Titre : L'Humanité : journal socialiste quotidien
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : L'Humanité (Paris)
Éditeur : L'HumanitéL'Humanité (Saint-Denis)
Date d'édition : 1922-07-10
Contributeur : Jaurès, Jean (1859-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327877302
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1922 10 juillet 1922
Description : 1922/07/10 (Numéro 6680). 1922/07/10 (Numéro 6680).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
DIX-HUITIEME ANNEE. N° 6680
ABONNEMENTS
lAH 6 MOIS 8 rots:
P.H., Seine j
•t Sema-et-Ois»
J Départements C gg 30
etColonies (
Étranger 45 a
Belgique et Luxembourg Le Numéro, 25 centime.
Chèque postal 2O9-61
Le Numéro 2O Centimes + SERVICE GRATUIT Le Numcro 20 Centimes
JOUFHS1A.L, COMMUNISTE
LUNDI 10 JUILLET
ADRESSE PARIB (2') 143, Rue Montmartre
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE HUMANITÉ- PARI*
TÉLÉPHONE GUTENBERG 02-69, 02-67
142, Rue Montmartre, 149
Fondateur JEAN J4URÈS
Mme Plekhanov s'élève contre certaines
Il affirmations inadmissibJes » contenus
dans une lettre adressée le 18 octobre
1917 à Albert Thomas, et communiquée à
quelques amis, dans laquelle je résume les
déclarations que venait de me faire Ple-
khanov.
On peut penser que cette lettre répandue
dès novembre 1917, dans les milieux politi-
ques français, fut rapidement connue par
la famille de Plekhanov et par Plekhanov
lui-même:
En 1918 et 1919, traduite en même temps
que d'autres lettres, en russe, en anglaise,
en allemand, en italien, en espagnol, etc.,
elle fut .publiée et commentée dans la plu-
part des pays d'Europe et d'Amérique. Il
est inadmissible » qu'elle ait échappé
à la vigilance de la famille et des admira-
teurs de Plekhanov, pieusement attentifs
à protéger sa mémoire. Cependant, aucun
démenti ne vint infirmer alors mes « asser-
tions n.
Plekhanov meurt. Quatre années s'écou-
lent. Soudain, en juin 1922, Mme Plekha-
nov s'avise qu'elle ne peut « laissez pas-
ser cette lettre sous silence ». Elle se ré-
signe enfin à démentir. Ou plutôt elle pa-
rait démentir. En fait, elle ne. dément
point. Elle ne nie pas, elle ne peut pas
nier que son mari ait formulé ces déela-
rations. Elle sait trop bien que Plekhanov
les a renouvelées à maintes reprisses de-
vant elle et devant d'autres, comme de-
vant moi. Elle argumente de façon pru-
dente et embarrassée. Elle plaide l'invrai-
semblance, la contradiction entre ces dé-
clarations privées et certaines manifesta-
tians publiques de son mari.
Que dément-elle, d'ailleurs ? Toute la
lettre ? Non. Une seule phrase;
Vous avez accordé à Mme Plekhanov
[''hospitalité de vos colonnes'(l). Je suis sûr
que vous ne refuserez pas d'y insérer ma
réponse. Permettez-moi Sabord de propo-
ser aux réflexions dé vos. lecteurs quelques
extraits édifiants de la lettre incriminée.
« Ecrivez à Albert Thomas, me disait, ou
plutôt me dictait Plekhanov, que l'anar-
chie s'est aggravée, qu'elle n'est déjà
plus douce, qu'elle sera demain violente,
puis sanglante.
« L'arrivée au pouvoir des bolcheviks
manifestera leur impuissance et détermi-
nera brusquement leur effondrement.
Mats la masse des troupes maximalistes
marche derrière Lénine et Trotsky, vers
une seconde révolution. Il ne semble plus
est convaincu de son imminence et le sou-
haite passionnément, au point de laisser
entendre, lui, dont vous connaissez les
•crapules démocratiques, que si le mouve-
ment ne se dèclanchait pas spontanément,
Ù faudrait le provoquer. Il pense, en effet,
que la situation générale s'aggravera,
tant que la propagande des bandes bol-
chevistes horrible mélange d'idéalistes
utopiques, d'imbéciles, de maLfaiteurs; de
trâîtres et de provocateurs anarchistes
continuera d'empoisonner le front et l'ar-
((Il faut non seulement mater, mais
écraser cette vermine, la noyer dans le
sang. Le salut delà Russie est à ce prix.
« Or, le gouvernement provisoire ne
prendra jamais l'initiative de cette indis-
pensabte saignëe. Rercnsky est plus dis-
posé aux concessions qu'à la lutte. Ainsi
qu'à Barthoui, il lui manque ce qu'avait
Danton, et quand on lui propose l'exemple
de Robespierre, il ne sait 'que sourire,
tant il trouve l'évocation surannée. A au-
cun prix, il n'assumera la responsabilité
d'une répression brutale.
« Un seut espoir Savinkov, compromis
dans l'affaire Kornilov, brouillé politique-
ment avec Kerensky, mais pour qui le mi-
nistre président conserve beaucoup d'affec-
tion. Lui seul est capable d'accomplir, par
les beaux moyens jacobins, l'œuvre d'épu-
ration. (Plokhanov n'oublie-t-il pas que
Savinkov est commandité par Poutilov 9.)
D'ailleurs, si, par impossible, les bol-
cheviks remportaient la victoire, ce trtom-
plve serait sans lendemain,
« La nation s'apercevra vite de son er-
reur et se tournera vers l'homme qui ra-
mènera l'ordre avec l'autorité. Ce sera la
réaction indispensable et inévitable. l.e
péril monarchique n'est pas très menaçant
encore, mais l'anarchie persistante le fe-
rait croître rapidement. C'est pourquoi il
faut en finir au plus tôt avec le bolche-
visme.
« P1ekhanov affirme qu'un gouverne-
ment vigoureux, celui qui sera installé de-
main, sur les cadavres bolcheviks, doit
imposer à la nation tout entière, armée
comprise, la continuation de la guerre, la
défense nationale demeurant le but princi-
pal. »
Isolée, la phrase détachée par Mme Pie-
khanov pouvait laisser supposer que
j'avais attaché trop d'importance à une
boutade. Mais qu'on relise mes citations
et, si possible, la lettre tout entière. Toute
incertitude cessera II ne s'agit plus d'un
cri de haine échappé à la colère d'un ad-
versaire exaspéré. Il s'agit d'un véritable
programmé d'action immédiate. Program-
me complet, précise, d'une logique impla-
cable, implacable comme sut l'être parfois
Plekhanov et comme il exigea toujours
qu'on le fût.
Le bolchevisme développe l'anarchie.
L'anarchie prépare la restauration tsariste.
Coûte que coûte, am plus tôt, il faut en
finir avec les bolcheviks traîtres, provo-
cateurs, etc. Et comment Par les beaux
moyens jacobins. Par la répression bru-
tale. Par l'indispensable saignée. Exem-
ple de Robespierre. Savinkov (le nom est
tout un programme-) est le seul espoir.
C'est qu'en effet il ne s'agit de rien de
moins que de noyer dans le sang cette
vermine et d'établir un gouvernement vi-
goureux sur les cadavres bolcheviks.
Sous dix formes différentes, la même
idée, idée fixe, est présentée, le même but
est visé l'extermination des bolcheviks.
Qu'oppose Mme Plekhanov à ce pro-
gramme d'action contre-révolutionnaire,
il) Les colonnes du populaire.
dont les socialistes défensistes, soumis
aux ordres de leur chef Plekhanov, asso-
ciés auix socialistes révolutionnaires de
droite, aux cadets et aux monarchistes,
tentèrent bientôt l'exécution.
Mme Plekhanov évoque les articles du
journal de son mari, de cette Edinstvo sub-
ventionnée il n'est plus permis de
l'ignorer par le gouvernement fran-
çais, mise par conséquent au service de la
politique impérialiste de Clemenceau.
Qu'avant et après la révolution d'octo-
bre, à maintes reprisses, Plekhanov ait fait
les déclarations que j'ai rapportées, c'est
un fait. Et c'est un fait encore qu'il ait
écrit les articles de VEdinstvo. Contradic-
tion que nous constatons sans surprise.
Durant la. même période, les socialistes
révolutionnaires publiaient' dans leur
presse, des articles et votaient dans leur
congrès des résolutions qu'aurait pu si-
gi.rer £-i*iK.iia.uov, qui
la lutte pacifique, strictement légale con-
tre les Soviets. Et simultanément, dans
la rue, par l'émeute et par la.terreur, par
la mitrailleuse et par la bombe, sur les
fronts, avec les gardes blancs et les cent-
noirs, avec les alliés et les Allemands, ces>
mêmes hommes s'efforçaient de noyer dans
le sang la canaille bolcheviste.
Contradiction entre la théorie et la pra-
tique, entre l'attitude et l'action. Mals
contradicion inévitable.
Pour les défensistes et pour les S. R.,
pour tous ces partis complices de la bour-
geoisie, mais contraints de compter avec
l'opinion ouvrière, l'appel à l'insurrec-
tion eut fatalement provoqué la déchéance.
Et, pour les chefs de ces partis, vivant à
Petrograd et à Moscou, à la merci du poli,
voir des Soviets, une telle déclaration de
guerre eut entraîné la bataille immédiate.
les condamnant à la fuite, aux aléas et
aux périls de l'existence illégale, limitant
étroitement leurs possibilités d'action et
leurs chances de succès. Traîtres à la
classe ouvrière, mais ne pouvant accom-
plir leurs desseins sans l'appui de la
classe ouvrière. Ils étaient condamnés à la
duplicité.
Mais pourquoi insister?
Ce qui importe et ce qui ne peut plus
les débats du grand procès de Moscou
et dans ces débats les aveux mêmes des
accusés c'est que dans la faible mesure
où ils étaient capables d'agir, les plékha-
noviens, les défensistes, ont mené contre
les Soviets non pas l'action légale, hypo-
critement conseillée par VEdinstvo, mais
l'action insurrectionnelle, si brutalement
définie par Plekhanov et rapportée dans
ma lettre du 18 octobre 1917.
Ce document résume si fidèlement la
pensée du chef que les plékhanoviens, com-
me s'ils en avaient fait leur charte, en ont
suivi point par point les directives.
(c Autour d'un chef comme Savinkov », ils
ont tenté « de grouper les socialistes pa-
triotes, les cadets, les octobristes, tous les
éléments allant de la gauche de Plékhanov
à la droite de Goutchow ». Ils ont tenté
d'accomplir « par les beaux moyens jaco-
bins l'œuvre d'épuration, de pratiquer l'in-
dispensable saignée et d'installer sur les
cadavres bolchevistea un gouvernement vi-
goureux », Les débats ont prouvé déjà
qu'ils étaient liés à toutes les organisa-
tiôns contre-révolutionnaires russes, ou
étrangères, qu'ils ont participé aux cri-
mes abominables perpétrés par la réaction
contre la Révolution prolétarienne.
Ce n'est donc.ni simple hasard ni coïn-
cidence si, après un long silence, la pro-
testation tardive de Mme Plékhanov reten-
tit à l'heure précise où s'ouvre le procès
des socialistes-révolutionnaires.
En couvrant ison. mari, elle couvre les
S. R. alliés au groupe de Plekhanov. Mais-
son geste de secours est inutile. Les 'S.R
ont avoué. Leurs, aveux ont fait fuir déjà
M. Vandervelde. Ils auraient fait taire
Mme Plékhanov si elle eût retardé sa ré-
ponse de quelques semaines.
Au démenti qu'elle m'inflige, je n'ai plus
besoin d'opposer mes affirmations ni d'in
voquer les témoignages des camarades qui
connurent Plékhanov: Il me suffit de lui
opposer le démenti le plus irréfutable, le
démenti des faits.
Je le fais sans joie et sans autre souci
que celui de servir la vérité.
Je n'aurais pas commencé cette polémi-
que et je ne ferai rien pour la poursuivre.
Mieux que nous, l'Histoire saura marquel
et expliquer les contradictions qui souvent
opposèrent Plékhanov, ci-devant noble,,an-
cien élève-officier, héréditairement impré-
gné de libéralisme bourgeois et de natio-
nalisme au marxiste internationaliste qu'il
était devenu. Ceux qui l'approchèrent au
soir douloureux de sa vie constatèrent que,
de plus en plus malgré ses efforts pour
réagir, pour demeurer jusqu'au bout le
chef d'une avant-garde révolutionnaire
ressuscitait en lui le vieil homme.
Nous manquons du recul et peut-être
aùssi de l'objectivité nécessaire pour situer
justement Plekhanov. Le combat continue.
La fièvre n'est pas tombée. Mous pouvons
bien écraser les ennemis de la Révolution
pris les armes à la' main, mais nous ne
pouvons songer à juger un adversaire dis-
paru et surtout un tel adversaire.
Si néfaste qu'ait été son attitude pendant
l'abominable tuerie qu'il baptisa « guerre
du droit o; si profondes qu'aient été ses
erreurs et ses injustices envers la Révolu
tion d'octobre, nous n'oublions pas, nous
ne pouvons pas oublier les services incom-
p,arables rendus au prolétariat russe par
ce grand homme qui, dévoré par la foi la
plus ardente, éveilla sa conscience de
classe, l'organisa, l'arma pour la bataille
et pour la victoire, créa ses organisations,
lui donna ses mots d'ordre, lui enseigna
̃lue la Réovlution russe doit vaincre com-
me révolution ouvrière, supporta stoïque-
ment les pires souffrances, la misère, un
long exil.
Et de nos mémoires s'efface peu à peu le
souvenir de la tragédie que vécut hier Vail-
lant, due vivent encore aujourd'hui quel-
La lutte goés l'impôt sur les salaires
Ceux que l'on mï
vendre
L'ouvrier lithographe Eeaumont dont
M. le comte de Lasteyrie, grand argentier
sans le sou, voulait vendre, le 28 février,
l'armoire pour combler le déficit du bud-
get est un mutilé de la guerre. Ne l'eût-
il pas été que son armoire serait restée en
place. Les 3.000 gars de la lithographie
gardaient la maison. Mais, ce jour-là, les
victimes ,.de Poincaré-la-Guerne ont appris
quel cas le gouvernement entendait faire
de leurs sacrifices.
Le charpentier Feuillard et le métallur-
giste Lambert, pour lesquels 10.000 travail-
leurs ont, le 29 j juin, manifesté, sont, tous
deux, anciens combattants.
Les deux prolétaires de Boulogne-Bil-
lancourt, que le présomptueux minisfi'e
des finances espère vendre sur la place du
Marché, le 12 juillet, ne sont point des li-
neres ae la guerre. Mais le enquêteur
Vadenne a laissé un fils dans l'un de ce:
cimetières du front où Poincaré se plaît
si délicatement rire. Mais le métallur-
gisteBidot est un camarade dont les deux
jeunes enfants ont quitté l'école pour l'ap-
prentissage. A Saint-Denis, mêmes états
de service. Confirmation est ainsi donnée
qu'en régime capitaliste, ceux pour qui la
loi reste intraitable, ceux sur qui repose
tout le poids de l'impôt et contre qui se
dressent les menaces dut fisc, ce sont les
Les Chambres viennent de voter la
grâce amnistiante pour les ̃ spéculateurs
condamnés.Car il est parfois des juges pour
condamner les spéculateurs. Mais le gou-
vernement, avec l'appui des Chambres,
poursuit et veut vendre en place publi-
que les honnêtes gens sans le sous, qui se
refusent à l'impôt imbécile.
C'est cela que nous n'admettrons pas.
C'est pour cela que, le 12 juillet, à Bou-
logne-Billancouirt et à Saint-Deni3, nous;
nous insurgerons, à quelques milliers,
contre la loi, B. L
Un appel du Syndicat des Métaux
Mercredi prochain 12 juillet doit avoir lieu
la vente des meubles de deux de nos camara-
des de Saint-Dénis, Lesbre, 26, cours Ragot,
et Cheneaux, 25, rue des Ursulines, ain'sd qu'à
Boulogne les camarades Bidault et Vadenne,
•J3, rue Thiers, à Billancourt.
Nous faisons dont appel pour la région de
Saint-Denis, à tous les métallurgistes de
Saint-Quen, Pantin, La Courneuve, Aubervil-
liere,' Puteaux, Suresnes.
Métallurgistes, nous comptons sur vous.
Le président de la 12e chambre est un hom-
ne bien2 remarquable. Me Delattre aussi.
Cet éminent avocat défendait avant-hier
une jeune institutrice poursuivie pour vol.
Laquelle institutrice avait séjourné quelque
temps dans la Russie des Soviets. Elle y fit
.connaissance, sans doute pour les mêmes ex-
yloits, avec les «prisons bolchevistes ». Il
n'eu fallut pas plus à l'avocat pour invoquer
le séjour de sa cliente en Russie rouge com-
me une école de vol qui avait porté ses fruits.
La voleuse était sauvée.
Le président de la chambre se saisit
avec un empressement admiratif de cet argu-
•nent « Le tribunal vous accorde le sursis,
'xplique-t-il à la prévenue, parce que vous
avez souffert sous le régime des bolcheviks
et qu'ils ne vous .ont appris rien de bon.
Oui. oui. C'est bien ainsi que les poli-
•iers de Balzac parlaient, en 1820, dé la Ré-
volution française.
Mais que pensez-vous de l'avocat dissident
\I. D. (lisez Maurice Delépine) qui se solida-
rise avec ces deux cocos dans les colonnes
confidentielles du Popu ?
AVERTISSEMENT GRATUIT
(par E. Baude.)
Il pourrait bien vous tomber sur le
coin de la g.
'lues' survivants de cette génération finis-
:,ante. affaiblis et cristallisés par l'âge,
surpris, désorientés par ,1a venue d'événe-
ments qu'ils avaient prévus autrefois, mais
qu'ils'sont désormais incapables de com-
prendre, dépassés à jamais par les disci-
ples qu'ils ont formés et lancés sur la voie
révolutionnaire. Effroyable drame où som-
bre la vieillesse de Plékhanov et qui fit du
plus vénéré des chefs révolutionnaires de
la Russie contemporaine un instrument dp
la contre-révolution.
Les révolutionnaires russes ont déchirô
ce dernier chapitre de la vie de Plékhanov
comme les révolutionnaires français effa-
cèrent hier, comme ils effaceront demain,
tes pages de chauvinisme par lesquelles
Vaillant et Guesde terminèrent et terni-
rent leur glorieuse histoire.
Et tous trois compteront dans le souve-
nir respectueux des hommes parmi les
meilleurs serviteurs de la classe ouvrière.
Jacques SADOUL.
MOSCOU. 17 juin- 1922.
SOUVENIRS D'UN CAMARADE DE LOTIE
DE GRIFFUES
Interview de Delesalle, ex-secrétaire adjoint de la C. G. T.
Au lendemain de la mort de Griffuelhes,
lous sommes allés demander à notre cama-.
rade Paul Delesalle; qui fut avec Yvetot et
Pouget.lé collaborateur de l'ancien secré-
taire général de la C'IG.T. au bureau confédé-
ral, de nous dire ce que fut '1e grand mili-
tant hier disparu.
C'est en 1898, nous dit Delesalle, à l'U-
nion des Syndicats de la Seine, où j'étais
le délégué du Syndicat des ouvriers en ins-
truments de précision, que je rencontrai,
pour la première fois, Victor Griffuelhes,
lui-même délégué du Syndicat des cordon-
niers, de Paris.
Adhérent à cette époque au Parti socia-
liste-révolutionnaire d'Edouard Vaillant
dont il fut l'un des délégués au Congrès
socialiste de Lyon Griffuelhes affirma
dès son début sa forte personnalité à l'U-
nion. Une année plus tard, le « Milleran-
disme naissant lui permit de donner sa
mesure.
Ce que f ut le « millerandisme »
Comment se présentait la tentative de
corruption « millerandit-te » ?
Voici 1
Eu 1900, Millerand, ministre dans un ca-,
binet Waldeck-Rousseau, pour rassurer la
bourgeoisie, envoyait aux membres de la
commission administrative de l'Union des
invitations à assister aux réceptions et fê-
tes données au ministère à l'occasion, de
l'Exposition.
Grilfuelhes vit clairement le danger et,
malgré l'opposition des Keufer, des Beau.-
mé, et des Briat, réussit à faire décider,
par l'Union des Syndicats de la Seine, l'in-
terdiction, d'assister aux agapes ministé-
rielles.
De ces jours, dit Delesalle, date réelle-
ment le début d'une lutte qui n'est malheu-
reusement pas encore terminée, Jouhaux
2t ses amis ayant repris à leur compte les
idées et les pratiques des Keu.fer et du ré-
formisme syndicaliste vis-à-vis de l'Etat
bourgeois.
Griffuelhes entre â la C. G. T.
Quelle fonction Griffuelhes occupait-il
alors ?
Griffuelhes n'avait pas quitté son ta-
bouret d'ouvrier cordonnier, Et je me re-
nlémore aujourd'hui, non sans un serre-
ment de cœur, nos longues conversations,
lui poussant l'alêne, dans son quatrième
Étage d'une maison proche de la Bourse
lu Travail.
Puis, notre ami fut nommé secrétaire de
la Fédération des cuirs et peaux et délé-
gué, de cette Fédération au Comité confé-
déral, où sa valeur personnelle s'imposâ
si rapidement qu'un peu moins d'une an-
née après il devenait « secrétaire fédéral
oour les fédérations d'industries et de mé-
tiers ».
Et ce furent les grands débats des Con-
grès de Lyon Montpellier, Bourges, où
la force et la puissance de ses convictions
réussirent à doter la classe ouvrière de
cette Confédération générale du' travail
iont un camarade pouwait dire, avec juste
raison, à l'un des derniers Congrès de la
Fédération de la Seine, qu'elle fut la
conscience de la classe ouvrière et sauva
un certain moment l'honneur du socia-
lisme en France.
L'acquisition de la Grange=aux=Belles
'-La C. G. T. n'eùt-elle pas alors des diffi-
clutés pour .se loger?
En effet, la lutte âpre entreprise con-
tre le « millerandisme » et le réformisme,
les grandes grèves, les campagnes con-
fédérales contre les bureaux de placement,
pour les huit heures, eurent comme ré-
sultat de faire expülser. la Confédération
des bureaux qu'elle occupait à la Bourse
du Travail.
Après une année passée cité Riverin
la G. T:; dont In puissance s'affirmait
de plus en plus, était à la veille de se
trouver sans même un local pour assurer
son fonctionnement.
C'est alors que Griffuelhes apprend
qu'une ancienne usine, avec maison
d'habitation, est à vendre rue de la Grau
ge-aux-Belles.
Il n'y a. pas à hésiter Sans ébruiter
quoi que ce soit, afin d'être certain de
réussir, Griffue-lhes fait démarches sur
démarches et pourquoi ne pas le dire
puisque cela est à l'honneur de l'un e*
de l'autre ? notre camarade Lonzon.
sur sa simple parole, lui procure les cent
et quelques mille francs nécessaires à l'ac.
quisition de l'immeuble transformé où siè-
ge aujourd'hui l'Union des Syndicats de
la Seine.
Vous imaginez 1a joie intérieure de Grif-
fuelhes et notre joie tous lorsqu'à un
Comité confédéral il nous fit part 'poux
ratification de la bonne nouvelle. Grâce
li lui, grâce à son initiative personnelle,
pour la première fois en France, la classe
ouvrière avait son chez elle.
Vous vous souvenez des difficultés que
plus tard tentèrent de susciter à notre ami
nos adversaires d'hier et de toujours. Il en
avait bien gardé quelque rancœur, mais la
joie d'avoir fait ce qu'il fallait compensait
hautement ces bassesses.
La charte d'Amiens
Quelle fut la part de Griffuelhes dans
!a Charte d'Amiens ?
,Il en fut le rédacteur principal. Et, mê-
m,o à la veille de sa mort, cette 'résolution
'^présentait toujours d'une façon précise
toute sa pensée.
Le Premier Mai 1906
Griffuelhes n'eut-il pas un rôle prêpon-
lérant dans l'organisation de ce ler mai 1906
lui affola la bourgeoisie française ?
C'est exact 1
Le Congrès de Bourges en 1904 avait ue-
culé qu'une campagne intense de propa-
gande devait être entreprise par la C. G. T.
en faveur, de la journée de 8 heures. Grif-
fuelhes aidé de Pouget car il est im-
possible de parler de l'un sans rappeler les
'tnmonses services rendus' par le vieux
militant, l'ami et le compagnon de lutte de
Louise Michel, à la classe ouvrière, .tous
les deux, donc, furent l'âme de cette cam-
pagne qui jusqu'à ce jour reste unique
dans les annales du prolétariat.
Pamphlets, tracts, brochures, journaux,
réunions, agitation sous toutes ses formes,
̃̃ien ne fut négligé. Vous vous rappelez la
frousse intense qui s'empara de la bour--
%le et des gouvernants à cette époque.
Eh bien c'est à Griffuelhes et d lui près-.
aue seul crue le 13 mai 1906 dut le retentis-
sement mondial qu'eut cette journée fa-
meuse dans l'histoire du prolétariat.
Comment Griffuelhes galvanisait
les énergies défaillantes
Comment, Griffuelhes organisa-t-il ce
mouvement ?
Environ deux mois avant l'échéance
du premier mail notre ami réunit tous les
secrétaires et délégués des Fédérations de
métiers et d'industrie pour se concerter et
pour envisager ce qui restait à faire.
Je puis révéler aujourd'hui, sans'incon-
vénients, que ce fut' triste, lamentable
presque. « Nos effectifs marcheront diffi-
cilement. L'enthousiasme, la confiance
manquent », tel était, à peu de choses près,
le leit-moliv de la plupart des secrétaires
das grandes fédérations.
C'est alors que Griffuelhes ramassant
tout son courage, qui n'était pas mince,
l'on peut m'en croire par une dialec-
tique serrée, sut, à force d'arguments e.t
avec une volonté de fer prenant l'une
après l'autre chacune des fédérations et
parvenant à convaincre chacuan des pos-
sibilités de lutte, dans sa propre corpora-
tion, réussit, dis-je, à galvaniser les coura-
ges et à gagner une partie que l'on aurait
pu croire perdue. Pendant trois heures,
Griffuelhes parla et lorsque je me rappelle
ces heures inoubliables pour un militant
qui les a vécues, je ne puis songer sans
frémir à l'influence qu'un seul homme
peut avoir à un instant de sa vie sur la
destinée tout entière de la classe ou-
vrière. Ce jour-là; Griffuelhes fut lui
presque tout seul la conscience du* prolé-
tariat en lutte.
Grâee à lui, le 1er mai 1906 a été une
grande, une très grande victoire ouvrière.
Gouvernement d'assassins »
Plus tard, Griffuelhes n'obtint-il pas un
autre éclatant succès, d'un genre différent,
certes t devant la côur d'assises
Oui, c'est en 1908, sous le ministère
Clemenceau. Le Comité Confédéral, à l'una-
nimité de ses 72 membres signait l'affiche
Gouvernement d'assassins. Suivant une
jurisprudence nouvelle, 12 de ses membres
seulement furent déférés à la Cour d'As-
sises « les meneurs » comme nous appela
l'avocat générai Griffùelhes, Monatte,
Pouget, Gannery en étaient.
Nous fûmes acquittés par le jury pari-
sien et la propagande syndicaliste reprit
de plus belle.
Peu de temps après je quittais la C.G.T.,
ayant toujours affirmé que le syndicalisme
ne doit pas, sous peine de perdre sa for-
ce, devenir un fonctionnarisme pour quel-
ques-uns.
Griffuelhes était un peu du même avis.
Il le montra en se retirant encore en plei-
ne force.
Mes souvenirs s'arrêtent ici. Je n'étais
déjà plus au Comité confédéral lors de
l'affaire « du guet-apens », disait Grif-
fuelhes, de Villeneuve-Saint-Georges.
« Le Lénine français ̃»
La carrière de Griffuelhes vous parais-
sait-elle terminée ? rais
Certes non Un journaliste bourgeois
qui connaît bien nos milieux, Emile Buré,
écrivait, voici deux ans; à propos d'une
conférence faite par Griffuelhes, sous les
auspices du Groupe des Etudiants Socia-
listes Révolutionnaires, que Griffuelhes
pourrait être le Lénine français ». C'est
un bel éloge digne de celui qui vient de
mourir pauvre,' quoi qu'on en ait dit,
qui a rendu, et qui demain encore aurait
pu rendre de grands. services à sa classe.
Il a su donner à celle-ci le meilleur de lui-
même.
Et nous quittâmes Paul Delesalle, navré
comme lui de la perte du militant ouvrier,
lucide et fort, dont la doctrine et l'exemple
nous aideront, communistes de France, dans
notre implacable lutte contre l'Etat bourgeois
et le- patronat oppresseur.
UN SCANDALE
pour GoiÉn-iric et Bustyintchoiik ?
De Fresnes, où les juges au service de Poin-
oaré-la-guerre l'ont relégué dans la compa-
gnie des escarpes et des 6outeneurs, notre ca-
marade Henri Coudon-Mérsc nous écrit. Voici
sa lettre
Prison de Fresnes.
Camarades,
Voici le texte de la lettre que J'adresse au,
jourd'hui même à M. le procureur général,
pour mon transfert au régime politique.
« Prison de Fresnes, le 6 juillet 1922.
« Monsieur le Procureur général,
« Appelant d'un jugement prononcé contre
moi par la 11° chambre correctionnelle, qui
m'a condamné à la peine d'un an de prison,
pour une inculpation évidemment politique,
j'ai l'honneur de vous demander dans le troi-
sième mois de ma détention, de vouloir bien
prescrire mon transfert au régime politique.
1 Veuillez agréer, etc. Henri Coudon-
Mèric. »
A quand la mise au régime politique de
Coudon-Méric
A quand la mise au régime politique d'Ous-
tymltchouk
Le scandale doit cesser.
des sldms
Est-il vrai que l'administration des postes,
par servilité envers le président du conseil,
sabote la distribution de la carte postale de
« l'Homme-qui-rit » ?
Est-il vrai que certaines de ces cartes, bien
que régulièrement affranchies, 'portent la
mention « A rebuter », ce qui indiquerait
que des ordres discrets ont été donnés pour
empêcher la distribution de cette carte ven-
pjresse ?
Si l'administration des postes, comme aux
temps abhorrés de la censure militaire, dé-
fère, en bonne domestique, à la volonté de
Poîncaré-la-Guerre, il conviendra de prendre
des mesures contre cet arbitraire
En attendant,- il y aurait peut-être lieu de
ne pas envoyer. les cartes à découvert.
On pourrait presque dire que la so-
çiété vit aux dépens du prolétaire, de la
part qu'elle lui retranche sur son travail.
SiSMONDL
(Mort le 2 juin
Le lendemain
d'un scrutin
algré les tentatives des réaction
naires du Bloc National, Mar.tj
Badina, les marins de la mel
Noire, le mutins, les soldats pri
sonmers vont bénéficier de la grâce amnios
tiainte. La colère de la majorité de la Cham-
bre était extrême dans la soirée de samedi,
lorsque vint à la tribune la proposition gou-
vernementale. Les violences de la presse ap-
pelée à juger les votes de la Chambre et du
Sénat ne sont pas moins brutales.
Pour donner une idée du désarroi de ces
esprits, rappelons que lors de la discussion
parlementaire Marty, fut défendu par un
amiral tandis qu'un ancien ouvrier nommi
Balanant avait accepté liai tâche odieuse d'ao
cusateur public contre notre camarade.
En outre, comme le faisait remarque!
Tardieu au ministre de la justice, le même
gouvernement qui nous faisait flétrir la veille
reprenait à son compte l'idée d'élargisse-
ment des malheureuses victimes que nous ré-
clamons depuis si longtemps.
Les gazettes de droite sont, depuis lors,
irritées et menaçantes. Un journaliste écrit
« La révolution a été encouragée à la Cham-
bre elle va grouiller dans la rue ». Un au-
tre ajoute C'est un succès pour les com-
munistes. il en montrent une visible satis-
faction ce vote est déplorable il résulte
de l'équivoque et du marchandage ». Les
Débats épiloguent sur l'immoralité de l'am-
nistie ils accusent le gouvernement de « dé-
sarmer le bras de la loi », « de battre en
brèche la notion du bien et du mal », c d'é-
branler le fondement de la morale Nous
arrêtons là nos citations
Nous laisserons s'ârranger ou se gourmet
entre eux M. Poincaré et les gens de sa ma-
jorité, mais ni les uns ni les autres ne peu-
vent empêcher les communistes de marquer
en effet leur joie profonde à l'annonce de la
proche mise en liberté des milliers de vic-
times des conseils de guerre.
C'était pour tous les prolétaires un devoir
d'.humanité, de solidarité, d'arracher à leurs
geôles les malheureux qui y mouraient len-
tement en proie à 'd'indicibles souffrances
morales et matérielles. Ce devoir, tous les
militants l'ont accompli depuis plusieurs an-
nées sans relâche, avec passion, avec la car-.
titude du succès final. Qu'ils montrent au-
jourd'hni leur joie d'avoir atteint leur but,
nul ne saurait s'en étonner, même chez leur
pires adversaires.
Quant à penser que le gouvernement
Poincaré renonce de ce fait à poursuivre de
sa haine tenace le communisme et ses'mi.li.
tants, ces messieurs les réactionnaires sont,
dans le fond de leur conscience, parfaite-
ment rassurés. Au contraire, après avoir obéi
au vote impératif du Sénat, après avoir cédé
sur la question de l'amnistie, le gouverne-
ment aura hâte, sans doute, de fournir de»
gages aux blocards de sa majorité. Et il
n'est pas besoin d'être prophète pour pro
n ostiquer qu'il voudra conquérir à nouveat
l'appui indispensable de ses vrais amis, en
poursuivant plus vigoureusement que j.atnai
le Parti communiste et sa propagande..
Marcel CACHIN.
LA FAUNE RÉACTIONNAIRE
M. Maurice Barrés
par Georges PIOCH
Le cheveu noir, long, plat, « artiste
Des yeux noirs,- affligés et dédaigneux. La'
moustache, noire aussi, et tombante. Une
face morne, éteinte, de type auvergnat, et
dont, selon qu'on la vante ou qu'on la
décrie, on vous dira qu'elle a prestige
d'aigle ou de poisson. Un col droit. Une
régate noire. Un veston noir et croisé.
Tel, élégant et compassé, volontiers « na-
poléonien » et, malgré lui, un tantinet
bureaucrate, se présentait M. Maurice
Barres.
Il parlait de toute sa voix remarquable,
où, dirait-on, sa vie entière se traîne, se
plaint, et, même se reproche, en chantant
un peu. de toute sa voix grave, grasse,
lasse, solennelle et vulgaire à la fois, et qui,
par une inflexion soudaine où s'émeut une
noble mélancolie, nous raconte qu'elle se
souvient, pour y avoir retenti, de villes cù
la mort est sublime Sparte, Venise, Ai-
gues-Mortes..
Il. parlait avec application, essayant de
concilier, dans sa diction lente, l'accent
lorrain avec l'accent auvergnat.
Il n'arpentait point la tribune. Il sem-
blait qu'une fatigue irrésistible lui inter-
dît les gestes qui ponctuent, à l'ordinairé,
l'éloquence. Il répétait fréquemment le
geste de croiser les mains devant sa poi-
trine.
Son plus loyal aveu, quand il se pro-
nonce, c'est moins sa parole que son vi·
sage, nostalgique, navré, et qui semble
s'étonner du bruit sentencieux que fait sa
bouché.
Il a beau s'ingénier à plaire démocrati-
quement l' « amateur d'âmes » que, ja.
dis, il. s-e vantait d'être, perce parfois sous
le député venu»-.dans ce préau d'école,
pour solliciter %J renouvellement de son
mandat. Il flatte le contribuable; mais
c'est en se souvenant de la façon gentille
que l'héroïne d'un de ses plus beaux ro-
mans Bérénice, avait de caresser son
âme.
Il parle patrie, tradition, accroissement
de la race; mais sa voix qui lamente ce
qu'elle voudrait exalter,'sa moue dégoû-
tée, confessent sa répugnance à ce que,
longtemps, il appela « le grossier désir da
perpétuer l'espèce ». S'il s'avouait vrai-
ment, il nous confierait l'assiduité ser'ète
de son esprit au jardin de Bérénice, son
goût invétéré pour les chairs à peine dé-
closes. les âmes à peine effleurées de Pe·
tite-Secousse fit de 3a frêle amie Bougie-
Rose.
L' « .amateur d'âmes » a pu, pressé pal
ABONNEMENTS
lAH 6 MOIS 8 rots:
P.H., Seine j
•t Sema-et-Ois»
J Départements C gg 30
etColonies (
Étranger 45 a
Belgique et Luxembourg Le Numéro, 25 centime.
Chèque postal 2O9-61
Le Numéro 2O Centimes + SERVICE GRATUIT Le Numcro 20 Centimes
JOUFHS1A.L, COMMUNISTE
LUNDI 10 JUILLET
ADRESSE PARIB (2') 143, Rue Montmartre
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE HUMANITÉ- PARI*
TÉLÉPHONE GUTENBERG 02-69, 02-67
142, Rue Montmartre, 149
Fondateur JEAN J4URÈS
Mme Plekhanov s'élève contre certaines
Il affirmations inadmissibJes » contenus
dans une lettre adressée le 18 octobre
1917 à Albert Thomas, et communiquée à
quelques amis, dans laquelle je résume les
déclarations que venait de me faire Ple-
khanov.
On peut penser que cette lettre répandue
dès novembre 1917, dans les milieux politi-
ques français, fut rapidement connue par
la famille de Plekhanov et par Plekhanov
lui-même:
En 1918 et 1919, traduite en même temps
que d'autres lettres, en russe, en anglaise,
en allemand, en italien, en espagnol, etc.,
elle fut .publiée et commentée dans la plu-
part des pays d'Europe et d'Amérique. Il
est inadmissible » qu'elle ait échappé
à la vigilance de la famille et des admira-
teurs de Plekhanov, pieusement attentifs
à protéger sa mémoire. Cependant, aucun
démenti ne vint infirmer alors mes « asser-
tions n.
Plekhanov meurt. Quatre années s'écou-
lent. Soudain, en juin 1922, Mme Plekha-
nov s'avise qu'elle ne peut « laissez pas-
ser cette lettre sous silence ». Elle se ré-
signe enfin à démentir. Ou plutôt elle pa-
rait démentir. En fait, elle ne. dément
point. Elle ne nie pas, elle ne peut pas
nier que son mari ait formulé ces déela-
rations. Elle sait trop bien que Plekhanov
les a renouvelées à maintes reprisses de-
vant elle et devant d'autres, comme de-
vant moi. Elle argumente de façon pru-
dente et embarrassée. Elle plaide l'invrai-
semblance, la contradiction entre ces dé-
clarations privées et certaines manifesta-
tians publiques de son mari.
Que dément-elle, d'ailleurs ? Toute la
lettre ? Non. Une seule phrase;
Vous avez accordé à Mme Plekhanov
[''hospitalité de vos colonnes'(l). Je suis sûr
que vous ne refuserez pas d'y insérer ma
réponse. Permettez-moi Sabord de propo-
ser aux réflexions dé vos. lecteurs quelques
extraits édifiants de la lettre incriminée.
« Ecrivez à Albert Thomas, me disait, ou
plutôt me dictait Plekhanov, que l'anar-
chie s'est aggravée, qu'elle n'est déjà
plus douce, qu'elle sera demain violente,
puis sanglante.
« L'arrivée au pouvoir des bolcheviks
manifestera leur impuissance et détermi-
nera brusquement leur effondrement.
Mats la masse des troupes maximalistes
marche derrière Lénine et Trotsky, vers
une seconde révolution. Il ne semble plus
est convaincu de son imminence et le sou-
haite passionnément, au point de laisser
entendre, lui, dont vous connaissez les
•crapules démocratiques, que si le mouve-
ment ne se dèclanchait pas spontanément,
Ù faudrait le provoquer. Il pense, en effet,
que la situation générale s'aggravera,
tant que la propagande des bandes bol-
chevistes horrible mélange d'idéalistes
utopiques, d'imbéciles, de maLfaiteurs; de
trâîtres et de provocateurs anarchistes
continuera d'empoisonner le front et l'ar-
((Il faut non seulement mater, mais
écraser cette vermine, la noyer dans le
sang. Le salut delà Russie est à ce prix.
« Or, le gouvernement provisoire ne
prendra jamais l'initiative de cette indis-
pensabte saignëe. Rercnsky est plus dis-
posé aux concessions qu'à la lutte. Ainsi
qu'à Barthoui, il lui manque ce qu'avait
Danton, et quand on lui propose l'exemple
de Robespierre, il ne sait 'que sourire,
tant il trouve l'évocation surannée. A au-
cun prix, il n'assumera la responsabilité
d'une répression brutale.
« Un seut espoir Savinkov, compromis
dans l'affaire Kornilov, brouillé politique-
ment avec Kerensky, mais pour qui le mi-
nistre président conserve beaucoup d'affec-
tion. Lui seul est capable d'accomplir, par
les beaux moyens jacobins, l'œuvre d'épu-
ration. (Plokhanov n'oublie-t-il pas que
Savinkov est commandité par Poutilov 9.)
D'ailleurs, si, par impossible, les bol-
cheviks remportaient la victoire, ce trtom-
plve serait sans lendemain,
« La nation s'apercevra vite de son er-
reur et se tournera vers l'homme qui ra-
mènera l'ordre avec l'autorité. Ce sera la
réaction indispensable et inévitable. l.e
péril monarchique n'est pas très menaçant
encore, mais l'anarchie persistante le fe-
rait croître rapidement. C'est pourquoi il
faut en finir au plus tôt avec le bolche-
visme.
« P1ekhanov affirme qu'un gouverne-
ment vigoureux, celui qui sera installé de-
main, sur les cadavres bolcheviks, doit
imposer à la nation tout entière, armée
comprise, la continuation de la guerre, la
défense nationale demeurant le but princi-
pal. »
Isolée, la phrase détachée par Mme Pie-
khanov pouvait laisser supposer que
j'avais attaché trop d'importance à une
boutade. Mais qu'on relise mes citations
et, si possible, la lettre tout entière. Toute
incertitude cessera II ne s'agit plus d'un
cri de haine échappé à la colère d'un ad-
versaire exaspéré. Il s'agit d'un véritable
programmé d'action immédiate. Program-
me complet, précise, d'une logique impla-
cable, implacable comme sut l'être parfois
Plekhanov et comme il exigea toujours
qu'on le fût.
Le bolchevisme développe l'anarchie.
L'anarchie prépare la restauration tsariste.
Coûte que coûte, am plus tôt, il faut en
finir avec les bolcheviks traîtres, provo-
cateurs, etc. Et comment Par les beaux
moyens jacobins. Par la répression bru-
tale. Par l'indispensable saignée. Exem-
ple de Robespierre. Savinkov (le nom est
tout un programme-) est le seul espoir.
C'est qu'en effet il ne s'agit de rien de
moins que de noyer dans le sang cette
vermine et d'établir un gouvernement vi-
goureux sur les cadavres bolcheviks.
Sous dix formes différentes, la même
idée, idée fixe, est présentée, le même but
est visé l'extermination des bolcheviks.
Qu'oppose Mme Plekhanov à ce pro-
gramme d'action contre-révolutionnaire,
il) Les colonnes du populaire.
dont les socialistes défensistes, soumis
aux ordres de leur chef Plekhanov, asso-
ciés auix socialistes révolutionnaires de
droite, aux cadets et aux monarchistes,
tentèrent bientôt l'exécution.
Mme Plekhanov évoque les articles du
journal de son mari, de cette Edinstvo sub-
ventionnée il n'est plus permis de
l'ignorer par le gouvernement fran-
çais, mise par conséquent au service de la
politique impérialiste de Clemenceau.
Qu'avant et après la révolution d'octo-
bre, à maintes reprisses, Plekhanov ait fait
les déclarations que j'ai rapportées, c'est
un fait. Et c'est un fait encore qu'il ait
écrit les articles de VEdinstvo. Contradic-
tion que nous constatons sans surprise.
Durant la. même période, les socialistes
révolutionnaires publiaient' dans leur
presse, des articles et votaient dans leur
congrès des résolutions qu'aurait pu si-
gi.rer £-i*iK.iia.uov, qui
la lutte pacifique, strictement légale con-
tre les Soviets. Et simultanément, dans
la rue, par l'émeute et par la.terreur, par
la mitrailleuse et par la bombe, sur les
fronts, avec les gardes blancs et les cent-
noirs, avec les alliés et les Allemands, ces>
mêmes hommes s'efforçaient de noyer dans
le sang la canaille bolcheviste.
Contradiction entre la théorie et la pra-
tique, entre l'attitude et l'action. Mals
contradicion inévitable.
Pour les défensistes et pour les S. R.,
pour tous ces partis complices de la bour-
geoisie, mais contraints de compter avec
l'opinion ouvrière, l'appel à l'insurrec-
tion eut fatalement provoqué la déchéance.
Et, pour les chefs de ces partis, vivant à
Petrograd et à Moscou, à la merci du poli,
voir des Soviets, une telle déclaration de
guerre eut entraîné la bataille immédiate.
les condamnant à la fuite, aux aléas et
aux périls de l'existence illégale, limitant
étroitement leurs possibilités d'action et
leurs chances de succès. Traîtres à la
classe ouvrière, mais ne pouvant accom-
plir leurs desseins sans l'appui de la
classe ouvrière. Ils étaient condamnés à la
duplicité.
Mais pourquoi insister?
Ce qui importe et ce qui ne peut plus
les débats du grand procès de Moscou
et dans ces débats les aveux mêmes des
accusés c'est que dans la faible mesure
où ils étaient capables d'agir, les plékha-
noviens, les défensistes, ont mené contre
les Soviets non pas l'action légale, hypo-
critement conseillée par VEdinstvo, mais
l'action insurrectionnelle, si brutalement
définie par Plekhanov et rapportée dans
ma lettre du 18 octobre 1917.
Ce document résume si fidèlement la
pensée du chef que les plékhanoviens, com-
me s'ils en avaient fait leur charte, en ont
suivi point par point les directives.
(c Autour d'un chef comme Savinkov », ils
ont tenté « de grouper les socialistes pa-
triotes, les cadets, les octobristes, tous les
éléments allant de la gauche de Plékhanov
à la droite de Goutchow ». Ils ont tenté
d'accomplir « par les beaux moyens jaco-
bins l'œuvre d'épuration, de pratiquer l'in-
dispensable saignée et d'installer sur les
cadavres bolchevistea un gouvernement vi-
goureux », Les débats ont prouvé déjà
qu'ils étaient liés à toutes les organisa-
tiôns contre-révolutionnaires russes, ou
étrangères, qu'ils ont participé aux cri-
mes abominables perpétrés par la réaction
contre la Révolution prolétarienne.
Ce n'est donc.ni simple hasard ni coïn-
cidence si, après un long silence, la pro-
testation tardive de Mme Plékhanov reten-
tit à l'heure précise où s'ouvre le procès
des socialistes-révolutionnaires.
En couvrant ison. mari, elle couvre les
S. R. alliés au groupe de Plekhanov. Mais-
son geste de secours est inutile. Les 'S.R
ont avoué. Leurs, aveux ont fait fuir déjà
M. Vandervelde. Ils auraient fait taire
Mme Plékhanov si elle eût retardé sa ré-
ponse de quelques semaines.
Au démenti qu'elle m'inflige, je n'ai plus
besoin d'opposer mes affirmations ni d'in
voquer les témoignages des camarades qui
connurent Plékhanov: Il me suffit de lui
opposer le démenti le plus irréfutable, le
démenti des faits.
Je le fais sans joie et sans autre souci
que celui de servir la vérité.
Je n'aurais pas commencé cette polémi-
que et je ne ferai rien pour la poursuivre.
Mieux que nous, l'Histoire saura marquel
et expliquer les contradictions qui souvent
opposèrent Plékhanov, ci-devant noble,,an-
cien élève-officier, héréditairement impré-
gné de libéralisme bourgeois et de natio-
nalisme au marxiste internationaliste qu'il
était devenu. Ceux qui l'approchèrent au
soir douloureux de sa vie constatèrent que,
de plus en plus malgré ses efforts pour
réagir, pour demeurer jusqu'au bout le
chef d'une avant-garde révolutionnaire
ressuscitait en lui le vieil homme.
Nous manquons du recul et peut-être
aùssi de l'objectivité nécessaire pour situer
justement Plekhanov. Le combat continue.
La fièvre n'est pas tombée. Mous pouvons
bien écraser les ennemis de la Révolution
pris les armes à la' main, mais nous ne
pouvons songer à juger un adversaire dis-
paru et surtout un tel adversaire.
Si néfaste qu'ait été son attitude pendant
l'abominable tuerie qu'il baptisa « guerre
du droit o; si profondes qu'aient été ses
erreurs et ses injustices envers la Révolu
tion d'octobre, nous n'oublions pas, nous
ne pouvons pas oublier les services incom-
p,arables rendus au prolétariat russe par
ce grand homme qui, dévoré par la foi la
plus ardente, éveilla sa conscience de
classe, l'organisa, l'arma pour la bataille
et pour la victoire, créa ses organisations,
lui donna ses mots d'ordre, lui enseigna
̃lue la Réovlution russe doit vaincre com-
me révolution ouvrière, supporta stoïque-
ment les pires souffrances, la misère, un
long exil.
Et de nos mémoires s'efface peu à peu le
souvenir de la tragédie que vécut hier Vail-
lant, due vivent encore aujourd'hui quel-
La lutte goés l'impôt sur les salaires
Ceux que l'on mï
vendre
L'ouvrier lithographe Eeaumont dont
M. le comte de Lasteyrie, grand argentier
sans le sou, voulait vendre, le 28 février,
l'armoire pour combler le déficit du bud-
get est un mutilé de la guerre. Ne l'eût-
il pas été que son armoire serait restée en
place. Les 3.000 gars de la lithographie
gardaient la maison. Mais, ce jour-là, les
victimes ,.de Poincaré-la-Guerne ont appris
quel cas le gouvernement entendait faire
de leurs sacrifices.
Le charpentier Feuillard et le métallur-
giste Lambert, pour lesquels 10.000 travail-
leurs ont, le 29 j juin, manifesté, sont, tous
deux, anciens combattants.
Les deux prolétaires de Boulogne-Bil-
lancourt, que le présomptueux minisfi'e
des finances espère vendre sur la place du
Marché, le 12 juillet, ne sont point des li-
neres ae la guerre. Mais le enquêteur
Vadenne a laissé un fils dans l'un de ce:
cimetières du front où Poincaré se plaît
si délicatement rire. Mais le métallur-
gisteBidot est un camarade dont les deux
jeunes enfants ont quitté l'école pour l'ap-
prentissage. A Saint-Denis, mêmes états
de service. Confirmation est ainsi donnée
qu'en régime capitaliste, ceux pour qui la
loi reste intraitable, ceux sur qui repose
tout le poids de l'impôt et contre qui se
dressent les menaces dut fisc, ce sont les
Les Chambres viennent de voter la
grâce amnistiante pour les ̃ spéculateurs
condamnés.Car il est parfois des juges pour
condamner les spéculateurs. Mais le gou-
vernement, avec l'appui des Chambres,
poursuit et veut vendre en place publi-
que les honnêtes gens sans le sous, qui se
refusent à l'impôt imbécile.
C'est cela que nous n'admettrons pas.
C'est pour cela que, le 12 juillet, à Bou-
logne-Billancouirt et à Saint-Deni3, nous;
nous insurgerons, à quelques milliers,
contre la loi, B. L
Un appel du Syndicat des Métaux
Mercredi prochain 12 juillet doit avoir lieu
la vente des meubles de deux de nos camara-
des de Saint-Dénis, Lesbre, 26, cours Ragot,
et Cheneaux, 25, rue des Ursulines, ain'sd qu'à
Boulogne les camarades Bidault et Vadenne,
•J3, rue Thiers, à Billancourt.
Nous faisons dont appel pour la région de
Saint-Denis, à tous les métallurgistes de
Saint-Quen, Pantin, La Courneuve, Aubervil-
liere,' Puteaux, Suresnes.
Métallurgistes, nous comptons sur vous.
Le président de la 12e chambre est un hom-
ne bien2 remarquable. Me Delattre aussi.
Cet éminent avocat défendait avant-hier
une jeune institutrice poursuivie pour vol.
Laquelle institutrice avait séjourné quelque
temps dans la Russie des Soviets. Elle y fit
.connaissance, sans doute pour les mêmes ex-
yloits, avec les «prisons bolchevistes ». Il
n'eu fallut pas plus à l'avocat pour invoquer
le séjour de sa cliente en Russie rouge com-
me une école de vol qui avait porté ses fruits.
La voleuse était sauvée.
Le président de la chambre se saisit
avec un empressement admiratif de cet argu-
•nent « Le tribunal vous accorde le sursis,
'xplique-t-il à la prévenue, parce que vous
avez souffert sous le régime des bolcheviks
et qu'ils ne vous .ont appris rien de bon.
Oui. oui. C'est bien ainsi que les poli-
•iers de Balzac parlaient, en 1820, dé la Ré-
volution française.
Mais que pensez-vous de l'avocat dissident
\I. D. (lisez Maurice Delépine) qui se solida-
rise avec ces deux cocos dans les colonnes
confidentielles du Popu ?
AVERTISSEMENT GRATUIT
(par E. Baude.)
Il pourrait bien vous tomber sur le
coin de la g.
'lues' survivants de cette génération finis-
:,ante. affaiblis et cristallisés par l'âge,
surpris, désorientés par ,1a venue d'événe-
ments qu'ils avaient prévus autrefois, mais
qu'ils'sont désormais incapables de com-
prendre, dépassés à jamais par les disci-
ples qu'ils ont formés et lancés sur la voie
révolutionnaire. Effroyable drame où som-
bre la vieillesse de Plékhanov et qui fit du
plus vénéré des chefs révolutionnaires de
la Russie contemporaine un instrument dp
la contre-révolution.
Les révolutionnaires russes ont déchirô
ce dernier chapitre de la vie de Plékhanov
comme les révolutionnaires français effa-
cèrent hier, comme ils effaceront demain,
tes pages de chauvinisme par lesquelles
Vaillant et Guesde terminèrent et terni-
rent leur glorieuse histoire.
Et tous trois compteront dans le souve-
nir respectueux des hommes parmi les
meilleurs serviteurs de la classe ouvrière.
Jacques SADOUL.
MOSCOU. 17 juin- 1922.
SOUVENIRS D'UN CAMARADE DE LOTIE
DE GRIFFUES
Interview de Delesalle, ex-secrétaire adjoint de la C. G. T.
Au lendemain de la mort de Griffuelhes,
lous sommes allés demander à notre cama-.
rade Paul Delesalle; qui fut avec Yvetot et
Pouget.lé collaborateur de l'ancien secré-
taire général de la C'IG.T. au bureau confédé-
ral, de nous dire ce que fut '1e grand mili-
tant hier disparu.
C'est en 1898, nous dit Delesalle, à l'U-
nion des Syndicats de la Seine, où j'étais
le délégué du Syndicat des ouvriers en ins-
truments de précision, que je rencontrai,
pour la première fois, Victor Griffuelhes,
lui-même délégué du Syndicat des cordon-
niers, de Paris.
Adhérent à cette époque au Parti socia-
liste-révolutionnaire d'Edouard Vaillant
dont il fut l'un des délégués au Congrès
socialiste de Lyon Griffuelhes affirma
dès son début sa forte personnalité à l'U-
nion. Une année plus tard, le « Milleran-
disme naissant lui permit de donner sa
mesure.
Ce que f ut le « millerandisme »
Comment se présentait la tentative de
corruption « millerandit-te » ?
Voici 1
Eu 1900, Millerand, ministre dans un ca-,
binet Waldeck-Rousseau, pour rassurer la
bourgeoisie, envoyait aux membres de la
commission administrative de l'Union des
invitations à assister aux réceptions et fê-
tes données au ministère à l'occasion, de
l'Exposition.
Grilfuelhes vit clairement le danger et,
malgré l'opposition des Keufer, des Beau.-
mé, et des Briat, réussit à faire décider,
par l'Union des Syndicats de la Seine, l'in-
terdiction, d'assister aux agapes ministé-
rielles.
De ces jours, dit Delesalle, date réelle-
ment le début d'une lutte qui n'est malheu-
reusement pas encore terminée, Jouhaux
2t ses amis ayant repris à leur compte les
idées et les pratiques des Keu.fer et du ré-
formisme syndicaliste vis-à-vis de l'Etat
bourgeois.
Griffuelhes entre â la C. G. T.
Quelle fonction Griffuelhes occupait-il
alors ?
Griffuelhes n'avait pas quitté son ta-
bouret d'ouvrier cordonnier, Et je me re-
nlémore aujourd'hui, non sans un serre-
ment de cœur, nos longues conversations,
lui poussant l'alêne, dans son quatrième
Étage d'une maison proche de la Bourse
lu Travail.
Puis, notre ami fut nommé secrétaire de
la Fédération des cuirs et peaux et délé-
gué, de cette Fédération au Comité confé-
déral, où sa valeur personnelle s'imposâ
si rapidement qu'un peu moins d'une an-
née après il devenait « secrétaire fédéral
oour les fédérations d'industries et de mé-
tiers ».
Et ce furent les grands débats des Con-
grès de Lyon Montpellier, Bourges, où
la force et la puissance de ses convictions
réussirent à doter la classe ouvrière de
cette Confédération générale du' travail
iont un camarade pouwait dire, avec juste
raison, à l'un des derniers Congrès de la
Fédération de la Seine, qu'elle fut la
conscience de la classe ouvrière et sauva
un certain moment l'honneur du socia-
lisme en France.
L'acquisition de la Grange=aux=Belles
'-La C. G. T. n'eùt-elle pas alors des diffi-
clutés pour .se loger?
En effet, la lutte âpre entreprise con-
tre le « millerandisme » et le réformisme,
les grandes grèves, les campagnes con-
fédérales contre les bureaux de placement,
pour les huit heures, eurent comme ré-
sultat de faire expülser. la Confédération
des bureaux qu'elle occupait à la Bourse
du Travail.
Après une année passée cité Riverin
la G. T:; dont In puissance s'affirmait
de plus en plus, était à la veille de se
trouver sans même un local pour assurer
son fonctionnement.
C'est alors que Griffuelhes apprend
qu'une ancienne usine, avec maison
d'habitation, est à vendre rue de la Grau
ge-aux-Belles.
Il n'y a. pas à hésiter Sans ébruiter
quoi que ce soit, afin d'être certain de
réussir, Griffue-lhes fait démarches sur
démarches et pourquoi ne pas le dire
puisque cela est à l'honneur de l'un e*
de l'autre ? notre camarade Lonzon.
sur sa simple parole, lui procure les cent
et quelques mille francs nécessaires à l'ac.
quisition de l'immeuble transformé où siè-
ge aujourd'hui l'Union des Syndicats de
la Seine.
Vous imaginez 1a joie intérieure de Grif-
fuelhes et notre joie tous lorsqu'à un
Comité confédéral il nous fit part 'poux
ratification de la bonne nouvelle. Grâce
li lui, grâce à son initiative personnelle,
pour la première fois en France, la classe
ouvrière avait son chez elle.
Vous vous souvenez des difficultés que
plus tard tentèrent de susciter à notre ami
nos adversaires d'hier et de toujours. Il en
avait bien gardé quelque rancœur, mais la
joie d'avoir fait ce qu'il fallait compensait
hautement ces bassesses.
La charte d'Amiens
Quelle fut la part de Griffuelhes dans
!a Charte d'Amiens ?
,Il en fut le rédacteur principal. Et, mê-
m,o à la veille de sa mort, cette 'résolution
'^présentait toujours d'une façon précise
toute sa pensée.
Le Premier Mai 1906
Griffuelhes n'eut-il pas un rôle prêpon-
lérant dans l'organisation de ce ler mai 1906
lui affola la bourgeoisie française ?
C'est exact 1
Le Congrès de Bourges en 1904 avait ue-
culé qu'une campagne intense de propa-
gande devait être entreprise par la C. G. T.
en faveur, de la journée de 8 heures. Grif-
fuelhes aidé de Pouget car il est im-
possible de parler de l'un sans rappeler les
'tnmonses services rendus' par le vieux
militant, l'ami et le compagnon de lutte de
Louise Michel, à la classe ouvrière, .tous
les deux, donc, furent l'âme de cette cam-
pagne qui jusqu'à ce jour reste unique
dans les annales du prolétariat.
Pamphlets, tracts, brochures, journaux,
réunions, agitation sous toutes ses formes,
̃̃ien ne fut négligé. Vous vous rappelez la
frousse intense qui s'empara de la bour--
%le et des gouvernants à cette époque.
Eh bien c'est à Griffuelhes et d lui près-.
aue seul crue le 13 mai 1906 dut le retentis-
sement mondial qu'eut cette journée fa-
meuse dans l'histoire du prolétariat.
Comment Griffuelhes galvanisait
les énergies défaillantes
Comment, Griffuelhes organisa-t-il ce
mouvement ?
Environ deux mois avant l'échéance
du premier mail notre ami réunit tous les
secrétaires et délégués des Fédérations de
métiers et d'industrie pour se concerter et
pour envisager ce qui restait à faire.
Je puis révéler aujourd'hui, sans'incon-
vénients, que ce fut' triste, lamentable
presque. « Nos effectifs marcheront diffi-
cilement. L'enthousiasme, la confiance
manquent », tel était, à peu de choses près,
le leit-moliv de la plupart des secrétaires
das grandes fédérations.
C'est alors que Griffuelhes ramassant
tout son courage, qui n'était pas mince,
l'on peut m'en croire par une dialec-
tique serrée, sut, à force d'arguments e.t
avec une volonté de fer prenant l'une
après l'autre chacune des fédérations et
parvenant à convaincre chacuan des pos-
sibilités de lutte, dans sa propre corpora-
tion, réussit, dis-je, à galvaniser les coura-
ges et à gagner une partie que l'on aurait
pu croire perdue. Pendant trois heures,
Griffuelhes parla et lorsque je me rappelle
ces heures inoubliables pour un militant
qui les a vécues, je ne puis songer sans
frémir à l'influence qu'un seul homme
peut avoir à un instant de sa vie sur la
destinée tout entière de la classe ou-
vrière. Ce jour-là; Griffuelhes fut lui
presque tout seul la conscience du* prolé-
tariat en lutte.
Grâee à lui, le 1er mai 1906 a été une
grande, une très grande victoire ouvrière.
Gouvernement d'assassins »
Plus tard, Griffuelhes n'obtint-il pas un
autre éclatant succès, d'un genre différent,
certes t devant la côur d'assises
Oui, c'est en 1908, sous le ministère
Clemenceau. Le Comité Confédéral, à l'una-
nimité de ses 72 membres signait l'affiche
Gouvernement d'assassins. Suivant une
jurisprudence nouvelle, 12 de ses membres
seulement furent déférés à la Cour d'As-
sises « les meneurs » comme nous appela
l'avocat générai Griffùelhes, Monatte,
Pouget, Gannery en étaient.
Nous fûmes acquittés par le jury pari-
sien et la propagande syndicaliste reprit
de plus belle.
Peu de temps après je quittais la C.G.T.,
ayant toujours affirmé que le syndicalisme
ne doit pas, sous peine de perdre sa for-
ce, devenir un fonctionnarisme pour quel-
ques-uns.
Griffuelhes était un peu du même avis.
Il le montra en se retirant encore en plei-
ne force.
Mes souvenirs s'arrêtent ici. Je n'étais
déjà plus au Comité confédéral lors de
l'affaire « du guet-apens », disait Grif-
fuelhes, de Villeneuve-Saint-Georges.
« Le Lénine français ̃»
La carrière de Griffuelhes vous parais-
sait-elle terminée ? rais
Certes non Un journaliste bourgeois
qui connaît bien nos milieux, Emile Buré,
écrivait, voici deux ans; à propos d'une
conférence faite par Griffuelhes, sous les
auspices du Groupe des Etudiants Socia-
listes Révolutionnaires, que Griffuelhes
pourrait être le Lénine français ». C'est
un bel éloge digne de celui qui vient de
mourir pauvre,' quoi qu'on en ait dit,
qui a rendu, et qui demain encore aurait
pu rendre de grands. services à sa classe.
Il a su donner à celle-ci le meilleur de lui-
même.
Et nous quittâmes Paul Delesalle, navré
comme lui de la perte du militant ouvrier,
lucide et fort, dont la doctrine et l'exemple
nous aideront, communistes de France, dans
notre implacable lutte contre l'Etat bourgeois
et le- patronat oppresseur.
UN SCANDALE
pour GoiÉn-iric et Bustyintchoiik ?
De Fresnes, où les juges au service de Poin-
oaré-la-guerre l'ont relégué dans la compa-
gnie des escarpes et des 6outeneurs, notre ca-
marade Henri Coudon-Mérsc nous écrit. Voici
sa lettre
Prison de Fresnes.
Camarades,
Voici le texte de la lettre que J'adresse au,
jourd'hui même à M. le procureur général,
pour mon transfert au régime politique.
« Prison de Fresnes, le 6 juillet 1922.
« Monsieur le Procureur général,
« Appelant d'un jugement prononcé contre
moi par la 11° chambre correctionnelle, qui
m'a condamné à la peine d'un an de prison,
pour une inculpation évidemment politique,
j'ai l'honneur de vous demander dans le troi-
sième mois de ma détention, de vouloir bien
prescrire mon transfert au régime politique.
1 Veuillez agréer, etc. Henri Coudon-
Mèric. »
A quand la mise au régime politique de
Coudon-Méric
A quand la mise au régime politique d'Ous-
tymltchouk
Le scandale doit cesser.
des sldms
Est-il vrai que l'administration des postes,
par servilité envers le président du conseil,
sabote la distribution de la carte postale de
« l'Homme-qui-rit » ?
Est-il vrai que certaines de ces cartes, bien
que régulièrement affranchies, 'portent la
mention « A rebuter », ce qui indiquerait
que des ordres discrets ont été donnés pour
empêcher la distribution de cette carte ven-
pjresse ?
Si l'administration des postes, comme aux
temps abhorrés de la censure militaire, dé-
fère, en bonne domestique, à la volonté de
Poîncaré-la-Guerre, il conviendra de prendre
des mesures contre cet arbitraire
En attendant,- il y aurait peut-être lieu de
ne pas envoyer. les cartes à découvert.
On pourrait presque dire que la so-
çiété vit aux dépens du prolétaire, de la
part qu'elle lui retranche sur son travail.
SiSMONDL
(Mort le 2 juin
Le lendemain
d'un scrutin
algré les tentatives des réaction
naires du Bloc National, Mar.tj
Badina, les marins de la mel
Noire, le mutins, les soldats pri
sonmers vont bénéficier de la grâce amnios
tiainte. La colère de la majorité de la Cham-
bre était extrême dans la soirée de samedi,
lorsque vint à la tribune la proposition gou-
vernementale. Les violences de la presse ap-
pelée à juger les votes de la Chambre et du
Sénat ne sont pas moins brutales.
Pour donner une idée du désarroi de ces
esprits, rappelons que lors de la discussion
parlementaire Marty, fut défendu par un
amiral tandis qu'un ancien ouvrier nommi
Balanant avait accepté liai tâche odieuse d'ao
cusateur public contre notre camarade.
En outre, comme le faisait remarque!
Tardieu au ministre de la justice, le même
gouvernement qui nous faisait flétrir la veille
reprenait à son compte l'idée d'élargisse-
ment des malheureuses victimes que nous ré-
clamons depuis si longtemps.
Les gazettes de droite sont, depuis lors,
irritées et menaçantes. Un journaliste écrit
« La révolution a été encouragée à la Cham-
bre elle va grouiller dans la rue ». Un au-
tre ajoute C'est un succès pour les com-
munistes. il en montrent une visible satis-
faction ce vote est déplorable il résulte
de l'équivoque et du marchandage ». Les
Débats épiloguent sur l'immoralité de l'am-
nistie ils accusent le gouvernement de « dé-
sarmer le bras de la loi », « de battre en
brèche la notion du bien et du mal », c d'é-
branler le fondement de la morale Nous
arrêtons là nos citations
Nous laisserons s'ârranger ou se gourmet
entre eux M. Poincaré et les gens de sa ma-
jorité, mais ni les uns ni les autres ne peu-
vent empêcher les communistes de marquer
en effet leur joie profonde à l'annonce de la
proche mise en liberté des milliers de vic-
times des conseils de guerre.
C'était pour tous les prolétaires un devoir
d'.humanité, de solidarité, d'arracher à leurs
geôles les malheureux qui y mouraient len-
tement en proie à 'd'indicibles souffrances
morales et matérielles. Ce devoir, tous les
militants l'ont accompli depuis plusieurs an-
nées sans relâche, avec passion, avec la car-.
titude du succès final. Qu'ils montrent au-
jourd'hni leur joie d'avoir atteint leur but,
nul ne saurait s'en étonner, même chez leur
pires adversaires.
Quant à penser que le gouvernement
Poincaré renonce de ce fait à poursuivre de
sa haine tenace le communisme et ses'mi.li.
tants, ces messieurs les réactionnaires sont,
dans le fond de leur conscience, parfaite-
ment rassurés. Au contraire, après avoir obéi
au vote impératif du Sénat, après avoir cédé
sur la question de l'amnistie, le gouverne-
ment aura hâte, sans doute, de fournir de»
gages aux blocards de sa majorité. Et il
n'est pas besoin d'être prophète pour pro
n ostiquer qu'il voudra conquérir à nouveat
l'appui indispensable de ses vrais amis, en
poursuivant plus vigoureusement que j.atnai
le Parti communiste et sa propagande..
Marcel CACHIN.
LA FAUNE RÉACTIONNAIRE
M. Maurice Barrés
par Georges PIOCH
Le cheveu noir, long, plat, « artiste
Des yeux noirs,- affligés et dédaigneux. La'
moustache, noire aussi, et tombante. Une
face morne, éteinte, de type auvergnat, et
dont, selon qu'on la vante ou qu'on la
décrie, on vous dira qu'elle a prestige
d'aigle ou de poisson. Un col droit. Une
régate noire. Un veston noir et croisé.
Tel, élégant et compassé, volontiers « na-
poléonien » et, malgré lui, un tantinet
bureaucrate, se présentait M. Maurice
Barres.
Il parlait de toute sa voix remarquable,
où, dirait-on, sa vie entière se traîne, se
plaint, et, même se reproche, en chantant
un peu. de toute sa voix grave, grasse,
lasse, solennelle et vulgaire à la fois, et qui,
par une inflexion soudaine où s'émeut une
noble mélancolie, nous raconte qu'elle se
souvient, pour y avoir retenti, de villes cù
la mort est sublime Sparte, Venise, Ai-
gues-Mortes..
Il. parlait avec application, essayant de
concilier, dans sa diction lente, l'accent
lorrain avec l'accent auvergnat.
Il n'arpentait point la tribune. Il sem-
blait qu'une fatigue irrésistible lui inter-
dît les gestes qui ponctuent, à l'ordinairé,
l'éloquence. Il répétait fréquemment le
geste de croiser les mains devant sa poi-
trine.
Son plus loyal aveu, quand il se pro-
nonce, c'est moins sa parole que son vi·
sage, nostalgique, navré, et qui semble
s'étonner du bruit sentencieux que fait sa
bouché.
Il a beau s'ingénier à plaire démocrati-
quement l' « amateur d'âmes » que, ja.
dis, il. s-e vantait d'être, perce parfois sous
le député venu»-.dans ce préau d'école,
pour solliciter %J renouvellement de son
mandat. Il flatte le contribuable; mais
c'est en se souvenant de la façon gentille
que l'héroïne d'un de ses plus beaux ro-
mans Bérénice, avait de caresser son
âme.
Il parle patrie, tradition, accroissement
de la race; mais sa voix qui lamente ce
qu'elle voudrait exalter,'sa moue dégoû-
tée, confessent sa répugnance à ce que,
longtemps, il appela « le grossier désir da
perpétuer l'espèce ». S'il s'avouait vrai-
ment, il nous confierait l'assiduité ser'ète
de son esprit au jardin de Bérénice, son
goût invétéré pour les chairs à peine dé-
closes. les âmes à peine effleurées de Pe·
tite-Secousse fit de 3a frêle amie Bougie-
Rose.
L' « .amateur d'âmes » a pu, pressé pal
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