L’ÉGLISE DE LAMBESC
par Jean BOYER
En 1664, lorsque la ville de Lambesc, grosse bourgade agricole située à une vingtaine de kilo
mètres au nord d’Aix-en-Provence, devint le siège de l’Assemblée générale des Communautés de Pro
vence, la cité ne possédait qu’une modeste église paroissiale sous le vocable de Notre-Dame de la rose.
Cet édifice, qui datait de l’époque romane, avait certes été plusieurs fois agrandi par la suite mais il était
devenu assez vite insuffisant. De plus, comme il menaçait ruine dans les dernières années du xvn e siècle,
l’occasion était bonne de le remplacer par une église plus vaste et surtout plus mondaine, capable d’accueil
lir cette fois dans un cadre digne d’elle la foule des notables qui affluaient à Lambesc lorsque venaient
y siéger les représentants des commautés de la région provençale.
L’histoire de cette construction, qu’on peut à juste titre considérer comme l’un des plus remar
quables échantillons de l’architecture religieuse de l’époque classique en Provence, n’a guère tenté jusqu’ici
l’érudition locale qui s’est bornée en général à reprendre ce qu’en écrivait au siècle dernier l’abbé Cons
tantin, à savoir que l’édifice, mis en chantier en 1700 sur les plans de Vallon, architecte de la Province
et de la ville d’Aix, n’avait été définitivement achevé qu’en 1741 (1).
S’appuyant sur cette documentation tout à fait fragmentaire et tirant argument des analogies
de structure qu’on peut relever entre l’église de Lambesc et certains édifices religieux d’Aix-en-Provence
construits au cours des xvn e et xvm e siècles (2), la critique la plus récente n’hésite pas à attribuer l’en
tière responsabilité de cette réalisation à l’architecte aixois Laurent Vallon et va même jusqu’à la consi
dérer comme particulièrement représentative de ce qu’elle appelle « le baroque aixois » (3).
Il va sans dire que je suis loin de partager cette thèse, uniquement basée sur des critères d’ordre
morphologiques, car j’ai découvert il y a quelques années, en dépouillant les registres du Greffe de la
Sénéchaussée d’Aix, un certain rapport d’expertise qui m’avait révélé les nombreuses péripéties dont le
chantier de l’église de Lambesc avait été le théâtre depuis ses débuts. Mais comme ce document ne concer
nait qu’une partie de l’histoire de l’édifice, lorsque la Société Française d’Archéologie me demanda d’assu
rer la présentation de l’église de Lambesc dans le cadre du Congrès du Pays d’Aix, il me parut indispen
sable de procéder au dépouillement préalable des sources que je jugeais susceptibles de me fournir le plus
d’informations dans ce domaine c’est-à-dire essentiellement les archives communales de Lambesc pour
la période 1700-1790 (4). Le résultat de ces recherches d’archives sans lesquelles, quoi qu’en pensent cer
tains, il n’est guère possible de construire une histoire de l’art digne de ce nom, a été particulièrement
positif. C’est grâce à cette documentation de première main, dont l’essentiel est publié ci-après en annexe,
que nous sommes désormais en mesure de restituer la véritable histoire de notre monument depuis la pose
de sa première pierre jusqu’à l’achèvement définitif des travaux soit sur une période qui couvre plus
d’un siècle.
Le plan de l’église de Lambesc, qui est une traditionnelle croix latine inscrite dans un rectangle,
comprend une nef centrale de trois travées bordée de bas-côtés, que recoupe un transept aux extrémités
arrondies, et un choeur d’une travée, flanqué de chapelles latérales, qui précède une courte abside en cul-
de-four. Des voûtes d’arêtes couvrent la nef, les bras du transept et le chœur, tandis que d’originales
petites coupoles surbaissées coiffent les deux chapelles absidales et les bas côtés. Sur la croisée du transept
s’élève une vaste coupole sur pendentifs dont le tambour est ajouré de huit larges fenêtres. Le parti qui
par Jean BOYER
En 1664, lorsque la ville de Lambesc, grosse bourgade agricole située à une vingtaine de kilo
mètres au nord d’Aix-en-Provence, devint le siège de l’Assemblée générale des Communautés de Pro
vence, la cité ne possédait qu’une modeste église paroissiale sous le vocable de Notre-Dame de la rose.
Cet édifice, qui datait de l’époque romane, avait certes été plusieurs fois agrandi par la suite mais il était
devenu assez vite insuffisant. De plus, comme il menaçait ruine dans les dernières années du xvn e siècle,
l’occasion était bonne de le remplacer par une église plus vaste et surtout plus mondaine, capable d’accueil
lir cette fois dans un cadre digne d’elle la foule des notables qui affluaient à Lambesc lorsque venaient
y siéger les représentants des commautés de la région provençale.
L’histoire de cette construction, qu’on peut à juste titre considérer comme l’un des plus remar
quables échantillons de l’architecture religieuse de l’époque classique en Provence, n’a guère tenté jusqu’ici
l’érudition locale qui s’est bornée en général à reprendre ce qu’en écrivait au siècle dernier l’abbé Cons
tantin, à savoir que l’édifice, mis en chantier en 1700 sur les plans de Vallon, architecte de la Province
et de la ville d’Aix, n’avait été définitivement achevé qu’en 1741 (1).
S’appuyant sur cette documentation tout à fait fragmentaire et tirant argument des analogies
de structure qu’on peut relever entre l’église de Lambesc et certains édifices religieux d’Aix-en-Provence
construits au cours des xvn e et xvm e siècles (2), la critique la plus récente n’hésite pas à attribuer l’en
tière responsabilité de cette réalisation à l’architecte aixois Laurent Vallon et va même jusqu’à la consi
dérer comme particulièrement représentative de ce qu’elle appelle « le baroque aixois » (3).
Il va sans dire que je suis loin de partager cette thèse, uniquement basée sur des critères d’ordre
morphologiques, car j’ai découvert il y a quelques années, en dépouillant les registres du Greffe de la
Sénéchaussée d’Aix, un certain rapport d’expertise qui m’avait révélé les nombreuses péripéties dont le
chantier de l’église de Lambesc avait été le théâtre depuis ses débuts. Mais comme ce document ne concer
nait qu’une partie de l’histoire de l’édifice, lorsque la Société Française d’Archéologie me demanda d’assu
rer la présentation de l’église de Lambesc dans le cadre du Congrès du Pays d’Aix, il me parut indispen
sable de procéder au dépouillement préalable des sources que je jugeais susceptibles de me fournir le plus
d’informations dans ce domaine c’est-à-dire essentiellement les archives communales de Lambesc pour
la période 1700-1790 (4). Le résultat de ces recherches d’archives sans lesquelles, quoi qu’en pensent cer
tains, il n’est guère possible de construire une histoire de l’art digne de ce nom, a été particulièrement
positif. C’est grâce à cette documentation de première main, dont l’essentiel est publié ci-après en annexe,
que nous sommes désormais en mesure de restituer la véritable histoire de notre monument depuis la pose
de sa première pierre jusqu’à l’achèvement définitif des travaux soit sur une période qui couvre plus
d’un siècle.
Le plan de l’église de Lambesc, qui est une traditionnelle croix latine inscrite dans un rectangle,
comprend une nef centrale de trois travées bordée de bas-côtés, que recoupe un transept aux extrémités
arrondies, et un choeur d’une travée, flanqué de chapelles latérales, qui précède une courte abside en cul-
de-four. Des voûtes d’arêtes couvrent la nef, les bras du transept et le chœur, tandis que d’originales
petites coupoles surbaissées coiffent les deux chapelles absidales et les bas côtés. Sur la croisée du transept
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