Presse et revues
4 pages
Titre : Le Charivari : publiant chaque jour un nouveau dessin
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1833-06-11
Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication
Contributeur : Huart, Louis (1813-1865). Directeur de publication
Contributeur : Véron, Pierre (1831-1900). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34452332k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 359 Nombre total de vues : 359
Description : 11 juin 1833 11 juin 1833
Description : 1833/06/11 (A2,N193). 1833/06/11 (A2,N193).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3055849h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Fonds du service reproduction, 4-Lc2-1328
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/06/2019
II JUIN 1835.
DEUXIEME ANNEE
N° 193. — MARDI.
JOURNAL PUBLIANT CHAQUE
OU SE TROUYENt INDIQUÉES, D’APRÈS LE CONSTI-
' ’/uTlONNEL',
v iwv^y
Une foulcAe-reCéftes philantropiques , à l'usage des classes
nécessiteuses;
Et spécialement des chemins de fer, à i usage de ceux qui ont
les pieds nus;
Vu poulet rôti et du vin de Bordeaux, a l’usage de ceux qui
n’ont pas de pain-,
Et enfin des caisses d’épargne, à l’usage de ceux qui n’ont pas
le sou.
Il y a des mots qui valent des domaines; mots creux, mais
longs, mais gros, mais abracadabrans : les plus longs sont
les meilleurs. Celui qui inventa le mot encyclopédie put se
dire : J’ai gagné un quine à la loterie ; celui qui inscrivit en
tète d’un journal le mot Constitutionnel, put se regarder
comme plus heureux que s’il eut détroussé quelque prince
sur la grande route. Peu importe le contenu ! le contenant
est tout pour la masse iinbécille. Et ainsi de suite de cent au
tres mots qui ont fait la fortune de leurs propagateurs.
Maintenant, c’est autre chose. On a poussé le charlatanis
me jusqu’à la phrase ; la phrase est tout. Celui qui inventa
cette phrase : Journal des Connaissances utiles , prix pour
Vannée A fr., avec le treizain en sus; celui-là inventa peut-
être une belle chose, mais cette belle chose fut une mine fé
conde ; il se fit à lui-même une foule de connaissances uti
les ; car il n’y a rien de plus utile pour un journal que les
abonnés qu’on se connaît ; et ce fut ainsi qu’il justifia son
titre.
J’ai un ami, excellent homme du reste , et iucapable de
faire du mal à un enfant, qui vit très bien , qui mène une
grande existence , qui a cabriolet, tilbury, calèche et cinq
chevaux avec cette seule phrase : — Emancipation inlellec-
r«e//e.Son émaneipaiion intellectuelle consiste, je crois, à ap
prendre la manière de planter des carottes pour obtenir des
laitues , avec la recette pour se couper les cors , oignons et
durillons, sans se faire le moindre mal.
J’en connais un autre qui vient de mettre la science à la
portée de toutes les intelligences, et qui apprend à lire à ses
abonnés, à 120 lieues de distance, moyennant 5 francs par
JOUR UN NOUVEAU DESSIN.
an pour l’enveloppe de son journal. Quant au journal, il est
gratuit, car ce n’est point un sordide intérêt qui l’a guidé ;
c’est uniquement le désir d’éclairer ses semblables, et de
payer la dette que tout homme contracte en naissant envers
la société, et plus tard envers son bottier. C’est bien.
J’en connais un autre qui vient de marier sa fille , et qui
lui a donné pour dot une seule phrase : Association pour
la propagation de la civilisation par l’instruction , moyen
nant 50 centimes de cotisation. Ah ! parbleu ! je le crois
bien ! avec une phrase pareille , sa fille est certainement l’un
des plus riches partis de la capitale !
Le mot philantropie a été également d’un excellent rap
port.
Le mot humanité a fait aussi beaucoup d’heureux ; M.
Appert se fait peut-être 50 mille livres de rentes à soula
ger l’humanité souffrante.
Je n’en finirais pas , et il me tarde de revenir au Constitu
tionnel.
Le Constitutionnel a dans ce genre le plus riche vocabu
laire de grands mots, et cela lui tient lieu d’idées. On ne peut
tout avoir. Ce fut lui, comme je vous l’ai déjà dit, qui inventa
heureusement l’horizon politique , le siècle des lumières, le
char de l’état, le ciel qui se couvre des nuages, le volcan po
litique et une foule d’autres locutions qui sont d’un si grand
secours lorsqu’on ne sait plus que dire. Le Constitutionnel
paraît se trouver plus souvent que jamais dans le cas d’y re
courir ; car, depuis’ quelque temps , il a augmenté son lexi
que d’un nombreux supplément de stupidités toutes faites.
Le Constitutionnel ne sort plus de l'équilibre européen, de la
monarchie de juillet, du prince que nous avons élevé sur le
jiavois, du roi de notre choix, du libre jeu de la machine re
présentative, des bienfaits de l'instruction, de la propagation
des lumières, du développement des communications , du
tracement des nouvelles routes , du percement des canaux et
de Vétablissement des chemins de fer, toutes choses qui sont
fort bonnes sans doute , appliquées à propos, mais dont il
fait un singulier abus, un abus à les décrier si c’était possi
ble. Le Constitutionnel usera tout cela , à force de bon servi
ce, même les chemins de fer.
Mais c’est surtout dans la question des mines d’Anzki que
DEUXIEME ANNEE
N° 193. — MARDI.
JOURNAL PUBLIANT CHAQUE
OU SE TROUYENt INDIQUÉES, D’APRÈS LE CONSTI-
' ’/uTlONNEL',
v iwv^y
Une foulcAe-reCéftes philantropiques , à l'usage des classes
nécessiteuses;
Et spécialement des chemins de fer, à i usage de ceux qui ont
les pieds nus;
Vu poulet rôti et du vin de Bordeaux, a l’usage de ceux qui
n’ont pas de pain-,
Et enfin des caisses d’épargne, à l’usage de ceux qui n’ont pas
le sou.
Il y a des mots qui valent des domaines; mots creux, mais
longs, mais gros, mais abracadabrans : les plus longs sont
les meilleurs. Celui qui inventa le mot encyclopédie put se
dire : J’ai gagné un quine à la loterie ; celui qui inscrivit en
tète d’un journal le mot Constitutionnel, put se regarder
comme plus heureux que s’il eut détroussé quelque prince
sur la grande route. Peu importe le contenu ! le contenant
est tout pour la masse iinbécille. Et ainsi de suite de cent au
tres mots qui ont fait la fortune de leurs propagateurs.
Maintenant, c’est autre chose. On a poussé le charlatanis
me jusqu’à la phrase ; la phrase est tout. Celui qui inventa
cette phrase : Journal des Connaissances utiles , prix pour
Vannée A fr., avec le treizain en sus; celui-là inventa peut-
être une belle chose, mais cette belle chose fut une mine fé
conde ; il se fit à lui-même une foule de connaissances uti
les ; car il n’y a rien de plus utile pour un journal que les
abonnés qu’on se connaît ; et ce fut ainsi qu’il justifia son
titre.
J’ai un ami, excellent homme du reste , et iucapable de
faire du mal à un enfant, qui vit très bien , qui mène une
grande existence , qui a cabriolet, tilbury, calèche et cinq
chevaux avec cette seule phrase : — Emancipation inlellec-
r«e//e.Son émaneipaiion intellectuelle consiste, je crois, à ap
prendre la manière de planter des carottes pour obtenir des
laitues , avec la recette pour se couper les cors , oignons et
durillons, sans se faire le moindre mal.
J’en connais un autre qui vient de mettre la science à la
portée de toutes les intelligences, et qui apprend à lire à ses
abonnés, à 120 lieues de distance, moyennant 5 francs par
JOUR UN NOUVEAU DESSIN.
an pour l’enveloppe de son journal. Quant au journal, il est
gratuit, car ce n’est point un sordide intérêt qui l’a guidé ;
c’est uniquement le désir d’éclairer ses semblables, et de
payer la dette que tout homme contracte en naissant envers
la société, et plus tard envers son bottier. C’est bien.
J’en connais un autre qui vient de marier sa fille , et qui
lui a donné pour dot une seule phrase : Association pour
la propagation de la civilisation par l’instruction , moyen
nant 50 centimes de cotisation. Ah ! parbleu ! je le crois
bien ! avec une phrase pareille , sa fille est certainement l’un
des plus riches partis de la capitale !
Le mot philantropie a été également d’un excellent rap
port.
Le mot humanité a fait aussi beaucoup d’heureux ; M.
Appert se fait peut-être 50 mille livres de rentes à soula
ger l’humanité souffrante.
Je n’en finirais pas , et il me tarde de revenir au Constitu
tionnel.
Le Constitutionnel a dans ce genre le plus riche vocabu
laire de grands mots, et cela lui tient lieu d’idées. On ne peut
tout avoir. Ce fut lui, comme je vous l’ai déjà dit, qui inventa
heureusement l’horizon politique , le siècle des lumières, le
char de l’état, le ciel qui se couvre des nuages, le volcan po
litique et une foule d’autres locutions qui sont d’un si grand
secours lorsqu’on ne sait plus que dire. Le Constitutionnel
paraît se trouver plus souvent que jamais dans le cas d’y re
courir ; car, depuis’ quelque temps , il a augmenté son lexi
que d’un nombreux supplément de stupidités toutes faites.
Le Constitutionnel ne sort plus de l'équilibre européen, de la
monarchie de juillet, du prince que nous avons élevé sur le
jiavois, du roi de notre choix, du libre jeu de la machine re
présentative, des bienfaits de l'instruction, de la propagation
des lumières, du développement des communications , du
tracement des nouvelles routes , du percement des canaux et
de Vétablissement des chemins de fer, toutes choses qui sont
fort bonnes sans doute , appliquées à propos, mais dont il
fait un singulier abus, un abus à les décrier si c’était possi
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