FÉ33DÉrt^TI03Sr FRANÇAISE DE BOXE
24, boulevard Poissonnière, PAf^IS
COPPISSIO^l D’ENQUÊTE
Nommée dans la Séance du Conseil de la F. F. B, le 11 décembre 1922, chargée d’enquêter
sur les tractations qui auraient précédé le match Sidi-Carpentier, disputé le 24 sep
tembre 1922 au Vélodrome Buffalo, en vue d’en régler les péripéties et le résultat.
Le 3*0 novembre, à la tribune de la Chambre, M.
Biagne, prenant fait et cause pour le boxeur Bat
tling Siki, que la Fédération venait de suspendre
pour incartade dans île ring, affirma que ta mesure
prise contre Siki avait été motivée par le refuis de
celui-ci de se laisser battre par Carpentier.
Le député du Sénégal s’est exprimé ainsi,
d’après le Journal officiel :
« Siki n’a pas voulu obéir à des directives qui
» auraient permis de se jouer du public et de lui
» enlever son argent; et sur le ring ayant à un
» moment donné le sentiment de sa force, il n’o.
» pas admis qu’au quatrième round il devait
» s’abattre pour abandonner à Carpentier une nou-
» velle victoire. Si je vous disais que c’est pour
» cela que cet homme a été frappé sans qu’on l’ait
» entendu! Il est inimaginable qu’en France on
» puisse condamner un homme à crever de faim
» sans l’avoir entendu... »
En même temps paraissait dans différents jour
naux, et notamment dans YEclair, une interview de
Battling Siki, qui a exposé les accusations que
voici :
« — Parfaitement, cela est si vrai qu’avant ce
» match, je ne me suis pas entraîné...
» ... Et avec une émotion vraiment touchante, le
» Sénégalais ajoute :
» — Moi, je n’étais rien avant le combat, n’est-
» ce pas? Je n’étais qu’un boxeur quelconque, sans
» réputation et sans argent... Eellers m'avait
» dit : « En te battant avec Carpentier, tu gagne-
» ras beaucoup de sous, mais il faudra te laisser
» faire. » Je suis arrivé sur le ring avec l’intention
» de tomber comme on me l’avait recommandé...
■ » Au premier... au deuxième... au troisième
» round, je me suis laissé faire... Mais, au qua-
» trième round, quand je me suis vu à genoux, de-
» vant cinquante mille personnes, j’ai pensé
» ceci : « Voyons, Siki, tu n’es jamais tombé de-
» vant aucun boxeur... Tu n’as jamais été à ge-
)» noux en public... comme tu t’y trouves en ce
» moment... » Et mon sang nia fait qu’un tour...
» Je me suis redressé et j’ai frappé... J’ai frappé
» avec d’autant plus de force et d’énergie que les
» coups qui m’avaient été portés par Carpentier,
» je ne les avais même pas sentis... Pourtant Hel-
» lers, à côté de moi, murmurait à mon oreille :
» Est-ce que tu vas faire l’imbécile? Oublies-tu ce
» qui est convenu?... » Ce qui était convenu, c’é-
» tait que je devais m’étendre, les bras en croix,
» au quatrième round... Si je l’avais fait, Hellers
» aurait gagné deux cent mille francs... Mais je
» n’ai pas voulu... »
C’est dans ces conditions que sur l’initiative
de votre secrétaire général, le bureau de fa Fédé
ration décidait le 8 décembre d’ouvrir une en
quête et de nommer, dans ce but, une commis
sion. Le lil décembre le conseil de fa F. F. B.
ratifiait la mesure.
La commission nommée a été composée de
MM. Van Roose, président; Bourdariat, Legendre,
Bach, Capdevieille, Morard, mieimbreis; Frantz-
Reichel, rapporteur.
La commission a l’honneur de vous déposer
aujourd’hui les résultats de son enquête et ses
conclusions.
Quelle était la question à laquelle elle avait à
répondre ?
Le match du 24 septembre 1(922 — disputé au
Stade-Vélodrome de Buffalo entre Georges Car
pentier, champion de France et du monde des
poids mi-lourds et champion d’Europe des poids
lourds, et Battling Siki, challenger — avait-il été
précédé de conventions ayant pour objet d’écar
ter du combat toute sincérité, de fausser la ré
gularité sportive de fa bataille dont le résultat
aurait été décidé par une convention préalable ?
Afin de découvrir la vérité, la commission d’en-
