Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1942-01-06
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 janvier 1942 06 janvier 1942
Description : 1942/01/06 (Numéro 5). 1942/01/06 (Numéro 5).
Description : Note : supplément littéraire illustré pages 3 et... Note : supplément littéraire illustré pages 3 et 4.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k410955f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Le FIGARO LITTERAIRE (pages 3 et-4)
ABONNEMENTS mou • mou ta
ferance et Colonies 70 » 130 > 250 si
ETRANGER
ÎTarit réduit 110» 210» 400»
fEarif augmenta «150» 290» 560»
PARIS
14,. Rond-Point
des CKcrmps-Elysées
Le Gaulois
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Jn m musse Du mes ph.tout™. m fsut »tm oauot o*bh nn>En~.
DIRECTEUR t Pierre BRISSON
•«MfcH*^ MARDI JANVIER 1942
:m~. IyIARDI
̃EAoiuBcsm No 5 V 117» ANNEE
Compte postal s Lyon 995-98
Le mystère russe
ETTE guerre a causé bien
des surprises. L'une des
moindres n'est pas la ré-
sistance des armées rus-
ses et la puissance mili-
Jaire qu'elle révèle. Certes, le ré-
servoir humain, quasi illimité,
(que représente la Russie (et son
iempire asiatique) constituait une
force impressionnante et person-
,ne n'a jamais mis en doute,
d'autre part, le courage du sol-
iJat russe. Toutefois, les condi-
tions politiques dans lesquelles
fie trouvait l'Union Soviétique ne
semblaient pas loin de là
fearantif son efficacité militaire.
Le chevauchement du commande-
ment et des agents du parti diri-
geant apparaissait comme une
faiblesse. Au cours des deux an-
nées qui précédèrent le conflit
européen, de véritables convul-
sions intérieures avaient agité la
Russie. Trois grands procès
avaient fini en hécatombes. Le
haut état-major lui-même était
'découronné. Tout cela inspirait
les plus grands doutes sur la va-
leur de la discipline, de la cohé-
sion, de l'état, moral et matériel
de l'armée soviétique, sur la
qualité de ses cadres supérieurs.
La guerre de Finlande, enfin, sur-
venue à la fin de novembre 1939.
donna une assez piètre idée de
l'appareil militaire de l'U.R.S.S.
Que l'on se rappelle plutôt la ré-
sistance acharnée et les succès
évidents d'une poignée d héroï-
ques Finlandais devant le colosse
qu'ils avaient devant eux
Le 22 juin 1941, lorsque éclata
Je conflit armé entre l'Allemagne
et la Russie, tout permettait donc
de croire que le sort des armées
soviétiques serait assez .vite ré-
glé. N'avaient-elles pas à combat-
tre l'adversaire le plus puissant,
le mieux outillé, le plus entraîné
que le monde ait connu depuis la
Grande armée napoléonienne ?
En outre, ne paraissait-il pas
vraisemblable que l'Union Sovié-
tique qui avait toujours re-
douté la guerre et manœuvré
pour l'écarter de ses frontières
occidentales allait avoir à se
défendre non seulement contre
J'invasion étrangère mais contre
une dislocation interne t
Plus de six mois ont passé et
jusqu'ici du moins les cho-
ses se sont déroulées autrement
qu'on ne le pensait. Comment
,iexpliquejT:-Ge- mystère--?.-
A
A la lueur des événements,
bien des faits que nous consi-
dérions sous un certain angle
se présentent de façon toute
différente et c'est maintenant
seulement que nous commen-
tons à les comprendre.
C'est le cas, par exemple, de
ï'exécution du maréchal Toukat-
chevsky et des « charrettes »
de généraux et d'officiers supé-
rieurs qui l'accompagnèrent. Ces
actes sauvages, qui rappelaient
les pires révolutions de palais
dont l'histoire russe est remplie,
iie soulevaient pas seulement
l'horreur, ils donnaient au dehors
^'impression du désordre. En
réalité, il s'agissait du contrai-
re. Staline qui, dès cette épo-
que, jugeait sans doute la guerre
tôt ou tard inévitable, éliminait
à sa façon de l'état-major et de
l'armée les éléments dont il
H'était pas sûr. Ce que nous in-
terprétâmes alors comme un si-
gne de décomposition était, som-
me toute, une n purge ». C'est
grâce à ces coupes sombres, exé-
cutées sans aucun scrupule hu-
main et proprement barbares,
que le dictateur moscovite put
reprendre en main un instrument
militaire homogène et put, en
outre, grâce à cette atmosphère
de terreur, entourer le travail de
l'armée d'un profond mystère.
Car ce qu'il y a de plus frappant,
(peut-être, dans le cas russe, c'est
l'imperméabilité absolue avec la-
quelle la préparation militaire
fut défendue contre toutes les in-
vestigations, d'où qu'elles vins-
sent.
On dira que la guerre de Fin-
lande contredit tout cela et cer-
itains vont même jusqu'à ima-
giner une sorte de « piège ».
Nous croyons que c'est pousser
trop loin le machiavélisme. L'ex-
plication paraît plus simple. A
la vérité, la guerre de Finlande
apparaft aujourd'hui comme une
jti mise en place ». Il s'agissait
surtout pour les Russes d'élar-
gir le dispositif de défense de
Leningrad, de Mourmansk, en
somme d'occuper des .positions
stratégiques en vue d'un conflit
plus vaste jugé désormais cer-
in. C'est cette même idée -qui
a conduit la Russie à occuper
plus tard la Bessarabie et même
à s'adjuger une partie de la Bu-
kovine. Là encore, il s'agissait
de fortifier les boulevards de la
Russie et de tenir des positions
stratégiques. Que Staline ait
sous-estimé la résistance finlan-
daise. c'est certain. Mais, sa-
chant qu'à la longue ses res-
sources auraient raison de l'hé-
roïsme de ses adversaires, il n'a
sans doute pas jugé utile d'enga-
ger dans l'affaire de Finlande
ses meilleurs effectifs et son plus
récent matériel. Au surplus. les
combats de Finlande vérifient une
loi historique. La valeur du sol-
dat russe est totalement différente
selon qu'il sort de chez lui pour
attaquer ou qu'il se défend sur
son sol contre qui l'attaque.
Secours National
VETIR CEUX QUI ONT FROID
NOURRIR ceux qui ont FAIM
,CROISADE. D'HIVER
Dans une ombre plus épaisse
que jamais, les diribeants mosco-
vites ont alors travaillé d'afra-
che-pied. L'expérience finlandai-
se, jointe aux observations faites
plus tard dans les grandes ba-
tailles occidentales, leur permit
de mettre au point, bien des
choses. Nous avons totalement
ignoré les transformations pro-
fondes qui furent accomplies pen-
dant cette période en Russie.
Précisément deux articles l'un
paru dans la revue « Die Welt-
woche » de Zurich, l'autre dans
la revue américaine « Harpers
Magazine » dont là '« pité
Nouvelle » a récemment publié
de larges extraits fournissent à
ce sujet les indications les plus
intéressantes.
Le secret de la puissance russe
tient dans l'obéissance. Quand
la masse est soumise à des in-
fluences diverses, agitée par des
ferments révolutionnaires, elle se
disloque et se corrompt. Quand
elle est conduite par une main
de fer, elle devient- redoutable.
L'histoire de la Russie, ses gran-
deurs, ses misères, est faite de
ces alternances. Devant l'orage
qui grondait en Europe et ris-
quait de gagner ses steppes, Sta-
line sentit le besoin de rétablir,
par tous les moyens, une aisci-
pline farouche, aussi bien dans
les usines que dans l'armée. Il
prit aussitôt les mesures né-
cessaires avec cette insensibilité
humaine, cette sauvagerie qui
font de lui le plus authentique
successeur d'Yvan le Terrible.
Le 27 juin 1940, une ordon-
nance du « Praesidium du Soviet
suprême » supprimait la jour-
née de sept heures, et la semaine
de cinq jours de travail, solen-
nellement garantis pourtant de-
puis .1927 aux peuples de l'U.R.
S.S. On les remplaçait par. la
journée de huit heures et la se-
maine de sept jours. Aucun ou-
vrier, aucun employé ne pouvait
plus' quitter son usine ou le lieu
de son emploi. Toute infraction
à cette règle était considérée
'comme un crime et punie comme
tel. Il s'agissait, en somme,
à'une véritable mobilisation in-
dustrielle.
» L'ouvrier d'usine se recrute
-prinçipalfime.nt en Russie dans.
la paysannerie. Comme il" était
également interdit aux paysans
d'abandonner leurs kolkhoses et
que d'autre part s'accroissait le
nombre des usines travaillant
pour la guerre, le manque d'ou-
vriers industriels se fit bientôt
sentir. Staline dut recourir à une
réglementation spéciale pour pa-
rer à ce danger. Le 3 octobre
1940 paraissait un nouvel ouka-
ze. Il supprimait la gratuité de
l'enseignement pour tous les
élèves des écoles secondaires,
toutes les bourses d'Etat pour
l'enseignement supérieur et cela
en dérogation de ce qu'avait éta-
bli la Constitution. Du coup, un
million environ de jeunes ci-
toyens soviétiques durent aban-
donner en automne et en hiver
1940-41 les écoles et les universi-
tés et prendre un emploi dans
les usines qui- travaillaient pour
la défense nationale. »
Ce qui fut fait dans l'ordre in-
dustriel, pour décupler le rende-
ment et fouetter les énergies,
donne la mesure de ce qui a dû
être accompli dans un secret
encore beaucoup plus impénétra-
ble pour l'armée. Le 8 mai
1940, une ordonnance de Staline
rétablissait dans l'armée les ti-
tres et les traditions en vigueur
du temps des Tzars. n y eut
bientôt davantage. Le 28 juin
1940 paraissait une nouvelle or-
donnance qui imposait aux sol-
dats en activité de service de
sévères conditions. A la même
date, un autre décret plaçait
sous le contrôle militaire toute
une série d'industries, même cel-
les qui ne travaillaient pas di-
rectement pour l'armée. C'est le
12 octobre 1940, enfin, que fut
prise la décision la plus rigou-
reuse. « Ce jour-là, en effet, les
règlements jusqu'alors en vi-
gueur dans l'armée soviétique
étaient annulés et remplacés par
de nouvelles dispositions dra-
coniennes. L'une des plus signi-
ficatives. était celle-ci aux offi-
ciers était attribué le droit, en
cas d'insubordination de leurs
soldats, 'd'user contre eux de
leurs- armes, c'est-à-dire de les
tuer, sans recours préalable à
l'autorité supérieure, sans envoi
au conseil de guerre. « L'officier
qui punit ainsi la désobéissance
d'un soldat est-il déclaré dans
l'interprétation officielle de ce
droit n'est responsable devant
personne de son acte bien mieux,
c'est lui-même qui portert la
plus lourde responsabilité si,
dans des cas d'indiscipline, il
néglige d'user de son droit de
punition. extrême contre le délin-
quant. » C'est ainsi que Staline
a .transformé l'armée rouge. De
troupes militaires fort mal en
main et conduites à la douce, il a
fait une armée soumise à la dis-
cipline la plus sévère, sous an
commandement implacable et
fermement hiérarchisé. »
II n'est pas douteux qu'un tel
instrument militaire représente,
dès lors, une force considérable.
Surtout si l'on songe qu'à la ser-
vitude imposée s'ajoute le sen-
timent de défendre le sol national.
Il semble ainsi que la Russie
retrouve ses plus anciennes
traditions l'esclavage sous
la férule d'un autocrate, la foi
mystique dans la terre des an-
cêtres.
Offensive japonaise
en Malaisie
Les troupes nippones seraient parvenues au
contact des défenses avancées de Singapour
CMm~ jtcy~y~ ~F~jr
GRANDE ACTIVITE AERIENNE
AU-DESSUS DES PHILIPPINES
La bataille de là, mer de Chine se déplace vers l'ouest. Ayant à
peine terminé l'occupation de Mindanao la plus méridionale des
Philippines et obligé les Américains défendant Luçon à se réfu-
f^!l .a"s,la ceinture fortifiée de Manille, les troupes japonaises ont
accentué leur pression sur le théâtre d'opérations qui doit prendre
la première place dans ce conflit la Malaisie.
Une violente offensive a obligé tes Britanniques à céder du ter-
rain et les Nippons seraient parvenus au contact des défenses, éloi-
gnées certes, mais importantes, de l'Ile de Singapour.
COMMUNIQUE JAPONAIS
Tokio, 5 janvier. On mande du front des Philippines à l'Agence
Oomei que des troupes d'élite nippones de Bataan se sont assurées
dans la matinée le contrôle de toute ta partie septentrionale de Ja
peninsule et continuent de progresser vers le sud. 7
L'attaque est appuyée par l'aviation qui bombarde tes colonnes de
véhicules automobiles ennemis qui se pressent de Mariveles vers Ba-
langa..
Cette dernière ville est bombardée depuis hier matin par les avions
nippons et les dégâts sont particulièrement considérables à l'ouest de
la localité.
COMMUNIQUES AMERICAINS
Washington, 5 janvier. Communiqué du Département de la
Guerre
Philippines Une forte attaque japonaise contre les forces amé-
ricaines et philippines placées au nord-ouest,de Manille a été repous-
see dans la journée de dimanche, avec de lourdes pertes pour l'en-
nemi. On estime qu'au moins 700 Japonais ont été tués au cours de
cette attaque. Nos pertes ont été relativement faibles au cours d'un
des p'uj gros revers subis par les Japonais depuis le début de la
guerre. (Lire la suite en deuxième page)
SUR LE FRONT ORIENTAL
La bataille se poursuit
par un froid intense
On déclare à Berlin que des attaques
ont été repoussées
dans je secteur central
COMMUNIQUE ALLEMAND
BERLIN, 5 janvier. Du Quartier Général du Fùhrer, le Haut
Commandement des forces armées communique
De nombreuses attaques soviétiques ont été ̃repousséeg et con-
tenues avec succès, dans le secteur central du front oriental.
Activité locale dans les autres secteurs.
De puissantes formations d'avions de combat et de chasse ont
attaqué des installations militaires et des navires ennemis à Féo-
dosia. Cinq gros navires ont été incendiés. Deux destroyers et un
navire marchand ont été gravement endommagés par des coups au
but.
Moscou signale l'occupation
de la ville de Borovsk
et confirme celle de Bielev
EXTRAITS DES COMMUNIQUES RUSSES
Moscou. 5 janvier. Le communiqué du G.Q.G. de l'armée rouge
en, date du 4 janvier au soir donne les renseignements, suivants:
Durant la journée du 4 janvier, nos troupes ont réduit à néant,
dans plusieurs secteurs du front, les efforts des troupes ennemies
pour se retrancher sur de nouvelles positions et ont infligé à l'enne-
mi des pertes en hommes et en matériel.
Nos troupes ont occupé une série de localités dont la ville de
Borovsk.
Au cours de l'occupation de la ville de Malo-Yaroslavetz, l'une
de nos grandes unités a pris à l'ennemi 19 chars, 6 chars légers,
8 autos blindées,. 65 canons, 293 camions, 98 mitrailleuses, 26 mor-
tiers, 68 fusils automatiques, 65 motocyclettes, 195 bicyclettes, 2 postes
émetteurs de campagne, 275 fourgons, 158 chevaux, 100 tonnes d'avoi-
et une grande quantité de vivres et de munitions.
Au cours de combats acharnés dans un secteur du front central,
nos troupes ont libéré sept localités.
Moscou, 5 janvier. Le communiqué du grand quartier général
de l'armée rouge en date du 5 janvier au matin donne les rensei-
gner uivants
AH-sffiws de la nuit, nos troupes ont combattu l'ennemi sur tous
les
Lors de la prise de la ville de Bielev, nos unités ont infligé de
lourdes pertes à l'ennemi. Nous avons pris 25 pièces d'artillerie. 12
lance-mines, 25 mitrailleuses, 50 fusils anti-chars, 70 camions, plus
de 1.000 bidons d'essence, une grande quantité d'obus, de vivres et
de documents des états-majors de deux divisions d'infanterie alle-
mandes.
Nos troupes opérant dans l'un des secteurs du front centml se
sont emparées en trois jours de 3 avions allemands, 117 camion?*
six chars de combat,, huit autos blindées, cinq pièces d'artillerie, trei-
ze wagons chargés de matériel de génie, dix wagons plats chargés
de planches et beaucoup d'autre butin.
IBorovsk, dont les Russes anno
cent l'occupation, est situé à ent
ron 100 kilomètre au sud-eue
de Moscou et à peu près à la m
me distance au nord de Kaloug
sur la ligne de chemin de fer c
Moscou à Briansk.
Bielev est situé à 110 kilomètr
au sud-ouest de Toula, sur la
vière Oka.]
DEMAIN
dons
LAPAGE
DES PRISONNIERS
LE MOUVEMENT
« JEUNESSE »
A L'OFLAG IV D
Un reportage photographique
sur la vie religieuse
dans les camps
NOUVELLES DES STALAGS
IX C, VI B, VI J
LE RAVITAILLEMENT
DES OFLAGS, STALAGS
ET FRONTSTALAGS
A •̃:
LA SITUATION
I. • DANS LE PACIFIQUE
Maîtres de Manille, les Japonais
cherchent à éliminer complète-
ment les forces américaines de
l'île de Luçon. Mais celles-ci, re-
tranchées dans des régions monta-
gneuses et dans des jungles diffi-
ciles, continuent à opposer une
résistance efficace. On ne connaît
pas leurs positions au nord et au
nord-est de la capitale, mais on
sait qu'elles tiennent la région
d'Iba, l'intérieur de l'île où les
montagnes s'élèvent à 2.500 mè-
tres, et surtout la presqu'île de
Bataan au sud-ouest de Manille, et
surtout l'île de Corregidor, qui
interdit l'accès de la baie de Ma-
nille et que les Japonais bombar-
dent violemment. Mindanao serait
tout entière aux mains des Japo-
nais.
En Malaisie, le long de la côte
ouest, les japonais poursuivent
leur offensive au delà du fleuve
Pérak ils ont occupé Telok Mi-
son, près de l'embouchure de ce
fleuve, et poussent vers Kuala
Lumpur, capitale de l'Etat de Sé-
langos.
On signale un nouveau débar-
quement japonais dans le Sera-
wak. partie britannique de Bor.
néo. Comme les Japonais ont dé-
jà occupé entièrement le Sera.
wak, ces renforts sont probable-
ment destinés à une attaque con-
tre la partie hollandaise de l'île,
la plus importante.
On n'a pas de nouvelles infor-
Nouveaux
bombardements
des Hawaï `
Tokio, .5 janvier. La section
navale du Dai Hon Hei commu-
nique
L'aviation navale japonaise
poursuit sans arrêt, depuis le 1"
janvier, son œuvre de destruc-
tion des forces ennemies qui de-
meurent encore aux Philippines.
Elle soumet notamment à des
bombardements continus l'lie de
Corregidor, le port de guerre
d'Olongapo et la base aérienne
de Marrivales.
D'autre part, l'aviation navale
japonaise a effectué des raids
massifs sur Singapour dans la
nuit du 1" au 2 janvier et le 3
janvier à l'aube. Les objectifs mi-
litaires visés, notamment le port
militaire et les aérodromes, ont
été gravement endommagés. Qua-
tre Incendies se sont déclarés.
Enfin, un autre communiqui;
annonce que le 31 décembre des
navires de guerre japonais ont at-
taqué par surprise les iles Hawaï.
Le port de Hilo, dans lia grande
Hawaï, Khhului et Limili, dans
l'ile de Kawaï, ont été bombar-
dés.
Une dépêche de Rodez nous ap-
prend la mort d'Emma Calvé qui
s'est éteinte hier à Millau, âgée
,de 83 ans. Tandis que tant de
-gloîiW"ïîu"^lï9âiTêl5rnIïéntr"si ïà:
pidement dans l'oubli, le nom
d'Emma Calvé avait échappé au
sort commun et il était demeuré
célèbre; Peu d'artistes il est vrai,
ont connu une plus brillante re-
noimnée. Sa réputation s'était ré-
pandue dans toute la France
,avant de passer les. frontières et
de gagner l'Europe, puis l'Améri-
que..
Née à (Decazevilla en 1858, e-ïie
avait été à Paris l'élève de Pu-
get et surtout de Mme Marohesi.
C'est pourtant à La Monnaie de
Bruxelles qu'elle devait faire ses
débuts. Elle avait vingt ans et fut
une admirable Marguerite de
« Faust ». Elle joua « Hérodiade ».
lée au Théâtre Italien, elle y créa
« Aben-Hamet ». de Théodore Du-
bois et chanta les « iPêcheurs' de
Perles », de Bizet. Elle passa
alors à l'Opéra-Comique et y créa
« Le Ghevaqier Jean », de Jon-
cières. Zampa », « Les Noces de
Figaro », « Lalla (RouMi », « La
Flûte enchantée lui valurent les
plus beaux succès.
Partie pour l'Italie, elle fit ap
pîaudir le répertoire français à
Milan, à Naples, à Rome. à Flo
rence. On l'acclama dans let » et dans plusieurs œuvres
italiennes « Flora Mirabilis o no-
tamment, et « L'Ami. Fritz ». Se
voix splendide servie par un rare
talent de comédienne avait fait
merveille à IParis. L'enthousiasme
qu'elle souleva en Italie fut pour-
tant sans précédent.
De retour en France après quel-
ques années, e'IIe s'embarqua pour
l'Aimérique où elle reçut un ac-
cueil triomphal, se fit entendre au
Théâtre de Covent Garden de Lon-
dres, enfin regagna Paris on 1892
pour rentrer à l'Opéra-Comique ut
pour y créer tour à tour « La Na-
varraise » et, en 1892, « Sapho »,
de Massenet.
Emma Calvé avait écrit ses mé-
moires que « Le Figaro » a pu-
bliés il y a une dizaine d'années.
mations sur les combats qui se li-
vrent en Chine, dans la région de
Chang-Cha. Il semble que la ba-
taille ne doive pas tarder à s'al-
lumer sur la frontière birmane.
Tandis que l'armée anglo-chinoise
du géneral Wavell se concentre
des avant-gardes nippones sont
actives le long de cette frontière,
dans la partie septentrionale de
l'isthme de Kra.
II. EN U. R. S. S.
En U. R. S. S., l'aspect de la ba-
taille est toujours le même. Tan-
dis que les fronts de Léningrad,
du Valdaï, de Koursk et du Do-
netz sont à peu près calmes, l'ar-
mée russe multiplie les coups de
boutoir au centre, avec comme ob-
jectifs Rjev, Mojaïsk et Orel. L'ar-
mée allemande abandonne les po-
sitions trop menacées et colmate
les brèches locales par des con-
tre-attaques vigoureuses.
III. • EN AFRIQUE
La grande bataille qui se prépa-
re dans la région d'Agedabia entre
les forces germano-italiennes re-
groupées et renforcées et les 4rou-,
pes du général Ritchie n'est pas
encore engagée. Les Anglais achè-
vent le nettoyage du champ de
bataille de Bardia et paraissent
exercer une pression de plus en
plus forte sur les assiégés de Sol-
lum et du col de Halfaya. Le
nombre, des prisonniers faits à
Bardia serait de. 7.000.
Jacques DARCY,
Il. LA VIE DIFFICLE DU RAIL (**
Beaucoup moins de charbon
Les sources d'huiles
minérales sont taries
Et les wagons en panne
ne sont plus réparables
TELLE EST LA SITUATION A LAQUELLE
LES SERVICES TECHNIQUES DE LA S.N.C.F.
DOIVENT FAIRE FACE y"
(Enquête de L. GABRIEL.ROBINET)
C'EST encore avec quelques chiffres que nous allons jongler
au Service des Renseignements que dirige à Lyon-Perra-
t che M. Pëlisson. Entouré de vitres, il a sous les yeux
C- la queue interminable des voyageurs à l'affût d'une place
en location ou d'une précision sur les horaires. Il peut
voir les bureaux de comptabilité et la salle réservée aux télépho-
nistes qui, du matin au soir, répondent aux multiples appels qui
leur sont lancés. De ce poste de commandement qui n'est pas
une sinécure partent des ordres, des initiatives dont le but
est d'améliorer sans cesse le rendement.
Mais passons aux chiffres, puisque c'est encore le seul moyen
pratique de poser un problème.
Les places en location, dont le chiffre pour l'hiver 1938
était de 17.744, sont passées pour l'été 1941(à 154.114 ̃ Les rensei-
gnements donnés sont au nombre de 288.440 Les renseignements
téléphoniques s'élèvent à 149.500, ceux par correspondance à 10.013.
Vous voyez, conclut M. Pelisson, que pour la saison d'été 1941,
l'augmentation qui affecte tous les éléments de travail de mes ser-
vices s'est traduite par un pourcentage de 769 pour cent.
Comment expliquez-vous
cette augmentation massive ? 7 I
(Suite page 2, coL 1 et 2)
Voir le « Figaro s du 5 janvier.
M. Yves Paringaux
est trouvé mort
sur la voie ferrée
entre Paris
et Troyes
Vichy, 5 janvier. M. Yves
Paringaux, directeur du cabinet
de M. Pierre Pucheu, ministre se-
crétaire d'Etat à l'Intérieur, a
été trouvé mort sur la voie fer-
rée, entre Paris et Troyes.
On ne possède aucune précision
sur les circonstances de sa mort.
M. Paringaux revenait de
Troyes où il était allé voir ses
beaux-parents. Il avait pris place
dans un compartiment réservé de
première classe. M. Paringaux,
ingénieur des Mines, était lié à
M. 'Pierre Pucheu par une amitié
fort ancienne. Il avait rempli au-
près de lui les fonctions de di-
recteur de cabinet au secrétariat
à la Production Industrielle, poste
qu'il devait continuer à remplir
quand M. Pucheu prit le ministère
de l'Intérieur.
EN COURANT.
Après les fèves
Les Rois, l'an passé, manquaient
de galette. Cette année, ils man-
queront même de fèves. Si bien que
les traditionnalistes farouches qui
ne voudraient rater pour rien au
monde la crêpe du Mardi-Gras, le
faux nez de la Mi-Carême, le poil
à gratter du 1er avril, l'œuf de
Pâques et le pétard du quatorze
juillet seront bien empêchés au-
jourd'hui de tirer au sort les tran-
ches d'écœurant agglomérat de fi-
gues qui pourraient, à la rigueur,
remplacer les quartiers de pdte
feuilletée.
D'ailleurs, même si l'on avait des
fèves, où serait le vin pétillant
pour jeter, galamment, le signe
de la royauté éphémère t Pas
moyen non plus de couronner sa
reine, car je 'suppose que les cou-
ronnes de carton ne sont délivrées
qu'en échange des attributs péri-
més, comme les boites de sucre,
les paquets de cigarettes, les sacs
de café et les bouteilles de n'im-
porte quoi.
Le mieux sera donc de fêter
l'Epiphanie en famille, par une
édifiante lecture du pèlertnage de
Balthazar, de Gaspard et de Mél-
chior, qui ne réclamait, originelle-
ment, aucune commémoration gas-
tronomique. On peut d'ailleurs
prévoir que les grandes fêtes ca-
rillonnées, les restrictions aidant,
retrouveront dans un proche ave-
nir leur dignité des premiers âges.
La fumée des ripailles ne s'unira
plus à celle de l'encens.
Ne nous réjouissons pas hypocri-
tement de ce retour aux temps
austères. Disons même aux ama-
teurs de réunions familiales qu'il
est parfaitement admis, cette an-
née, de glisser un haricot sec ou
une lentille dans la fausse galette.
On ménage ainsi la coutume tout
en se montrant spartiate et de bon
ton.
Il convient pourtant, dans ce cas,
de surveiller les Bois distraits ou
resquilleurs gwi pourraient empor-
ter la précieuse lentille.
Georges RAVON.
Ai
CHRONIQUE
Histoire d'une fusée
Hs o e d"u, *n'e fus'ee,e
par Jérôme, de l'Académie Française
Il et Jean THARAUD
k A fusée dont je veux parler, c'est lé pauvre
̃ Louis Bertrand qui vient de mourir à Antibes.
| En vérité, il faut bien dire que rien ne don-
"^̃k nait moins l'idée d'une fusée que cet homme
mince et fluet dans sa jeunesse, si l'on en croit
André Bellessort, qui fut son condisciple du lycée
Henri IV, mais qui était devenu avec l'âge un peu
lourd et essoufflé, peu fait pour s'envoler dans le
champ des étoiles. Son aventure intellectuelle est
pourtant bien celle d'une fusée, d'une belle fusée qui
s'élance, s'épanouit et brille pour retomber dans la
nuit, morceau de nuit elle-même.
Ce Lorrain, ce fils des plateaux monotones et
tristes où souffle en hiver un vent glacial, était entré
dans la vie (j'entends dans sa vie d'homme) avec un
appétit, une fringale de soleil et de lumière, comme
souvent les gens du Nord. Et cette nostalgie n'avait
fait que grandir pendant les trois années où, à l'Ecole
• Normale, des maîtres (ou du moins la plupart) lui
avaient répété que la culture française -était arriérée
et désuète, et qu'il n'était que temps de nous mettre
à l'école des grands philosophes, des grands philolo-
gues, des, grands historiens de l'Allemagne. Fin is Lali-
norum Enterrés les Latins C!était, depuis Taine
et Renan, l'antienne de notre université, que repre-
nait sur un mode mineur un écrivain alors fort ia
mode, bien oublié aujourd'hui, Edmond Deinoiins,
dans un livre qui connut un grand succès 1 rjuoi
tient la supériorité des Anglo-Saxons. L'e/SAr .!<̃̃-̃ 'phin
Péladan faisait chorus dans la série de ses o! urnes
absurdes et curieux pompeusement appelés "Eiliop.ee
de la Décadence latine, ou quelque chose l'appro-
chant, et dans lesquels les forces occultes jouent le
rôle du révolver, du poison et du poignard dans les ro-
mans policiers.
Par tempérament, et aussi par un instinct de con-
tradiction qui était dans sa nature, Louis Bertrand
choisit son poste de combat à l'opposé de ces pensées
et se fit le champion de la latinité. Ce qui, en ce
temps-là, était vraiment du sport
Voilà notre fusée partie. Pendant des années et
des années, elle ne cessa pas de monter. C'est que
Bertrand avait' trouvé, pour la défense de cette lati-
nité, dont il avait l'instinct et le culte, un thème bril.
lant et solide qui ne reposait plus sur des- choses li-
vresques et des idées discutables, mais sur des faits
qui se passaient sous ses yeux.
Il s'était fait nommer professeur à Alger. Tout ce
qu'il vit là-bas, dans notre Afrique du Nord, confirma
d'une façon éclatante ce qui n'était jusque-là Chez lui
qu'à l'état de rêverie et de pressentiment. Il voyait
sur place l'œuvre de la Rome antique reprise et con-
tinuée par ta France, à la tête des peuples latins. Tous
ses romans ne furent pendant longtemps que l'exalta-
tion de cette latinité, qui ne prouvait pas sa vitalité
par des systèmes et des bouquins, mais par des actes
héroïques, utiles, et un pullulement de vie. A mon
goût, on n'a pas rendu suffisamment hommage à cet-
te œuvre africaine de Bertrand, qui se présente elle*
même comme un acte dans ia Geste de l'Afrique du
Nord. Je ne lui ferai, en passant, que le reproche
d avoir négligé, dans sa fresque, les populations incii-
gènes, qui méritent pourtant bien qu'on leur fasse
leur part. Sa passion de la latinité l'a rendu trop sé-
vère à leur égard et ingrat. Mais cela, c'est une autre
histoire. 1
La fusée avait éclaté. Elle avait jeté tous ses feux.
Voilà que Bertrand, sur la fin de son âge, brûle
tout ce qu il avait adoré. La latinité l'a déçu Il la
trouve vulgaire, débraillée, impolie, sans discipline
sans noblesse et sans courage. Toute démocratie sur-
tout celle des pays du midi, le dégoûte. Naguère in-
dividualiste furieux, il croyait que la mission de la
latinité était de défendre la liberté personnelle dans
un monde menacé par l'étatisme sous ses formes les
plus variées. Aujourd'hui, il fait son mea culpa il
lui semble qu'il n'y aura jamais autour de lui assez
de gendarmes, assez de soldats pour mater l'individu
et contrecarrer ses révoltes. Peut-être a-t-il raison.
(Suite page 2, col. 5 et 6)
Le montant
des allocations
aux femmes
de prisonniers
serait
augmenté
prochainement
Des textes' législatifs vont
préciser les obligations des
employeurs à l'égard des
prisonniers rapatriés.
,On sait que M. Maurice Pinot,
commissaire général au reclasse-
ment des prisonniers, s'est entre-
tenu longuement avec l'amiral
Darlan.
On croit savoir que les deux
importantes questions de remploi
obligatoire des prisonniers libérés
et des allocations aux femmes de
prisonniers y ont été discutées.
Une solution interviendrait très
prochainement en. janvier.
Des textes législatifs précise-
raient sans ambiguïté les obliga-
tions des employeurs à l'égard des
prisonniers rapatriés.
En ce qui concerne certaines
allocations dont bénéficient ac-
tuellement les femmes des prison-
niers, il se confirme qu'elles se-
raient très sensiblement augmen-
tées, ainsi que nous avons déjà
eu l'occasion de le laisser prévoir.
(Visa D.S.P.G. n" 4.283)
ABONNEMENTS mou • mou ta
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Jn m musse Du mes ph.tout™. m fsut »tm oauot o*bh nn>En~.
DIRECTEUR t Pierre BRISSON
•«MfcH*^ MARDI JANVIER 1942
:m~. IyIARDI
̃EAoiuBcsm No 5 V 117» ANNEE
Compte postal s Lyon 995-98
Le mystère russe
ETTE guerre a causé bien
des surprises. L'une des
moindres n'est pas la ré-
sistance des armées rus-
ses et la puissance mili-
Jaire qu'elle révèle. Certes, le ré-
servoir humain, quasi illimité,
(que représente la Russie (et son
iempire asiatique) constituait une
force impressionnante et person-
,ne n'a jamais mis en doute,
d'autre part, le courage du sol-
iJat russe. Toutefois, les condi-
tions politiques dans lesquelles
fie trouvait l'Union Soviétique ne
semblaient pas loin de là
fearantif son efficacité militaire.
Le chevauchement du commande-
ment et des agents du parti diri-
geant apparaissait comme une
faiblesse. Au cours des deux an-
nées qui précédèrent le conflit
européen, de véritables convul-
sions intérieures avaient agité la
Russie. Trois grands procès
avaient fini en hécatombes. Le
haut état-major lui-même était
'découronné. Tout cela inspirait
les plus grands doutes sur la va-
leur de la discipline, de la cohé-
sion, de l'état, moral et matériel
de l'armée soviétique, sur la
qualité de ses cadres supérieurs.
La guerre de Finlande, enfin, sur-
venue à la fin de novembre 1939.
donna une assez piètre idée de
l'appareil militaire de l'U.R.S.S.
Que l'on se rappelle plutôt la ré-
sistance acharnée et les succès
évidents d'une poignée d héroï-
ques Finlandais devant le colosse
qu'ils avaient devant eux
Le 22 juin 1941, lorsque éclata
Je conflit armé entre l'Allemagne
et la Russie, tout permettait donc
de croire que le sort des armées
soviétiques serait assez .vite ré-
glé. N'avaient-elles pas à combat-
tre l'adversaire le plus puissant,
le mieux outillé, le plus entraîné
que le monde ait connu depuis la
Grande armée napoléonienne ?
En outre, ne paraissait-il pas
vraisemblable que l'Union Sovié-
tique qui avait toujours re-
douté la guerre et manœuvré
pour l'écarter de ses frontières
occidentales allait avoir à se
défendre non seulement contre
J'invasion étrangère mais contre
une dislocation interne t
Plus de six mois ont passé et
jusqu'ici du moins les cho-
ses se sont déroulées autrement
qu'on ne le pensait. Comment
,iexpliquejT:-Ge- mystère--?.-
A
A la lueur des événements,
bien des faits que nous consi-
dérions sous un certain angle
se présentent de façon toute
différente et c'est maintenant
seulement que nous commen-
tons à les comprendre.
C'est le cas, par exemple, de
ï'exécution du maréchal Toukat-
chevsky et des « charrettes »
de généraux et d'officiers supé-
rieurs qui l'accompagnèrent. Ces
actes sauvages, qui rappelaient
les pires révolutions de palais
dont l'histoire russe est remplie,
iie soulevaient pas seulement
l'horreur, ils donnaient au dehors
^'impression du désordre. En
réalité, il s'agissait du contrai-
re. Staline qui, dès cette épo-
que, jugeait sans doute la guerre
tôt ou tard inévitable, éliminait
à sa façon de l'état-major et de
l'armée les éléments dont il
H'était pas sûr. Ce que nous in-
terprétâmes alors comme un si-
gne de décomposition était, som-
me toute, une n purge ». C'est
grâce à ces coupes sombres, exé-
cutées sans aucun scrupule hu-
main et proprement barbares,
que le dictateur moscovite put
reprendre en main un instrument
militaire homogène et put, en
outre, grâce à cette atmosphère
de terreur, entourer le travail de
l'armée d'un profond mystère.
Car ce qu'il y a de plus frappant,
(peut-être, dans le cas russe, c'est
l'imperméabilité absolue avec la-
quelle la préparation militaire
fut défendue contre toutes les in-
vestigations, d'où qu'elles vins-
sent.
On dira que la guerre de Fin-
lande contredit tout cela et cer-
itains vont même jusqu'à ima-
giner une sorte de « piège ».
Nous croyons que c'est pousser
trop loin le machiavélisme. L'ex-
plication paraît plus simple. A
la vérité, la guerre de Finlande
apparaft aujourd'hui comme une
jti mise en place ». Il s'agissait
surtout pour les Russes d'élar-
gir le dispositif de défense de
Leningrad, de Mourmansk, en
somme d'occuper des .positions
stratégiques en vue d'un conflit
plus vaste jugé désormais cer-
in. C'est cette même idée -qui
a conduit la Russie à occuper
plus tard la Bessarabie et même
à s'adjuger une partie de la Bu-
kovine. Là encore, il s'agissait
de fortifier les boulevards de la
Russie et de tenir des positions
stratégiques. Que Staline ait
sous-estimé la résistance finlan-
daise. c'est certain. Mais, sa-
chant qu'à la longue ses res-
sources auraient raison de l'hé-
roïsme de ses adversaires, il n'a
sans doute pas jugé utile d'enga-
ger dans l'affaire de Finlande
ses meilleurs effectifs et son plus
récent matériel. Au surplus. les
combats de Finlande vérifient une
loi historique. La valeur du sol-
dat russe est totalement différente
selon qu'il sort de chez lui pour
attaquer ou qu'il se défend sur
son sol contre qui l'attaque.
Secours National
VETIR CEUX QUI ONT FROID
NOURRIR ceux qui ont FAIM
,CROISADE. D'HIVER
Dans une ombre plus épaisse
que jamais, les diribeants mosco-
vites ont alors travaillé d'afra-
che-pied. L'expérience finlandai-
se, jointe aux observations faites
plus tard dans les grandes ba-
tailles occidentales, leur permit
de mettre au point, bien des
choses. Nous avons totalement
ignoré les transformations pro-
fondes qui furent accomplies pen-
dant cette période en Russie.
Précisément deux articles l'un
paru dans la revue « Die Welt-
woche » de Zurich, l'autre dans
la revue américaine « Harpers
Magazine » dont là '« pité
Nouvelle » a récemment publié
de larges extraits fournissent à
ce sujet les indications les plus
intéressantes.
Le secret de la puissance russe
tient dans l'obéissance. Quand
la masse est soumise à des in-
fluences diverses, agitée par des
ferments révolutionnaires, elle se
disloque et se corrompt. Quand
elle est conduite par une main
de fer, elle devient- redoutable.
L'histoire de la Russie, ses gran-
deurs, ses misères, est faite de
ces alternances. Devant l'orage
qui grondait en Europe et ris-
quait de gagner ses steppes, Sta-
line sentit le besoin de rétablir,
par tous les moyens, une aisci-
pline farouche, aussi bien dans
les usines que dans l'armée. Il
prit aussitôt les mesures né-
cessaires avec cette insensibilité
humaine, cette sauvagerie qui
font de lui le plus authentique
successeur d'Yvan le Terrible.
Le 27 juin 1940, une ordon-
nance du « Praesidium du Soviet
suprême » supprimait la jour-
née de sept heures, et la semaine
de cinq jours de travail, solen-
nellement garantis pourtant de-
puis .1927 aux peuples de l'U.R.
S.S. On les remplaçait par. la
journée de huit heures et la se-
maine de sept jours. Aucun ou-
vrier, aucun employé ne pouvait
plus' quitter son usine ou le lieu
de son emploi. Toute infraction
à cette règle était considérée
'comme un crime et punie comme
tel. Il s'agissait, en somme,
à'une véritable mobilisation in-
dustrielle.
» L'ouvrier d'usine se recrute
-prinçipalfime.nt en Russie dans.
la paysannerie. Comme il" était
également interdit aux paysans
d'abandonner leurs kolkhoses et
que d'autre part s'accroissait le
nombre des usines travaillant
pour la guerre, le manque d'ou-
vriers industriels se fit bientôt
sentir. Staline dut recourir à une
réglementation spéciale pour pa-
rer à ce danger. Le 3 octobre
1940 paraissait un nouvel ouka-
ze. Il supprimait la gratuité de
l'enseignement pour tous les
élèves des écoles secondaires,
toutes les bourses d'Etat pour
l'enseignement supérieur et cela
en dérogation de ce qu'avait éta-
bli la Constitution. Du coup, un
million environ de jeunes ci-
toyens soviétiques durent aban-
donner en automne et en hiver
1940-41 les écoles et les universi-
tés et prendre un emploi dans
les usines qui- travaillaient pour
la défense nationale. »
Ce qui fut fait dans l'ordre in-
dustriel, pour décupler le rende-
ment et fouetter les énergies,
donne la mesure de ce qui a dû
être accompli dans un secret
encore beaucoup plus impénétra-
ble pour l'armée. Le 8 mai
1940, une ordonnance de Staline
rétablissait dans l'armée les ti-
tres et les traditions en vigueur
du temps des Tzars. n y eut
bientôt davantage. Le 28 juin
1940 paraissait une nouvelle or-
donnance qui imposait aux sol-
dats en activité de service de
sévères conditions. A la même
date, un autre décret plaçait
sous le contrôle militaire toute
une série d'industries, même cel-
les qui ne travaillaient pas di-
rectement pour l'armée. C'est le
12 octobre 1940, enfin, que fut
prise la décision la plus rigou-
reuse. « Ce jour-là, en effet, les
règlements jusqu'alors en vi-
gueur dans l'armée soviétique
étaient annulés et remplacés par
de nouvelles dispositions dra-
coniennes. L'une des plus signi-
ficatives. était celle-ci aux offi-
ciers était attribué le droit, en
cas d'insubordination de leurs
soldats, 'd'user contre eux de
leurs- armes, c'est-à-dire de les
tuer, sans recours préalable à
l'autorité supérieure, sans envoi
au conseil de guerre. « L'officier
qui punit ainsi la désobéissance
d'un soldat est-il déclaré dans
l'interprétation officielle de ce
droit n'est responsable devant
personne de son acte bien mieux,
c'est lui-même qui portert la
plus lourde responsabilité si,
dans des cas d'indiscipline, il
néglige d'user de son droit de
punition. extrême contre le délin-
quant. » C'est ainsi que Staline
a .transformé l'armée rouge. De
troupes militaires fort mal en
main et conduites à la douce, il a
fait une armée soumise à la dis-
cipline la plus sévère, sous an
commandement implacable et
fermement hiérarchisé. »
II n'est pas douteux qu'un tel
instrument militaire représente,
dès lors, une force considérable.
Surtout si l'on songe qu'à la ser-
vitude imposée s'ajoute le sen-
timent de défendre le sol national.
Il semble ainsi que la Russie
retrouve ses plus anciennes
traditions l'esclavage sous
la férule d'un autocrate, la foi
mystique dans la terre des an-
cêtres.
Offensive japonaise
en Malaisie
Les troupes nippones seraient parvenues au
contact des défenses avancées de Singapour
CMm~ jtcy~y~ ~F~jr
GRANDE ACTIVITE AERIENNE
AU-DESSUS DES PHILIPPINES
La bataille de là, mer de Chine se déplace vers l'ouest. Ayant à
peine terminé l'occupation de Mindanao la plus méridionale des
Philippines et obligé les Américains défendant Luçon à se réfu-
f^!l .a"s,la ceinture fortifiée de Manille, les troupes japonaises ont
accentué leur pression sur le théâtre d'opérations qui doit prendre
la première place dans ce conflit la Malaisie.
Une violente offensive a obligé tes Britanniques à céder du ter-
rain et les Nippons seraient parvenus au contact des défenses, éloi-
gnées certes, mais importantes, de l'Ile de Singapour.
COMMUNIQUE JAPONAIS
Tokio, 5 janvier. On mande du front des Philippines à l'Agence
Oomei que des troupes d'élite nippones de Bataan se sont assurées
dans la matinée le contrôle de toute ta partie septentrionale de Ja
peninsule et continuent de progresser vers le sud. 7
L'attaque est appuyée par l'aviation qui bombarde tes colonnes de
véhicules automobiles ennemis qui se pressent de Mariveles vers Ba-
langa..
Cette dernière ville est bombardée depuis hier matin par les avions
nippons et les dégâts sont particulièrement considérables à l'ouest de
la localité.
COMMUNIQUES AMERICAINS
Washington, 5 janvier. Communiqué du Département de la
Guerre
Philippines Une forte attaque japonaise contre les forces amé-
ricaines et philippines placées au nord-ouest,de Manille a été repous-
see dans la journée de dimanche, avec de lourdes pertes pour l'en-
nemi. On estime qu'au moins 700 Japonais ont été tués au cours de
cette attaque. Nos pertes ont été relativement faibles au cours d'un
des p'uj gros revers subis par les Japonais depuis le début de la
guerre. (Lire la suite en deuxième page)
SUR LE FRONT ORIENTAL
La bataille se poursuit
par un froid intense
On déclare à Berlin que des attaques
ont été repoussées
dans je secteur central
COMMUNIQUE ALLEMAND
BERLIN, 5 janvier. Du Quartier Général du Fùhrer, le Haut
Commandement des forces armées communique
De nombreuses attaques soviétiques ont été ̃repousséeg et con-
tenues avec succès, dans le secteur central du front oriental.
Activité locale dans les autres secteurs.
De puissantes formations d'avions de combat et de chasse ont
attaqué des installations militaires et des navires ennemis à Féo-
dosia. Cinq gros navires ont été incendiés. Deux destroyers et un
navire marchand ont été gravement endommagés par des coups au
but.
Moscou signale l'occupation
de la ville de Borovsk
et confirme celle de Bielev
EXTRAITS DES COMMUNIQUES RUSSES
Moscou. 5 janvier. Le communiqué du G.Q.G. de l'armée rouge
en, date du 4 janvier au soir donne les renseignements, suivants:
Durant la journée du 4 janvier, nos troupes ont réduit à néant,
dans plusieurs secteurs du front, les efforts des troupes ennemies
pour se retrancher sur de nouvelles positions et ont infligé à l'enne-
mi des pertes en hommes et en matériel.
Nos troupes ont occupé une série de localités dont la ville de
Borovsk.
Au cours de l'occupation de la ville de Malo-Yaroslavetz, l'une
de nos grandes unités a pris à l'ennemi 19 chars, 6 chars légers,
8 autos blindées,. 65 canons, 293 camions, 98 mitrailleuses, 26 mor-
tiers, 68 fusils automatiques, 65 motocyclettes, 195 bicyclettes, 2 postes
émetteurs de campagne, 275 fourgons, 158 chevaux, 100 tonnes d'avoi-
et une grande quantité de vivres et de munitions.
Au cours de combats acharnés dans un secteur du front central,
nos troupes ont libéré sept localités.
Moscou, 5 janvier. Le communiqué du grand quartier général
de l'armée rouge en date du 5 janvier au matin donne les rensei-
gner uivants
AH-sffiws de la nuit, nos troupes ont combattu l'ennemi sur tous
les
Lors de la prise de la ville de Bielev, nos unités ont infligé de
lourdes pertes à l'ennemi. Nous avons pris 25 pièces d'artillerie. 12
lance-mines, 25 mitrailleuses, 50 fusils anti-chars, 70 camions, plus
de 1.000 bidons d'essence, une grande quantité d'obus, de vivres et
de documents des états-majors de deux divisions d'infanterie alle-
mandes.
Nos troupes opérant dans l'un des secteurs du front centml se
sont emparées en trois jours de 3 avions allemands, 117 camion?*
six chars de combat,, huit autos blindées, cinq pièces d'artillerie, trei-
ze wagons chargés de matériel de génie, dix wagons plats chargés
de planches et beaucoup d'autre butin.
IBorovsk, dont les Russes anno
cent l'occupation, est situé à ent
ron 100 kilomètre au sud-eue
de Moscou et à peu près à la m
me distance au nord de Kaloug
sur la ligne de chemin de fer c
Moscou à Briansk.
Bielev est situé à 110 kilomètr
au sud-ouest de Toula, sur la
vière Oka.]
DEMAIN
dons
LAPAGE
DES PRISONNIERS
LE MOUVEMENT
« JEUNESSE »
A L'OFLAG IV D
Un reportage photographique
sur la vie religieuse
dans les camps
NOUVELLES DES STALAGS
IX C, VI B, VI J
LE RAVITAILLEMENT
DES OFLAGS, STALAGS
ET FRONTSTALAGS
A •̃:
LA SITUATION
I. • DANS LE PACIFIQUE
Maîtres de Manille, les Japonais
cherchent à éliminer complète-
ment les forces américaines de
l'île de Luçon. Mais celles-ci, re-
tranchées dans des régions monta-
gneuses et dans des jungles diffi-
ciles, continuent à opposer une
résistance efficace. On ne connaît
pas leurs positions au nord et au
nord-est de la capitale, mais on
sait qu'elles tiennent la région
d'Iba, l'intérieur de l'île où les
montagnes s'élèvent à 2.500 mè-
tres, et surtout la presqu'île de
Bataan au sud-ouest de Manille, et
surtout l'île de Corregidor, qui
interdit l'accès de la baie de Ma-
nille et que les Japonais bombar-
dent violemment. Mindanao serait
tout entière aux mains des Japo-
nais.
En Malaisie, le long de la côte
ouest, les japonais poursuivent
leur offensive au delà du fleuve
Pérak ils ont occupé Telok Mi-
son, près de l'embouchure de ce
fleuve, et poussent vers Kuala
Lumpur, capitale de l'Etat de Sé-
langos.
On signale un nouveau débar-
quement japonais dans le Sera-
wak. partie britannique de Bor.
néo. Comme les Japonais ont dé-
jà occupé entièrement le Sera.
wak, ces renforts sont probable-
ment destinés à une attaque con-
tre la partie hollandaise de l'île,
la plus importante.
On n'a pas de nouvelles infor-
Nouveaux
bombardements
des Hawaï `
Tokio, .5 janvier. La section
navale du Dai Hon Hei commu-
nique
L'aviation navale japonaise
poursuit sans arrêt, depuis le 1"
janvier, son œuvre de destruc-
tion des forces ennemies qui de-
meurent encore aux Philippines.
Elle soumet notamment à des
bombardements continus l'lie de
Corregidor, le port de guerre
d'Olongapo et la base aérienne
de Marrivales.
D'autre part, l'aviation navale
japonaise a effectué des raids
massifs sur Singapour dans la
nuit du 1" au 2 janvier et le 3
janvier à l'aube. Les objectifs mi-
litaires visés, notamment le port
militaire et les aérodromes, ont
été gravement endommagés. Qua-
tre Incendies se sont déclarés.
Enfin, un autre communiqui;
annonce que le 31 décembre des
navires de guerre japonais ont at-
taqué par surprise les iles Hawaï.
Le port de Hilo, dans lia grande
Hawaï, Khhului et Limili, dans
l'ile de Kawaï, ont été bombar-
dés.
Une dépêche de Rodez nous ap-
prend la mort d'Emma Calvé qui
s'est éteinte hier à Millau, âgée
,de 83 ans. Tandis que tant de
-gloîiW"ïîu"^lï9âiTêl5rnIïéntr"si ïà:
pidement dans l'oubli, le nom
d'Emma Calvé avait échappé au
sort commun et il était demeuré
célèbre; Peu d'artistes il est vrai,
ont connu une plus brillante re-
noimnée. Sa réputation s'était ré-
pandue dans toute la France
,avant de passer les. frontières et
de gagner l'Europe, puis l'Améri-
que..
Née à (Decazevilla en 1858, e-ïie
avait été à Paris l'élève de Pu-
get et surtout de Mme Marohesi.
C'est pourtant à La Monnaie de
Bruxelles qu'elle devait faire ses
débuts. Elle avait vingt ans et fut
une admirable Marguerite de
« Faust ». Elle joua « Hérodiade ».
« Aben-Hamet ». de Théodore Du-
bois et chanta les « iPêcheurs' de
Perles », de Bizet. Elle passa
alors à l'Opéra-Comique et y créa
« Le Ghevaqier Jean », de Jon-
cières. Zampa », « Les Noces de
Figaro », « Lalla (RouMi », « La
Flûte enchantée lui valurent les
plus beaux succès.
Partie pour l'Italie, elle fit ap
pîaudir le répertoire français à
Milan, à Naples, à Rome. à Flo
rence. On l'acclama dans
italiennes « Flora Mirabilis o no-
tamment, et « L'Ami. Fritz ». Se
voix splendide servie par un rare
talent de comédienne avait fait
merveille à IParis. L'enthousiasme
qu'elle souleva en Italie fut pour-
tant sans précédent.
De retour en France après quel-
ques années, e'IIe s'embarqua pour
l'Aimérique où elle reçut un ac-
cueil triomphal, se fit entendre au
Théâtre de Covent Garden de Lon-
dres, enfin regagna Paris on 1892
pour rentrer à l'Opéra-Comique ut
pour y créer tour à tour « La Na-
varraise » et, en 1892, « Sapho »,
de Massenet.
Emma Calvé avait écrit ses mé-
moires que « Le Figaro » a pu-
bliés il y a une dizaine d'années.
mations sur les combats qui se li-
vrent en Chine, dans la région de
Chang-Cha. Il semble que la ba-
taille ne doive pas tarder à s'al-
lumer sur la frontière birmane.
Tandis que l'armée anglo-chinoise
du géneral Wavell se concentre
des avant-gardes nippones sont
actives le long de cette frontière,
dans la partie septentrionale de
l'isthme de Kra.
II. EN U. R. S. S.
En U. R. S. S., l'aspect de la ba-
taille est toujours le même. Tan-
dis que les fronts de Léningrad,
du Valdaï, de Koursk et du Do-
netz sont à peu près calmes, l'ar-
mée russe multiplie les coups de
boutoir au centre, avec comme ob-
jectifs Rjev, Mojaïsk et Orel. L'ar-
mée allemande abandonne les po-
sitions trop menacées et colmate
les brèches locales par des con-
tre-attaques vigoureuses.
III. • EN AFRIQUE
La grande bataille qui se prépa-
re dans la région d'Agedabia entre
les forces germano-italiennes re-
groupées et renforcées et les 4rou-,
pes du général Ritchie n'est pas
encore engagée. Les Anglais achè-
vent le nettoyage du champ de
bataille de Bardia et paraissent
exercer une pression de plus en
plus forte sur les assiégés de Sol-
lum et du col de Halfaya. Le
nombre, des prisonniers faits à
Bardia serait de. 7.000.
Jacques DARCY,
Il. LA VIE DIFFICLE DU RAIL (**
Beaucoup moins de charbon
Les sources d'huiles
minérales sont taries
Et les wagons en panne
ne sont plus réparables
TELLE EST LA SITUATION A LAQUELLE
LES SERVICES TECHNIQUES DE LA S.N.C.F.
DOIVENT FAIRE FACE y"
(Enquête de L. GABRIEL.ROBINET)
C'EST encore avec quelques chiffres que nous allons jongler
au Service des Renseignements que dirige à Lyon-Perra-
t che M. Pëlisson. Entouré de vitres, il a sous les yeux
C- la queue interminable des voyageurs à l'affût d'une place
en location ou d'une précision sur les horaires. Il peut
voir les bureaux de comptabilité et la salle réservée aux télépho-
nistes qui, du matin au soir, répondent aux multiples appels qui
leur sont lancés. De ce poste de commandement qui n'est pas
une sinécure partent des ordres, des initiatives dont le but
est d'améliorer sans cesse le rendement.
Mais passons aux chiffres, puisque c'est encore le seul moyen
pratique de poser un problème.
Les places en location, dont le chiffre pour l'hiver 1938
était de 17.744, sont passées pour l'été 1941(à 154.114 ̃ Les rensei-
gnements donnés sont au nombre de 288.440 Les renseignements
téléphoniques s'élèvent à 149.500, ceux par correspondance à 10.013.
Vous voyez, conclut M. Pelisson, que pour la saison d'été 1941,
l'augmentation qui affecte tous les éléments de travail de mes ser-
vices s'est traduite par un pourcentage de 769 pour cent.
Comment expliquez-vous
cette augmentation massive ? 7 I
(Suite page 2, coL 1 et 2)
Voir le « Figaro s du 5 janvier.
M. Yves Paringaux
est trouvé mort
sur la voie ferrée
entre Paris
et Troyes
Vichy, 5 janvier. M. Yves
Paringaux, directeur du cabinet
de M. Pierre Pucheu, ministre se-
crétaire d'Etat à l'Intérieur, a
été trouvé mort sur la voie fer-
rée, entre Paris et Troyes.
On ne possède aucune précision
sur les circonstances de sa mort.
M. Paringaux revenait de
Troyes où il était allé voir ses
beaux-parents. Il avait pris place
dans un compartiment réservé de
première classe. M. Paringaux,
ingénieur des Mines, était lié à
M. 'Pierre Pucheu par une amitié
fort ancienne. Il avait rempli au-
près de lui les fonctions de di-
recteur de cabinet au secrétariat
à la Production Industrielle, poste
qu'il devait continuer à remplir
quand M. Pucheu prit le ministère
de l'Intérieur.
EN COURANT.
Après les fèves
Les Rois, l'an passé, manquaient
de galette. Cette année, ils man-
queront même de fèves. Si bien que
les traditionnalistes farouches qui
ne voudraient rater pour rien au
monde la crêpe du Mardi-Gras, le
faux nez de la Mi-Carême, le poil
à gratter du 1er avril, l'œuf de
Pâques et le pétard du quatorze
juillet seront bien empêchés au-
jourd'hui de tirer au sort les tran-
ches d'écœurant agglomérat de fi-
gues qui pourraient, à la rigueur,
remplacer les quartiers de pdte
feuilletée.
D'ailleurs, même si l'on avait des
fèves, où serait le vin pétillant
pour jeter, galamment, le signe
de la royauté éphémère t Pas
moyen non plus de couronner sa
reine, car je 'suppose que les cou-
ronnes de carton ne sont délivrées
qu'en échange des attributs péri-
més, comme les boites de sucre,
les paquets de cigarettes, les sacs
de café et les bouteilles de n'im-
porte quoi.
Le mieux sera donc de fêter
l'Epiphanie en famille, par une
édifiante lecture du pèlertnage de
Balthazar, de Gaspard et de Mél-
chior, qui ne réclamait, originelle-
ment, aucune commémoration gas-
tronomique. On peut d'ailleurs
prévoir que les grandes fêtes ca-
rillonnées, les restrictions aidant,
retrouveront dans un proche ave-
nir leur dignité des premiers âges.
La fumée des ripailles ne s'unira
plus à celle de l'encens.
Ne nous réjouissons pas hypocri-
tement de ce retour aux temps
austères. Disons même aux ama-
teurs de réunions familiales qu'il
est parfaitement admis, cette an-
née, de glisser un haricot sec ou
une lentille dans la fausse galette.
On ménage ainsi la coutume tout
en se montrant spartiate et de bon
ton.
Il convient pourtant, dans ce cas,
de surveiller les Bois distraits ou
resquilleurs gwi pourraient empor-
ter la précieuse lentille.
Georges RAVON.
Ai
CHRONIQUE
Histoire d'une fusée
Hs o e d"u, *n'e fus'ee,e
par Jérôme, de l'Académie Française
Il et Jean THARAUD
k A fusée dont je veux parler, c'est lé pauvre
̃ Louis Bertrand qui vient de mourir à Antibes.
| En vérité, il faut bien dire que rien ne don-
"^̃k nait moins l'idée d'une fusée que cet homme
mince et fluet dans sa jeunesse, si l'on en croit
André Bellessort, qui fut son condisciple du lycée
Henri IV, mais qui était devenu avec l'âge un peu
lourd et essoufflé, peu fait pour s'envoler dans le
champ des étoiles. Son aventure intellectuelle est
pourtant bien celle d'une fusée, d'une belle fusée qui
s'élance, s'épanouit et brille pour retomber dans la
nuit, morceau de nuit elle-même.
Ce Lorrain, ce fils des plateaux monotones et
tristes où souffle en hiver un vent glacial, était entré
dans la vie (j'entends dans sa vie d'homme) avec un
appétit, une fringale de soleil et de lumière, comme
souvent les gens du Nord. Et cette nostalgie n'avait
fait que grandir pendant les trois années où, à l'Ecole
• Normale, des maîtres (ou du moins la plupart) lui
avaient répété que la culture française -était arriérée
et désuète, et qu'il n'était que temps de nous mettre
à l'école des grands philosophes, des grands philolo-
gues, des, grands historiens de l'Allemagne. Fin is Lali-
norum Enterrés les Latins C!était, depuis Taine
et Renan, l'antienne de notre université, que repre-
nait sur un mode mineur un écrivain alors fort ia
mode, bien oublié aujourd'hui, Edmond Deinoiins,
dans un livre qui connut un grand succès 1 rjuoi
tient la supériorité des Anglo-Saxons. L'e/SAr .!<̃̃-̃ 'phin
Péladan faisait chorus dans la série de ses o! urnes
absurdes et curieux pompeusement appelés "Eiliop.ee
de la Décadence latine, ou quelque chose l'appro-
chant, et dans lesquels les forces occultes jouent le
rôle du révolver, du poison et du poignard dans les ro-
mans policiers.
Par tempérament, et aussi par un instinct de con-
tradiction qui était dans sa nature, Louis Bertrand
choisit son poste de combat à l'opposé de ces pensées
et se fit le champion de la latinité. Ce qui, en ce
temps-là, était vraiment du sport
Voilà notre fusée partie. Pendant des années et
des années, elle ne cessa pas de monter. C'est que
Bertrand avait' trouvé, pour la défense de cette lati-
nité, dont il avait l'instinct et le culte, un thème bril.
lant et solide qui ne reposait plus sur des- choses li-
vresques et des idées discutables, mais sur des faits
qui se passaient sous ses yeux.
Il s'était fait nommer professeur à Alger. Tout ce
qu'il vit là-bas, dans notre Afrique du Nord, confirma
d'une façon éclatante ce qui n'était jusque-là Chez lui
qu'à l'état de rêverie et de pressentiment. Il voyait
sur place l'œuvre de la Rome antique reprise et con-
tinuée par ta France, à la tête des peuples latins. Tous
ses romans ne furent pendant longtemps que l'exalta-
tion de cette latinité, qui ne prouvait pas sa vitalité
par des systèmes et des bouquins, mais par des actes
héroïques, utiles, et un pullulement de vie. A mon
goût, on n'a pas rendu suffisamment hommage à cet-
te œuvre africaine de Bertrand, qui se présente elle*
même comme un acte dans ia Geste de l'Afrique du
Nord. Je ne lui ferai, en passant, que le reproche
d avoir négligé, dans sa fresque, les populations incii-
gènes, qui méritent pourtant bien qu'on leur fasse
leur part. Sa passion de la latinité l'a rendu trop sé-
vère à leur égard et ingrat. Mais cela, c'est une autre
histoire. 1
La fusée avait éclaté. Elle avait jeté tous ses feux.
Voilà que Bertrand, sur la fin de son âge, brûle
tout ce qu il avait adoré. La latinité l'a déçu Il la
trouve vulgaire, débraillée, impolie, sans discipline
sans noblesse et sans courage. Toute démocratie sur-
tout celle des pays du midi, le dégoûte. Naguère in-
dividualiste furieux, il croyait que la mission de la
latinité était de défendre la liberté personnelle dans
un monde menacé par l'étatisme sous ses formes les
plus variées. Aujourd'hui, il fait son mea culpa il
lui semble qu'il n'y aura jamais autour de lui assez
de gendarmes, assez de soldats pour mater l'individu
et contrecarrer ses révoltes. Peut-être a-t-il raison.
(Suite page 2, col. 5 et 6)
Le montant
des allocations
aux femmes
de prisonniers
serait
augmenté
prochainement
Des textes' législatifs vont
préciser les obligations des
employeurs à l'égard des
prisonniers rapatriés.
,On sait que M. Maurice Pinot,
commissaire général au reclasse-
ment des prisonniers, s'est entre-
tenu longuement avec l'amiral
Darlan.
On croit savoir que les deux
importantes questions de remploi
obligatoire des prisonniers libérés
et des allocations aux femmes de
prisonniers y ont été discutées.
Une solution interviendrait très
prochainement en. janvier.
Des textes législatifs précise-
raient sans ambiguïté les obliga-
tions des employeurs à l'égard des
prisonniers rapatriés.
En ce qui concerne certaines
allocations dont bénéficient ac-
tuellement les femmes des prison-
niers, il se confirme qu'elles se-
raient très sensiblement augmen-
tées, ainsi que nous avons déjà
eu l'occasion de le laisser prévoir.
(Visa D.S.P.G. n" 4.283)
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