Titre : La Dépêche : journal quotidien
Éditeur : [s.n.] (Toulouse)
Date d'édition : 1895-09-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327558876
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 septembre 1895 07 septembre 1895
Description : 1895/09/07 (A26,N9888). 1895/09/07 (A26,N9888).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG09 Collection numérique : BIPFPIG09
Description : Collection numérique : BIPFPIG12 Collection numérique : BIPFPIG12
Description : Collection numérique : BIPFPIG31 Collection numérique : BIPFPIG31
Description : Collection numérique : Bibliothèque Rosalis... Collection numérique : Bibliothèque Rosalis (Toulouse)
Description : Collection numérique : Presse locale Collection numérique : Presse locale
Description : Collection numérique : Presse quotidienne Collection numérique : Presse quotidienne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4114367r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10171
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/11/2018
LA DÉPÊCHE
- $MTMNS ~ RÉGIONALES
Le Numéro 5 Centimes
Wmf ~ "--"
.. ÉDITIONS Ei@10HA.LES ~
MâliMn ûu NousS:i.J.lo:tJ
Catalogne, (Âvejîoa|â
hetâta.
Mtcïitîon de FMéFBUïQ
Edition tte l'Ouest
i&t-at-Garcmje» Taitn#t-G*r.» Gers» Dordognoï
Edition du Sud~Om@st
Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées * Landes
Journal cie la Démocratie
RÉDACTION ET ADMINISTRATION vTOULOUSE, S7y RUE ■ BAYARD
Sureaux: a ^strls : S4, Hue Fe:.vêteau
WiûitîOM ûu OentJrt9
SW®Se Gc&ul, Cwèa^. !Jto..VifiJUle, ,
édition du T&&n
â,tetion de l'Autf®
£§&iUcm FOumt.
SlfljffiWCÎK'Ceâ^, tiUIl'4l»QK00S|| '
Edition de TOulouse ;
Haute-Garonne, Ariège
ABONNEMENTS Troismols Six mois ' Un &n Ihiréefàeattatt»
France, Algérie et Tunisie... 5 fr. lOfr. 20 ff. 6 cent le N*
1 Etranger (Union postale) 9 fI.". • ts fr. 1© cent. le NI
Les Àbonnefrtetiîs de trois mois, six ntois et usi an partent des 1" et 16 de chaque maü.
Ils sont payables d'avqnce i Envoyer 50 cent. pour changement d'adreest-
: 36e Année - SAMEDI 7 SEPTEMBRE 1895 - N° 9888
ffIFHiliîhifJei'S31(!III?»-ssïîfes?.î&i»14 " gn
r ?-»i Sfe K -
A à b«™«. 8 • place d. la BOLIL-se et dans t,,ute.,Ie, LA DÍpÈCIIL .
LA BEP ECHR publie chaque jour tm
article politique ou économique et un-
article littéraire des œfk¡lioraf,eu:rs ci-
dessous désignés : \
CGi.USCMTtmg mMmAnms UÏS&airbs
MM. MM. ' ...
René GOBLJET . JEAIN DES VIGMES
Camille PELAJiFAM Francisque SÂROEY
Jean FRONTIÈRE '_é0il1 MIULOT .
H. ALLAe^-TARQÉ HG^ODEl ,.
Jean JAURÈS .: Armand SI LVESTRE
BAWC G. CLEMENCEAU
Henry KsIARET CarniHe. PELL.E'r AN '
G. CÏ.E&1EN-CEAU. ■ Klikhaël Si,;NI.
Jacques CLASH F?Ô¥?0
LEf«ASQON L.-)Ç.3viep de "AICARD
FRANÇAIS B. MARCEL
EXPOSITION
Les dons offerts par les artiste:
de l'Ecole de làulouse pour la t01nbolG
au profit de la Société de secours mu
îuels de L'ALLIANCE DES APTS, sont expo-
sés au Hall de la Dépêche. EntréE;
libre de 8 heures du matin à
LA POLITIQUE
MADAGASCAR
Etions-nous prophète de malheur,
quand nous nous opposions à l'expédi-
tion de Madagascar, et que nous di-
sions : «Prenez garde de préparer un
nouveau Mexique ? »
Je me souviendrai toujours.d'une COll-
versation que j'eus avec un ministre
d'alors : « Cela, me disait-il, ce n'est rien,
une pure promenade militaire. Cela nous
coûtera en plus, et en exagérant beau-
coup, une. quinzaine de millions. Après
quoi, nous- serons maîtres d'une terre
immense, et commanderons toute la mer
africaine.».
A cette heure, on a dépasssé de beau-
coup les soixante-quatre millions votés:,
et l'on va nous en demander 'autant à la
rentrée, en attendant le reste. Cepen-
dant, nos malheureux soldats meurent
comme des mouches ; le désordre est
'\)artout, la fièvre dévore les régiments,
rien n'a été préparé, rien n'a été orga-
nisé, une pitoyable impéritie dirige la
guerre et la marine, et nous ne serons
maîtres de rien du tout.
D'ailleurs, les félicitations pleuvent :
Félix Faure félicite, ses ministres fëlici-
tent. N'y a-t-il pas en ce moment de
grandes manoeuvres quelque part ? Cel-
les-là réussiront, soyez-en sûr, et les
chefs s'y couvriront de gloire. Il n'en est
pas de même des manoeuvres de l'expé-
dition. Nous sommes un peu inquiets,
quand nous voyons les répétitions mar-
cher si bien et les représentations si
mal., .
« Il y a quelque chose de pourri dans
1 empire du Danemark, » disait Hamlet.
Je me connais peu en art militaire, mais
il n'y a pas besoin de s'y connaître pour
remarquer que ceux dont.c'est le métier
jie s'y connaissent guère mieux. Depuis
la campagne d'Italie, il n'y a eu qu'un
général en France, le général Hasard.
toujours le même défaut d'organisation ;
toujours la même absence de direction ;
arrive qu'arrive, telle paraît être la seule
tactique en usage.
On est vraiment effrayé, quand on
, songe à ce' qui pourrait advenir avec de
tels éléments dans une guerre euro-
Péenne. J'entends dire partout par des
8tens, qui, d'ailleurs, n'en savent rien :
, «Nous sommes prêts, archi-prÔts». Seule-
ment, toutes les fois qu'on entreprend
woi que ce soit, on s'aperçoit qu'on n'est
rien du tout. Le général qui disait
en 1870 qu'il ne. manquait pas un bouton
e guêtre est toujours là; lui ou son
rere, ou son fils, ou son neveu et il y a
m? '•n?mes bureaux et il y a les mêmes,
hll111strrs, car le diable m'emporte si en-
p.®'le ministère Ollivier et 1.0. ministère
£ralllS I-luptJ8 vois moindre différence. Je
&f» 8 que nous ne soyons prêts qu'à
être roulés.
c l'C'est ce mauvais climat, dit-on. Eh ! ce
/tS-.' ne le connaissiez-vous pas? S'il
aIt nnpossible de le combattre, il ne
vont -r> v8 aller à Madagascar. Et, si
^pliez aller à Madagascar, la pre-
iinne r.e était de prendre des précau-
«vAifC0îl re ce maudit, climat. Ne vous
« Avw ?as sur tous les tons :
lPnivT' '• aucim travail manuel ;
t n H111' dans cette zone remue la
(laf« f* homme mort ? » Et nos sol-
«as; ont des routes!
a, l'avenant. Etait-il impossible
fiestû ? vî'^er- raP^dcmcnt cette zone fu-
! ftvenhiJiï'l\îe-cas' il ne fallait pas s'y
&oir" "'i ials on ne me fera jamais
. qu n'eÚt pas mille fois mieux J
Que de 1l1awher en avant à -tout risque,
larnnH l'l r sur ce sol empoisonné, ou
est certaine. • ■ •
ProhpKu responsabilités? Il en est
de tant de - sortes
Ton sqra m ^ici^e d'en établir aucune,
telle fw!:11 pas arrangé chez nous de
couvort /iUe monde est toujours
respoJr nsa , b61,t que de personne personne n'est jamais
^arido ri? r!e:n. -11 y a d'ailleurs une
les autro Sp^¥ité qui. domine toutes
Parti l'es, ,c es-Kldj responsabilité de ce
lt'e au r!rn?T7nin'a cessé d'ê-
ÎOndation d/!î,r . d,ans ce pays depuis la
qt1Ï a coml- ive de République, et
l'antes tin i'!?.Sll.cces^vement toutes les
(:°]Ti);nr' ii,; l;lnf)iro:> -en nous entraînant
c|ie aS fcf ^ fol^8 pour la revan-
ri.°n>rien n t'/ -en lie trailsforroant rien,
ïil Pfii^s'onnoKf?eranx' ni administration,
wr : d aucune sorte, respectant
aussi incapable et
. ç, <5,1C hi, hnrdo Jmnél'Ja14
Vous verrez qu'ils diront encore que
c'est ? nous qui jetons l'alarme et qui
sommes de mauvais patriotes. N'a-t-on
pas prétendu que l'Empire avait été battu
parce que les républicains avaient pré-
dit qu'il le serait ? C'est sans doute aussi
parce que nous avions dit : « Votre ex-
pédition de Madagascar est une folie, »
qu'aussi promptement notre prophétie
s'est réalisée. Voilà en tout cas qui
prouve que nous avons quelquefois rai-
son eL qu'on gagnerait à nous écouter.
Vous connaissez ces gens qui donnent
des coups de poing au baromètre quand
celui-ci indique grande pluie, et qu'ils
désirent le beau temps. L'imbécile de
baromètre ! il ne pourrait pas passer au
beau ! Et ces imbéciles de radicaux, ils ne
pourrraiènt donc pas dire que tout va
bien ! Hélas ! nous le dirions, que tout
irait aussi mal. 11 n'y aurait de changé
que nous-mêmes, qui deviendrions alors
des opportunistes, c'est-à-dire des far-
ceurs.
Leur nombre actuel est assez grand.
Il n'est pas mauvais que quelques hom-
mes sincères subsistent encore pour la
graine; et je ne sais pas si, au demeu-
rant, il ne vaut pas mieux inquiéter le
pays que de l'endormir dans une sécu-
rité trompeuse.
HENRY MARET.
La BJÉPÉCEF, publiera demain un article de
. M. G. CLEMENCEAU
PROFILS
M. HENRY FOUQUIER
On annonce que M. Henry Fouquier vient de
faire recevoir une pièce à i'Odéon. M. Henry Four-
quier
Qui nous délivrera des Grecs et des Romains!
est l'un de nos derniers athéniens. C'est l'histoire
morigénant les héros devant les murs de Troie;
c'est encore ce perssonnage savoureux de Shakes-
peare, Ménénius Agrippa, qui a des sentences
toutes prêtes sur les moindres événements, ce qui
ne l'empêche nullement d'être à l'occasion un
esprit singulièrement averti. Nestor et flliéntniu3
seraient sans doute,' s'ils revenaient, traites de
« raseurs » par nos contemporains qui voient l'an-
tiquité a travers l'opérette et qui affectent vo-
lontiel's le même irrespect que Vallès proférant le
cri fameux : « Homère! aux Quinze-Vingts ! »
M. Henry Fouquier a la sagesse 'ondoyante du
centre gauche. C'est un normalien affranchi dans
la mesure oû un normalien peut J'être. Il vit passer
le siècle et ne dédaigna pas de s'y mêler, il fit de
l'administration, puis de la politique, eut toutes
les peines du monde à conquérir un siège, et, dès
qu'il l'eut, fit le dégoûté. Après cet avatar, il n'a
plus voulu être que chroniqueur, et il n'est pas
exagéré de le classer parmi les journalistes les plus
fertiles de notre temps. Il écrit comme d'autres
chantent, ne gardant — ceci est curieux —
toute son indépendance et toute sa franchise que
lorsque, derrière le masque de Colomba, il traite
de l'arjiout, et du mariage. En cette mat/ère, il en
remontrerait au plus audacieux des anarchistes.
Mais quand il s'agit de politique ou d'art drama-
tique, le normalien reparaît et l'athénien s'efface.
Critique, M.. Fouquier n'est plus guère qu'un
Gustave Planche élégant.
L'ancien député des Basses-Alpes nous est venu
de la Provence parfumée. Il est cigaiier et félibre,
comme il est épicurien et libéral. Au physique :
de silhouette frêle et fi ne; tout blanc (le poil et
de cheveux, myope à l'excès. Détail particulier :
abhorre Ibsen et goûte assez notre vaudeville
contemporain, — toujours en mémoire de la ûlo-
rieuse et vénérable Athènes.
Nick.
CHRONIQUE
A TRAVERS LA SCIENCE
Machinisme de sûreté. — Arrêt rapide
des moteurs. — Appareil de
sauvetage automatique.
. Un des graves problèmes que comporte la-
question ouvrière est celui de la sécurité des
travailleurs obligés de vivre chaque jour, de
longues heures, en cette intimité familière et
redoutable avec le machinisme dont l'aveugle
et terrible puissance les menace, les frôle à
tous les instants.
La science, surtout la science pratique de
l'inventeur, est appelée là à une mission des
plus hautes, ajoutons des plus difficiles et des
plus délicates.
Il suffit de quelques secondes, d'une seconde,
pour que le malheureux, trop vivement fasciné
par ces rouages troublants, soit saisi, entraîné,
mutilé...
Et, avant que soit écoulé cet intervalle si
court, il a fallu s'apercevoir de l'accident, se
précipiter sur l'appareil de « stoppage », le
faire jouer, arrêter ainsi le moteur et, enfin,
enrayer la vitesse acquise !
N'est-ce point beaucoup demander à la
faiblesse humaine, à l'ingéniosité des cher-
cheurs et aux lois fatales du mouvement des
lourdes masses !
N'y a-t-il point, dans cette éventualité fu-
neste, une de ces revanches inexe^Wei de-
progrès contre lesquelles il n'est pas de re-
cours !
Bien des solutions, bien des méthodes, ont
été imaginées pour atteindre le but idéal, et
obtenir une « syncope » ultra-rapide de la ma-
chine motrice et des organes qu'elle commande
— l'instantanéité est, comme onsait, une utopie,
une chose impossible et absurde, en cet ordre
de choses ; la rapidité est déjà une condition
anormale qui impose au machinisme un effort
scabreux. '
« Couper » la transmission, au moyen d'un
dèsembrayage, ou bien réaliser une halte du moteur
lui-même, voilà deux procédés que l'on a la
faculté d'employer dans les usines.
Le second est plus radical, plus complet,
puisqu'il permet de supprimer l'activité homi-
cide sur l'ensemble du moteur et des outils,
mais la tâche est plus grosse et elle offre des
périls, car h « quantite des mouvements »_ à
éteindre, faible pour une travée de transmis-
sion où les résistances de l'outillage agissent
vite, est considérable pour la machine et son
volant.
Il est vrai cu'on a la ressource d'un freinage
spécial, particulièrement énergique, à appli-
quer au volant, malgré le risque d'ébranler et
de détériorer un peu ce merveilleux organisme
de 1 atelier, aux connexions si précises.
On n'oserait placer ici un intérêt matériel
en balance avec l'existence précieuse d'un
homme! Mais il y a des'dangers dans cette
paralysatson subite d'une évolution mécanique
en pleine fièvre...
D'ailleurs, au demeurant, le mécanisme né-
cessaire pour le désembrayage d'une trans-
mission n'est sans doute pas moins ardu à con-
: cevoir et à déclancher que le mécanisme de
l'arrêt tota!..
Les solutions diverses méritent une discus-
sion très atttentive.
tr
* A
La philosophie du problème se résume en
cet axiome très simple : il faut que l'arrêt soit
provocable à distance, des divers points de flls:ne
où un accident peut se produire ou être ins-
tantanément signalé, et avec une rapidité extrême.
Une fouie de brevets se disputent la faveur
des industriels philanthropes, sollicités du j
reste par les injonctions légales à une protec-
tion jalouse de leurs vaillants associés ; mal-
heureusement il n'est point facile d'en trouver
des définitions et des descriptions impartiales,
claires et exactes.
Pour se tenir parfaitement au courant des.
inventions en général, de celles qui, en fait,
fonctionnent avec régularité et avantage, et
méritent d'être mentionnées, il n'existe suivant
moi qu'un moyen — j'en ai conquis, par ex-
périence hélas ! la triste certitude — s'absor-
ber en entier à cette étude, se livrer à de vas-
tes enquêtes, « péleriner » constamment à
travers les sanctuaires du travail et courir les
expositions : ce n'est pas à la portée des èhro-
nÍqucurs ordinaires, et messieurs les inven-
teurs, j'écris cela une fois pour toujours, sont
instamment priés de ne pas se formaliser si on
les oublie, si on les ignore, si on constate les
essais de leurs rivaux.
Le Génie civil, périodique de vieille souche,
cite une kyrielle de systèmes d'arrêt, Engel-
Gros , Brault, Dolfus-Mieg , Brennicke ,
PrœlI... (i) C'est toujours l'un de ces deux
piincipes élémentaires,. fermeture de l'arrivée
de vapeur au cylindre, action d'un frein sur
le volant, ou la combinaison de l'un et de
l'autre.
Les différences consistent dans les disposi-
tions de détail, ce qui revient à dire que, se-
lon le vœu de la pratique, lorsqu'il s'agit d'in-
ventions, d'appareils, rien ne sert d'apprécier
a priori, il faut voir si cela marche bien ou mal,
sans discussions oiseuses...
Le Génie civil signale, au nombre des arrêts
de moteur, et avec une certaine complaisance,
l'arrêt Meyer, qui, parait-il, satisfait d'une façon
heureuse au grand desideratum.
L'Electricicn en a donné également une mo-
nographie minutieuse, et ce n'est pas sans rai-
son, car le fluide aux souplesses si aimables
joue ici un rôle capital. Le fluide transmet l'or-
dre de « stoppage » et le Íait exécuter sans
perte de temps.
*
* *
L'arrêt Meyer, que je prends pour type de
ces mécanismes de sûreté, se compose de deux
éléments distincts, les deux éléments indispen-
sables, classiques, l'obturateur qui ferme la con-
duite d'accès du gaz sous pression dirigé vers
les pistons moteurs, et le frein qui s'évertue à
user la force vive emmagasinée dans le volant.
'Des boutons électriques, disséminés dans
l'atelier, permettent de lancer un courant,
soit vers le mécanisme de l'obturateur seul '
soit vers le mécanisme du frein et de l'obtura-
teur à la fois. A /a fols n'est pas absolument
juste, car, cela est de toute évidence, il faut
d'abord supprimer la force motrice, la vapeur
ou le gaz comprimé, puis susciter le secours
du frénage. La succession des deux manoeuvres
peut être rapide; par précaution elle doit être
marquée. Mais il est loisible de solidariser au-
tomatiquement les deux mécanismes.
L'électricité, on le sait, aimante passagère-
ment; l'aimant momentané ainsi créé attire
une pièce, voilà l'âme du mécanisme, de celui
qui ciéclanche le levier de l'obturateur, tt de
celui qui met le frein en action. Les organes
de ces mécanismes, surtout celui de l'obtura- /
Leur, s#nt du domaine technique et ne sau-
raient être décrits en ces colonnes, déjà trop
lourdement chargées...
. Le frein est original. *.
Une boite s'ouvre et Lusse tomber des ga.-
rets de caoutchouc entre le volant et une pièce
enveloppante. Grâce à la résistante' élasticité
le ces galets, le volant perd, avec une vio-
ence relativement douce, son énergie gira-
:oire. '
Le frein est, dans l'espèce, une mesure su-
prême... ; du reste, grâce à des tirants qui re-
lent la pièce enveloppante au moyeu du vo-
lant, aucun effort d'arrachement de l'arbre à
;es paliers — M. L. Meyer l'affirme dans
') ElcctricÍen — ne se manifeste.
Avec une machine de 20 chevaux, disent les
:omptes-rendus, à la pression de 7 kilos et à
a vitesse de 90 tours, arrêt en 7 secondes par
'obturateur seul, en moins d'une seconde par
'obturateur et le frein. Qaid avec 100 chevaux?
S à 10 secondes et 2 à 4 secondes sans doute ?
Aux spécialistes à juger !
*
* *
Le système Meyer comprend, outre l'obtu-
'ateur et le frein, un indicateur de vitesse dont
à conception m'a semblé ingénieuse.
Lorsqu'on fait tourner un liquide contenn
Jans un vase, à mesure que la rotation s'accé-
lère, la force centrifuge agissant, le liquide
s'élève sur le pourtour.
Une demi-sphère en fonte, liée au moteur,
contient mercure qui peut s'élever par des
conduits Quarts ménagés à la périphérie : en
s'élevant, à mesure que la vitesse s'accroît, ce
mercure comprime une chambre d'air et cet air
est amené à un manomètre très sensible dont
l'aiguille, parvenue à une graduation limite,
déclanche le mécanisme d'arrêt.
Les indicateurs ou avertisseurs sont nombreux
qui sont fondés sur des principes analogues :
l'automatisme est leur intéressant mérite.
A propos de cela, notons au passage que,
dans les grandes chaufferies des ateliers, des
paquebots, où plusieurs chaudières sont asso-
ciées à la production de vapeur, des soupapes
spéciales se ferment automatiquement, en cas
d'accident à une des chaudières, sous l'in-
(1) La Revue tics Inventions nouvelles a décrit réceai-
ment un antre système dû à M. Ch. Caaibon, de Su- j
Aûcqei&jjxdX ' 1
fluence de la rupture d'équilibre de la colonne
de vapeur, et localisent la catastrophe.
* *
Voici une élégante invention de sauvetage au-
tomatique — je ne ménage pas de transition,
car il s'agit encore d'un appareil de sûreté
dont je signale l'éclosion, d'après la Nature.
. Un gaz liquéfié, du chlorure de mèthyle, est
enfer mé dans un flacon de verre terminé en
pointe fine. La déchirure, au contact, de l'eau,
d 'uii anneau de papier à filtrer détermine la
détecte d'un ressort et le bris de la pointe de
verre : le gaz surgit et ; gonfle un sac de sau-
vetage, aplati et dissimulé sous les vêtements.
L'idée est de M.- Ropp.
'Un perfectionnement consiste à ajouter une
petite cartouche de phosphore de calcium dont
l'extrémité se brise par un jeu analogue au
contact du liquide ; le phosphore se décompose
à ce contact et dégage de l'hydrogène phos-
phore, qui brûle .spontanément à l'air avec une
vive lumière, feu follet artificiel, signal de
j détresse du naufragé abandonné sur le flot.
MIKHAEL SUNI.
L& BÉPÏWE'Spubliera demain un article de
lU. FRANCISQUE SARCEY ^ \
A MADAGASCAR
lb notre envoyé spécial à fdad«gascap :
Monsieur le directeur,
Je vous disais dans une dernière dépê-
che, avec preuves à l'appui, que le géné-
ral Duchesne éprouverait de sérieuses
difficultés pour organiser les convois de la
colonne légère qui doit aller à Tananarive.
Aujourd'hui que -l'heure est venue de pas-
ser des projets aux actes, c'est bien une
autre affaire : il 11e s'agit plus de l'organi-
sation des convois mais de la constitution
même de la colonne. L'état-major est aux
champs; on se' demande où l'on pourra
trouver les deux ou trois mille hommes
nécessaires pour la former. i
Sur la foi de renseignements que j'avais
tout lieu de croire exacts, je pensais que
.l'organisation de cette colonne ne . pou- ;
vait faire question ; j'ai même été dans ma
dernière dépêche, très affirmatif sur ce
point ; H paraît qu'il faut en rabattre; car
il se pourrait qu'il fallût attendre l'arrivée
dés. renforts récemment embarqués en
France, pour mettre la colonne en route.
Dès que j'ai appris cette grande nouvelle,
je suis allé aux informations, et voici les
renseignements que j'airecueillis ; ils sont
puises à bonne s6urce"et'TOTrs'gai"aiitir- l'exactitude.
La brigaded'infanterie de marine, qui a
été la moins éprouvée pourrait en faisant
flèche de tout bois, fournir quinze cents
hommes vigoureux capables de tenir la
campagne ; il resterait environ deux mille
malades ou convalescents, tous indisponi-
bles dans le moment, mais qu'on pourrait
utiliser par la suite pour garder les postes
de barrière et surveiller les incursions des
Fahavalos.
Quant à la première brigade, elle ne
peut rien donner ou à peu pres, Sa situa-
tion était la suivante au 15 août :
Le 200e de ligne a perdu le tiers de son
effectif depuis l'ouverture des hostilités.
Si on ajoute à cette proportion un tiers de
malades ou convalescents indisponibles, il
reste environ mille hommes à demi vali-
des, déjà fortement éprouvés par les fati-
gues subies et par les travaux, de terras-
sement gigantesques qu'ils ont eu à faire
pour construire la route de Suberbieville
au camp des Sources, cinquante kilomè-
tres au sud de Suberbieville.
Le bataillon des chasseurs à pied a des
effectifs encore plus réduits ; il ne peut
guère mettre en ligne plus de 300 baïon-
nettes..
Le régiment des tirailleurs algériens
n'est pas plus favorisé. Tout le cadre fran-
çais <•>: la troupe a disparu ; il ne reste plus
que des indigènes et des Français en rom-
placement. Les compagnies parties d'Al-
ger ou d'Oran avec un effectif de 250 h01'n-
mes n'en on ont plus que 100 disponibles ;
-la compagnie la plus riche ne peut mettre
que 115 fusils en ligne, et encore faut-il
ajouter que les tirailleurs valides ou soi-
disant tels sont pour la plupart anémiés
et ont besoin de repos.
L'artillerie a perdu 40 010 de son ef-
fectif.
Les troupes des services administratifs
sont en apparence les moins atteintes. Il
n'y en a que 30 pour cent qui .aient quitté
le rang pour aller peupler les cimetières
ou les. hôpitaux ; mais ceux qui restent ne
valent guère mieux. Seule, la peur de l'hô-
pital les empêche de se faire porter mala-
des; parmi les disponibles, il n'y èii a pas
plus de 10 010 capables de faire le service.
L'escadron de chasseurs d'Afrique n'a
que trente cavaliers disponibles.
Enfin., la compagnie du génie — capitaine
Ferrand — est devenue légendaire dans
le corps expéditionnaire.
Partie de France avec cent quatre-vingt-
trois sapeurs à l'effectif; elle a « dix-sept »
hommes sous les armes, dont un seul sim-
plo 'soldat; les autres sont sergents, capo-
raux ou ordonnances.
L'unique sapeur qui a tenu tête victo-
rieusement à la fièvre et à la dysenterie
est devenu un véritable objet de curiosité,
Quelle chose comme un bibelot rare et
ppr-Hr/nx ; chacun se le montre avec adllu-
râtiÓfr; c'est le sapeur de la compagnie,
comme disent en riant les officiers.
Cette compagnie a eu à supporter des
fatigues qui dépassent tout ce que l'imagi-
nation humaine peut concevoir. De nuit et
de jour, depuis son débarquement à Ma-
junga, elle a eu sur la route des équipes,
travaillant en plein midi sous la rage du
soleil par 40 degrés âz chaleur.
Puis est venue la construction du pont
sur la Betziboka, dont les sapeurs sont à
juste titre très fiers, mais qui n'a qu'un
inconvénient, c'est de ne pas servir à
grand'chose, car un simple bac eût suffi
pour assurer le passage des isolés, sous la
condition de réserver la voie fluviale aux
gros transports.
Les deux compagnies du train ont aussi
leurs effectifs très réduits et sont hors
d'état de convoyer une colonne, même
légère, pendant un mois. 1
Le bilan, comme vous le voyez, n'est pas
brillant ; il explique notre séjour prolongé
à Suberbieville, les lenteurs de notre mar-
che.et les atermoiements du général en
chef; on est bien forcé de temporiser
quandon n'a personne pouralier de l'avant.
En l'état actuel des choses, il n'est pas
possible de former une colonne de trois
mille hommes pour marcher sur Tanana-
rive, et il faudra de toute nécessité mar-
quer le pas jusqu'au jour où les relèves
arriveront. -
t II est vrai que ce jour ne saurait tarder
a venir, car on a signalé, le 29 août, le
passage à Obock clos premiers affrétés
apportant de nouvelles troupes. Ils doivent
être sur le point d'arriver à Majunga. s'ils
n'y sont déjà, mettons qu'il faille à nos
troupiers dix jours pour gagner Andriba,
cela nous conduit au 15 septembre pour
la date a laquelle la colonne sera aug-4
mentee et pourra se mettre en route.
Tous les officiers que j'ai discrètement
pressentis sur l'époque probable de l'occu-
pation de Tananarive sont unanimes il
acclamer que, malgré les efforts de tous et
maigre l'impatience du général en chef,
dont on ne saurait trop admirer l'indomp-
table énergie, nos troupes n'entreront pas
dans la capitale des Hovas avant le 15 oc-
tobre. Il faudra même s'estimer très heu-
reux si a cette date notre drapeau flotte
sur le palais de la reine,
T>'"9e,L tO,ut: cela, il semble résulter que
l etat-major du corps expéditionnaire a
manque de prévoyance. Les relèves ont
ete demandées beaucoup trop tard. Dès
qu on a vu la fièvre sévir si cruellement et
faire dans nos rangs de si nombreuses vic-
times, il fallait demander immédiatement
des renforts, afin de combler les vides qui
se produisaient journellement ; on aurait
ainsi évité bien des embarras et bien des len-
teurs. Aujourd'hui surtout que nos trou-
pes sont dans une région relativement insa-
1 ubre, ce serait, àmoI1 sens, u ne grave erreur
de ne pas demander de suite à la métropole
les troupes nécessaires pour reconstituer
. entièrement le corps expéditionnaire et re-
mettre les effectifs sur le pied où ils étaient
au début de la campagne. Il ne faut pas se
dissimuler, en effet, qu'une fois Tanana-
rive pris et les Hovas réduits à Fimpuis-
sance, il faudra occuper le pays, le paci-
fier, l'organiser, et que, pour une aussi
rude besogne, 15,000 hommes ' valides ne
seront pas de trop ; je dirai même que
c'est tout au plus s'ils pourront suffire à
une aussi lourde tache.
Malgré toutes ces difficultés, vous pou-
vez tenir pour certain que nous occupe-
rons Tananarive avant l'hivernage, car la
véritable saison des pluies ne commence,
en réalité, que vers la mi-décembre. Il y
a bien, à partir des premiers jours de no-
vembre, quelques grosses pluies d'orage
qui ravinent les chemins et les sentiers,
mais on peut très bien, malgré ces pluies,
tenir la campagne. J'ai vu ces jours der-
niers un Européen de marque qui m'a
fait, sur ce point, les affirmations les plus
catégoriques et les plus rassurantes. Il
connaît admirablement ce pays où il a sé-
journé pendant plus de vingt ans; il m'a
donné sur la cour d'Emyrlle, sur les dis-
positions du peuple hova et sur les évène-
,n;l.c,n.ts-J).('Qhal.Ùes que l'arrivée de nos trou-
pes dans l'Imerina provoquera, des ren- j
seignements très intéressants que je vous j
communiquerai dans ma prochaine de-
pèche. F. L.
Nos Télégrammes
Par Fil Spécial
M. Allain-Targé et M. Trarieux
Paris, 6 septembre, soir.
En réponse à la lettre de M. AUain-Targé
Que nous avons donnée dans notre dernier 1
numéro, M. Trarieux adresse au journal
la LifJer'tè la note suivante que notre im-
partialité nous fait un devoir de publier :
Paris, le 6 septembre 1805.
Monsieur le directeur,
Vous voulez bien me communiquer la lettre
de M. Allain-Targé relative à l'article du Rap-
pet dans lequel ce journal, travestissant le ré-
cit d'une affaire dont je fus chargé à, Bordeaux
en 1871, comme avocat, se permettait de dire :
1° Que j'a-vais sciemment défendu un espion
malgré les éclaircissements que m'avait don-
nés M. Allain-Tar,,,é,, alors préfet de la Gironde,
qui, ne parvenant pas à me convaincre, avait
dû brutalement me donner mon congé;
2° Que j'avais, alors, soutenu un procès dans
lequel j'avais succombé après avoir été « ad-
monesté parle tribunal et bafoué par la foule ».
Je constate que M. Allain- Targé donne, lui-
même un. démenti formel à ces doux alléga.
tions : 1° 11 se défend de m'avoir exprimé ses
sentiments brutalement; 2" il reconnaît que je
n'ai plaidé contre lui aucun procès, et que, par
suite, je n'ai pu être admonesté par un tribu-
nal qui n'a pas eu à juger, et bafoué par une
. foule qui n'a pas eu à m'entendre.
La lettre de M. Allain-Targé ne prétend dif-
férer des explications qu'avait données la
Liberté que sur un point : M. Allain-Targé
affirme avoir gardé mon client sous clef jus-
qu'après la capitulation de Paris, et ne point
lavoir élargi dans les quarante-huit heures
de l'acte qui lui avait été signifié à la requête
de mon client..
Mais. sur ce point encore, M. Allain-Targ-é
est moins en désaccord avec moi qu'il ne
semble le croire, car l'arrêt qui avait acquitte
mon client de l'inculpation de port illégal de
costume militaire est du 26 janvier 18.71, et la
capitulation de Paris, du 29. _
C'est entre ces deux dates, je suppose, qu , a-
vait été signifiée la mise-en demeure qu'il
avait reçue de mettre fin à. une détention qui,
en se prolongeant après l'acquittement pro-
noncé parla cour, était devenue arbitraire. Ce
qui est du reste évident, c'est que M. Allain-
Targé reconnaît aujourd'hui qu'il avait eu des
soupçons inexacts, puisque mon client, ayant
été volontairement remis en liberté, n'a ja-
mais été accusé d'espionnage.
Et, enfin, ce qui me comble de surprise dans
la lettre que vous me soumettez, c'est l'aveu
que si j'avais été appelé à plaider contre M.
Allain-Targé, il était entendu avec le prési-
dent du tribunal pour que celui-ci vint en per-
sonne juger le « procès du jeune avocat ».
J'avoue que je ne trouverais à cela aucune
excuse, mais je me plais à espérer que les sou-
venirs de l'ancien préfet de la Gironde neSont
pas exacts. Je me procurerai ïe jugement et
l'arrêt qui avaient acquitté mon client, et je
vous en donnerai prochainement connaissance.
Veuillez agréer, monsieur le directeur; etc.,
L. TRARIEUX.
A CARMAUX
De notre correspondant spécial :
LES JOURNAUX
Paris, 6 septembre, soir.
LA DÉMISSION DE M. SIRYEN
M. Alphonse Humbert commente à son
tour dans l'Eclair la désapprobation don-
née Dar l'honorable M. Sirven aux actes
de son co actionnaire Ressérruier et (le
manoe l'intervention du gouvernemeS
aans le conflit élevé entre ce dernier et
ses victimes : WUlU eî
En dépit du démenti dont (nTait été -l'objet
^b£lp^&par PeuT&jl&t
con ii?1^ P°ui dégager sa responsabilité dù
ni n iu c- Resseguier engage so* a^-r-oi^
que M. Sirvcn, grand industrie!
a
tI"Ltlcn e ) de " laMcSté"!" (3'" lu" Cal'mallx.ri [}'1'11' l Á f'i-U
Sa lettre ne lïàVà cet
et la réponse qu'y fait M? Rossé "i"p con-
firme de tous point rinterDrétation7]onn.ie
la" Elle ; est, eet.te réponse, tout parà.
lait suggestive : M. Resseo-uier exprime la
ec~ttp
"lenie~
mais
recevoir
et
dans la voie ou il est entré. ■ lJC'&LVClcr
Habemus confitantem... voilà qui est on no
peut seulement La société de Carmaux ne futte
pas ..ornement pour ses propres intérêts elle
quoi? Contre la tyrannie des syndicats Elle a
pris cette cause en main, et, dans le combat
qu elle va livrer à l'ennemi comniun, elle es-
avec^lle011' Ie-patronat français se solidariser
ci- M. ResséSlVer Gt ses associés se
font des illusions, car si les choses en étaient
ln, la guerre sociale serait ouverte, tout sim-
eti quelle s-uerre, qui aboutirait in-
laiiliblement a la grève générale ou à pis.
M. Resseguier. ceux qui le poussent et ceux
qui le suivent n espèrent pas, sans doiite, quo
les ouvriers vont se laisser reprendre la li-
berté d association sans combattre. Oh ! je sais
bien que les organisateurs de cette intelli-
gente croisade ne demandent pas qu'il soit
touene a la loi; que la loi demeure pourvu que
ce soit a, l etat de formule creuse; ce n'est pas
au mot qu'on en veut. c'est au fait, c'est par
j.a lamine qu'on réduira les syndiqués.
Quand tous les ateliers de France se ferme-
ront ne vaut les « meneurs >Y, devant les « poli-
ticiens de comité ». vous'verrez bientôt ce
qu il restera de la liberté syndicale ' Oui. Eh
bien ! essayez un peu ce jeu-là et vous verrez
ou il vous conduira; ; vous verrez ce qu'il res-
tera bientôt et de la paix publique, et de notre
prospérité industrielle, et de la Rénu lique.
Peut-être, depuis, que la République' est ion-
dée, on n a cessé de répéter aux ouvriers que
le cycle révolutionnaire est fermé, que tout
recours à la violence est criminel, que l'af-
franchissement économique auquel ils aspi-
rent ils peuvent et doivent l'attendre unique-
ment de la. liberté d'association ; et voilà que,
par la brutale leçon des faite:, ils vont appren-
dre que. cette loi, leur unique recours, est
vainc et ne sert de rien, puisqu'il dépend des
patrons de la mettre dans leur poche. rn g'ou-
vernement qui regarderaIt tranquillement
s'ouvrir et se poursuivre une pareille campa- ■
g'ne serait singulièrement imprudent; nous en" '.
verrons de drôles si on laisse faire M. Ressé-
guier.
M. Ernest Lesigne émet dans le Radical
des appréciations analogues :
La condamnation portée par M. Sirven.
vice-président du conseil d'administration de
la lavclTel'ie.de Carmaux contre son président, '
M. Rességuier, confirme l'arrêt prononcé dès
le début par l'opinion tout entière.
Cet homme apparaît comme une sorte d'en-
nemi public.,, il prétend qu'il reste quelqu'un
pour lui; il. se vante ; car ceux des journaux
qui avaient eu le triste courage d'être de son
avis se sont tu; hier devantfécrasante netteté
delà lettre de M. Sirven. lî faut dire que ce
: M. Rességuier est bien difficile à défendre,
aussi, quand il vit que le bruit de la démission
commençait à se répandre, il se hâta de com-
muniquer une note a ses journaux ordi n:Ül'cs,
et l'on pui lire, par exemple dans les Débats :
« Cette décision n'a été motivée par aucun des
incidents qui ont amené la fermeture des ver-
reries de Carmaux et, en la donnant, M. Sir-
ven n'a obéi qu'à des considérations d'ordre
purement personnel. »
Or, d'un bout à l'autre de sa lettre, M.
Sirven motive sa démission par le fait de
la fermeture de l'usine, du refus de conci-
liation honorable; tellement que le démis-
sionnaire repousse toute responsabilité des
décisions prises par M. Rességuier. Or,
celui-ci avait cette lettre en poche depuis
huit jours quand il a fait insérer sa note
par' les journaux à sa dévotion ; par consé-
quent. il leur faisait sciemment dénaturer
la vérité.
Trouvez donc des gens pour vous soute-
nir après cela; décidément, cet homme est
trop compromettant.
La LAbre Parole elle-même, - qui n'a
jamais, à proprement parler, pris la dé-
fense des verriers contre leur patron,
constate aujourd'hui rentière et absolue'
culpabilité de M. Rességuier.
M. de Boisandré écrit, en effet :
J'estime que nos confrères socialistes ont
parfaitement le droit de prendre la défense :
des ouvriers deiCarmaux contre ia rapacité et
l'entêtement criminel d'un Rcssogmcr. 11 est
démontré depuis longtemps que ce Rességuier
est l'auteur responsable de la situation ac-
tuelle, et la démission motivée de M. Sirven,
vice-président du conseil d'administration de
la Société des verreries de Carmaux, n'en est
qu'une dernière et surabondante preuve.
RÉUNIONS ET CONFÉRENCES
De notre correspondant spécial:
Paris, 6 septembre, soir.
La liste des réunions organisées au bé-
néfice des victimes deM. Rességuier se
fait chaque jour plus longue; tous les soirs
4. 5, et même 6 meetings réunissent sur
divers points de Paris les généreux parti-
sans des affamés de Carmaux : députés et
conseilleurs municipaux socialistes vont ;
de tous côtés faire un appel — qui est tou-
jours entendu — aux sentiments de seli-
d,-trité du prolétariat français.
Les syndicats et groupes ne chôment pas
non plus de leur côté ; ils se réunissent
tous les soirs pour activer et rendre plus
efficace la bonne propagande entreprise
en faveur des verriers carmausiens ; H
n'es t pas à cette heure une seule corpora-
tion ouvrière, un seul groupe républi-
cain, qui demeure indifférent au sort si
intéressant des victimes du patron Ressé-
guier. -- ..
Ce que nous disons pour Paris peut s „ ap-
pliquer aux départements 01.1 la propa-
gande est non moins active, non moins al'
dente.
Dans les villes ou les députés socialistes
vont donner eux-mêmes des conférences,
c'est devant des auditoires énormes et ab-
solument sympathiques aux verriers de
Carmaux qu'ils exposent les causes de
cette grève patronale, Parmi les meetings
tenus ces soirs-ci à Paris, signalons celui
organisé, avant-hier soir. à Montmartre,
et où, devant une foule considérable d'au-
diteurs, le député Marcel Sembat a fait en'
termes énergiques le procès du patrori'
Rosséguier. ■
Les citoyens Clovis Hugues, député; Le-
alvl.(., et l )o¡'eu ¡'e ont pris la parole après
le citoyen Sembat et flétri à leur tour, au
milieu des applaudissements unanimes, les
agissements do M. RessÓguwr et 1 attitude
du gouvernement... ",,'
Une fructueuse collecte a été faite a i is"
sue do cette réunion.
- $MTMNS ~ RÉGIONALES
Le Numéro 5 Centimes
Wmf ~ "--"
.. ÉDITIONS Ei@10HA.LES ~
MâliMn ûu NousS:i.J.lo:tJ
Catalogne, (Âvejîoa|â
hetâta.
Mtcïitîon de FMéFBUïQ
Edition tte l'Ouest
i&t-at-Garcmje» Taitn#t-G*r.» Gers» Dordognoï
Edition du Sud~Om@st
Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées * Landes
Journal cie la Démocratie
RÉDACTION ET ADMINISTRATION vTOULOUSE, S7y RUE ■ BAYARD
Sureaux: a ^strls : S4, Hue Fe:.vêteau
WiûitîOM ûu OentJrt9
SW®Se Gc&ul, Cwèa^. !Jto..VifiJUle, ,
édition du T&&n
â,tetion de l'Autf®
£§&iUcm FOumt.
SlfljffiWCÎK'Ceâ^, tiUIl'4l»QK00S|| '
Edition de TOulouse ;
Haute-Garonne, Ariège
ABONNEMENTS Troismols Six mois ' Un &n Ihiréefàeattatt»
France, Algérie et Tunisie... 5 fr. lOfr. 20 ff. 6 cent le N*
1 Etranger (Union postale) 9 fI.". • ts fr. 1© cent. le NI
Les Àbonnefrtetiîs de trois mois, six ntois et usi an partent des 1" et 16 de chaque maü.
Ils sont payables d'avqnce i Envoyer 50 cent. pour changement d'adreest-
: 36e Année - SAMEDI 7 SEPTEMBRE 1895 - N° 9888
ffIFHiliîhifJei'S31(!III?»-ssïîfes?.î&i»14 " gn
r ?-»i Sfe K -
A à b«™«. 8 • place d. la BOLIL-se et dans t,,ute.,Ie, LA DÍpÈCIIL .
LA BEP ECHR publie chaque jour tm
article politique ou économique et un-
article littéraire des œfk¡lioraf,eu:rs ci-
dessous désignés : \
CGi.USCMTtmg mMmAnms UÏS&airbs
MM. MM. ' ...
René GOBLJET . JEAIN DES VIGMES
Camille PELAJiFAM Francisque SÂROEY
Jean FRONTIÈRE '_é0il1 MIULOT .
H. ALLAe^-TARQÉ HG^ODEl ,.
Jean JAURÈS .: Armand SI LVESTRE
BAWC G. CLEMENCEAU
Henry KsIARET CarniHe. PELL.E'r AN '
G. CÏ.E&1EN-CEAU. ■ Klikhaël Si,;NI.
Jacques CLASH F?Ô¥?0
LEf«ASQON L.-)Ç.3viep de "AICARD
FRANÇAIS B. MARCEL
EXPOSITION
Les dons offerts par les artiste:
de l'Ecole de làulouse pour la t01nbolG
au profit de la Société de secours mu
îuels de L'ALLIANCE DES APTS, sont expo-
sés au Hall de la Dépêche. EntréE;
libre de 8 heures du matin à
LA POLITIQUE
MADAGASCAR
Etions-nous prophète de malheur,
quand nous nous opposions à l'expédi-
tion de Madagascar, et que nous di-
sions : «Prenez garde de préparer un
nouveau Mexique ? »
Je me souviendrai toujours.d'une COll-
versation que j'eus avec un ministre
d'alors : « Cela, me disait-il, ce n'est rien,
une pure promenade militaire. Cela nous
coûtera en plus, et en exagérant beau-
coup, une. quinzaine de millions. Après
quoi, nous- serons maîtres d'une terre
immense, et commanderons toute la mer
africaine.».
A cette heure, on a dépasssé de beau-
coup les soixante-quatre millions votés:,
et l'on va nous en demander 'autant à la
rentrée, en attendant le reste. Cepen-
dant, nos malheureux soldats meurent
comme des mouches ; le désordre est
'\)artout, la fièvre dévore les régiments,
rien n'a été préparé, rien n'a été orga-
nisé, une pitoyable impéritie dirige la
guerre et la marine, et nous ne serons
maîtres de rien du tout.
D'ailleurs, les félicitations pleuvent :
Félix Faure félicite, ses ministres fëlici-
tent. N'y a-t-il pas en ce moment de
grandes manoeuvres quelque part ? Cel-
les-là réussiront, soyez-en sûr, et les
chefs s'y couvriront de gloire. Il n'en est
pas de même des manoeuvres de l'expé-
dition. Nous sommes un peu inquiets,
quand nous voyons les répétitions mar-
cher si bien et les représentations si
mal., .
« Il y a quelque chose de pourri dans
1 empire du Danemark, » disait Hamlet.
Je me connais peu en art militaire, mais
il n'y a pas besoin de s'y connaître pour
remarquer que ceux dont.c'est le métier
jie s'y connaissent guère mieux. Depuis
la campagne d'Italie, il n'y a eu qu'un
général en France, le général Hasard.
toujours le même défaut d'organisation ;
toujours la même absence de direction ;
arrive qu'arrive, telle paraît être la seule
tactique en usage.
On est vraiment effrayé, quand on
, songe à ce' qui pourrait advenir avec de
tels éléments dans une guerre euro-
Péenne. J'entends dire partout par des
8tens, qui, d'ailleurs, n'en savent rien :
, «Nous sommes prêts, archi-prÔts». Seule-
ment, toutes les fois qu'on entreprend
woi que ce soit, on s'aperçoit qu'on n'est
rien du tout. Le général qui disait
en 1870 qu'il ne. manquait pas un bouton
e guêtre est toujours là; lui ou son
rere, ou son fils, ou son neveu et il y a
m? '•n?mes bureaux et il y a les mêmes,
hll111strrs, car le diable m'emporte si en-
p.®'le ministère Ollivier et 1.0. ministère
£ralllS I-luptJ8 vois moindre différence. Je
&f» 8 que nous ne soyons prêts qu'à
être roulés.
c l'C'est ce mauvais climat, dit-on. Eh ! ce
/tS-.' ne le connaissiez-vous pas? S'il
aIt nnpossible de le combattre, il ne
vont -r> v8 aller à Madagascar. Et, si
^pliez aller à Madagascar, la pre-
iinne r.e était de prendre des précau-
«vAifC0îl re ce maudit, climat. Ne vous
« Avw ?as sur tous les tons :
lPnivT' '• aucim travail manuel ;
t n H111' dans cette zone remue la
(laf« f* homme mort ? » Et nos sol-
«as; ont des routes!
a, l'avenant. Etait-il impossible
fiestû ? vî'^er- raP^dcmcnt cette zone fu-
! ftvenhiJiï'l\îe-cas' il ne fallait pas s'y
&oir" "'i ials on ne me fera jamais
. qu n'eÚt pas mille fois mieux J
Que de 1l1awher en avant à -tout risque,
larnnH l'l r sur ce sol empoisonné, ou
est certaine. • ■ •
ProhpKu responsabilités? Il en est
de tant de - sortes
Ton sqra m ^ici^e d'en établir aucune,
telle fw!:11 pas arrangé chez nous de
couvort /iUe monde est toujours
respoJr nsa , b61,t que de personne personne n'est jamais
^arido ri? r!e:n. -11 y a d'ailleurs une
les autro Sp^¥ité qui. domine toutes
Parti l'es, ,c es-Kldj responsabilité de ce
lt'e au r!rn?T7nin'a cessé d'ê-
ÎOndation d/!î,r . d,ans ce pays depuis la
qt1Ï a coml- ive de République, et
l'antes tin i'!?.Sll.cces^vement toutes les
(:°]Ti);nr' ii,; l;lnf)iro:> -en nous entraînant
ri.°n>rien n t'/ -en lie trailsforroant rien,
ïil Pfii^s'onnoKf?eranx' ni administration,
wr : d aucune sorte, respectant
aussi incapable et
. ç, <5,1C hi, hnrdo Jmnél'Ja14
Vous verrez qu'ils diront encore que
c'est ? nous qui jetons l'alarme et qui
sommes de mauvais patriotes. N'a-t-on
pas prétendu que l'Empire avait été battu
parce que les républicains avaient pré-
dit qu'il le serait ? C'est sans doute aussi
parce que nous avions dit : « Votre ex-
pédition de Madagascar est une folie, »
qu'aussi promptement notre prophétie
s'est réalisée. Voilà en tout cas qui
prouve que nous avons quelquefois rai-
son eL qu'on gagnerait à nous écouter.
Vous connaissez ces gens qui donnent
des coups de poing au baromètre quand
celui-ci indique grande pluie, et qu'ils
désirent le beau temps. L'imbécile de
baromètre ! il ne pourrait pas passer au
beau ! Et ces imbéciles de radicaux, ils ne
pourrraiènt donc pas dire que tout va
bien ! Hélas ! nous le dirions, que tout
irait aussi mal. 11 n'y aurait de changé
que nous-mêmes, qui deviendrions alors
des opportunistes, c'est-à-dire des far-
ceurs.
Leur nombre actuel est assez grand.
Il n'est pas mauvais que quelques hom-
mes sincères subsistent encore pour la
graine; et je ne sais pas si, au demeu-
rant, il ne vaut pas mieux inquiéter le
pays que de l'endormir dans une sécu-
rité trompeuse.
HENRY MARET.
La BJÉPÉCEF, publiera demain un article de
. M. G. CLEMENCEAU
PROFILS
M. HENRY FOUQUIER
On annonce que M. Henry Fouquier vient de
faire recevoir une pièce à i'Odéon. M. Henry Four-
quier
Qui nous délivrera des Grecs et des Romains!
est l'un de nos derniers athéniens. C'est l'histoire
morigénant les héros devant les murs de Troie;
c'est encore ce perssonnage savoureux de Shakes-
peare, Ménénius Agrippa, qui a des sentences
toutes prêtes sur les moindres événements, ce qui
ne l'empêche nullement d'être à l'occasion un
esprit singulièrement averti. Nestor et flliéntniu3
seraient sans doute,' s'ils revenaient, traites de
« raseurs » par nos contemporains qui voient l'an-
tiquité a travers l'opérette et qui affectent vo-
lontiel's le même irrespect que Vallès proférant le
cri fameux : « Homère! aux Quinze-Vingts ! »
M. Henry Fouquier a la sagesse 'ondoyante du
centre gauche. C'est un normalien affranchi dans
la mesure oû un normalien peut J'être. Il vit passer
le siècle et ne dédaigna pas de s'y mêler, il fit de
l'administration, puis de la politique, eut toutes
les peines du monde à conquérir un siège, et, dès
qu'il l'eut, fit le dégoûté. Après cet avatar, il n'a
plus voulu être que chroniqueur, et il n'est pas
exagéré de le classer parmi les journalistes les plus
fertiles de notre temps. Il écrit comme d'autres
chantent, ne gardant — ceci est curieux —
toute son indépendance et toute sa franchise que
lorsque, derrière le masque de Colomba, il traite
de l'arjiout, et du mariage. En cette mat/ère, il en
remontrerait au plus audacieux des anarchistes.
Mais quand il s'agit de politique ou d'art drama-
tique, le normalien reparaît et l'athénien s'efface.
Critique, M.. Fouquier n'est plus guère qu'un
Gustave Planche élégant.
L'ancien député des Basses-Alpes nous est venu
de la Provence parfumée. Il est cigaiier et félibre,
comme il est épicurien et libéral. Au physique :
de silhouette frêle et fi ne; tout blanc (le poil et
de cheveux, myope à l'excès. Détail particulier :
abhorre Ibsen et goûte assez notre vaudeville
contemporain, — toujours en mémoire de la ûlo-
rieuse et vénérable Athènes.
Nick.
CHRONIQUE
A TRAVERS LA SCIENCE
Machinisme de sûreté. — Arrêt rapide
des moteurs. — Appareil de
sauvetage automatique.
. Un des graves problèmes que comporte la-
question ouvrière est celui de la sécurité des
travailleurs obligés de vivre chaque jour, de
longues heures, en cette intimité familière et
redoutable avec le machinisme dont l'aveugle
et terrible puissance les menace, les frôle à
tous les instants.
La science, surtout la science pratique de
l'inventeur, est appelée là à une mission des
plus hautes, ajoutons des plus difficiles et des
plus délicates.
Il suffit de quelques secondes, d'une seconde,
pour que le malheureux, trop vivement fasciné
par ces rouages troublants, soit saisi, entraîné,
mutilé...
Et, avant que soit écoulé cet intervalle si
court, il a fallu s'apercevoir de l'accident, se
précipiter sur l'appareil de « stoppage », le
faire jouer, arrêter ainsi le moteur et, enfin,
enrayer la vitesse acquise !
N'est-ce point beaucoup demander à la
faiblesse humaine, à l'ingéniosité des cher-
cheurs et aux lois fatales du mouvement des
lourdes masses !
N'y a-t-il point, dans cette éventualité fu-
neste, une de ces revanches inexe^Wei de-
progrès contre lesquelles il n'est pas de re-
cours !
Bien des solutions, bien des méthodes, ont
été imaginées pour atteindre le but idéal, et
obtenir une « syncope » ultra-rapide de la ma-
chine motrice et des organes qu'elle commande
— l'instantanéité est, comme onsait, une utopie,
une chose impossible et absurde, en cet ordre
de choses ; la rapidité est déjà une condition
anormale qui impose au machinisme un effort
scabreux. '
« Couper » la transmission, au moyen d'un
dèsembrayage, ou bien réaliser une halte du moteur
lui-même, voilà deux procédés que l'on a la
faculté d'employer dans les usines.
Le second est plus radical, plus complet,
puisqu'il permet de supprimer l'activité homi-
cide sur l'ensemble du moteur et des outils,
mais la tâche est plus grosse et elle offre des
périls, car h « quantite des mouvements »_ à
éteindre, faible pour une travée de transmis-
sion où les résistances de l'outillage agissent
vite, est considérable pour la machine et son
volant.
Il est vrai cu'on a la ressource d'un freinage
spécial, particulièrement énergique, à appli-
quer au volant, malgré le risque d'ébranler et
de détériorer un peu ce merveilleux organisme
de 1 atelier, aux connexions si précises.
On n'oserait placer ici un intérêt matériel
en balance avec l'existence précieuse d'un
homme! Mais il y a des'dangers dans cette
paralysatson subite d'une évolution mécanique
en pleine fièvre...
D'ailleurs, au demeurant, le mécanisme né-
cessaire pour le désembrayage d'une trans-
mission n'est sans doute pas moins ardu à con-
: cevoir et à déclancher que le mécanisme de
l'arrêt tota!..
Les solutions diverses méritent une discus-
sion très atttentive.
tr
* A
La philosophie du problème se résume en
cet axiome très simple : il faut que l'arrêt soit
provocable à distance, des divers points de flls:ne
où un accident peut se produire ou être ins-
tantanément signalé, et avec une rapidité extrême.
Une fouie de brevets se disputent la faveur
des industriels philanthropes, sollicités du j
reste par les injonctions légales à une protec-
tion jalouse de leurs vaillants associés ; mal-
heureusement il n'est point facile d'en trouver
des définitions et des descriptions impartiales,
claires et exactes.
Pour se tenir parfaitement au courant des.
inventions en général, de celles qui, en fait,
fonctionnent avec régularité et avantage, et
méritent d'être mentionnées, il n'existe suivant
moi qu'un moyen — j'en ai conquis, par ex-
périence hélas ! la triste certitude — s'absor-
ber en entier à cette étude, se livrer à de vas-
tes enquêtes, « péleriner » constamment à
travers les sanctuaires du travail et courir les
expositions : ce n'est pas à la portée des èhro-
nÍqucurs ordinaires, et messieurs les inven-
teurs, j'écris cela une fois pour toujours, sont
instamment priés de ne pas se formaliser si on
les oublie, si on les ignore, si on constate les
essais de leurs rivaux.
Le Génie civil, périodique de vieille souche,
cite une kyrielle de systèmes d'arrêt, Engel-
Gros , Brault, Dolfus-Mieg , Brennicke ,
PrœlI... (i) C'est toujours l'un de ces deux
piincipes élémentaires,. fermeture de l'arrivée
de vapeur au cylindre, action d'un frein sur
le volant, ou la combinaison de l'un et de
l'autre.
Les différences consistent dans les disposi-
tions de détail, ce qui revient à dire que, se-
lon le vœu de la pratique, lorsqu'il s'agit d'in-
ventions, d'appareils, rien ne sert d'apprécier
a priori, il faut voir si cela marche bien ou mal,
sans discussions oiseuses...
Le Génie civil signale, au nombre des arrêts
de moteur, et avec une certaine complaisance,
l'arrêt Meyer, qui, parait-il, satisfait d'une façon
heureuse au grand desideratum.
L'Electricicn en a donné également une mo-
nographie minutieuse, et ce n'est pas sans rai-
son, car le fluide aux souplesses si aimables
joue ici un rôle capital. Le fluide transmet l'or-
dre de « stoppage » et le Íait exécuter sans
perte de temps.
*
* *
L'arrêt Meyer, que je prends pour type de
ces mécanismes de sûreté, se compose de deux
éléments distincts, les deux éléments indispen-
sables, classiques, l'obturateur qui ferme la con-
duite d'accès du gaz sous pression dirigé vers
les pistons moteurs, et le frein qui s'évertue à
user la force vive emmagasinée dans le volant.
'Des boutons électriques, disséminés dans
l'atelier, permettent de lancer un courant,
soit vers le mécanisme de l'obturateur seul '
soit vers le mécanisme du frein et de l'obtura-
teur à la fois. A /a fols n'est pas absolument
juste, car, cela est de toute évidence, il faut
d'abord supprimer la force motrice, la vapeur
ou le gaz comprimé, puis susciter le secours
du frénage. La succession des deux manoeuvres
peut être rapide; par précaution elle doit être
marquée. Mais il est loisible de solidariser au-
tomatiquement les deux mécanismes.
L'électricité, on le sait, aimante passagère-
ment; l'aimant momentané ainsi créé attire
une pièce, voilà l'âme du mécanisme, de celui
qui ciéclanche le levier de l'obturateur, tt de
celui qui met le frein en action. Les organes
de ces mécanismes, surtout celui de l'obtura- /
Leur, s#nt du domaine technique et ne sau-
raient être décrits en ces colonnes, déjà trop
lourdement chargées...
. Le frein est original. *.
Une boite s'ouvre et Lusse tomber des ga.-
rets de caoutchouc entre le volant et une pièce
enveloppante. Grâce à la résistante' élasticité
le ces galets, le volant perd, avec une vio-
ence relativement douce, son énergie gira-
:oire. '
Le frein est, dans l'espèce, une mesure su-
prême... ; du reste, grâce à des tirants qui re-
lent la pièce enveloppante au moyeu du vo-
lant, aucun effort d'arrachement de l'arbre à
;es paliers — M. L. Meyer l'affirme dans
') ElcctricÍen — ne se manifeste.
Avec une machine de 20 chevaux, disent les
:omptes-rendus, à la pression de 7 kilos et à
a vitesse de 90 tours, arrêt en 7 secondes par
'obturateur seul, en moins d'une seconde par
'obturateur et le frein. Qaid avec 100 chevaux?
S à 10 secondes et 2 à 4 secondes sans doute ?
Aux spécialistes à juger !
*
* *
Le système Meyer comprend, outre l'obtu-
'ateur et le frein, un indicateur de vitesse dont
à conception m'a semblé ingénieuse.
Lorsqu'on fait tourner un liquide contenn
Jans un vase, à mesure que la rotation s'accé-
lère, la force centrifuge agissant, le liquide
s'élève sur le pourtour.
Une demi-sphère en fonte, liée au moteur,
contient mercure qui peut s'élever par des
conduits Quarts ménagés à la périphérie : en
s'élevant, à mesure que la vitesse s'accroît, ce
mercure comprime une chambre d'air et cet air
est amené à un manomètre très sensible dont
l'aiguille, parvenue à une graduation limite,
déclanche le mécanisme d'arrêt.
Les indicateurs ou avertisseurs sont nombreux
qui sont fondés sur des principes analogues :
l'automatisme est leur intéressant mérite.
A propos de cela, notons au passage que,
dans les grandes chaufferies des ateliers, des
paquebots, où plusieurs chaudières sont asso-
ciées à la production de vapeur, des soupapes
spéciales se ferment automatiquement, en cas
d'accident à une des chaudières, sous l'in-
(1) La Revue tics Inventions nouvelles a décrit réceai-
ment un antre système dû à M. Ch. Caaibon, de Su- j
Aûcqei&jjxdX ' 1
fluence de la rupture d'équilibre de la colonne
de vapeur, et localisent la catastrophe.
* *
Voici une élégante invention de sauvetage au-
tomatique — je ne ménage pas de transition,
car il s'agit encore d'un appareil de sûreté
dont je signale l'éclosion, d'après la Nature.
. Un gaz liquéfié, du chlorure de mèthyle, est
enfer mé dans un flacon de verre terminé en
pointe fine. La déchirure, au contact, de l'eau,
d 'uii anneau de papier à filtrer détermine la
détecte d'un ressort et le bris de la pointe de
verre : le gaz surgit et ; gonfle un sac de sau-
vetage, aplati et dissimulé sous les vêtements.
L'idée est de M.- Ropp.
'Un perfectionnement consiste à ajouter une
petite cartouche de phosphore de calcium dont
l'extrémité se brise par un jeu analogue au
contact du liquide ; le phosphore se décompose
à ce contact et dégage de l'hydrogène phos-
phore, qui brûle .spontanément à l'air avec une
vive lumière, feu follet artificiel, signal de
j détresse du naufragé abandonné sur le flot.
MIKHAEL SUNI.
L& BÉPÏWE'Spubliera demain un article de
lU. FRANCISQUE SARCEY ^ \
A MADAGASCAR
lb notre envoyé spécial à fdad«gascap :
Monsieur le directeur,
Je vous disais dans une dernière dépê-
che, avec preuves à l'appui, que le géné-
ral Duchesne éprouverait de sérieuses
difficultés pour organiser les convois de la
colonne légère qui doit aller à Tananarive.
Aujourd'hui que -l'heure est venue de pas-
ser des projets aux actes, c'est bien une
autre affaire : il 11e s'agit plus de l'organi-
sation des convois mais de la constitution
même de la colonne. L'état-major est aux
champs; on se' demande où l'on pourra
trouver les deux ou trois mille hommes
nécessaires pour la former. i
Sur la foi de renseignements que j'avais
tout lieu de croire exacts, je pensais que
.l'organisation de cette colonne ne . pou- ;
vait faire question ; j'ai même été dans ma
dernière dépêche, très affirmatif sur ce
point ; H paraît qu'il faut en rabattre; car
il se pourrait qu'il fallût attendre l'arrivée
dés. renforts récemment embarqués en
France, pour mettre la colonne en route.
Dès que j'ai appris cette grande nouvelle,
je suis allé aux informations, et voici les
renseignements que j'airecueillis ; ils sont
puises à bonne s6urce"et'TOTrs'
La brigaded'infanterie de marine, qui a
été la moins éprouvée pourrait en faisant
flèche de tout bois, fournir quinze cents
hommes vigoureux capables de tenir la
campagne ; il resterait environ deux mille
malades ou convalescents, tous indisponi-
bles dans le moment, mais qu'on pourrait
utiliser par la suite pour garder les postes
de barrière et surveiller les incursions des
Fahavalos.
Quant à la première brigade, elle ne
peut rien donner ou à peu pres, Sa situa-
tion était la suivante au 15 août :
Le 200e de ligne a perdu le tiers de son
effectif depuis l'ouverture des hostilités.
Si on ajoute à cette proportion un tiers de
malades ou convalescents indisponibles, il
reste environ mille hommes à demi vali-
des, déjà fortement éprouvés par les fati-
gues subies et par les travaux, de terras-
sement gigantesques qu'ils ont eu à faire
pour construire la route de Suberbieville
au camp des Sources, cinquante kilomè-
tres au sud de Suberbieville.
Le bataillon des chasseurs à pied a des
effectifs encore plus réduits ; il ne peut
guère mettre en ligne plus de 300 baïon-
nettes..
Le régiment des tirailleurs algériens
n'est pas plus favorisé. Tout le cadre fran-
çais <•>: la troupe a disparu ; il ne reste plus
que des indigènes et des Français en rom-
placement. Les compagnies parties d'Al-
ger ou d'Oran avec un effectif de 250 h01'n-
mes n'en on ont plus que 100 disponibles ;
-la compagnie la plus riche ne peut mettre
que 115 fusils en ligne, et encore faut-il
ajouter que les tirailleurs valides ou soi-
disant tels sont pour la plupart anémiés
et ont besoin de repos.
L'artillerie a perdu 40 010 de son ef-
fectif.
Les troupes des services administratifs
sont en apparence les moins atteintes. Il
n'y en a que 30 pour cent qui .aient quitté
le rang pour aller peupler les cimetières
ou les. hôpitaux ; mais ceux qui restent ne
valent guère mieux. Seule, la peur de l'hô-
pital les empêche de se faire porter mala-
des; parmi les disponibles, il n'y èii a pas
plus de 10 010 capables de faire le service.
L'escadron de chasseurs d'Afrique n'a
que trente cavaliers disponibles.
Enfin., la compagnie du génie — capitaine
Ferrand — est devenue légendaire dans
le corps expéditionnaire.
Partie de France avec cent quatre-vingt-
trois sapeurs à l'effectif; elle a « dix-sept »
hommes sous les armes, dont un seul sim-
plo 'soldat; les autres sont sergents, capo-
raux ou ordonnances.
L'unique sapeur qui a tenu tête victo-
rieusement à la fièvre et à la dysenterie
est devenu un véritable objet de curiosité,
Quelle chose comme un bibelot rare et
ppr-Hr/nx ; chacun se le montre avec adllu-
râtiÓfr; c'est le sapeur de la compagnie,
comme disent en riant les officiers.
Cette compagnie a eu à supporter des
fatigues qui dépassent tout ce que l'imagi-
nation humaine peut concevoir. De nuit et
de jour, depuis son débarquement à Ma-
junga, elle a eu sur la route des équipes,
travaillant en plein midi sous la rage du
soleil par 40 degrés âz chaleur.
Puis est venue la construction du pont
sur la Betziboka, dont les sapeurs sont à
juste titre très fiers, mais qui n'a qu'un
inconvénient, c'est de ne pas servir à
grand'chose, car un simple bac eût suffi
pour assurer le passage des isolés, sous la
condition de réserver la voie fluviale aux
gros transports.
Les deux compagnies du train ont aussi
leurs effectifs très réduits et sont hors
d'état de convoyer une colonne, même
légère, pendant un mois. 1
Le bilan, comme vous le voyez, n'est pas
brillant ; il explique notre séjour prolongé
à Suberbieville, les lenteurs de notre mar-
che.et les atermoiements du général en
chef; on est bien forcé de temporiser
quandon n'a personne pouralier de l'avant.
En l'état actuel des choses, il n'est pas
possible de former une colonne de trois
mille hommes pour marcher sur Tanana-
rive, et il faudra de toute nécessité mar-
quer le pas jusqu'au jour où les relèves
arriveront. -
t II est vrai que ce jour ne saurait tarder
a venir, car on a signalé, le 29 août, le
passage à Obock clos premiers affrétés
apportant de nouvelles troupes. Ils doivent
être sur le point d'arriver à Majunga. s'ils
n'y sont déjà, mettons qu'il faille à nos
troupiers dix jours pour gagner Andriba,
cela nous conduit au 15 septembre pour
la date a laquelle la colonne sera aug-4
mentee et pourra se mettre en route.
Tous les officiers que j'ai discrètement
pressentis sur l'époque probable de l'occu-
pation de Tananarive sont unanimes il
acclamer que, malgré les efforts de tous et
maigre l'impatience du général en chef,
dont on ne saurait trop admirer l'indomp-
table énergie, nos troupes n'entreront pas
dans la capitale des Hovas avant le 15 oc-
tobre. Il faudra même s'estimer très heu-
reux si a cette date notre drapeau flotte
sur le palais de la reine,
T>'"9e,L tO,ut: cela, il semble résulter que
l etat-major du corps expéditionnaire a
manque de prévoyance. Les relèves ont
ete demandées beaucoup trop tard. Dès
qu on a vu la fièvre sévir si cruellement et
faire dans nos rangs de si nombreuses vic-
times, il fallait demander immédiatement
des renforts, afin de combler les vides qui
se produisaient journellement ; on aurait
ainsi évité bien des embarras et bien des len-
teurs. Aujourd'hui surtout que nos trou-
pes sont dans une région relativement insa-
1 ubre, ce serait, àmoI1 sens, u ne grave erreur
de ne pas demander de suite à la métropole
les troupes nécessaires pour reconstituer
. entièrement le corps expéditionnaire et re-
mettre les effectifs sur le pied où ils étaient
au début de la campagne. Il ne faut pas se
dissimuler, en effet, qu'une fois Tanana-
rive pris et les Hovas réduits à Fimpuis-
sance, il faudra occuper le pays, le paci-
fier, l'organiser, et que, pour une aussi
rude besogne, 15,000 hommes ' valides ne
seront pas de trop ; je dirai même que
c'est tout au plus s'ils pourront suffire à
une aussi lourde tache.
Malgré toutes ces difficultés, vous pou-
vez tenir pour certain que nous occupe-
rons Tananarive avant l'hivernage, car la
véritable saison des pluies ne commence,
en réalité, que vers la mi-décembre. Il y
a bien, à partir des premiers jours de no-
vembre, quelques grosses pluies d'orage
qui ravinent les chemins et les sentiers,
mais on peut très bien, malgré ces pluies,
tenir la campagne. J'ai vu ces jours der-
niers un Européen de marque qui m'a
fait, sur ce point, les affirmations les plus
catégoriques et les plus rassurantes. Il
connaît admirablement ce pays où il a sé-
journé pendant plus de vingt ans; il m'a
donné sur la cour d'Emyrlle, sur les dis-
positions du peuple hova et sur les évène-
,n;l.c,n.ts-J).('Qhal.Ùes que l'arrivée de nos trou-
pes dans l'Imerina provoquera, des ren- j
seignements très intéressants que je vous j
communiquerai dans ma prochaine de-
pèche. F. L.
Nos Télégrammes
Par Fil Spécial
M. Allain-Targé et M. Trarieux
Paris, 6 septembre, soir.
En réponse à la lettre de M. AUain-Targé
Que nous avons donnée dans notre dernier 1
numéro, M. Trarieux adresse au journal
la LifJer'tè la note suivante que notre im-
partialité nous fait un devoir de publier :
Paris, le 6 septembre 1805.
Monsieur le directeur,
Vous voulez bien me communiquer la lettre
de M. Allain-Targé relative à l'article du Rap-
pet dans lequel ce journal, travestissant le ré-
cit d'une affaire dont je fus chargé à, Bordeaux
en 1871, comme avocat, se permettait de dire :
1° Que j'a-vais sciemment défendu un espion
malgré les éclaircissements que m'avait don-
nés M. Allain-Tar,,,é,, alors préfet de la Gironde,
qui, ne parvenant pas à me convaincre, avait
dû brutalement me donner mon congé;
2° Que j'avais, alors, soutenu un procès dans
lequel j'avais succombé après avoir été « ad-
monesté parle tribunal et bafoué par la foule ».
Je constate que M. Allain- Targé donne, lui-
même un. démenti formel à ces doux alléga.
tions : 1° 11 se défend de m'avoir exprimé ses
sentiments brutalement; 2" il reconnaît que je
n'ai plaidé contre lui aucun procès, et que, par
suite, je n'ai pu être admonesté par un tribu-
nal qui n'a pas eu à juger, et bafoué par une
. foule qui n'a pas eu à m'entendre.
La lettre de M. Allain-Targé ne prétend dif-
férer des explications qu'avait données la
Liberté que sur un point : M. Allain-Targé
affirme avoir gardé mon client sous clef jus-
qu'après la capitulation de Paris, et ne point
lavoir élargi dans les quarante-huit heures
de l'acte qui lui avait été signifié à la requête
de mon client..
Mais. sur ce point encore, M. Allain-Targ-é
est moins en désaccord avec moi qu'il ne
semble le croire, car l'arrêt qui avait acquitte
mon client de l'inculpation de port illégal de
costume militaire est du 26 janvier 18.71, et la
capitulation de Paris, du 29. _
C'est entre ces deux dates, je suppose, qu , a-
vait été signifiée la mise-en demeure qu'il
avait reçue de mettre fin à. une détention qui,
en se prolongeant après l'acquittement pro-
noncé parla cour, était devenue arbitraire. Ce
qui est du reste évident, c'est que M. Allain-
Targé reconnaît aujourd'hui qu'il avait eu des
soupçons inexacts, puisque mon client, ayant
été volontairement remis en liberté, n'a ja-
mais été accusé d'espionnage.
Et, enfin, ce qui me comble de surprise dans
la lettre que vous me soumettez, c'est l'aveu
que si j'avais été appelé à plaider contre M.
Allain-Targé, il était entendu avec le prési-
dent du tribunal pour que celui-ci vint en per-
sonne juger le « procès du jeune avocat ».
J'avoue que je ne trouverais à cela aucune
excuse, mais je me plais à espérer que les sou-
venirs de l'ancien préfet de la Gironde neSont
pas exacts. Je me procurerai ïe jugement et
l'arrêt qui avaient acquitté mon client, et je
vous en donnerai prochainement connaissance.
Veuillez agréer, monsieur le directeur; etc.,
L. TRARIEUX.
A CARMAUX
De notre correspondant spécial :
LES JOURNAUX
Paris, 6 septembre, soir.
LA DÉMISSION DE M. SIRYEN
M. Alphonse Humbert commente à son
tour dans l'Eclair la désapprobation don-
née Dar l'honorable M. Sirven aux actes
de son co actionnaire Ressérruier et (le
manoe l'intervention du gouvernemeS
aans le conflit élevé entre ce dernier et
ses victimes : WUlU eî
En dépit du démenti dont (nTait été -l'objet
^b£lp^&par PeuT&jl&t
con ii?1^ P°ui dégager sa responsabilité dù
ni n iu c- Resseguier engage so* a^-r-oi^
que M. Sirvcn, grand industrie!
a
tI"Ltlcn e ) de " laMcSté"!" (3'" lu" Cal'mallx.ri [}'1'11' l Á f'i-U
Sa lettre ne lïàVà cet
et la réponse qu'y fait M? Rossé "i"p con-
firme de tous point rinterDrétation7]onn.ie
la" Elle ; est, eet.te réponse, tout parà.
lait suggestive : M. Resseo-uier exprime la
ec~ttp
"lenie~
mais
recevoir
et
dans la voie ou il est entré. ■ lJC'&LVClcr
Habemus confitantem... voilà qui est on no
peut seulement La société de Carmaux ne futte
pas ..ornement pour ses propres intérêts elle
quoi? Contre la tyrannie des syndicats Elle a
pris cette cause en main, et, dans le combat
qu elle va livrer à l'ennemi comniun, elle es-
avec^lle011' Ie-patronat français se solidariser
ci- M. ResséSlVer Gt ses associés se
font des illusions, car si les choses en étaient
ln, la guerre sociale serait ouverte, tout sim-
eti quelle s-uerre, qui aboutirait in-
laiiliblement a la grève générale ou à pis.
M. Resseguier. ceux qui le poussent et ceux
qui le suivent n espèrent pas, sans doiite, quo
les ouvriers vont se laisser reprendre la li-
berté d association sans combattre. Oh ! je sais
bien que les organisateurs de cette intelli-
gente croisade ne demandent pas qu'il soit
touene a la loi; que la loi demeure pourvu que
ce soit a, l etat de formule creuse; ce n'est pas
au mot qu'on en veut. c'est au fait, c'est par
j.a lamine qu'on réduira les syndiqués.
Quand tous les ateliers de France se ferme-
ront ne vaut les « meneurs >Y, devant les « poli-
ticiens de comité ». vous'verrez bientôt ce
qu il restera de la liberté syndicale ' Oui. Eh
bien ! essayez un peu ce jeu-là et vous verrez
ou il vous conduira; ; vous verrez ce qu'il res-
tera bientôt et de la paix publique, et de notre
prospérité industrielle, et de la Rénu lique.
Peut-être, depuis, que la République' est ion-
dée, on n a cessé de répéter aux ouvriers que
le cycle révolutionnaire est fermé, que tout
recours à la violence est criminel, que l'af-
franchissement économique auquel ils aspi-
rent ils peuvent et doivent l'attendre unique-
ment de la. liberté d'association ; et voilà que,
par la brutale leçon des faite:, ils vont appren-
dre que. cette loi, leur unique recours, est
vainc et ne sert de rien, puisqu'il dépend des
patrons de la mettre dans leur poche. rn g'ou-
vernement qui regarderaIt tranquillement
s'ouvrir et se poursuivre une pareille campa- ■
g'ne serait singulièrement imprudent; nous en" '.
verrons de drôles si on laisse faire M. Ressé-
guier.
M. Ernest Lesigne émet dans le Radical
des appréciations analogues :
La condamnation portée par M. Sirven.
vice-président du conseil d'administration de
la lavclTel'ie.de Carmaux contre son président, '
M. Rességuier, confirme l'arrêt prononcé dès
le début par l'opinion tout entière.
Cet homme apparaît comme une sorte d'en-
nemi public.,, il prétend qu'il reste quelqu'un
pour lui; il. se vante ; car ceux des journaux
qui avaient eu le triste courage d'être de son
avis se sont tu; hier devantfécrasante netteté
delà lettre de M. Sirven. lî faut dire que ce
: M. Rességuier est bien difficile à défendre,
aussi, quand il vit que le bruit de la démission
commençait à se répandre, il se hâta de com-
muniquer une note a ses journaux ordi n:Ül'cs,
et l'on pui lire, par exemple dans les Débats :
« Cette décision n'a été motivée par aucun des
incidents qui ont amené la fermeture des ver-
reries de Carmaux et, en la donnant, M. Sir-
ven n'a obéi qu'à des considérations d'ordre
purement personnel. »
Or, d'un bout à l'autre de sa lettre, M.
Sirven motive sa démission par le fait de
la fermeture de l'usine, du refus de conci-
liation honorable; tellement que le démis-
sionnaire repousse toute responsabilité des
décisions prises par M. Rességuier. Or,
celui-ci avait cette lettre en poche depuis
huit jours quand il a fait insérer sa note
par' les journaux à sa dévotion ; par consé-
quent. il leur faisait sciemment dénaturer
la vérité.
Trouvez donc des gens pour vous soute-
nir après cela; décidément, cet homme est
trop compromettant.
La LAbre Parole elle-même, - qui n'a
jamais, à proprement parler, pris la dé-
fense des verriers contre leur patron,
constate aujourd'hui rentière et absolue'
culpabilité de M. Rességuier.
M. de Boisandré écrit, en effet :
J'estime que nos confrères socialistes ont
parfaitement le droit de prendre la défense :
des ouvriers deiCarmaux contre ia rapacité et
l'entêtement criminel d'un Rcssogmcr. 11 est
démontré depuis longtemps que ce Rességuier
est l'auteur responsable de la situation ac-
tuelle, et la démission motivée de M. Sirven,
vice-président du conseil d'administration de
la Société des verreries de Carmaux, n'en est
qu'une dernière et surabondante preuve.
RÉUNIONS ET CONFÉRENCES
De notre correspondant spécial:
Paris, 6 septembre, soir.
La liste des réunions organisées au bé-
néfice des victimes deM. Rességuier se
fait chaque jour plus longue; tous les soirs
4. 5, et même 6 meetings réunissent sur
divers points de Paris les généreux parti-
sans des affamés de Carmaux : députés et
conseilleurs municipaux socialistes vont ;
de tous côtés faire un appel — qui est tou-
jours entendu — aux sentiments de seli-
d,-trité du prolétariat français.
Les syndicats et groupes ne chôment pas
non plus de leur côté ; ils se réunissent
tous les soirs pour activer et rendre plus
efficace la bonne propagande entreprise
en faveur des verriers carmausiens ; H
n'es t pas à cette heure une seule corpora-
tion ouvrière, un seul groupe républi-
cain, qui demeure indifférent au sort si
intéressant des victimes du patron Ressé-
guier. -- ..
Ce que nous disons pour Paris peut s „ ap-
pliquer aux départements 01.1 la propa-
gande est non moins active, non moins al'
dente.
Dans les villes ou les députés socialistes
vont donner eux-mêmes des conférences,
c'est devant des auditoires énormes et ab-
solument sympathiques aux verriers de
Carmaux qu'ils exposent les causes de
cette grève patronale, Parmi les meetings
tenus ces soirs-ci à Paris, signalons celui
organisé, avant-hier soir. à Montmartre,
et où, devant une foule considérable d'au-
diteurs, le député Marcel Sembat a fait en'
termes énergiques le procès du patrori'
Rosséguier. ■
Les citoyens Clovis Hugues, député; Le-
alvl.(., et l )o¡'eu ¡'e ont pris la parole après
le citoyen Sembat et flétri à leur tour, au
milieu des applaudissements unanimes, les
agissements do M. RessÓguwr et 1 attitude
du gouvernement... ",,'
Une fructueuse collecte a été faite a i is"
sue do cette réunion.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 76.22%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 76.22%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0" La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4114367r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4114367r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4114367r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4114367r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4114367r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4114367r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4114367r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest