Titre : Bulletin de la presse allemande / rédacteur en chef : E. Vermeil
Éditeur : (Strasbourg)
Date d'édition : 1921-11-07
Contributeur : Vermeil, Edmond (1878-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34440187m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 novembre 1921 07 novembre 1921
Description : 1921/11/07 (N464). 1921/11/07 (N464).
Description : Collection numérique : Collections de la... Collection numérique : Collections de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Description : Collection numérique : Comité alsacien d'étude et... Collection numérique : Comité alsacien d'étude et information
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32181784
Source : BIbliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, 2019-136620
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2019
I
sont solidaires.» Quelle merveilleuse pensée d'une fécondité
inappréciable. Pourquoi n’a-t-on pas dit la même chose à
nos enfants, dit et répété cet idéal dans les écoles? Il aurait
certainement influé profondément sur les relation'? entre
les différents Etats de notre patrie.
Le culte de la patrie prend en France des formes
religieuses. On peut dire qu’il dépasse les bornes. Mais il
vaut mieux exagérer le patriotisme que son contraire. Les
livres classiques français témoignent çà et là d’une grande
vanité nationale. Mais il est préférable d’être vaniteux pour
la patrie que dépourvu de dignité nationale. Malheureuse
ment nous rencontrons ce dernier défaut chez beaucoup
de nos femmes allemandes.
L’enseignement de l’histoire tend à montrer au jeune
Français une «Allemagne inférieure, barbare, conquérante.»
On n’a pas peur de la calomnie. Evidemment c’est abusif
et repréhensible. Mais l'histoire montre que nous aurions
bien fait de nourrir dans les jeunes âmes, à l'instar de la
France, la méfiance contre l’étranger afin d’apprendre à
nos enfants à reconnaître les dangers qui leur viennent de
l’extérieur.
Un ancien ministre de l’instruction publique en France,
Paul Bert, écrit dans un livre classique: «Pas de haine
entre Français, gardez votre haine pour vos ennemis! Je
sais, il y a des gens qui condamnent la haine entre les peu
ples. Mais que n’aurions-nous pu faire si la haine contre
l’Anglais avait animé les cœurs de nos hommes jusqu’au
bout! »
Un sujet favori de l’enseignement français, c’était le
retour des provinces perdues. Depuis le temps où Lille et
Verdun, Reval et Dwinsk, Trente et Marbourg s/Drau
étaient villes frontières de l’Allemagne, le peuple allemand
a perdu du terrain!
Quelle riche matière à enseignement patriotique!
Sur tous ces points l'école française, malgré certaines
exagérations, peut nous servir de modèle. Le sentiment
national c’est l’instinct de conservation d’une communauté
éthique. Il n’y a pas là place pour les querelles des partis.
II. Mémoires de Bismarck.
Le 3 e volume vient (8 octobre) de paraître en Allemagne.
La «presse allemande'» consacre de nombreuses colonnes sur
tout aux relations de Bismarck avec Guillaume II: voici,
d’après le «Berliner Tageblatt», la «Kœlnische Zeitung»,
la aPreussische Zeitung» et la «Vossische Zeitung» les points
principaux de cette publication. Bismarck expose les rai
sons de sa disgrâce et fait le portrait de son maître, trop jeune,
trop orgueilleux de son titre et se croyant capable avec la
seule inspiration divine de diriger les destinées de VAlle
magne et celles de l’Europe. Une scission entre le souverain
664 —
et son ministre fut amenée par différentes causes, mais Guil
laume fut lui-même l’artisan de son propre malheur qui
devint aussi celui du pays tout entier. Que penser de cette
publication, à l’heure actuelle? Bismarck, semble-t-il, n’a
pas à en souffrir: il reste toujours le défenseur de l’idée
monarchique prussienne. Ch. M.
«Pensées et souvenirs» de Bismarck.
Le 3 e volume vient de paraître: sans doute, à l’étranger,
des extraits et des traductions avaient fait connaître les
points essentiels, — mais, c’est seulement depuis que l’ex-
empereur Wilhelm a retiré son veto et que l’éditeur Cotta a
versé une forte somme pour les pauvres, que le volume de
Bismarck a pu paraître en Allemagne, tel qu’il avait été
écrit. Quand Bismarck n’avait pas dormi, il disait volon
tiers qu’il avait passé la nuit à haïr: c’est pendant une mau
vaise et très longue nuit — qu’a été élacubré ce livre qui
devait servir de leçon aux monarques de l’avenir. Ecrit en
1891-1892, ce volume est une explosion de rage contre
l’Empereur, et sa conduite à l’égard du grand homme d’état.
Divers chapitres sont consacrés au Grand-Duc de Bade, à
Bœtticher, Her.rfurth, Caprivi, etc.: mais l’intérêt véritable
apparaît dans le chapitre où Bismarck raconte sa disgrâce,
son renvoi (Meine Entlassung) et fait le portrait de Guil
laume II.
La chute et ses causes.
cor
lié;
vent
Bismarck a eu une chute tragique. Ignorant le peuple,
il croyait à la seule autorité du pouvoir dynastique: c’est
lui qui a créé la légende et la force des Hohenzollern et"
du principe royal et qui, par sa propre faute, devint le vic
time de son maître; car, du jour où le roi voulut gouverner,
Bismarck devait se retirer. L’empereur, dans ces paroles,
semblait tenir à Bismarck: n’a-t-il pas écrit, en 1887, qu'il
se ferait arracher les membres de son corps plutôt que de
créer jamais à Bismarck la moindre difficulté, le plus petit
désagrément? Mais dans ses actes, Guillaume était sous la
dépendance de la Camarilla militaire de Pots’dam: sans ma
turité, sans expérience (voir la lettre de son père, 7 octobre
1886), il tenait de ses ancêtres le goût du faste, des céré
monies d’apparat, .la passion des grands gaillards, le besoin
de tout diriger seul: il avait foi dans son axiome «sic
volo, sic jubeo»; sensible aux influences mystiques, il avait
aussi, comme Frédéric-Guillaume IV, le goût immodéré
de la parole. Tandis que Guillaume I er et Frédéric III
avaient une certaine modestie, le contraire existait chez leur
héritier. Forcément, dans ces conditions, Bismarck devait
succomber, et, comme l’a établi le livre de W. Schüssler,
(1921), ce fut une véritable tragédie où le destin joua son
terrible. rôle, comme dans les drames de l'Antiquité. Le
sont solidaires.» Quelle merveilleuse pensée d'une fécondité
inappréciable. Pourquoi n’a-t-on pas dit la même chose à
nos enfants, dit et répété cet idéal dans les écoles? Il aurait
certainement influé profondément sur les relation'? entre
les différents Etats de notre patrie.
Le culte de la patrie prend en France des formes
religieuses. On peut dire qu’il dépasse les bornes. Mais il
vaut mieux exagérer le patriotisme que son contraire. Les
livres classiques français témoignent çà et là d’une grande
vanité nationale. Mais il est préférable d’être vaniteux pour
la patrie que dépourvu de dignité nationale. Malheureuse
ment nous rencontrons ce dernier défaut chez beaucoup
de nos femmes allemandes.
L’enseignement de l’histoire tend à montrer au jeune
Français une «Allemagne inférieure, barbare, conquérante.»
On n’a pas peur de la calomnie. Evidemment c’est abusif
et repréhensible. Mais l'histoire montre que nous aurions
bien fait de nourrir dans les jeunes âmes, à l'instar de la
France, la méfiance contre l’étranger afin d’apprendre à
nos enfants à reconnaître les dangers qui leur viennent de
l’extérieur.
Un ancien ministre de l’instruction publique en France,
Paul Bert, écrit dans un livre classique: «Pas de haine
entre Français, gardez votre haine pour vos ennemis! Je
sais, il y a des gens qui condamnent la haine entre les peu
ples. Mais que n’aurions-nous pu faire si la haine contre
l’Anglais avait animé les cœurs de nos hommes jusqu’au
bout! »
Un sujet favori de l’enseignement français, c’était le
retour des provinces perdues. Depuis le temps où Lille et
Verdun, Reval et Dwinsk, Trente et Marbourg s/Drau
étaient villes frontières de l’Allemagne, le peuple allemand
a perdu du terrain!
Quelle riche matière à enseignement patriotique!
Sur tous ces points l'école française, malgré certaines
exagérations, peut nous servir de modèle. Le sentiment
national c’est l’instinct de conservation d’une communauté
éthique. Il n’y a pas là place pour les querelles des partis.
II. Mémoires de Bismarck.
Le 3 e volume vient (8 octobre) de paraître en Allemagne.
La «presse allemande'» consacre de nombreuses colonnes sur
tout aux relations de Bismarck avec Guillaume II: voici,
d’après le «Berliner Tageblatt», la «Kœlnische Zeitung»,
la aPreussische Zeitung» et la «Vossische Zeitung» les points
principaux de cette publication. Bismarck expose les rai
sons de sa disgrâce et fait le portrait de son maître, trop jeune,
trop orgueilleux de son titre et se croyant capable avec la
seule inspiration divine de diriger les destinées de VAlle
magne et celles de l’Europe. Une scission entre le souverain
664 —
et son ministre fut amenée par différentes causes, mais Guil
laume fut lui-même l’artisan de son propre malheur qui
devint aussi celui du pays tout entier. Que penser de cette
publication, à l’heure actuelle? Bismarck, semble-t-il, n’a
pas à en souffrir: il reste toujours le défenseur de l’idée
monarchique prussienne. Ch. M.
«Pensées et souvenirs» de Bismarck.
Le 3 e volume vient de paraître: sans doute, à l’étranger,
des extraits et des traductions avaient fait connaître les
points essentiels, — mais, c’est seulement depuis que l’ex-
empereur Wilhelm a retiré son veto et que l’éditeur Cotta a
versé une forte somme pour les pauvres, que le volume de
Bismarck a pu paraître en Allemagne, tel qu’il avait été
écrit. Quand Bismarck n’avait pas dormi, il disait volon
tiers qu’il avait passé la nuit à haïr: c’est pendant une mau
vaise et très longue nuit — qu’a été élacubré ce livre qui
devait servir de leçon aux monarques de l’avenir. Ecrit en
1891-1892, ce volume est une explosion de rage contre
l’Empereur, et sa conduite à l’égard du grand homme d’état.
Divers chapitres sont consacrés au Grand-Duc de Bade, à
Bœtticher, Her.rfurth, Caprivi, etc.: mais l’intérêt véritable
apparaît dans le chapitre où Bismarck raconte sa disgrâce,
son renvoi (Meine Entlassung) et fait le portrait de Guil
laume II.
La chute et ses causes.
cor
lié;
vent
Bismarck a eu une chute tragique. Ignorant le peuple,
il croyait à la seule autorité du pouvoir dynastique: c’est
lui qui a créé la légende et la force des Hohenzollern et"
du principe royal et qui, par sa propre faute, devint le vic
time de son maître; car, du jour où le roi voulut gouverner,
Bismarck devait se retirer. L’empereur, dans ces paroles,
semblait tenir à Bismarck: n’a-t-il pas écrit, en 1887, qu'il
se ferait arracher les membres de son corps plutôt que de
créer jamais à Bismarck la moindre difficulté, le plus petit
désagrément? Mais dans ses actes, Guillaume était sous la
dépendance de la Camarilla militaire de Pots’dam: sans ma
turité, sans expérience (voir la lettre de son père, 7 octobre
1886), il tenait de ses ancêtres le goût du faste, des céré
monies d’apparat, .la passion des grands gaillards, le besoin
de tout diriger seul: il avait foi dans son axiome «sic
volo, sic jubeo»; sensible aux influences mystiques, il avait
aussi, comme Frédéric-Guillaume IV, le goût immodéré
de la parole. Tandis que Guillaume I er et Frédéric III
avaient une certaine modestie, le contraire existait chez leur
héritier. Forcément, dans ces conditions, Bismarck devait
succomber, et, comme l’a établi le livre de W. Schüssler,
(1921), ce fut une véritable tragédie où le destin joua son
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