Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1928-03-17
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 mars 1928 17 mars 1928
Description : 1928/03/17 (Numéro 77). 1928/03/17 (Numéro 77).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LOUÉ PAR CEUX-CI, BLAMÉ PAR CEUX-LA.ME MOQUANT DES SOTS, BRAVANT LES MÉCHANTS,
JE ME PRESSE DE RIRE DE TO0T.». DE PEUR D'ÊTRE OBLIGÉ D'EN PLEURER.
̃̃*̃ >; ;̃' A Beaumarchais» ̃ ̃̃•̃
PuBfications Annexes LE Figaro Littéraire,
LE Figaro Artistique liïustre'. LE Figaro des Etats-Unis,
La Page Cofoniafe.
Éaîte én t'Hôtet du FIGARO
Ï4, Rond-Point des CBamps'Efysées. Paris C& Arronct.j\
lo3* Anne* » J$° 77 de 1928
LE. NUMÉRO
3O
CENTIMES
en Franc*
LE NVM£F\O
3O
CENTIMES
mn France
SAMEDI 17 MARS 1928
SAMEDI 17 MARS 1928
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LE COMMUNISME AUX CHAMPS
«tmtt<«t–
Vf.– La surenchère comrnaniste écrase les carteItistea, ~`
"ttt
Après avoir, par leurs ma-
nœuvres concertées, fomenté
la guerre dans les Landes en-
tre les propriétaires du sol d'une part,
les métayers et les ouvriers agricoles
d'autre part, les politiciens démagogues
et les agents communistes ont entrepris
d'exploiter la situation pour leurs fins
respectives.
Les chasseurs de mandats ont choisi
comme tremplin pour les prochaines
élections la revision de la loi sur le bail
à colonat partiaire ou métayage. Pro-
gramme pour personnes pâles.
Les gens de Moscou, plus nets, col-
portent et commentent leur devise « le
champ à celui qui le cultive, la forêt à
celui qui l'exploite ». Tous les diman-
ches, par groupes de trois, selon la
règle d'une congrégation célèbre, ils
s'installent dans les auberges et se mê-
lent aux conversations pour y jeter le
venin ils vont de métairie en métairie
recruter des adhérents et recueillir des
cotisations (hommes, 5 francs par mois;
femmes, 3 francs); les simples «sym-
pathisants ne sont pas taxés on les
autorise à ne pas manifester leurs opi-
nions, ou même on le leur recommande.
Les ouvriers du Boucau affirment qu'il
y a de ces « sympathisants » parmi les
ingénieurs, et que le Parii pourrait ain-
si faire marcher les usines à la barbe
des patrons dépouillés. =
Toutes les réunions, jusqu'aux ma-
riages, baptêmes, premières comjgyj,
^nions, sont autant d'octf^js«ï^dr pro-
pâgajde J^ojj^y-^î'^tî » rua des tracts et
la Voix paysanne j organe hebdomadaire
du député Renaud Jean on en distri-
bue dans les cabarets, sur les champs de
foire on en distribue aux conscrits,
tant à domicile qu'autour du conseil de
revision. La Jeunesse communiste du
Boucau va donner des représentations
« dramatiques » dans les bourgades
on voit sur la scène les officiers mal-
traitant le pauvre soldat dans la caser-
ne la victime va se consoler chez le
marchand de vins, où viennent l'assié-
ger lé Prêtre et le Banquier cédera-t-il
à leurs séductions, pour défendre l'Au-
tel, et le Coffre-fort ? Non, -car un ou-
vrier surgit, qui lui rappelle son devoir
prolétarien. Le soldat, foulant aux pieds
son fusfl, écrase de ses poings les sinis-
tres tentateurs. Acclamations. Interna-
tionale. Et les cabotins amateurs vont
recommencer plus loin.
Dans chaque commune du départe-
ment, une cellule bolcheviste groupe et
surexcite les mécontentements, les cu-
pidités, les fanatismes.; on y trouve les
métayers quï veulent (en dépit de Karl
Marx) devenir propriétaires de leur mé-
tairie, des instituteurs, agents des pos-
tes, cantonniers, les mauvais gars du
village et, ce qui est plus triste, des jeu-
nes gens sincères, en proie à la mysti-
que révolutionnaire.
De doctrine, ils n'en ont guère. « Ce
qu'ils veulent, disàit un paysan de
grand cœur et d'esprit droit, ce qu'ils
veulent, c'est le mal des autres. »
Formule simple, juste, définitive.
Dans l'arrondissement de Dax, M.
Renaud Jean a donné dernièrement
l'investiture électorale au citoyen Bébé,
patron maraîcher, maire de Tranos,
candidat aussi puéril qW son nom,
c'est-à-dire excellent fantoche aux
mains de ceux qui tirent les ficelles. Le
scrutin permettra de recenser la mino-
rité violente qui a terrorisé dans les der-
niers troubles une immense majorité
d'honnêtes gens il permettra aussi de
voir quelles communes posséderont de-
main des municipalités moscoutaires,
bien que les métayers s'y fassent cou-
ramment de 30,000 à 50,000 francs par
ah et possèdent une part de cheptel de
20,000 francs ou davantage.
Les détraqués de certains salons pa-
risiens n'ont pas, en effet, le monopole
d'être à la fois capitalistes et commu-
nistes. L'exemple de la commune d'Ygos
montre les conséquences pratiques de
ces aberrations.
Jusqu'en 1925, Ygos, petit bourg voi-
sin de Mont-de-Marsan, n'avait pas
d'histoire. On y vivait heureux. Grâce
aux prix atteints par la résine, les mé-
tayers, logés, nourris sur les produits
du. domaine, gagnaient tout net une
moyenne de quarante niille francs.
Le maire était M. Lamarque, gros
propriétaire, conseiller d'arrondisse-
ment. Venu dans le pays en qualité de
scieur de long, les pieds dans des sa-
bots qu'il,avait lui-même taillés, il avait
fait fortune il trouvait donc certains
avantages à l'ordre capitaliste mais il
voulait les accroître par la conquête du
pouvoir politique, et il lia partie avec
cet autre politicien, M. Bouyssou, pour
l'exploitation de la démagogie.
Nous avons vu, dans le précédent ar-
ticle, comment ces cartellistes sollici-
tèrent ou subirent le concours de la
C. G. T., de l'Espagnol Viro, des ci-
toyens Jouhaux, Desarmeniens et au-
tres on créa des syndicats rouges on
rédigea des modèles nouveaux de con-
trats qui, d'abord, remplaçaient par
une redevance fixe certaines corvées ou
redevances aléatoires qui, un peu plus
tard, limitèrent le droit du propriétaire
à disposer de son domaine. Les pro-
priétaires, naturellement, résistent la
grève est déclenchée des sommes con-
sidérables sont perdues de ce fait, et
les grévistes, comme métayers, suppor-
tent la moitié du dommage une tran-
saction termine la crise mais l'agita-
tion demeure dans les esprits.
Les communistes s'étaient tenus jus-
que-là dans la coulisse alors ils en-
trent en scène. Le chef de leur propa-
gande aux champs, le député Renaud
Jean, vient en personne expliquer dans
les réunions publiques la vanité de ces
petites chicanes et l'impuissance des
politiciens il ne s'agit pas d'ergoter
sur le partage des récoltes il s'agit de
prendre tout, la terre et son produit, et
de le prendre au besoin par la force,
« à coups de mitrailleuses ». Vo/îà qui
est parler franc. Le maire cartellis la et
gros propriétaire Lamarque juge évi-
demment que ses ailles vont fort i? est
dépassé il ne compte plus il a le sort
de tous les autres démagogues arrivé^
par la surenchère et vû-time;; à Je{jr
tour de la s'irench^j", -̃••$Q;>
« Prenez Jes'inairies,-?' recommpni.îe
M. Renaud J( jO^Sx* paysans, à ous
crai^npr~rfe Iff'étre pas à la hauteur,
nafts vous enverrons quelqu'un pour
vous assister. s
Aussitôt des cellules et des noyaux
se constituent dans toutes les commu-
nes les groupes s'affilient à la Mu-
tuelle fédérale et à l'Union des Paysans
travailleurs. (Signalées dans notre qua-
trième article, Figaro, 29 février.) Les
cartellistes et les cégétistes perdent
toute influence une « ceinture rouge »
entoure les villes et les bourgs la pro-
messe d'une codification nouvelle du
métayage est tournée en dérision c'est
l'abolition de la propriété qu'on exige.
Pour le cas si fréquent des incendies
de forêts, les cégétistes avaient de-
mandé que la vente des pins brûlés ser-
vjtji indemniser, le métayer réduit au
chômage. Maintenant, les communistes
réclament la copropriété des arbres «.
c'est déjà mieux. Demain ils usurperont
la propriété totale, sans indemnité.
Si, grâce à l'appui du paysan séduit
par un partage de butin, le commu-
nisme établit sa dictature, son premier
acte sera logiquement de dépouiller le
paysan lui-même, resté ou devenu pro-
priétaire.
Et le paysan trouvera qu'il a changé
de maîtres, qu'il a trahi et sacrifié des
maîtres faciles, contenus d'ailleurs par
la loi dans des limites raisonnables,
pour se donner des tyrans sans frein
et sans pitié. Traité comme l'ont été les
moujiks, il se révoltera comme le font
en ce moment les moujiks.
Et par une voie sanglante parcourue
deux fois, nous reviendrons au point
de départ. Révolution, contre-révolu-
tion, toujours de la, souffrance et des
ruines.
François Coty.
-s^s^
Remboursement
d'un è^|*ruîit français
New- York, 16 mars. La maison Mor-
gan, agissant pour le compte du gouverne-
ment français, a opéré le remboursement
de l'emprunt français de 100 millions de
dollars à 8 0/0 émis à New-York en 1920.
Par le moyen du fonds d'amortissement,
le montant de cet emprunt avait été ré-
duit à environ 70 millions de dollars lors-
qu'arriva la date du rachat.
C'est la plus grande opération de rem-
boursement qui ait jamais été effectuée
ici par un gouvernement étranger sans re-
courir à une vente publique ou à une nou-
velle émission.
Cette opération de remboursement re-
présente toutefois de l'argent nouveau, car
l'entreprise était financée par la vente de
bons français 5 0/0, d'une valeur de 75
millions de dollars à la compagnie suédoi-
se des allumettes, dont cinquante mil-
lions sont passés à la corporation inter-
nationale des allumettes qui est la filiale
américaine de la Compagnie des allumet-
tes.
VACANCES DE PAQUES
tes Voyages du « figaro »
LE FIGARO
Fondé le 14 Janvier 1826
Anciens Directeurs H. DE VILLEMESSANT,
F. MAGNARD, G. CALMETTE, A. CAPUS,
R. de Flers.
ADMINISTRATION RÉDACTION PUBLICITÉ ANNONCES
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LES AFFAIRES EXTERIEURES
DIX ANS APRÈS^
Il,y a dix ans, la Russie soviétique si-
gnait la paix de Brest-Litovsk. L'anniver-
saire de ce traité déshonorant est peu cé-
lébré. Il mérite cependant que, pour leur
édification, les peuples ne l'oublient pas.
La révolution soviétique était alors accom-
plie. Mais l'Allemagne qui l'avait provo-
quée, en faisant venir Lénine en wagon
plombé de Suisse à Moscou, voulait tirer
de ce bouleversement tous les avantages
qu'elle avait escomptés. Il ne lui suffisait
pas que Trotsky eût ordonné la démobi-
lisation complète et déclaré l'état de guer-
re terminé. Elle voulait un traité elle
l'eut, et un journal allemand déclara alors,
bien que les Empires centraux en fussent
les bénéticiaires, que c'était sans doute la
conclusion de paix la plus extraordinaire
de l'Histoire.
Bien que la Russie, sous la direction des
Soviets, fût écroulée dès février, l'Allema-
gne reprit les hostilités et annonça qu'elle
les continuerait jusqu'à ce qu'un traité fût
signé. L'arrivée même de la délégation
russe à Brest-Litovsk n'arrêta pas la mar-
che germanique. Il fallut que la Russie
soviétique acceptât toutes les clauses im-
posée par l'Allemagne. Elle renonçait à
la-Pologne, à la Li'huanie, à la Courlande.
Elle promettait l'évacuation de l'Anatoliel
et l'abandon de Batoum à la Turquie elle'
î^i gageait à évacuer l'Ukraine, la Fin-
Ktfide, l'Esthonie, la Livonie, les îles d'Aa-
land. Le Reichstag ratifiait le 16 mars
1918 ce traité et se félicitait de l'œuvre
grandiose que l'Allemagne venait d'accom-
plir grâce aux Soviets.
Les Alliés, eux, que la trahison bolche-
viste mettait dans une situation si diffi-
cile, et qu'elle menaçait si gravement, se
réunissaient à Londres. Ils rendaient hom-
mage à la Pologne et à la Roumanie, et
ils refusaient de reconnaître cette paix
« de spoliation et de mensonge ». La ré-
volution soviétique causait l'effondrement
de l'Europe orientale. Elle ruinait un long
effort. Elle ouvrait une nouvelle période
d'Histoire.
Dix ans après ce traité humiliant, grâce
auquel les dirigeants de la III0 Internatio-
nale se sont maintenus au pouvoir, où en
est le malheureux peuple russe ? Privé des
libertés dont jouissent les autres peuples,
il est voué à la misère et à la souffrance,
il manque des produits les plus nécessai-
res, il voit périr toute l'économie natio-
nale.
Et l'Allemagne qui a été l'inspiratrice
de ce désastre, et qui s'est servie de la Rus-
sie tant qu'elle a pu pour ses armements^
commence à- •sentir les inconvénients,
d'avoir pour voisin un pays où il y a une
dictature terrible, mais où il n'y a pas de
loi. Les protestations très vives que Berlin
fait entendre à Moscou au sujet de l'affaire
du Donetz attestent que l'Allemagne se
rappelle les dangers du bolchevisme
qu'elle oubliait volontiers quand elle n'en
souffrait pas. Berlin aujourd'hui menace
Moscou de rompre les négociations com-
merciales et peut-être même les relations
diplomatiques. Le précédent de Brest-
Litovsk agit comme un châtiment Berlin
sait qu'il peut tout#; se permettre avec
Moscou. A. G.
AU JOUIR LE JOUR
Vladislas et Sigismond
Ils sont deux, qui probablement, dans quel-
que geôle ou infirmerie spéciale polonaise, doi-
vent accuser le destin implacable qui les a faits
rois sans couronne et sans sceptre. Vladislas et
Sigismond, prétendants au trône de Pologne.
-Cela dut faire quelque bruit dans Varsovie.
Vladislas qui se faisait appeler, on ne sait
trop pourquoi, Vladislas IV, il n'a peut-être
pas des données, très précises sur sa lignée
fut arrêté alors qu'au pied du monument de
Mickiewicz, dans une improvisation pleine
d'assurance et de flamme, il tentait de soulever
le peuple. Etait-ce le hasard qui l'avait conduit
devant la statue de cet autre exalté que fut
le grand poète polonais ?
Sigismond est beaucoup plus gentil. Très
calme et très sûr de son affaire, on le vit arri-
ver, un beau jour, au ministère de l'intérieur.
Le fonctionnaire qui le reçut dut, malgré, la
résistance que vous pouvez deviner, accepter
un interminable mémoire où il expose ses droits
à la couronne. Sigismond est clément et cha-
ritable. Il partagera volontiers le pouvoir avec
le maréchal Pilsudski et Mgr Kokowski, car-
dinal de Varsovie. Quant au président Moscicki,
pour qu'il lui cède son palais dans la capitale
polonaise, il lui offre quelque splendide do-
maine à la campagne. Sigismond a un coeur
d'or. Peut-on rêver prince plus généreux et dé-
bonnaire ?
Mais quelle confiance, dans la Pologne re-
naissante, peut-on accorder à ce pseudo-descen-
dant des Wasa qui, au xvn" siècle, furent à
l'origine de la décadence? Pourquoi Sigismond
ne se dit-il il l'héritier de cette dynastie des
Piasts, créateurs de l'Etat, des Boleslaw le
Vaillant et Boleslaw à la bouche torse, ^ans
oublier Boleslaw le Hardi, qui, dans un accès
de colère, tua de sa main l'évêque de Cracovie
Stanislas, patron du pays. Ou encore de cette
famille des Jagellons, qui marquèrent le faite
de la richesse et de la prospérité.
L'étonnant est que même après la disparition
des trônes, quand les dynasties paraissent étein-
tes, un quidam émerge toujours de la foule,
prêt à prendre le sceptre en main, et à se
mettre la couronne sur la tête.
« C'est une servitude accablante, a écrit Fé-
nelon dans le Télémaque. 0 insensé celui qui
cherche à régner Heureux celui qui se borne
à une condition privée et paisible, où la vertu
lui est moins difficile. Et ceci s'adressait à
l'héritier d'un trône.
Enseignera-t-on jamais assez la modestie et
l'humilité à tous les hommes ?
Martial Bataille.
,LA POLITIQUE
»̃ ̃ ̃ ̃ ̃ • .̃
Le retour au bon sens
Les dépités communistes resteront en
prison, comme leurs camarades. Nous di-
sions hier que le gouvernement n'avait
qu'un geste à faire pour être suivi par sa
majorité. Le gouvernement a fait ce geste.
En posant nettement la question de con-
fiance, il a manifesté sa volonté. Sa déci-
sion a été acceptée comme une consigne.
La motion Uhry tendant à la mise en li-
berté des détenus a été repoussée par 320
voix contre 149. C'est le dernier vote poli-
tique de la législature; c'est le dernier
scrutin de la Chambre qui fut la Chambre
du Cartel et qui se sépare aujourd'hui.
C'est son dernier acte de repentir.
Avec ce vote, on est rentré dans le bon
sens et dans la règle. La libération des
condamnés est, en effet, une mesure qui re-
lève essentiellement du pouvoir exécutif.
La Constitution a donné aux Chambres la
faculté de requérir, pour leurs membres,
la suspension de la détention ou des pour-
suites mais c'est pour -garantir les mino-
rités contre les abus de pouvoir éventuels
d'un gouvernement capable de fausser les
votes, en enlevant d'un parti des adversai-
res qu'il inculperait ou ferait condamner
sans justice. En demandant la libération
des condamnés le jour même de la sépa-
ration parlementaire, c'est la loi constitu-
tionnelle qu'on faussait puisque cette li-
berté réclamée eût été rendue à l'heure,
précisément, où l'exercice du mandat allait
cesser. Ce ridicule a. été épargné à la
Chambre par le gouvernement qui reven-
diqua pour lui-même les responsabilités
de sa fonction.
Il l'a fait sans réserve. Les députés com--
munistes répètent depuis qu'il est question
de les relâcher « Tous ou personne ».
« Personne a répondu le gouvernement.
Céder ce serait abdiquer, abdiquer ce serait
presque trahir. La formule était bonne;
un acte l'appuyait. Pas de mesure de grâce
pour « l'ennemi s>, avant sa défaite. Voilà
la bonne doctrine.
Mais devant cette attitude, ce furent les
communistes, hier, qui prêtèrent à rire
par leurs vociférations et leurs injures.
Ils avaient par avance, espérant l'obtenir,
hautement repoussé la mise en liberté des
seuls élus. On la leur refusait. Ils se mon-
traient furieux.
Donc, on appliquera la loi on l'appli-
quera à tous, également. « Vous allez les
faire réélire » a-t-on crié à gauche. Tant
pis. Un gouvernement républicain ne
peut mieux ouvrir la période électorale
qu'en appliquant strictement la loi, c'est
là son devoir essentiel. La loi c'est le sup-
pOrt'ét la raison d'être du jçêginie mieux
vaut M. Marty réélu que la loi délaissée
par faiblesse.
Il faut souligner, dans la journée d'hier,
deux autres scrutins excellents. Par la
question préalable, le gouvernement a fait
également écarter de l'ordre du jour les
propositions relatives à la reconnaissance
du syndicat des fonctionnaires et à l'abro-
gation des lois scélérates. Après les folies
cartellistes de sa jeunesse, après les égare-
ments des récentes semaines, la Chambre
du onze mai, à sa dernière heure, suivait
docilement le Cabinet Poincaré.
• Henri Vonoven.
LE DÉBAT SUR LA PAIX
Les idées de M. Kellogg
M. Kellogg, secrétaire d'Etat des Etats-
Unis, vient de résumer dans un grand dis-
cours toutes ses idées relatives à l'arbi-
trage et à la suppression de la guerre.
Elles sont de nature à faire penser que
ces deux questions sont présentement in-
solubles et que toute conversation sur ce
sujet est inutile. Il est bien probable que
les préoccupations électorales ont amené
M. Kellogg à être tout à fait catégorique.
Mais même si l'on tient compte du carac-
tère que les circonstances de la politique
intérieure américaine imposent à son dis-
cours, il reste que la politique absolue du
secrétaire d'Etat est très éloignée des né-
cessités pratiques, que les nations europé-
ennes, et en particulier la France, n'ont
pas le droit de négliger.
Avant tout M. Kellogg tient à bien éta-
blir que les Etats-Unis ne veulent pren-
dre aucun engagement et sont bien résolus
à ne se lier par aucun pacte. La doctrine de
Monroe triomphe dans toute sa pureté. M.
Kellogg va même jusqu'à dire que le pré-
ambule du traité franco-américain, où les
parties condamnent la guerre, n'a pas force
de traité. L'usage diplomatique voulait
cependant que le préambule d'un traité,
signé par les parties contractantes, eut
une signification certaine et une grande
valeur morale. Mais M. Kellogg a insisté
pour préciser qu'il faudrait un traité spé-
cial pour condamner vraiment la guerre.
Et quel serait ce traité ? M. Kellogg
rêve d'une promesse générale supprimant
la guerre Il ne prévoit aucune réserve,
aucune distinction entre les guerres d'a-
gression et les guerres défensives, aucune
précaution d'aucune sorte. Il est en plein
absolu. C'est qu'il ne veut sous n'importe
quelle forme des pactes d'assistance, tels
que les conçoit la Société des Nations. Il
repousse toute convention qui pourrait
mettre les Etats-Unis dans l'obligation
d'intervenir. Dans ce débat sur la paix
qui se poursuit périodiquement sous des
aspéc|s divers, les puissances anglo-saxon-
nes ont visiblement le souci de ne rien ac-
cepter qui limite la souveraineté nationale.
Pour les pays continentaux qui ont des
frontières à défendre et auxquels l'his-
toire a prouvé la réalité des dangers, il
n'y a au contraire qu'une garantie contre
la guerre, c'est l'arbitrage et le principe
de l'assistance. Entre cette doctrine et
celle de M. Kellogg, on ne voit pas pour le
moment de conciliation possible.
ÉCHO§
La Température
Probabilités pour aujourd'hui
Beau temps. 1"
Température sans changement.
L'avenue sans arbres.
Eh oui on a planté des platanes qui
auront des branches sans doute un jour
ou l'autre 1 Mais de l'Etoile au rond-
point, l'aspect de l'avenue,des Champs-
Elysées serre le cœur.
Que les trottoirs semblent larges et
tristes Ces fûts ébranchés ne peu-
vent, même à l'imagination la plus ac-
tive, dire qu'ils sont des arbres, et aux
Parisiens, dont l'œil est habitué depuis
l'enfance aux ombrages riverains de la
grande avenue il semble que quelque
catastrophe a passé par. là.
INSTANTANÉ
Que des gens de conditions différentes, mais
tous gens de cœur, s'unissent pour faire le bien,
c'est, de nos jours, chose fréquente.
Mais que des princesses de la quatorzième
dynastie, des rois et des seigneurs de l'Em-
pire Thébain, des prêtres de l'époque Saîte
se trouvent réunis pour venir en aide aux
artistes du vingtième siècle, voilà ce que
l'Union des Arts {Fondation Rachel Boyer)
doit aujourd'hui à M. Arthur Sambon. L'Ex-
position de sculpture de la Haute Antiquité,
du Moyen Age et de la Renaissance, qu'il a
organisée en son hôtel du square de Messine,
est en même temps qu'une bonne œuvre, une
manifestation artistique d'une haute portée.
En l'inaugurant hier, M. Paul Léon, directeur
des beaux-arts, a voulu être le premier à con-
templer ces chefs-d'œuvre de'l'art antique aux-
quels M. Sambon a procuré une nouvelle vie
en mettant en relief leurs plus belles qualités.
Les Goncourt.
M. Edouard Herriot vient de signer
un arrêté qui annule celui que .prit M.
Lamoureux, le 6 mai 1926, et en vertu
duquel la communication de la corres-
pondance adressée aux Goncourt était
réservée au même titre que le Journal.
Désormais, la communication de la
correspondance sera accordée à tous les
ayants droit, c'est-à-dire aux héritiers
des expéditeurs.
M. d'Andigné, conseiller municipal,
a demandé que les noms des Dardanel-
les et du Dobropol fussent attribués à
deux voies parisiennes.
On rendra ainsi un hommage, mérité
au souvenir de la prise de Monastir et
de la bataille du Dobropol, qui précipi-
tèrent la déroute des armées ennemies.
Scènes de la rue.
L'agent avait eu le geste large et la
petite midinette qui, avant de traverser
la rue Royale, s'était, hier, réfugiée près
de lui, reçut en pleine frimousse le bâ-
ton blanc de l'ordre.
Des pleurs, des excuses, un petit ras-
semblement, et dans un nuage de pou-
dre de riz l'outrage fut réparé. En un
mot, plus de peur que de mal.
Sans existence légale. 1.
Le Times nous apporte une singu-
lière information.
La constitution de l'aéronautique
comme cinquième arme combattante a
été décidée par une loi du 8 décembre
1922, mais cette loi n'était valable que
pour cinq ans, et le texte qui devait la
remplacer a été retenu par le Sénat. De-
puis plus de trois mois, notre aviation
militaire n'aurait donc plus d'existence
légale.
Heureusement, cela ne Fempêche pas
de voler.
INSTANTANÉ
RENÉ FAÙCHOIS
£et Vie d'jîmour de Jjeethoveij
L'illustre musicien a trouvé le traducteur
qu'il eût aimé. Nul ne s'était jamais penché,
avec autant de piété filiale, sur l'âme du gigan-
tesque sourd dont la noble plainte amoureuse a
commencé son voyage immortel à travers les
temps.
Ce qui séduira les lecteurs de La Vie d'amour
de Beethoveai, c'est assurément, à côté de l'éru-
dition prestigieuse, cet élan des scènes capitales
où nous retrouvons et admirons un de nos pre-
miers talents scéniques.
Beetihoven, aux Champs-Elysées, peut se
féliciter de ses. rencontres avec René Fau-
chois.
« Depuis les maîtres de 1830, nous
avons désappris cette étroite union du
sol, de la flore, de la faune et de l'ar-
tiste acharné à les définir » Ainsi
s'exprime Camille Mauclair dans notre
Supplément Artistique du 15 mars au
cours de sa remarquable critique sur
Fernand Maillaud, dont l'exposition à
la Galerie Sélection, boulevard Males-
herbes, se classe dès maintenant'com-
me une des manifestations les plus mar"
quantes de la saison.
Les grands Magasins du Bon Marché,
continuant à développer leur program-
me artistique, viennent de confier la di-
rection de leur Atelier d'Art « Pomone »
à l'un des maîtres incontestés de l'Art
Moderne, René. Prou, dont les créa-
tions obtiennent le plus vif succès. La
note dominante de son œuvre déjà im-
portante, c'est la pureté et la sobriété
des lignes, l'élégance raffinée et un
rythme tout d'harmonie. Avec un aussi
brillant animateur que René Prou,
« Pomone » est appelé à connaître un
nouvel essor.
nouvel essolr. Le Masque de Fer.
CHRONIQUE DU & FIGARO «
Les spécialités
envahissantes
Par MIGUEL ZAMACOIS
C'est un fait indéniable que depuis
quelque temps les boutiques où l'on
mange. connues autrefois sous le nom
à présent vieillot, et qui fleure son
avant guerre, de « restaurant », se mul-
tiplient dans Paris de façon tout à fait
curieuse.
Ces boutiques disputent maintenant
âprement tous les rez-de-chaussée dis-
ponibles aux bars et aux banques, spé-
cialisés depuis une vingtaine d'années,
dans l'accaparement de tous les locaux
vacants, et qui furent longtemps les
deux triomphateurs essentiels de la rue
moderne. »
L'idée du bar où l'on consomme de-
bout est tout simplement une trouvaille
de génie. Elle exploite la déplorable ré-
putation romantique du café où l'on,
s'asseoit, lieu de stagnation théorique-
ment prolongée et paresseuse, lieu de
perdition classique de la vieille bohè-
me étudiante et des adultes désœuvrés,
au temps où il était entendu que tout
valait mieux ope d'aller au café.
Le bar où 1 on consomme debout, in-
confortablement, pressé, coudoyé, est,
lui, l'endroit où l'on est censé entrer hâ-
tivement, uniquement pour apaiser la
soif que Dieu a voulue à périodicité ra-
lentie chez les uns, impérieuse et perpé-
tuelle chez les autres. Deux longues
heures de bar debout ne valent pas à
l'usager de son zinc la réprobation que
s'attire par une pauvre petite demi-
heure de banquette de cuir le honteux
attardé de café. La preuve, c'est que
vous n'entendez jamais dire, en parlant
d'une quelconque occupation oiseuse s
« Ça vaut mieux que d'aller au bar. »
Le bar, c'est l'endroit où, puisque
l'on garde par devers soi son paquet, sa
sacoche ou ses outils, on est censé ava-
ler en courant un verre de liquide ex-
clusivement réparateur. Le bar debout*
c'est l'alibi de l'alcoolisme. Traqué, l'al-
coolisme a presque élevé le bar à la
dignité de pharmacie libre, dispensa-
trice de belle humeur et de « cœur à
l'ouvrage » pour les travailleurs.
Les banques, elles aussi, passant ou-
tre à toutes les féroces exigences, repri-
ses, pas de porte, options, et autres
combinaisons des cédeurs de droits et
rétrocédeurs de baux; ont poussé à tous
les coins de rues comme champignons
dans les bois après les pluies d'été. II
semble au naïf profane que les agita-
tions de l'argent devraient être fonc-
tion de l'activité des affaires, or jamais
on ne s'est tant plaint de l'indolence de
celles-ci et jamais l'argent n'a été pour-
vu de si nombreux et si somptueux dan-
cings. La spéculation en est, dit-on, la
cause. Comme, par la faute de la vie
extrachère, il manque perpétuellement
à tout le monde, selon l'expression po-
pulaire, un sou pour faire le franc éter-
nellement dû au fournisseur ou au fisc,
tout le monde spécule à tour de bras,
au hasard, au petit bonheur, à l'aveu-
glette, à colin-maillard. Il n'en fallait
pas plus pour que le cratère du volcan
social en éruption se hérissât de bou-
tiques financières.
F*~
'̃*•*̃•
C'est le tour à présent des boutique^
où l'on mange. Aimez-vous les « hostel*
leries » ? On en a mis partout.
Ces boutiques où l'on mange ne pa-
raissent d'ailleurs pas bien fixées sur
les conditions de leur présentation.'
Elles ne savent pas au juste si elles
doivent abriter leur modernisme archi-
tectural sous une enseigne rococo, ou
leur traditionalisme culinaire sous de
l'audace décorative. D'où ces simili
humbles auberges qui sont de riches
petits palais ces frustes rôtisseries qui
sont de galantes « folies »; ces tourne-
brides de routiers qui sont des
grill-rooms déguisés de clubs anglais
d'où cette rusticité luxueuse, ce con-
fort raffiné qui voudrait tant avoir
l'air d'être du sans-façon et de
la bonne franquette ce mélange
hétéroclite, au plafond, d'appareils
d'éclairage de l'exposition des Arts
décoratifs et de saucissons enfumés
ce mariage inexplicable du maître
queux à bonnet blanc et du tourne-
broche en évidence avec l'ébénisterie et
la ferronnerie des « ensembliers » à la
page enfin toute une mise en scène
laborieuse, truquée, artificielle, incohé-
rente, seule denrée de la maison qui ne
soit ni chair ni poisson.
Sur cette originalité forcée et essou-
flée, on jette des noms lardés de drô-
lerie pittoresque ou farcis de sans-gêne
et de cordialité familière. Les maîtres
d'hôtel sont respectueux mais les. en-
seignes vous tapent sur le ventre. Ce
sont des noms d'oiseaux ou de spécia-
lités, du racolage spirituel engageant
ou attendri du chez-soi, du chez-nous
du chez-vous, de l'entre-soi et de l'entre-
nous, comme si l'on allait dîner dehors
pour se procurer à tout prix du tête-à-
tête quotidien et de l'habituelle intimité
conjugale. <
Comment expliquer, à tous les carre-
fours, cette anormale floraison de bou-
tiques à manger finement, qui modifie
non seulement l'aspect de certaines rues
et de certains quartiers parisiens, mais
de certaines routes, de certaines ex-so-
litudes forestières ? A-t-on plus d'ap-
pétit qu'autrefois, et faut-il aller cher.
cher en ville ce que nous refuse la mau-
vaise humeur des cuisinières émanci-
pées ? Ou bien a-t-on moins d'appétit»
et faut-il l'exciter par des menus tenta-
JE ME PRESSE DE RIRE DE TO0T.». DE PEUR D'ÊTRE OBLIGÉ D'EN PLEURER.
̃̃*̃ >; ;̃' A Beaumarchais» ̃ ̃̃•̃
PuBfications Annexes LE Figaro Littéraire,
LE Figaro Artistique liïustre'. LE Figaro des Etats-Unis,
La Page Cofoniafe.
Éaîte én t'Hôtet du FIGARO
Ï4, Rond-Point des CBamps'Efysées. Paris C& Arronct.j\
lo3* Anne* » J$° 77 de 1928
LE. NUMÉRO
3O
CENTIMES
en Franc*
LE NVM£F\O
3O
CENTIMES
mn France
SAMEDI 17 MARS 1928
SAMEDI 17 MARS 1928
x>neaœoa:Œ"crE& ynAJsrçois cott
LE COMMUNISME AUX CHAMPS
«tmtt<«t–
Vf.– La surenchère comrnaniste écrase les carteItistea, ~`
"ttt
Après avoir, par leurs ma-
nœuvres concertées, fomenté
la guerre dans les Landes en-
tre les propriétaires du sol d'une part,
les métayers et les ouvriers agricoles
d'autre part, les politiciens démagogues
et les agents communistes ont entrepris
d'exploiter la situation pour leurs fins
respectives.
Les chasseurs de mandats ont choisi
comme tremplin pour les prochaines
élections la revision de la loi sur le bail
à colonat partiaire ou métayage. Pro-
gramme pour personnes pâles.
Les gens de Moscou, plus nets, col-
portent et commentent leur devise « le
champ à celui qui le cultive, la forêt à
celui qui l'exploite ». Tous les diman-
ches, par groupes de trois, selon la
règle d'une congrégation célèbre, ils
s'installent dans les auberges et se mê-
lent aux conversations pour y jeter le
venin ils vont de métairie en métairie
recruter des adhérents et recueillir des
cotisations (hommes, 5 francs par mois;
femmes, 3 francs); les simples «sym-
pathisants ne sont pas taxés on les
autorise à ne pas manifester leurs opi-
nions, ou même on le leur recommande.
Les ouvriers du Boucau affirment qu'il
y a de ces « sympathisants » parmi les
ingénieurs, et que le Parii pourrait ain-
si faire marcher les usines à la barbe
des patrons dépouillés. =
Toutes les réunions, jusqu'aux ma-
riages, baptêmes, premières comjgyj,
^nions, sont autant d'octf^js«ï^dr pro-
pâgajde J^ojj^y-^î'^tî » rua des tracts et
la Voix paysanne j organe hebdomadaire
du député Renaud Jean on en distri-
bue dans les cabarets, sur les champs de
foire on en distribue aux conscrits,
tant à domicile qu'autour du conseil de
revision. La Jeunesse communiste du
Boucau va donner des représentations
« dramatiques » dans les bourgades
on voit sur la scène les officiers mal-
traitant le pauvre soldat dans la caser-
ne la victime va se consoler chez le
marchand de vins, où viennent l'assié-
ger lé Prêtre et le Banquier cédera-t-il
à leurs séductions, pour défendre l'Au-
tel, et le Coffre-fort ? Non, -car un ou-
vrier surgit, qui lui rappelle son devoir
prolétarien. Le soldat, foulant aux pieds
son fusfl, écrase de ses poings les sinis-
tres tentateurs. Acclamations. Interna-
tionale. Et les cabotins amateurs vont
recommencer plus loin.
Dans chaque commune du départe-
ment, une cellule bolcheviste groupe et
surexcite les mécontentements, les cu-
pidités, les fanatismes.; on y trouve les
métayers quï veulent (en dépit de Karl
Marx) devenir propriétaires de leur mé-
tairie, des instituteurs, agents des pos-
tes, cantonniers, les mauvais gars du
village et, ce qui est plus triste, des jeu-
nes gens sincères, en proie à la mysti-
que révolutionnaire.
De doctrine, ils n'en ont guère. « Ce
qu'ils veulent, disàit un paysan de
grand cœur et d'esprit droit, ce qu'ils
veulent, c'est le mal des autres. »
Formule simple, juste, définitive.
Dans l'arrondissement de Dax, M.
Renaud Jean a donné dernièrement
l'investiture électorale au citoyen Bébé,
patron maraîcher, maire de Tranos,
candidat aussi puéril qW son nom,
c'est-à-dire excellent fantoche aux
mains de ceux qui tirent les ficelles. Le
scrutin permettra de recenser la mino-
rité violente qui a terrorisé dans les der-
niers troubles une immense majorité
d'honnêtes gens il permettra aussi de
voir quelles communes posséderont de-
main des municipalités moscoutaires,
bien que les métayers s'y fassent cou-
ramment de 30,000 à 50,000 francs par
ah et possèdent une part de cheptel de
20,000 francs ou davantage.
Les détraqués de certains salons pa-
risiens n'ont pas, en effet, le monopole
d'être à la fois capitalistes et commu-
nistes. L'exemple de la commune d'Ygos
montre les conséquences pratiques de
ces aberrations.
Jusqu'en 1925, Ygos, petit bourg voi-
sin de Mont-de-Marsan, n'avait pas
d'histoire. On y vivait heureux. Grâce
aux prix atteints par la résine, les mé-
tayers, logés, nourris sur les produits
du. domaine, gagnaient tout net une
moyenne de quarante niille francs.
Le maire était M. Lamarque, gros
propriétaire, conseiller d'arrondisse-
ment. Venu dans le pays en qualité de
scieur de long, les pieds dans des sa-
bots qu'il,avait lui-même taillés, il avait
fait fortune il trouvait donc certains
avantages à l'ordre capitaliste mais il
voulait les accroître par la conquête du
pouvoir politique, et il lia partie avec
cet autre politicien, M. Bouyssou, pour
l'exploitation de la démagogie.
Nous avons vu, dans le précédent ar-
ticle, comment ces cartellistes sollici-
tèrent ou subirent le concours de la
C. G. T., de l'Espagnol Viro, des ci-
toyens Jouhaux, Desarmeniens et au-
tres on créa des syndicats rouges on
rédigea des modèles nouveaux de con-
trats qui, d'abord, remplaçaient par
une redevance fixe certaines corvées ou
redevances aléatoires qui, un peu plus
tard, limitèrent le droit du propriétaire
à disposer de son domaine. Les pro-
priétaires, naturellement, résistent la
grève est déclenchée des sommes con-
sidérables sont perdues de ce fait, et
les grévistes, comme métayers, suppor-
tent la moitié du dommage une tran-
saction termine la crise mais l'agita-
tion demeure dans les esprits.
Les communistes s'étaient tenus jus-
que-là dans la coulisse alors ils en-
trent en scène. Le chef de leur propa-
gande aux champs, le député Renaud
Jean, vient en personne expliquer dans
les réunions publiques la vanité de ces
petites chicanes et l'impuissance des
politiciens il ne s'agit pas d'ergoter
sur le partage des récoltes il s'agit de
prendre tout, la terre et son produit, et
de le prendre au besoin par la force,
« à coups de mitrailleuses ». Vo/îà qui
est parler franc. Le maire cartellis la et
gros propriétaire Lamarque juge évi-
demment que ses ailles vont fort i? est
dépassé il ne compte plus il a le sort
de tous les autres démagogues arrivé^
par la surenchère et vû-time;; à Je{jr
tour de la s'irench^j", -̃••$Q;>
« Prenez Jes'inairies,-?' recommpni.îe
M. Renaud J( jO^Sx* paysans, à ous
crai^npr~rfe Iff'étre pas à la hauteur,
nafts vous enverrons quelqu'un pour
vous assister. s
Aussitôt des cellules et des noyaux
se constituent dans toutes les commu-
nes les groupes s'affilient à la Mu-
tuelle fédérale et à l'Union des Paysans
travailleurs. (Signalées dans notre qua-
trième article, Figaro, 29 février.) Les
cartellistes et les cégétistes perdent
toute influence une « ceinture rouge »
entoure les villes et les bourgs la pro-
messe d'une codification nouvelle du
métayage est tournée en dérision c'est
l'abolition de la propriété qu'on exige.
Pour le cas si fréquent des incendies
de forêts, les cégétistes avaient de-
mandé que la vente des pins brûlés ser-
vjtji indemniser, le métayer réduit au
chômage. Maintenant, les communistes
réclament la copropriété des arbres «.
c'est déjà mieux. Demain ils usurperont
la propriété totale, sans indemnité.
Si, grâce à l'appui du paysan séduit
par un partage de butin, le commu-
nisme établit sa dictature, son premier
acte sera logiquement de dépouiller le
paysan lui-même, resté ou devenu pro-
priétaire.
Et le paysan trouvera qu'il a changé
de maîtres, qu'il a trahi et sacrifié des
maîtres faciles, contenus d'ailleurs par
la loi dans des limites raisonnables,
pour se donner des tyrans sans frein
et sans pitié. Traité comme l'ont été les
moujiks, il se révoltera comme le font
en ce moment les moujiks.
Et par une voie sanglante parcourue
deux fois, nous reviendrons au point
de départ. Révolution, contre-révolu-
tion, toujours de la, souffrance et des
ruines.
François Coty.
-s^s^
Remboursement
d'un è^|*ruîit français
New- York, 16 mars. La maison Mor-
gan, agissant pour le compte du gouverne-
ment français, a opéré le remboursement
de l'emprunt français de 100 millions de
dollars à 8 0/0 émis à New-York en 1920.
Par le moyen du fonds d'amortissement,
le montant de cet emprunt avait été ré-
duit à environ 70 millions de dollars lors-
qu'arriva la date du rachat.
C'est la plus grande opération de rem-
boursement qui ait jamais été effectuée
ici par un gouvernement étranger sans re-
courir à une vente publique ou à une nou-
velle émission.
Cette opération de remboursement re-
présente toutefois de l'argent nouveau, car
l'entreprise était financée par la vente de
bons français 5 0/0, d'une valeur de 75
millions de dollars à la compagnie suédoi-
se des allumettes, dont cinquante mil-
lions sont passés à la corporation inter-
nationale des allumettes qui est la filiale
américaine de la Compagnie des allumet-
tes.
VACANCES DE PAQUES
tes Voyages du « figaro »
LE FIGARO
Fondé le 14 Janvier 1826
Anciens Directeurs H. DE VILLEMESSANT,
F. MAGNARD, G. CALMETTE, A. CAPUS,
R. de Flers.
ADMINISTRATION RÉDACTION PUBLICITÉ ANNONCES
14, ROND-POINT DES CHAMPS-ELYSÉES. PARIS
Tâéphom. Elysées 12-58, 12-61, 02-65, 98-31 à 98-34.
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On s'abonne dans tous les Bureaux de Poste de France
Chèque postal 242-5 Paris
LES AFFAIRES EXTERIEURES
DIX ANS APRÈS^
Il,y a dix ans, la Russie soviétique si-
gnait la paix de Brest-Litovsk. L'anniver-
saire de ce traité déshonorant est peu cé-
lébré. Il mérite cependant que, pour leur
édification, les peuples ne l'oublient pas.
La révolution soviétique était alors accom-
plie. Mais l'Allemagne qui l'avait provo-
quée, en faisant venir Lénine en wagon
plombé de Suisse à Moscou, voulait tirer
de ce bouleversement tous les avantages
qu'elle avait escomptés. Il ne lui suffisait
pas que Trotsky eût ordonné la démobi-
lisation complète et déclaré l'état de guer-
re terminé. Elle voulait un traité elle
l'eut, et un journal allemand déclara alors,
bien que les Empires centraux en fussent
les bénéticiaires, que c'était sans doute la
conclusion de paix la plus extraordinaire
de l'Histoire.
Bien que la Russie, sous la direction des
Soviets, fût écroulée dès février, l'Allema-
gne reprit les hostilités et annonça qu'elle
les continuerait jusqu'à ce qu'un traité fût
signé. L'arrivée même de la délégation
russe à Brest-Litovsk n'arrêta pas la mar-
che germanique. Il fallut que la Russie
soviétique acceptât toutes les clauses im-
posée par l'Allemagne. Elle renonçait à
la-Pologne, à la Li'huanie, à la Courlande.
Elle promettait l'évacuation de l'Anatoliel
et l'abandon de Batoum à la Turquie elle'
î^i gageait à évacuer l'Ukraine, la Fin-
Ktfide, l'Esthonie, la Livonie, les îles d'Aa-
land. Le Reichstag ratifiait le 16 mars
1918 ce traité et se félicitait de l'œuvre
grandiose que l'Allemagne venait d'accom-
plir grâce aux Soviets.
Les Alliés, eux, que la trahison bolche-
viste mettait dans une situation si diffi-
cile, et qu'elle menaçait si gravement, se
réunissaient à Londres. Ils rendaient hom-
mage à la Pologne et à la Roumanie, et
ils refusaient de reconnaître cette paix
« de spoliation et de mensonge ». La ré-
volution soviétique causait l'effondrement
de l'Europe orientale. Elle ruinait un long
effort. Elle ouvrait une nouvelle période
d'Histoire.
Dix ans après ce traité humiliant, grâce
auquel les dirigeants de la III0 Internatio-
nale se sont maintenus au pouvoir, où en
est le malheureux peuple russe ? Privé des
libertés dont jouissent les autres peuples,
il est voué à la misère et à la souffrance,
il manque des produits les plus nécessai-
res, il voit périr toute l'économie natio-
nale.
Et l'Allemagne qui a été l'inspiratrice
de ce désastre, et qui s'est servie de la Rus-
sie tant qu'elle a pu pour ses armements^
commence à- •sentir les inconvénients,
d'avoir pour voisin un pays où il y a une
dictature terrible, mais où il n'y a pas de
loi. Les protestations très vives que Berlin
fait entendre à Moscou au sujet de l'affaire
du Donetz attestent que l'Allemagne se
rappelle les dangers du bolchevisme
qu'elle oubliait volontiers quand elle n'en
souffrait pas. Berlin aujourd'hui menace
Moscou de rompre les négociations com-
merciales et peut-être même les relations
diplomatiques. Le précédent de Brest-
Litovsk agit comme un châtiment Berlin
sait qu'il peut tout#; se permettre avec
Moscou. A. G.
AU JOUIR LE JOUR
Vladislas et Sigismond
Ils sont deux, qui probablement, dans quel-
que geôle ou infirmerie spéciale polonaise, doi-
vent accuser le destin implacable qui les a faits
rois sans couronne et sans sceptre. Vladislas et
Sigismond, prétendants au trône de Pologne.
-Cela dut faire quelque bruit dans Varsovie.
Vladislas qui se faisait appeler, on ne sait
trop pourquoi, Vladislas IV, il n'a peut-être
pas des données, très précises sur sa lignée
fut arrêté alors qu'au pied du monument de
Mickiewicz, dans une improvisation pleine
d'assurance et de flamme, il tentait de soulever
le peuple. Etait-ce le hasard qui l'avait conduit
devant la statue de cet autre exalté que fut
le grand poète polonais ?
Sigismond est beaucoup plus gentil. Très
calme et très sûr de son affaire, on le vit arri-
ver, un beau jour, au ministère de l'intérieur.
Le fonctionnaire qui le reçut dut, malgré, la
résistance que vous pouvez deviner, accepter
un interminable mémoire où il expose ses droits
à la couronne. Sigismond est clément et cha-
ritable. Il partagera volontiers le pouvoir avec
le maréchal Pilsudski et Mgr Kokowski, car-
dinal de Varsovie. Quant au président Moscicki,
pour qu'il lui cède son palais dans la capitale
polonaise, il lui offre quelque splendide do-
maine à la campagne. Sigismond a un coeur
d'or. Peut-on rêver prince plus généreux et dé-
bonnaire ?
Mais quelle confiance, dans la Pologne re-
naissante, peut-on accorder à ce pseudo-descen-
dant des Wasa qui, au xvn" siècle, furent à
l'origine de la décadence? Pourquoi Sigismond
ne se dit-il il l'héritier de cette dynastie des
Piasts, créateurs de l'Etat, des Boleslaw le
Vaillant et Boleslaw à la bouche torse, ^ans
oublier Boleslaw le Hardi, qui, dans un accès
de colère, tua de sa main l'évêque de Cracovie
Stanislas, patron du pays. Ou encore de cette
famille des Jagellons, qui marquèrent le faite
de la richesse et de la prospérité.
L'étonnant est que même après la disparition
des trônes, quand les dynasties paraissent étein-
tes, un quidam émerge toujours de la foule,
prêt à prendre le sceptre en main, et à se
mettre la couronne sur la tête.
« C'est une servitude accablante, a écrit Fé-
nelon dans le Télémaque. 0 insensé celui qui
cherche à régner Heureux celui qui se borne
à une condition privée et paisible, où la vertu
lui est moins difficile. Et ceci s'adressait à
l'héritier d'un trône.
Enseignera-t-on jamais assez la modestie et
l'humilité à tous les hommes ?
Martial Bataille.
,LA POLITIQUE
»̃ ̃ ̃ ̃ ̃ • .̃
Le retour au bon sens
Les dépités communistes resteront en
prison, comme leurs camarades. Nous di-
sions hier que le gouvernement n'avait
qu'un geste à faire pour être suivi par sa
majorité. Le gouvernement a fait ce geste.
En posant nettement la question de con-
fiance, il a manifesté sa volonté. Sa déci-
sion a été acceptée comme une consigne.
La motion Uhry tendant à la mise en li-
berté des détenus a été repoussée par 320
voix contre 149. C'est le dernier vote poli-
tique de la législature; c'est le dernier
scrutin de la Chambre qui fut la Chambre
du Cartel et qui se sépare aujourd'hui.
C'est son dernier acte de repentir.
Avec ce vote, on est rentré dans le bon
sens et dans la règle. La libération des
condamnés est, en effet, une mesure qui re-
lève essentiellement du pouvoir exécutif.
La Constitution a donné aux Chambres la
faculté de requérir, pour leurs membres,
la suspension de la détention ou des pour-
suites mais c'est pour -garantir les mino-
rités contre les abus de pouvoir éventuels
d'un gouvernement capable de fausser les
votes, en enlevant d'un parti des adversai-
res qu'il inculperait ou ferait condamner
sans justice. En demandant la libération
des condamnés le jour même de la sépa-
ration parlementaire, c'est la loi constitu-
tionnelle qu'on faussait puisque cette li-
berté réclamée eût été rendue à l'heure,
précisément, où l'exercice du mandat allait
cesser. Ce ridicule a. été épargné à la
Chambre par le gouvernement qui reven-
diqua pour lui-même les responsabilités
de sa fonction.
Il l'a fait sans réserve. Les députés com--
munistes répètent depuis qu'il est question
de les relâcher « Tous ou personne ».
« Personne a répondu le gouvernement.
Céder ce serait abdiquer, abdiquer ce serait
presque trahir. La formule était bonne;
un acte l'appuyait. Pas de mesure de grâce
pour « l'ennemi s>, avant sa défaite. Voilà
la bonne doctrine.
Mais devant cette attitude, ce furent les
communistes, hier, qui prêtèrent à rire
par leurs vociférations et leurs injures.
Ils avaient par avance, espérant l'obtenir,
hautement repoussé la mise en liberté des
seuls élus. On la leur refusait. Ils se mon-
traient furieux.
Donc, on appliquera la loi on l'appli-
quera à tous, également. « Vous allez les
faire réélire » a-t-on crié à gauche. Tant
pis. Un gouvernement républicain ne
peut mieux ouvrir la période électorale
qu'en appliquant strictement la loi, c'est
là son devoir essentiel. La loi c'est le sup-
pOrt'ét la raison d'être du jçêginie mieux
vaut M. Marty réélu que la loi délaissée
par faiblesse.
Il faut souligner, dans la journée d'hier,
deux autres scrutins excellents. Par la
question préalable, le gouvernement a fait
également écarter de l'ordre du jour les
propositions relatives à la reconnaissance
du syndicat des fonctionnaires et à l'abro-
gation des lois scélérates. Après les folies
cartellistes de sa jeunesse, après les égare-
ments des récentes semaines, la Chambre
du onze mai, à sa dernière heure, suivait
docilement le Cabinet Poincaré.
• Henri Vonoven.
LE DÉBAT SUR LA PAIX
Les idées de M. Kellogg
M. Kellogg, secrétaire d'Etat des Etats-
Unis, vient de résumer dans un grand dis-
cours toutes ses idées relatives à l'arbi-
trage et à la suppression de la guerre.
Elles sont de nature à faire penser que
ces deux questions sont présentement in-
solubles et que toute conversation sur ce
sujet est inutile. Il est bien probable que
les préoccupations électorales ont amené
M. Kellogg à être tout à fait catégorique.
Mais même si l'on tient compte du carac-
tère que les circonstances de la politique
intérieure américaine imposent à son dis-
cours, il reste que la politique absolue du
secrétaire d'Etat est très éloignée des né-
cessités pratiques, que les nations europé-
ennes, et en particulier la France, n'ont
pas le droit de négliger.
Avant tout M. Kellogg tient à bien éta-
blir que les Etats-Unis ne veulent pren-
dre aucun engagement et sont bien résolus
à ne se lier par aucun pacte. La doctrine de
Monroe triomphe dans toute sa pureté. M.
Kellogg va même jusqu'à dire que le pré-
ambule du traité franco-américain, où les
parties condamnent la guerre, n'a pas force
de traité. L'usage diplomatique voulait
cependant que le préambule d'un traité,
signé par les parties contractantes, eut
une signification certaine et une grande
valeur morale. Mais M. Kellogg a insisté
pour préciser qu'il faudrait un traité spé-
cial pour condamner vraiment la guerre.
Et quel serait ce traité ? M. Kellogg
rêve d'une promesse générale supprimant
la guerre Il ne prévoit aucune réserve,
aucune distinction entre les guerres d'a-
gression et les guerres défensives, aucune
précaution d'aucune sorte. Il est en plein
absolu. C'est qu'il ne veut sous n'importe
quelle forme des pactes d'assistance, tels
que les conçoit la Société des Nations. Il
repousse toute convention qui pourrait
mettre les Etats-Unis dans l'obligation
d'intervenir. Dans ce débat sur la paix
qui se poursuit périodiquement sous des
aspéc|s divers, les puissances anglo-saxon-
nes ont visiblement le souci de ne rien ac-
cepter qui limite la souveraineté nationale.
Pour les pays continentaux qui ont des
frontières à défendre et auxquels l'his-
toire a prouvé la réalité des dangers, il
n'y a au contraire qu'une garantie contre
la guerre, c'est l'arbitrage et le principe
de l'assistance. Entre cette doctrine et
celle de M. Kellogg, on ne voit pas pour le
moment de conciliation possible.
ÉCHO§
La Température
Probabilités pour aujourd'hui
Beau temps. 1"
Température sans changement.
L'avenue sans arbres.
Eh oui on a planté des platanes qui
auront des branches sans doute un jour
ou l'autre 1 Mais de l'Etoile au rond-
point, l'aspect de l'avenue,des Champs-
Elysées serre le cœur.
Que les trottoirs semblent larges et
tristes Ces fûts ébranchés ne peu-
vent, même à l'imagination la plus ac-
tive, dire qu'ils sont des arbres, et aux
Parisiens, dont l'œil est habitué depuis
l'enfance aux ombrages riverains de la
grande avenue il semble que quelque
catastrophe a passé par. là.
INSTANTANÉ
Que des gens de conditions différentes, mais
tous gens de cœur, s'unissent pour faire le bien,
c'est, de nos jours, chose fréquente.
Mais que des princesses de la quatorzième
dynastie, des rois et des seigneurs de l'Em-
pire Thébain, des prêtres de l'époque Saîte
se trouvent réunis pour venir en aide aux
artistes du vingtième siècle, voilà ce que
l'Union des Arts {Fondation Rachel Boyer)
doit aujourd'hui à M. Arthur Sambon. L'Ex-
position de sculpture de la Haute Antiquité,
du Moyen Age et de la Renaissance, qu'il a
organisée en son hôtel du square de Messine,
est en même temps qu'une bonne œuvre, une
manifestation artistique d'une haute portée.
En l'inaugurant hier, M. Paul Léon, directeur
des beaux-arts, a voulu être le premier à con-
templer ces chefs-d'œuvre de'l'art antique aux-
quels M. Sambon a procuré une nouvelle vie
en mettant en relief leurs plus belles qualités.
Les Goncourt.
M. Edouard Herriot vient de signer
un arrêté qui annule celui que .prit M.
Lamoureux, le 6 mai 1926, et en vertu
duquel la communication de la corres-
pondance adressée aux Goncourt était
réservée au même titre que le Journal.
Désormais, la communication de la
correspondance sera accordée à tous les
ayants droit, c'est-à-dire aux héritiers
des expéditeurs.
M. d'Andigné, conseiller municipal,
a demandé que les noms des Dardanel-
les et du Dobropol fussent attribués à
deux voies parisiennes.
On rendra ainsi un hommage, mérité
au souvenir de la prise de Monastir et
de la bataille du Dobropol, qui précipi-
tèrent la déroute des armées ennemies.
Scènes de la rue.
L'agent avait eu le geste large et la
petite midinette qui, avant de traverser
la rue Royale, s'était, hier, réfugiée près
de lui, reçut en pleine frimousse le bâ-
ton blanc de l'ordre.
Des pleurs, des excuses, un petit ras-
semblement, et dans un nuage de pou-
dre de riz l'outrage fut réparé. En un
mot, plus de peur que de mal.
Sans existence légale. 1.
Le Times nous apporte une singu-
lière information.
La constitution de l'aéronautique
comme cinquième arme combattante a
été décidée par une loi du 8 décembre
1922, mais cette loi n'était valable que
pour cinq ans, et le texte qui devait la
remplacer a été retenu par le Sénat. De-
puis plus de trois mois, notre aviation
militaire n'aurait donc plus d'existence
légale.
Heureusement, cela ne Fempêche pas
de voler.
INSTANTANÉ
RENÉ FAÙCHOIS
£et Vie d'jîmour de Jjeethoveij
L'illustre musicien a trouvé le traducteur
qu'il eût aimé. Nul ne s'était jamais penché,
avec autant de piété filiale, sur l'âme du gigan-
tesque sourd dont la noble plainte amoureuse a
commencé son voyage immortel à travers les
temps.
Ce qui séduira les lecteurs de La Vie d'amour
de Beethoveai, c'est assurément, à côté de l'éru-
dition prestigieuse, cet élan des scènes capitales
où nous retrouvons et admirons un de nos pre-
miers talents scéniques.
Beetihoven, aux Champs-Elysées, peut se
féliciter de ses. rencontres avec René Fau-
chois.
« Depuis les maîtres de 1830, nous
avons désappris cette étroite union du
sol, de la flore, de la faune et de l'ar-
tiste acharné à les définir » Ainsi
s'exprime Camille Mauclair dans notre
Supplément Artistique du 15 mars au
cours de sa remarquable critique sur
Fernand Maillaud, dont l'exposition à
la Galerie Sélection, boulevard Males-
herbes, se classe dès maintenant'com-
me une des manifestations les plus mar"
quantes de la saison.
Les grands Magasins du Bon Marché,
continuant à développer leur program-
me artistique, viennent de confier la di-
rection de leur Atelier d'Art « Pomone »
à l'un des maîtres incontestés de l'Art
Moderne, René. Prou, dont les créa-
tions obtiennent le plus vif succès. La
note dominante de son œuvre déjà im-
portante, c'est la pureté et la sobriété
des lignes, l'élégance raffinée et un
rythme tout d'harmonie. Avec un aussi
brillant animateur que René Prou,
« Pomone » est appelé à connaître un
nouvel essor.
nouvel essolr. Le Masque de Fer.
CHRONIQUE DU & FIGARO «
Les spécialités
envahissantes
Par MIGUEL ZAMACOIS
C'est un fait indéniable que depuis
quelque temps les boutiques où l'on
mange. connues autrefois sous le nom
à présent vieillot, et qui fleure son
avant guerre, de « restaurant », se mul-
tiplient dans Paris de façon tout à fait
curieuse.
Ces boutiques disputent maintenant
âprement tous les rez-de-chaussée dis-
ponibles aux bars et aux banques, spé-
cialisés depuis une vingtaine d'années,
dans l'accaparement de tous les locaux
vacants, et qui furent longtemps les
deux triomphateurs essentiels de la rue
moderne. »
L'idée du bar où l'on consomme de-
bout est tout simplement une trouvaille
de génie. Elle exploite la déplorable ré-
putation romantique du café où l'on,
s'asseoit, lieu de stagnation théorique-
ment prolongée et paresseuse, lieu de
perdition classique de la vieille bohè-
me étudiante et des adultes désœuvrés,
au temps où il était entendu que tout
valait mieux ope d'aller au café.
Le bar où 1 on consomme debout, in-
confortablement, pressé, coudoyé, est,
lui, l'endroit où l'on est censé entrer hâ-
tivement, uniquement pour apaiser la
soif que Dieu a voulue à périodicité ra-
lentie chez les uns, impérieuse et perpé-
tuelle chez les autres. Deux longues
heures de bar debout ne valent pas à
l'usager de son zinc la réprobation que
s'attire par une pauvre petite demi-
heure de banquette de cuir le honteux
attardé de café. La preuve, c'est que
vous n'entendez jamais dire, en parlant
d'une quelconque occupation oiseuse s
« Ça vaut mieux que d'aller au bar. »
Le bar, c'est l'endroit où, puisque
l'on garde par devers soi son paquet, sa
sacoche ou ses outils, on est censé ava-
ler en courant un verre de liquide ex-
clusivement réparateur. Le bar debout*
c'est l'alibi de l'alcoolisme. Traqué, l'al-
coolisme a presque élevé le bar à la
dignité de pharmacie libre, dispensa-
trice de belle humeur et de « cœur à
l'ouvrage » pour les travailleurs.
Les banques, elles aussi, passant ou-
tre à toutes les féroces exigences, repri-
ses, pas de porte, options, et autres
combinaisons des cédeurs de droits et
rétrocédeurs de baux; ont poussé à tous
les coins de rues comme champignons
dans les bois après les pluies d'été. II
semble au naïf profane que les agita-
tions de l'argent devraient être fonc-
tion de l'activité des affaires, or jamais
on ne s'est tant plaint de l'indolence de
celles-ci et jamais l'argent n'a été pour-
vu de si nombreux et si somptueux dan-
cings. La spéculation en est, dit-on, la
cause. Comme, par la faute de la vie
extrachère, il manque perpétuellement
à tout le monde, selon l'expression po-
pulaire, un sou pour faire le franc éter-
nellement dû au fournisseur ou au fisc,
tout le monde spécule à tour de bras,
au hasard, au petit bonheur, à l'aveu-
glette, à colin-maillard. Il n'en fallait
pas plus pour que le cratère du volcan
social en éruption se hérissât de bou-
tiques financières.
F*~
'̃*•*̃•
C'est le tour à présent des boutique^
où l'on mange. Aimez-vous les « hostel*
leries » ? On en a mis partout.
Ces boutiques où l'on mange ne pa-
raissent d'ailleurs pas bien fixées sur
les conditions de leur présentation.'
Elles ne savent pas au juste si elles
doivent abriter leur modernisme archi-
tectural sous une enseigne rococo, ou
leur traditionalisme culinaire sous de
l'audace décorative. D'où ces simili
humbles auberges qui sont de riches
petits palais ces frustes rôtisseries qui
sont de galantes « folies »; ces tourne-
brides de routiers qui sont des
grill-rooms déguisés de clubs anglais
d'où cette rusticité luxueuse, ce con-
fort raffiné qui voudrait tant avoir
l'air d'être du sans-façon et de
la bonne franquette ce mélange
hétéroclite, au plafond, d'appareils
d'éclairage de l'exposition des Arts
décoratifs et de saucissons enfumés
ce mariage inexplicable du maître
queux à bonnet blanc et du tourne-
broche en évidence avec l'ébénisterie et
la ferronnerie des « ensembliers » à la
page enfin toute une mise en scène
laborieuse, truquée, artificielle, incohé-
rente, seule denrée de la maison qui ne
soit ni chair ni poisson.
Sur cette originalité forcée et essou-
flée, on jette des noms lardés de drô-
lerie pittoresque ou farcis de sans-gêne
et de cordialité familière. Les maîtres
d'hôtel sont respectueux mais les. en-
seignes vous tapent sur le ventre. Ce
sont des noms d'oiseaux ou de spécia-
lités, du racolage spirituel engageant
ou attendri du chez-soi, du chez-nous
du chez-vous, de l'entre-soi et de l'entre-
nous, comme si l'on allait dîner dehors
pour se procurer à tout prix du tête-à-
tête quotidien et de l'habituelle intimité
conjugale. <
Comment expliquer, à tous les carre-
fours, cette anormale floraison de bou-
tiques à manger finement, qui modifie
non seulement l'aspect de certaines rues
et de certains quartiers parisiens, mais
de certaines routes, de certaines ex-so-
litudes forestières ? A-t-on plus d'ap-
pétit qu'autrefois, et faut-il aller cher.
cher en ville ce que nous refuse la mau-
vaise humeur des cuisinières émanci-
pées ? Ou bien a-t-on moins d'appétit»
et faut-il l'exciter par des menus tenta-
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