Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1841-06-23
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 23 juin 1841 23 juin 1841
Description : 1841/06/23. 1841/06/23.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Aujourd'hui, à midi, le roi est venu à Paris et a présidé le conseil des
ministres. S. M. est ensuite retournée à Ncnilly. <
S. A. R. Mgr le duc de Nemours, accompagné de ses aides-de-camp et
officiers d'ordonnance, est arrivé hier à 3 heures au palais de Neuilly, venant
de l'expédition d'Afrique. •
M. le ministre de l'agriculture et du commerce doit partir le 25 pour al-
ler passer un mois aux eaux de Vichy. Il fera, dit-on, une tournée dans plu-
sieurs départemens du Midi, afin d'y constater les progrès de l'agriculture et
du commerce.
On lit daus le journal le Temps « Le gouvernement vient d'acquérir la
certitude que les bruits qui courent sur les projets de soulèvement des provin-
ces basques ne sont pas sans fondement. Les douaniers français ont saisi des
armes, des munitions, des effets d'équipement que des agens de don Carlos
cherchaient à faire pénétrer dans ces provinces. Dèi le 7 juin dernier, le géné-
ral Aroyo et un colonel avaient été reconnus malgré leur déguisement, et ar-
rêtés par la gendarmerie, dans un village où ils se cachaient. Ces faits doivent
exciter la sollicitude et la surveillance des deux gouvernemens. Il faut se hâter
de comprimer à l'initant des tentatives impuissantes sans doute, mais qui
pourraient cependant troubler encore la tranquillité dont l'Espagne a un si
grand besoin. 11 faut mieux prévenir que combattre une insurrection qui, de
notre part, nécessiterait vers la frontière des mouvemens de troupes toujours
dispendieux nous avons mieux à faire de nos soldats. »
• Onze de nos ambassadeurs et ministres se trouvent en ce moment s Pa-
ris en congé, et ont quitté, M. de Saint-Aulaire Vienne, Hl. Bresson Berlin,
M. de Dabnatie Turin, M. de Bussières Dresde, M. de Varennes, Lisbonne,
M. de Saint-Priest Copenhague, M. de Fontenay Stuttgardt, M. d'Eyragues
Carlsruhe, M. de Sercey Jspalian, M. de Bois-lc-Comte La Haye, M. de La-
rochefoucauld Dàrmsiadt. Les postes de Londres, de Tienne, de Berlin et
do Madrid sont vacans, et MM. de Barante, de Pontois, de Bacourt et de Tal-
lenay sont attendus incosfamment.
Nous recevons de M. Lambert une lettre, des terme» de laquelle il parait
ré.sulter que c'est à tort qu'on lui a attribué le compte-rendu, qui a paru dans
plusieurs journaux, de la séance dans laquelle MM. Gurney et Forster te sont
fait entendre et ont parlé des résultats do l'abolition de l'esclavage aux États-
Unis et dans les possessions britanniques.
M. le maréchal ministre de la guerre vient de. recevoir d'Alger la table
qu'Abd-cl-Kader avait fait placer au frontispice de la porte d'entrée de la ville
de Thaza, et que le corps expéditionnaire, commandé jiar le général Baraguey-
d'IIillicrs, en a enlevée; lors de l'occupation de cette ville, le 25 mai dernier.
.Voici la traduction de l'inscription, tracée eu caractères arabes sur cette table:
« Louanges à Dieu. La prière et le salut pour l'apôtre de Dieu.
» Cette ville da Thaza-a été réédifiéq, bâtie et peuplée par l'émir des croyans,
» notre seigneur EI-Haûj-Abd-el-Kader (Dieu lui donne la victoire!). Lorsqu'il
» y est entré, il a pris Dieu à témoin de son action et de ses penséei, et a dit:
» Dieu sait que cette œuvre restera dans la succession des temps comme un
» souvenir de moi. Car tous ceux qui se rapprocheront de moi l'an 1255 et qui
» s'empresseront vers cette terre fortunée, animés de l'amour de la paix, trou-
» veront l'exemple de mes bonnes œuvres jusques dans la postérité la plus re-
> culée. »
M. le ministre de la guerre a prescrit les dispositions nécessaires pour la con-
servation de ce monument..
-D'après une convention conclue entre la France et l'Autriche, à partir du
1er juin 1841, tout navire de commerce autrichien entrant en relâche forcée
dans un port du royaume y sera, à charge de réciprocité, exempté de tous
droits de port ou de navigation perçus ou à percevoir au profit do l'état, si les
cause» qui ont nécessité la relâche sont réelles et évidentes, pourvu qu'il ne se
livre, dans le port de relâche, à aucune opération de commerce, en char-
geant ou en déchargeant des marchandises; bien entendu toutefois que les dé-
chargemens et les chargemens motivés par l'obligation de réparer le navire,
son avitaillement et le traqsbordement de la cargaison, en cas de nécessité, ne
seront point considérés comme opérations de commerce donnant ouverture au
paiement des droits, et pourvu que la navire ne prolonge pas son séjour dans
le port au delà du temps nécessaire, d'après les causes qui auront donné lieu à
la relàGhe.
Un triste événement est arrivé hier au bois de Boulogne. Un des plus jeu-
nes avoués du tribunal de première instance, M". Prévost, qui avait succédé ré-
cemment à M. Crosse, se promenait au bois de Boulogne sur un, cheval qu'il
montait pour la première fois. Tout à coup ce choval s'emporte. Ainsi surpris,
M. Prévost n'eut pas ic temps de dégager son pied de., i'étrier, il fut renverse
et entraîné pendant plus de cinq minutes. Ce ne fut qu'avec beaucoup de peine
qu'on se rendit maitre du chovaf. M. Prévost fut relevé sans connaissau.ee, la
tête et la figure ensanglantées et couvertes de contusions1. 11 a dû être trans-
porté chez lui sur un brancard. Les soins les plus prompts lui ont été prodi-
gués mais son état inspire encore de sérieuses inquiétudes. Cet événement,
dont on s'entretenait aujourd'hui, a produit une vive sensation au palais, où
M. Prévost s'est déjà fait connaître sous l?s rapports les plus honorables.
Un accident qui pouvait avoir des suites funestes a eu lieu hier dans la
descente des Bons-Hommes à Passy. Les chevaux de la calèche où était M.
Thayer, membre du conseil-général, se sont emportés à la descente, M. Thaycr
est sauté à bas da la voiture et s'est fait de fortes contusions. Il est à déplorer
que 1 autorité ne songe pas à adoucir cette montée qui conduit au Ranelagh, au
bois de Boulogne et à St-Cloud, et où il passe chaque année. plus de 180,000
voitures-.de toute espèce. On est surpris de voir que le département de la Sei-
ne, qui a fait tant de travaux d'embellissemens, n'ait rien fait pour améliorer
une route aussi passagère et aussi dangereuse, car elle compromet journelle-
ment la vie d'un grand nombre d'habitans de la capitale. Nous ne saurions trop
appeler l'attention du préfet et du conseil-général sur cet objet.
Départemeni. Charente. Saintes. La cour d'assises de
Saintes vient d'avoir, à juger une cause d'une horrible nature, et dans laquelle
le jury a déployé une sévérité inaccoutumée.
A la séance du 12 juin, le nommé François Coufiin était accusé d'avoir vo-
lontairement donné la mort à l'enfant, dont Marie Favrè, pauvre idiote, venait
d'accoucher. Cet. homme, originaire de l'Aveyron, se ̃trouvait à l'île-d'QIeron,
en qualité de tailleur de pierres il s'imposa » la confiance de la veuve Favro,
femme estropiée, mère d'une fille idiote et d'un autre enfant en bàs-àge, et qui,
̃ Du poison! du poison! dit-elle, affolléè et en entourant de ses bras le
petit Paul. Vous avez voulu me séparer de lui, je vous ai dit que cela me
ferait mourir; eh bien nous mourrons ensemble
Elle se jeta sur l'assiette de l'apothicaire, dévora le reste du potage qui
s'y trouvait, croisa les bras sur sa poitrine et attendit.
M. Rusconnets se hâta de prendre du contrepoison et d'en administrer
à sa femme des voisins accourus aux cris de désespoir qu'ils jetaient
arrêtèrent Françoise. Elle n'opposa aucune résistance les laissa faire
paisiblement et suivit les gendarmes qui vinrent la saisir.
Arrivée à la prison, on voulut lui faire prendre du contrepoison; elle
résista opiniâtrement, serra les dents et les lèvres, et ne céda à aucun des
moyens mis en usage pour la contraindre, quelque violens et opiniâtres
qu'ils fussent.
Apparemment, la dose d'arsenic qui se trouvait dans l'assiette n'était,
point assez forte pour tuer Françoise, car après être restée longtemps en-
tre l'existence et la mort, on parvint à la guérir et à la conserver vi-
vante à la justice.
Six mois après son crime, Françoise comparut devant la cour d'assises.
pendant les six mois passés en prison, avant de comparaître de-
vant la cour d'assises, Françoise avait semblé perdre le peu d'intelligence
qu'elle devait au mouvement de la vie domestique, l'air libre et à sa ten-
dresse pour le petit Paul. Elle restait, des journées entières, accroupie dans
un coin sombre de la geôle, ne songeait ni à boire ni à manger, laissait
prendre, par ses compagnes,,sa ration de pain et de, soupe, et ouvrait
stupidement des yeux effarés quand on lui adressait la parole. Elle n'op-
posait aucune résistance aux impitoyables mystifications dont la harce-
laient les mauvaises créatures, détenues avec elle. On la regardait généra-
lement comme une idiote. Personne n'avait de compassion pour elle; cha-
cun prenait ce qui lui convenait de ses misérables 'hardes. Quand vint le
jour d'aller au tribunal, il fallut que la geôlière lui prêtât quelques haillons
pour que l'accusée ne parût point demi-nue devant les juges.
Couverte d'une jupe en lambeaux, d'un corset qui ne valait guère mieux,
et les cheveux enveloppés d'un mouchoir rouge, elle arriva- au banc des
assises les pieds nus et téuthonteuse de se voir au milieu d'une' si grande
assemblée. Quand ses yeux, qui osaient se lever à peine, rencontrèrent,
parmi les témoins, l'apothicaire et sa femme, elle les salua de la tête,
• comme si elle n'eût point attenté à leur vie et ne prêta aucune attention
aux questions de l'avocat qu'on lui avait donné d'office. Ses yeux, ses pen-
pourvue de biens plus que suflisans pour l'aisance de la famille, vivait dans une
extrême gène il avait trouvé le moyen de se faire vendre, sans bourse délier,
tous les biens de cette femme, qu'il maltraitait ainsi que ses enfahs, en les as-
sujétissant aux travaux les plus rudes, et leur donnant à peiné de quoi vivre.
Cette fille idiote, qui; aux débats, n!a pu ni prêter serment, ni donner le
plus léger sigue d'intelligence, était devenue enceinte des œuvres de Couffin,
suivant ce que la mère a formellement déclaré, et ce que l'opinion publique
paraît avoir confirmé. Il a été révélé que, dans les jours qui ont précédé l'ac-
couchement, l'accusé donnait des coups de poing dans les lianes de cette mal-
heureuse fille pour lui procurer un avortement.
La mère a raconté que le soir de l'accouchement de sa fille, elle était allée
avertir Couffin, qui aurait pris l'enfant vivant, l'aurait précipité à terre et foulé
aux pieds.
Les médecins ont constaté que cet enfant, que Couflin avait enfoui dans le
fumier de son étable, avait les pariétaux aplatis, ce qui avait océasioné sa mort.
Déclaré coupable sans circonstances, atténuantes, cat homme a été condamné
à la peine de mort.
chek. M. Duvergier de Hauranne vient deréunir dans un banquet ISO des
électeurs de l'arrondissement de Sancerre. On assure qu'il adressera prochaine-
ment un pareil nombre d'invitations aux électeurs qui n'ont pu assister au pre-
mier banquet. •
finistèue. Brest. Le trois mâts l'Actif (suédois), de 30.0 tonneaux,
et monté par treizehommes d'équipage, venant du cap de Bonne-Espérance, est
arrivé à Brest le 19, avec 104 passagers provenant de l'équipage de la frégate
la Magicienne, naufragée dans les mers de l'Inde.
GinoNDE. Le 19 juin, à midi,' a en lieu le départ d'un premier convoi
sur le chemin de fer de Bordeaux à la Teste. La locomotive a parcouru en
moins d'uneheure et demie le» 52,300 mètres qui séparent les deux \illes.1
1OIBE. Jeudi dernier, un ouvrier de JVt. Frilz, brasseur à St-Étienne, a
eu le malheur de s'endormir sur le bord de la chaudière de l'établissement. En
se réveillant, il est tombé dans cette chaudière; -mais il a, par un miraculeux
hasard, été enlevé par l'un de «es camarade, au moment où il n'avait encore
que les deux jambes dans la bière en ébullition. Il a été transporté à l'hôpital
dans un grand état de souffrance.
MANCHE. On lit dans le Journal de Cherbourg « Le vaisseau le Friei-
lând a enfin mis à la voile jeudi vers une heure de l'après-midi, et a quitté
notre rade pour se rende à Toulon. Nos quais étaient couverts de curieux pour
le voir appareiller et pour juger de sa marche. Poussé par une jolie brise N.-
N.-E., le Friedland, paré de toutes ses voiles, filait avec une telle rapidité,
qu'en moins de deux heures il avait disparu. Il est allé louvoyer dans l'après-
midi, tous les côtes d'Angleterre, et'le soir Si a été en vue en dehors de la
digue, à une distance d'un myriamètre et demi environ. Comme tous les navi-
res faits jusqu'ici à Cherbourg, le Friedland fait honneur aux ingénieurs qui
ont dirigé sa construction. »
Nord. Douai.– -M. Farez, président de chambre à la cour royale de Douai,
vient de mourir dans sa soixante-treizième année, à la "suite d'une courte ma-
ladie.
pas-de-calais. Saint-Omer vient d'avoir sa fête historique il s'agis-
sait de représenter l'entrée que fit, etL 1127, Guillaume Cliton, 14e. comte de
Flandre, dans la capitale de la Moriuie, pour y jurer la confirmation des coutu-
mes et privilèges de cette commune. Le cortège était nombreux et brillant.
Environ 700 personnes et plus de 200 chevaux précédaient ou suivaient le
prince, qui était monté «ur un char d'une hauteur prodigieuse et du meilleur
f ffet. Les costumes ne laissaient rien i désirer sous le rapport de l'exactitude
historique. Le lendemain il y a eu tournoi à la lance et à l'épée, puis un car-
rousel, exécuté par des sous-officiers du 8e cuirassiers en costumes de cheva-
liers, qui a excité l'admiration de tous. Un feu d'artifice a terminé cette fêté.
Colonie» française*. Algérie. Alger, 4 juin. M. le
général De Bar, parti jamedi po,ur viiiter les établissemens militaire» de Bli-
dah, Bouffarick et autres camps intermédiaires, est rentré ce matin à Alger,
après avoir inspecté' les troupes placées sur ces différens points.
Une dépêche télégraphique de Blidah, datée de ce jour, annonce que le
12, la garnison de Medeah a communiqué avec la colonne se dirigeant sur
Milianah. Les opérations dii général Baraguay d'Hilliers ne paraissaient pas
avoir été entravées.
Le journal officiel de l'Algérie publie un rapport de M. le gouverneur-gé-
néral sur la preraière partie des opérations militaires dans les provinces d'Alger
et de Tiltcvy, ainsi qu'un ordre du jour par lequel on fait connaître à l'armée les
nominations faites, dans l'ordre de la Légion -d'Honneur par ordonnance royale
du 28 mai, à la suite des propositions que M. le gouverneur-général avait adres-
sées à. M. le maréchal ministre de la guerre.
Un arrêté daté d'Alger, le 14 juin, porte ce qui suit
« Toute personne exclue à toujours ou pour un temps déterminé, i oit du ter-
ritoire entier de l'Algérie, soit de quelqu'un des points occupés, ne pourra, à
moins qu'elle ne justifie d'une autorisation écrite, et spéciale accordée par le
gouverneur-général, reparaître durant le temps fixé par l'arrêté d'exclusion
dans aucun des lieux dont l'approche et le séjour lui auront été interdits. »
Etranger. Bavière. La reine de Grèce est arrivée à Munich, le 16,
venant d'Athènes, par la voie d'Ancôoe.. Le prince royal de Bavière est resté
en Grèce, mais il ne tardera pas à revenir à Slunich.
Espagne. Madrid, 15 juin. L'un de ces derniers jours S. M. et S. A.
I> son auguste sœur, se promenaient sur ia route de Caravanchel. La reine*
ijvait secouru tous Ici malheureux qu'elle avait rencontrés, et ne lui restait plus
d'argent, lorsqu'une jeune pauvre fille s'approcha de sa voiture pour implorer
sa charité; S. M. ayant tiré fa bourse et la trouvant entièrement vide, ôta pré-
cipitamment ses souliers «t les jeta par la portière à la petite mendiante qui lui
demandait l'aumône. La marquise de SaDta Crux ayant demandé à S. M. pour-
quoi elle quittait ainsi sa chaussure, l'excellente jeune reine lui répondit avec
une innocence et une naïveté d'enfant Ne me grondez jias, ma bonne amie,-
cette pauvre fille m'avait demandé la charité je n'avais plus dans ma bourse
un seul maraiédi, car on me donne bien peu d'argent, alors je lui ai jeté mes
souliers qui ne me font pas faute à moi, tandis que cette pauvre jeune fille
manque de tout. Nous devons ajouter que ces traits de charité et da bonté sont
très fréquens chez la jeune reine.
sées, son âme, sa vie se tenaient attachés sur un seul point de la salle.
Elle cherchait quelque chose sans le trouver, et se soulevait sur la pointe
des pieds pour tâcher de voir "son regard s'animait, sa poitrine, se soule-
vait.
–Paul! Paul s'écria-t-elle tout, à coup, en tendant les bras à l'enfant,,
qu'elle pouvait apercevoir enfin. Paul! Paul
Elle voulut s'élancer; les gendarmes, assis à côté d'elle, la retinrent;
mais elle lutta comme une tigresse, franchit la balustrade, courut à l'en-
fant, le saisit dans ses bras, le couvrit de baisers frénétiques, etne le laissa
arracher de ses bras qu'après un nouveau combat qui la fit rejeter sur le
banc, sanglante et meurtrie.
Les juges entrèrent, sur ces entrefaites, en audience. Le greffier, qui n'a-
vait prêté à cette scène d'autre attention que celle qu'il fallait pour empê-
cher son encrier de se renverser, et ses papiers de se disperser, dit en sou-
riant aux magistrats
Cette femme voulait s'enfuir.
Le président adressa une réprimande sévère à Françoise, mais
Françoise_ n'entendait rien'. Paul était là; elle regardait Paul, le reste
lui était indifférent.
Le greffier lut d'une voix nazillarde l'acte d'accusation, et l'on fit
retirer les témoins..
Quand Françoise vit l'enfant s'en aller avec sa mère, elle recom-
mença ses tentatives de fuite et de violence. Rien ne put la calmer.
Il fallut qu'on lui mît les menottes.
Les témoins revinrent un à un. Elle ne prêta pas la moindre at-
tention à leurs dépositions. Aux émotions violentes de la pauvre fille,
avait succédé une" prostration absolue; les questions du président res-
taient sans réponse, et ne faisaient même pas lever la tête à l'accusée.
Enfin Paul parut; le président déclara qu'on l'entendrait en vertu
du pouvoir discrétionnaire qui lui était conféré par la loi. Du moment
où le pas de Paul avait commencé à crier sur le plancher de la
salle, Françoise avait recommencé à vivre ses larmes coulèrent de nou-
veau ses sanglots éclatèrent; 'elle s'agita sur son banc, et ne s'a-
paisa que sur la menace qu'on lui adressa de la faire sortir, si elle
continuait à troubler l'audience. Elle se tut aussitôt, se plaça de
manière à pouvoir lever ses yeux attachés sur l'enfant, et ne donna
plus un signe d'attention à ce qui se passait autour d'elle.
Le procureur du roi, ou plutôt son substitut, se leva et récita un' réquisi-
états-romains. Rome, S juin. Les négociations par rapport à don
Carlos, dont il a été question récemment dans les feuilles publiques, sont, dit-
on, arrivées à ce point que ce prince recevra des puissances une somme an-
nuelle, et finira probablement son séjour dans une ville d'Allemagne. Quant à
don Miguel, les négociations entamées avec lui n'ont eu aucun succès, attendu
qu'il n'a pas> accepté les conditions qui lui avaient été faites.
PRUSSE. Berlin. Meyerbeer ne restera à Berlin que quelques semaines,
et se rendra à Paris pour y diriger les répétitions de son nouvel opéra, le Pro-
phète.
SARDAIGNE. Gênes, 14 juin. W. le comte de Montfort (Jérôme Bona-
parte) est arrivé dans cette ville, venant de la Toscane. Il s'est rendu aussitôt
̃chez le comte de Survilliers, son frère. Le prince de Ganino, parti pour Rome,
va ramener à Gênes sa' femme et la comtesse de Survilliers, de sorte que cette
ville renfermera incessamment la majeure partie des membres de la famille de
Napoléon.
suisse. 17 juin. La nonciature apostolique en Suisse vient de fixer de
nouveau sa résidence dans la ville de Lucerne, dont elle avait dû se tenir éloi-
gnée tant que le canton de Lucerne était au pouvoir des radicaux, dont le pro-
jet avoué était de fonder une église nationale sur les ruines du catholicisme.
Les théophilantropes lucernois ont tous,, à l'exception d'un seul, été écartés de
la représentation nationale à la suite de la dernière révolution.
L'entreprise du chemin de fer de Bàle à Zurich marche avec embarras et
lenteur, parce que les capitalistes ont peu de confiance dans l'avenir d'un pays
si agité.
Turquie. D'après une lettre particulière de Constantinople du 27 mai, la
santédusultan va toujours déclinant; il est en proie à une violente inflamma-
tion de l'estomac et déjà une enflure s'est déclarée aux jambes;
Itnllefîn «le la mode.
J'assistais il y a quelque temps à une délicieuse soirée donnée dans le châ-
teau de M. le vicomte de C" Heureux! trois fois heureux les élus! Ils ont
goûté. tous les plaisirs, ils ont joui de toutes les surpriies, ils ont eu le bonheur
de saisir au passage la dernière physionomie de la mode qui, à l'heure qu'il
est, se promène tranquillement dans ses terres, rêve sous ses charmilles, ou ré-
pète le soir sur le perron du château les nouvelles de la grande ville qu'on ne
verra plus qu'au mois de décembre. Les toilettes étaient fort simples cela se
conçoit, une partie de campagne n'exige pas un coutume de bal; au milieu des
fleurs odorantes des champs, on peut à la rigueur se pasîer des guirlandes ar-
tistiques de Mme Lainnée; puisque la nature, pour me servir de l'ingénieuse
expression de M. Planard, embellit la beauté, il n'était pas indispensable d'éta-
ler sur les pelouses et dans les bosquets de M. le vicomte de C*" ce luxe de bi-
joux d'Ebrard et de Benoîtqu'on aime tantdansles salons du Faubourg Saint-
Honoté et de la Chaussée-d'Antin.
La toilette de Mme de }' quoique choisie au Minaret, a donc été plutôt
remarquée qu'admirée cette toilette était vraiment trop riche les somptueux
satins de M. Poignée, la profusion de brillans qui étincelaient au soleil pro-
duisaient je ne sais quelle anomalie étrange, surtout à cô.té des mises simples
et pour ainsi dire champêtres des autres invitées. Mme de J*" n'eût pas dû ce-
pendant être enpeine de faire emplette de toute autre robe plus convenable au
Minaret, car Poignée, en agrandissant ses magasins, les a métamorphosés en
un charmant Eldorado où la mode a ses coudées franches. Au rez-de-chaussée
ce sont tous les tissus, toutes les nouveautés du jour. Au premier, les cachemi-
jes de l'Inde et de France, les châles de fantaisie et les écharpes le plus en fa-
veur se drapent royalement dans de splendides salons.
Mlle de J* a dû être très chagrine de n'avoir pas suivi l'exemple de Mme
deL* de Mlles d'A* de B* et de S* que l'on citait pour leur simpli-
cité de bon goût. Je pense, d'après la description qui m'en a été faite, que
ces toilettes pastorales provenaient de la maison Richard-Potier, car c'est là
qu'il faut se rendre si l'on veut trouver le plus gracieux choix de mousselines
imprimées et d'organdis nouveaux. Les mousselines et les organdis de Richard
le disputent au prisme pour la variété et la délicate fusion des couleurs les
nuances en vogue cette année, et par conséquent celles qui dominaient chez le
vicomte, sont le gros vert, le vert émeraude, le jaune d'or, l'orange, le bleu
de France, le lilas, le café, l'amaranthe, et vingt autres teintes encor&fiBtesi-
doptent suivant la physionomie ou l'âge. Q
La robe de Mme B* était en organdi transparent, chargé ^fpefitsiJama-^
ges et d'arabesques, achetée et faite chez Richard-Potier eil#taitjo'rtôsfeek '̃•
marquable en ce que le corsage et les manches étaient sembl#eï^n^tfonv^^
1 excellent moyen de remédier aux vices assez nombreux deJcfyssgeiÇnâ^éfcï'
des manches plates en faisant les uns et les autres. entièremfestJoBêfet%ù^-?'
lisses distantes de deux doigts. Cette robe allait si bien qti el cjètltrrt 9''nüY,
coûte, être soutenue par un corset de Mme Moreau. Partl&^VaYeèafbui^
1 opinion qu'on ne saurait être trop rigide sur cette partie fcflStontaleifi''
notre toilette, je crois vous être agréable en citant la maison de Mn^WrfSu
rue Neuve-Saint-Augustin, 15 bis, comme celle où l'on taille le mieux les cor-
sets. L'éloge de ses corsets en crinoline est dans toutes les bouches'.
Au milieu des toilettes légères qui folâtraient dans le parc, les chalets et les
laiteries, il y, avait quelques robes noires, qui n'étaient ni les moins distinguées
ni les moins gracieuses, c'est assez dire que les nouveautés de Dufresne n'a-
vaient point été oubliées dans cette fête. Il y a, en effet, peu de réunions du
grand monde où les magasins de deuil du Sablier ne soient représentés avec
tout 1 éclat qui leur convient. Les articles de deuil et de demi-deuil de Dufresne
ont une fraîcheur qui les fait rechercher par toutes les élégantes, d'autant plus
que chez lui, grâce à cette multitude d'objets confectionnés, ces châles, ces
hchus, ces dentelles, ces coiffures on peut, en quelque sorte, s'habiller des
pieds à la tête.– Mais il est impossible de parler des coiffures de genre et de
fantaisie, sans nommer bien vite Mmes Herbault nièces. Leurs pailles d'Italie,
et de riz ornées, leurs chapeaux de poult de soie, richement rehaussés de mara-
bouts ou de plumes leurs capotes printannières en gaze, en tulle illusion si
coquettes, si aériennes, ont une apparence de bonne compagnie, qui est, à mes
yeux, un des grands mérites de la maison Herbault. Rencontrez-vous à la pro-
menade, aux Tuileries ou au Bois, une capote dont la forme et l'ornement
vous séduisent, soyez sûrs que ce petit chef-d'œuvre est sorti des mains de
Mmes Herbault. Admirez-vous une coiffure à une séance académique ou à
1 Opéra, vouspouvez parier avec certitude que Mmes Herbault en sont les an-
teurs. ̃ j
toire banal, dans lequel il fit ressortir le caractère violent de l'accusée, s a
férocité indomptable et son besoin de vengeance et de colère que ne répri-
maient même pas la présence de la cour ni la gravité d'une accusation
capitale: ̃
L'avocat d'office présenta sa cliente comme une pauvre idiote qui ne
jouissait point de toute sa raison, et finit par s'en rapporter à la justice des
jurés..
Les jurés entrèrent en délibération et reparurent quelques minutes a-
près avec un verdict de culpabilité cependant ils admettaient des cir-
constances atténuantes.
La cour condamna Françoise aux travaux forcés à perpétuité.
fille se leva. On crufqu'elle allaitexprimersondésespoir.Sanss'mquiéler
du terrible arrêt qui venait de la frapper, elle fit un de ses plus beaux
sourires à Paul; elle l'appela du geste et de la voix, et elle s'efforça
d attirer son attention. L'enfant la regardait avec terreur et se tenait pres-
sé contre sa mère.
Paul, mon enfant chéri, ne veux-tu point 'embrasser ta bonne? dit
Françoise.
L'enfant détourna la tête. ̃•"•
a Paul, ne t'en vas pas ainsi c'est la dernière fois que je te vois peut-
être
Elle lui tendit les bras. Le petit garçon recula vivement avec terreur et
poussa un cri. Il avait peur de cette femme en haillons, défigurée par la
captivité et par la misère, qui tout à l'heure s'était jetée sur lui, et qu'il
n'avait sans doute point reconnue.
Françoise jeta sur l'enfant un regard d'inexprimable désespoir, puis
elle se laissa, retomber au bord du banc, et l'on entendit le bruit de son
corps qui retentissait sur le plancher.
Elle est évanouie,, dit un gendarme.
Un médecin, qui se trouvait là, accourut, donna des soins à la con-
damnée et chercha à lui rendre la vie. Un quart d'heure se passa en
efforts infructueux enfin l'homme de science interrogea le cœur de
Françoise, quine battait plus, et posa, devant ses lèvres décolorées, unëpe-
tite glace que ne ternit aucun souffle.
Elle est morte dit-il.
Le lendemain, les jurés acquittèrent une jeune fille accusée d'infan-
ticide et qui avait étouffé, sous un matelas, son nouveau-né.
S. HEKTRK BERTHOUD.
ministres. S. M. est ensuite retournée à Ncnilly. <
S. A. R. Mgr le duc de Nemours, accompagné de ses aides-de-camp et
officiers d'ordonnance, est arrivé hier à 3 heures au palais de Neuilly, venant
de l'expédition d'Afrique. •
M. le ministre de l'agriculture et du commerce doit partir le 25 pour al-
ler passer un mois aux eaux de Vichy. Il fera, dit-on, une tournée dans plu-
sieurs départemens du Midi, afin d'y constater les progrès de l'agriculture et
du commerce.
On lit daus le journal le Temps « Le gouvernement vient d'acquérir la
certitude que les bruits qui courent sur les projets de soulèvement des provin-
ces basques ne sont pas sans fondement. Les douaniers français ont saisi des
armes, des munitions, des effets d'équipement que des agens de don Carlos
cherchaient à faire pénétrer dans ces provinces. Dèi le 7 juin dernier, le géné-
ral Aroyo et un colonel avaient été reconnus malgré leur déguisement, et ar-
rêtés par la gendarmerie, dans un village où ils se cachaient. Ces faits doivent
exciter la sollicitude et la surveillance des deux gouvernemens. Il faut se hâter
de comprimer à l'initant des tentatives impuissantes sans doute, mais qui
pourraient cependant troubler encore la tranquillité dont l'Espagne a un si
grand besoin. 11 faut mieux prévenir que combattre une insurrection qui, de
notre part, nécessiterait vers la frontière des mouvemens de troupes toujours
dispendieux nous avons mieux à faire de nos soldats. »
• Onze de nos ambassadeurs et ministres se trouvent en ce moment s Pa-
ris en congé, et ont quitté, M. de Saint-Aulaire Vienne, Hl. Bresson Berlin,
M. de Dabnatie Turin, M. de Bussières Dresde, M. de Varennes, Lisbonne,
M. de Saint-Priest Copenhague, M. de Fontenay Stuttgardt, M. d'Eyragues
Carlsruhe, M. de Sercey Jspalian, M. de Bois-lc-Comte La Haye, M. de La-
rochefoucauld Dàrmsiadt. Les postes de Londres, de Tienne, de Berlin et
do Madrid sont vacans, et MM. de Barante, de Pontois, de Bacourt et de Tal-
lenay sont attendus incosfamment.
Nous recevons de M. Lambert une lettre, des terme» de laquelle il parait
ré.sulter que c'est à tort qu'on lui a attribué le compte-rendu, qui a paru dans
plusieurs journaux, de la séance dans laquelle MM. Gurney et Forster te sont
fait entendre et ont parlé des résultats do l'abolition de l'esclavage aux États-
Unis et dans les possessions britanniques.
M. le maréchal ministre de la guerre vient de. recevoir d'Alger la table
qu'Abd-cl-Kader avait fait placer au frontispice de la porte d'entrée de la ville
de Thaza, et que le corps expéditionnaire, commandé jiar le général Baraguey-
d'IIillicrs, en a enlevée; lors de l'occupation de cette ville, le 25 mai dernier.
.Voici la traduction de l'inscription, tracée eu caractères arabes sur cette table:
« Louanges à Dieu. La prière et le salut pour l'apôtre de Dieu.
» Cette ville da Thaza-a été réédifiéq, bâtie et peuplée par l'émir des croyans,
» notre seigneur EI-Haûj-Abd-el-Kader (Dieu lui donne la victoire!). Lorsqu'il
» y est entré, il a pris Dieu à témoin de son action et de ses penséei, et a dit:
» Dieu sait que cette œuvre restera dans la succession des temps comme un
» souvenir de moi. Car tous ceux qui se rapprocheront de moi l'an 1255 et qui
» s'empresseront vers cette terre fortunée, animés de l'amour de la paix, trou-
» veront l'exemple de mes bonnes œuvres jusques dans la postérité la plus re-
> culée. »
M. le ministre de la guerre a prescrit les dispositions nécessaires pour la con-
servation de ce monument..
-D'après une convention conclue entre la France et l'Autriche, à partir du
1er juin 1841, tout navire de commerce autrichien entrant en relâche forcée
dans un port du royaume y sera, à charge de réciprocité, exempté de tous
droits de port ou de navigation perçus ou à percevoir au profit do l'état, si les
cause» qui ont nécessité la relâche sont réelles et évidentes, pourvu qu'il ne se
livre, dans le port de relâche, à aucune opération de commerce, en char-
geant ou en déchargeant des marchandises; bien entendu toutefois que les dé-
chargemens et les chargemens motivés par l'obligation de réparer le navire,
son avitaillement et le traqsbordement de la cargaison, en cas de nécessité, ne
seront point considérés comme opérations de commerce donnant ouverture au
paiement des droits, et pourvu que la navire ne prolonge pas son séjour dans
le port au delà du temps nécessaire, d'après les causes qui auront donné lieu à
la relàGhe.
Un triste événement est arrivé hier au bois de Boulogne. Un des plus jeu-
nes avoués du tribunal de première instance, M". Prévost, qui avait succédé ré-
cemment à M. Crosse, se promenait au bois de Boulogne sur un, cheval qu'il
montait pour la première fois. Tout à coup ce choval s'emporte. Ainsi surpris,
M. Prévost n'eut pas ic temps de dégager son pied de., i'étrier, il fut renverse
et entraîné pendant plus de cinq minutes. Ce ne fut qu'avec beaucoup de peine
qu'on se rendit maitre du chovaf. M. Prévost fut relevé sans connaissau.ee, la
tête et la figure ensanglantées et couvertes de contusions1. 11 a dû être trans-
porté chez lui sur un brancard. Les soins les plus prompts lui ont été prodi-
gués mais son état inspire encore de sérieuses inquiétudes. Cet événement,
dont on s'entretenait aujourd'hui, a produit une vive sensation au palais, où
M. Prévost s'est déjà fait connaître sous l?s rapports les plus honorables.
Un accident qui pouvait avoir des suites funestes a eu lieu hier dans la
descente des Bons-Hommes à Passy. Les chevaux de la calèche où était M.
Thayer, membre du conseil-général, se sont emportés à la descente, M. Thaycr
est sauté à bas da la voiture et s'est fait de fortes contusions. Il est à déplorer
que 1 autorité ne songe pas à adoucir cette montée qui conduit au Ranelagh, au
bois de Boulogne et à St-Cloud, et où il passe chaque année. plus de 180,000
voitures-.de toute espèce. On est surpris de voir que le département de la Sei-
ne, qui a fait tant de travaux d'embellissemens, n'ait rien fait pour améliorer
une route aussi passagère et aussi dangereuse, car elle compromet journelle-
ment la vie d'un grand nombre d'habitans de la capitale. Nous ne saurions trop
appeler l'attention du préfet et du conseil-général sur cet objet.
Départemeni. Charente. Saintes. La cour d'assises de
Saintes vient d'avoir, à juger une cause d'une horrible nature, et dans laquelle
le jury a déployé une sévérité inaccoutumée.
A la séance du 12 juin, le nommé François Coufiin était accusé d'avoir vo-
lontairement donné la mort à l'enfant, dont Marie Favrè, pauvre idiote, venait
d'accoucher. Cet. homme, originaire de l'Aveyron, se ̃trouvait à l'île-d'QIeron,
en qualité de tailleur de pierres il s'imposa » la confiance de la veuve Favro,
femme estropiée, mère d'une fille idiote et d'un autre enfant en bàs-àge, et qui,
̃ Du poison! du poison! dit-elle, affolléè et en entourant de ses bras le
petit Paul. Vous avez voulu me séparer de lui, je vous ai dit que cela me
ferait mourir; eh bien nous mourrons ensemble
Elle se jeta sur l'assiette de l'apothicaire, dévora le reste du potage qui
s'y trouvait, croisa les bras sur sa poitrine et attendit.
M. Rusconnets se hâta de prendre du contrepoison et d'en administrer
à sa femme des voisins accourus aux cris de désespoir qu'ils jetaient
arrêtèrent Françoise. Elle n'opposa aucune résistance les laissa faire
paisiblement et suivit les gendarmes qui vinrent la saisir.
Arrivée à la prison, on voulut lui faire prendre du contrepoison; elle
résista opiniâtrement, serra les dents et les lèvres, et ne céda à aucun des
moyens mis en usage pour la contraindre, quelque violens et opiniâtres
qu'ils fussent.
Apparemment, la dose d'arsenic qui se trouvait dans l'assiette n'était,
point assez forte pour tuer Françoise, car après être restée longtemps en-
tre l'existence et la mort, on parvint à la guérir et à la conserver vi-
vante à la justice.
Six mois après son crime, Françoise comparut devant la cour d'assises.
pendant les six mois passés en prison, avant de comparaître de-
vant la cour d'assises, Françoise avait semblé perdre le peu d'intelligence
qu'elle devait au mouvement de la vie domestique, l'air libre et à sa ten-
dresse pour le petit Paul. Elle restait, des journées entières, accroupie dans
un coin sombre de la geôle, ne songeait ni à boire ni à manger, laissait
prendre, par ses compagnes,,sa ration de pain et de, soupe, et ouvrait
stupidement des yeux effarés quand on lui adressait la parole. Elle n'op-
posait aucune résistance aux impitoyables mystifications dont la harce-
laient les mauvaises créatures, détenues avec elle. On la regardait généra-
lement comme une idiote. Personne n'avait de compassion pour elle; cha-
cun prenait ce qui lui convenait de ses misérables 'hardes. Quand vint le
jour d'aller au tribunal, il fallut que la geôlière lui prêtât quelques haillons
pour que l'accusée ne parût point demi-nue devant les juges.
Couverte d'une jupe en lambeaux, d'un corset qui ne valait guère mieux,
et les cheveux enveloppés d'un mouchoir rouge, elle arriva- au banc des
assises les pieds nus et téuthonteuse de se voir au milieu d'une' si grande
assemblée. Quand ses yeux, qui osaient se lever à peine, rencontrèrent,
parmi les témoins, l'apothicaire et sa femme, elle les salua de la tête,
• comme si elle n'eût point attenté à leur vie et ne prêta aucune attention
aux questions de l'avocat qu'on lui avait donné d'office. Ses yeux, ses pen-
pourvue de biens plus que suflisans pour l'aisance de la famille, vivait dans une
extrême gène il avait trouvé le moyen de se faire vendre, sans bourse délier,
tous les biens de cette femme, qu'il maltraitait ainsi que ses enfahs, en les as-
sujétissant aux travaux les plus rudes, et leur donnant à peiné de quoi vivre.
Cette fille idiote, qui; aux débats, n!a pu ni prêter serment, ni donner le
plus léger sigue d'intelligence, était devenue enceinte des œuvres de Couffin,
suivant ce que la mère a formellement déclaré, et ce que l'opinion publique
paraît avoir confirmé. Il a été révélé que, dans les jours qui ont précédé l'ac-
couchement, l'accusé donnait des coups de poing dans les lianes de cette mal-
heureuse fille pour lui procurer un avortement.
La mère a raconté que le soir de l'accouchement de sa fille, elle était allée
avertir Couffin, qui aurait pris l'enfant vivant, l'aurait précipité à terre et foulé
aux pieds.
Les médecins ont constaté que cet enfant, que Couflin avait enfoui dans le
fumier de son étable, avait les pariétaux aplatis, ce qui avait océasioné sa mort.
Déclaré coupable sans circonstances, atténuantes, cat homme a été condamné
à la peine de mort.
chek. M. Duvergier de Hauranne vient deréunir dans un banquet ISO des
électeurs de l'arrondissement de Sancerre. On assure qu'il adressera prochaine-
ment un pareil nombre d'invitations aux électeurs qui n'ont pu assister au pre-
mier banquet. •
finistèue. Brest. Le trois mâts l'Actif (suédois), de 30.0 tonneaux,
et monté par treizehommes d'équipage, venant du cap de Bonne-Espérance, est
arrivé à Brest le 19, avec 104 passagers provenant de l'équipage de la frégate
la Magicienne, naufragée dans les mers de l'Inde.
GinoNDE. Le 19 juin, à midi,' a en lieu le départ d'un premier convoi
sur le chemin de fer de Bordeaux à la Teste. La locomotive a parcouru en
moins d'uneheure et demie le» 52,300 mètres qui séparent les deux \illes.1
1OIBE. Jeudi dernier, un ouvrier de JVt. Frilz, brasseur à St-Étienne, a
eu le malheur de s'endormir sur le bord de la chaudière de l'établissement. En
se réveillant, il est tombé dans cette chaudière; -mais il a, par un miraculeux
hasard, été enlevé par l'un de «es camarade, au moment où il n'avait encore
que les deux jambes dans la bière en ébullition. Il a été transporté à l'hôpital
dans un grand état de souffrance.
MANCHE. On lit dans le Journal de Cherbourg « Le vaisseau le Friei-
lând a enfin mis à la voile jeudi vers une heure de l'après-midi, et a quitté
notre rade pour se rende à Toulon. Nos quais étaient couverts de curieux pour
le voir appareiller et pour juger de sa marche. Poussé par une jolie brise N.-
N.-E., le Friedland, paré de toutes ses voiles, filait avec une telle rapidité,
qu'en moins de deux heures il avait disparu. Il est allé louvoyer dans l'après-
midi, tous les côtes d'Angleterre, et'le soir Si a été en vue en dehors de la
digue, à une distance d'un myriamètre et demi environ. Comme tous les navi-
res faits jusqu'ici à Cherbourg, le Friedland fait honneur aux ingénieurs qui
ont dirigé sa construction. »
Nord. Douai.– -M. Farez, président de chambre à la cour royale de Douai,
vient de mourir dans sa soixante-treizième année, à la "suite d'une courte ma-
ladie.
pas-de-calais. Saint-Omer vient d'avoir sa fête historique il s'agis-
sait de représenter l'entrée que fit, etL 1127, Guillaume Cliton, 14e. comte de
Flandre, dans la capitale de la Moriuie, pour y jurer la confirmation des coutu-
mes et privilèges de cette commune. Le cortège était nombreux et brillant.
Environ 700 personnes et plus de 200 chevaux précédaient ou suivaient le
prince, qui était monté «ur un char d'une hauteur prodigieuse et du meilleur
f ffet. Les costumes ne laissaient rien i désirer sous le rapport de l'exactitude
historique. Le lendemain il y a eu tournoi à la lance et à l'épée, puis un car-
rousel, exécuté par des sous-officiers du 8e cuirassiers en costumes de cheva-
liers, qui a excité l'admiration de tous. Un feu d'artifice a terminé cette fêté.
Colonie» française*. Algérie. Alger, 4 juin. M. le
général De Bar, parti jamedi po,ur viiiter les établissemens militaire» de Bli-
dah, Bouffarick et autres camps intermédiaires, est rentré ce matin à Alger,
après avoir inspecté' les troupes placées sur ces différens points.
Une dépêche télégraphique de Blidah, datée de ce jour, annonce que le
12, la garnison de Medeah a communiqué avec la colonne se dirigeant sur
Milianah. Les opérations dii général Baraguay d'Hilliers ne paraissaient pas
avoir été entravées.
Le journal officiel de l'Algérie publie un rapport de M. le gouverneur-gé-
néral sur la preraière partie des opérations militaires dans les provinces d'Alger
et de Tiltcvy, ainsi qu'un ordre du jour par lequel on fait connaître à l'armée les
nominations faites, dans l'ordre de la Légion -d'Honneur par ordonnance royale
du 28 mai, à la suite des propositions que M. le gouverneur-général avait adres-
sées à. M. le maréchal ministre de la guerre.
Un arrêté daté d'Alger, le 14 juin, porte ce qui suit
« Toute personne exclue à toujours ou pour un temps déterminé, i oit du ter-
ritoire entier de l'Algérie, soit de quelqu'un des points occupés, ne pourra, à
moins qu'elle ne justifie d'une autorisation écrite, et spéciale accordée par le
gouverneur-général, reparaître durant le temps fixé par l'arrêté d'exclusion
dans aucun des lieux dont l'approche et le séjour lui auront été interdits. »
Etranger. Bavière. La reine de Grèce est arrivée à Munich, le 16,
venant d'Athènes, par la voie d'Ancôoe.. Le prince royal de Bavière est resté
en Grèce, mais il ne tardera pas à revenir à Slunich.
Espagne. Madrid, 15 juin. L'un de ces derniers jours S. M. et S. A.
I> son auguste sœur, se promenaient sur ia route de Caravanchel. La reine*
ijvait secouru tous Ici malheureux qu'elle avait rencontrés, et ne lui restait plus
d'argent, lorsqu'une jeune pauvre fille s'approcha de sa voiture pour implorer
sa charité; S. M. ayant tiré fa bourse et la trouvant entièrement vide, ôta pré-
cipitamment ses souliers «t les jeta par la portière à la petite mendiante qui lui
demandait l'aumône. La marquise de SaDta Crux ayant demandé à S. M. pour-
quoi elle quittait ainsi sa chaussure, l'excellente jeune reine lui répondit avec
une innocence et une naïveté d'enfant Ne me grondez jias, ma bonne amie,-
cette pauvre fille m'avait demandé la charité je n'avais plus dans ma bourse
un seul maraiédi, car on me donne bien peu d'argent, alors je lui ai jeté mes
souliers qui ne me font pas faute à moi, tandis que cette pauvre jeune fille
manque de tout. Nous devons ajouter que ces traits de charité et da bonté sont
très fréquens chez la jeune reine.
sées, son âme, sa vie se tenaient attachés sur un seul point de la salle.
Elle cherchait quelque chose sans le trouver, et se soulevait sur la pointe
des pieds pour tâcher de voir "son regard s'animait, sa poitrine, se soule-
vait.
–Paul! Paul s'écria-t-elle tout, à coup, en tendant les bras à l'enfant,,
qu'elle pouvait apercevoir enfin. Paul! Paul
Elle voulut s'élancer; les gendarmes, assis à côté d'elle, la retinrent;
mais elle lutta comme une tigresse, franchit la balustrade, courut à l'en-
fant, le saisit dans ses bras, le couvrit de baisers frénétiques, etne le laissa
arracher de ses bras qu'après un nouveau combat qui la fit rejeter sur le
banc, sanglante et meurtrie.
Les juges entrèrent, sur ces entrefaites, en audience. Le greffier, qui n'a-
vait prêté à cette scène d'autre attention que celle qu'il fallait pour empê-
cher son encrier de se renverser, et ses papiers de se disperser, dit en sou-
riant aux magistrats
Cette femme voulait s'enfuir.
Le président adressa une réprimande sévère à Françoise, mais
Françoise_ n'entendait rien'. Paul était là; elle regardait Paul, le reste
lui était indifférent.
Le greffier lut d'une voix nazillarde l'acte d'accusation, et l'on fit
retirer les témoins..
Quand Françoise vit l'enfant s'en aller avec sa mère, elle recom-
mença ses tentatives de fuite et de violence. Rien ne put la calmer.
Il fallut qu'on lui mît les menottes.
Les témoins revinrent un à un. Elle ne prêta pas la moindre at-
tention à leurs dépositions. Aux émotions violentes de la pauvre fille,
avait succédé une" prostration absolue; les questions du président res-
taient sans réponse, et ne faisaient même pas lever la tête à l'accusée.
Enfin Paul parut; le président déclara qu'on l'entendrait en vertu
du pouvoir discrétionnaire qui lui était conféré par la loi. Du moment
où le pas de Paul avait commencé à crier sur le plancher de la
salle, Françoise avait recommencé à vivre ses larmes coulèrent de nou-
veau ses sanglots éclatèrent; 'elle s'agita sur son banc, et ne s'a-
paisa que sur la menace qu'on lui adressa de la faire sortir, si elle
continuait à troubler l'audience. Elle se tut aussitôt, se plaça de
manière à pouvoir lever ses yeux attachés sur l'enfant, et ne donna
plus un signe d'attention à ce qui se passait autour d'elle.
Le procureur du roi, ou plutôt son substitut, se leva et récita un' réquisi-
états-romains. Rome, S juin. Les négociations par rapport à don
Carlos, dont il a été question récemment dans les feuilles publiques, sont, dit-
on, arrivées à ce point que ce prince recevra des puissances une somme an-
nuelle, et finira probablement son séjour dans une ville d'Allemagne. Quant à
don Miguel, les négociations entamées avec lui n'ont eu aucun succès, attendu
qu'il n'a pas> accepté les conditions qui lui avaient été faites.
PRUSSE. Berlin. Meyerbeer ne restera à Berlin que quelques semaines,
et se rendra à Paris pour y diriger les répétitions de son nouvel opéra, le Pro-
phète.
SARDAIGNE. Gênes, 14 juin. W. le comte de Montfort (Jérôme Bona-
parte) est arrivé dans cette ville, venant de la Toscane. Il s'est rendu aussitôt
̃chez le comte de Survilliers, son frère. Le prince de Ganino, parti pour Rome,
va ramener à Gênes sa' femme et la comtesse de Survilliers, de sorte que cette
ville renfermera incessamment la majeure partie des membres de la famille de
Napoléon.
suisse. 17 juin. La nonciature apostolique en Suisse vient de fixer de
nouveau sa résidence dans la ville de Lucerne, dont elle avait dû se tenir éloi-
gnée tant que le canton de Lucerne était au pouvoir des radicaux, dont le pro-
jet avoué était de fonder une église nationale sur les ruines du catholicisme.
Les théophilantropes lucernois ont tous,, à l'exception d'un seul, été écartés de
la représentation nationale à la suite de la dernière révolution.
L'entreprise du chemin de fer de Bàle à Zurich marche avec embarras et
lenteur, parce que les capitalistes ont peu de confiance dans l'avenir d'un pays
si agité.
Turquie. D'après une lettre particulière de Constantinople du 27 mai, la
santédusultan va toujours déclinant; il est en proie à une violente inflamma-
tion de l'estomac et déjà une enflure s'est déclarée aux jambes;
Itnllefîn «le la mode.
J'assistais il y a quelque temps à une délicieuse soirée donnée dans le châ-
teau de M. le vicomte de C" Heureux! trois fois heureux les élus! Ils ont
goûté. tous les plaisirs, ils ont joui de toutes les surpriies, ils ont eu le bonheur
de saisir au passage la dernière physionomie de la mode qui, à l'heure qu'il
est, se promène tranquillement dans ses terres, rêve sous ses charmilles, ou ré-
pète le soir sur le perron du château les nouvelles de la grande ville qu'on ne
verra plus qu'au mois de décembre. Les toilettes étaient fort simples cela se
conçoit, une partie de campagne n'exige pas un coutume de bal; au milieu des
fleurs odorantes des champs, on peut à la rigueur se pasîer des guirlandes ar-
tistiques de Mme Lainnée; puisque la nature, pour me servir de l'ingénieuse
expression de M. Planard, embellit la beauté, il n'était pas indispensable d'éta-
ler sur les pelouses et dans les bosquets de M. le vicomte de C*" ce luxe de bi-
joux d'Ebrard et de Benoîtqu'on aime tantdansles salons du Faubourg Saint-
Honoté et de la Chaussée-d'Antin.
La toilette de Mme de }' quoique choisie au Minaret, a donc été plutôt
remarquée qu'admirée cette toilette était vraiment trop riche les somptueux
satins de M. Poignée, la profusion de brillans qui étincelaient au soleil pro-
duisaient je ne sais quelle anomalie étrange, surtout à cô.té des mises simples
et pour ainsi dire champêtres des autres invitées. Mme de J*" n'eût pas dû ce-
pendant être enpeine de faire emplette de toute autre robe plus convenable au
Minaret, car Poignée, en agrandissant ses magasins, les a métamorphosés en
un charmant Eldorado où la mode a ses coudées franches. Au rez-de-chaussée
ce sont tous les tissus, toutes les nouveautés du jour. Au premier, les cachemi-
jes de l'Inde et de France, les châles de fantaisie et les écharpes le plus en fa-
veur se drapent royalement dans de splendides salons.
Mlle de J* a dû être très chagrine de n'avoir pas suivi l'exemple de Mme
deL* de Mlles d'A* de B* et de S* que l'on citait pour leur simpli-
cité de bon goût. Je pense, d'après la description qui m'en a été faite, que
ces toilettes pastorales provenaient de la maison Richard-Potier, car c'est là
qu'il faut se rendre si l'on veut trouver le plus gracieux choix de mousselines
imprimées et d'organdis nouveaux. Les mousselines et les organdis de Richard
le disputent au prisme pour la variété et la délicate fusion des couleurs les
nuances en vogue cette année, et par conséquent celles qui dominaient chez le
vicomte, sont le gros vert, le vert émeraude, le jaune d'or, l'orange, le bleu
de France, le lilas, le café, l'amaranthe, et vingt autres teintes encor&fiBtesi-
doptent suivant la physionomie ou l'âge. Q
La robe de Mme B* était en organdi transparent, chargé ^fpefitsiJama-^
ges et d'arabesques, achetée et faite chez Richard-Potier eil#taitjo'rtôsfeek '̃•
marquable en ce que le corsage et les manches étaient sembl#eï^n^tfonv^^
1 excellent moyen de remédier aux vices assez nombreux deJcfyssgeiÇnâ^éfcï'
des manches plates en faisant les uns et les autres. entièremfestJoBêfet%ù^-?'
lisses distantes de deux doigts. Cette robe allait si bien qti el cjètltrrt 9''nüY,
coûte, être soutenue par un corset de Mme Moreau. Partl&^VaYeèafbui^
1 opinion qu'on ne saurait être trop rigide sur cette partie fcflStontaleifi''
notre toilette, je crois vous être agréable en citant la maison de Mn^WrfSu
rue Neuve-Saint-Augustin, 15 bis, comme celle où l'on taille le mieux les cor-
sets. L'éloge de ses corsets en crinoline est dans toutes les bouches'.
Au milieu des toilettes légères qui folâtraient dans le parc, les chalets et les
laiteries, il y, avait quelques robes noires, qui n'étaient ni les moins distinguées
ni les moins gracieuses, c'est assez dire que les nouveautés de Dufresne n'a-
vaient point été oubliées dans cette fête. Il y a, en effet, peu de réunions du
grand monde où les magasins de deuil du Sablier ne soient représentés avec
tout 1 éclat qui leur convient. Les articles de deuil et de demi-deuil de Dufresne
ont une fraîcheur qui les fait rechercher par toutes les élégantes, d'autant plus
que chez lui, grâce à cette multitude d'objets confectionnés, ces châles, ces
hchus, ces dentelles, ces coiffures on peut, en quelque sorte, s'habiller des
pieds à la tête.– Mais il est impossible de parler des coiffures de genre et de
fantaisie, sans nommer bien vite Mmes Herbault nièces. Leurs pailles d'Italie,
et de riz ornées, leurs chapeaux de poult de soie, richement rehaussés de mara-
bouts ou de plumes leurs capotes printannières en gaze, en tulle illusion si
coquettes, si aériennes, ont une apparence de bonne compagnie, qui est, à mes
yeux, un des grands mérites de la maison Herbault. Rencontrez-vous à la pro-
menade, aux Tuileries ou au Bois, une capote dont la forme et l'ornement
vous séduisent, soyez sûrs que ce petit chef-d'œuvre est sorti des mains de
Mmes Herbault. Admirez-vous une coiffure à une séance académique ou à
1 Opéra, vouspouvez parier avec certitude que Mmes Herbault en sont les an-
teurs. ̃ j
toire banal, dans lequel il fit ressortir le caractère violent de l'accusée, s a
férocité indomptable et son besoin de vengeance et de colère que ne répri-
maient même pas la présence de la cour ni la gravité d'une accusation
capitale: ̃
L'avocat d'office présenta sa cliente comme une pauvre idiote qui ne
jouissait point de toute sa raison, et finit par s'en rapporter à la justice des
jurés..
Les jurés entrèrent en délibération et reparurent quelques minutes a-
près avec un verdict de culpabilité cependant ils admettaient des cir-
constances atténuantes.
La cour condamna Françoise aux travaux forcés à perpétuité.
fille se leva. On crufqu'elle allaitexprimersondésespoir.Sanss'mquiéler
du terrible arrêt qui venait de la frapper, elle fit un de ses plus beaux
sourires à Paul; elle l'appela du geste et de la voix, et elle s'efforça
d attirer son attention. L'enfant la regardait avec terreur et se tenait pres-
sé contre sa mère.
Paul, mon enfant chéri, ne veux-tu point 'embrasser ta bonne? dit
Françoise.
L'enfant détourna la tête. ̃•"•
a Paul, ne t'en vas pas ainsi c'est la dernière fois que je te vois peut-
être
Elle lui tendit les bras. Le petit garçon recula vivement avec terreur et
poussa un cri. Il avait peur de cette femme en haillons, défigurée par la
captivité et par la misère, qui tout à l'heure s'était jetée sur lui, et qu'il
n'avait sans doute point reconnue.
Françoise jeta sur l'enfant un regard d'inexprimable désespoir, puis
elle se laissa, retomber au bord du banc, et l'on entendit le bruit de son
corps qui retentissait sur le plancher.
Elle est évanouie,, dit un gendarme.
Un médecin, qui se trouvait là, accourut, donna des soins à la con-
damnée et chercha à lui rendre la vie. Un quart d'heure se passa en
efforts infructueux enfin l'homme de science interrogea le cœur de
Françoise, quine battait plus, et posa, devant ses lèvres décolorées, unëpe-
tite glace que ne ternit aucun souffle.
Elle est morte dit-il.
Le lendemain, les jurés acquittèrent une jeune fille accusée d'infan-
ticide et qui avait étouffé, sous un matelas, son nouveau-né.
S. HEKTRK BERTHOUD.
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