Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1934-08-01
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 août 1934 01 août 1934
Description : 1934/08/01 (Numéro 213). 1934/08/01 (Numéro 213).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO MERCREDI 1" AOUT 1934
Courrier des Lettres
Pour les jeunes filles
Entre un essai de littérature com-
muniste et nu roman policier, un édi-
tclcr bien connu de la rue de fleaune
vient de faire paraître un petit livre
à couverture originale une Man-
cheur immaculée s'il compose avec
un bleu pâle comme on n'en voit
qu'aux ceintures des enfants de Ma-
rie. Le petit livre s'intitule, d'après
un verset de psaume, Ecoute, ma fille,
et c'est un recueil que M. Paul Clau-
del a fait des pages de son œupre qui
lui paraissent Ies mieux faites pour
être lues par des jeunes f illes. On
voit que la couverture du petit livre
blanc et bleu n'est pas trompeuse.
En présentant cette anthologie au
public, St.. Paul Claudel expliqué com-
ment lui est venue l'idée de la faire.
Une grande organsation catholique a
procédé, parait-il, à une enquête au-
près des jeunes filles et des femmes
françaises pour les interroger sur
leurs goûts et leurs besoins de lectu-
res. La plainte qu'elle a recueillie
presque unanimement est cellerd
« Pourquoi ne s'occupe-t-on pas de
nous davantage? Pourquoi nous mé-
prise-t-on? Pourquoi est-il si difficile
d'ouvrir un livre nouveau dont nous
ne devions aussitôt nous écarter? 1
A quoi M. Paul Claudel a répondu
par cette plaquette à l'usage des âmes
pures.
Il a bien fait, et il me semble qu'il
devrait être imité. Certes, c'est un
cqs spécial que celui du grand poète 1
catholique, ta rencontre était facile
entre son œuvre et le public au de-
vant duquel il s'avance. Mais, au delà c
du cas particulier de M. Claudel et 1
des exigences légitimes du public ca- c
tholique, il est de fait que la littéra- t
ture coiitçiiiporaine se tient fort éloi- 1
gnée du climat intellectuel et moral
où, fort heupeusement, nous gardons
encore la jeunesse. Le culte de la vé-
rité à tout prix mène nos écrivains f
fort loin dans l'exploration des abî- ]
mes. Il n'est pas question de le leur 1
reprocher. Encore moins de leur de- 1
mander d'écrire des livres édifiants. t
Mais justement, pour suppléer aux i
douceâtres insuffisances de la litté-
rature de patronage, certains de nos 1
écrivains et nous pensons aux 1
plus grands ne pourraient-ils pas
faire dans leur œuvre un cleoix de pa-
ges qui donnerait aux jeunes esprits 1
quelque ouverture sur la littérature
digne de pe nom? Qn se plaint que la 1
jeunesse ne lise rien. Qu'on lui donne
quelque chose à lire. Nous somines a
un époque de grands talents. H n'est
pas indigne de ceux-ci de penser aux
jeunes lecteurs de la génération qui
les suft, et qui demain décidera
du sort de leur œuvre devant la pos-
térité.
André Rousseaux.
Un buste d'Etls»r W*W*P? d
à Londres 1
Le célèbre écrivain anglais Edgar F
Wallace, auteur de quelque deux cent
cinquante romans policiers où s'épa- g
nouit une imagination inépuisable, au- p
ra prochainement spn buste à Londres. Il
Et, par une piquante attention, il s'éri-
gera dans Fleet Street, qui est la rue 1
des journaux et où Edgar Wallace fut r
lui-même vendeur de journaux avant 1
de connaître la gloire littéraire. (1
Autre coïncidence plus curieuse en-
core son (échoppe de, marchand faisait
vis-à-vis aye.c les magnifiques' bureaux l,
de; l'Association de la presse, dont le 5
romancier fameux deVait plus fard être .c
le président; l j
Un million de roubles
aux écrivains soviétiques i
Par décision du Conseil des commis- k
saires du peuple en 17.R.S.S-. un fonds
littéraire vient d'être créé, auquel a été a
attribuée, pour l'année 1934, une dota- e
tion d'un million de roubles. f
Ce fonds littéraire est destiné à amé- t
liorer les conditions matérielles des e
membres de J'Union des écrivains so- j
vitiques il est alimenté par des pré- t
lèvements opérés sur les droits dauT
teur, les taxes sur les spectacles, les n
cotisations des membres ainsi que par
une subvention annuelle de l'Etat. s 6
L'écrivain anglais Wells I
À Leningrad p g
L'écrivain anglais Wells a quitté hier â
Moscou pour Leningrad. Avant son dé- c
part, il avait pris part à un banquet >
offert par le Comité du Gosplan. L'am-
bassadeur britannique assistait à ce
banquet. Les Àlguazils.
Au' cas d'abonnement combiné à a
Figaro et à Figaro illustré, prière de x
spécifier nettement si le changement s
doit être observé également pour l'envoi d
de Figaro illustré, qui s'effectue au
début de chaque mois, s
Au jardin des autres
(Revms et Magazines)'
« Moi seul », disaient fièrement les hé-
ros de Corneille. Sommes-nous toujours
seuls, en nous-mêmes ? H semble, à de
certaines minutes, que du fend secret de
nos âmes surgissent, comme pour nous
narguer, les facps grimaçantes d'hôtes
dangereux et imprévus. Si c'était vrai,
pourtant ? 2
« Malveillance 18 »
Oui, si c'était vrai », demande M. Ro-
land Dprgelès, que notre âme fut, plus
qu'elle ne le croit, dans la dépendance de
notre corps ? Que certains microbes, plus
ou moins virulents, devinssent Ja cause
directe des impulsions mauvaises, le fer-
ment des passions humaines et le ressort
caché des crimes ? Sur cette donnée à la
fois philosophique et scientifique il déve-
loppe, dans Noir et Blanc, les péripéties
d'un roman paradoxalement audacieux.
Un jeune savant, Maxime Radee, qui aime
de bousculer les théories établies, et qui
•s'est d'ailleurs illustré en découvrant le
microbe du cancer, vient d'isoler un ba-
cille nouveau, le « bacille du crime»; i!
l'a découvert, multiple et foisonnant, dans
le liquide céphalo-rachidien des criminels
endurcis; et puis horreur! il l'a re-
trouvé, mais rare et affaibli, dans le sang
des plus honnêtes gens
Il fut bientôt ei\ mesure de diagnostiquer
la maïfaisauee exacte d'un sujet d'après la
virulence et le nombre de ses baeilles. Pour
s'appuyer sur des données certaines, il s'at-
taclja ensuite à plasser les souches qu'il avait
recueillies dans les hôpitaux et les prisons.
Les unes provenaient d'individus notoire-
ment tarés, les autres de malades que rien,
sauf l'analyse, ne permettait de classer parmi
les malfaisants. M. Radec put dresser une
êchelle du mal, graduée de un à vingt, qui
commençait aux peccadilles pour s'élever aux
pires forfaits. Trigonot, affreux récidiviste,
•• i 9 1 «* 1 S 3 4
LE CHIFFON DE PAPIER
Si les spécialistes militaires avaient
mieux compris la situation, si
tout pouvait être exprimé par
des chiffres et exécuté par la disci-
pline, ainsi que l'état-major prussien
le croyait, les Allemands auraient
gagné la guerre en trois mois.
Cependant tout, jusqu'au miracle
de la Marne, a une explication psy-
chologique, car les événements dé-
passent le cadre des chiffres et de
la discipline. L'arrêt de la vigou-
reuse avance allemande du 9 sep-
tembre, arrêt qui, pour la deuxième
armée, se transforma bientôt en re-
traite, a ses raisons profondes dgns
le caractère des chefs.
L'empereur à la suite,
L'empereur qui pendant vingt ans
avait menacé le monde de son « sa-
bre étincelant et affichait les uni-
formes les plus extravagants, chef
suprême de l'armée,' quinquagénaire
et bien portant, ne marcha pas avec
son avant-garde, ni même à la tête
d'une de «ses armées», ainsi que
l'avait fait Guillaume I" septuagé-
naire, niais resta à 200 kilomètres
à l'arrière, dans un quartier général
fort confortablement installé. Etant
fjpnné la r»P»dité de l'avance alle-
mande, les communications avec le
front, sj elles n'étaient pas rompues,
étaient du moins fort imparfaites.
On ne savait qu'un ou deux jours
plus tard ce qui se passait au nord,
si le fameux encerclement de l'enne-
mi, prévu depuis vingt ans, était
en bonne voie, et on ne savait même
pas très exactement ce qui se pas-
sait au centre des opérations. La
cadence de l'offensive était si rapide
que tout contrôle s'avéra à peu près
impossible et les chefs neurasthé-
niques s'effrayaient eux-mêmes de la
rapidité de leur succès.
Le chef de l'état-major était un
homipe fatigué et souffrant, que le
kaiser avait littéralement forcé à
prendre la direction des ppérations.,
LA MUSIQUE DES VPWTiS
Installera-t-on des haut-parleurs
dans le métro ?
Quinze jours durant, les « usagers »
du métropolitain ont été régalés, à la
station Çhâtclet, d'airs choisis et de
publicité. sélectionnée, les uns faisant
passer l'autre.
Cette initiative sonore va-t-elle se
généraliser ? On ne le sait encore. Le
premier projet, qui prévoyait l'équipe-
ment en haut-parleurs de toutes les
voitures en service. a été abandonné, en
raison des difficultés techniques qu'il
rencontrait. Mais on envisage la « sono-
risation des principales stations des
quartiers centraux.
Au cours des essais, deux haut-par-
leurs ont été installés au Châtplet» suj.
les stations des lignes 1 et 4, et plu-,
sieurs autres dans les couloirs. Ils ont
diffusé dei disques de danse et les in-
formations d'un speaker, logé dans un
studio improvisé. DJmauçhe, les voya-
geurs purent suivre les péripéties de
l'arrivée du Tour de France. Dirons-
nous que beaucoup d'entre eux en ou-
blièrent de monter en wagon ? 2
Le Conseil municipal et le ministère
des Travaux publics, qui ont suivi les
expériences, décideront de la suite à
donner au projet.
S'iJ est reconnu que les concerts sou-
terrains ne nuisent pas à la circulation
et n'étouffent pas, sous le fracas des
jazz, la petite trompette des chefs de
train, l'autorisation officielle sera don
née incessamment.
L'harmonie ruissellera de nouveau
sous les voûtps blanches. Les amoureux
s'en réjouiront peut-être, blottis dans
l'ombre des appareils à sous. Mais les
philosophes qui gardaient une joie tran-
quille à lire leur journal entre deux
« rames », l'entendront, à coup sûr,
d'une mauvaise oreille. G. R.
Une nouvelle victime
de l'explosion de Mai^ons-Laffitte
Le spld,at Jean-Marie Qupriel, vingt
et un ans, originaire de Priziap (Mor-
bihan), grièvement blessé par l'explo-
sion de l'obus de Maisons-Laffitte, vient
de siicpoinher à ses blessures.
Ce décès porte à dix le nombre des
soldats tués par l'explosion.
tortionnaire, parricide, empoisonneur, vam-
pire, fut inscrit en tête, « Mafaisance 18 »,
et on laissa deux degrés de marge jusqu'à
« Malfaisançe. 20'», pour ne pas décourager
les monstres à venir.
Ces monstres, le hépos, de M. Roland
Dorgelès, se fera fprt de les apaiser au
moyen d'un vaccin. Il devient ainsi le
maître du bien et du mal; cependant ne
causera-t-il pas encore plus de mal que de
bien ? A peine a-t-il divulgué sa déçou-
verte que chacun s'inquiète les consr
ciences les plus pures sont envahies de
scrupules chacun craint que son microbe
ne lui joue de mauvais tours; qui peut
jurer de ne point grimper brusquement de
« Malfaisanpe-traces » ou de « Malfaisance
un dixième » jusqu'à « Malfaisançe 18 »?
Le geôlier de l'Empereur
C'est ce dernier indice que les captifs
de Sainte-Hélène eussent attribué sir
Hudson Lowe; à tort sans doute, car Lowe
n'était pas, à proprement parler, un mé-
chant homme, affirme M. Octave Aubry
qui, dans la Revue des Deux Mondes,
continue de dérouler l'histoire de l'Em-
pereur prisonnier. Mais c'était un mala-
droit, un tatillon, un esprit étroit, rétré-
cissant encore les instructions reçues;
avec cela, un terrible paperassier. M. Oc-
tave Aubry n'en doute plus, après avoir
dépouillé, au British Muséum, les cent
trente-cinq volumes in-folio formés par les
rapports, états, comptes et comptes ren-
dus que, pendant cinq années seulement,
le gouverneur envoya de Sainte-Hélène.
Cet amas de documents recèle de bien pit-
toresques détails tels ceux de îa pre-
mière entrevue qui opposa le Captif et son
geôlier. Hudson Lowe avait débarqué le
15 avril 1816; dès le lendemain, il an*
nonça par un aide de camp qu'il rendrait
« C'est l§ mqpque cte psyçhplpgîe d§s empires çenfrgu*
qui leur a fait perdre la guerre »
car c'était un Moltke, comme l'autre.
Des considérations romantiques et
théâtrales avaient présidé au choix
de cet homme très inférieur à ses
fonctions et qui, six semaines après
la déclaration de guerre, perdit le
contrôle de ses nerfs et fut obligé
de se retirer. Mais pendant les pre,
mières semaines, c'était encore lui
le chef, et comme la prudence impé-
riale le maintenait loin des premiè-
res lignes et que son état de santé
laissait à désirer, il lui fallait un
remplaçant qui ne se contentait pas
d'examiner la situation, mais, chose
incroyable, devait aussi prendre des
décisions l
Désaccord et fautes de tactique
Ce gradé modeste, le lieutenant-
colonel Heutsch, avait été, en effet,
conduit en voiture sur te front, nanti
de pleins pouvoirs pour ordonner
l'arrêt des opérations, soit leur con.
tinuation, selon ce qu'il jugerait op-
portun de faire après en avoir référé
à ses chefs. C'est à tort qu'on l'ac-
cusa plus tard. Ce n'était qu'un ins-
trument, et en sa qualité d'officier,
il ne devait pas reculer devant les
responsabilités. Naturellement, il ne
trouva pas la ligne du front en ordre
mathématique, car le départ de deux
corps et d'une division de cavalerie
pour le front russe sur un ordre
motivé autant par la crainte que par
une raison de prestige avait fait
un trou dans les lignes allemandes.
Chacun des chefs de l'armée alle-
mande avait son opinion sur la situa-
tion créée par ce vide. Bulow était
partisan d'une retraite. Kluck était
pour la continuation de l'offensive.
Le lieutenant-colonel avait toute lati-
tude pour commander aussi bien
M. Jean Chiappe a accepté une confrontation avec Bonny
̃̃ Une cJï^çsu^sïpri v#ti#rnerit0 ̃
M. Jean Chiappe, entendu par M. Nor-
mand, juge d'instruction chargé de l'af-
faire Bonny-Volbcrg, a tout d'abord dé-
claré au magistrat qu'il avait complète-
ment perdu de vue l'inspecteur Bonny
depuis son départ de la Sûreté générale.
Un jour d'avril 1929, l'ancien préfet
de police étant absent de Paris, fut avisé
télëphoniqupment par le directeur des
renseignements généraux, que ses servi-
ces venaient de le saisir d'une grave
affaire de corruption dans laquelle
Bonny était compromis. L'autorité judi-
ciaire ne fut pas saisie, aucune preuve e
n'ayant été alors relevée. On ne connais-
"Sait pa$ alors les documents produits
devant Ja commission d'enquête parle-
mentaire Stavisky. Bonny, sur les ins-
tructions de M. Chiappe, fut cependant
signalé à ses chefs hiérarchiques de la
Sûreté générale, auxquels il appartenait
de prendre une sanction administrative.
« Ainsi, poursuit M. Ghiappc, j'accor-
dais à Bonny, dans une certaine me-
sure, le bénéflee du doute et lui épar-
gnais d'être l'objet d'une information
judiciaire.
» D'autre part, j'invitai M. Perrier à
convoquer Bonny pour lui adresser de
sévères admonestations. Je croyais, en
effet, que ces reproches faits au nom de
son ancien chef, venant s'ajouter à la
sanction administrative, produirait sur
Bonny un effet salutaire et de redresse-
ment moral. »
Quelques jours après, Bonny exprimait
par lettre sa gratitude à M. Chiappe,
mais en travestissant déjà les faits. Il
le remerciait non pas de lui avoir évité
une inculpation judiciaire, mais de n'a-
voir pas cru à l'accusation portée contre
lui et il lui demandait audience. Devant
une telle effronterie, M. Chiappe refusa
de le recevoir.
Contrairement aux allégations de
Bonny, Y°l^el'5i iHd'de police, n'a jamais été l'indicateur de
Ja prpfecfjjre de ppliae qui, au cqntraire,
a prpvoque son expulsion. Les sursis
dont cet étranger héneficia lui furent ac-
cordés par la Sftreté générale, « l'excep-
tion d'un seul, non renouvelé d'ailleurs,
que le préfet délivra au moment de l'in-
cident Bonny-Volberg, afin que l'expul-
sion ne pût apparaître comme des re-
présailles exercées par Bonny.
En jànvjer 1934, une enquête fut faite
par. M. Mossé sur les instructions de M.
visite au « général » Ip 17, à neuf heures
du matin
L'heure inhabituelle, et que de lui-même
fixait îp gouverneur, déplut à Napoléon. Aussi
quand Lowe descendit de cheval devant le
petit perron de Longwood, dans une bourras-
que de pluie et de vent, Ali lui répondit que
1 Empereur, souffrant, n'était pas encore levé.
Décontenancé, Lowe salua Montholon et Gour-
gaud, et, après avoir en vain insisté fit un
tour dans le jardin et se résigna à aljer chez
Bertrand pour demander quand « le général
Bupnaparte » voudrait le recevoir. Une au-
dience lui fut fixee pour le lendemain à
deux heures.
La conversation, le lendemain, fut as-
sez froide. Lowe n'appela l'Empereur que
« Monsieur ». Son prisonnier lui adressa
des questions courtoises sur ses services
militaires
Puis, des questions personnelles. Lowe
n'est-il' pas marié ? Et comme le gouverneur
répond que lady Lowe l'a accompagne à
Sainte-Hélèiie, Napoléon pousse un soupir
Ah 1 vous avez votre femme vous êtes
heureux. Combien avez-vous d'années de
seryjce ?
Vingt-huit ans.
Je suis donc plus vieux soldat que vous,
j'en ai près de quarante.
L'histoire, dit gauchement Lowc, parlera
de nos services d'unq manière bien différente.
Napoléon sourit, np répond pas. Il dit en-
suite à O'Meara
Je crois que le nouveau gouverneur est
un homme de- peu de mots, mais il paraît
poli. Toutefois, nous ne pourrons le juger
qu'à sa conduite.
Huit jours plus tard, les tracasseries
avaient commencé, Après une seconde en-
trevue, le 30. avril, Napoléon déclarait à
Las Cases •
Quelle sinistre figure que celle de ce
gouverneur C'est à ne pas boire sa tasse de
café, si on avait laissé un tel homme un
instant seul auprès Mon cher, on pourrait
m'avoir envoyé pis qu'un geôlipr.
Il n'en doutait plus le 16 mai, où, dans
un troisième entretien, il demandait à
Lowe s'il « était venu pour être son bour*
reau». Lowe, cependant, s'appliquait à ga-
gner consciencieusement l'argent que lui
versait l'Angleterre. « Logé, chauffé, servi,
l'avance que la retraite. Après mûre
réflexion, il ordonna l'arrêt des opé-
rations, c'est-à-dire le recul de cer-
tains points avancés du front.
Tous les critiques militaires sont
d'accord pour reconnaître l'erreur
de cette tactique et sont persuadés
que c'était Kluck qui avait raison,
La plupart des auteurs français ont
écrit que la bataille était déjà consi-
dérée comme perdue et qu'au début
on ne comprenait pas du tout la
raison du repliement des troupes
allemandes. Si le lieutenant-colonel
avait pris la décision contraire, Pa-
ris aurait sans doute été pris en quel-
ques jours. Le fait que l'issue de la
guerre fut décidée à ce moment ou
que, tout au moins, une victoire alle-
mande devint dès lors impossible, est
imputable au chef suprême de l'ar-
mée et à l'officier supérieur qui com-
mandait en son nom, car ni l'un ni
l'autre n'avait envie de faire person-
nellement une tournée d'inspection
générale sur le front.
Erreurs politiques
Par la suite, des erreurs politiques,
commises tant à Berlin qu'à Vienne,
contribuèrent à la perte définitive
de la guerre. La première de ces
erreurs fut de ne pas avoir conclu
une paix séparée avec les Serbes
vaincus, ainsi que le proposait en
J916 le comte Mptternich au sous-
secrétaire d'Etat von Jagow. En
effet, l'esprit de cet homme inca-
pable de penser autrement que
comme un manuel d'histoire, répu-
gna une telle solution aucun pouce
de la terre où était tombé un soldat
allemand ne devait être rendu à
l'ennemi. La deuxième erreur fut
Plytas, inspecteur général des services
administratifs au ministère de l'inté-
rieur, sur l'affaire Volherg. M. Chiappe
ne s'est jamais préoccupé de savoir à
la suite de quel incident ou de quelle
dénonciation M. Plytas prit cette initia-
tive. Seuls MM. Plytas et Mossé sont qua-
lifiés pour fournir des précisions à cet
égard.
L'affaire Volberg était alors complè-
tement oubliée à la Préfecture de police.
On finit cependant par localiser l'affaire
et les fonctionnaires qui avaient connu
l'incidenf en 1929 établirent de mémoire
un rapport qui fut remis à l'inspecteur
aéiréral. ,-M.^iChiappe n'eut connaissaiiee
de ce rapport qu après que cette remise
Put ^té. eltpc.tjUée. ̃
« Cç simple rappel des faits, précise
M. Cliiappe, prouve qu'on ne peut y dé-
couvrir la moindre vengennec 4e ma part.
D'abord ce n'est pas mon caractère
ensuite Bonny est vraiment un trop pe-
tit monsieur. Me venger de lui, c'eût été
lui faire trop d'honneur.
» Sans d'JUte, j'ai été écœuré qu'un
fonctionnaire, înèmc subalterne, de la
Sûreté générale !>e soit laissé aller, pour
des raisons nue je ne m'explique pas en-
core, à solliciter des déclarations ten-
dancieuses d'un témoin. Acte vraiment
inouï qui s'aggrave encore du fait que le
témoin, refusant de signer ces déefara-
tions, Bonny n'a pas hésité à en pren-
dre acte en dehors de la procédure, en
violation He toutes les règles et contrai-
rement il tons les précédents. Cet écœu-
rement, je l'ai exprimé à M. le président
du Conseil et à M. Mossé, mais il ne
laissait place à aucun autre sentiment.
Il n'y avajt en moi que du dégoût. ai
M- Chiappp est appelé ensuite for-
muler une appréciation générale sur
Bonny. Il le représente comme un ins-
pecteur audacieux et entreprenant, ayant
de l'allant et de l'initiative, mais dont
l'activité devait être étroitement sur-
veillée. Mnljtrc ses qualités profession-
nelles, il n'inspirait pas à son chef un
sentiment de sécurité absolue.
M. Chiape proteste
M. Normand ayant cru devoir procé-
der à une confrontation, M. Chiappe tient
h élever une protestation dont il réclame
l'insertion au proçès-verbal.
« Jfe confronter avec Bonny, monsieur
le juge, je veux bien y consentir par
approvisionné aux frais du gouverne-
ment », il touchait, à Sainte-Hélène, feutre
sa solde de lieutenant général, qui était de
deux mille livres, nue indemnité annuelle
de 300.000 francs or, qui feraient à peu
près trois millions aujourd'hui. En cinq
ans, il allait devenir riche; mais les An-
glais eux-mêmes lui ont fait le reproche
qui convenait il n'était pas, il ne devint
jamais « un gentleman ».
Il n'est pas toujours facile d'évaluer, en
notre monnaie d'aujourd'hui, les epinptes
d'autrefois. M. Chaboseau vient de réussir
ainsi à préciser dans le Mercure de France
les sommes que la protection de Colbert
assura honnêtement à Racine. Les tragé-
dies, au grand siècle, rapportaient des
droits d'auteur extrêmement maigres
d'Andromaque, Racine ne retira .que deux
cents livres, mais AndrQimque 'le con-
firma dans l'amitié de Colbert qui tenait
la feuille des pensions et gratifications lit-
téraires et qui, dès l'année 1660 Racine
avait vingt ans et venait de composer
pour le mariage du roi, l'Ode à la Nymphe
de la Seine –r, t'avait fait « coucher sur
l'état »
En pensions et gratifications officielles.
Racine, à partir de 1.6Q0 inclusivement, tou-
cha, grâce à Colbert, 65.200 livres, soit envi-
ron 613.000 francs actuels. Il s'en faut que
ce soit tout. Une charge de trésorier de Fran-
ce au bureau des finances de Moulins étant
devenue vacante, une part de quatre mille
livres sur cent mille en fut acquise par Ra-
cine sur le conseil de Colbert. Mais l'année
d'aprçs, le poète fut remis en possession de
ses quatre mille livres, sans perdre son droit
au vingt-cinquième des bénéfices produits
par la charge. Or, les trésoreries de France
étaient d'un gros et sûr rapport.
Çolbért eût pu placer plus mal .et son
admiration, et les bienfaits du roi. A cette
amitié qui les honore tous les deux, Ra.
cine rêva sans doute avec mélancolie plus
d'une fois dans cette maison qu'on peut
voir encore rue Visconti, où il moiirut
quelque quinze ans après Colbert.
Par M< LUDW"
commise par Vienne, qui s,e refusait
à faire la moindre concession aux
nationalités de la monarchie, aspi-
rant toutes à l'indépendance. Cet
état de choses produisait des dé-
secteurs sur une grande échelle, mi-
nait le moral de l'arrière, facilitait
le travail d'un Masaryk et d'un Be-
nès réfugiés à l'étranger, au point
que la désagrégation de la monarchie
devenait inévitable.
La troisième erreur incombe à la
direction de la flotte allemande.
L'amiral Tirpitz, qui réclamait la
bataille contre la flotte anglaise, fut
congédié par son monarque timoré
la flotte resta dans l'inaction, et on
attendait un miracle des sous-marins,
arnie neuve qui, au début de la
guerre, n'était représentée que par
quelques unités. Ainsi, la peur et le
romantisme, traits fonciers du carac-
tère de Guillaume II, aboutissaient
à une politique maritime complète-
ment fausse. Erzberger et Rathenau
avaient prédit l'entrée en guerre de
l'Amérique à la suite de la guerre
sous-marine. Les chefs de la marine
avaient juré de faire plier les genoux
à l'Angleterre en « l'espace de cinq
mois», et l'un de ces grands pro-
phètes s'écriait au Reichstag « Qù
sont donc les vaisseaux des Améri-
cains ? C'pst sans doute par la voie
des airs qu'ils se proposent de tra-
verser l'océan !»
Enfin, le général von Ludendorff,
devenu dictateur politique, fit preuve
d'un tel manque de prévoyance qu'il
transforma en un redoutable danger
la véritable bénédiction que devait
être pour son armée la révolution
russe, en permettant au chef prédes-
tiné de cette révolution de rentrer
déférence pour la justice et par respect
pour votre personne. Mais je ne pensais
vraiment pas que les règles judiciaires
pourraient accorder à ce fonctionnaire
subalterne, devenu 'inculpé, l'honneur
d'être mis en ma présence.
» La commission parlementaire Sta-
visky a évité aux chefs de service toute
confrontation de nature à porter atteinte
au prestige de leur fonction.
» Je regrette que vous n'aye? pas fait
comme elle.
» J'ai Je devoir, en souvenir des
hautes fonctions que j'ai exercées et par
simple souci de mp< dignité, d'élever
devant vous, une énergique protesta-
tion. »
La confrontation lieu ensuite, elle
provoque des questions insidieuses de
l'avocat de l'inculpé. M" Philippe La-
mour, au sujet des missions concernant
les affaires Annezin et Charost, et d'une
somme de huit mille francs. M. Chiappe
invoque le secret professionnel.
Bonny veut parler, mais l'ancien préfet
lui crip
Vous êtes un bandit t
L'avocat demande l'expertise de la comp-
tabilité de Volberg et l'extradition de
ce dernier. Tout ceci est renvoyé à la
rentrée d'octobre.
Schnaerts s'amuse
C'est par un éclat de rire que le
témoin Schnaerts a répondu à la ques-
tion de M. Prdonneau «
Vous avez promis des révélations
aux journaux, je vous écoute.
Les journalistes nui sont venus me
voir voulaient que je dise quelque
chose pour leur faire plaisir, j'ai ré-
pondu oui à toutes les questions qui
m'ont été posées.
Kt le témoin précise
Je n'ai jamais déclaré que M. Ca-
iniUe AymarcJ était al|é à Biarritz qu
ailleurs avec Stavisky.
» Vous me mettez sous les yeux un
talon de chèque qui ne porte ni grat-
tages ni ratures j'y vois un T et non
un B, comme je l'avajs cru. J'ai dit
qu'il s'agissait d,un Achille B. et je
pensais à Bardi de Fortou. Il doit s'agir
d'une personne qui a travaillé pour la
Sapiens et pour la Sj.LM.A. »
M. Ordonneau n'a pas insisté.
La fortune de Racine
Balzac et les quatre Grandet
Dans les vieilles maisons flotte l'âme
de ceux qui les habitèrent autrefois. Parce
qu'il n'en doute point, M. Paul-Emile Ca-
dilhac a fait aux anciens quartiers de
Saiimur un pèlerinage littéraire qu'il conte
dans l'Illustration. Pour fêter le cente-
naire d' « Eugénie Grandet », il a recher-
ché la demeure où l'imagination de Ral-
zac logea le célèbre avare; il croit l'avoir
dénichée au n° 36 de la « longue et triste »
Grande-Rue
La pierre est du tuffeau, la porte en chêne
massif, fendillée, brunie, avec un énorme
marteau en forme de clou, un bas-relief cou-
rant au-dessus d'elle et l'on s'attend pres-
que à voir la grande Nanon surgir à quelque
ienêtre. Mais voici où la chose tient presque
du miracle. Poussez le lourd vantait et, sou-
dain, vous apercevrez « au fond d'une voûte
obscure et verdâtre quelques marches dégrat-
dées ». Les marches qui conduisent, dans
le roman, au jardin. Ici, il n'y a pas de jar-
din, mais il est vraisemblable qu'il y en eut
un jadis. Fait troublant on compte ici huit
inarches, le même nombre que Balzac assi-
gne aux degrés disjoints menant au jardin
d'Eugénie. Balzac connut-il cotte maison ?
C'est probable
C'est sûr qu'il connut le père Niveileau,
avare fameux dans toute la région; pour
entendre parler de lui et pour préparer
son roman, il s'installa à dix kilomètres de
la ville, dans le domaine dfc la Mimerolle,
qui appartenait à un de ses amis. Nivel-
lean, millionnaire et fesso-mathieu, fut son
modèle principal non toutefois son mo-
dèle unique. Dans une lettre à Mme Car-
raud, il cite « un épicier en boutique, à
Tours, qui a 8 millions; un M. Eynard,
simple colporteur, qui en a 20 » et qui
spécula sur la rente. Et de trois. Mme
Carraud, enfin, dans une lettre inédite pu-
bliée naguère par M. Marcel Bouterqn, évo*
qi|e plusieurs avares:
bip, oncle dn capitaine Périolas, bien connu
de Balzac avec qui il avait dû souvent en ba-
varder. La mort, de Grandet, notamment,
en soh pays en train blindé, Ce fai-
sant, il pensait sans. doute à la lé-
gende du cheval de Troie, mais en
fait d'Ulysse, il n'y eut cette fois
qu'un cheval.
Les bévues de l'esprit prussien
Toutes ces erreurs furent encore
accentuées, par une série de gestes
et de déclarations symboliques. On
chercha des excuses à l'horreur de
la guerre avec des arguments philo-
sophiques. Certes, les chefs alliés ne
faisaient guère preuve de plus d'hu-
manité et de compassion que les Al-
lemands, puisqu'on disait partout
« A la guerre comme à la guerre »
et les mensonges et les atrocités
étaient aussi le fait des Alliés. Cepen-
dant, ces derniers s'étaient montrés
infiniment plus sages en prononçant
certaines déclarations ou en com-
mettant certains actes que le monde
percevait beaucoup plus nettement
que l'horreur du chaos des batailles.
Ils n'avaient pas, comme les Alle-
mands dans l'affaire Cavell, pronon-
cé avec fracas des condamnations à
mort devant la conscience univer-
selle ils n'avaient pas perpétré des
attaques semblables à celles des Al-
lemands coulant le Lusitqnia. {.es-
prit prussien tout entier, inféodé à
l'épée, se méprenait sur la valeur
psychologique des actes et des mots.
Au sein du peuple dont la langue
est la plus riche en nuances, les chefs
parlaient d'une guerre sous-marine
sans merci et qualifiaient les traités
de « chiffons de papier». Leurs ad-
versaires avaient sans doute, eux
aussi, au cours de leur histoire,
rompu des traités et mené des guer-
res sans merpi, mais ils avaient em-
ployé d'autres termes pour désigner
ces actions.
C'est leur manque de psychologie
qui devait faire perdre la guerre aux
empires centraux.
Emil Ludwig.
(Copyright by Agence Littéraire Inter-
nationale, 4 et 6, place du Panthéon.)
L'affaire de la France
mutualiste
Le Garde des sceaux a appelé tout
particulièrement l'attention du procu-
reur général près la Cour d'appel de
Paris sur la nécessité de suivre, avpp
tout le soin et toute la diligence néccs-
saires, l'affaire de la France mutua-
liste ».
Quatre procédures ont été successive-
ment ouvertes concernant la gestion et
les opérations de cet organisme. Le juge
d'instruction poursuit sa tAche avec di-
ligence. Il sera au besoin déchargé d'un
certain nombre d'autres affaires, afin
d'employer tous ses instants et tous ses
soins à la clôture rapide de cette infor-
mation.
Le procureur général, sur les instruc-
tions du Garde des sceaux, vient d'invi-
ter, d'autre part, les experts à conduire
leurs opérations avpc la plus grande
diligence et à déposer leurs rapports
dans le moindre délai possible.
Le ministre de la Justice estnne que
la nature et l'importance de cette affai-
re, le nombre des victimes, particulière-
ment dignes d'intérêt en leur qualité
d'anciens combattants, commandent de
la suivre avec une vigilance particu-
lière.
La « manifestation kmk »
Les socialistes et les communistes,
unis de nouveau, dans le désordre, ont,
malgré l'interdiction préfectorale, mant-
festé, hier soir, devant le café du Crois-
sant, où. le 31 juillet 1914, Jean Jau-
rès fut assassiné.
Le rendez^yQUS était fixé ppur 18 heu-
res. Les « camarades » y trouvèrent,
d'abord, la pluie. IJne pluie viglepte,
échappée d'un ciel déchiré d'éclairs. Ce
fut un véritable envol de moineaux qui
facilita b.eaucup la tâche des agents.
réunis en nombre imposant rue Mont-
martre.
MM. Marty et Zyromsky apportèrent
une couronne de roses rouges qui fut
déposée devant la plaque commémora-
tive par des militants juchés sur une
échelle, mais ils durent ravaler leurs
discours impitoyablement sabotés par
l'averse.
Elle évoque, en particulier, nn certain Ro-
Coyrrier des Arts
Les affiches
et le prochain Salon d'Automne
Le Salon d'Automne a été le pre-
mier grand Salon à créer une section
de l'affiche. Cette section a en vue
f de faciliter la mise en lumière des
jeunes artistes qui désirent se tconsa-
crer à l'affiche ».
L'année dernière, trois salles lui-
furent réservées, et on put voir un
important ensemble de placards où
éclataient la fraîcheur des inspira'
tions, la jeunesse hardie des idées,
des formes et des couleurs, la nou-
veauté des techniques, voire des es-
thétiques. Ne se rappelle-t-on point,
avec plaisir, V humoriste affiche p.our
une exposition canine ? celle, It/rique
el si intelligente, qui invitait à « Vi-
siter la France » ? cette autre, qui
vantait un célèbre produit de beauté?
ces autres encore, si variées et si in-
ventives, qui annonçaient un grand
journal d'art? Devant le succès moral
et pratiqué remporté l'an passé, le
Salon d'Automne propose aux artis-
tes de recommencer, pour le pro-
chain Salon qui s'ouvrira en novem-
bre.
Comme auparavant, « les projets
présentés peuvent avoir pop sujets
tous les produits réels ou fictifs fa-
briqués par des nmisons existantes
ou imaginaires. » Au surplus, la sec-
tion d'affiche verra, cette année, le
nombre et la valeur de ses prix aug-
mentés considérablement, puisque le
Comité du Salon aura nn total de dix
mille francs à attribuer aux meilleu-
res maquettes. Les affiches « d'ima-
gination » pourront concourir en
même temps que celles à « destina-
tion demandée ». La Ville de Paris,
la Mégie des tabacs, la Chambre de
Commerce de Paris, les laboratoires
Deschiens, les galeries de « peaux-
Arts », sont parmi les premiers et
généreux donateurs de prix.
Enfin, le Salon d'Automne, voulant
rendre hommage aux maîtres de l'af-
fiche organisera, à
ce Salgn 1934, une exposition des
œuvres de Cappicllo,
laquelle sera suivie, les années à ve-
nir, d'expositions d'œuvrês rétros-
pectives de Paul Colin, de Cassandre,
de Carlu, de Loupot, de Sépo.
L'affiche, aujourd'hui, est devenue
un élément aussi plaisant qu'indis-
pensable de la. vie de notre temps.
Peut-être n'u a-t-il plus de badauds,
peut-être le dernier flâneur est-il dis-
paru ù jamais; mais, l'homme de la
rue s'arrête toujours devant un kios-
que, une palissade, un pan de mur,
sur quoi s'étale une belle et bonne
affiche.
Les affiches françaises ont fait
d'énormes et incontestables progrès;
elles sont, depuis quelques lustres,
grâce ù de vrais artistes, les meilleu-
res affiches du monde entier. Leur
succès vient de ce qu'elles sont frap-
pantes, curieuses, amusantes, 4e ee
qu'elles agissent sur le passant par
une simplicité de mogens qui n'a
d'égales que la spontanéité de leur
lecture, la puissance de leur immé-
digte compréhension, l'impossibilité
de les oublier.
Charles Fegdj»!.
La visite des musées
par les écoliers
E 'administration des Beaux-Arts rap-
pelle que les élèves des établissements
d'enseignement supérieur, secondaire ou
primaire, public ou privé groupés soùs
la conduite d'un professeur ou d'un
inaître, bénéficient d'office de la gra-
tuité d'entrée dans les musées et mo-
numents de l'Etat, n'importe quel jour
de la semaine, à la seule condition que
le professeur ou le maître justifie de sa
qualité au moyen d'une attestation dé-
livrée par le directeur de rétablisse-
ment uuqupl il est attaché.
~equT
"REVUE I
DES I
1EUX MONDES
)E))X MES
OCTAVE AUBRY
A Sainte-Hélène
ANDRÉ DJEMAISON
Le Jugement des ténèbres
FIRMIN ROZ
La France mu Canada
Abonn' d'un u Paris 100 fr. Départ" 106 fr.
HHBflH ̃ » ii ii 1 1 HHM
devrait un trait à ce Robin qui, à l'instant
de trépasser, rappela il sa femme « ce qu'il
faudra faire en vendanges », comme Grandet
dit en empirant à Eugénie « Aie bien spin
de tout !» ̃<. ̃ -s-
Ils sont, ainsi, quatre « comme Çran-
det ». Mais Grandet, qui ressemble à çhq-
cun d'eux et qui en diffère pourtant, les a
fait oublier tous les quatre. Pour le pèle-
rin littéraire, son fantôme emplit la ville
de Saumur.
Entre Swann et Guermantes
De même, l'ombre de Marcel Proust, ob-
sède ses lecteurs dans le bourg beauceron
dont sa famille paternelle est originaire;
M. Maurice Sachs en appuyant sa dé-
monstration de photographies prises par
M. Pierre Jonnard le décrit avec pré-
cision dans « 1934 »
C'est Illiers, en Eure-et-Loir, que Proust
a rebaptisé Combray. Le nom de Combray
lui a sans doute été inspiré par un village
appelé Combres, qui n'est pas 1res éloigné
d'IUiors. Or, Illit-rs n'a pas changé depuis
que Marcel Proust y passait ses vacances.
L n'habitait pas, l'été, la. maison de soit
père, mais celle de son oncle, M. Amiot. C'est
au 8 de Factuelle rue du Docteur-Proust que
donne la « vieille maison grise »,
D'Illiers, deux chemins, « sentiers
étroits » mènent « du côté de chez
Swann » et « du côté de Guermantes ».
On trouve, en sortant d'Illicrs, la roiite
lie Méréglisc qui ne conduit pas directement
à Tansonville, où vivait AI. Swann. Ce côté-là,
c'est celui qui tient le plus au cœur de Proust,
et c'est celui de son enfance c'est le pâté
des fleurs, qu'il trouvait tout « bourdon,
nant de l'odeur d'aubépine x.
Le village d'Illiers, M. Maurice Sachs;
voudrait que l'on changeât son noni pour
l'appeler Comhray tellement il est vrai
que les créations de l'ail rivalisent pour
l'intensité de la vie, avec celles du temps
et de la nature.
Mwrice LeyajJlant*
Courrier des Lettres
Pour les jeunes filles
Entre un essai de littérature com-
muniste et nu roman policier, un édi-
tclcr bien connu de la rue de fleaune
vient de faire paraître un petit livre
à couverture originale une Man-
cheur immaculée s'il compose avec
un bleu pâle comme on n'en voit
qu'aux ceintures des enfants de Ma-
rie. Le petit livre s'intitule, d'après
un verset de psaume, Ecoute, ma fille,
et c'est un recueil que M. Paul Clau-
del a fait des pages de son œupre qui
lui paraissent Ies mieux faites pour
être lues par des jeunes f illes. On
voit que la couverture du petit livre
blanc et bleu n'est pas trompeuse.
En présentant cette anthologie au
public, St.. Paul Claudel expliqué com-
ment lui est venue l'idée de la faire.
Une grande organsation catholique a
procédé, parait-il, à une enquête au-
près des jeunes filles et des femmes
françaises pour les interroger sur
leurs goûts et leurs besoins de lectu-
res. La plainte qu'elle a recueillie
presque unanimement est cellerd
« Pourquoi ne s'occupe-t-on pas de
nous davantage? Pourquoi nous mé-
prise-t-on? Pourquoi est-il si difficile
d'ouvrir un livre nouveau dont nous
ne devions aussitôt nous écarter? 1
A quoi M. Paul Claudel a répondu
par cette plaquette à l'usage des âmes
pures.
Il a bien fait, et il me semble qu'il
devrait être imité. Certes, c'est un
cqs spécial que celui du grand poète 1
catholique, ta rencontre était facile
entre son œuvre et le public au de-
vant duquel il s'avance. Mais, au delà c
du cas particulier de M. Claudel et 1
des exigences légitimes du public ca- c
tholique, il est de fait que la littéra- t
ture coiitçiiiporaine se tient fort éloi- 1
gnée du climat intellectuel et moral
où, fort heupeusement, nous gardons
encore la jeunesse. Le culte de la vé-
rité à tout prix mène nos écrivains f
fort loin dans l'exploration des abî- ]
mes. Il n'est pas question de le leur 1
reprocher. Encore moins de leur de- 1
mander d'écrire des livres édifiants. t
Mais justement, pour suppléer aux i
douceâtres insuffisances de la litté-
rature de patronage, certains de nos 1
écrivains et nous pensons aux 1
plus grands ne pourraient-ils pas
faire dans leur œuvre un cleoix de pa-
ges qui donnerait aux jeunes esprits 1
quelque ouverture sur la littérature
digne de pe nom? Qn se plaint que la 1
jeunesse ne lise rien. Qu'on lui donne
quelque chose à lire. Nous somines a
un époque de grands talents. H n'est
pas indigne de ceux-ci de penser aux
jeunes lecteurs de la génération qui
les suft, et qui demain décidera
du sort de leur œuvre devant la pos-
térité.
André Rousseaux.
Un buste d'Etls»r W*W*P? d
à Londres 1
Le célèbre écrivain anglais Edgar F
Wallace, auteur de quelque deux cent
cinquante romans policiers où s'épa- g
nouit une imagination inépuisable, au- p
ra prochainement spn buste à Londres. Il
Et, par une piquante attention, il s'éri-
gera dans Fleet Street, qui est la rue 1
des journaux et où Edgar Wallace fut r
lui-même vendeur de journaux avant 1
de connaître la gloire littéraire. (1
Autre coïncidence plus curieuse en-
core son (échoppe de, marchand faisait
vis-à-vis aye.c les magnifiques' bureaux l,
de; l'Association de la presse, dont le 5
romancier fameux deVait plus fard être .c
le président; l j
Un million de roubles
aux écrivains soviétiques i
Par décision du Conseil des commis- k
saires du peuple en 17.R.S.S-. un fonds
littéraire vient d'être créé, auquel a été a
attribuée, pour l'année 1934, une dota- e
tion d'un million de roubles. f
Ce fonds littéraire est destiné à amé- t
liorer les conditions matérielles des e
membres de J'Union des écrivains so- j
vitiques il est alimenté par des pré- t
lèvements opérés sur les droits dauT
teur, les taxes sur les spectacles, les n
cotisations des membres ainsi que par
une subvention annuelle de l'Etat. s 6
L'écrivain anglais Wells I
À Leningrad p g
L'écrivain anglais Wells a quitté hier â
Moscou pour Leningrad. Avant son dé- c
part, il avait pris part à un banquet >
offert par le Comité du Gosplan. L'am-
bassadeur britannique assistait à ce
banquet. Les Àlguazils.
Au' cas d'abonnement combiné à a
Figaro et à Figaro illustré, prière de x
spécifier nettement si le changement s
doit être observé également pour l'envoi d
de Figaro illustré, qui s'effectue au
début de chaque mois, s
Au jardin des autres
(Revms et Magazines)'
« Moi seul », disaient fièrement les hé-
ros de Corneille. Sommes-nous toujours
seuls, en nous-mêmes ? H semble, à de
certaines minutes, que du fend secret de
nos âmes surgissent, comme pour nous
narguer, les facps grimaçantes d'hôtes
dangereux et imprévus. Si c'était vrai,
pourtant ? 2
« Malveillance 18 »
Oui, si c'était vrai », demande M. Ro-
land Dprgelès, que notre âme fut, plus
qu'elle ne le croit, dans la dépendance de
notre corps ? Que certains microbes, plus
ou moins virulents, devinssent Ja cause
directe des impulsions mauvaises, le fer-
ment des passions humaines et le ressort
caché des crimes ? Sur cette donnée à la
fois philosophique et scientifique il déve-
loppe, dans Noir et Blanc, les péripéties
d'un roman paradoxalement audacieux.
Un jeune savant, Maxime Radee, qui aime
de bousculer les théories établies, et qui
•s'est d'ailleurs illustré en découvrant le
microbe du cancer, vient d'isoler un ba-
cille nouveau, le « bacille du crime»; i!
l'a découvert, multiple et foisonnant, dans
le liquide céphalo-rachidien des criminels
endurcis; et puis horreur! il l'a re-
trouvé, mais rare et affaibli, dans le sang
des plus honnêtes gens
Il fut bientôt ei\ mesure de diagnostiquer
la maïfaisauee exacte d'un sujet d'après la
virulence et le nombre de ses baeilles. Pour
s'appuyer sur des données certaines, il s'at-
taclja ensuite à plasser les souches qu'il avait
recueillies dans les hôpitaux et les prisons.
Les unes provenaient d'individus notoire-
ment tarés, les autres de malades que rien,
sauf l'analyse, ne permettait de classer parmi
les malfaisants. M. Radec put dresser une
êchelle du mal, graduée de un à vingt, qui
commençait aux peccadilles pour s'élever aux
pires forfaits. Trigonot, affreux récidiviste,
•• i 9 1 «* 1 S 3 4
LE CHIFFON DE PAPIER
Si les spécialistes militaires avaient
mieux compris la situation, si
tout pouvait être exprimé par
des chiffres et exécuté par la disci-
pline, ainsi que l'état-major prussien
le croyait, les Allemands auraient
gagné la guerre en trois mois.
Cependant tout, jusqu'au miracle
de la Marne, a une explication psy-
chologique, car les événements dé-
passent le cadre des chiffres et de
la discipline. L'arrêt de la vigou-
reuse avance allemande du 9 sep-
tembre, arrêt qui, pour la deuxième
armée, se transforma bientôt en re-
traite, a ses raisons profondes dgns
le caractère des chefs.
L'empereur à la suite,
L'empereur qui pendant vingt ans
avait menacé le monde de son « sa-
bre étincelant et affichait les uni-
formes les plus extravagants, chef
suprême de l'armée,' quinquagénaire
et bien portant, ne marcha pas avec
son avant-garde, ni même à la tête
d'une de «ses armées», ainsi que
l'avait fait Guillaume I" septuagé-
naire, niais resta à 200 kilomètres
à l'arrière, dans un quartier général
fort confortablement installé. Etant
fjpnné la r»P»dité de l'avance alle-
mande, les communications avec le
front, sj elles n'étaient pas rompues,
étaient du moins fort imparfaites.
On ne savait qu'un ou deux jours
plus tard ce qui se passait au nord,
si le fameux encerclement de l'enne-
mi, prévu depuis vingt ans, était
en bonne voie, et on ne savait même
pas très exactement ce qui se pas-
sait au centre des opérations. La
cadence de l'offensive était si rapide
que tout contrôle s'avéra à peu près
impossible et les chefs neurasthé-
niques s'effrayaient eux-mêmes de la
rapidité de leur succès.
Le chef de l'état-major était un
homipe fatigué et souffrant, que le
kaiser avait littéralement forcé à
prendre la direction des ppérations.,
LA MUSIQUE DES VPWTiS
Installera-t-on des haut-parleurs
dans le métro ?
Quinze jours durant, les « usagers »
du métropolitain ont été régalés, à la
station Çhâtclet, d'airs choisis et de
publicité. sélectionnée, les uns faisant
passer l'autre.
Cette initiative sonore va-t-elle se
généraliser ? On ne le sait encore. Le
premier projet, qui prévoyait l'équipe-
ment en haut-parleurs de toutes les
voitures en service. a été abandonné, en
raison des difficultés techniques qu'il
rencontrait. Mais on envisage la « sono-
risation des principales stations des
quartiers centraux.
Au cours des essais, deux haut-par-
leurs ont été installés au Châtplet» suj.
les stations des lignes 1 et 4, et plu-,
sieurs autres dans les couloirs. Ils ont
diffusé dei disques de danse et les in-
formations d'un speaker, logé dans un
studio improvisé. DJmauçhe, les voya-
geurs purent suivre les péripéties de
l'arrivée du Tour de France. Dirons-
nous que beaucoup d'entre eux en ou-
blièrent de monter en wagon ? 2
Le Conseil municipal et le ministère
des Travaux publics, qui ont suivi les
expériences, décideront de la suite à
donner au projet.
S'iJ est reconnu que les concerts sou-
terrains ne nuisent pas à la circulation
et n'étouffent pas, sous le fracas des
jazz, la petite trompette des chefs de
train, l'autorisation officielle sera don
née incessamment.
L'harmonie ruissellera de nouveau
sous les voûtps blanches. Les amoureux
s'en réjouiront peut-être, blottis dans
l'ombre des appareils à sous. Mais les
philosophes qui gardaient une joie tran-
quille à lire leur journal entre deux
« rames », l'entendront, à coup sûr,
d'une mauvaise oreille. G. R.
Une nouvelle victime
de l'explosion de Mai^ons-Laffitte
Le spld,at Jean-Marie Qupriel, vingt
et un ans, originaire de Priziap (Mor-
bihan), grièvement blessé par l'explo-
sion de l'obus de Maisons-Laffitte, vient
de siicpoinher à ses blessures.
Ce décès porte à dix le nombre des
soldats tués par l'explosion.
tortionnaire, parricide, empoisonneur, vam-
pire, fut inscrit en tête, « Mafaisance 18 »,
et on laissa deux degrés de marge jusqu'à
« Malfaisançe. 20'», pour ne pas décourager
les monstres à venir.
Ces monstres, le hépos, de M. Roland
Dorgelès, se fera fprt de les apaiser au
moyen d'un vaccin. Il devient ainsi le
maître du bien et du mal; cependant ne
causera-t-il pas encore plus de mal que de
bien ? A peine a-t-il divulgué sa déçou-
verte que chacun s'inquiète les consr
ciences les plus pures sont envahies de
scrupules chacun craint que son microbe
ne lui joue de mauvais tours; qui peut
jurer de ne point grimper brusquement de
« Malfaisanpe-traces » ou de « Malfaisance
un dixième » jusqu'à « Malfaisançe 18 »?
Le geôlier de l'Empereur
C'est ce dernier indice que les captifs
de Sainte-Hélène eussent attribué sir
Hudson Lowe; à tort sans doute, car Lowe
n'était pas, à proprement parler, un mé-
chant homme, affirme M. Octave Aubry
qui, dans la Revue des Deux Mondes,
continue de dérouler l'histoire de l'Em-
pereur prisonnier. Mais c'était un mala-
droit, un tatillon, un esprit étroit, rétré-
cissant encore les instructions reçues;
avec cela, un terrible paperassier. M. Oc-
tave Aubry n'en doute plus, après avoir
dépouillé, au British Muséum, les cent
trente-cinq volumes in-folio formés par les
rapports, états, comptes et comptes ren-
dus que, pendant cinq années seulement,
le gouverneur envoya de Sainte-Hélène.
Cet amas de documents recèle de bien pit-
toresques détails tels ceux de îa pre-
mière entrevue qui opposa le Captif et son
geôlier. Hudson Lowe avait débarqué le
15 avril 1816; dès le lendemain, il an*
nonça par un aide de camp qu'il rendrait
« C'est l§ mqpque cte psyçhplpgîe d§s empires çenfrgu*
qui leur a fait perdre la guerre »
car c'était un Moltke, comme l'autre.
Des considérations romantiques et
théâtrales avaient présidé au choix
de cet homme très inférieur à ses
fonctions et qui, six semaines après
la déclaration de guerre, perdit le
contrôle de ses nerfs et fut obligé
de se retirer. Mais pendant les pre,
mières semaines, c'était encore lui
le chef, et comme la prudence impé-
riale le maintenait loin des premiè-
res lignes et que son état de santé
laissait à désirer, il lui fallait un
remplaçant qui ne se contentait pas
d'examiner la situation, mais, chose
incroyable, devait aussi prendre des
décisions l
Désaccord et fautes de tactique
Ce gradé modeste, le lieutenant-
colonel Heutsch, avait été, en effet,
conduit en voiture sur te front, nanti
de pleins pouvoirs pour ordonner
l'arrêt des opérations, soit leur con.
tinuation, selon ce qu'il jugerait op-
portun de faire après en avoir référé
à ses chefs. C'est à tort qu'on l'ac-
cusa plus tard. Ce n'était qu'un ins-
trument, et en sa qualité d'officier,
il ne devait pas reculer devant les
responsabilités. Naturellement, il ne
trouva pas la ligne du front en ordre
mathématique, car le départ de deux
corps et d'une division de cavalerie
pour le front russe sur un ordre
motivé autant par la crainte que par
une raison de prestige avait fait
un trou dans les lignes allemandes.
Chacun des chefs de l'armée alle-
mande avait son opinion sur la situa-
tion créée par ce vide. Bulow était
partisan d'une retraite. Kluck était
pour la continuation de l'offensive.
Le lieutenant-colonel avait toute lati-
tude pour commander aussi bien
M. Jean Chiappe a accepté une confrontation avec Bonny
̃̃ Une cJï^çsu^sïpri v#ti#rnerit0 ̃
M. Jean Chiappe, entendu par M. Nor-
mand, juge d'instruction chargé de l'af-
faire Bonny-Volbcrg, a tout d'abord dé-
claré au magistrat qu'il avait complète-
ment perdu de vue l'inspecteur Bonny
depuis son départ de la Sûreté générale.
Un jour d'avril 1929, l'ancien préfet
de police étant absent de Paris, fut avisé
télëphoniqupment par le directeur des
renseignements généraux, que ses servi-
ces venaient de le saisir d'une grave
affaire de corruption dans laquelle
Bonny était compromis. L'autorité judi-
ciaire ne fut pas saisie, aucune preuve e
n'ayant été alors relevée. On ne connais-
"Sait pa$ alors les documents produits
devant Ja commission d'enquête parle-
mentaire Stavisky. Bonny, sur les ins-
tructions de M. Chiappe, fut cependant
signalé à ses chefs hiérarchiques de la
Sûreté générale, auxquels il appartenait
de prendre une sanction administrative.
« Ainsi, poursuit M. Ghiappc, j'accor-
dais à Bonny, dans une certaine me-
sure, le bénéflee du doute et lui épar-
gnais d'être l'objet d'une information
judiciaire.
» D'autre part, j'invitai M. Perrier à
convoquer Bonny pour lui adresser de
sévères admonestations. Je croyais, en
effet, que ces reproches faits au nom de
son ancien chef, venant s'ajouter à la
sanction administrative, produirait sur
Bonny un effet salutaire et de redresse-
ment moral. »
Quelques jours après, Bonny exprimait
par lettre sa gratitude à M. Chiappe,
mais en travestissant déjà les faits. Il
le remerciait non pas de lui avoir évité
une inculpation judiciaire, mais de n'a-
voir pas cru à l'accusation portée contre
lui et il lui demandait audience. Devant
une telle effronterie, M. Chiappe refusa
de le recevoir.
Contrairement aux allégations de
Bonny, Y°l^el'5i iHd'
Ja prpfecfjjre de ppliae qui, au cqntraire,
a prpvoque son expulsion. Les sursis
dont cet étranger héneficia lui furent ac-
cordés par la Sftreté générale, « l'excep-
tion d'un seul, non renouvelé d'ailleurs,
que le préfet délivra au moment de l'in-
cident Bonny-Volberg, afin que l'expul-
sion ne pût apparaître comme des re-
présailles exercées par Bonny.
En jànvjer 1934, une enquête fut faite
par. M. Mossé sur les instructions de M.
visite au « général » Ip 17, à neuf heures
du matin
L'heure inhabituelle, et que de lui-même
fixait îp gouverneur, déplut à Napoléon. Aussi
quand Lowe descendit de cheval devant le
petit perron de Longwood, dans une bourras-
que de pluie et de vent, Ali lui répondit que
1 Empereur, souffrant, n'était pas encore levé.
Décontenancé, Lowe salua Montholon et Gour-
gaud, et, après avoir en vain insisté fit un
tour dans le jardin et se résigna à aljer chez
Bertrand pour demander quand « le général
Bupnaparte » voudrait le recevoir. Une au-
dience lui fut fixee pour le lendemain à
deux heures.
La conversation, le lendemain, fut as-
sez froide. Lowe n'appela l'Empereur que
« Monsieur ». Son prisonnier lui adressa
des questions courtoises sur ses services
militaires
Puis, des questions personnelles. Lowe
n'est-il' pas marié ? Et comme le gouverneur
répond que lady Lowe l'a accompagne à
Sainte-Hélèiie, Napoléon pousse un soupir
Ah 1 vous avez votre femme vous êtes
heureux. Combien avez-vous d'années de
seryjce ?
Vingt-huit ans.
Je suis donc plus vieux soldat que vous,
j'en ai près de quarante.
L'histoire, dit gauchement Lowc, parlera
de nos services d'unq manière bien différente.
Napoléon sourit, np répond pas. Il dit en-
suite à O'Meara
Je crois que le nouveau gouverneur est
un homme de- peu de mots, mais il paraît
poli. Toutefois, nous ne pourrons le juger
qu'à sa conduite.
Huit jours plus tard, les tracasseries
avaient commencé, Après une seconde en-
trevue, le 30. avril, Napoléon déclarait à
Las Cases •
Quelle sinistre figure que celle de ce
gouverneur C'est à ne pas boire sa tasse de
café, si on avait laissé un tel homme un
instant seul auprès Mon cher, on pourrait
m'avoir envoyé pis qu'un geôlipr.
Il n'en doutait plus le 16 mai, où, dans
un troisième entretien, il demandait à
Lowe s'il « était venu pour être son bour*
reau». Lowe, cependant, s'appliquait à ga-
gner consciencieusement l'argent que lui
versait l'Angleterre. « Logé, chauffé, servi,
l'avance que la retraite. Après mûre
réflexion, il ordonna l'arrêt des opé-
rations, c'est-à-dire le recul de cer-
tains points avancés du front.
Tous les critiques militaires sont
d'accord pour reconnaître l'erreur
de cette tactique et sont persuadés
que c'était Kluck qui avait raison,
La plupart des auteurs français ont
écrit que la bataille était déjà consi-
dérée comme perdue et qu'au début
on ne comprenait pas du tout la
raison du repliement des troupes
allemandes. Si le lieutenant-colonel
avait pris la décision contraire, Pa-
ris aurait sans doute été pris en quel-
ques jours. Le fait que l'issue de la
guerre fut décidée à ce moment ou
que, tout au moins, une victoire alle-
mande devint dès lors impossible, est
imputable au chef suprême de l'ar-
mée et à l'officier supérieur qui com-
mandait en son nom, car ni l'un ni
l'autre n'avait envie de faire person-
nellement une tournée d'inspection
générale sur le front.
Erreurs politiques
Par la suite, des erreurs politiques,
commises tant à Berlin qu'à Vienne,
contribuèrent à la perte définitive
de la guerre. La première de ces
erreurs fut de ne pas avoir conclu
une paix séparée avec les Serbes
vaincus, ainsi que le proposait en
J916 le comte Mptternich au sous-
secrétaire d'Etat von Jagow. En
effet, l'esprit de cet homme inca-
pable de penser autrement que
comme un manuel d'histoire, répu-
gna une telle solution aucun pouce
de la terre où était tombé un soldat
allemand ne devait être rendu à
l'ennemi. La deuxième erreur fut
Plytas, inspecteur général des services
administratifs au ministère de l'inté-
rieur, sur l'affaire Volherg. M. Chiappe
ne s'est jamais préoccupé de savoir à
la suite de quel incident ou de quelle
dénonciation M. Plytas prit cette initia-
tive. Seuls MM. Plytas et Mossé sont qua-
lifiés pour fournir des précisions à cet
égard.
L'affaire Volberg était alors complè-
tement oubliée à la Préfecture de police.
On finit cependant par localiser l'affaire
et les fonctionnaires qui avaient connu
l'incidenf en 1929 établirent de mémoire
un rapport qui fut remis à l'inspecteur
aéiréral. ,-M.^iChiappe n'eut connaissaiiee
de ce rapport qu après que cette remise
Put ^té. eltpc.tjUée. ̃
« Cç simple rappel des faits, précise
M. Cliiappe, prouve qu'on ne peut y dé-
couvrir la moindre vengennec 4e ma part.
D'abord ce n'est pas mon caractère
ensuite Bonny est vraiment un trop pe-
tit monsieur. Me venger de lui, c'eût été
lui faire trop d'honneur.
» Sans d'JUte, j'ai été écœuré qu'un
fonctionnaire, înèmc subalterne, de la
Sûreté générale !>e soit laissé aller, pour
des raisons nue je ne m'explique pas en-
core, à solliciter des déclarations ten-
dancieuses d'un témoin. Acte vraiment
inouï qui s'aggrave encore du fait que le
témoin, refusant de signer ces déefara-
tions, Bonny n'a pas hésité à en pren-
dre acte en dehors de la procédure, en
violation He toutes les règles et contrai-
rement il tons les précédents. Cet écœu-
rement, je l'ai exprimé à M. le président
du Conseil et à M. Mossé, mais il ne
laissait place à aucun autre sentiment.
Il n'y avajt en moi que du dégoût. ai
M- Chiappp est appelé ensuite for-
muler une appréciation générale sur
Bonny. Il le représente comme un ins-
pecteur audacieux et entreprenant, ayant
de l'allant et de l'initiative, mais dont
l'activité devait être étroitement sur-
veillée. Mnljtrc ses qualités profession-
nelles, il n'inspirait pas à son chef un
sentiment de sécurité absolue.
M. Chiape proteste
M. Normand ayant cru devoir procé-
der à une confrontation, M. Chiappe tient
h élever une protestation dont il réclame
l'insertion au proçès-verbal.
« Jfe confronter avec Bonny, monsieur
le juge, je veux bien y consentir par
approvisionné aux frais du gouverne-
ment », il touchait, à Sainte-Hélène, feutre
sa solde de lieutenant général, qui était de
deux mille livres, nue indemnité annuelle
de 300.000 francs or, qui feraient à peu
près trois millions aujourd'hui. En cinq
ans, il allait devenir riche; mais les An-
glais eux-mêmes lui ont fait le reproche
qui convenait il n'était pas, il ne devint
jamais « un gentleman ».
Il n'est pas toujours facile d'évaluer, en
notre monnaie d'aujourd'hui, les epinptes
d'autrefois. M. Chaboseau vient de réussir
ainsi à préciser dans le Mercure de France
les sommes que la protection de Colbert
assura honnêtement à Racine. Les tragé-
dies, au grand siècle, rapportaient des
droits d'auteur extrêmement maigres
d'Andromaque, Racine ne retira .que deux
cents livres, mais AndrQimque 'le con-
firma dans l'amitié de Colbert qui tenait
la feuille des pensions et gratifications lit-
téraires et qui, dès l'année 1660 Racine
avait vingt ans et venait de composer
pour le mariage du roi, l'Ode à la Nymphe
de la Seine –r, t'avait fait « coucher sur
l'état »
En pensions et gratifications officielles.
Racine, à partir de 1.6Q0 inclusivement, tou-
cha, grâce à Colbert, 65.200 livres, soit envi-
ron 613.000 francs actuels. Il s'en faut que
ce soit tout. Une charge de trésorier de Fran-
ce au bureau des finances de Moulins étant
devenue vacante, une part de quatre mille
livres sur cent mille en fut acquise par Ra-
cine sur le conseil de Colbert. Mais l'année
d'aprçs, le poète fut remis en possession de
ses quatre mille livres, sans perdre son droit
au vingt-cinquième des bénéfices produits
par la charge. Or, les trésoreries de France
étaient d'un gros et sûr rapport.
Çolbért eût pu placer plus mal .et son
admiration, et les bienfaits du roi. A cette
amitié qui les honore tous les deux, Ra.
cine rêva sans doute avec mélancolie plus
d'une fois dans cette maison qu'on peut
voir encore rue Visconti, où il moiirut
quelque quinze ans après Colbert.
Par M< LUDW"
commise par Vienne, qui s,e refusait
à faire la moindre concession aux
nationalités de la monarchie, aspi-
rant toutes à l'indépendance. Cet
état de choses produisait des dé-
secteurs sur une grande échelle, mi-
nait le moral de l'arrière, facilitait
le travail d'un Masaryk et d'un Be-
nès réfugiés à l'étranger, au point
que la désagrégation de la monarchie
devenait inévitable.
La troisième erreur incombe à la
direction de la flotte allemande.
L'amiral Tirpitz, qui réclamait la
bataille contre la flotte anglaise, fut
congédié par son monarque timoré
la flotte resta dans l'inaction, et on
attendait un miracle des sous-marins,
arnie neuve qui, au début de la
guerre, n'était représentée que par
quelques unités. Ainsi, la peur et le
romantisme, traits fonciers du carac-
tère de Guillaume II, aboutissaient
à une politique maritime complète-
ment fausse. Erzberger et Rathenau
avaient prédit l'entrée en guerre de
l'Amérique à la suite de la guerre
sous-marine. Les chefs de la marine
avaient juré de faire plier les genoux
à l'Angleterre en « l'espace de cinq
mois», et l'un de ces grands pro-
phètes s'écriait au Reichstag « Qù
sont donc les vaisseaux des Améri-
cains ? C'pst sans doute par la voie
des airs qu'ils se proposent de tra-
verser l'océan !»
Enfin, le général von Ludendorff,
devenu dictateur politique, fit preuve
d'un tel manque de prévoyance qu'il
transforma en un redoutable danger
la véritable bénédiction que devait
être pour son armée la révolution
russe, en permettant au chef prédes-
tiné de cette révolution de rentrer
déférence pour la justice et par respect
pour votre personne. Mais je ne pensais
vraiment pas que les règles judiciaires
pourraient accorder à ce fonctionnaire
subalterne, devenu 'inculpé, l'honneur
d'être mis en ma présence.
» La commission parlementaire Sta-
visky a évité aux chefs de service toute
confrontation de nature à porter atteinte
au prestige de leur fonction.
» Je regrette que vous n'aye? pas fait
comme elle.
» J'ai Je devoir, en souvenir des
hautes fonctions que j'ai exercées et par
simple souci de mp< dignité, d'élever
devant vous, une énergique protesta-
tion. »
La confrontation lieu ensuite, elle
provoque des questions insidieuses de
l'avocat de l'inculpé. M" Philippe La-
mour, au sujet des missions concernant
les affaires Annezin et Charost, et d'une
somme de huit mille francs. M. Chiappe
invoque le secret professionnel.
Bonny veut parler, mais l'ancien préfet
lui crip
Vous êtes un bandit t
L'avocat demande l'expertise de la comp-
tabilité de Volberg et l'extradition de
ce dernier. Tout ceci est renvoyé à la
rentrée d'octobre.
Schnaerts s'amuse
C'est par un éclat de rire que le
témoin Schnaerts a répondu à la ques-
tion de M. Prdonneau «
Vous avez promis des révélations
aux journaux, je vous écoute.
Les journalistes nui sont venus me
voir voulaient que je dise quelque
chose pour leur faire plaisir, j'ai ré-
pondu oui à toutes les questions qui
m'ont été posées.
Kt le témoin précise
Je n'ai jamais déclaré que M. Ca-
iniUe AymarcJ était al|é à Biarritz qu
ailleurs avec Stavisky.
» Vous me mettez sous les yeux un
talon de chèque qui ne porte ni grat-
tages ni ratures j'y vois un T et non
un B, comme je l'avajs cru. J'ai dit
qu'il s'agissait d,un Achille B. et je
pensais à Bardi de Fortou. Il doit s'agir
d'une personne qui a travaillé pour la
Sapiens et pour la Sj.LM.A. »
M. Ordonneau n'a pas insisté.
La fortune de Racine
Balzac et les quatre Grandet
Dans les vieilles maisons flotte l'âme
de ceux qui les habitèrent autrefois. Parce
qu'il n'en doute point, M. Paul-Emile Ca-
dilhac a fait aux anciens quartiers de
Saiimur un pèlerinage littéraire qu'il conte
dans l'Illustration. Pour fêter le cente-
naire d' « Eugénie Grandet », il a recher-
ché la demeure où l'imagination de Ral-
zac logea le célèbre avare; il croit l'avoir
dénichée au n° 36 de la « longue et triste »
Grande-Rue
La pierre est du tuffeau, la porte en chêne
massif, fendillée, brunie, avec un énorme
marteau en forme de clou, un bas-relief cou-
rant au-dessus d'elle et l'on s'attend pres-
que à voir la grande Nanon surgir à quelque
ienêtre. Mais voici où la chose tient presque
du miracle. Poussez le lourd vantait et, sou-
dain, vous apercevrez « au fond d'une voûte
obscure et verdâtre quelques marches dégrat-
dées ». Les marches qui conduisent, dans
le roman, au jardin. Ici, il n'y a pas de jar-
din, mais il est vraisemblable qu'il y en eut
un jadis. Fait troublant on compte ici huit
inarches, le même nombre que Balzac assi-
gne aux degrés disjoints menant au jardin
d'Eugénie. Balzac connut-il cotte maison ?
C'est probable
C'est sûr qu'il connut le père Niveileau,
avare fameux dans toute la région; pour
entendre parler de lui et pour préparer
son roman, il s'installa à dix kilomètres de
la ville, dans le domaine dfc la Mimerolle,
qui appartenait à un de ses amis. Nivel-
lean, millionnaire et fesso-mathieu, fut son
modèle principal non toutefois son mo-
dèle unique. Dans une lettre à Mme Car-
raud, il cite « un épicier en boutique, à
Tours, qui a 8 millions; un M. Eynard,
simple colporteur, qui en a 20 » et qui
spécula sur la rente. Et de trois. Mme
Carraud, enfin, dans une lettre inédite pu-
bliée naguère par M. Marcel Bouterqn, évo*
qi|e plusieurs avares:
bip, oncle dn capitaine Périolas, bien connu
de Balzac avec qui il avait dû souvent en ba-
varder. La mort, de Grandet, notamment,
en soh pays en train blindé, Ce fai-
sant, il pensait sans. doute à la lé-
gende du cheval de Troie, mais en
fait d'Ulysse, il n'y eut cette fois
qu'un cheval.
Les bévues de l'esprit prussien
Toutes ces erreurs furent encore
accentuées, par une série de gestes
et de déclarations symboliques. On
chercha des excuses à l'horreur de
la guerre avec des arguments philo-
sophiques. Certes, les chefs alliés ne
faisaient guère preuve de plus d'hu-
manité et de compassion que les Al-
lemands, puisqu'on disait partout
« A la guerre comme à la guerre »
et les mensonges et les atrocités
étaient aussi le fait des Alliés. Cepen-
dant, ces derniers s'étaient montrés
infiniment plus sages en prononçant
certaines déclarations ou en com-
mettant certains actes que le monde
percevait beaucoup plus nettement
que l'horreur du chaos des batailles.
Ils n'avaient pas, comme les Alle-
mands dans l'affaire Cavell, pronon-
cé avec fracas des condamnations à
mort devant la conscience univer-
selle ils n'avaient pas perpétré des
attaques semblables à celles des Al-
lemands coulant le Lusitqnia. {.es-
prit prussien tout entier, inféodé à
l'épée, se méprenait sur la valeur
psychologique des actes et des mots.
Au sein du peuple dont la langue
est la plus riche en nuances, les chefs
parlaient d'une guerre sous-marine
sans merci et qualifiaient les traités
de « chiffons de papier». Leurs ad-
versaires avaient sans doute, eux
aussi, au cours de leur histoire,
rompu des traités et mené des guer-
res sans merpi, mais ils avaient em-
ployé d'autres termes pour désigner
ces actions.
C'est leur manque de psychologie
qui devait faire perdre la guerre aux
empires centraux.
Emil Ludwig.
(Copyright by Agence Littéraire Inter-
nationale, 4 et 6, place du Panthéon.)
L'affaire de la France
mutualiste
Le Garde des sceaux a appelé tout
particulièrement l'attention du procu-
reur général près la Cour d'appel de
Paris sur la nécessité de suivre, avpp
tout le soin et toute la diligence néccs-
saires, l'affaire de la France mutua-
liste ».
Quatre procédures ont été successive-
ment ouvertes concernant la gestion et
les opérations de cet organisme. Le juge
d'instruction poursuit sa tAche avec di-
ligence. Il sera au besoin déchargé d'un
certain nombre d'autres affaires, afin
d'employer tous ses instants et tous ses
soins à la clôture rapide de cette infor-
mation.
Le procureur général, sur les instruc-
tions du Garde des sceaux, vient d'invi-
ter, d'autre part, les experts à conduire
leurs opérations avpc la plus grande
diligence et à déposer leurs rapports
dans le moindre délai possible.
Le ministre de la Justice estnne que
la nature et l'importance de cette affai-
re, le nombre des victimes, particulière-
ment dignes d'intérêt en leur qualité
d'anciens combattants, commandent de
la suivre avec une vigilance particu-
lière.
La « manifestation kmk »
Les socialistes et les communistes,
unis de nouveau, dans le désordre, ont,
malgré l'interdiction préfectorale, mant-
festé, hier soir, devant le café du Crois-
sant, où. le 31 juillet 1914, Jean Jau-
rès fut assassiné.
Le rendez^yQUS était fixé ppur 18 heu-
res. Les « camarades » y trouvèrent,
d'abord, la pluie. IJne pluie viglepte,
échappée d'un ciel déchiré d'éclairs. Ce
fut un véritable envol de moineaux qui
facilita b.eaucup la tâche des agents.
réunis en nombre imposant rue Mont-
martre.
MM. Marty et Zyromsky apportèrent
une couronne de roses rouges qui fut
déposée devant la plaque commémora-
tive par des militants juchés sur une
échelle, mais ils durent ravaler leurs
discours impitoyablement sabotés par
l'averse.
Elle évoque, en particulier, nn certain Ro-
Coyrrier des Arts
Les affiches
et le prochain Salon d'Automne
Le Salon d'Automne a été le pre-
mier grand Salon à créer une section
de l'affiche. Cette section a en vue
f de faciliter la mise en lumière des
jeunes artistes qui désirent se tconsa-
crer à l'affiche ».
L'année dernière, trois salles lui-
furent réservées, et on put voir un
important ensemble de placards où
éclataient la fraîcheur des inspira'
tions, la jeunesse hardie des idées,
des formes et des couleurs, la nou-
veauté des techniques, voire des es-
thétiques. Ne se rappelle-t-on point,
avec plaisir, V humoriste affiche p.our
une exposition canine ? celle, It/rique
el si intelligente, qui invitait à « Vi-
siter la France » ? cette autre, qui
vantait un célèbre produit de beauté?
ces autres encore, si variées et si in-
ventives, qui annonçaient un grand
journal d'art? Devant le succès moral
et pratiqué remporté l'an passé, le
Salon d'Automne propose aux artis-
tes de recommencer, pour le pro-
chain Salon qui s'ouvrira en novem-
bre.
Comme auparavant, « les projets
présentés peuvent avoir pop sujets
tous les produits réels ou fictifs fa-
briqués par des nmisons existantes
ou imaginaires. » Au surplus, la sec-
tion d'affiche verra, cette année, le
nombre et la valeur de ses prix aug-
mentés considérablement, puisque le
Comité du Salon aura nn total de dix
mille francs à attribuer aux meilleu-
res maquettes. Les affiches « d'ima-
gination » pourront concourir en
même temps que celles à « destina-
tion demandée ». La Ville de Paris,
la Mégie des tabacs, la Chambre de
Commerce de Paris, les laboratoires
Deschiens, les galeries de « peaux-
Arts », sont parmi les premiers et
généreux donateurs de prix.
Enfin, le Salon d'Automne, voulant
rendre hommage aux maîtres de l'af-
fiche organisera, à
ce Salgn 1934, une exposition des
œuvres de Cappicllo,
laquelle sera suivie, les années à ve-
nir, d'expositions d'œuvrês rétros-
pectives de Paul Colin, de Cassandre,
de Carlu, de Loupot, de Sépo.
L'affiche, aujourd'hui, est devenue
un élément aussi plaisant qu'indis-
pensable de la. vie de notre temps.
Peut-être n'u a-t-il plus de badauds,
peut-être le dernier flâneur est-il dis-
paru ù jamais; mais, l'homme de la
rue s'arrête toujours devant un kios-
que, une palissade, un pan de mur,
sur quoi s'étale une belle et bonne
affiche.
Les affiches françaises ont fait
d'énormes et incontestables progrès;
elles sont, depuis quelques lustres,
grâce ù de vrais artistes, les meilleu-
res affiches du monde entier. Leur
succès vient de ce qu'elles sont frap-
pantes, curieuses, amusantes, 4e ee
qu'elles agissent sur le passant par
une simplicité de mogens qui n'a
d'égales que la spontanéité de leur
lecture, la puissance de leur immé-
digte compréhension, l'impossibilité
de les oublier.
Charles Fegdj»!.
La visite des musées
par les écoliers
E 'administration des Beaux-Arts rap-
pelle que les élèves des établissements
d'enseignement supérieur, secondaire ou
primaire, public ou privé groupés soùs
la conduite d'un professeur ou d'un
inaître, bénéficient d'office de la gra-
tuité d'entrée dans les musées et mo-
numents de l'Etat, n'importe quel jour
de la semaine, à la seule condition que
le professeur ou le maître justifie de sa
qualité au moyen d'une attestation dé-
livrée par le directeur de rétablisse-
ment uuqupl il est attaché.
~equT
"REVUE I
DES I
1EUX MONDES
)E))X MES
OCTAVE AUBRY
A Sainte-Hélène
ANDRÉ DJEMAISON
Le Jugement des ténèbres
FIRMIN ROZ
La France mu Canada
Abonn' d'un u Paris 100 fr. Départ" 106 fr.
HHBflH ̃ » ii ii 1 1 HHM
devrait un trait à ce Robin qui, à l'instant
de trépasser, rappela il sa femme « ce qu'il
faudra faire en vendanges », comme Grandet
dit en empirant à Eugénie « Aie bien spin
de tout !» ̃<. ̃ -s-
Ils sont, ainsi, quatre « comme Çran-
det ». Mais Grandet, qui ressemble à çhq-
cun d'eux et qui en diffère pourtant, les a
fait oublier tous les quatre. Pour le pèle-
rin littéraire, son fantôme emplit la ville
de Saumur.
Entre Swann et Guermantes
De même, l'ombre de Marcel Proust, ob-
sède ses lecteurs dans le bourg beauceron
dont sa famille paternelle est originaire;
M. Maurice Sachs en appuyant sa dé-
monstration de photographies prises par
M. Pierre Jonnard le décrit avec pré-
cision dans « 1934 »
C'est Illiers, en Eure-et-Loir, que Proust
a rebaptisé Combray. Le nom de Combray
lui a sans doute été inspiré par un village
appelé Combres, qui n'est pas 1res éloigné
d'IUiors. Or, Illit-rs n'a pas changé depuis
que Marcel Proust y passait ses vacances.
L n'habitait pas, l'été, la. maison de soit
père, mais celle de son oncle, M. Amiot. C'est
au 8 de Factuelle rue du Docteur-Proust que
donne la « vieille maison grise »,
D'Illiers, deux chemins, « sentiers
étroits » mènent « du côté de chez
Swann » et « du côté de Guermantes ».
On trouve, en sortant d'Illicrs, la roiite
lie Méréglisc qui ne conduit pas directement
à Tansonville, où vivait AI. Swann. Ce côté-là,
c'est celui qui tient le plus au cœur de Proust,
et c'est celui de son enfance c'est le pâté
des fleurs, qu'il trouvait tout « bourdon,
nant de l'odeur d'aubépine x.
Le village d'Illiers, M. Maurice Sachs;
voudrait que l'on changeât son noni pour
l'appeler Comhray tellement il est vrai
que les créations de l'ail rivalisent pour
l'intensité de la vie, avec celles du temps
et de la nature.
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