Titre : Le Petit Troyen : journal démocratique régional ["puis" journal quotidien de la démocratie de l'Est "puis" grand quotidien de la Champagne]
Éditeur : [s.n.] (Troyes)
Date d'édition : 1889-01-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837632m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 janvier 1889 06 janvier 1889
Description : 1889/01/06 (A9,N2613). 1889/01/06 (A9,N2613).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG10 Collection numérique : BIPFPIG10
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Champagne-Ardenne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k43178244
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87978
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/03/2018
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Année. — N° 2613
JOURNAL QUOTIDIEN RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE RÉGIONAL
Dimanche 6 Janvier 1889
ABONNEMENTS
Aube et Départements limitrophes :
Un an, 18 francs. — Six mois, O francs. — Trois mois, 5 francs.
Autres Départements : Un an, 22 fr.; Six mois, il fr.; Trois mois, 6 fr.
jELso Wuméro s O Centimes
Administration & Rédaction : Rue T hiers, 126, T ROY ES
Directeur politique : GASTON ARBOUIN
INSERTIONS
Les Annonces sont reçues au Bureau du Journal
A Paris : chez AUDBOURG et O, 8, Place de la Bourse,
et dans les principales Agences de publicité.
. Nous avons publié hier, dans son en
tier, la proclamation que le général
Boulanger adresse aux électeurs de la
Seine. Cette première pièce du procès
électoral qui va se débattre le 27 jan
vier est appréciée à peu près de la mô
me manière dans toute la presse répu
blicaine. D’un autre côté elle ne paraît
pas avoir obtenu une approbation com
plète chez les réactionnaires. Le géné
ral semble s'amuser à les taquiner avec
ses déclarations républicaines, mais
en revanche les rassure en glissant
sur les détails du programme républi
cain, entre autres la séparation de l'E
glise et de l’Etat et la suppression du
budget des cultes. Ces « gages > leur
paraissent suffisants. Aussi le Gaulois
parlant des conservateurs des départe
ments qui ont voté pour Boulanger
< sans rien abdiquer de leurs préféren
ces et de leurs espérances », ajoute :
« Les braves gens de Paris ne sont pas
plus bêtes que les braves gens de pro
vince. Ils savent où ils veulent aller ;
ils iront n’importe avec qui et n’im
porte comment. L’important est qu’on
arrive. » C’est canaille, dirait Gavro
che, mais c’est sincère.
-La presse républicaine n'a pas eu de
peine à crever le ballon vide de la pro
clamation bonlangiste. Elle fait ressor
tir d’abord que le « moi » dans l'ap
pel aux électeurs prend des proportions
nouvelles et extravagantes. Il traite dé
sormais de puissance à puissance. Son
sabre devient un épouvantail quand il
le remue dans le fourreau. La Justice
revoit dans le général chromo une pale
copie du général Boum-Boum, qui se
croit aussi terrible que le fantasque per
sonnage d’opérette. Le Radical appuie
sur la note charlatanesque que pousse
Boulanger dans son appel aux Pari
siens.
Dans la presse modérée le sentiment
est à peu près le même, la République
française fait remarquer que dans son
factum Je général Boulanger « s’abs
tient avec le plus grand soin do répon
dre aux questions précises qui lui ont
été posées sur la laïcisation, sur le ser
vice militaire, etc. », ménageant ainsi
Içs conservateurs par des sous-entendus
significatifs.
Cependant dans la presse opportu
niste, on peut remarquer une gêne
très caractérisée. On sait avec quelle
fureur réactionnaire les inspirateurs
du parti ont dénigré l’œuvre républi
caine ; la campagne entreprise par les
Challemel-Lacour, les Ferry, les Rci-
nach, ces enragés de modérantisme,
•avait pour but d'augmenter le nombre
«les mécontents, et certainement devait
avoir pour effet de grossir les rangs
des boulangistes. C’est la conséquence
fatale de la dénigration systématique
qu’ils ont entreprise de tout ce qu’a
luit la République et de toutes les ré
formes qu’il lui reste à accomplir. Le
moment est arrivé où la preuve peut
être faite de la complicité morale du
boulangisme et de l'opportunisme.
D’ailleurs, que proposait dernière
ment un journal ferryste qui donne le
mot d’ordre à la presse opportuniste
de province ?
Le Parti National, dont les atta
ches au parti opportuniste militant
sont notoires, recommandait l’autre
jour l’abstention, c’est-ù-dire l’abdica
tion.
Pour donner encore un exemple de
l’attitude déplorable dos modérés, il n’y
a qu’à lire le journal de M. Ribot, les
Débats. On pourrait supposer que cette
feuille qui passe pour traiter sérieuse
ment la question à l’ordre du jour, jus
tement préoccupé de la situation que crée
à Paris la candidature Boulanger, soit
prête à s’en alarmer. Point du tout.
Le journal de M. Ribot traite cette
question brûlante par le dédain : « Tout
cela n’est ni bien nouveau,ni digne d’être
pris au sérieux, disent les Débats en
parlant du manifeste Boulanger. Il n’y
a qu’à enregistrer cette déclaration, à
constater qu’elle ne vaut pas la peine
d’être discutée. » Voilà, certainement,
un moyen bien opportuniste de se dé
barrasser d’une question gênante.
Quant à discuter, d’un autre côté, la
question d’un candidat, le journal mo
déré n’en souffle mot. On n’aurait qu’à
proposer un radical. Mieux vaut, dans
l’intime pensée des opportunistes, le
triomphe d’un général armé du sabre
d’un dictateur, que le succès d’un can
didat radical qui, seul, cependant peut
être opposé à Boulanger.
Le temps est pressant. Le choix du
candidat devrait être arrêté. Il faut
mettre un nom devant cet X, candidat
inconnu dont on parle tant. M. Ranc
dit bien « qu’il s’appellera le candidat
de la République et que cela suffit ».
Non, cela ne suffit pas. Il est nécessaire
qu’un nom surgisse, et ce nom doit être
celui d’un citoyen dévoué à la cause
du progrès, digne de Paris, digne de
la cause sociale.
Léon Picard.
PAR FIL SPÉCIAL
INFORMATIONS DIVERSES
Paris, 4 janvier.
Une interpellation
On croit que M. de La Porte, sous-secrétai
re d’Etat aux colonies, sera l’objet d’une inter
pellation au sujet du discours de M. Richaud,
gouverneur de l’Indochine.
Le journal « la France » et le préfet de
police
La France annonce qu’elle va poursuivre
M. Lozé, préfet de police, devant les tribu
naux, parce que les agents ont arrêté, hier
soir, les cricurs qui vendaient La France con
tenant un appel de M. Boulanger aux élec
teurs.
Une nonciature à Pékin. — Nouvelle
inexacte
Contrairement à une nouvelle publiée par
un journal italien, il est inexact que le gou
vernement français ait pris des engagements
avec le Saint-Siège au sujet des négociations
engagées par le pape aveq la Chine pour l’éta
blissement d’une nonciati»re à Pékin.
Une candidature radicale dans la
Côte-d’Or
On annonce, dans la C<)ie-d’Or, la candida
ture radicale du docteur Carillon, déjà candi
dat dans le même département en 1885 et
ayant réuni sur son nom un nombre considé
rable de suffrages.
M. Pâte nôtre
C’est vers le milieu du mois courant que M.
Patenôtrc, récemment nommé à la légation
française du Maroc, partira pour Tanger.
Un cboulement. — Doux hommes
ensevelis
Une dépêche de Blois annonce un éboulc-
ment qui s’est produit dans une sablonnière
de la ligne de Tours à Sarge. Deux hommes
ont été ensevelis. Les détail* manquent.
Nos agents diplomatiques
Tous les ambassadeurs ou ministres pléni
potentiaires français actuellement en congé
ou de passage à Paris rejoindront leur poste
dans le courant de ce mois.
L'importation des blés russes en
Allemagne
La Gazette libérale de Berlin annonce que
de nouvelles mesures doivent être prises con
tre l’importation des blés russes.
Le conseil fédéral de l’empire a décidé qu’on
ajouterait à l’avenir dans les statistiques des
douanes la mention indiquants"! le bîéimporté
est de provenance russe ou non.
Une explosion de grisou
On télégraphie de Madrid •u.u’une explosion
de grisou a tué 27 ouvriers êt-Messé un grand
nombre dans la mine Esperanza, province
d’Oviedo.
Une épidémie de tlèvre jaune
L’épidémie de fièvre jaune" continuant dans
file de Santa-Cruz (Canaries), le gouvernement
espagnol a nommé une comrnission de méde
cins pour combattre le fléau qui a déterminé
l’émigration de 4,009 habitants sur 5.000'que
compte l’iie.
Les Chambres prussiennes
L’ouverture des Chambres prussiennes est
fixée au 14 janvier.
L’ÉLECTION
OE jpA
SEINE
Réunion, du congrès républicain
Paris, 4 janvier. — Le congrès républicain
se réunira dimanche à une heure pour dési
gner un candidat à opposer au général Bou
langer.
La question reste donc entière, mais on
semble croire que le nom rie M. Jacques, pré
sident du conseil général de la Seine, est celui
qui prévaudra. En outre, le comité de la rue
Cadet se réunit ce soir.
GRAND «EIL MITAIHE A BERLIN
Berlin, 4 janvier. — Le général de Wander-
séc, chef du grand état-major a convoqué a
Berlin tous les commandajits de corps d’ar
mée de l’empire.
C’est demain probablement et les jours sui
vants qu’aura lieu le grand conseil militaire
auquel prendront part ces commandants de
corps et le maréchal Moltke.
L’empereur Guillaume présidera. Il est évi
dent que de graves questions seront discu
tées.
11 est à remarquer que c’est la première fois
que tous les commandants des corps d’armée
de tout l’empire sont ainsi convoqués.
LA SANTÉ DE
Mauvaises nouvelles
Paris, le 4 janvier. i — On mande de Mu
nich qu’on a de mauvaises nouvelles relatives
à la santé du prince de Bismarck. Elles sont
de nouveau confirmées par la presse indépen
dante.
Le Vaterland dit que les voyages répétés
du docteur Schweninger à Friedrischruhe con
firment les mauvaises nouvelles au sujet de
la santé du chancelier, et il ajoute que ses
renseignements particuliers lui permettent
de dire qu’à Berlin on est très inquiet à ce su
jet, surtout parce qu’on se demande quel sera
l’homme capable de succéder au prince de
Bismarck
TREMBLEMENTS DE TERRE
Huit personnes tuées. — Nombreux
blessés
Paris, 4 janvier. — On mande de New-York
que des avis de Managua (Nicaragua) annon
cent que des tremblements de terre ont eu
lieu à San-José et Oosta-Rica le 29 décembre,
et à Alajuela le 30. Huit personnes ont été
tuées. Il y a eu en outre un nombre considé
rable de blessés. Des églises et d’autres édifi
ces publics ont été fortement endommagés.
On attribue ces tremblements au volcan
Poaz. situé dans le voisinage d’Alajuela.
Ef¥iIN-PACHA
Les madhistes à Bahr-el-Gayel. — Le pacha
blanc
On mande du Caire, 3 janvier :
Un soldat égyptien est arrivé à Wadyhalfa ;
il venait d'Ondurman d’où il est parti le 23 oc
tobre dernier.
11 rapporte que le Mahdi avait envoyé six
mille hommes à Babr-el-Gazel sur des steamers.
Un de ces vapeurs, est revenu, annonçant la
défaite des derviches parEmin.
Ce soldat ajoute qu’Emin est le pacha blanc,
et qu’au moment où il a quitté Ondurman, on
n’avait aucune autre nouvelle du Sud.
TROUBLES EN NOUVELLE-CALÉDONIE
On annonce de Nouvelle-Calédonie que des
bandes de déportés tiennent la brousse et se
signalent par de nombreux méfaits.
A la Dumbia et à la Ouaménie, elles ont
commis deux assassinats et la poursuite de
ces malfaiteurs a donne lieu à un malheureux
accident.
La gendarmerie et des surveillants étant à
la poursnite des évadés. le surveillant Fous
sard se mit à l'affût dans un gourbi ; les gen
darmes arrivant et ignorant la position prise
par Foussard, crurent que le gourbi était oc
cupé par «m déporté et firent fett sur le sur
veillant militaire qui a cte blessé très griève
ment.
P80PÔrDE_GlilLLAlilB II
Aux réceptions du jour de l’Aa. —
A l’armé 3
On mande do Berlin, 3 janvier.
Lors de la réception des généraux par l'em
pereur Guillaume, le jour de l’An, le maré
chal de Moltke a exprimé à l’empereur les fé
licitations de l’armée.
L’empereur serrant la main du maréchal,
lui a dit en substance, qu’il garderait un sou
venir ineffaçable de ce jour qui rassemblait
autour de lui les représentants de l’armée, et
qu’il espérait que les chefs militaires lui ap
porteraient leur concours avec la môme fidé
lité et la même conscience dont ils avaient
fait preuve du vivant de son grand-père.
Les voyages du souverain
Au cours de la réception des ambassadeurs,
î’empereura déclaré qu’il n’avait pas l’inten
tion de faire prochainement des nouveaux
voyages en Europe et qu'aucune décision n’est
prise relativement à la date de laquelle les
souverains auprès desquels il s’est rendu l’au
tomne dernier lui rendront visite.
On sait déjà, à Berlin, que le voyage du roi
Iluinbevt, d’Italie n’aura pas lieu avant le mois
d’avril, l’empereur d’Allemagne désirant don
ner une revue et l'hiver n’étant pas favorable
pour cetto cérémonie militaire.
L’AFFAIRE MÛRIER-BAZAINE
Campagne allemande contre un diplomate
anglais. — Los confidences de Bazaine à
un allemand. —Le but de Bismarck : d’une
pierre trois coups.
La presse semi-officielle allemande, la Ga
zette de Cologne en tête, poursuit depuis as
sez longtemps de scs invectives et de ses ac
cusations sir Robert Morier, ambassadeur
d'Angleterre à Saint-Pétersbourg, où les jour
naux de M. de Bismark lui reprochent de con
trecarrer la diplomatie allemande auprès du
tsar.
La Gazette de Cologne avait déjà réchauffé
une vieille histoire en reprochant à sir Robert
Morier d’avoir, pendant la guerre de 1870-71,
alors qu’il était ministre d’Angleterre à la
cours de Hesse-Darmstadt, abusé des informa
tions que lui procurait sa position, pour faire
parvenir en France, spécialement au maréchal
Bazaine, par voie de Londres, les renseigne
ments qu’il recueillait sur les mouvements des
armées allemandes.
Sir Robert Morier ayant démenti formelle
ment, ccs accusations, dans une lettre adressée
au Times, le journal rhénan revient aujour
d’hui à la charge et publie les deux rapports
secrets du major de Deines, aide de camp de
l’empereur Guillaume, et, de 1881 à 1885, at
taché militaire d’Allemagne à Madrid, qu’une
dépêche de dernière heure nous signalait hier.
Ccs rapports n’ont pu être communiqués à
la Gazelle de Cologne que par ordre de M. de
Bismarck, qui mène toute cette campagne.
Le premier est de l’année 1880, époque où
M. de Deines se trouvait à Madrid en même
temps que sir Robert Morier et que Bazaine,
dont le témoignage suspect a servi de base à
tout ce scandale :
Une entrevue avec Bazaine
Madrid, 2 avril 1886.
J’ai l’honneur de vous faire le rapport sui
vant sur un entretien que j’ai eu récemment
avec le maréchal Bazaine :
Le maréchal m’a dit, entre autres, que, les
jours qui ont suivi le 13 août, il était resté
dans l’ignorance la plus complète de ce qui se
passait chez l’ennemi ; il lui semblait que lui,
le quartier général et l’état-major général
avaient un bandeau sur les yeux. Ni les mai
res, ni les paysans, ni les gardes forestiers
n’avaient fait leur devoir et apporté des nou
velles. 11 est vrai que les Lorrains étaient de
tout temps connus pour être de mauvais Fran
çais; vous connaissez le proverbe: Lorrain
malin traite (sic, pour traître à) Dieu et soi-
même (sic).
« La première nouvelle du mouvement fait
sur ma gauche par les Allemands et du passa
ge de la Moselle par eux, continua le maré
chal, je l’ai reçue par un télégramme du re
présentant de l’Angleterre à Darmstadt, le
même qui, jusqu’à présent, avait été ici (à
Madrid). »
Plus tard, j’ai provoqué encore une déclara
tion relative à ce fait. Le maréchal a dit tex
tuellement :
« Je ne savais rien de vos mouvements, jus
qu’à ce que l’ambassadeur d’Angleterre, M.
Morier, m’eût fait savoir que les Allemands
étaient près de Mars-la-Tour : ce n’était pas
exact, car il n’y avait que quelques cavaliers.
J'ai reçu ce télégramme par la voie de Lon
dres, le IG au matin. »
Le major Deines, questionné sans doute par
son gouvernement, il y a deux mois, est reve
nu sur ce sujet dans une autre lettre, écrite
de Vienne, où il est actuellement attaché mili
taire. Il confirme (12 novembre 1888) son pre
mier récit, nié par sir Robert Morier, et dé
clara que la conversation en question a été
tenue en présence d’un témoin, le ministre
prussien prince de Solms. et que fox-maréchal
français aurait plus tard renouvelé ses décla
rations dans une visite que le major allemand
lui fit lorsqu'il était souffrant d’une fracture
de la jambe.
II est à remarquer que Bazaine, qui avait,
postérieurement à sa déclaration de H386, em
prunté de l’argent à sir Robert Morier,-alors
ministre d’Angleterre à Madrid, lui avait juré
Feuilleton n° 14
LE SUPPLICE DE L'illAST
— Un crime! Des délicatesses envers
mari ! C’est lui qui est le voleur, c’est |
lui qui t'a prise à moi. Oh! je le liais, cet
homme ! . I
Il précipita sa course vers le clia-j
ieau.
IX
r II était dix heures et demie quand Nor- !
hert arriva sur la terrasse. Du liai! fort
éclairé partaient des éclats de voix et des '
rires. Avant d’entrer, il regarda par une
«les portes vitrées.
Peut-être, pensa-t-il, si elle est là, si je
la vois, serai-je plus calme, pourrai-je
partir.
Or, voici ce qu’il vit:
Tous les hôtes du château se trouvaient
réunis autour do la grande table et écri
vaient. M.de Maugeney, seul.étaitdebout
-derrière sa femme, l’air grave, un peu in
cliné vers elle.
Cette inclinaison, pour l’esprit enfiévré
«le Norbert, c’était comme une prise de
possession. Il lui semblait voir, dans cette
attitude, de la tendresse, un désir de
l'effleurer, de respirer le même air,
de s’imprégner de son parfum, de scs et-
Et peut-être, en effet, y avait-il un peu
de ces sentiments chez M. de Maugeney :
envoyant sa femme si tranquille, pres
que sereine, qui prenait part à des jeux
d’esprit, il était redevenu confiant et
se montrait plus tendre, plus empressé,
comme pour se faire pardonner son atroce
soupçon.
Quant à Paule, elle avait aux lèvres un
sourire stéréotypé, dans lequel André,
éperdu de jalousie, ne devina point la
contrainte. Il crut y voir le bonheur de
sentir à ses côtés son mari.
Il poussa la porte et entra.
On le salua pardesexclamations joyeu
ses ; mais à la vue de ce visage décom
pose, de ces yeux farouches, dans leurs
orbites creuses, meurtries, devant ce re
gard comme traversé de folie, ce bruyant
accueil se changea soudain en surprise
inquiète. On crut à un malheur.
Paule épouvantée, tremblante, se sou
leva sur sa chaise.
— Que vous est-il arrivé? s’écria Da-
verne.
A côté de lui, Madeleine, toute pale,
adressait à André un regard anxieux et
interrogateur. ,
— Rien, absolument rien, répondit Nor
bert qui essaya de sourire.
Mais dans ce sourire on sentait un ef
fort désespéré.
— Vous n’avez pas dîné? questionna a
son tour M. de Maugeney.
— Ah! pardon... Je ne vous voyais
pas, balbutia André. Vous voilà de re
tour?
— Oui, j’ai brûlé la dernière séance du
conseil général.
Il s’avança vers André, et lui tendit la
main.
Paulo frémit de sentir derrière elle
ces deux hommes en face l’un de l’au
tre.
Toutefois cette sortede peur, de honte, |
de remords lut bientôt, dominée par fini-
mensejoic de le revoir, lui, de le sentir
auprès d’elle, sans se demander comment,
le lendemain, ils s’aborderaient, et com
ment se dénouerait ce drame.
— Vous ne voulez rien prendre? lui de-
mauda-t-elie avec une intonation presque
naturelle.
— Merci, Madame, je n’ai pas faim.
C’est pourquoi, ne mo sentant aucun ap
pétit, j’ai voulu essayer d’une nouvelle
promenade avant lediner. .l’étais loin de
penser qu’elle se prolongerait autant : je
me suis égaré.
Il dit cela par phrases hachées, la pa
role oppressée, indécise.
— Alors, asseyez-vous là, lui ordonna
Julia, en lui désignant une chaise à côté
d’elle. Nous venons «te terminer une par
tie de billard, et nous jouons aux petits
papiers ; un jeu pas neuf, mais toujours
drôle entre gens d’esprit, et que je pré
tends remettre à la mode.
Norbert s’assit à la place indiquée.
c’est-à-dire entre Madeleine et Julia, et en
face de Paule.
Quant à Mme de Jobardy, placée à
l’angle de la table, ayant à côté d’elle
son martyr, elle observait tour à tour
Paule et son mari. André et Made
leine.
Il ne sera pas dit, pensait-elle, que je
partirai d’ici sans savoir au juste de quoi
il retourne.
Tout à coup elle s’aperçut qu’Achille,
en écrivant, regardait en dessous Mme
Daverne. Elle glic.sa la main sous la table i
et le pinça fortement.
— De grâce, expliquoz-moi ce jeu-là,
demanda La Gàtinière, je suis tout à lait
novice en ces sortes de récréations inno
centes.
— Voici, répondit Julia : chacun écrit
sur l’un de ces petits carrés de papier, —
puisez au tas, Mesdames et Messieurs, —
une question, et jette ensuite ce papier
dans une urne quelconque. L'urne, c’est
ce chapeau. Allons, écrivez. Bon! voilà
qui est fait. Pais on môle les billets. Ga y
est. Alors, chacun en prend un. et est te
nu de faire une réponse aussi spirituelle
que possible à la question que le hasard
vient de lui adjuger.
— J’ui une idée, s’écria La Gàtinière,
en puisant dans le chapeau avec les au
tres.
— Ne dites donc pas de ccs choses-là,
mon ami, fit Julia.
11 y eut un silence pendant lequel cha
cun écrivit.
— Voilà un divertissement qui doit être
fertile en fièvres cérébrales, dit Made
leine, je ne trouve absolument rien.
- Daignez m'accepter pour collabora
teur, supplia Daverne.
— Volontiers, à la condition que vous
ferez toute la besogne.
— A présent, donnez vos réponses, re-
prit Julia.
Tous jetèrent leurs billets dans le cha
peau.
Elle mêla de nouveau les petits pa
piers. *
— Maintenant, prononça-t-elle, quelle
est la personne la plus candide de la
société ? C’est vous, La Gàtinière : vous
allez donner lecture de nos élucubra
tions.
Anatole salua très bas, et se mit en
devoir de déplier et de lire les petits pa
piers.
Pour la première fois, André, depuis
qu’il était assis, osa regarder Paule.
Leurs yeux so rencontrèrent. Paule en
reçut un choc qui l’ébranla, la terras
sa. Elle dut s’appuyer sur la table pour
dissimuler la défaillance de ses nerfs.
Quant à André, ce regard lui fit couler
des flammes dans les veines et oublier
tous ses remords.
m.-l. Gagneur.
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Autres Départements : Un an, 22 fr.; Six mois, il fr.; Trois mois, 6 fr.
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Administration & Rédaction : Rue T hiers, 126, T ROY ES
Directeur politique : GASTON ARBOUIN
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Les Annonces sont reçues au Bureau du Journal
A Paris : chez AUDBOURG et O, 8, Place de la Bourse,
et dans les principales Agences de publicité.
. Nous avons publié hier, dans son en
tier, la proclamation que le général
Boulanger adresse aux électeurs de la
Seine. Cette première pièce du procès
électoral qui va se débattre le 27 jan
vier est appréciée à peu près de la mô
me manière dans toute la presse répu
blicaine. D’un autre côté elle ne paraît
pas avoir obtenu une approbation com
plète chez les réactionnaires. Le géné
ral semble s'amuser à les taquiner avec
ses déclarations républicaines, mais
en revanche les rassure en glissant
sur les détails du programme républi
cain, entre autres la séparation de l'E
glise et de l’Etat et la suppression du
budget des cultes. Ces « gages > leur
paraissent suffisants. Aussi le Gaulois
parlant des conservateurs des départe
ments qui ont voté pour Boulanger
< sans rien abdiquer de leurs préféren
ces et de leurs espérances », ajoute :
« Les braves gens de Paris ne sont pas
plus bêtes que les braves gens de pro
vince. Ils savent où ils veulent aller ;
ils iront n’importe avec qui et n’im
porte comment. L’important est qu’on
arrive. » C’est canaille, dirait Gavro
che, mais c’est sincère.
-La presse républicaine n'a pas eu de
peine à crever le ballon vide de la pro
clamation bonlangiste. Elle fait ressor
tir d’abord que le « moi » dans l'ap
pel aux électeurs prend des proportions
nouvelles et extravagantes. Il traite dé
sormais de puissance à puissance. Son
sabre devient un épouvantail quand il
le remue dans le fourreau. La Justice
revoit dans le général chromo une pale
copie du général Boum-Boum, qui se
croit aussi terrible que le fantasque per
sonnage d’opérette. Le Radical appuie
sur la note charlatanesque que pousse
Boulanger dans son appel aux Pari
siens.
Dans la presse modérée le sentiment
est à peu près le même, la République
française fait remarquer que dans son
factum Je général Boulanger « s’abs
tient avec le plus grand soin do répon
dre aux questions précises qui lui ont
été posées sur la laïcisation, sur le ser
vice militaire, etc. », ménageant ainsi
Içs conservateurs par des sous-entendus
significatifs.
Cependant dans la presse opportu
niste, on peut remarquer une gêne
très caractérisée. On sait avec quelle
fureur réactionnaire les inspirateurs
du parti ont dénigré l’œuvre républi
caine ; la campagne entreprise par les
Challemel-Lacour, les Ferry, les Rci-
nach, ces enragés de modérantisme,
•avait pour but d'augmenter le nombre
«les mécontents, et certainement devait
avoir pour effet de grossir les rangs
des boulangistes. C’est la conséquence
fatale de la dénigration systématique
qu’ils ont entreprise de tout ce qu’a
luit la République et de toutes les ré
formes qu’il lui reste à accomplir. Le
moment est arrivé où la preuve peut
être faite de la complicité morale du
boulangisme et de l'opportunisme.
D’ailleurs, que proposait dernière
ment un journal ferryste qui donne le
mot d’ordre à la presse opportuniste
de province ?
Le Parti National, dont les atta
ches au parti opportuniste militant
sont notoires, recommandait l’autre
jour l’abstention, c’est-ù-dire l’abdica
tion.
Pour donner encore un exemple de
l’attitude déplorable dos modérés, il n’y
a qu’à lire le journal de M. Ribot, les
Débats. On pourrait supposer que cette
feuille qui passe pour traiter sérieuse
ment la question à l’ordre du jour, jus
tement préoccupé de la situation que crée
à Paris la candidature Boulanger, soit
prête à s’en alarmer. Point du tout.
Le journal de M. Ribot traite cette
question brûlante par le dédain : « Tout
cela n’est ni bien nouveau,ni digne d’être
pris au sérieux, disent les Débats en
parlant du manifeste Boulanger. Il n’y
a qu’à enregistrer cette déclaration, à
constater qu’elle ne vaut pas la peine
d’être discutée. » Voilà, certainement,
un moyen bien opportuniste de se dé
barrasser d’une question gênante.
Quant à discuter, d’un autre côté, la
question d’un candidat, le journal mo
déré n’en souffle mot. On n’aurait qu’à
proposer un radical. Mieux vaut, dans
l’intime pensée des opportunistes, le
triomphe d’un général armé du sabre
d’un dictateur, que le succès d’un can
didat radical qui, seul, cependant peut
être opposé à Boulanger.
Le temps est pressant. Le choix du
candidat devrait être arrêté. Il faut
mettre un nom devant cet X, candidat
inconnu dont on parle tant. M. Ranc
dit bien « qu’il s’appellera le candidat
de la République et que cela suffit ».
Non, cela ne suffit pas. Il est nécessaire
qu’un nom surgisse, et ce nom doit être
celui d’un citoyen dévoué à la cause
du progrès, digne de Paris, digne de
la cause sociale.
Léon Picard.
PAR FIL SPÉCIAL
INFORMATIONS DIVERSES
Paris, 4 janvier.
Une interpellation
On croit que M. de La Porte, sous-secrétai
re d’Etat aux colonies, sera l’objet d’une inter
pellation au sujet du discours de M. Richaud,
gouverneur de l’Indochine.
Le journal « la France » et le préfet de
police
La France annonce qu’elle va poursuivre
M. Lozé, préfet de police, devant les tribu
naux, parce que les agents ont arrêté, hier
soir, les cricurs qui vendaient La France con
tenant un appel de M. Boulanger aux élec
teurs.
Une nonciature à Pékin. — Nouvelle
inexacte
Contrairement à une nouvelle publiée par
un journal italien, il est inexact que le gou
vernement français ait pris des engagements
avec le Saint-Siège au sujet des négociations
engagées par le pape aveq la Chine pour l’éta
blissement d’une nonciati»re à Pékin.
Une candidature radicale dans la
Côte-d’Or
On annonce, dans la C<)ie-d’Or, la candida
ture radicale du docteur Carillon, déjà candi
dat dans le même département en 1885 et
ayant réuni sur son nom un nombre considé
rable de suffrages.
M. Pâte nôtre
C’est vers le milieu du mois courant que M.
Patenôtrc, récemment nommé à la légation
française du Maroc, partira pour Tanger.
Un cboulement. — Doux hommes
ensevelis
Une dépêche de Blois annonce un éboulc-
ment qui s’est produit dans une sablonnière
de la ligne de Tours à Sarge. Deux hommes
ont été ensevelis. Les détail* manquent.
Nos agents diplomatiques
Tous les ambassadeurs ou ministres pléni
potentiaires français actuellement en congé
ou de passage à Paris rejoindront leur poste
dans le courant de ce mois.
L'importation des blés russes en
Allemagne
La Gazette libérale de Berlin annonce que
de nouvelles mesures doivent être prises con
tre l’importation des blés russes.
Le conseil fédéral de l’empire a décidé qu’on
ajouterait à l’avenir dans les statistiques des
douanes la mention indiquants"! le bîéimporté
est de provenance russe ou non.
Une explosion de grisou
On télégraphie de Madrid •u.u’une explosion
de grisou a tué 27 ouvriers êt-Messé un grand
nombre dans la mine Esperanza, province
d’Oviedo.
Une épidémie de tlèvre jaune
L’épidémie de fièvre jaune" continuant dans
file de Santa-Cruz (Canaries), le gouvernement
espagnol a nommé une comrnission de méde
cins pour combattre le fléau qui a déterminé
l’émigration de 4,009 habitants sur 5.000'que
compte l’iie.
Les Chambres prussiennes
L’ouverture des Chambres prussiennes est
fixée au 14 janvier.
L’ÉLECTION
OE jpA
SEINE
Réunion, du congrès républicain
Paris, 4 janvier. — Le congrès républicain
se réunira dimanche à une heure pour dési
gner un candidat à opposer au général Bou
langer.
La question reste donc entière, mais on
semble croire que le nom rie M. Jacques, pré
sident du conseil général de la Seine, est celui
qui prévaudra. En outre, le comité de la rue
Cadet se réunit ce soir.
GRAND «EIL MITAIHE A BERLIN
Berlin, 4 janvier. — Le général de Wander-
séc, chef du grand état-major a convoqué a
Berlin tous les commandajits de corps d’ar
mée de l’empire.
C’est demain probablement et les jours sui
vants qu’aura lieu le grand conseil militaire
auquel prendront part ces commandants de
corps et le maréchal Moltke.
L’empereur Guillaume présidera. Il est évi
dent que de graves questions seront discu
tées.
11 est à remarquer que c’est la première fois
que tous les commandants des corps d’armée
de tout l’empire sont ainsi convoqués.
LA SANTÉ DE
Mauvaises nouvelles
Paris, le 4 janvier. i — On mande de Mu
nich qu’on a de mauvaises nouvelles relatives
à la santé du prince de Bismarck. Elles sont
de nouveau confirmées par la presse indépen
dante.
Le Vaterland dit que les voyages répétés
du docteur Schweninger à Friedrischruhe con
firment les mauvaises nouvelles au sujet de
la santé du chancelier, et il ajoute que ses
renseignements particuliers lui permettent
de dire qu’à Berlin on est très inquiet à ce su
jet, surtout parce qu’on se demande quel sera
l’homme capable de succéder au prince de
Bismarck
TREMBLEMENTS DE TERRE
Huit personnes tuées. — Nombreux
blessés
Paris, 4 janvier. — On mande de New-York
que des avis de Managua (Nicaragua) annon
cent que des tremblements de terre ont eu
lieu à San-José et Oosta-Rica le 29 décembre,
et à Alajuela le 30. Huit personnes ont été
tuées. Il y a eu en outre un nombre considé
rable de blessés. Des églises et d’autres édifi
ces publics ont été fortement endommagés.
On attribue ces tremblements au volcan
Poaz. situé dans le voisinage d’Alajuela.
Ef¥iIN-PACHA
Les madhistes à Bahr-el-Gayel. — Le pacha
blanc
On mande du Caire, 3 janvier :
Un soldat égyptien est arrivé à Wadyhalfa ;
il venait d'Ondurman d’où il est parti le 23 oc
tobre dernier.
11 rapporte que le Mahdi avait envoyé six
mille hommes à Babr-el-Gazel sur des steamers.
Un de ces vapeurs, est revenu, annonçant la
défaite des derviches parEmin.
Ce soldat ajoute qu’Emin est le pacha blanc,
et qu’au moment où il a quitté Ondurman, on
n’avait aucune autre nouvelle du Sud.
TROUBLES EN NOUVELLE-CALÉDONIE
On annonce de Nouvelle-Calédonie que des
bandes de déportés tiennent la brousse et se
signalent par de nombreux méfaits.
A la Dumbia et à la Ouaménie, elles ont
commis deux assassinats et la poursuite de
ces malfaiteurs a donne lieu à un malheureux
accident.
La gendarmerie et des surveillants étant à
la poursnite des évadés. le surveillant Fous
sard se mit à l'affût dans un gourbi ; les gen
darmes arrivant et ignorant la position prise
par Foussard, crurent que le gourbi était oc
cupé par «m déporté et firent fett sur le sur
veillant militaire qui a cte blessé très griève
ment.
P80PÔrDE_GlilLLAlilB II
Aux réceptions du jour de l’Aa. —
A l’armé 3
On mande do Berlin, 3 janvier.
Lors de la réception des généraux par l'em
pereur Guillaume, le jour de l’An, le maré
chal de Moltke a exprimé à l’empereur les fé
licitations de l’armée.
L’empereur serrant la main du maréchal,
lui a dit en substance, qu’il garderait un sou
venir ineffaçable de ce jour qui rassemblait
autour de lui les représentants de l’armée, et
qu’il espérait que les chefs militaires lui ap
porteraient leur concours avec la môme fidé
lité et la même conscience dont ils avaient
fait preuve du vivant de son grand-père.
Les voyages du souverain
Au cours de la réception des ambassadeurs,
î’empereura déclaré qu’il n’avait pas l’inten
tion de faire prochainement des nouveaux
voyages en Europe et qu'aucune décision n’est
prise relativement à la date de laquelle les
souverains auprès desquels il s’est rendu l’au
tomne dernier lui rendront visite.
On sait déjà, à Berlin, que le voyage du roi
Iluinbevt, d’Italie n’aura pas lieu avant le mois
d’avril, l’empereur d’Allemagne désirant don
ner une revue et l'hiver n’étant pas favorable
pour cetto cérémonie militaire.
L’AFFAIRE MÛRIER-BAZAINE
Campagne allemande contre un diplomate
anglais. — Los confidences de Bazaine à
un allemand. —Le but de Bismarck : d’une
pierre trois coups.
La presse semi-officielle allemande, la Ga
zette de Cologne en tête, poursuit depuis as
sez longtemps de scs invectives et de ses ac
cusations sir Robert Morier, ambassadeur
d'Angleterre à Saint-Pétersbourg, où les jour
naux de M. de Bismark lui reprochent de con
trecarrer la diplomatie allemande auprès du
tsar.
La Gazette de Cologne avait déjà réchauffé
une vieille histoire en reprochant à sir Robert
Morier d’avoir, pendant la guerre de 1870-71,
alors qu’il était ministre d’Angleterre à la
cours de Hesse-Darmstadt, abusé des informa
tions que lui procurait sa position, pour faire
parvenir en France, spécialement au maréchal
Bazaine, par voie de Londres, les renseigne
ments qu’il recueillait sur les mouvements des
armées allemandes.
Sir Robert Morier ayant démenti formelle
ment, ccs accusations, dans une lettre adressée
au Times, le journal rhénan revient aujour
d’hui à la charge et publie les deux rapports
secrets du major de Deines, aide de camp de
l’empereur Guillaume, et, de 1881 à 1885, at
taché militaire d’Allemagne à Madrid, qu’une
dépêche de dernière heure nous signalait hier.
Ccs rapports n’ont pu être communiqués à
la Gazelle de Cologne que par ordre de M. de
Bismarck, qui mène toute cette campagne.
Le premier est de l’année 1880, époque où
M. de Deines se trouvait à Madrid en même
temps que sir Robert Morier et que Bazaine,
dont le témoignage suspect a servi de base à
tout ce scandale :
Une entrevue avec Bazaine
Madrid, 2 avril 1886.
J’ai l’honneur de vous faire le rapport sui
vant sur un entretien que j’ai eu récemment
avec le maréchal Bazaine :
Le maréchal m’a dit, entre autres, que, les
jours qui ont suivi le 13 août, il était resté
dans l’ignorance la plus complète de ce qui se
passait chez l’ennemi ; il lui semblait que lui,
le quartier général et l’état-major général
avaient un bandeau sur les yeux. Ni les mai
res, ni les paysans, ni les gardes forestiers
n’avaient fait leur devoir et apporté des nou
velles. 11 est vrai que les Lorrains étaient de
tout temps connus pour être de mauvais Fran
çais; vous connaissez le proverbe: Lorrain
malin traite (sic, pour traître à) Dieu et soi-
même (sic).
« La première nouvelle du mouvement fait
sur ma gauche par les Allemands et du passa
ge de la Moselle par eux, continua le maré
chal, je l’ai reçue par un télégramme du re
présentant de l’Angleterre à Darmstadt, le
même qui, jusqu’à présent, avait été ici (à
Madrid). »
Plus tard, j’ai provoqué encore une déclara
tion relative à ce fait. Le maréchal a dit tex
tuellement :
« Je ne savais rien de vos mouvements, jus
qu’à ce que l’ambassadeur d’Angleterre, M.
Morier, m’eût fait savoir que les Allemands
étaient près de Mars-la-Tour : ce n’était pas
exact, car il n’y avait que quelques cavaliers.
J'ai reçu ce télégramme par la voie de Lon
dres, le IG au matin. »
Le major Deines, questionné sans doute par
son gouvernement, il y a deux mois, est reve
nu sur ce sujet dans une autre lettre, écrite
de Vienne, où il est actuellement attaché mili
taire. Il confirme (12 novembre 1888) son pre
mier récit, nié par sir Robert Morier, et dé
clara que la conversation en question a été
tenue en présence d’un témoin, le ministre
prussien prince de Solms. et que fox-maréchal
français aurait plus tard renouvelé ses décla
rations dans une visite que le major allemand
lui fit lorsqu'il était souffrant d’une fracture
de la jambe.
II est à remarquer que Bazaine, qui avait,
postérieurement à sa déclaration de H386, em
prunté de l’argent à sir Robert Morier,-alors
ministre d’Angleterre à Madrid, lui avait juré
Feuilleton n° 14
LE SUPPLICE DE L'illAST
— Un crime! Des délicatesses envers
lui qui t'a prise à moi. Oh! je le liais, cet
homme ! . I
Il précipita sa course vers le clia-j
ieau.
IX
r II était dix heures et demie quand Nor- !
hert arriva sur la terrasse. Du liai! fort
éclairé partaient des éclats de voix et des '
rires. Avant d’entrer, il regarda par une
«les portes vitrées.
Peut-être, pensa-t-il, si elle est là, si je
la vois, serai-je plus calme, pourrai-je
partir.
Or, voici ce qu’il vit:
Tous les hôtes du château se trouvaient
réunis autour do la grande table et écri
vaient. M.de Maugeney, seul.étaitdebout
-derrière sa femme, l’air grave, un peu in
cliné vers elle.
Cette inclinaison, pour l’esprit enfiévré
«le Norbert, c’était comme une prise de
possession. Il lui semblait voir, dans cette
attitude, de la tendresse, un désir de
l'effleurer, de respirer le même air,
de s’imprégner de son parfum, de scs et-
Et peut-être, en effet, y avait-il un peu
de ces sentiments chez M. de Maugeney :
envoyant sa femme si tranquille, pres
que sereine, qui prenait part à des jeux
d’esprit, il était redevenu confiant et
se montrait plus tendre, plus empressé,
comme pour se faire pardonner son atroce
soupçon.
Quant à Paule, elle avait aux lèvres un
sourire stéréotypé, dans lequel André,
éperdu de jalousie, ne devina point la
contrainte. Il crut y voir le bonheur de
sentir à ses côtés son mari.
Il poussa la porte et entra.
On le salua pardesexclamations joyeu
ses ; mais à la vue de ce visage décom
pose, de ces yeux farouches, dans leurs
orbites creuses, meurtries, devant ce re
gard comme traversé de folie, ce bruyant
accueil se changea soudain en surprise
inquiète. On crut à un malheur.
Paule épouvantée, tremblante, se sou
leva sur sa chaise.
— Que vous est-il arrivé? s’écria Da-
verne.
A côté de lui, Madeleine, toute pale,
adressait à André un regard anxieux et
interrogateur. ,
— Rien, absolument rien, répondit Nor
bert qui essaya de sourire.
Mais dans ce sourire on sentait un ef
fort désespéré.
— Vous n’avez pas dîné? questionna a
son tour M. de Maugeney.
— Ah! pardon... Je ne vous voyais
pas, balbutia André. Vous voilà de re
tour?
— Oui, j’ai brûlé la dernière séance du
conseil général.
Il s’avança vers André, et lui tendit la
main.
Paulo frémit de sentir derrière elle
ces deux hommes en face l’un de l’au
tre.
Toutefois cette sortede peur, de honte, |
de remords lut bientôt, dominée par fini-
mensejoic de le revoir, lui, de le sentir
auprès d’elle, sans se demander comment,
le lendemain, ils s’aborderaient, et com
ment se dénouerait ce drame.
— Vous ne voulez rien prendre? lui de-
mauda-t-elie avec une intonation presque
naturelle.
— Merci, Madame, je n’ai pas faim.
C’est pourquoi, ne mo sentant aucun ap
pétit, j’ai voulu essayer d’une nouvelle
promenade avant lediner. .l’étais loin de
penser qu’elle se prolongerait autant : je
me suis égaré.
Il dit cela par phrases hachées, la pa
role oppressée, indécise.
— Alors, asseyez-vous là, lui ordonna
Julia, en lui désignant une chaise à côté
d’elle. Nous venons «te terminer une par
tie de billard, et nous jouons aux petits
papiers ; un jeu pas neuf, mais toujours
drôle entre gens d’esprit, et que je pré
tends remettre à la mode.
Norbert s’assit à la place indiquée.
c’est-à-dire entre Madeleine et Julia, et en
face de Paule.
Quant à Mme de Jobardy, placée à
l’angle de la table, ayant à côté d’elle
son martyr, elle observait tour à tour
Paule et son mari. André et Made
leine.
Il ne sera pas dit, pensait-elle, que je
partirai d’ici sans savoir au juste de quoi
il retourne.
Tout à coup elle s’aperçut qu’Achille,
en écrivant, regardait en dessous Mme
Daverne. Elle glic.sa la main sous la table i
et le pinça fortement.
— De grâce, expliquoz-moi ce jeu-là,
demanda La Gàtinière, je suis tout à lait
novice en ces sortes de récréations inno
centes.
— Voici, répondit Julia : chacun écrit
sur l’un de ces petits carrés de papier, —
puisez au tas, Mesdames et Messieurs, —
une question, et jette ensuite ce papier
dans une urne quelconque. L'urne, c’est
ce chapeau. Allons, écrivez. Bon! voilà
qui est fait. Pais on môle les billets. Ga y
est. Alors, chacun en prend un. et est te
nu de faire une réponse aussi spirituelle
que possible à la question que le hasard
vient de lui adjuger.
— J’ui une idée, s’écria La Gàtinière,
en puisant dans le chapeau avec les au
tres.
— Ne dites donc pas de ccs choses-là,
mon ami, fit Julia.
11 y eut un silence pendant lequel cha
cun écrivit.
— Voilà un divertissement qui doit être
fertile en fièvres cérébrales, dit Made
leine, je ne trouve absolument rien.
- Daignez m'accepter pour collabora
teur, supplia Daverne.
— Volontiers, à la condition que vous
ferez toute la besogne.
— A présent, donnez vos réponses, re-
prit Julia.
Tous jetèrent leurs billets dans le cha
peau.
Elle mêla de nouveau les petits pa
piers. *
— Maintenant, prononça-t-elle, quelle
est la personne la plus candide de la
société ? C’est vous, La Gàtinière : vous
allez donner lecture de nos élucubra
tions.
Anatole salua très bas, et se mit en
devoir de déplier et de lire les petits pa
piers.
Pour la première fois, André, depuis
qu’il était assis, osa regarder Paule.
Leurs yeux so rencontrèrent. Paule en
reçut un choc qui l’ébranla, la terras
sa. Elle dut s’appuyer sur la table pour
dissimuler la défaillance de ses nerfs.
Quant à André, ce regard lui fit couler
des flammes dans les veines et oublier
tous ses remords.
m.-l. Gagneur.
(A suivrej
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