
niche de pierre où gîte la statue du saint
titulaire et les campagnes en sont peuplées.
En son magnifique domaine de La Palud,
en Porzav, sainte Anne a sa belle fontaine
dallée, où. derrière le parapet de pierre,
de vieille» femmes s'empressent, selon le
mal dont souffre leurs clients, à lui faire
couler l'eau dans les manches, sur le cou,
les jambes. la poitrine-. De même à Ker-
dévot, près Quircper, à l'important Pardon
de « Madame Marie n Ihon Varia Ker-
dévot. A Scaër, pays des « lutteurs »
Paris n'a vu entrer à la sacristie quelque 1
dévote, mi-sceptique et mi-crédule, lue sur
un papier qu'elle vient de trouver près de `
la chère sainte:
0 petite Sœur Thérèse de l'Enfant-
Jésus, n'oubliez pas votre promesse de faire
du bien sur la terre.
Répandant avec abondance votre pluie de
roses sur ceux qui cous incoquent avec con-
fiance, obtenez-nous de Dieu la grâce que
nous attendons de sa bonté infinie.
La personne qui trouvera cette lettre devra
pour la protéger la copier 25 fois et en
porter une chaque jour à l'église, la onzième
fois, un de ses vœux sera exaucé.
Confiance et foi 1
Lettres ou prières, ces documents ont un
caractère commun. Ce sont des chaînes. Et
même des chaînes à maillons doubles il
ne faut aucune interruption ni dans la réci-
tation de la prière ni dans la suite des per-
sonnes qui se la transmettent. On vous don-
nera une chaîne et vous devez vous-même
faire la chaîne, comme pour un incendie
à éteindre. Aussi, c'est devenu leur nom
de famille et jamais nom ne fut si bien mé-
rité.
Mais cette famille compte tout de même
plusieurs espèces comme on vient de le
voir. Les meilleures ne valent rien. Il y
a pourtant des degrés.
Simple jeu de société, semble-t-il, la
chaîne des relations. Ce recensement de ses
hautes amitiés, pour soi et pour les autres,
amuse certaine vanité. Amusement bien
frivole mais c'est le propre de la vanité
de se satisfaire de riens. La vanité n'est
pas l'orgueil.
Mais ce que certains ne prennent déjà
plus du tout pour un jeu, c'est la chaîne des
lettres. Elle mise sur les deux tableaux
celui de la chance et celui du malheur. Elle
fait vibrer toutes les cordes, celle du désir
et celle de la crainte.
I Elle vient d'Amérique, du pays d'où on
attend toujours l'oncle qui reviendra porteur
d'une fortune. elle a toujours infaillible-
ment réussi à tous les coups l'on gagne;
et elle ne vous fait pas languir: elle vous
donne rendez-vous avec le bonheur dès le
quatrième jour.
Vous n'êtes pas convaincu ? Alors pre-
nez garde. Un malheur vous menace si
vous rompez la chaîne. Et cet épouvantail
décide les hésitants au pensum des 25 co-
pies. La preuve que cela prend, c est qu'il il
faut faire appel aux plus hautes autorités
pour détromper les naïfs.
Un jour l Echo de Paris (3) publia cette
rassurante information
« Miss Sigrid Unset, la grande roman-
cière norvégienne, s'élève contre les supers-
titions par trop idiotes, comme celles
des chaînes le lettres. « J'en ai brisé
20, écrit-elle, et il ne m'est jamais rien
arrivé de désagréable, et je préférerais
subir, sur mes vieux jours, toutes sortes d&
chagrins que de me plier à une aussi humi-
liante habitude. n
La chaîne de lettres pouvait suffire pour
un vain peuple. Il fallait autre chose pour
les bonnes âmes. Ce fut la chaîne des
prières.
Ces noms de Lourdes et de sainte
Thérèse agissent comme un prestige. Et
puis, après tout, n'est-ce pas une heureuse
réalisation du message évangélique et des
recommandation de saint Paul sur la prière
il faut prier sans interruption, sine intermis-
sione orale (4). Et même n'y pourrait-on pas
voir une sorte de prière commune, d'une
communauté au moins spirituelle, de cette
prière commune à laquel est promise dans
l'Evangile la présence et l'assistance du
Médiateur tout puissant « Là où deux ou
trois sont assemblés en mon nom. je suis
au milieu d'eux. n (5) Que de bonnes ré-
férences auprès des masses catholiques qui,
à défaut d'une foi éclairée, ont tout de
même des réminiscences de leur catéchisme
ou du prône de M. le curé 1
Cela vient à point achever l'effet des
promesses de bonheur ou des perspectives
de représailles du destin sur de pauvres
êtres qui restent toute leur vie les enfants
• apeurés par les histoires de revenants en-
tendues à la veillée.
Pourtant, il faut vraiment s'évertuer pou)
t trouver une explication psychologique de 1-a
créance de tant de braves gens à ces pa-
piers saugrenus. Comme disait quelqu'un
k Si je n'avais le plus grand respect poui
(3) 8 mai 1930.
(4) Luc, XVIH, 1 et Thess., v, 17.
(5) Matth., xviii. 20.
qui la tirent peut-être de là, une fontaine
donne la force. C'est celle de sainte Can-
dide ou Nennok, dont Cambry, dans son
Voyage dans le Finistère, signale la fraî-
cheur, le curieux bouillonnement et l'étiage
toujours semblable des eaux, été comme
hiver. On y plonge la petite chemise du
bébé, souffrant de langueur, ou bien l'en-
fant lui-même, ainsi que Brizeux le fait
dire à une mère, au chant IV des Bretons
Là je trempai son corps tout nu dans la
[fontaine,
C'était au mois de mai, le jour naissait peine
Je regardais ses pieds pour juger de son sort.
Mais il les allongea d'une façon si gentille
Qu'on eut dit, dans la source, une petite
[anguille.
Même usage à Plogastel (fontaine de
Saint-Languis), à celle de Saint-Tugdual,
en Combrit, où un recteur tenta d'interdire
le bain glacial infligé, en plein hiver, à des
enfants encore à la mamelle. Ce fut en
vain. Douter du bienfait de l'eau serait, en
effet, douter des principes essentiellement
curatifs des eaux des fontaines, renforcées,
parfois, de l'attouchement d'une relique
périodiquement plongée dans leur sein, au'
jour du Pardon Goulven, Lanhouarneau
(Saint-Hervé), en offrent des exemples.
Ainsi, en pays breton, se trouvent, de fon-
taine en fontaine, pourchassé» tous les maux
contre lesquels
le pauvre a ses ressources
Pour lui, Dieu n'a-t-il point amassé l'au des
[sources ?
(Brizeox, chant VI.)
Et il arrive qu'au bord de certaine! fleu-
risse une gracieuse légende. A la plus im-
portante des trois fontaines avoisinant la
I chapelle de Notre-Dame-des-Fontaines -ou
de la Trinité, à Gouëzec, s'épanouit celle
d'un indigent dont la femme vient de mourir
en donnant le jour, à deux jumeaux. Déses-
péré, le pauvre homme, bien décidé à les
y noyer, apporte-là les frêles créatures dans
une corbeille d'osier. Cependant, avant
d'accomplir son œuvre de mort. il dépose
i sur la dalle son léger fardeau et s'absorbe
j en une oraison fervente. Tandis qu'il prie,
i une belle dame lui apparaît. Marie car
de qui, sinon de la Mère pitoyable, vien-
les institutions de mon pays, j'imaginerais 1
volontiers que cette « chaîne » a été forgée le
par l'administration des P. T. T. pour
augmenter les recettes du budget auto- I
nome. » 1
Car enfin, ces lettres, missives et eu-
culaires, suintent de partout leur origine
louche et la superstition.
Ce sont des lettres anonymes.
Et que fait-on des lettres anonymes ?
Tout simplement on les déchire et on les
jette impitoyablement à la corbeille à pa-
piers. Quelle foi donner à des correspon-
dants qui n'ont pas le courage de signer ce
qu'ils écrivent, qui redoutent qu'on leur
demande des explications, qui se dissimu-
lent pour cette raison sous l'anonymat ?
S'ils ont la foi dans leur recette, s'ils en
ont fait la preuve, s'ils ont à cœur d'en
faire bénéficier leurs amis et connaissances,
ils seraient trop heureux de se faire con-
naître, afin qu on leur en sache gré. Puis-
qu'ils ne se dévoilent pa», c'est que c'est
faux, ou du moins qu'ils doutent et qu'ils
satisfont à une corvée par peur de briser la
chaine, de s'attirer un malheur, de tomber 'r
sous le mauvais sort. Et pareille attitude de
duperie consciente ou de faiblesse de carac-
tère ne mérite que le mépris des gens
droits et sensés.
Et quelles garanties décisives ce* ano-
nvmes donnent-ils à l'infaillibilité de leur
parole Les belles raisons évangélique» j
que nous tâchions d'imaginer tout à heure ?
Non pas mais la vertu magique des
chiffres. II faut recopier la circulaire 4 fois,
l'adresser à 25 personnes, lui faire faire
I fois le tour du monde, et le quatrième
jour on verra ce qu'on verra.
Nous avons tous la plus haute idée de la
certitude mathématique. mais nous tenons
aussi ferme qu'il n'y a rien de plus indif-
férent et de plus neutre qu'un chiffre Un
chiffre, c'est le signe de l'indifférence
même. Quand on a dit du soldat qu'il n'est
plus qu'un numéro matricule ou d'un malade
à l'hôpital qu'un numéro de salle, on a tout
dit. Les chiffres n'ont ni tête^ ni cœur,
ni poésie. N'attendont pas d'eux qu'ils
nous soient fastes ou néfastes, heureux ou
malheureux, favorables ou fatidiques.
Ces chaînes de lettres ou de prières en
sont la preuve. Elles ne reproduisent pas
toutes les mêmes chiffres invariables
3 copies, 25 destinataires. 3 tours du
monde. Il changent suivant les correspon-
i dances. Toute la série des unités y passe.
A ce compte celle des dizaines, des cen-
taines des mille pourraient y figurer pa-
reillement, n'était leur trop grand nombre.
Tous les chiffres sont donc également
heureux. ou malheureux, c'est-à-dire tota-
lement indifférent». Pure coïncidence. Ja-
mais lien de cause à effet.
Témoin le roi des chiffres fatidiques, le
13. Pour les uns c'est la guigne et pour
les autres un porte-bonheur des «upersti-
tieux ne s'assoiront jamais à une table de
13 et les superstitieux achèteront leut
dixième de la Loterie nationale le 13.
H faut donc, sans hésiter, classer ces
chaines de bonheur dans la catégorie su-
perstition, qui est « le péché de ceux qui
attribuent à certaines actions ou à certains
objets une puissance que Dieu n'y a point
attachée », comme s'exprime notre caté-
chisme, dans l'espèce, le péché de ceux
qui attribuent à des chiffres une puis-
sance bienfaisante ou maléfique qu'ils
n'ont pas.
Et ceux-là, ce ne sont pas les croyants
convaincus, les chrétiens éclairés, les fi-
dèles instruits, mais les catholiques falots
et encore plus les incrédules. Le mot de
Pascal revient à l'esprit n Incrédule. les
I plu» crédules ». ou celui plus explicite de
Chateaubriand « On est bien près de tout
croire quand on ne croit plus rien. On a
des devins quand on n'a plus de prophètes.
des sortilèges quand on renonce aux céré-
monies religieuses, et l'on ouvre les antres
des sorciers quand on ferme les temples du
Seigneur. » (6) Et Brunetière en donnait
cette explication « On ne se débarrasse
pas du besoin de croire. La négation ne le
détruit pa» elle ne réussit qu'à le détra-
quer. On en peut bien quelque temps in-
terrompre le cours on ne saurait en des-
sécher la source. Si vous ne croyez pas au
surnaturel vous croirez au merveilleux
ej si vous ne croyez pas à l'esprit, vous
«roiréz à la matière, que d'ailleurs vous
ne connaissez pas davantage, et aux esprits
par-dessus le marché » u
(6) Génie du christianisme, III* partie,
livre V.
\j, culte Des fontaines en firetagpe
ûans ses rapports auec les anirnauX
drait un secours si opportun ? Marie,
donc, assure le malheureux père qu'il trou- I
vera, pour ses enfants, nourrice et protec-
trice. L'empreinte de la corbeille demeurée
sur la pierre continue de témoigner de la
céleste intervention qui sauva les nouveau-
nés.
A maintes fontaines, ainsi que l'observe
M. l'abbé Glory s'attache la renommée
d un oracle ayant trait au mariage. La Bre-
tagne a aussi les siennes, que les jeunes
filles consultent par le jet de l'épingle. En
Vannes, le ruisseau lui-même sert de truche-
ment à la biche de Sainte-Nennok qui,
surprise, au clair de lune, par des fiancés,
au moment où elle s'y abreuve, est, pour
ceux-ci, un fatal présage leur union ne
saurait avoir lieu, la princesse gaële les
voulant vierges comme elie. A Daoulas. la
fontaine de la Vierge, d après Toscer, dans
son Finistère pittoresque, découvre l'état
de l'âme cn grâce ou en péché, selon
qu'une brindille, détachée d'un chêne
voisin et qu'on y jette, atteint la niche ou
retombe dans l'eau celle de Saint-Efflam,
s'il faut en croire Anatole Le Braz, fait t
connaitre aux mari» jaloux si leurs soupçons
sont ou non fondés celles de Saint-ldunet
et de Saint-Gonyal, fixent le sexe du bébé
à naitre, selon que surnage plus longtemps
la petite chemise de fille ou celle de garçon
plongées en même temps celle de Saint-
I Léger, en Quimejc'h, permet, grâce aux
i évolutions dans l'eau d'une petite croix
faite de brindilles, de supputer les années
qui vous restent vivre.
Délaissant !e côté légendaire si prenant,
et sans aborder le terrain réservé de la
science, il est permis de se demander, avec
M. l'abbé Clory et tout les curieux de
Alors, sans hésitation, rompons la chaine,
c'est-à-dire, brûlons, déchirons ou jetons
au panier ces papiat* de loufoques, de pê-
cheurs en eau trouble, ou pour le moin*
d'enckaîneur» naïfs et peureux.
Ne soyons pas si simples que d'attacher
de l'importance à ces niaiseries et à ces
absurdités. N'imaginons pas manquer de!
respect à la Vierge de Lourdes ni à la'
vierge de Lisieux. Nous vengerons l'abus
qu on fait de leur nom.
Songeons à nous et songeons aussi à
l'honneur de l'Eglise, dont nous sommes
les membres et que nous représentons. Sur
le front ces missives ont circulé et circulent
parmi nos soldats. Car il y a aussi des gens
assez sot pour encombrer de ces lettres la
correspondance aux armées, et il y a aussi
des gens assez courts d'imagination et de
cœur qui n inventent rien autre pour sou-
tenir le moral du combattant. Dans un vit- 1-
lage d'Alsace, une de ces chaînes arriva
aux mains d'un pasteur protestant. Il la fit
passer à des catholiques avec cette simple
réflexion « Cela n'a pas cours chez
nous. » Mot cinglant, mais immérité, car
cela n'a pas cours non plus chez nous, chez
les vrais catholiques, chez ceux qui sont
catholiques de nom et de vie.
Ces vrais catholiques se souviennent
d'autres chaines qu'ils ont reçues et bien ¡
authentiquement du Sacré Cœur, de la
Vierge de Lourdes et de sainte Thérèse de
l'Enfant-Jésus, au nom de qui ont pré-
tend leur écrire.
Le Sacré Cœur Ipur a recommandé par
sainte Marguerite-Marie la chaine de com-
munions des premiers vendredis du mois. le
neuf premiers vendredis consécutifs. Celle-là
non plus il ne faut pas l'interrompre. Même
le désir de Notre-Seigneur est de nous voir
l'allonger tout au cours de notre vie tu
communieras aussi souvent que l'obéissance
te permettra de le faire, disait-il à sainte
Marguerite-Marie. Preuve que l'efficacité
j de cette pratique ne tient pas au chiffre
9. que ce chiffre représente un minimum,
qu'il peut créer l'habitude de la commu-
nion fréquente, dont il est un commence-
ment. C'est sur cette communion fréquente
et sur la parole de Notre-Seigneur que re-
pose notre confiance, car à cette commu-
nion il avait attaché déjà dan» son Evan-
gile les promesses de la vie éternelle
« Celui qui mange ma chair et qui boit
mon sang possède la vie éternelle et je le
ressusciterai au dernier jour. »
Notre-Dame de Lourdes tient aussi une
chaîne entre ses doigts elle ne se montre
à Bernadette que lorsque l'enfant prend la
chaîne dans ses mains l'apparition et la
voyante le déroulent ensemble. C'est le
chapelet. Et pour que ce chapelet forme
une louange perpétuelle à la Très Sainte
Vierge, pour qu elle réalise la prière sans
interruption de l'Evangile, afin qu'elle soit
la prière commune des âmes fidèle» disper-
sées mais unies par une même pensée
d'amour, ceux qui ont reçu les premiers de
la Vierge du Rosaire cette chaine de
louanges et de prières se sont faits dans le
monde les protagonistes du Rosaire vivant
et du Rosaire perpétuel. Et aucun de ces
rosariste» qui interrompe la chaine, parce
qu'ils savent qu'il» prennent la relève, afin
de puiser à cette source intarrissable les
grâces sans lesquelles notre pauvre monde
ne pourrait vivre.
Et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, la
Sainte du soutire de Dieu sur notre terre,
a renoué entre Dieu et les hommes ce que
saint Paul appelle la chaine de la perfec-
tion (7), l'amour, charitatem habele quod
est vinculum perf ectionis. Elle a dit et ré-
pété à des milliers de lecteurs de son His-
toire d'une âme « Vous désirez un moyen
pour arriver à la perfection, je n'en connais
qu'un seul, l'amour. Je comprends si bien
que l'amour seul est capable de nou»
rendre agréables au bon Dieu, que cet
amour est l'unique trésor que j'ambitionne
pour lui, ayant donné toutes mes richesses.
j estime n avoir rien donné. La science de
l'amour, je ne veux plus que cette science
là » (8) Grâce à elle, à son charme, à ses
miracles, Dieu a de nouveau attiré nombre
d'âmes par des chaînes d'amour, Iraham eos
in vinculis charitatii. (9)
Entre les chaîne» d'argent, de lettres et
de prières et les chaines de communions, de
chapelets et d l'amour^ on voit la différence.
Et les vrais croyants' ont fait leur choix.
i II» rompent les premières. et pour les
autres, ils enchaînent. ALPHONSE DAVID.
(7) Col., III, 14.
(8) Esprit de la bienheureuse Thérèse de
f Enfant-Jésus, c. I, c. VIII, etc.
(9) Oosée., XI. 4.
l'universelle panacée, le pourquoi de la
croyance au pouvoir singulier de l'eau
du besoin de le consacrer par un vocable
qui, avant d'être celui d'un saint, le fut
d'un dieu, d'une déesse, sources peut-être,
eux-mêmes, à l'origine. La source du Che-
val source de l'Hîppocrène, sur le mont
sacré de l'Hélicon, en Grèce jaillit, on
le sait, d'un coup de pied de Pégase, et
nos eaux thermales de Bourbon-l'Archam-
bault gardent le souvenir du dieu Borvo,
dont les linguistes rapprochent le nom du
verbe breton fceroi, bouillir, bouillonner.
La déesse-jument Epona ne se distingue
pas autrement de l'élément liquide qu'elle
incame. Si nous passons de l'antiquité
païenne et des affabulations celtiques au
judaïsme, nous voici en présence de la
fontaine probatique, guérisseuse du malade
qui se plonge en ses eaux à l'instant où
I ange, préposé à ce soin, en agite la sur-
face. Le christianisme, sorti en quelque
sorte par le baptême de Jésus des eaux
du Jourdain, a pu mettre en garde contre
un reste de paganisme. C'est ce que firent
les Conciles d'Aile* (452) et de Nantes
(508), cités par M. l'abbé Glory, aux-
quels, avec Donm Morice, s'ajoute le Con-
cile de Vannes (465). Mais il ne se posera
pas en contradicteur d'une tradition aussi
vieille que l'humanité. Seulement, l'eau
ne tirera plus ses vertus des divinités
païennes, elle se placera, résolument, cians
le concert de louanges de la créature à
son Créateur « Toutes les oeuvres du Sei-
gneur, bénissez le Seigneur. Fout1» les
eaux qui êtes au-dessus des cieux. bénissez
le Seigneur. Fontaines, bénissez le Sei-
gneur. a (Cantique des jeunes gens, DAN.,
ni.)
Diplomatie et stratégie dans le Pacifique sud
Les moyens de défense des puissances
européennes peuvent faire Réfléchir et hésiter le
Japon si ce pays, poussé à bout par
l'hostilité des blancs et des Chinois,
voulait tenter une aventure dans le Sud
De notre envoyé spécial
ES conséquences malencontreuses
pour le Japon de l'abrogation du
traité de commerce américano-ja-
ponais, et la ferme résolution des
Etats-Unis de ne point participer à une
guerre dans laquelle soit leur territoire,
soit leurs intérêts vitaux immédiats,
ne sont pas en jeu, peuvent faire pen-
ser à Tokio de profiter des préoccupa-
tions des puissances européennes pour
se lancer dans une aventure dans le
Pacifique Sud où se trouvent les ma-
tières premières tant nécessaires au
Japon.
Peut-on dire que les puissances euro-
péennes seraient à même de parer à la
menace qui pèse sur elles, ou plutôt sur
leurs possessions à la pointe de l'Asie ? '?
Essayons de démêler les éléments de ce
casse-tête.
Voyons tout d'abord les moyens mili-
taires dont disposeraient les puissances
européennes en Asie orientale. La Hol-
lande maintient dans les iles de la
Sonde quatre croiseurs, huit destroyers,
une quinzaine de sous-marins et une
flottille de mouilleurs de mines et de
dragueurs. Cette petite flotte est ap-
puyée sur l'excellente base navale de
Sourabaya, au nord de Java. qui com-
mande les passes vers Sumatra, Singa-
Un apostolat auquel
on n'a pas l'air de penser
« CHANSONS »
La guerre. les jours gris. les 1
abris sombres. les cantonnements
mouillés. pas de distractions rien à
faire et le cafard qui rôde. Com-
ment lutter ?
Et bien, mais. et les chansons ?
« Les chansons ? Pourquoi pas ?
On n'y a pas le cœur Allons donc:
On a fait la guerre, nous aussi. On a
eu notre misère tout comme vous. et
comment. voire notre cafard quelque-
fois. Et Bien, on a chanté. et cela
nous a distrait, et cela nous fait du
bien. »
Après la Marne, dans la montagne de
Reims-Verzy-Verzenay, pauvres élé-
ments éreintés d'une formation d'ar-
rière, rentrés les soirs d'automne dans
les cantonnements où l'on ne pouvait
avoir ni feu ni chandelle à cause de
l'ennemi, c'était le noir. Le noir de la
nuit et le noir dans les cœurs– Mais
que faire en un cantonnement sans lu-
mière, à moins que l'on ne chante Et
l'on, chanta.
Il y avait des voix fausses. mais il
y en avait qui étaient justes et belles,
et poussaient la romance il y avait
le « titi x, avec ses couplets drôles il
y avait celui qui ne savait pas chanter,
mais qui disait des monologues. Dans
l'ensemble, la note restait convenable,
et cela faisait passer une heure avant
de s'endormir.
« Y en a plus ? Non, c'est la der-
nière. Alors, on c pionce x.
Et l'on recommençait le lendemain
soir.
Plus tard, descendus des tranchées
pour les c grands repos de quinze
jours ou trois semaines ou même
moins, ce fut le triomphe de la chan-
son. Le soir, après la soupe, on allait
au bistro, et là, un ou deux chanteurs
commençaient la séance. Une chanson,
deux chansons, dix chansons défilaient.
Et il y avait des « spécialistes que
l'on connaissait bien.
Un surtout, que l'on appelait, dans
ce temps-là, c Caruso », du nom d'un
Italien célèbre. Tous les soirs il recom-
mençait. Il avait un vaste répertoire
et changeait de bistro chaque jour. Mais
ses fidèles le suivaient, et le café
choisi faisait toujours < salle comble ».
Ceux qui étaient attablés écoutaient
en silence ceux qui passaient dans la
rue s'arrêtaient et entraient dans la
salle toute bleue de la fumée des pipes.
Et une quête toujours fructueuse rem-
plissait le casque du chanteur de pièces
et de billets bleus.
Devant le succès, on eut des initia-
tives pour remplacer par des chansons
Désormais, s'il existe encore des fon-
taines hantées par quelque ci spouthail »
(épouvante), comme au Ménec, en pays
d Auray, dieux et « bonnes dames »,
Merlin et ses enchantements à la fontaine
de Baranton, en forét de Brocéliande, j
céderont la place aux saints, à la Vierge,
depuis une Notre-Dame de Tout-Remède
(Rumongol), la plus ancienne peut-être de
nos Madones bretonnes, jusqu'à la Vierge
de Lourdes qui, à l'autre extrémité de la
France, a, au siècle dernier, comme donné
le sceau céleste au culte millénaire de
l'eau en commandant expressément aux pè-
lerins du sanctuaire pyrénéen de venir, boire
et se laver à la fontaine jaillie, à sa parole,
sous les doigts de Bernadette. Ainsi légi-
timé, adapté à la religion chrétienne, le
culte de 1 eau, devenu d'ailleurs dans
le baptême matière sacramentelle, a con-
tinué, à travers les âges, son office salu-
taire. Nulle part, semble-t-il, plus qu'en
Bretagne, il n'a ses usagers, non seulement
l'homme, mais ses serviteurs à quatre
pattes chevaux, bêtes à cornes, chiens.
Les Pardons de chevaux
Cornouaille, Poher, Léon. Tréguier,
Goëlo, Vannes, ont !eurs Pardons de che-
vaux, anciens ou de création plus récente.
comme Baye, Guilligomarc'h. Mais, que
ce soit à Saint-Hervé en Gourin, à Plou-
daniel et Brelez en Léon, à l'ile Saint-
Gildas, face à Penvenam en Trégor, où les
cavalier» à marée basse rivalisent de vitesse
pour y accéder, entrant parfois à cette fin
dans le flot à peine 'étiré (de même qu'à à
l'île Saint-Maudez), à Saint-Gildas de
Camoët, en pays carhaisien, à Guiscriff,
où sont offerts en ex-voto des petits chevaux
pour, Bornéo, les Célèbes et les îles en 1
direction de la Nouvelle-Guinée. Plus à
l'Est, à Céram, la Hollande a construit I
une forte base aérienne dans la baie
d'Amboina, à mi-chemin entre les Cé-
lèbes et la Nouvelle-Guinée, entre Min-
danao. dans les Philippines, et Port-
Darwiu, en Australie. Une soixantaine
de puissants hydravions sont sta- j
tionnés à demeure à Amboina. Une
armée d'indigènes et d'éléments hol-
landais bien équipés, forte de
40 000 hommes et appuyée de 250 avions
militaires, offre une première ligne de
résistance, en attendant des renforts et
la constitution de milices parmi les
60 millions d'indigènes qui peuplent les
îles de la Sonde.
Il est vrai que, quelle que soit la lon-
gueur de la résistance des Hollandais,
ils ne pourraient tenir tète à eux seuls
indéfiniment aux Japonais. Mais l'An-
gleterre ne saurait permettre la con-
quête des iles de la Sonde qui neutra-
liserait la base de Singapour et ouvri-
rait la route à une invasion possible de
l'Australie et puis de la Nouvelle-Zé-
lande. Il est donc certain que celle-ci se
porterait aussitôt au secours des Hot-
landais. C'est pourquoi, depuis l'inaugu-
ration de la base de Singapour surtout,
de nombreuses Conférences militaires
eurent lieu entre Anglais et Hollandais
pour sauvegarder leurs intérêts com-
muns à la pointe de l'Asie.
Occupée en Europe, l'Angleterre ne
pourrait pas donner la plénitude de ses
movens à la défense des Indes orien-
jolies des refrains pas trop. litur-
giques. D'après mes indications, une
équipe se forma, qui fit elle aussi la
tournée des bistros. et ce fut un véri-
table apostolat de la c bonne chan-
son ».
« Vous v'ià, les gars ? chouette.
alors. Et on chantait» tout ce que
l'on savait de belles chansons. A bout
de textes, les permissionnaires en rap-
portaient d'autres.
Plus de chansons connues ? Alors, on
en fabriqua. Tout simplement. Et sur
tous les sujets. La mitrailleuse, le 7j,
les cantonnements, les cuistots, la
guerre et les poux. Et je vous assure
que c'était savoureux. Beaucoup même
de ces chansons eurent les honneurs de
l'impression dans les bulletins des ré-
giments ou les journaux de la tranchée.
Dans les grands repos, on montait des
séances entières où la chanson avait
sa large place.
On se souvient de l'entrain d'un Yves
de Joannis, dans la dernière guerre,
pour dérider ses hommes et leur re-
monter le moral par la chanson. Tous
les vicaires de patronages qui sont mo-
bilisés, et combien de curés, ont des
stocks considérables et intéressants
ne pourraient-ils pas les utiliser lar-
gement V
J. (ilIiEALDEAU.
*mm
En Egypte,
le vendredi tend à supplanter
le dimanche comme jour de
repos hebdomadaire
Un mouvement d'inspiration i»Iu-
mique semble se dessiner en Egypte, >o
vue de suhstituer le vendredi' \iu di-
manche comme jour de repos hehdi>-
rnadaire, C'est ainsi qu'il vient d'être
décidé que dorénavant tous les services
d'Etat seraient formés le vendredi, jour
religieux musulman. Jusqu'à présent,
certains services oftlciels fermaient le
dimanche. Peu de temps auparavant, un
arrêté du ministère du Commerce et de
l'Industrie avait déjà fixé au vendredi
au lieu du dimanche le jour de repos
hebdomadaire de certains marchés.
De son côté, la Chambre égyptienne
de commerce du Caire a décidé égale-
ment d'adopter le vendredi comme
jour de fermeture.
de bois à Plumeliau, à Merlévénez, au
Drennec. en Clohars-Fouesnant. ou tout
autre lieu sacré, le coup d'oeil, dans le
matin printanier, estival et même automnal,
bien que l'époque la plus généralisée soit
la Saint-Jean d'été, est des plus curieux,
de ce» pèlerins d'un genre spécial accourant
nombreux, par centaines, des fermes et des
village* Ils arrivent à nu, bien étrillé,
un flot de ruban à l'œillère, la* queue tressée
avec paille et ruban ou « caparaçonnés de
dentelles, de guipures blanches, posée» sur
des transparents de couleur. Ainsi les
décrit, à Merlévénez, Madeleine De»ro-
seaux,. dans Bretagne inconnue. En Poher,
la couverture du lit de laine verte fait tous
les frais.
Généralement, ces chevaux sont monté»
gars solides et décuplés du Léon, plus tra- j
pu» de Cornouaille, petits et maigres de la
Montagne, nerveux et fins de Vannes, tous
vêtus « hier » encore de leur costume na-
tional bleu (glazik) richement brodé, noir,
garni de larges velour ou sobre de tout orne-
ment, ainsi qu'en Poher.
Où que se déroule le Pardon, le rite dif-
fère peu, du moins dan» sa forme essen-
tielle. Le premier soin des cavaliers est de
faire opérer à leurs bêtes trois fois le tour
de l'église ou de la chapelle en marchant
contre le soleil, a eneo an heol », le»
dirigeant donc par le côté de l'Evangile,
pour finir par celui de l'Epitre, sens dif-
férent des processions ordinaires. Selon la
dévotion du lieu, ce rite a été précédé, de
la part du maitre de l'animal, d'une of-
frande au saint patron quelques pièce» de
monnaie, une poignée de crins, une queue
entière. Ces crins seront ensuite vendus aux
enchères, i.u profit de l'église.
Voici venu le moment de se rendre à la
fontaine. Le trajet s'effectue librement ou
] en procession. La pieuse cavalerie est
1 alors précédée, ou suivie, selon la coutume
de l'endroit, de« croix et bannière» que,
seuls, à l'exciusion des femme», les
hommes ont le privilège de porter ce jour-
là. Quelquefois, le tambour précède le
cortège, comme à Naiz in, pour ie rendre
aux trois fontaines de Saint-Côme, Saint-
Damien et de la Vierge. Il serait oiseux
d'insister sur le pittoresque de ce défilé où
tales. Mais, tout de même, en sacripant
Hong-Kong, qui pourrait occuper quel-
que temps ses assiégeants, elle dispose,
en Extrême-Orient, de dix croiseurs, un
mouilleur de mines, un porte-avlou et
une vingtaine de sous-marins. A cette
escadre, il faut ajouter sept croiseurs et
six destroyers autraliens et néo-ï«lan-
dais, Et comme, à l'heure actuelle, qui
parle de l'Angleterre uu de la France
fait entrer ces deux puissance* eu jeu,
il faut prendre en considération t'es-
cadre française d'Extrême-Orient, qui
se compose d'une demi-douzaine de
croiseurs, d'une dizaine de destroyers
et d'une quinzaine de sous-marins,
Les puissances européennes dispo-
sent donc de 27 croiseurs, 24 des-
troyers et 00 sous-marins, avec un
porte-avions et une nombreuse flottille
de gardes-cotes, canonnières, mouilleurs
de mines et dragueurs. Ce sont là des
effectifs qui ne sont pas négligeables,
surtout si l'on pense à la possibilité de
renforts venus de lit Méditerranée. De
plus, les baves de Singapour (Malaisie),
de Callm Hah (Indochine) et de Sourit-
baya (Java) sont admirablement équi-
pées pour protéger les escadres euro-
pécnnes, permettre des réparations, et
surtout pour leur fournir tout le com-
bustible et les munitions nécessaires
pour la protection des vastes mers in-
térieures qui baignent les colonies.
Il faut compter, en outre, sur les ex--
cellcnles escadrilles d'avions de Sin-
gapour et de l'Indochine, en plus de
celles des Hollandais et des renforts
aériens qui peuvent arriver des Indes
anglaises, et surtout des grandes bn*™s
britanniques du Proche-Orient. Enfin il
v a les régiments britanniques de Ma-
iaisie et les divisions indochinoises
formées autour des bataillons français
d'Extrême-Orient. Au Sud, l'Australie et
la Nouvelle-Zélande pourraient offrir
quelques renforts immédiats, tandis
que l'inépuisable masse d'hommes des
Indes anglaises ne laisserait jamais les
fortifications massées autour de
l'Equateur sans protection.
Avec ces moyens de défense mobiles,
les champs de mines qu'on sèmerait
aussitôt dans les eaux indochinoises et
les pas: es des Indes orientales servi.
raient de protection efficace, surtout
contre un ennemi venant de plus..de
trois millc kilomètres an Nord. Il fau-
drait. naturellement, nettoyer dès le
début toute fa région éqùaoriale de
vaisseaux japonais, et réoccuper l'Ile
Snratly, saisie par le Japon il y a près
d un an.
La défense une fois organisée et U.a
renforts prévus étant prêts ;'i se melir;
en route, la stratégie européenne com-
porterait la mise en a uvre d'autres élé-
ments non moins importants. Le pre-
mier serait de couper aussitôt toutes
les fournitures au Japon. Déjà émacié
par sa guerre en Chine, bloqué aux
Etats-Unis, le Japon n'aurait plus au-
cune source pour se procurer le pé-
trole nécessaire à ses armées, ses
avions et ses flottes. La protection et la
défense des ports hollandais de Ta-
rakan et de Balikpapan à Bornée se-
raient une des premières tâches à réa-
liser. car c'est de ces ports que partent
les exportations de pétrole des tlei de
la Sonde. Les mines, les sous-marins et
l'aviation, comme aussi leur éloigne-
ment des bases japonaises, les reu-
draient invulnérables.
Mais il y aurait en même temps une
a'itre carte à jouer celle de lu Chine.
Par la Birmanie, par l'Indochine,
agents, spécialistes et troupes peuvent
venir renforcer les résistances chi-
noises contre l'envahisseur japonais. 11
s'agirait de fatiguer davantage le Japon
en se servant de la Chine méridionale
comme d'un vaste rempart, et de pro-
téger l'Indochine surtout contre une
diversion venant de l'ile d'Haïnan ou
de la presqu'île de Pakhoi. Déjà dans
l'impossibilité d'en finir avec la Chine,
te Japon se verrait ainsi harcelé vers
l'arrière, et enfin totalement coupé de
toutes les matières premières néces-
saires à la prolongation de la guerre ou
à de nouvelles aventures dans les mers
équatoriales. Certes, au début des hos-
tilités surtout, les Japonais pourraient
faire main basse sur des Ilots français
ou anglais semés dans les mers océa-
niennes. Mais ces prises, toujours fa-
ciles en partant des Bases japonaises
des Carolines, ne seraient guère utiles
au Japon et ne feraient qu'allonger ses
routes de communication. C'est a l'ouest
de Singapour que les puissances euro-
péennes recevront leurs renforts at
leurs ravitailelment or, ces régions
sr.nt bien au delà de la portée du Japon.
Tout compte fait, la situation, pour
délicate qu'elle soit, n'est pas du tout
désespérée. Il' faut jouer serré, être con-
fiant dans ses forces et dans son bon
droit.
Th. Gheeïtwood.
chevaux de races et d'usages différents, *ui-
vant le travail auquel ils sont soumis
trait ou selle et la contrée d'où ils
viennent souvent dè loin manifestent
chacun, d'après son caractère, ses habi-
tudes ou son absence de discipline. Le»
uns grave. tous le harnais de fête. le*
autre» s'ébrouant avec bruit. Quelques in-
soumis se permettent certaines façons, lan-
cent quelques ruades, avant de se décider
à prendre la file. Enfin, on arrive à la fon-
taine. Celle-ci, vaste ou de dimensions ie»-
treinte», peut être située au bord d'un che.
min, au milieu d'un pré, encaissée au bout
d'un étroit sentier. N'importe, de vieilles
femmes y »ont déjà à leur poste. Elles ont
descendu les degrés et. par-dessui le rau-
retin de pierre courant, à l'ordinaire, autour
du bassin, présentent aut cavaliers, contre
menue monnaie, de» écuelles pleines d eau
qu'il» déversent sur le dos, la croupe, le»
jambes, la poitrine, les oreillea de leur*
i destriers, en priant saint Eloi, le grand pa-
,tron des chevaux. Ainsi que tout à l'heure
autour du sanctuaire, c'est maintenant au-
tour de la fontaine que se feront )et trois
tous» rituels, toujours à l'encontre du soleil.
j Les prescriptions du pèlerinage yuvnpliet,
les bonnes bêtel prennent, en »en» inverse,
le chemin du retour pour la bénédiction qui
i va leur être donnée, sur le placitre même
de l'église.
¡ Tandis qu'elle s'y acheminent, deman-
dons-nous pourquoi le patronage de Mint
Eloi en pleine Bretagne bretonnante ? Qu«
vient faire là ce saint évêque de Noyon i
Mais qu'y viennent faire un saint Eutrope,
de très ancienne dévotion, assez populaire
pour avoir, à la Troméme de Locronsn, sa
tente de feuillage, au passage de la pro-
cession sexennale, un saint Sébastien, un
saint Laurent, un saint Isidore, portant même
larges braies, un saint Nicolas, un saint Ju-
i lien, un saint Roch un saint Antoine, accli-
j matés, eux aussi en Bretagne, au moins de-
puis les Croisades, soit comme patron* des
hôpitaux et refuges de pèlerins, soit comme
protecteur* dans le» épidémie»? Disons tout
de suite que ces saints doivent, pour la plu-
fart, leur naturalisation à l'ignorance popu-
t laire frappée d'une attorunce, telle la
Les idées LA CROIX Les faits
ROMPEZ LA CHAINE
PÉRIODIQUEMENT, mais surtout aux jours J 1
de trouble et d'inquiétude, le cour^ (
riei des « chaînes » grossit volumi-
neusement. On apprend par les jour-
naux que tel arrondissement de Paris en
est inondé. Puis, une Semaine religieuse
insère une mise en garde, qui révèle que
l'épidémie sévit dans le département.
Le type le plus répandu aujourd'hui de
ces chaînes, c'est la chaine de prières. Evi-
demment, c'est le fin du fin de l'exploita-
tion de la crédulité. Mais elles semblent l
bien n'être arrivées à ce dernier cri que par
étapes.
Laissons de côté les progressions arithmé-
tiques et géométriques des chaînes de
timbres.
On a connu la chaîne des relations. Elle
consistait à envoyer à ses amis une liste de
noms assez en vue. Ils étaient invités à y
apposer leur signature et à répandre ensuite
le document dans leur entourage.
Un journal mondain a publié à l'époque
une de ces listes où figurent des person-
nages qui semblaient avoir autre chose à
faire que de s'arrêter à ces futilités, pour
ne pas dire à ces niaiseries. On pouyait
lire que Bernard Shaw avait. transmis le
papier à M. C.-E. Dawes M. C.-E.,Da-
wes à M. Henry Ford M. Henry Ford
au colonel Lindbergh le colonel Lindbergh
à lady Hay lady Hav à M. Aristide
Briand; M. Briand à M. Ramsay Mac-
donald et ce dernier à M. David Wind-
sor Ne soyons pas trop rigoristes Il faut
comprendre que nos excellences ont le be-
soin et le droit de se distraire comme le
commun des mortels.
Il y eut aussi la chaîne des lettres, née
en Flandre, mais de père américain. Elle
•'intitulait ambitieusement la chaîne mira-
culeuse. Excusez du peu ni plus ni moins
que la Médaille de la rue du Bac.
Comme la mode en est quelque peu pas-
lée, cela vaut sans doute la peine d'en
conserver copie à titre documentaire dans
le dossier des archives (1).
La chaine miraculeuse des Flandres. 1
Un ami m'envoie cette chaîne des Flan- I
dres.
Je vous l'envoie pour qu'elle ne soït pas
interrompue. Copiez cette lettre dans les
vingt-quatre heures et envoyez-là à 4 per-
sonnes amies auxquelles vous voulez du
bien.
La chaîne lut commencée en Flandre, par
un officier américain.
Elle doit faire 3 (trais) {oh le tour du
monde (2).
Qui interrompt la chaîne ne sera pas heu-
reux. Il est curieux que la prédiction s'est
réalisée depuis que la chaîne est com-
mencée.
Copiez cette lettre et observez ce qui se
passera après quatre fois le quatrième jour,
une chance inattendue.
Envoyez 4 lettres que vous ferez et ne
gardez pas la chaîne miraculeuse.
Maintenant, les choses se corsent. La
chaîne de lettres devient chaîne de prières.
Comment n'a-t-on pas songé jusqu'ici à tirer
profit du vieux fond religieux qui est au
cœur de tout homme puisque l'homme est
un animal religieux ?
Et comme notre époque a le énie de la
publicité, elle fait appel à celles qui lui
paraissent les vedettes du miracle et de la
dévotion, à Notre-Dame de Lourdes et à
sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
~TLt un beau matin, le courrier vous ap-
porte une chaîne de Lourdes dans ce goût,
où vous retrouvez votre vieille connaissance,
l'Américain, et le vieux truc du tour du
monde. et quelques fautes d'orthographe.
On m'envoie la chaîne miraculeuse de
Lourdes. Je vous l'envoie pour qu'elle ne
soit pas interrompue. Renvoyez-la dans les
vingt-quatre heures à 4 personnes diffé-
rentes à qui vous voulez du bonheur. La
chaîne a été commencée par un officier
américain et doit faire trois fois le tour du
monde. Celui qui interrompra cette chaine
ne sera jamais heureux et il est envieux de
lavoir la prédilection (prédiction?) s'est tou-
jours accomplie depuis que la chaîne existe.
Copiez cette lettre trois fois et envoyez
celle-ci même, que vous ne devez ni brûler
ni garder.
Observez ce qui se passera après quatre
jours et une chance inattendue s'accomplira
le quatrième jour.
Soyez heureux.
Quant à sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus,
quel vicaire de garde dans nos églises de
(1) Le Figaro, 5 mars 1930.
(2) D'autres écrivaient 13 foi.s
M l'abbé Glorv. archéologue dis-
M tingué, donnait, dans la Croix
# du 20 novembre dernier, de fort
intéressants aperçus sur la géné-
ralisation, en France, du culte de l'eau
eaux des pluies, des sources, des fontaines.
Laissant au savant le soin de conclure à un
point de départ unique, susceptible même de
briser te cadre du seul terroir français, nous
nous bornerons à présenter ici, un côté du
folklore breton, peut.-être assez mal connu
au dehors le culte des fontaines, dans ses
rapports avec les animaux.
La Bretagne et les fontaines
Si la Bretagne est, par excellence, le
pays des Pardons, elle l'est pareillement
des fontaines. Sans elles, point de pardons.
Elles sont donc multiples tantôt somp-
tueuses et tantôt d'une simplicité rustique.
Voici l'appareil circulaire complet de
pierre, autour de la piscine dallée avec
bancs de pierre, à l'intérieur pour la com-
modité des malades, dont un des types est
Gpulven, en Léon. Un vrai bijou architec-
tural est la fontaine à triple vasques de
Saint-Jean-du-Doigt, près Morlaix, où des
têtes d'anges canalisent le jet d'eau vers
le bassin. Parfois, ce sont de magnifiques
pièces de sculpture, comme Notte-Dame-
des-Fontaines, au pied du Carmel de Mor-
laix, sur la voie de l'antique pèlerinage du
Tro-Breiz. Ce sont aussi des édicules de
granit, en forme d'oratoires, comme l'est
Notre.Dame-des-Fontaines à Samt-Brieuc,
où baptisait l'évêque breton venu d'outre-
mer. Ce sont encore des fontaines monumen-
tale», d'un genre classique, d'ailleurs,
comme à Carnac, Sainte-Anne-d'Aurav.
Souvent la piscine se revêt d'une simple
niche de pierre où gîte la statue du saint
titulaire et les campagnes en sont peuplées.
En son magnifique domaine de La Palud,
en Porzav, sainte Anne a sa belle fontaine
dallée, où. derrière le parapet de pierre,
de vieille» femmes s'empressent, selon le
mal dont souffre leurs clients, à lui faire
couler l'eau dans les manches, sur le cou,
les jambes. la poitrine-. De même à Ker-
dévot, près Quircper, à l'important Pardon
de « Madame Marie n Ihon Varia Ker-
dévot. A Scaër, pays des « lutteurs »
Paris n'a vu entrer à la sacristie quelque 1
dévote, mi-sceptique et mi-crédule, lue sur
un papier qu'elle vient de trouver près de `
la chère sainte:
0 petite Sœur Thérèse de l'Enfant-
Jésus, n'oubliez pas votre promesse de faire
du bien sur la terre.
Répandant avec abondance votre pluie de
roses sur ceux qui cous incoquent avec con-
fiance, obtenez-nous de Dieu la grâce que
nous attendons de sa bonté infinie.
La personne qui trouvera cette lettre devra
pour la protéger la copier 25 fois et en
porter une chaque jour à l'église, la onzième
fois, un de ses vœux sera exaucé.
Confiance et foi 1
Lettres ou prières, ces documents ont un
caractère commun. Ce sont des chaînes. Et
même des chaînes à maillons doubles il
ne faut aucune interruption ni dans la réci-
tation de la prière ni dans la suite des per-
sonnes qui se la transmettent. On vous don-
nera une chaîne et vous devez vous-même
faire la chaîne, comme pour un incendie
à éteindre. Aussi, c'est devenu leur nom
de famille et jamais nom ne fut si bien mé-
rité.
Mais cette famille compte tout de même
plusieurs espèces comme on vient de le
voir. Les meilleures ne valent rien. Il y
a pourtant des degrés.
Simple jeu de société, semble-t-il, la
chaîne des relations. Ce recensement de ses
hautes amitiés, pour soi et pour les autres,
amuse certaine vanité. Amusement bien
frivole mais c'est le propre de la vanité
de se satisfaire de riens. La vanité n'est
pas l'orgueil.
Mais ce que certains ne prennent déjà
plus du tout pour un jeu, c'est la chaîne des
lettres. Elle mise sur les deux tableaux
celui de la chance et celui du malheur. Elle
fait vibrer toutes les cordes, celle du désir
et celle de la crainte.
I Elle vient d'Amérique, du pays d'où on
attend toujours l'oncle qui reviendra porteur
d'une fortune. elle a toujours infaillible-
ment réussi à tous les coups l'on gagne;
et elle ne vous fait pas languir: elle vous
donne rendez-vous avec le bonheur dès le
quatrième jour.
Vous n'êtes pas convaincu ? Alors pre-
nez garde. Un malheur vous menace si
vous rompez la chaîne. Et cet épouvantail
décide les hésitants au pensum des 25 co-
pies. La preuve que cela prend, c est qu'il il
faut faire appel aux plus hautes autorités
pour détromper les naïfs.
Un jour l Echo de Paris (3) publia cette
rassurante information
« Miss Sigrid Unset, la grande roman-
cière norvégienne, s'élève contre les supers-
titions par trop idiotes, comme celles
des chaînes le lettres. « J'en ai brisé
20, écrit-elle, et il ne m'est jamais rien
arrivé de désagréable, et je préférerais
subir, sur mes vieux jours, toutes sortes d&
chagrins que de me plier à une aussi humi-
liante habitude. n
La chaîne de lettres pouvait suffire pour
un vain peuple. Il fallait autre chose pour
les bonnes âmes. Ce fut la chaîne des
prières.
Ces noms de Lourdes et de sainte
Thérèse agissent comme un prestige. Et
puis, après tout, n'est-ce pas une heureuse
réalisation du message évangélique et des
recommandation de saint Paul sur la prière
il faut prier sans interruption, sine intermis-
sione orale (4). Et même n'y pourrait-on pas
voir une sorte de prière commune, d'une
communauté au moins spirituelle, de cette
prière commune à laquel est promise dans
l'Evangile la présence et l'assistance du
Médiateur tout puissant « Là où deux ou
trois sont assemblés en mon nom. je suis
au milieu d'eux. n (5) Que de bonnes ré-
férences auprès des masses catholiques qui,
à défaut d'une foi éclairée, ont tout de
même des réminiscences de leur catéchisme
ou du prône de M. le curé 1
Cela vient à point achever l'effet des
promesses de bonheur ou des perspectives
de représailles du destin sur de pauvres
êtres qui restent toute leur vie les enfants
• apeurés par les histoires de revenants en-
tendues à la veillée.
Pourtant, il faut vraiment s'évertuer pou)
t trouver une explication psychologique de 1-a
créance de tant de braves gens à ces pa-
piers saugrenus. Comme disait quelqu'un
k Si je n'avais le plus grand respect poui
(3) 8 mai 1930.
(4) Luc, XVIH, 1 et Thess., v, 17.
(5) Matth., xviii. 20.
qui la tirent peut-être de là, une fontaine
donne la force. C'est celle de sainte Can-
dide ou Nennok, dont Cambry, dans son
Voyage dans le Finistère, signale la fraî-
cheur, le curieux bouillonnement et l'étiage
toujours semblable des eaux, été comme
hiver. On y plonge la petite chemise du
bébé, souffrant de langueur, ou bien l'en-
fant lui-même, ainsi que Brizeux le fait
dire à une mère, au chant IV des Bretons
Là je trempai son corps tout nu dans la
[fontaine,
C'était au mois de mai, le jour naissait peine
Je regardais ses pieds pour juger de son sort.
Mais il les allongea d'une façon si gentille
Qu'on eut dit, dans la source, une petite
[anguille.
Même usage à Plogastel (fontaine de
Saint-Languis), à celle de Saint-Tugdual,
en Combrit, où un recteur tenta d'interdire
le bain glacial infligé, en plein hiver, à des
enfants encore à la mamelle. Ce fut en
vain. Douter du bienfait de l'eau serait, en
effet, douter des principes essentiellement
curatifs des eaux des fontaines, renforcées,
parfois, de l'attouchement d'une relique
périodiquement plongée dans leur sein, au'
jour du Pardon Goulven, Lanhouarneau
(Saint-Hervé), en offrent des exemples.
Ainsi, en pays breton, se trouvent, de fon-
taine en fontaine, pourchassé» tous les maux
contre lesquels
le pauvre a ses ressources
Pour lui, Dieu n'a-t-il point amassé l'au des
[sources ?
(Brizeox, chant VI.)
Et il arrive qu'au bord de certaine! fleu-
risse une gracieuse légende. A la plus im-
portante des trois fontaines avoisinant la
I chapelle de Notre-Dame-des-Fontaines -ou
de la Trinité, à Gouëzec, s'épanouit celle
d'un indigent dont la femme vient de mourir
en donnant le jour, à deux jumeaux. Déses-
péré, le pauvre homme, bien décidé à les
y noyer, apporte-là les frêles créatures dans
une corbeille d'osier. Cependant, avant
d'accomplir son œuvre de mort. il dépose
i sur la dalle son léger fardeau et s'absorbe
j en une oraison fervente. Tandis qu'il prie,
i une belle dame lui apparaît. Marie car
de qui, sinon de la Mère pitoyable, vien-
les institutions de mon pays, j'imaginerais 1
volontiers que cette « chaîne » a été forgée le
par l'administration des P. T. T. pour
augmenter les recettes du budget auto- I
nome. » 1
Car enfin, ces lettres, missives et eu-
culaires, suintent de partout leur origine
louche et la superstition.
Ce sont des lettres anonymes.
Et que fait-on des lettres anonymes ?
Tout simplement on les déchire et on les
jette impitoyablement à la corbeille à pa-
piers. Quelle foi donner à des correspon-
dants qui n'ont pas le courage de signer ce
qu'ils écrivent, qui redoutent qu'on leur
demande des explications, qui se dissimu-
lent pour cette raison sous l'anonymat ?
S'ils ont la foi dans leur recette, s'ils en
ont fait la preuve, s'ils ont à cœur d'en
faire bénéficier leurs amis et connaissances,
ils seraient trop heureux de se faire con-
naître, afin qu on leur en sache gré. Puis-
qu'ils ne se dévoilent pa», c'est que c'est
faux, ou du moins qu'ils doutent et qu'ils
satisfont à une corvée par peur de briser la
chaine, de s'attirer un malheur, de tomber 'r
sous le mauvais sort. Et pareille attitude de
duperie consciente ou de faiblesse de carac-
tère ne mérite que le mépris des gens
droits et sensés.
Et quelles garanties décisives ce* ano-
nvmes donnent-ils à l'infaillibilité de leur
parole Les belles raisons évangélique» j
que nous tâchions d'imaginer tout à heure ?
Non pas mais la vertu magique des
chiffres. II faut recopier la circulaire 4 fois,
l'adresser à 25 personnes, lui faire faire
I fois le tour du monde, et le quatrième
jour on verra ce qu'on verra.
Nous avons tous la plus haute idée de la
certitude mathématique. mais nous tenons
aussi ferme qu'il n'y a rien de plus indif-
férent et de plus neutre qu'un chiffre Un
chiffre, c'est le signe de l'indifférence
même. Quand on a dit du soldat qu'il n'est
plus qu'un numéro matricule ou d'un malade
à l'hôpital qu'un numéro de salle, on a tout
dit. Les chiffres n'ont ni tête^ ni cœur,
ni poésie. N'attendont pas d'eux qu'ils
nous soient fastes ou néfastes, heureux ou
malheureux, favorables ou fatidiques.
Ces chaînes de lettres ou de prières en
sont la preuve. Elles ne reproduisent pas
toutes les mêmes chiffres invariables
3 copies, 25 destinataires. 3 tours du
monde. Il changent suivant les correspon-
i dances. Toute la série des unités y passe.
A ce compte celle des dizaines, des cen-
taines des mille pourraient y figurer pa-
reillement, n'était leur trop grand nombre.
Tous les chiffres sont donc également
heureux. ou malheureux, c'est-à-dire tota-
lement indifférent». Pure coïncidence. Ja-
mais lien de cause à effet.
Témoin le roi des chiffres fatidiques, le
13. Pour les uns c'est la guigne et pour
les autres un porte-bonheur des «upersti-
tieux ne s'assoiront jamais à une table de
13 et les superstitieux achèteront leut
dixième de la Loterie nationale le 13.
H faut donc, sans hésiter, classer ces
chaines de bonheur dans la catégorie su-
perstition, qui est « le péché de ceux qui
attribuent à certaines actions ou à certains
objets une puissance que Dieu n'y a point
attachée », comme s'exprime notre caté-
chisme, dans l'espèce, le péché de ceux
qui attribuent à des chiffres une puis-
sance bienfaisante ou maléfique qu'ils
n'ont pas.
Et ceux-là, ce ne sont pas les croyants
convaincus, les chrétiens éclairés, les fi-
dèles instruits, mais les catholiques falots
et encore plus les incrédules. Le mot de
Pascal revient à l'esprit n Incrédule. les
I plu» crédules ». ou celui plus explicite de
Chateaubriand « On est bien près de tout
croire quand on ne croit plus rien. On a
des devins quand on n'a plus de prophètes.
des sortilèges quand on renonce aux céré-
monies religieuses, et l'on ouvre les antres
des sorciers quand on ferme les temples du
Seigneur. » (6) Et Brunetière en donnait
cette explication « On ne se débarrasse
pas du besoin de croire. La négation ne le
détruit pa» elle ne réussit qu'à le détra-
quer. On en peut bien quelque temps in-
terrompre le cours on ne saurait en des-
sécher la source. Si vous ne croyez pas au
surnaturel vous croirez au merveilleux
ej si vous ne croyez pas à l'esprit, vous
«roiréz à la matière, que d'ailleurs vous
ne connaissez pas davantage, et aux esprits
par-dessus le marché » u
(6) Génie du christianisme, III* partie,
livre V.
\j, culte Des fontaines en firetagpe
ûans ses rapports auec les anirnauX
drait un secours si opportun ? Marie,
donc, assure le malheureux père qu'il trou- I
vera, pour ses enfants, nourrice et protec-
trice. L'empreinte de la corbeille demeurée
sur la pierre continue de témoigner de la
céleste intervention qui sauva les nouveau-
nés.
A maintes fontaines, ainsi que l'observe
M. l'abbé Glory s'attache la renommée
d un oracle ayant trait au mariage. La Bre-
tagne a aussi les siennes, que les jeunes
filles consultent par le jet de l'épingle. En
Vannes, le ruisseau lui-même sert de truche-
ment à la biche de Sainte-Nennok qui,
surprise, au clair de lune, par des fiancés,
au moment où elle s'y abreuve, est, pour
ceux-ci, un fatal présage leur union ne
saurait avoir lieu, la princesse gaële les
voulant vierges comme elie. A Daoulas. la
fontaine de la Vierge, d après Toscer, dans
son Finistère pittoresque, découvre l'état
de l'âme cn grâce ou en péché, selon
qu'une brindille, détachée d'un chêne
voisin et qu'on y jette, atteint la niche ou
retombe dans l'eau celle de Saint-Efflam,
s'il faut en croire Anatole Le Braz, fait t
connaitre aux mari» jaloux si leurs soupçons
sont ou non fondés celles de Saint-ldunet
et de Saint-Gonyal, fixent le sexe du bébé
à naitre, selon que surnage plus longtemps
la petite chemise de fille ou celle de garçon
plongées en même temps celle de Saint-
I Léger, en Quimejc'h, permet, grâce aux
i évolutions dans l'eau d'une petite croix
faite de brindilles, de supputer les années
qui vous restent vivre.
Délaissant !e côté légendaire si prenant,
et sans aborder le terrain réservé de la
science, il est permis de se demander, avec
M. l'abbé Clory et tout les curieux de
Alors, sans hésitation, rompons la chaine,
c'est-à-dire, brûlons, déchirons ou jetons
au panier ces papiat* de loufoques, de pê-
cheurs en eau trouble, ou pour le moin*
d'enckaîneur» naïfs et peureux.
Ne soyons pas si simples que d'attacher
de l'importance à ces niaiseries et à ces
absurdités. N'imaginons pas manquer de!
respect à la Vierge de Lourdes ni à la'
vierge de Lisieux. Nous vengerons l'abus
qu on fait de leur nom.
Songeons à nous et songeons aussi à
l'honneur de l'Eglise, dont nous sommes
les membres et que nous représentons. Sur
le front ces missives ont circulé et circulent
parmi nos soldats. Car il y a aussi des gens
assez sot pour encombrer de ces lettres la
correspondance aux armées, et il y a aussi
des gens assez courts d'imagination et de
cœur qui n inventent rien autre pour sou-
tenir le moral du combattant. Dans un vit- 1-
lage d'Alsace, une de ces chaînes arriva
aux mains d'un pasteur protestant. Il la fit
passer à des catholiques avec cette simple
réflexion « Cela n'a pas cours chez
nous. » Mot cinglant, mais immérité, car
cela n'a pas cours non plus chez nous, chez
les vrais catholiques, chez ceux qui sont
catholiques de nom et de vie.
Ces vrais catholiques se souviennent
d'autres chaines qu'ils ont reçues et bien ¡
authentiquement du Sacré Cœur, de la
Vierge de Lourdes et de sainte Thérèse de
l'Enfant-Jésus, au nom de qui ont pré-
tend leur écrire.
Le Sacré Cœur Ipur a recommandé par
sainte Marguerite-Marie la chaine de com-
munions des premiers vendredis du mois. le
neuf premiers vendredis consécutifs. Celle-là
non plus il ne faut pas l'interrompre. Même
le désir de Notre-Seigneur est de nous voir
l'allonger tout au cours de notre vie tu
communieras aussi souvent que l'obéissance
te permettra de le faire, disait-il à sainte
Marguerite-Marie. Preuve que l'efficacité
j de cette pratique ne tient pas au chiffre
9. que ce chiffre représente un minimum,
qu'il peut créer l'habitude de la commu-
nion fréquente, dont il est un commence-
ment. C'est sur cette communion fréquente
et sur la parole de Notre-Seigneur que re-
pose notre confiance, car à cette commu-
nion il avait attaché déjà dan» son Evan-
gile les promesses de la vie éternelle
« Celui qui mange ma chair et qui boit
mon sang possède la vie éternelle et je le
ressusciterai au dernier jour. »
Notre-Dame de Lourdes tient aussi une
chaîne entre ses doigts elle ne se montre
à Bernadette que lorsque l'enfant prend la
chaîne dans ses mains l'apparition et la
voyante le déroulent ensemble. C'est le
chapelet. Et pour que ce chapelet forme
une louange perpétuelle à la Très Sainte
Vierge, pour qu elle réalise la prière sans
interruption de l'Evangile, afin qu'elle soit
la prière commune des âmes fidèle» disper-
sées mais unies par une même pensée
d'amour, ceux qui ont reçu les premiers de
la Vierge du Rosaire cette chaine de
louanges et de prières se sont faits dans le
monde les protagonistes du Rosaire vivant
et du Rosaire perpétuel. Et aucun de ces
rosariste» qui interrompe la chaine, parce
qu'ils savent qu'il» prennent la relève, afin
de puiser à cette source intarrissable les
grâces sans lesquelles notre pauvre monde
ne pourrait vivre.
Et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, la
Sainte du soutire de Dieu sur notre terre,
a renoué entre Dieu et les hommes ce que
saint Paul appelle la chaine de la perfec-
tion (7), l'amour, charitatem habele quod
est vinculum perf ectionis. Elle a dit et ré-
pété à des milliers de lecteurs de son His-
toire d'une âme « Vous désirez un moyen
pour arriver à la perfection, je n'en connais
qu'un seul, l'amour. Je comprends si bien
que l'amour seul est capable de nou»
rendre agréables au bon Dieu, que cet
amour est l'unique trésor que j'ambitionne
pour lui, ayant donné toutes mes richesses.
j estime n avoir rien donné. La science de
l'amour, je ne veux plus que cette science
là » (8) Grâce à elle, à son charme, à ses
miracles, Dieu a de nouveau attiré nombre
d'âmes par des chaînes d'amour, Iraham eos
in vinculis charitatii. (9)
Entre les chaîne» d'argent, de lettres et
de prières et les chaines de communions, de
chapelets et d l'amour^ on voit la différence.
Et les vrais croyants' ont fait leur choix.
i II» rompent les premières. et pour les
autres, ils enchaînent. ALPHONSE DAVID.
(7) Col., III, 14.
(8) Esprit de la bienheureuse Thérèse de
f Enfant-Jésus, c. I, c. VIII, etc.
(9) Oosée., XI. 4.
l'universelle panacée, le pourquoi de la
croyance au pouvoir singulier de l'eau
du besoin de le consacrer par un vocable
qui, avant d'être celui d'un saint, le fut
d'un dieu, d'une déesse, sources peut-être,
eux-mêmes, à l'origine. La source du Che-
val source de l'Hîppocrène, sur le mont
sacré de l'Hélicon, en Grèce jaillit, on
le sait, d'un coup de pied de Pégase, et
nos eaux thermales de Bourbon-l'Archam-
bault gardent le souvenir du dieu Borvo,
dont les linguistes rapprochent le nom du
verbe breton fceroi, bouillir, bouillonner.
La déesse-jument Epona ne se distingue
pas autrement de l'élément liquide qu'elle
incame. Si nous passons de l'antiquité
païenne et des affabulations celtiques au
judaïsme, nous voici en présence de la
fontaine probatique, guérisseuse du malade
qui se plonge en ses eaux à l'instant où
I ange, préposé à ce soin, en agite la sur-
face. Le christianisme, sorti en quelque
sorte par le baptême de Jésus des eaux
du Jourdain, a pu mettre en garde contre
un reste de paganisme. C'est ce que firent
les Conciles d'Aile* (452) et de Nantes
(508), cités par M. l'abbé Glory, aux-
quels, avec Donm Morice, s'ajoute le Con-
cile de Vannes (465). Mais il ne se posera
pas en contradicteur d'une tradition aussi
vieille que l'humanité. Seulement, l'eau
ne tirera plus ses vertus des divinités
païennes, elle se placera, résolument, cians
le concert de louanges de la créature à
son Créateur « Toutes les oeuvres du Sei-
gneur, bénissez le Seigneur. Fout1» les
eaux qui êtes au-dessus des cieux. bénissez
le Seigneur. Fontaines, bénissez le Sei-
gneur. a (Cantique des jeunes gens, DAN.,
ni.)
Diplomatie et stratégie dans le Pacifique sud
Les moyens de défense des puissances
européennes peuvent faire Réfléchir et hésiter le
Japon si ce pays, poussé à bout par
l'hostilité des blancs et des Chinois,
voulait tenter une aventure dans le Sud
De notre envoyé spécial
ES conséquences malencontreuses
pour le Japon de l'abrogation du
traité de commerce américano-ja-
ponais, et la ferme résolution des
Etats-Unis de ne point participer à une
guerre dans laquelle soit leur territoire,
soit leurs intérêts vitaux immédiats,
ne sont pas en jeu, peuvent faire pen-
ser à Tokio de profiter des préoccupa-
tions des puissances européennes pour
se lancer dans une aventure dans le
Pacifique Sud où se trouvent les ma-
tières premières tant nécessaires au
Japon.
Peut-on dire que les puissances euro-
péennes seraient à même de parer à la
menace qui pèse sur elles, ou plutôt sur
leurs possessions à la pointe de l'Asie ? '?
Essayons de démêler les éléments de ce
casse-tête.
Voyons tout d'abord les moyens mili-
taires dont disposeraient les puissances
européennes en Asie orientale. La Hol-
lande maintient dans les iles de la
Sonde quatre croiseurs, huit destroyers,
une quinzaine de sous-marins et une
flottille de mouilleurs de mines et de
dragueurs. Cette petite flotte est ap-
puyée sur l'excellente base navale de
Sourabaya, au nord de Java. qui com-
mande les passes vers Sumatra, Singa-
Un apostolat auquel
on n'a pas l'air de penser
« CHANSONS »
La guerre. les jours gris. les 1
abris sombres. les cantonnements
mouillés. pas de distractions rien à
faire et le cafard qui rôde. Com-
ment lutter ?
Et bien, mais. et les chansons ?
« Les chansons ? Pourquoi pas ?
On n'y a pas le cœur Allons donc:
On a fait la guerre, nous aussi. On a
eu notre misère tout comme vous. et
comment. voire notre cafard quelque-
fois. Et Bien, on a chanté. et cela
nous a distrait, et cela nous fait du
bien. »
Après la Marne, dans la montagne de
Reims-Verzy-Verzenay, pauvres élé-
ments éreintés d'une formation d'ar-
rière, rentrés les soirs d'automne dans
les cantonnements où l'on ne pouvait
avoir ni feu ni chandelle à cause de
l'ennemi, c'était le noir. Le noir de la
nuit et le noir dans les cœurs– Mais
que faire en un cantonnement sans lu-
mière, à moins que l'on ne chante Et
l'on, chanta.
Il y avait des voix fausses. mais il
y en avait qui étaient justes et belles,
et poussaient la romance il y avait
le « titi x, avec ses couplets drôles il
y avait celui qui ne savait pas chanter,
mais qui disait des monologues. Dans
l'ensemble, la note restait convenable,
et cela faisait passer une heure avant
de s'endormir.
« Y en a plus ? Non, c'est la der-
nière. Alors, on c pionce x.
Et l'on recommençait le lendemain
soir.
Plus tard, descendus des tranchées
pour les c grands repos de quinze
jours ou trois semaines ou même
moins, ce fut le triomphe de la chan-
son. Le soir, après la soupe, on allait
au bistro, et là, un ou deux chanteurs
commençaient la séance. Une chanson,
deux chansons, dix chansons défilaient.
Et il y avait des « spécialistes que
l'on connaissait bien.
Un surtout, que l'on appelait, dans
ce temps-là, c Caruso », du nom d'un
Italien célèbre. Tous les soirs il recom-
mençait. Il avait un vaste répertoire
et changeait de bistro chaque jour. Mais
ses fidèles le suivaient, et le café
choisi faisait toujours < salle comble ».
Ceux qui étaient attablés écoutaient
en silence ceux qui passaient dans la
rue s'arrêtaient et entraient dans la
salle toute bleue de la fumée des pipes.
Et une quête toujours fructueuse rem-
plissait le casque du chanteur de pièces
et de billets bleus.
Devant le succès, on eut des initia-
tives pour remplacer par des chansons
Désormais, s'il existe encore des fon-
taines hantées par quelque ci spouthail »
(épouvante), comme au Ménec, en pays
d Auray, dieux et « bonnes dames »,
Merlin et ses enchantements à la fontaine
de Baranton, en forét de Brocéliande, j
céderont la place aux saints, à la Vierge,
depuis une Notre-Dame de Tout-Remède
(Rumongol), la plus ancienne peut-être de
nos Madones bretonnes, jusqu'à la Vierge
de Lourdes qui, à l'autre extrémité de la
France, a, au siècle dernier, comme donné
le sceau céleste au culte millénaire de
l'eau en commandant expressément aux pè-
lerins du sanctuaire pyrénéen de venir, boire
et se laver à la fontaine jaillie, à sa parole,
sous les doigts de Bernadette. Ainsi légi-
timé, adapté à la religion chrétienne, le
culte de 1 eau, devenu d'ailleurs dans
le baptême matière sacramentelle, a con-
tinué, à travers les âges, son office salu-
taire. Nulle part, semble-t-il, plus qu'en
Bretagne, il n'a ses usagers, non seulement
l'homme, mais ses serviteurs à quatre
pattes chevaux, bêtes à cornes, chiens.
Les Pardons de chevaux
Cornouaille, Poher, Léon. Tréguier,
Goëlo, Vannes, ont !eurs Pardons de che-
vaux, anciens ou de création plus récente.
comme Baye, Guilligomarc'h. Mais, que
ce soit à Saint-Hervé en Gourin, à Plou-
daniel et Brelez en Léon, à l'ile Saint-
Gildas, face à Penvenam en Trégor, où les
cavalier» à marée basse rivalisent de vitesse
pour y accéder, entrant parfois à cette fin
dans le flot à peine 'étiré (de même qu'à à
l'île Saint-Maudez), à Saint-Gildas de
Camoët, en pays carhaisien, à Guiscriff,
où sont offerts en ex-voto des petits chevaux
pour, Bornéo, les Célèbes et les îles en 1
direction de la Nouvelle-Guinée. Plus à
l'Est, à Céram, la Hollande a construit I
une forte base aérienne dans la baie
d'Amboina, à mi-chemin entre les Cé-
lèbes et la Nouvelle-Guinée, entre Min-
danao. dans les Philippines, et Port-
Darwiu, en Australie. Une soixantaine
de puissants hydravions sont sta- j
tionnés à demeure à Amboina. Une
armée d'indigènes et d'éléments hol-
landais bien équipés, forte de
40 000 hommes et appuyée de 250 avions
militaires, offre une première ligne de
résistance, en attendant des renforts et
la constitution de milices parmi les
60 millions d'indigènes qui peuplent les
îles de la Sonde.
Il est vrai que, quelle que soit la lon-
gueur de la résistance des Hollandais,
ils ne pourraient tenir tète à eux seuls
indéfiniment aux Japonais. Mais l'An-
gleterre ne saurait permettre la con-
quête des iles de la Sonde qui neutra-
liserait la base de Singapour et ouvri-
rait la route à une invasion possible de
l'Australie et puis de la Nouvelle-Zé-
lande. Il est donc certain que celle-ci se
porterait aussitôt au secours des Hot-
landais. C'est pourquoi, depuis l'inaugu-
ration de la base de Singapour surtout,
de nombreuses Conférences militaires
eurent lieu entre Anglais et Hollandais
pour sauvegarder leurs intérêts com-
muns à la pointe de l'Asie.
Occupée en Europe, l'Angleterre ne
pourrait pas donner la plénitude de ses
movens à la défense des Indes orien-
jolies des refrains pas trop. litur-
giques. D'après mes indications, une
équipe se forma, qui fit elle aussi la
tournée des bistros. et ce fut un véri-
table apostolat de la c bonne chan-
son ».
« Vous v'ià, les gars ? chouette.
alors. Et on chantait» tout ce que
l'on savait de belles chansons. A bout
de textes, les permissionnaires en rap-
portaient d'autres.
Plus de chansons connues ? Alors, on
en fabriqua. Tout simplement. Et sur
tous les sujets. La mitrailleuse, le 7j,
les cantonnements, les cuistots, la
guerre et les poux. Et je vous assure
que c'était savoureux. Beaucoup même
de ces chansons eurent les honneurs de
l'impression dans les bulletins des ré-
giments ou les journaux de la tranchée.
Dans les grands repos, on montait des
séances entières où la chanson avait
sa large place.
On se souvient de l'entrain d'un Yves
de Joannis, dans la dernière guerre,
pour dérider ses hommes et leur re-
monter le moral par la chanson. Tous
les vicaires de patronages qui sont mo-
bilisés, et combien de curés, ont des
stocks considérables et intéressants
ne pourraient-ils pas les utiliser lar-
gement V
J. (ilIiEALDEAU.
*mm
En Egypte,
le vendredi tend à supplanter
le dimanche comme jour de
repos hebdomadaire
Un mouvement d'inspiration i»Iu-
mique semble se dessiner en Egypte, >o
vue de suhstituer le vendredi' \iu di-
manche comme jour de repos hehdi>-
rnadaire, C'est ainsi qu'il vient d'être
décidé que dorénavant tous les services
d'Etat seraient formés le vendredi, jour
religieux musulman. Jusqu'à présent,
certains services oftlciels fermaient le
dimanche. Peu de temps auparavant, un
arrêté du ministère du Commerce et de
l'Industrie avait déjà fixé au vendredi
au lieu du dimanche le jour de repos
hebdomadaire de certains marchés.
De son côté, la Chambre égyptienne
de commerce du Caire a décidé égale-
ment d'adopter le vendredi comme
jour de fermeture.
de bois à Plumeliau, à Merlévénez, au
Drennec. en Clohars-Fouesnant. ou tout
autre lieu sacré, le coup d'oeil, dans le
matin printanier, estival et même automnal,
bien que l'époque la plus généralisée soit
la Saint-Jean d'été, est des plus curieux,
de ce» pèlerins d'un genre spécial accourant
nombreux, par centaines, des fermes et des
village* Ils arrivent à nu, bien étrillé,
un flot de ruban à l'œillère, la* queue tressée
avec paille et ruban ou « caparaçonnés de
dentelles, de guipures blanches, posée» sur
des transparents de couleur. Ainsi les
décrit, à Merlévénez, Madeleine De»ro-
seaux,. dans Bretagne inconnue. En Poher,
la couverture du lit de laine verte fait tous
les frais.
Généralement, ces chevaux sont monté»
gars solides et décuplés du Léon, plus tra- j
pu» de Cornouaille, petits et maigres de la
Montagne, nerveux et fins de Vannes, tous
vêtus « hier » encore de leur costume na-
tional bleu (glazik) richement brodé, noir,
garni de larges velour ou sobre de tout orne-
ment, ainsi qu'en Poher.
Où que se déroule le Pardon, le rite dif-
fère peu, du moins dan» sa forme essen-
tielle. Le premier soin des cavaliers est de
faire opérer à leurs bêtes trois fois le tour
de l'église ou de la chapelle en marchant
contre le soleil, a eneo an heol », le»
dirigeant donc par le côté de l'Evangile,
pour finir par celui de l'Epitre, sens dif-
férent des processions ordinaires. Selon la
dévotion du lieu, ce rite a été précédé, de
la part du maitre de l'animal, d'une of-
frande au saint patron quelques pièce» de
monnaie, une poignée de crins, une queue
entière. Ces crins seront ensuite vendus aux
enchères, i.u profit de l'église.
Voici venu le moment de se rendre à la
fontaine. Le trajet s'effectue librement ou
] en procession. La pieuse cavalerie est
1 alors précédée, ou suivie, selon la coutume
de l'endroit, de« croix et bannière» que,
seuls, à l'exciusion des femme», les
hommes ont le privilège de porter ce jour-
là. Quelquefois, le tambour précède le
cortège, comme à Naiz in, pour ie rendre
aux trois fontaines de Saint-Côme, Saint-
Damien et de la Vierge. Il serait oiseux
d'insister sur le pittoresque de ce défilé où
tales. Mais, tout de même, en sacripant
Hong-Kong, qui pourrait occuper quel-
que temps ses assiégeants, elle dispose,
en Extrême-Orient, de dix croiseurs, un
mouilleur de mines, un porte-avlou et
une vingtaine de sous-marins. A cette
escadre, il faut ajouter sept croiseurs et
six destroyers autraliens et néo-ï«lan-
dais, Et comme, à l'heure actuelle, qui
parle de l'Angleterre uu de la France
fait entrer ces deux puissance* eu jeu,
il faut prendre en considération t'es-
cadre française d'Extrême-Orient, qui
se compose d'une demi-douzaine de
croiseurs, d'une dizaine de destroyers
et d'une quinzaine de sous-marins,
Les puissances européennes dispo-
sent donc de 27 croiseurs, 24 des-
troyers et 00 sous-marins, avec un
porte-avions et une nombreuse flottille
de gardes-cotes, canonnières, mouilleurs
de mines et dragueurs. Ce sont là des
effectifs qui ne sont pas négligeables,
surtout si l'on pense à la possibilité de
renforts venus de lit Méditerranée. De
plus, les baves de Singapour (Malaisie),
de Callm Hah (Indochine) et de Sourit-
baya (Java) sont admirablement équi-
pées pour protéger les escadres euro-
pécnnes, permettre des réparations, et
surtout pour leur fournir tout le com-
bustible et les munitions nécessaires
pour la protection des vastes mers in-
térieures qui baignent les colonies.
Il faut compter, en outre, sur les ex--
cellcnles escadrilles d'avions de Sin-
gapour et de l'Indochine, en plus de
celles des Hollandais et des renforts
aériens qui peuvent arriver des Indes
anglaises, et surtout des grandes bn*™s
britanniques du Proche-Orient. Enfin il
v a les régiments britanniques de Ma-
iaisie et les divisions indochinoises
formées autour des bataillons français
d'Extrême-Orient. Au Sud, l'Australie et
la Nouvelle-Zélande pourraient offrir
quelques renforts immédiats, tandis
que l'inépuisable masse d'hommes des
Indes anglaises ne laisserait jamais les
fortifications massées autour de
l'Equateur sans protection.
Avec ces moyens de défense mobiles,
les champs de mines qu'on sèmerait
aussitôt dans les eaux indochinoises et
les pas: es des Indes orientales servi.
raient de protection efficace, surtout
contre un ennemi venant de plus..de
trois millc kilomètres an Nord. Il fau-
drait. naturellement, nettoyer dès le
début toute fa région éqùaoriale de
vaisseaux japonais, et réoccuper l'Ile
Snratly, saisie par le Japon il y a près
d un an.
La défense une fois organisée et U.a
renforts prévus étant prêts ;'i se melir;
en route, la stratégie européenne com-
porterait la mise en a uvre d'autres élé-
ments non moins importants. Le pre-
mier serait de couper aussitôt toutes
les fournitures au Japon. Déjà émacié
par sa guerre en Chine, bloqué aux
Etats-Unis, le Japon n'aurait plus au-
cune source pour se procurer le pé-
trole nécessaire à ses armées, ses
avions et ses flottes. La protection et la
défense des ports hollandais de Ta-
rakan et de Balikpapan à Bornée se-
raient une des premières tâches à réa-
liser. car c'est de ces ports que partent
les exportations de pétrole des tlei de
la Sonde. Les mines, les sous-marins et
l'aviation, comme aussi leur éloigne-
ment des bases japonaises, les reu-
draient invulnérables.
Mais il y aurait en même temps une
a'itre carte à jouer celle de lu Chine.
Par la Birmanie, par l'Indochine,
agents, spécialistes et troupes peuvent
venir renforcer les résistances chi-
noises contre l'envahisseur japonais. 11
s'agirait de fatiguer davantage le Japon
en se servant de la Chine méridionale
comme d'un vaste rempart, et de pro-
téger l'Indochine surtout contre une
diversion venant de l'ile d'Haïnan ou
de la presqu'île de Pakhoi. Déjà dans
l'impossibilité d'en finir avec la Chine,
te Japon se verrait ainsi harcelé vers
l'arrière, et enfin totalement coupé de
toutes les matières premières néces-
saires à la prolongation de la guerre ou
à de nouvelles aventures dans les mers
équatoriales. Certes, au début des hos-
tilités surtout, les Japonais pourraient
faire main basse sur des Ilots français
ou anglais semés dans les mers océa-
niennes. Mais ces prises, toujours fa-
ciles en partant des Bases japonaises
des Carolines, ne seraient guère utiles
au Japon et ne feraient qu'allonger ses
routes de communication. C'est a l'ouest
de Singapour que les puissances euro-
péennes recevront leurs renforts at
leurs ravitailelment or, ces régions
sr.nt bien au delà de la portée du Japon.
Tout compte fait, la situation, pour
délicate qu'elle soit, n'est pas du tout
désespérée. Il' faut jouer serré, être con-
fiant dans ses forces et dans son bon
droit.
Th. Gheeïtwood.
chevaux de races et d'usages différents, *ui-
vant le travail auquel ils sont soumis
trait ou selle et la contrée d'où ils
viennent souvent dè loin manifestent
chacun, d'après son caractère, ses habi-
tudes ou son absence de discipline. Le»
uns grave. tous le harnais de fête. le*
autre» s'ébrouant avec bruit. Quelques in-
soumis se permettent certaines façons, lan-
cent quelques ruades, avant de se décider
à prendre la file. Enfin, on arrive à la fon-
taine. Celle-ci, vaste ou de dimensions ie»-
treinte», peut être située au bord d'un che.
min, au milieu d'un pré, encaissée au bout
d'un étroit sentier. N'importe, de vieilles
femmes y »ont déjà à leur poste. Elles ont
descendu les degrés et. par-dessui le rau-
retin de pierre courant, à l'ordinaire, autour
du bassin, présentent aut cavaliers, contre
menue monnaie, de» écuelles pleines d eau
qu'il» déversent sur le dos, la croupe, le»
jambes, la poitrine, les oreillea de leur*
i destriers, en priant saint Eloi, le grand pa-
,tron des chevaux. Ainsi que tout à l'heure
autour du sanctuaire, c'est maintenant au-
tour de la fontaine que se feront )et trois
tous» rituels, toujours à l'encontre du soleil.
j Les prescriptions du pèlerinage yuvnpliet,
les bonnes bêtel prennent, en »en» inverse,
le chemin du retour pour la bénédiction qui
i va leur être donnée, sur le placitre même
de l'église.
¡ Tandis qu'elle s'y acheminent, deman-
dons-nous pourquoi le patronage de Mint
Eloi en pleine Bretagne bretonnante ? Qu«
vient faire là ce saint évêque de Noyon i
Mais qu'y viennent faire un saint Eutrope,
de très ancienne dévotion, assez populaire
pour avoir, à la Troméme de Locronsn, sa
tente de feuillage, au passage de la pro-
cession sexennale, un saint Sébastien, un
saint Laurent, un saint Isidore, portant même
larges braies, un saint Nicolas, un saint Ju-
i lien, un saint Roch un saint Antoine, accli-
j matés, eux aussi en Bretagne, au moins de-
puis les Croisades, soit comme patron* des
hôpitaux et refuges de pèlerins, soit comme
protecteur* dans le» épidémie»? Disons tout
de suite que ces saints doivent, pour la plu-
fart, leur naturalisation à l'ignorance popu-
t laire frappée d'une attorunce, telle la
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