Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1926-12-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 décembre 1926 23 décembre 1926
Description : 1926/12/23 (Numéro 357). 1926/12/23 (Numéro 357).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k294993p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Fondateur H. DE VILLEMESSANT (1854-1879)
Anciens Directeurs Fhancis Magnahd. Gaston Calmette, Alfred Capbs.
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I–d méchants, je mepresse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.
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2 h, 30, Salle de Géographie Conférence du comte de Saint-Aulaire < La politique de Pascal s»
73' Année sous la présidence de' M. Paul Bourget. N° 357
Courses à Vincennes.
PUBLICATIONS ANNEXES
Le lundi "LE Figaho Économique". Le samedi "Le FIGARO Littéraire*
Le jeudi Le FIGARO ARTISTIQUE Illustré
et les "Figaro" des États-Unis et de l'Argentine, etc.
TABLEAU DES CHANGES
A PARIS
Le Dollar vaut sM.&a 35,16 La Livre vaut >«, .»*. ».; 121,75
Le Franc Suisse vaut > [. 4,£6 La Lire va, \.jz ». M*
Le Belga vaut »>; 3.50 La Peseta ;<• >.» ».r 3<82
A Londres, la Livre vaut en DoU 4,85 A Rome, le Dollar vaut en Lire 22,40
A New- York, la 4,85 la Livre 10885 |
< DIRECTEUR LITTÉRAIRE: ROBERT DE FLERS
•DlRECTEUE-RÉpACTEUR EN CHEF POLITIQUE LUCIEN ROMIER
DIRECTEUR POLITIQUE FRANÇOIS COTY
Pour remédier
,') au chômage
Des délégués du groupe parle-
mentaire du parti socialiste fu-
rënt hier chez M. Poincaré
pour appeler' son attention sur certaines
mesures de secours à prendre en 'vue des
risques de chômage. Au cours de cet en-
tretien, il fut question notamment d'un
projet de grands travaux publics et de la
ratification éventuelle de la convention in-
ternationale de Washington sur les huit
heures..
Du programme de grands travaux pu-
blics, nous ne pouvons rien dire encore
de précis, ne sachant au juste quelle sera
son ampleur, à quoi on' le destinera ni
quelles ressources en alimenteraient l'exé-
cution.
Ce qui nous inquiète, pour les chô-
meurs, eux-mêmes, et pour les contribua-
bles, c'est le caractère grandiose que l'on
prête à un tel programme. Le grandiose,
en matière administrative, donne lieu,
d'ordinaire, à plusieurs sortes d'abus et,
d'abord, à un abus de lenteur. Si l'on
attend, pour agir, que soit rempli le cycle
de formalités qu'exige la moindre entre-
prise d'Etat, les chômeurs seront morts
de faim ou le chômage sera terminé.
Quant aux contribuables, ils savent que
les programmes grandioses, non,seulement
coûtent fort cher, mais n'aboutissent sou-
vent qu'à des malfaçons et à des œuvres
interrompues. On tourne dans un cercle
vicieux. ou bien on paiera lés chômeurs
au rabais dans les chantiers publics, et,
dès que les chantiers privés redeviendront
actifs,1 la main-d'œuvre retournera vers ces
derniers, laissant les chantiers publics à
l'abandon ou bien l'Etat distribuera aux
chômeurs des salaires élevés, il sera débor-
dé et il fera une concurrence ruineuse aux
chantiers privés, ce qui aboutira à créer
de nouveaux chômeurs. Autant donner des
subventions directes à l'industrie, ce qui
est,. d'ailleurs,. une formulé très discuta-
ble et compliquerait nos embarras à l'in-
fini.̃.̃
Pour ce. qui est de la ratification de la
convention internationale de Washington,
aious avouons ne pas comprendre, Le
débat concerne une convention que, pra-
rjquèment, aucun grand Etat industriel
n'a ratifiée. Gardons-nous d'être dupes des
mots, surtout quand il s'agit du gagne-
pain des petites gens. Quel serait le ré-
sultat de la ratification ? Il serait d'ag-
graver les charges dès patrons français en
pleine crise et de les. mettre en état d'in-
fériorité vis-à-vis des patrons étrangers.
Négligeons, si vous voulez, le sort dés pa-
trons. Mais les ouvriers ? Les ouvriers en
seraient les victimes, parce que, si on peut
Obliger un patron qui gagne de l'argent
à ne faire travailler ses ouvriers que huit
heures par jour, on ne peut pas l'empê-
cher de fermer ses usines quand il produit
à perte. Or le' principal, aujourd'hui, est
que les usines restent ouvertes.
La première chose et la plus économi-
que à faire pour secourir 'les chômeurs,
c est, d'abord, d'éviter que le chômage
même s'étende. Nous sommes persuadé que
là stabilité de la monnaie remettrait bien-
tôt les affaires d'aplomb.
Puis il faut répartir la main-d'œuvre
d'une façon rationnelle. Le, ministère da
Travail n'a pas de tâche pius-urgente que
d'indiquer aux chômeurs, par toutes lés pu-
blicités et notamment par voie d'affiches,
où existent encore des demandes de main-
d'œuvre et de leur faciliter le moyen de
se rendre sur les lieux. Le nombre des chô-
meurs est encore assez restreint pour qu'on
puisse leur trouver une issue. Au surplus,
un plan devrait avoir été prévu et être
mis en œuvre pour « décongestionner » lés
centres trop surpeuplés. Parmi les travaux
d'utilité publique, il en est un qu'on ou-
blie toujours c'est le travail agricole.
lI y a au moins une propagande à faire,
par les maires et les instituteurs, pour ar-
rêter l'émigration des campagnes, qui con-
tinue malgré les menaces de chômage ci-
tadin. Tout cela n'est pas très « électo-
ral ». Mais que voulez-vous ? Les be-
soins de la vie passent avant les besoins
électoraux, qui sont une forme du superflu.
Lucien Romier.
La décentralisation
en Alsace et en Lorraine
Le président du Conseil a soumis à la
signature du Président de la République
un décret destiné à adapter à l'Alsace et à
la Lorraine les dispositions du décret ad-
ministratif du ,5 novembre dernier (dé-
cret de décentralisation).
Voici, à titre d'exemple, quelques-unes
des innovations les plus importantes réa-
lisées par ce décret
Administration départementale. Alors
que 'précédemment un très grand nombre
de délibérations des conseils généraux
n'éraienf exécutoires qu'après un délai de
trois mois pendant lequel un décret pou-
vait en suspendre l'exécution, le nouveau
décret rend toutes les délibérations des
conseils généraux immédiatement exécu-
toires, sauf possibilité d'un recours en
annulation, si elles ont été prises en vio-
lation d'une loi.
Les départements, désormais; pourront
s'associer en syndicats interdépartemen-
taux pour la création et l'administration
«l'œuvre d'intérêt interdépartemental, ces
syndicats auront une personnalité et un
budget propres permettant de créer «t de 1
perfectionner un outillage économique
régional.
Enfin, les représentants élus du départe-
ment participeront désormais de plus prés
pendant l'intejr-session des conseils géné-
raux à l'administration du département.
Administration communale. Dans l'or-
ganisatioh nouvelle, le sous-préfet devient
1 autorité de tutelle directement compé-
tente pour toutes les communes de son ar-
rondissement (y compris la commune chef-
lieu), système de déconcentration que la
législation locale n'avait réalisé qu'en ce
qui concerne les petites communes. L'au-
torité de la tutelle pour les grandes com-
munes de l'arrondissement comme pour
lés petites sera désormais le sous-préfet,
ce qui rendra plus rapides les décisions
administratives à prendre en faveur des
premières,
Le nouveau décret institue désormais
un système d'après lequel les- délibéra-
tions soumises a approbation sont consi-
dérées cotinne tacitement autorisées, si
dans un délai déterminé (de quarante jours
à trois mois) l'autorité compétente n'a pas
statué.
Ce décret augmente également dans de
larges proportions la marge dans laquelle
les administrations municipales peuvent
concéder de gré à gré des marchés de tra-
vaux et de fournitures sans recourir à la
procédure de l'adjudication.
Enfin, le décret du 5 noWehibi'é -^tt
donc celui "du 21 décembre 1926 prévoit
un très grand nombre de mesures de dé-
concentration qui. font passer le pouvoir
de décision du Président de la Républi-
que ou- du ministre au préfet et du préfet
au sous-préfet, système qui aura pour ré-
sultat de simplifier et d'assouplir les for-
malités administratives dans de nombreux
cas où l'opinion alsacienne et lorraine avait
formulé des plaintes au sujet des'lenteurs
avec lesquelles intervenaient certaines dé-
cisions.
LÀ POLITIQUE
Les étapes brûlées
Les fonctionnaires vont-ils adhérer à la
Confédération générale du Travail ? La
question se discute posément. Elle eût
paru bouffonne' il y a six'ans, alors qu'on
vit sur le banc dé la police correctionnelle
M. Jouhaux poursuivi pour avoir admis à
la C. G: T. quelque syndicat d'instituteurs,
et qu'on put entendre M. le président Le-
m'ereier prononcer, en fin d'un jugement
longuement motivé, la dissolution de la
Confédération. L'Etat," il est vrai, tout de
milite s'cpouvnhtà de ,s,on audace. Un ap-
pelopportun, des délais indéfinis, une am-
nistie ou quelque autre détour de procé-
dure, réconcilièrent les gouvernements et
la puissante association prolétarienne.
La C. G. T. pardonna. Mais le syndica-
lisme continua à faire reculer les,pouvoirs
publics qui, sous le nom de tolérance, ca-
chaient leur faiblesse. Enfin, le Cartel vint
et l'un de ses premiers soins fut d'effacer
toute différence, entre les- associations de
fonctionnaires constituées conformément
aux lois et les syndicats déclarés illégaux.
La simple circulaire de M. Chautemps, qui,
revisant la jurisprudence, les mettait tous
sur le même pied, eut pour résultat de don-,
ner, dans les administrations, la haute in-
fluence aux groupements nouvellement ad-
mis, soutenus,' dirigés par les fédérations
révolutionnaires.
Aujourd'hui, les agents de l'Etat, deve-
nus plus puissants que lui, s'avisent de
vouloir entrer franchement dans une fé-
dération que la prudence de son grand
dirigeant n'empêche pas d'être essentielle-
ment révolutionnaire en son but et dans
ses statuts mêmes. On crie à l'Etat « Sé-
vissez, réagissez » L'Etat ne dit rien.
Mais son silence est aussi éloquent que la
réponse du soldat à qui son capitaine
criait d'amener son prisonnier. L'Etat ne
peut rien.
Depuis 192Ï, on a brûlé les étapes.
•• Henri Vontivén.
fc. 0 1
La vente des terrains par blocs
̃ L'ilôt de 5.367 mètres, situé porte Cham-
perret, mis en vente par la Ville de Paris,
présenté au prix. de 6.400.000 francs, n'a
pas trouvé .preneur hier, la Chambre des
Notaires, ce qui montre combien était jus-
tifiée l'observation formulée ici même, à
plusieurs reprises, au sujet de la vente des
terrains des fortifications par blocs, au
lieu de lots accessibles à des particuliers.
Espérons que cette leçon des faits sera
comprise par le Conseil municipal.
«^
Les Soviets fabriqueraient
dés bombes à bactéries
des bomu a ies
Londres,, 22. décembre. Le correspon-
dant du .'Dml.fi Tclegraph à Riga télégra-
phie ••̃̃'•.
« On annonce de Moscou que l'adminis-
tration, militaire des Soviets a installé dans
l'île de Kougaly,, située dans la partie nord
de là" mer Caspienne, une station militaire
bactériologique pour faire des expériences
avec des bombes à bactéries et pour en
préparer la fabrication. Des expériences
similaires, croit-on, seront faites à Astra-
kan. »
-p.
L'insurrection au Nicaragua
Londres, 22 décembre. • On mande do
bianagua à -l'Agence Reuter
«' Le général 'commandant les troupes
conservatrices annonce que, les forces li-
bérales ont attaqué celles-ci à Las Perlas.
La bataille a commencé le 20 décembre et
n'est pas encore terminée. Les détails
manquent. »
LES ABONNES DU FIGARO
• TROUVERONT, CE MATfN.
I~ 1F~® ~t~~aac~
ENCARTÉ DANS LEUR JOURNAL
Ac LA MÉMOIRE DWE GRANDE FIGURE FRANÇAISE
Pour le monument de Maurice Barrès
Dans ce Mystère en pleine lumière
(j'ai connu un autre titre au volume
N'importe où, hors du monde) qui pa-
raît trois ans après sa mort, on trouve
quelques-uns des morceaux de poésie
les plus achevés que Barrès ait écrits.
Tout y est simple, naturel -et mysté-
rieux comme le jour. Nulle trace de ces
artifices qui ont un moment leur grâce,
mais dont souvent un écrivain devient
le prisonnier et qui vieillissent avec lui.
Ici la langue et la pensée atteignent,
pour employer un de ses mots familiers,
leur point de perfection. C'est la fleur
dans son verre d'eau.
J'ai passé plusieurs printemps avec
Barrès en Provence, et tout en parcou-
rant la Garrigue et le bois de pins, at-
tentifs à ne pas mettre le feu avec nos
cigarettes à toute cette poésie inflam-
mable, j'ai vu se former dans son esprit,
mie à une, les idées et les images de ce
morceau ravissarit, Le Ureà/Gijp sur Je
printemps à Mirabeau. Ce sont des pa-
ges délicieuses de poésie brillante, le
plus aimable salut qu'un étranger puis-
se faire à la Provence. Mais pour la con-
naissance de Barrès, je pense qu'il faut
mettre au-dessus de cette perfection
les notes, les interrupla verba qui ter-
minent le livre L'automne à .Charmes
avec Claude Gellée.
En Provence, même. dans cette' Pro-
vence montagnarde de la haute Duran-
ce, si à l'écart des cosmopolites et des
snobs, Barrès ne s'est jamais senti tout
à fait à son aise. Physiquement, il s'y
portait mal, il s'en fatiguait vite et ne
pouvait y demeurer très longtemps.
Surtout, ïl s'y sentait étranger. Etran-
ger au pays, étranger à la demeure.
Pour la première fois cette vieille mai-
son des Mirabeau avait un maître, si
l'on peut dire, qui n'était pas- de son
sang, et il s'en attristait. Il s'y trouvait
à peine chez lui, mais plutôt s'y consi-
dérait comme un hôte de passage, un
conservateur, un gardien. Et bien qu'il
apportât une charmante bonne volonté
pour entrer en communion avec les
choses et les gens de Provence, pour en
découvrir l'agrément, la finesse, la
force, la poésie enfin, cette poésie lui
demeurait'toujours un peu extérieure,
comme le gçujc de Mistral ou de Vir-
gile.
En Lorraine, au contraire, il était
vraiment chez lui.-Çe n'est pas qu'il fré-
quentât beaucoup>plus les gens de Char-
mes ou de Nancy que ceux d'Aix ou
d'Avignon (J'aime mes compatriotes,
disait-il drôlement, quand ils ont trois
cents ans de bière.), mais en Lorraine
il n'avait pas besoin de sortir de lui-
même. La Lorraine où il se plaisait,
c'était une imagination, une construc-
tion de son esprit, un paysage idéal et
nostalgique c'était l'aura, l'atmosphè-
re de sa pensée,fous les âges de sa vie,
le large supports qu'il donnait à l'être
particulier qu'il était. Là il se sentait à
son aise, là il sé, mouvait librement
comme on se meut dans un songe. Il y
jouait une double \partie, exprimant
tantôt ce qu'il appelait' Lorrame par
ses pensées personnelles, et tantôt em-
pruntant certaines représentations à Ce
pays demi-réel et dâni^imaginaire pour
exprimer ses pensées^, propres. Il excel-
lait à ce jeu. Mais plus il y excellait, et
moins il était concevable qu'il pût le
recommencer ailleurs. Il était le pre-
mier à sentir qu'en Provence, ce beau
jeu, exactement, le même, c'était Mistral
qui le menait, et cela lui enlevait là-bas
ce sentiment de royauté qui le mettait
si naturellement en Lorraine dans iin
état d'allégresse.
A Charmes, plus souvent encore qu'à
Mirabeau, je me suis promené avec Bar-
rès. A travers les prairies j'ai fait main-
tes fois avec lui la promenade de Cha-
magne, le village de Claude Gellée. De
tout temps je l'ai vu préoccupé de ren-
dre avec des mots ses émotions de <
vaut ce paysage fait de très peu de
chose, une rivière qui brille, des grèves
de cailloux, quelques arbres désœuvrés
et des éclats d'herbe verte engagés entre
les bois. Mais tandis qu'à Mirabeau je
l'ai vu, en quelques jours, écrire sa let-
tre à Gyp, faire son esquisse, brosser
son paysage, achever un tableau parfait,
à Charmes il remettait toujours d'abor-
der son sujet, la jeunesse de Claude,
comme on remet à plus tard un travail
qui vous tient au cœur, qu'on désire j
trop, magnifique et pour lequel oivne i
se croit pas assez dans l'état de grâce
nécessaire. Il a différé, attendu pendant
des mois et des années. Un jour, enfin,
il a senti qu'il fallait se décider, il a
commencé de rassembler autour de "lui- iJ J
les idées les plus proches. Pas assez
vite. La mort l'a pris.
Infinie mélancolie de l'oiseau tombe-
en plein toI, de l'esprit arrêté au milieu
de sa course et qui ne la reprendra ja- 1
mais plus. N'importe où, hors du mon-
de voilà son vœu exaucé. Mais cette i
fois il est parti seul, et ne nous entraîne :v
plus avec lui. :2
L'Automne à Charmes demeure ina-
chevé. Inachevé n'est pas le mot. C'est i
une rêverie en train de se former, en- ]
veloppée encore de ses brumes, à l'état <
de nuée, de gouttelettes en suspension. ]
Mais cet indéterminé et cette incertitu- 1
de mêmes s'accordent mystérieusement i
avec l'objet qu'il poursuivait. Dans cette <
campagne de Moselle il se proposait de ]
retrouver les impressions d'un petit pâ-
tre qui garde son troupeau, et comment 1
ses jours d'enfance et d'oisiveté dans <
ces prairies avaient disposé Claude Gel- 1
lée a ses grandes rêveries romaines. i
«JJJ 11 | |Ut
Comment se forme le génie ? De quel
mystère naît l'oeuvre d'art, cette chose
qui, pour être parfaite, doit donner le
sentiment d'avoir jailli d'un coup, com-
me l'oiseau s'échappe du buisson, tout
ailé et chantant Nous savons bien
qu'il n'en va pas ainsi, et que c'est au
contraire. par de lentes approches que
l'esprit organise sa pensée, même la
plus musicale, même la plus poétique.
Ces approches, on veut les connaître.
Se trouver tout à coup en face de la per-
fection vous laisse un peu déconcerté.
On admire, ce n'est pas assez. Après
l'admiration le désir vous vient de con-
naître par où l'artiste a passé.
Í'*
Barrès nous a-t-il livré le secret du
berger de Ghamagne Ce secret, peut-
on le surprendre, lorsque rien ne de-
meure des rêveries de Claude enfant ?
Barrès lui-même le cherchait-il ? Clau-
de Gellée, dans cette affaire, était-il
pour lui autre chose qu'un personnage
mythique, comme la Lorraine elle-mê-
me ? Ce qu'il poursuivait dans ces prai-
ries, ce n'était pas l'enfance de Claude,
c'était sa propre enfance ce n'était pas
les secrets du Lorrain, c'étaient ses pro-
pres secrets.
Par une rencontre mystérieuse (et
cela devait être ainsi puisque tout est
mystère dans ce livre) l'inachèvement
du morceau nous éclaire sur Barrès et
sur son art mieux que ne l'aurait fait
le morceau achevé. Une fois de plus,
nous nous serions trouvé devant quel-
que chose d'accompli, et nous n'au-
rions pu saisir les moyens de cette per-
fection. On a beau être un grand artiste,
avoir sur là fin de sa vie, à deux pas
de la mort, la conscience la plus com-
plète de ses ressources et de ses possi-
bilités, il n'empêche qu'à chaque œu-
vre nouvelle on revient à la jeunesse et
à l'apprentissage. Où croit toujours
avoir acquis plus de facilité, plus de
$*râce ou de force pour jouer le jeu
éternel, mais ce n'est là qu'une illusion.
Il faut toujours repasser par les sen-
tiers que l'on a déjà suivis pour les
œuvres précédentes. Un artiste est un
homme qui réc6mménce:'t6ute son ex-
périence a chaque fois qu'il entreprend
tin; ouvrage nouveau. L'intérêt de cet
Automne a Charmes, c'est qu'on y voit
Barrès en train de battre les buissons
pour en faire sortir l'oiseau bleu. On y
voit comme il travaillait, et sur quelles
indications; celles-ci trop précises, cel-
les-là trop vagues encore, il faisait sa
musique. On surprend là lés tâtonne-
ments de la pensée qui se cherche, ses
élans, ses faiblesses, et tout à coup
l'heureux coup d'aile qui vous porte
sur la hauteur où l'œuvre entière doit
s'établir. C'est avant leur orchestration
les minutes vives de l'ouvrage, où déjà
tout est,contenu, sans que ce contenu
apparaisse encore tout à fait à l'artiste
lui-même. Ce sont les fusées qui s?élan-
cent dans le jour encore incertain de sa
pensée. C'est, pendant qu'il écoute à la
Chambre un bavard qui l'ennuie, une
idée jaillie soudain de la secrète rêve-
rie qu'il n'a pas quittée au vestiaire
avec son pardessus, et qu'il griffonne
au crayon sur un bout de papier ou le
revers d'une enveloppe. Je note, en
passant, qu'à la Chambre, dans cette
atmosphère échauffée par une foule de
passions qui lui étaient étrangères, il
trouvait un milieu propre à" son ima-
gination. 'Is'olé'dâtis'ce tumulte dont il
recevait pourtant une excitation pro-
fonde, il était là, perdu comme au mi-
lieu d'un élément (bien des fois il m'a
dit « Je voudrais écrire un livre sur
la Chambre, la peindre comme un élé-
ment. »), et le sentiment de sa solitude
au milieu de cette force confuse favori-
sait sa rêverie. Ces minutes vives dont
je parle, c'était encore, la nuit, un mo-
ment d'insomnie (il en avait beaucoup),
et cette heure dangereuse où l'esprit est
à la fois si près de la pensée défaîte, •!
du cauchemar, de l'apocalypse, si près
aussi de la pensée nouvelle, jamais en-
core approchée ni aperçue, et qui n'ar-
rive que pieds-nus dans les ténèbres.
Cette minute-là, loin de la laisser fuir,
de l'abandonner au néant, Barrès l'ar-
rêtait au passage. Que de fois' il m'a
dit encore « Tharaud, quand vous ne
dormez pas, songez à votre affaire. Al-
lumez votre bougie. Travaillez. » Il al-
lumait sa bougie, ou, pour ne pas trou-
bler la faveur de la nuit, il prenait sur
la table placée près de son lit le crayon
et le papier qu'il y posait tous les soirs,
et dans l'obscurité il notait d'une écri-
turc qu'il pouvait à peine déchiffrer le ]
matin une de ces phrases encore bai- i
gnées du mystère du sommeil et que le 5
jour effarouche. C'était son butin, sa
chasse, sa conquête sur lui-même et sur
son inconscient qu'il rapportait ainsi i
des ténèbres de la nuit ou des ténèbres
de la Chambre, et aussi de ces lon-
gues promenades à pied que nous fai-
sions ensemble à Mirabeau ou à Char- J
mes. 1
A la fin dé ces promenades, bien des (
fois il m'est arrivé ceci. Nous avions ]
marché deux ou trois heures en causant ]
de toutes sortes de choses, car il aimait (
parler en marchant. De retour dans son
cabinet, il était rare qu'avant de se re-
mettre au travail il ne notât pas sur un ]
cahier (un de ces cahiers dont on an- {
nonce la publication prochaine), une
suite d'impressions ou d'idées rappor- (
tées de sa promenade. Et le curieux, (
c'est que presque toujours ce qu'il no- 1
tait ainsi était complètement étranger 1
à la conversation que nous avions eue
ensemble. Mystérieusement des choses
s'étaient glissées entre nous sans que je
m'en fusse rendu compte, des choses
qui s'étaient développées en lui sous la
nappe des pensées claires, et dont l'exis-
tence ne se révélait à moi que par ces
notes qu'il rédigeait quand nous nous
retrouvions assis en face l'un de l'autre
à la table de travail. Une fois que je
m'en étonnai « Cela, c'est mon don »,
rhe dit-il.
Ces phrases de la nuit, ces phrases de
la Chambre, ces phrases de la prome-
nade, ces minutes d'illumination et aus-
si d'aridité, le piétinement de l'artiste
dans la glaise de son sujet, les grands
cercles de l'oiseau avant qu'il tombe sur
sa proie, voilà l'état où Barrès a laissé
son Automne à Charmes. C'est l'au-
tomne, l'hiver du travail. J'ai connu le
Printemps à Mirabeau dans ce même
état d'imperfection de chapelet d'idées;
j'ai vu de quelles grêles fleurs Barrès
composait ses bouquets. Il arrivait à ses
pensées ce qu'il dit de ses souvenirs
d'enfance, si minces par eux-mêmes et
qui s'enrichissaient de sa vie. J'ai tiré
pour moi-même beaucoup d'enseigne-
ments de ces préparations auxquelles
il. apportait tant de soins, et qui peu à
peu devenaient l'œuvre même. Même
aventure que dans nos promenades. Ces
notes éparses tout à coup se transfigu-
raient sous mes yeux en quelque chose
de nouveau. Et cela aussi, je puis le di-
re, c'était .le mystère en pleine lumière.
L'Automne à Charmes ne nous donne
pas le secret du miracle, mais il nous
montre le miracle que j'ai vu pendant
quinze ans s'accomplir tant de fois sous
mes yeux avec un émerveillement tou-
jours neuf.
Jérôme et Jean Tharaud.
• ̃ <<^<-«r
ÉCHO©
La Température
Probabilités pour aujourd'hui:
Région parisienne: temps plus froid, ciel
nuageux avec éclaircies, quelques grains de
neige, vent de nord-est 3 à 7 mètres, tempéra-
ture en baisse, gelées, Minimum 3"»
̃ ̃» )
L'Ecole des chartes a la croix de
guerre.
Dans un écho du 22 septembre, nous
avons demandé Pourquoi l'Ecole des
chartes n'a-t-elle pas la croix de guerre?
Et' nous rappelions que la grande
Ecole comptait 51 tués à l'ennemi et
plus de 20 morts de maladies contrac-
tées au service.
L'oubli était manifeste. Il vient d'être
réparé. L'Officiel d'hier contient cette
citation
ECOLE DES CHARTES chargée d'en-
seigner et d'étudier l'histoire nationale, a
joint l'exemple au précepte et formé des
citoyens prêts à sacrifier leur vie pour dé-
fendre le sol, les traditions et le génie de
la France; et dont lés qualités se sont hau-
tement affirmées au cours de la grande
guerre.
Six autres grandes écoles sont égale-
ment citées à l'ordre du jour. Ce sont
l'Ecole du service de santé de Lyon,
l'Ecole d'administration militaire, le
Prytanée militaire, l'Ecole des beaux-
arts, l'Institut national agronomique,
l'Ecole des hautes études commerciales.
Place Vendôme. Les riches vitrines
des grands joailliers Van Cleef et Ar-
pels, resplendissant toute l'année de
feux attirants, ne restent-elles pas la su-
prême vision que conserve, loin de Pa-
ris, l'élégante étrangère, et ne sont-elles
pas parmi les plus désirables des at-
tractions qu'elle escompte dé son pro-
chain retour dansia capitale de'fous les
raffinements ? '?
Le charme exclusif de Paris n'est-il
pas composé de toutes les belles choses
qu'on a le privilège d'avoir constam-
ment sous les yeux ? Nulle part ailleurs,
on ne peut, non plus; se faire une idée
du mouvement d'une maison comme
celle de Van Cleef et Arpels, durant la
période des fêtes du Jour dé l'An, car
dans aucune autre ville n'existe une or-
ganisation comparable à la leur, offrant
en joaillerie des occasions sensationnel-
les, chaque fin d'année.
« t
Des promeneurs s'arrêtent, hésitent
Est-ce un magasin de joaillerie, est-ce
un musée ? Il y a des marrons glacés
en robe d'or, cent merveilles encore, on
s'étonne, puis tout s'explique car la ré-
putation de « La-Marquise de Sévîghé »,
boulevard de la Madeleine, est univer-
selle.
Si vous. demandez à Henri Vergue, le
maître fourreur de' la rue Royale, son
pronostic sur la hausse ou la baisse des
fourrures, il vous expliquera que' la
baisse enregistrée en France coïncide
avec une hausse dans les pays d'origine.
Elle ne peut donc se maintenir. Il faut
se hâter de profiter de la baisse actuelle
car dès le mois prochain le mouvement
inverse, se fera sentir en France.
Wilmart,
place Vendôme, ne" vous offre pas
d'invraisemblables occasions, mais il
peut affirmer que ses spécialités en
crêpes pour lingerie et robes sont les
meilleures de prix et d'usage, ses châ-
les et écharpes les plus avantageux ca-
deaux à offrir.
Pendant la période de Noël et du
Nouvel An, les visiteurs trouveront à
des conditions spécialement avantageu-
ses des pianos d'occasion à la Maison
Gaveau, rue La Boëtie. Ils pourront
également y choisir d'excellents pia-
nos de location sortant directement des
Usines.
Le Masque de Fer.
DE P ARISÂVIERZON
A 125 à l'heure
dans le premier train électrique
m •̃
C'est un cadeau de Noël bien utile1 el
agréable que la Compagnie du P.-O. offre,
cette année, :t son public. Un train élec-
trique, un superbe train électrique pareil
à ceux qui font rêver les enfants en ce
mois des étrennes, a quitté, hier matin,
la gare d'Orsay, emmenant dans ses wa-
gons neufs et reluisants des grandes per-
sonnes émerveillées.
En moins de deux heures, sans secousse,
sans poussière de charbon, sans la moin-
dre escarbille dans les yeux, nous avons
franchi les deux cents kilomètres de plai-
nes et de vallées qui séparent Paris de
Vierzon et, en mettant pied à terre dans
la petite gare parée comme pour un jour
de fête, chacun des voyageurs avait l'im-
pression qu'une force nouvelle était née.
M. André Tardieu, grand maître des
travaux publics et des voies ferrées, l'état-
major de la Compagnie, MM. Vergé, prési-
dent du conseil d'administration Mange,
directeur, et son prochain successeur, M.
Bréaud M. Peschaud, secrétaire général,
et son adjoint, M. Frédault le corps des
administrateurs, toute une brillante pha-
lange dfirigéuïéuKs; et de techniciens les
directeurs des réseaux voisins et lçs mem-
bres de la presse furent, hier, les heureux
privilégiés qui inaugurèrent la première
ligne électriflée dont les Français auront
lieu d'être quelque peu fiers. Il n'existe
pas, en effet, nous a-t-on dit, dans le mon-
de ni en Suisse, ni en Amérique de
réseau électrique comparable en puissance-
à celui qui unit depuis hier Paris à Vier-
zon. Neuf cents kilomètres de lignes de
contact aériennes transmettent aux trac-
teurs un courant continu de 1.500 volts
fourni par les centrales thermiques de
l'Union d'électricité de Paris, et, en grande
partie, par l'usine hydraulique d'Eguzon,
sur la Creuse, dont nous avons décrit, -il -:y
a quelques mois, les gigantesques travaux.
Quelques ;chiffres éloquents diront toute,
l'importance de ce. réseau. Le trafic prévu
sur Paris-Vierzon représente, en effet, -"en-
viron 'un, sixième du trafic total du réseau,
soit quatre milliards de tonnes kms. Ci;
trafic, nous a-t-on expliqué, correspond à
une consommation annuelle d'énergie élec-
trique de l'ordre de cent vingt millions de
kwh., et à une économie annuelle de
charbon de 250.000 tonnes environ.,
Il n'est pas exagéré de dire, on le .voit,
que ces travaux marquent une très impor-
tante étape vers notre plus grande indé-
pendance économique.
Trois locomotives, de trois types diffé-
rents, se disputèrent, hier, l'honneur de
conduire notre train ministériel. De Paris
à Orléans, ce fut nue Gearless de 3.000 che-
vaux, et d'Orléans à Vierzon, un tïànzide.
4.000 chevaux. Une Brown-Boveri de 3,600
chevaux devait nous ramener le soir il
Paris.
Au passage, nous pûmes contempler les
ateliers de Vitry et la silencieuse et puis-
sante sous-station de Theillay, une des dix
échelonnées sur le parcours.
La Compagnie du P.-O., qui sait offrir
à ses invités la griserie de la vitesse, sut
aussi bien les traiter. Dans Vierzon en fête,
un banquet réunit les artisans et les admi-
rateurs de ce merveilleux travail. L'on de-
vine qu'après bien des discours, M. André
Tardieu fut acclamé lorsqu'il fit l'éloge*. de
ce « péché d'orgueil » qu on voudrait re«-
contrer un peu plus souvent chez les sa-
vants et les ingénieurs français.
Simon Arbèllot.
i »/v
La Chine en décomposition
,i, ̃
Par D'AUXION DE RTJFFE
Changhai, décembre. De même
qu'un médecin digne de ce nom peut pré-
voir les stades futurs de certaines mala-
dies et indiquer la date approximative à
laquelle la mort viendra mettre un terme
à une longue agonie, de même est-il pos-
sible, pour la plupart des gens qui ont ré-
sidé quelque temps en Chine, de prédire
vers s quel' état "cfe choses ce gigantesque
pays se dirige rapidement et surementl
Seuls les diplomates qui, à Pékin, sont
extrêmement chargés d'affaires, vivant
dans leur Nirvana du quartier des léga-
tions et évitant tout contact avec le très
commun des mortels, continuent d'affec-
ter une béate indifférence. Il y a moins de
deux mois, un fonctionnaire qui réside ha-
bituellement à à Changhaï et qui repvéseiifo
un charmant petit pays ami et allié, reve-
nait de Pékin. Il avait pris part à l'une
de ces bizarres conférences, fruits mort-
nés dé leur mère étique de Washington,
et disait à qui voulait l'entendre « Mais
ces Chinois sont-parfaits. Au cours de tou-
tes nos réunions il n'y a qu'eux qui aient
dit des choses sensées (sic). Il serait cu-
rieux de savoir ce qu'il pense maintenant
de l'abrogation pure et 'simple, par les
Chinois, du traité sino-belge, du refus, de
la part des Chinois, de soumettre la ques-
tion au tribunal de La Haye, malgré leurs
engagements primitifs, et du fait que les
Belges sont maintenant soumis à l'cffroya-
ble simili-juridiction chinoise ?
Quant au pays et aux événements dont
i! est le théâtre, voyons un peu La Chine
est entre les mâchoires d'une tenaille
rouge qui l'enserre peu à peu. L'une de
ces mâchoires, celle du Nord, s'est quel-,
que peu relâchée, à la suite de ces, tracta-
tions qui sont la base même de tout conflit
entre généraux célestes. Mais elle est soli-
dement encastrée entre Kalgan et la Mon-
golie, sous le commandement du fameux
général chrétien Feng Hu Siarig. La mâ-
choire du Sud, vous le, savez, est partie de-
Canton et broie maintenant toute la rive
droite du Yan-Tse, à des centaines de kilo-
mètres de sa base. Elle vient de prendre
Hangow grande ville que les étrangers
ont en quelque sorte créée, et Wuchang,
l'immense agglomération chinoise qui lui
fait face. Environ trois millions d'habi-
tants au total. Une paille. Maintenant, elle
suit la rive du grand fleuve, a déjà culbuté
Kiu-Kiang et ses concessions étrangères
et se dirige vers Nanking et, enfin, lu
joyau des joyaux Changhaï.
Ces armées rouges sont commandées
théoriquement par un jeune général chi-
nois, Chang Kai Tchek, mais en fait par le
général russe Gallens et un état-major de
deux ou trois cents officiers rouges. Le
général Gallens est, paraît-il, un officier
de grande valeur et il est certain que les
troupes chinoises, encadrées par ces offi-
ciers, ont montré un cran et une endu-
rance tout à fait remarquables. Que nous,
Anciens Directeurs Fhancis Magnahd. Gaston Calmette, Alfred Capbs.
JRËDACTION ADMINISTRATION PUBLICITÉ ANNONCES
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73' Année sous la présidence de' M. Paul Bourget. N° 357
Courses à Vincennes.
PUBLICATIONS ANNEXES
Le lundi "LE Figaho Économique". Le samedi "Le FIGARO Littéraire*
Le jeudi Le FIGARO ARTISTIQUE Illustré
et les "Figaro" des États-Unis et de l'Argentine, etc.
TABLEAU DES CHANGES
A PARIS
Le Dollar vaut sM.&a 35,16 La Livre vaut >«, .»*. ».; 121,75
Le Franc Suisse vaut > [. 4,£6 La Lire va, \.jz ». M*
Le Belga vaut »>; 3.50 La Peseta ;<• >.» ».r 3<82
A Londres, la Livre vaut en DoU 4,85 A Rome, le Dollar vaut en Lire 22,40
A New- York, la 4,85 la Livre 10885 |
< DIRECTEUR LITTÉRAIRE: ROBERT DE FLERS
•DlRECTEUE-RÉpACTEUR EN CHEF POLITIQUE LUCIEN ROMIER
DIRECTEUR POLITIQUE FRANÇOIS COTY
Pour remédier
,') au chômage
Des délégués du groupe parle-
mentaire du parti socialiste fu-
rënt hier chez M. Poincaré
pour appeler' son attention sur certaines
mesures de secours à prendre en 'vue des
risques de chômage. Au cours de cet en-
tretien, il fut question notamment d'un
projet de grands travaux publics et de la
ratification éventuelle de la convention in-
ternationale de Washington sur les huit
heures..
Du programme de grands travaux pu-
blics, nous ne pouvons rien dire encore
de précis, ne sachant au juste quelle sera
son ampleur, à quoi on' le destinera ni
quelles ressources en alimenteraient l'exé-
cution.
Ce qui nous inquiète, pour les chô-
meurs, eux-mêmes, et pour les contribua-
bles, c'est le caractère grandiose que l'on
prête à un tel programme. Le grandiose,
en matière administrative, donne lieu,
d'ordinaire, à plusieurs sortes d'abus et,
d'abord, à un abus de lenteur. Si l'on
attend, pour agir, que soit rempli le cycle
de formalités qu'exige la moindre entre-
prise d'Etat, les chômeurs seront morts
de faim ou le chômage sera terminé.
Quant aux contribuables, ils savent que
les programmes grandioses, non,seulement
coûtent fort cher, mais n'aboutissent sou-
vent qu'à des malfaçons et à des œuvres
interrompues. On tourne dans un cercle
vicieux. ou bien on paiera lés chômeurs
au rabais dans les chantiers publics, et,
dès que les chantiers privés redeviendront
actifs,1 la main-d'œuvre retournera vers ces
derniers, laissant les chantiers publics à
l'abandon ou bien l'Etat distribuera aux
chômeurs des salaires élevés, il sera débor-
dé et il fera une concurrence ruineuse aux
chantiers privés, ce qui aboutira à créer
de nouveaux chômeurs. Autant donner des
subventions directes à l'industrie, ce qui
est,. d'ailleurs,. une formulé très discuta-
ble et compliquerait nos embarras à l'in-
fini.̃.̃
Pour ce. qui est de la ratification de la
convention internationale de Washington,
aious avouons ne pas comprendre, Le
débat concerne une convention que, pra-
rjquèment, aucun grand Etat industriel
n'a ratifiée. Gardons-nous d'être dupes des
mots, surtout quand il s'agit du gagne-
pain des petites gens. Quel serait le ré-
sultat de la ratification ? Il serait d'ag-
graver les charges dès patrons français en
pleine crise et de les. mettre en état d'in-
fériorité vis-à-vis des patrons étrangers.
Négligeons, si vous voulez, le sort dés pa-
trons. Mais les ouvriers ? Les ouvriers en
seraient les victimes, parce que, si on peut
Obliger un patron qui gagne de l'argent
à ne faire travailler ses ouvriers que huit
heures par jour, on ne peut pas l'empê-
cher de fermer ses usines quand il produit
à perte. Or le' principal, aujourd'hui, est
que les usines restent ouvertes.
La première chose et la plus économi-
que à faire pour secourir 'les chômeurs,
c est, d'abord, d'éviter que le chômage
même s'étende. Nous sommes persuadé que
là stabilité de la monnaie remettrait bien-
tôt les affaires d'aplomb.
Puis il faut répartir la main-d'œuvre
d'une façon rationnelle. Le, ministère da
Travail n'a pas de tâche pius-urgente que
d'indiquer aux chômeurs, par toutes lés pu-
blicités et notamment par voie d'affiches,
où existent encore des demandes de main-
d'œuvre et de leur faciliter le moyen de
se rendre sur les lieux. Le nombre des chô-
meurs est encore assez restreint pour qu'on
puisse leur trouver une issue. Au surplus,
un plan devrait avoir été prévu et être
mis en œuvre pour « décongestionner » lés
centres trop surpeuplés. Parmi les travaux
d'utilité publique, il en est un qu'on ou-
blie toujours c'est le travail agricole.
lI y a au moins une propagande à faire,
par les maires et les instituteurs, pour ar-
rêter l'émigration des campagnes, qui con-
tinue malgré les menaces de chômage ci-
tadin. Tout cela n'est pas très « électo-
ral ». Mais que voulez-vous ? Les be-
soins de la vie passent avant les besoins
électoraux, qui sont une forme du superflu.
Lucien Romier.
La décentralisation
en Alsace et en Lorraine
Le président du Conseil a soumis à la
signature du Président de la République
un décret destiné à adapter à l'Alsace et à
la Lorraine les dispositions du décret ad-
ministratif du ,5 novembre dernier (dé-
cret de décentralisation).
Voici, à titre d'exemple, quelques-unes
des innovations les plus importantes réa-
lisées par ce décret
Administration départementale. Alors
que 'précédemment un très grand nombre
de délibérations des conseils généraux
n'éraienf exécutoires qu'après un délai de
trois mois pendant lequel un décret pou-
vait en suspendre l'exécution, le nouveau
décret rend toutes les délibérations des
conseils généraux immédiatement exécu-
toires, sauf possibilité d'un recours en
annulation, si elles ont été prises en vio-
lation d'une loi.
Les départements, désormais; pourront
s'associer en syndicats interdépartemen-
taux pour la création et l'administration
«l'œuvre d'intérêt interdépartemental, ces
syndicats auront une personnalité et un
budget propres permettant de créer «t de 1
perfectionner un outillage économique
régional.
Enfin, les représentants élus du départe-
ment participeront désormais de plus prés
pendant l'intejr-session des conseils géné-
raux à l'administration du département.
Administration communale. Dans l'or-
ganisatioh nouvelle, le sous-préfet devient
1 autorité de tutelle directement compé-
tente pour toutes les communes de son ar-
rondissement (y compris la commune chef-
lieu), système de déconcentration que la
législation locale n'avait réalisé qu'en ce
qui concerne les petites communes. L'au-
torité de la tutelle pour les grandes com-
munes de l'arrondissement comme pour
lés petites sera désormais le sous-préfet,
ce qui rendra plus rapides les décisions
administratives à prendre en faveur des
premières,
Le nouveau décret institue désormais
un système d'après lequel les- délibéra-
tions soumises a approbation sont consi-
dérées cotinne tacitement autorisées, si
dans un délai déterminé (de quarante jours
à trois mois) l'autorité compétente n'a pas
statué.
Ce décret augmente également dans de
larges proportions la marge dans laquelle
les administrations municipales peuvent
concéder de gré à gré des marchés de tra-
vaux et de fournitures sans recourir à la
procédure de l'adjudication.
Enfin, le décret du 5 noWehibi'é -^tt
donc celui "du 21 décembre 1926 prévoit
un très grand nombre de mesures de dé-
concentration qui. font passer le pouvoir
de décision du Président de la Républi-
que ou- du ministre au préfet et du préfet
au sous-préfet, système qui aura pour ré-
sultat de simplifier et d'assouplir les for-
malités administratives dans de nombreux
cas où l'opinion alsacienne et lorraine avait
formulé des plaintes au sujet des'lenteurs
avec lesquelles intervenaient certaines dé-
cisions.
LÀ POLITIQUE
Les étapes brûlées
Les fonctionnaires vont-ils adhérer à la
Confédération générale du Travail ? La
question se discute posément. Elle eût
paru bouffonne' il y a six'ans, alors qu'on
vit sur le banc dé la police correctionnelle
M. Jouhaux poursuivi pour avoir admis à
la C. G: T. quelque syndicat d'instituteurs,
et qu'on put entendre M. le président Le-
m'ereier prononcer, en fin d'un jugement
longuement motivé, la dissolution de la
Confédération. L'Etat," il est vrai, tout de
milite s'cpouvnhtà de ,s,on audace. Un ap-
pelopportun, des délais indéfinis, une am-
nistie ou quelque autre détour de procé-
dure, réconcilièrent les gouvernements et
la puissante association prolétarienne.
La C. G. T. pardonna. Mais le syndica-
lisme continua à faire reculer les,pouvoirs
publics qui, sous le nom de tolérance, ca-
chaient leur faiblesse. Enfin, le Cartel vint
et l'un de ses premiers soins fut d'effacer
toute différence, entre les- associations de
fonctionnaires constituées conformément
aux lois et les syndicats déclarés illégaux.
La simple circulaire de M. Chautemps, qui,
revisant la jurisprudence, les mettait tous
sur le même pied, eut pour résultat de don-,
ner, dans les administrations, la haute in-
fluence aux groupements nouvellement ad-
mis, soutenus,' dirigés par les fédérations
révolutionnaires.
Aujourd'hui, les agents de l'Etat, deve-
nus plus puissants que lui, s'avisent de
vouloir entrer franchement dans une fé-
dération que la prudence de son grand
dirigeant n'empêche pas d'être essentielle-
ment révolutionnaire en son but et dans
ses statuts mêmes. On crie à l'Etat « Sé-
vissez, réagissez » L'Etat ne dit rien.
Mais son silence est aussi éloquent que la
réponse du soldat à qui son capitaine
criait d'amener son prisonnier. L'Etat ne
peut rien.
Depuis 192Ï, on a brûlé les étapes.
•• Henri Vontivén.
fc. 0 1
La vente des terrains par blocs
̃ L'ilôt de 5.367 mètres, situé porte Cham-
perret, mis en vente par la Ville de Paris,
présenté au prix. de 6.400.000 francs, n'a
pas trouvé .preneur hier, la Chambre des
Notaires, ce qui montre combien était jus-
tifiée l'observation formulée ici même, à
plusieurs reprises, au sujet de la vente des
terrains des fortifications par blocs, au
lieu de lots accessibles à des particuliers.
Espérons que cette leçon des faits sera
comprise par le Conseil municipal.
«^
Les Soviets fabriqueraient
dés bombes à bactéries
des bomu a ies
Londres,, 22. décembre. Le correspon-
dant du .'Dml.fi Tclegraph à Riga télégra-
phie ••̃̃'•.
« On annonce de Moscou que l'adminis-
tration, militaire des Soviets a installé dans
l'île de Kougaly,, située dans la partie nord
de là" mer Caspienne, une station militaire
bactériologique pour faire des expériences
avec des bombes à bactéries et pour en
préparer la fabrication. Des expériences
similaires, croit-on, seront faites à Astra-
kan. »
-p.
L'insurrection au Nicaragua
Londres, 22 décembre. • On mande do
bianagua à -l'Agence Reuter
«' Le général 'commandant les troupes
conservatrices annonce que, les forces li-
bérales ont attaqué celles-ci à Las Perlas.
La bataille a commencé le 20 décembre et
n'est pas encore terminée. Les détails
manquent. »
LES ABONNES DU FIGARO
• TROUVERONT, CE MATfN.
I~ 1F~® ~t~~aac~
ENCARTÉ DANS LEUR JOURNAL
Ac LA MÉMOIRE DWE GRANDE FIGURE FRANÇAISE
Pour le monument de Maurice Barrès
Dans ce Mystère en pleine lumière
(j'ai connu un autre titre au volume
N'importe où, hors du monde) qui pa-
raît trois ans après sa mort, on trouve
quelques-uns des morceaux de poésie
les plus achevés que Barrès ait écrits.
Tout y est simple, naturel -et mysté-
rieux comme le jour. Nulle trace de ces
artifices qui ont un moment leur grâce,
mais dont souvent un écrivain devient
le prisonnier et qui vieillissent avec lui.
Ici la langue et la pensée atteignent,
pour employer un de ses mots familiers,
leur point de perfection. C'est la fleur
dans son verre d'eau.
J'ai passé plusieurs printemps avec
Barrès en Provence, et tout en parcou-
rant la Garrigue et le bois de pins, at-
tentifs à ne pas mettre le feu avec nos
cigarettes à toute cette poésie inflam-
mable, j'ai vu se former dans son esprit,
mie à une, les idées et les images de ce
morceau ravissarit, Le Ureà/Gijp sur Je
printemps à Mirabeau. Ce sont des pa-
ges délicieuses de poésie brillante, le
plus aimable salut qu'un étranger puis-
se faire à la Provence. Mais pour la con-
naissance de Barrès, je pense qu'il faut
mettre au-dessus de cette perfection
les notes, les interrupla verba qui ter-
minent le livre L'automne à .Charmes
avec Claude Gellée.
En Provence, même. dans cette' Pro-
vence montagnarde de la haute Duran-
ce, si à l'écart des cosmopolites et des
snobs, Barrès ne s'est jamais senti tout
à fait à son aise. Physiquement, il s'y
portait mal, il s'en fatiguait vite et ne
pouvait y demeurer très longtemps.
Surtout, ïl s'y sentait étranger. Etran-
ger au pays, étranger à la demeure.
Pour la première fois cette vieille mai-
son des Mirabeau avait un maître, si
l'on peut dire, qui n'était pas- de son
sang, et il s'en attristait. Il s'y trouvait
à peine chez lui, mais plutôt s'y consi-
dérait comme un hôte de passage, un
conservateur, un gardien. Et bien qu'il
apportât une charmante bonne volonté
pour entrer en communion avec les
choses et les gens de Provence, pour en
découvrir l'agrément, la finesse, la
force, la poésie enfin, cette poésie lui
demeurait'toujours un peu extérieure,
comme le gçujc de Mistral ou de Vir-
gile.
En Lorraine, au contraire, il était
vraiment chez lui.-Çe n'est pas qu'il fré-
quentât beaucoup>plus les gens de Char-
mes ou de Nancy que ceux d'Aix ou
d'Avignon (J'aime mes compatriotes,
disait-il drôlement, quand ils ont trois
cents ans de bière.), mais en Lorraine
il n'avait pas besoin de sortir de lui-
même. La Lorraine où il se plaisait,
c'était une imagination, une construc-
tion de son esprit, un paysage idéal et
nostalgique c'était l'aura, l'atmosphè-
re de sa pensée,fous les âges de sa vie,
le large supports qu'il donnait à l'être
particulier qu'il était. Là il se sentait à
son aise, là il sé, mouvait librement
comme on se meut dans un songe. Il y
jouait une double \partie, exprimant
tantôt ce qu'il appelait' Lorrame par
ses pensées personnelles, et tantôt em-
pruntant certaines représentations à Ce
pays demi-réel et dâni^imaginaire pour
exprimer ses pensées^, propres. Il excel-
lait à ce jeu. Mais plus il y excellait, et
moins il était concevable qu'il pût le
recommencer ailleurs. Il était le pre-
mier à sentir qu'en Provence, ce beau
jeu, exactement, le même, c'était Mistral
qui le menait, et cela lui enlevait là-bas
ce sentiment de royauté qui le mettait
si naturellement en Lorraine dans iin
état d'allégresse.
A Charmes, plus souvent encore qu'à
Mirabeau, je me suis promené avec Bar-
rès. A travers les prairies j'ai fait main-
tes fois avec lui la promenade de Cha-
magne, le village de Claude Gellée. De
tout temps je l'ai vu préoccupé de ren-
dre avec des mots ses émotions de <
vaut ce paysage fait de très peu de
chose, une rivière qui brille, des grèves
de cailloux, quelques arbres désœuvrés
et des éclats d'herbe verte engagés entre
les bois. Mais tandis qu'à Mirabeau je
l'ai vu, en quelques jours, écrire sa let-
tre à Gyp, faire son esquisse, brosser
son paysage, achever un tableau parfait,
à Charmes il remettait toujours d'abor-
der son sujet, la jeunesse de Claude,
comme on remet à plus tard un travail
qui vous tient au cœur, qu'on désire j
trop, magnifique et pour lequel oivne i
se croit pas assez dans l'état de grâce
nécessaire. Il a différé, attendu pendant
des mois et des années. Un jour, enfin,
il a senti qu'il fallait se décider, il a
commencé de rassembler autour de "lui- iJ J
les idées les plus proches. Pas assez
vite. La mort l'a pris.
Infinie mélancolie de l'oiseau tombe-
en plein toI, de l'esprit arrêté au milieu
de sa course et qui ne la reprendra ja- 1
mais plus. N'importe où, hors du mon-
de voilà son vœu exaucé. Mais cette i
fois il est parti seul, et ne nous entraîne :v
plus avec lui. :2
L'Automne à Charmes demeure ina-
chevé. Inachevé n'est pas le mot. C'est i
une rêverie en train de se former, en- ]
veloppée encore de ses brumes, à l'état <
de nuée, de gouttelettes en suspension. ]
Mais cet indéterminé et cette incertitu- 1
de mêmes s'accordent mystérieusement i
avec l'objet qu'il poursuivait. Dans cette <
campagne de Moselle il se proposait de ]
retrouver les impressions d'un petit pâ-
tre qui garde son troupeau, et comment 1
ses jours d'enfance et d'oisiveté dans <
ces prairies avaient disposé Claude Gel- 1
lée a ses grandes rêveries romaines. i
«JJJ 11 | |Ut
Comment se forme le génie ? De quel
mystère naît l'oeuvre d'art, cette chose
qui, pour être parfaite, doit donner le
sentiment d'avoir jailli d'un coup, com-
me l'oiseau s'échappe du buisson, tout
ailé et chantant Nous savons bien
qu'il n'en va pas ainsi, et que c'est au
contraire. par de lentes approches que
l'esprit organise sa pensée, même la
plus musicale, même la plus poétique.
Ces approches, on veut les connaître.
Se trouver tout à coup en face de la per-
fection vous laisse un peu déconcerté.
On admire, ce n'est pas assez. Après
l'admiration le désir vous vient de con-
naître par où l'artiste a passé.
Í'*
Barrès nous a-t-il livré le secret du
berger de Ghamagne Ce secret, peut-
on le surprendre, lorsque rien ne de-
meure des rêveries de Claude enfant ?
Barrès lui-même le cherchait-il ? Clau-
de Gellée, dans cette affaire, était-il
pour lui autre chose qu'un personnage
mythique, comme la Lorraine elle-mê-
me ? Ce qu'il poursuivait dans ces prai-
ries, ce n'était pas l'enfance de Claude,
c'était sa propre enfance ce n'était pas
les secrets du Lorrain, c'étaient ses pro-
pres secrets.
Par une rencontre mystérieuse (et
cela devait être ainsi puisque tout est
mystère dans ce livre) l'inachèvement
du morceau nous éclaire sur Barrès et
sur son art mieux que ne l'aurait fait
le morceau achevé. Une fois de plus,
nous nous serions trouvé devant quel-
que chose d'accompli, et nous n'au-
rions pu saisir les moyens de cette per-
fection. On a beau être un grand artiste,
avoir sur là fin de sa vie, à deux pas
de la mort, la conscience la plus com-
plète de ses ressources et de ses possi-
bilités, il n'empêche qu'à chaque œu-
vre nouvelle on revient à la jeunesse et
à l'apprentissage. Où croit toujours
avoir acquis plus de facilité, plus de
$*râce ou de force pour jouer le jeu
éternel, mais ce n'est là qu'une illusion.
Il faut toujours repasser par les sen-
tiers que l'on a déjà suivis pour les
œuvres précédentes. Un artiste est un
homme qui réc6mménce:'t6ute son ex-
périence a chaque fois qu'il entreprend
tin; ouvrage nouveau. L'intérêt de cet
Automne a Charmes, c'est qu'on y voit
Barrès en train de battre les buissons
pour en faire sortir l'oiseau bleu. On y
voit comme il travaillait, et sur quelles
indications; celles-ci trop précises, cel-
les-là trop vagues encore, il faisait sa
musique. On surprend là lés tâtonne-
ments de la pensée qui se cherche, ses
élans, ses faiblesses, et tout à coup
l'heureux coup d'aile qui vous porte
sur la hauteur où l'œuvre entière doit
s'établir. C'est avant leur orchestration
les minutes vives de l'ouvrage, où déjà
tout est,contenu, sans que ce contenu
apparaisse encore tout à fait à l'artiste
lui-même. Ce sont les fusées qui s?élan-
cent dans le jour encore incertain de sa
pensée. C'est, pendant qu'il écoute à la
Chambre un bavard qui l'ennuie, une
idée jaillie soudain de la secrète rêve-
rie qu'il n'a pas quittée au vestiaire
avec son pardessus, et qu'il griffonne
au crayon sur un bout de papier ou le
revers d'une enveloppe. Je note, en
passant, qu'à la Chambre, dans cette
atmosphère échauffée par une foule de
passions qui lui étaient étrangères, il
trouvait un milieu propre à" son ima-
gination. 'Is'olé'dâtis'ce tumulte dont il
recevait pourtant une excitation pro-
fonde, il était là, perdu comme au mi-
lieu d'un élément (bien des fois il m'a
dit « Je voudrais écrire un livre sur
la Chambre, la peindre comme un élé-
ment. »), et le sentiment de sa solitude
au milieu de cette force confuse favori-
sait sa rêverie. Ces minutes vives dont
je parle, c'était encore, la nuit, un mo-
ment d'insomnie (il en avait beaucoup),
et cette heure dangereuse où l'esprit est
à la fois si près de la pensée défaîte, •!
du cauchemar, de l'apocalypse, si près
aussi de la pensée nouvelle, jamais en-
core approchée ni aperçue, et qui n'ar-
rive que pieds-nus dans les ténèbres.
Cette minute-là, loin de la laisser fuir,
de l'abandonner au néant, Barrès l'ar-
rêtait au passage. Que de fois' il m'a
dit encore « Tharaud, quand vous ne
dormez pas, songez à votre affaire. Al-
lumez votre bougie. Travaillez. » Il al-
lumait sa bougie, ou, pour ne pas trou-
bler la faveur de la nuit, il prenait sur
la table placée près de son lit le crayon
et le papier qu'il y posait tous les soirs,
et dans l'obscurité il notait d'une écri-
turc qu'il pouvait à peine déchiffrer le ]
matin une de ces phrases encore bai- i
gnées du mystère du sommeil et que le 5
jour effarouche. C'était son butin, sa
chasse, sa conquête sur lui-même et sur
son inconscient qu'il rapportait ainsi i
des ténèbres de la nuit ou des ténèbres
de la Chambre, et aussi de ces lon-
gues promenades à pied que nous fai-
sions ensemble à Mirabeau ou à Char- J
mes. 1
A la fin dé ces promenades, bien des (
fois il m'est arrivé ceci. Nous avions ]
marché deux ou trois heures en causant ]
de toutes sortes de choses, car il aimait (
parler en marchant. De retour dans son
cabinet, il était rare qu'avant de se re-
mettre au travail il ne notât pas sur un ]
cahier (un de ces cahiers dont on an- {
nonce la publication prochaine), une
suite d'impressions ou d'idées rappor- (
tées de sa promenade. Et le curieux, (
c'est que presque toujours ce qu'il no- 1
tait ainsi était complètement étranger 1
à la conversation que nous avions eue
ensemble. Mystérieusement des choses
s'étaient glissées entre nous sans que je
m'en fusse rendu compte, des choses
qui s'étaient développées en lui sous la
nappe des pensées claires, et dont l'exis-
tence ne se révélait à moi que par ces
notes qu'il rédigeait quand nous nous
retrouvions assis en face l'un de l'autre
à la table de travail. Une fois que je
m'en étonnai « Cela, c'est mon don »,
rhe dit-il.
Ces phrases de la nuit, ces phrases de
la Chambre, ces phrases de la prome-
nade, ces minutes d'illumination et aus-
si d'aridité, le piétinement de l'artiste
dans la glaise de son sujet, les grands
cercles de l'oiseau avant qu'il tombe sur
sa proie, voilà l'état où Barrès a laissé
son Automne à Charmes. C'est l'au-
tomne, l'hiver du travail. J'ai connu le
Printemps à Mirabeau dans ce même
état d'imperfection de chapelet d'idées;
j'ai vu de quelles grêles fleurs Barrès
composait ses bouquets. Il arrivait à ses
pensées ce qu'il dit de ses souvenirs
d'enfance, si minces par eux-mêmes et
qui s'enrichissaient de sa vie. J'ai tiré
pour moi-même beaucoup d'enseigne-
ments de ces préparations auxquelles
il. apportait tant de soins, et qui peu à
peu devenaient l'œuvre même. Même
aventure que dans nos promenades. Ces
notes éparses tout à coup se transfigu-
raient sous mes yeux en quelque chose
de nouveau. Et cela aussi, je puis le di-
re, c'était .le mystère en pleine lumière.
L'Automne à Charmes ne nous donne
pas le secret du miracle, mais il nous
montre le miracle que j'ai vu pendant
quinze ans s'accomplir tant de fois sous
mes yeux avec un émerveillement tou-
jours neuf.
Jérôme et Jean Tharaud.
• ̃ <<^<-«r
ÉCHO©
La Température
Probabilités pour aujourd'hui:
Région parisienne: temps plus froid, ciel
nuageux avec éclaircies, quelques grains de
neige, vent de nord-est 3 à 7 mètres, tempéra-
ture en baisse, gelées, Minimum 3"»
̃ ̃» )
L'Ecole des chartes a la croix de
guerre.
Dans un écho du 22 septembre, nous
avons demandé Pourquoi l'Ecole des
chartes n'a-t-elle pas la croix de guerre?
Et' nous rappelions que la grande
Ecole comptait 51 tués à l'ennemi et
plus de 20 morts de maladies contrac-
tées au service.
L'oubli était manifeste. Il vient d'être
réparé. L'Officiel d'hier contient cette
citation
ECOLE DES CHARTES chargée d'en-
seigner et d'étudier l'histoire nationale, a
joint l'exemple au précepte et formé des
citoyens prêts à sacrifier leur vie pour dé-
fendre le sol, les traditions et le génie de
la France; et dont lés qualités se sont hau-
tement affirmées au cours de la grande
guerre.
Six autres grandes écoles sont égale-
ment citées à l'ordre du jour. Ce sont
l'Ecole du service de santé de Lyon,
l'Ecole d'administration militaire, le
Prytanée militaire, l'Ecole des beaux-
arts, l'Institut national agronomique,
l'Ecole des hautes études commerciales.
Place Vendôme. Les riches vitrines
des grands joailliers Van Cleef et Ar-
pels, resplendissant toute l'année de
feux attirants, ne restent-elles pas la su-
prême vision que conserve, loin de Pa-
ris, l'élégante étrangère, et ne sont-elles
pas parmi les plus désirables des at-
tractions qu'elle escompte dé son pro-
chain retour dansia capitale de'fous les
raffinements ? '?
Le charme exclusif de Paris n'est-il
pas composé de toutes les belles choses
qu'on a le privilège d'avoir constam-
ment sous les yeux ? Nulle part ailleurs,
on ne peut, non plus; se faire une idée
du mouvement d'une maison comme
celle de Van Cleef et Arpels, durant la
période des fêtes du Jour dé l'An, car
dans aucune autre ville n'existe une or-
ganisation comparable à la leur, offrant
en joaillerie des occasions sensationnel-
les, chaque fin d'année.
« t
Des promeneurs s'arrêtent, hésitent
Est-ce un magasin de joaillerie, est-ce
un musée ? Il y a des marrons glacés
en robe d'or, cent merveilles encore, on
s'étonne, puis tout s'explique car la ré-
putation de « La-Marquise de Sévîghé »,
boulevard de la Madeleine, est univer-
selle.
Si vous. demandez à Henri Vergue, le
maître fourreur de' la rue Royale, son
pronostic sur la hausse ou la baisse des
fourrures, il vous expliquera que' la
baisse enregistrée en France coïncide
avec une hausse dans les pays d'origine.
Elle ne peut donc se maintenir. Il faut
se hâter de profiter de la baisse actuelle
car dès le mois prochain le mouvement
inverse, se fera sentir en France.
Wilmart,
place Vendôme, ne" vous offre pas
d'invraisemblables occasions, mais il
peut affirmer que ses spécialités en
crêpes pour lingerie et robes sont les
meilleures de prix et d'usage, ses châ-
les et écharpes les plus avantageux ca-
deaux à offrir.
Pendant la période de Noël et du
Nouvel An, les visiteurs trouveront à
des conditions spécialement avantageu-
ses des pianos d'occasion à la Maison
Gaveau, rue La Boëtie. Ils pourront
également y choisir d'excellents pia-
nos de location sortant directement des
Usines.
Le Masque de Fer.
DE P ARISÂVIERZON
A 125 à l'heure
dans le premier train électrique
m •̃
C'est un cadeau de Noël bien utile1 el
agréable que la Compagnie du P.-O. offre,
cette année, :t son public. Un train élec-
trique, un superbe train électrique pareil
à ceux qui font rêver les enfants en ce
mois des étrennes, a quitté, hier matin,
la gare d'Orsay, emmenant dans ses wa-
gons neufs et reluisants des grandes per-
sonnes émerveillées.
En moins de deux heures, sans secousse,
sans poussière de charbon, sans la moin-
dre escarbille dans les yeux, nous avons
franchi les deux cents kilomètres de plai-
nes et de vallées qui séparent Paris de
Vierzon et, en mettant pied à terre dans
la petite gare parée comme pour un jour
de fête, chacun des voyageurs avait l'im-
pression qu'une force nouvelle était née.
M. André Tardieu, grand maître des
travaux publics et des voies ferrées, l'état-
major de la Compagnie, MM. Vergé, prési-
dent du conseil d'administration Mange,
directeur, et son prochain successeur, M.
Bréaud M. Peschaud, secrétaire général,
et son adjoint, M. Frédault le corps des
administrateurs, toute une brillante pha-
lange dfirigéuïéuKs; et de techniciens les
directeurs des réseaux voisins et lçs mem-
bres de la presse furent, hier, les heureux
privilégiés qui inaugurèrent la première
ligne électriflée dont les Français auront
lieu d'être quelque peu fiers. Il n'existe
pas, en effet, nous a-t-on dit, dans le mon-
de ni en Suisse, ni en Amérique de
réseau électrique comparable en puissance-
à celui qui unit depuis hier Paris à Vier-
zon. Neuf cents kilomètres de lignes de
contact aériennes transmettent aux trac-
teurs un courant continu de 1.500 volts
fourni par les centrales thermiques de
l'Union d'électricité de Paris, et, en grande
partie, par l'usine hydraulique d'Eguzon,
sur la Creuse, dont nous avons décrit, -il -:y
a quelques mois, les gigantesques travaux.
Quelques ;chiffres éloquents diront toute,
l'importance de ce. réseau. Le trafic prévu
sur Paris-Vierzon représente, en effet, -"en-
viron 'un, sixième du trafic total du réseau,
soit quatre milliards de tonnes kms. Ci;
trafic, nous a-t-on expliqué, correspond à
une consommation annuelle d'énergie élec-
trique de l'ordre de cent vingt millions de
kwh., et à une économie annuelle de
charbon de 250.000 tonnes environ.,
Il n'est pas exagéré de dire, on le .voit,
que ces travaux marquent une très impor-
tante étape vers notre plus grande indé-
pendance économique.
Trois locomotives, de trois types diffé-
rents, se disputèrent, hier, l'honneur de
conduire notre train ministériel. De Paris
à Orléans, ce fut nue Gearless de 3.000 che-
vaux, et d'Orléans à Vierzon, un tïànzide.
4.000 chevaux. Une Brown-Boveri de 3,600
chevaux devait nous ramener le soir il
Paris.
Au passage, nous pûmes contempler les
ateliers de Vitry et la silencieuse et puis-
sante sous-station de Theillay, une des dix
échelonnées sur le parcours.
La Compagnie du P.-O., qui sait offrir
à ses invités la griserie de la vitesse, sut
aussi bien les traiter. Dans Vierzon en fête,
un banquet réunit les artisans et les admi-
rateurs de ce merveilleux travail. L'on de-
vine qu'après bien des discours, M. André
Tardieu fut acclamé lorsqu'il fit l'éloge*. de
ce « péché d'orgueil » qu on voudrait re«-
contrer un peu plus souvent chez les sa-
vants et les ingénieurs français.
Simon Arbèllot.
i »/v
La Chine en décomposition
,i, ̃
Par D'AUXION DE RTJFFE
Changhai, décembre. De même
qu'un médecin digne de ce nom peut pré-
voir les stades futurs de certaines mala-
dies et indiquer la date approximative à
laquelle la mort viendra mettre un terme
à une longue agonie, de même est-il pos-
sible, pour la plupart des gens qui ont ré-
sidé quelque temps en Chine, de prédire
vers s quel' état "cfe choses ce gigantesque
pays se dirige rapidement et surementl
Seuls les diplomates qui, à Pékin, sont
extrêmement chargés d'affaires, vivant
dans leur Nirvana du quartier des léga-
tions et évitant tout contact avec le très
commun des mortels, continuent d'affec-
ter une béate indifférence. Il y a moins de
deux mois, un fonctionnaire qui réside ha-
bituellement à à Changhaï et qui repvéseiifo
un charmant petit pays ami et allié, reve-
nait de Pékin. Il avait pris part à l'une
de ces bizarres conférences, fruits mort-
nés dé leur mère étique de Washington,
et disait à qui voulait l'entendre « Mais
ces Chinois sont-parfaits. Au cours de tou-
tes nos réunions il n'y a qu'eux qui aient
dit des choses sensées (sic). Il serait cu-
rieux de savoir ce qu'il pense maintenant
de l'abrogation pure et 'simple, par les
Chinois, du traité sino-belge, du refus, de
la part des Chinois, de soumettre la ques-
tion au tribunal de La Haye, malgré leurs
engagements primitifs, et du fait que les
Belges sont maintenant soumis à l'cffroya-
ble simili-juridiction chinoise ?
Quant au pays et aux événements dont
i! est le théâtre, voyons un peu La Chine
est entre les mâchoires d'une tenaille
rouge qui l'enserre peu à peu. L'une de
ces mâchoires, celle du Nord, s'est quel-,
que peu relâchée, à la suite de ces, tracta-
tions qui sont la base même de tout conflit
entre généraux célestes. Mais elle est soli-
dement encastrée entre Kalgan et la Mon-
golie, sous le commandement du fameux
général chrétien Feng Hu Siarig. La mâ-
choire du Sud, vous le, savez, est partie de-
Canton et broie maintenant toute la rive
droite du Yan-Tse, à des centaines de kilo-
mètres de sa base. Elle vient de prendre
Hangow grande ville que les étrangers
ont en quelque sorte créée, et Wuchang,
l'immense agglomération chinoise qui lui
fait face. Environ trois millions d'habi-
tants au total. Une paille. Maintenant, elle
suit la rive du grand fleuve, a déjà culbuté
Kiu-Kiang et ses concessions étrangères
et se dirige vers Nanking et, enfin, lu
joyau des joyaux Changhaï.
Ces armées rouges sont commandées
théoriquement par un jeune général chi-
nois, Chang Kai Tchek, mais en fait par le
général russe Gallens et un état-major de
deux ou trois cents officiers rouges. Le
général Gallens est, paraît-il, un officier
de grande valeur et il est certain que les
troupes chinoises, encadrées par ces offi-
ciers, ont montré un cran et une endu-
rance tout à fait remarquables. Que nous,
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