Presse et revues
980 pages
Titre : La Revue de Paris
Éditeur : La Revue de Paris (Paris)
Date d'édition : 1938-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34404247s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 232240 Nombre total de vues : 232240
Description : 01 mars 1938 01 mars 1938
Description : 1938/03/01 (A45,T2,N5)-1938/04/30. 1938/03/01 (A45,T2,N5)-1938/04/30.
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3046958v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
MAURICE RAVEL
217
par deux fois aux programmes de la « Société Natio
nale ».
Tout d’abord, le 5 mars 1898, salle Pleyel, mademoiselle
Marthe Dron et M. Ricardo Vines avaient exécuté à deux
pianos une suite dont le titre provoquait à l’avance un certain
étonnement. Sites auriculaires, quelle merveilleuse enseigne
pour un poème symboliste ! Sous la même appellation, Henri
de Régnier avait publié en 1887 une plaquette de sonnets :
Sites. Et la surprenante épithète qui s’accolait ici au subs
tantif ne rappelait-elle pas, jusqu’à la sonorité même, un
titre célèbre de Yerhaeren : les Villes tentaculaires? De telles
recherches amusent en général les littérateurs plutôt que les
musiciens. Aussi les critiques à venir seront-ils peut-être
tentés de les attribuer aux suggestions d’Erik Satie, dont le
principal talent consistait précisément à inventer des titres
irrésistibles. Mais ce fantasque personnage rôdait-il déjà
autour de Maurice Ravel? De toute manière, un tel parrainage
convenait mal à un recueil qui n’offrait en soi rien de facétieux.
Les deux pièces descriptives de Sites auriculaires ne semblent
pas avoir ressorti, en effet, au genre humoristique. Si la
deuxième, Entre cloches, a disparu sans laisser de traces, nous
avons conservé, à la faveur d’un incident assez bizarre, la
première d’entre elles, Habanera : elle appartient désormais,
sous une parure orchestrale qui en augmente le prix, à la
Rhapsodie espagnole, et la poésie rêveuse qu’elle exhale
n’admet en aucune façon la parodie ni le sarcasme. Nous en
goûtons certes, aujourd’hui, ses finesses harmoniques, la suc
cession mouvante et fluide de ses accords impondéi*ables.
Mais ces trouvailles dont nous faisons nos délices, elles décon
certaient, voilà quarante ans, bien plus qu’elles ne char
maient. Il n’est donc pas étonnant que le public de 1898
les ait accueillies sans bienveillance.
Les dispositions ne furent guère plus favorables au Nou
veau Théâtre, le 27 mai 1899, pour Shéhérazade, ouverture
de féerie qui devait servir d’introduction à un opéra tiré
par Ravel des Mille et une nuits de Galland. Distincte des trois
mélodies pour chant et orchestre qui ont paru en 1903 sous
le nom de Shéhérazade, elle se réclamait d’une architecture
solide. IjC programme, tel qu’on le distribuait aux auditeurs
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par deux fois aux programmes de la « Société Natio
nale ».
Tout d’abord, le 5 mars 1898, salle Pleyel, mademoiselle
Marthe Dron et M. Ricardo Vines avaient exécuté à deux
pianos une suite dont le titre provoquait à l’avance un certain
étonnement. Sites auriculaires, quelle merveilleuse enseigne
pour un poème symboliste ! Sous la même appellation, Henri
de Régnier avait publié en 1887 une plaquette de sonnets :
Sites. Et la surprenante épithète qui s’accolait ici au subs
tantif ne rappelait-elle pas, jusqu’à la sonorité même, un
titre célèbre de Yerhaeren : les Villes tentaculaires? De telles
recherches amusent en général les littérateurs plutôt que les
musiciens. Aussi les critiques à venir seront-ils peut-être
tentés de les attribuer aux suggestions d’Erik Satie, dont le
principal talent consistait précisément à inventer des titres
irrésistibles. Mais ce fantasque personnage rôdait-il déjà
autour de Maurice Ravel? De toute manière, un tel parrainage
convenait mal à un recueil qui n’offrait en soi rien de facétieux.
Les deux pièces descriptives de Sites auriculaires ne semblent
pas avoir ressorti, en effet, au genre humoristique. Si la
deuxième, Entre cloches, a disparu sans laisser de traces, nous
avons conservé, à la faveur d’un incident assez bizarre, la
première d’entre elles, Habanera : elle appartient désormais,
sous une parure orchestrale qui en augmente le prix, à la
Rhapsodie espagnole, et la poésie rêveuse qu’elle exhale
n’admet en aucune façon la parodie ni le sarcasme. Nous en
goûtons certes, aujourd’hui, ses finesses harmoniques, la suc
cession mouvante et fluide de ses accords impondéi*ables.
Mais ces trouvailles dont nous faisons nos délices, elles décon
certaient, voilà quarante ans, bien plus qu’elles ne char
maient. Il n’est donc pas étonnant que le public de 1898
les ait accueillies sans bienveillance.
Les dispositions ne furent guère plus favorables au Nou
veau Théâtre, le 27 mai 1899, pour Shéhérazade, ouverture
de féerie qui devait servir d’introduction à un opéra tiré
par Ravel des Mille et une nuits de Galland. Distincte des trois
mélodies pour chant et orchestre qui ont paru en 1903 sous
le nom de Shéhérazade, elle se réclamait d’une architecture
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