Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1923-04-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 avril 1923 12 avril 1923
Description : 1923/04/12 (Numéro 102). 1923/04/12 (Numéro 102).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k293548b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
< u r^-H
Jeudi'12'jvril 192> W
69me Année SmeSërie No 102
Le Numéro quotidien .'VINGT ÇENJMES EN FRANCE
GASTON CALMETTE
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RÉDACTION' A-DMINISTRAT1OK
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H. DE VIULEMESSANT 1 •
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ROBERT DE FLERS
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« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moajiaïtt des sots, .bravant rlës méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais).
< < >
Sociéiç du "Figaro"
L'Assemblée générale ordinaire des
Actionnaires du Figaro est définitive-
ment fixée à |g. date du lundi 7 mai pro-
chain.
Elle aura lieu à la Salle des Ingénieurs
Civils, 19, rue Blanche, à quinze heures
précises.
ORDRE DU JOUR
Rapport du Conseil d'administration et
des commissaires
Approbation des comptes
Fixation du dividende de l'exercice
1922 ;'•'
Autorisation à donner à des administra-
teurs (art. 25 des statuts)
Ratification de la nomination d'admi-
nistrateurs
Remplacement de deux administrateurs
sortants
Nomination des commissaires aux comp-
tes
Questions diverses.
La date extrême de la réception des
pouvoirs est prorogée jusqu'au 30 avril.
Tous les pouvoirs déjà envoyés sont
valables pour cette Assemblée.
BIBLIOPHILES ?
-==>oc:>
'̃̃̃•̃ ̃ °
Je ne dirai pas que les séances un
peu creuses du congrès des bibliothé-
caires et bibliophiles ont passionné le
public au même degré que la course
des six jours. Néanmoins, les nom-
breux comptes rendus consacrés par
la presse à ce congrès nous montrent t
toute "la place qu'a prise aujourd'hui
dans nos mœurs le goût de- livres, et
donc l'attention que lui doit la chroni-
que.
Avant la guerre, la bibliophilie ne
sévissait que dans une petite élite, dont
la rn-uife •prêtait plutôt à sourire. Au-
jourd'hui, il faut être bien pauvre ou
bien lettré, pour oser avouer qu'on ne
s'intéresse pas aux bouquins rares.
Chez les jeunes mariés, la bibliothèque
si souvent omise dans les installations
de jadis, est devenue un meuble indis-
pensable et de fondation. Et, les vieux
ménages, de leur côté, se sont mis peu à
peu. garnir .ji» livres précieux les
rayeras qui, derrière leurs ventaux ten-
dus de soies complices, ne servaient
guère jusqu'ici que de débarras. Puis
ce sont nos élégantes qui suivent le
mouvement. On ne voit plus qu'elles
chez les libraires comme autrefois chez
les brocanteurs. Et même il n'est pas de
.petite femme un peu huppée qui, tant
par chic que pour impressionner le
client, ne^. veuille avoir sa collection
avec, en vedette, les xviii" les plus
.onéreux ou les originales les plus coû-
teuse. Enfin, cette nomenclature des
intoxiqués serait incomplète si l'on n'y
ajoutait notre ami X. le nouveau ri-
e Le, qui,, -entre une tractation louche
et une visite chez le juge, ne manque ja-
mais de faire son tour chez les. grands
bouquinistes des deux rives.
Dans la, brusque formation de cette
clientèle un peu mêlée', il serait puéril
de nier la part qu'ont eue l'esprit de
^placement ou l'esprit île spéculation:
Pourquoi d'ailleurs s'indigner de leur
extension dans la bibliophilie ? N'ont-
ils pas compté de tout lenips parmi les
stimulants de' nos collectionneurs de
tout ordre ? Le goût de la beauté et le
goût' de lucre peuvent aller 'isolément.,
mais ils ne s'excluent pas toujours et il
arrive qu'ils se renforcenf.Prenez l'ama-
teur le plus délicat emportant tendre-
ment telle statuette ou telle estam-
pe qu'il vient de payer les yeux de la
tète, puis démontrez-lui, preuves en
mains, que son acquisition ne vaut pas
le tiers, voilà un homme désemparé,
dégoûté, désaffectionné de l'objet de
ses convoitises, le cœur plus atteint en-
core que la bourse. Là où il croyait
̃ tenir un trésor, vous lui dévoilez une
« droùille ». Exactement chez lui la
souffrance de Boubouroche qui pleure
bien- moins ses frais pour Adèle que ses
illusions sur cette créature indigne.
• Auprès des nouveaux bibliophiles, il
faut cependant reconnaître que la ques-
tion d'argent a joué un plus grand rôle
qu'auprès de leurs devanciers, puisque
c'est surtout des grandes ventes d'après
g-ueire que datent leurs enrôlements
en masse. Dues, à des, causes multiples
décèsj vie chère,- restriction cles
revenus, krachs divers ces ventes
sensationnelles, avec leurs enchères
formidables, n'avaient pas tardé à atti-
rer les malins. Une valeur qui grimpe
sans cesse et en outre peut servir de'ca-
ehette contre le Use, titre à surveiller, à
• ramasser, à mettre en portefeuille.. Et,
de bouche en bouche, le tuyau faisait
autant de bibliophiles.
Mais, dès lors, le pli était pris, l'exem-
pl»,:donné, -sans qu'on en connût, l'ori-
gine. -Chez l'un, chez l'autre, chez tout
̃ ]e: monde, on voyait soudain des livres.
h- Et -ce- qui n'avait, été, au début, qu'une
opération, a fini par devenir, chez beau-
coup, soit une élégance de règle, soit
une passion sincère.
1 ̃ A
L'accueil fait aux néophytes, inutile
de vous dire s'il fut princier. Pas de
gentillesses, pas d'attentions qu'on
n'ait eues pour eux.
Ils voulaient des livres sur grand pa-
pier. Les éditeurs, qui ne risquaient ces
tirages qu'à dix ou quinze exemplaires,
les 'multiplièrent généreusement par
.centaines. M voulaient comme tous
les enfants des livres à images. Vingt
firmes se créèrent aussitôt pou r, les- fabri-
•quer par grosses. Ils voulaient de vieux
bouquins. Les libraires,' après avoir
vidé tous leurs rayons, n'hésitèrent :pas
à allar l'éveiller dans leurs -'réserves de
vénérables rossignols qui y "sônmieil-
laient depuis un demi-siècle. Ils vou-
laient de riches reliures. Du fond le plus
obscur des magasins, on leur sortit, par
paquets, des invendus ruisselant d'or.
Une bibliothèque juge uri< homme, a-
t-ou dit. Gardez-vous pourtant d'appli-
quer cette maxime au néo-bibliophile. Il a
sacrifié à la bibliophilie. Il est joyeux
de ses sacrifices. Double titre à votre
indulgence.
Quant à X. et ses pareils, peut-être
déliants on leur propre goût, ils ont
adopté une autre méthode. Selon l'axio-
i me qui assure que l'on n'en a. jamais
que pour son argent, ils visent ce qu'ils
appellent le gros gibier, le bouquin hors
de prix, le livre introuvable, c'est-à-dire
qu'on ne trouve que contre monnaie
sonnante..
Signalez-vous à X. dans une vente,
un de ces numéros, ses narines se gon-
flent, son ceil lance des étincelles, et,
d'un ton menaçant, il proclame « lis
ne l'auront pas » Ils, ce sont les con-
currents, la .France, l'Amérique, l'An-
gleterre, l'univers. Et, effectivement, Us
ne l'ont pas, cai\ dût-if y mettre cin-
.quante tonnes de ses morues ou hrijje
barils de ses mislelles, X. ne lâchera
pas le morceau. 'U
Aussi quelle fierté, qu'il est touchant
quand il vous montre, soigneusement
rangés dans sa bibliothèque, tous ces
glorieux. trophées Naturellement, com-
me cela tient le haut de la cote, il a
tapé sur le xviii0 et souvent sans grand
i discernement. Ainsi, certains de ces.ou-
vrages ont été payés le double de leur
valeur. Certains sont des remboitages.
Ses Liaisons dangereuses portent la
mauvaise remarque, il .manque à ses
Chansons de Labo-rde des figures, ses
j Baisers de Dorat ont été lavés. Ou, pre-
nant l'éditeur du fameux Molière pour
l'illustrateur, X. murmurera avec dé-
lices .̃̃̃
Quel talent, ce Bret
Ou' importent ces erreurs et ces vani-
tés ? Ne 'témoignent-elles pas chez X.
.d'un restant d'idéal et, d'un attachement
pour la beauté, peu commun chez les
prévenus ? `t
Sans doute, on ne marque pas partout
la même complaisance pour les nou-
veaux venus dans la bibliophilie. De-ci
de-là, des grognements contre eux s'élè-
vent 'ou des- ncanenreîïls'"59"dess)'ïientî.-
Les vieux .amateurs îriaugf.éënt, erienï'à
la décadence, au gâchis, à l'oppression
de l'or.
Mais c'est il-à mal comprendre révolu-
tion fatale que devait suivre la bi-
bliophilie en paissant d'un, cercle res-
treint aux régions du grand public.
Et pourquoi w'en plaindre ? Tant de
sommes, même mal dispensées, ne cons-
tituent-elles'pas un hommage discret à
l'amour dés livres ? Et ne sont-elles lias-
aussi la preuve évidente que si l'argent
ne fait pas le bonheur, il ne fait pas non
plus une bibliothèque ?
Fernand Vandérem,
Le premierfusil de France
Ceci vous est dédié, ô Ncmrods de sous-
préfeclures, dont les exploits si souvent
coulés entre deux bésigues remplissent
d'une admiration toujours nouvelle les jeu-
nes habitués du Café du Commerce.
Saluez, chasseurs. Hammerless des gen-
tilshommes, lcfuucheux des braconniers,
rendez les honneurs. Voici le premier fusij
de France
Et qui donc oserait contester ce titre à
l'homme qui, en quarante.sept saisons do
chasse, de. 1876 à 1923, a abattu trois cent
seize mille cent soixante pièces ?
Cet homme, c'est le comte Clary, qui vient
d'avoir la coquetterie de publier le tableau,
joliment illustré par Reboussin, de ses qua-
rante-sept campagnes.
Mais qu'on ̃ n'imagine pas; surtout, que
le comte Clary considère comme terminée
sa carrière de grand chasseur devant
l'Eternel quel dommage que l'on ait tant
abusé d'une expression qui aurait dû être
mise en réserve pour lui Le comte Clary,
qui» est jeune encore et qui faliguera des
compagnons plus jeunes que lui, ne songe
pas à prendre sa retraite. Et le perdreau
rouge d'Alphonse Daudet fera bien, cet au-
tomne, de ne pas se lever à portée de son
arme, car il courrait grand risque, le pau-
vre, de ne plus pouvoir faire de confiden-
ces à un conteur.
Ccsl que la liste des pièces de gibier qu'a
pu manquer, dans sa vie, le comte Clary, ne
serait sans doute pas. bien longue. Tandis
que celle de ses victimes, rappelons-le,
comporte 316.160 unités. Et il y a parmi el-
les, un peu de tout.
Nous y trouvons, notamment, 458 che-
vreuils, 242 cerfs et biches, 156 sangliers,
2 daims, 122 chats .'Sauvages, <-l blaireau,
1 renne, 2 loups, 1 aigle le, gibier ordinai-
re, si l'on peut dire, y est représente puii
dés chiffres impressionnants 16.4-02 liè-
vres, 48.555 lapins; 60.216 perdrix êl 112.543
faisans.
Le comte Clary a surtout chassé en Eu-
rope. Son tableau ne • mentionne pas de
grands fauves. Toutefois, on y- rencontre
4-i colins, 18 tinamous, 2 guêpiers, qu'il n'a
certainement pas tués dans la plaine Saint-
Denis. D'uulre part, les grouses abattues
par lui sont au nombre de 5.881 et les per-
drix blanches'. de 218.
Les pièces de gibier d'eau forment un to-
tal de 16.876. Enfin, le reste, qui ne vaut pas
l'honneur d'être nommé et que le comte
Clary désigne 'dédaigneusement, sous le.
nom de « divers. », représente encore un
joli lot de 16.087. pièces".
Mais Tarlarin lui-même n'oserait pas
soutenir- que; parmi ces « divers ->, le comle
Clary ait fait figurer. le gibier que l'hom-
me, aux doubles- niuscles tirait dans la ban-
lieue tarasconnuise;
8 onr~jro~~
IL FAUT QUE TOUT S'EXPLIQUE
Dans une série d'articles, parus, à cette
place, nous avons établi que les intérêts
français et les intérêts anglais étaient en
complète opposition depuis 1918.
Nous avons rappelé le rôle singulier de
M. Lloyd George, s'obstinant à mécon-
naître les droits, de notre pays pour mé-
nager les "intérêts cosmopolites dont il
avait la garde. Nous avons dit comment cet
homme d'Etat avait .su berner, « rouler »
selon l'expression de M. Clemenceau
nos gouvernants depuis l'armistice jus-
qu'au jour où, brusquement, il jeta le mas-
que et nous montra la face d'un germa-
nophile ardent. Tout le monde, en France
comme à l'étranger, connaît les stupé-
fiantes déclarations qu'il a faites et re-
nouvelées. Plein de mansuétude, plein de
sollicitude pour l'Allemagne vaincue, ja-
mais il ne voulut admettre- que le relève-
ment de la France, champ de bataille com-
mun, fût placé, au premier rang des.re-
vendications communes.
Ses successeurs n'ayant pas marqué un
plus vif souci de la gratitude ou de la jus-
tice, nous avons conclu que quatre an-
nées'de patience, c'était assez que la
France, à bout de forces, ne pouvait sup-
porter indéfiniment le jeu des discussions
vaines, alternatives d'espoirs et de décep-
tions qu'après l'abstention de l'Angle-
terre, dès nôtre occupation de la Ruhr,
il valait mieux renoncer à une entente qui
n'existait plus que de nom que la Fran-
ce, enfin, aidée par la généreuse Belgi-
que, approuvée et- •moralement soutenue
par l'Italie, devait faire assurer elle-même
le paiement de ses réparations.
Nos articles, où la vérité s'exprimait
peut-être avec trop de franchise, ont sou-
levé, en Angleterre, de vives protestations;
en France, des protestations. rares et timi-
des mais on n'a pas réfuté un seul de nos
arguments. "r
L'Angleterre nous est apparue comme
barricadée dans un système qu'aucune for-
ce au monde ne lui ferait abandonner
de telle sorte que, si nous voulions à tout
prix un accord avec elle, nous ne pour-
rions l'obtenir qu'en sacrifiant, une fois de
plus, les intérêts de notre pays.
Or, 'à la conférence de janvier dernier,
M. Poincaré a défini le minimum des re-
vendications françaises. Par la voix de son
chef, notre gouvernement a notifié -au
«moiade-tjue,- devant l'intransigeance brj;
tarinîqufi, -la France, approuvée par l'Ita-
lie, aidée par la Belgique, irait .demander
directement à l'Allemagne le règlement de
ses comptes que nous n'admettrions plus
d'intermédiaire, que nous nous passerions
désormais de consulter des alliés qui
avaient délibérément séparé leur cause de
la nôtre.
Le pays avait été favorablement impres-
sionné par ces mâles déclarations on le
sentait rangé tout entier derrière l'homme
qui donnait à ses vœux secrets leur for-
mule. Et cette unanimité française frappa
l'étranger. Notre fermeté nous avait con-
quis la sympathie universelle. On admi-
rait le courage de la France, on applau-
dissait à sa résolution. Qu'elle essayât à
peu près seule, d'imposer à l'Allemagne
les conditions de son relèvement économi-
que, c'était brave qu'elle exigeât d'être
mise sur un pied d'égalité avec son enne-
mie et avec l'Angleterre, c'était juste.
Tout le monde en convenait. Notre cause
gagnait chaque jour du terrain. Bref, la
position de la France était excellente à
tous égards.
Quand soudain cette nouvelle éclate
M. Loucheur, pris.d'un goût subit et vio-
lent pour l'art anglais, a passé le détroit
mais il n'a donné qu'un coup d'oeil aux
musées l'objet de son voyage n'était pas
un objet d'art; cet amateur de peinture dési-
rait surtout entretenir la presse et les hom-
mes d'Etat anglais des projets mêmes, que
l'Angletere n'avait plus à connaître.
Le maximum de fautes était réalisé dans
le minimum de temps. Les démarches de
M. Loucheur ne pouvaient avoir d'autre
effet que de jeter le trouble dans les es-
prits. En Angleterre, en Italie, en Belgi-
que comme en France, on ne comprenait
plus.. Nous n'aurions jamais pensé 'qu'il
existât un Français capable de passer la
mer pour se déclarer l'ami de M. Lloyd
George et pour soumettre ses vues per-
sonnelles à l'homme qui.se dresse depuis
cinq années contre nous, à l'homme dont
l'intransigeance et le parti pris ont main-
tenu la France dans la détresse en dépit de
la Victoire..
Que devenaient, dans cette conjoncture,
les déclarations faites solennellement, au
nom de la France, par le président du Con-
seil. ? -v
Et quel deyaitêtre l'état d'esprit dé -l'Ai-,
lemagne, après les révélations du Daily
Telegraph, sur les démarches de l'étrange;
missionnaire? Rapprochant des graves évé-
nements d'Esseu les ouvertures qu'a fai-,
tea. de sa propre autorité M. Loucheur,
l'Allemagne va croire, ou feindre de croi-
re, que la Fralicè est inquiète,, que l'ave-.
ûir-nous effraye, que nous tâchons d'a-
morcer- un arrangement par des voies in-
directes, enfin que nous provoquons une
intervention.
Sans doute, M. Loucheur a tiré de son
incartade la plus grande somme de publi-
cité. A Londres comme à Paris, les métho-
des modrenes de réclame se prêtent à l'au-
dace des politiciens, qui convoitent trop
avidement le pouvoir.-
Dès l'événement connu, notre premier
mouvement fut de dire ici notre stupeur.
A la réflexion, et pour n'être pas taxé de
parti pris, nous avons préféré attendre les
effets de la manœuvre ils n'étaiént_pas
douteux ils. se manifestent tels qu'on de-
vait les prévoir il nous appartient main-
tenant dé les juger et d'en juger l'auteur.
11 est certain que M. Loucheur a man-
qué de sens politique et de psychologie.
Ou le. sait esclave d'une ambition incon-
tinente mais on lui reconnaît, de l'intelli-
gence il n'a donc pas dû décider de lui-
même l'exploit qui provoque tant de com-
mentaires et qui risquait de briser son
rêve la manœuvre lui a été suggérée.
Nous sommes bien sûrs que M. Pbhlearé
est totalement étranger la suggestion.
Au reste, toute l'affaire porte la marque
d'un homme dont l'erreur paraît 'être la
règle. Des manifestations et des interven-
tions d'un caractère analogue, qui se. sont
produites en différents domaines, au cours
des dernières années, ne laissent aucun
doute sur l'origine de celle-ci. Qu'il s'agis-
se de conduire une action diplomatique,
d'exercer une action personnelle ou de
pousser une créature, les procédés se re-
trouvent identiques, et le. résultat équi-
valent un échec.
Etait-il admissible que des "négociations
d'une telle portée- car iliaut bien dire
les négociations de M. Loucheur fussent
engagées paru h ancien membre du Cabi-
net Clemenceau ? par un de ceux qui ont
le plus; de responsabilités dans la faillite
de la victoire ? par un homme qui n'a ja-
mais paru à son avantage dans les nom-
breuses conférences où, pourtant, ses col-
lègues ne risquaient pas de l'éclipser ?
M. Loucheur a donné sa mesure en plu-
sieurs occasions décisives. Il l'a donnée
dans l'établissement' des fameux contrats
de fourniture qui ont déterminé, pendant
la guerre, sous son ministère, le renchéris-
sement des matériaux destinés à là défense
;natioiiale, et, par voie de conséquence,
grevé la France de nombreux milliards. 11
a donné sa mesure encore dans la recons-
truction des régions dévastées, où l'on
attendait de lui au moins une compétence
professionnelle appelé au ministère en
.qualité de « génial ingénieur », il était
censé spécialiste pour le choix, l'achat et
la répartition de ces matériaux, pour la
bonne organisation du travail et la bonne
administration des crédits au pied du
mur, il s'est révélé incapable. Il nous se-
rait facile d'allonger la liste des. iusuc-
cès
Comment M. Loucheur a-t-il pu en ve-
nir à concevoir l'idée de cette étrange am-
bassade ? S'est-il délivré tout seul ses let-
tres de créance, ou faudrai-il admettre
comme on le murmure dans certains mi-
lieux., parlementaires que le premier
magistrat de la République lui en ait sug-
géré l'initiative ? L'on va même jusqu'à
insinuer que le Chef de l'Etat aurait trouvé
là le moyen de placer rapidement au pou-
voir l'homme qui, par ses multiples
moyens d'action, serait capable d'amener
en- 1924, au Parlement, une majorité do-
cile à satisfaire ses ambitions et ses dé-
sirs, Nous ne saurions croire qu'une telle
hypothèse soit justifiée. Car" s'il en était
ainsi, d'une part le Président de la Ré-' 1
publique aurait singulièrement outrepassé
ses.pouvoirs constitutionnels et, de l'autre,
il serait devenu le collaborateur d'une opé-
ration entre toutes hasardeuse.
Il est clair que M. Loucheur a tenté
trouver dans le voyage à Londres l'occa-
sion de se mettre au premier plan parmi
les candidats éventuels à la présidence du
Conseil. Il s'est trompé.
Quand on a si bien fait ses affaires en
faisant si mal les affaires du pays, on n'est
plus qualifié. Il y a des expériences qui
ne se recommencent pas la France n'en
a plus les moyens.
Pour l'instant, la nécessité d'aboutir
dans la Ruhr, et d'aboutir vite, s'impose
avec plus de force encore qu'a/ant l'inci-
dent Loucheur. Il faut que l'Allemagne
sache, aujourd'hui mieux que jamais, que
1#; résolution de la France n& chancelle
pas, et que sa volonté s'accomplira. I
V. ̃••̃• ̃̃
ECHOS
Le premier bouquet de lilas.
L'un des bouquets les plus précoces,
chaque année, est, à Paris, celui du pont
de l'Europe. Là, dans le triangle formé
par la place, la rue de Petrograd et la
rue de Liège, le vert des jeunes feuilles
du jardin s'agrémente dès maintenant
de grappes mauves.
Dépêchons-nous de les admirer. Dans
quelques jours, il. faudra. attendre douze
'mois pour revoir ce spectacle charmant.
-o..o~b-
.L'Orient, dans les luttes d'intérêts
suscités par les grands financiers d'Eu-
rope, perdrait le charme que nous lui
trouvons si nos poètes et nos lettrés ne
.stimulaient notre admiration pour ces
pays lointains.
u. Xarnile sous les cèdres, le dernier ro-
̃JfXmi d'Henry Bordeaux, de l'Académie
française, dont la parution est annoncée
chez Pion pour le début de mai, serait
un des plus puissants de ces philtres
jd'amour.
Ephémérides.
Dans tous les bureaux et cabinets .de
travail sont accrochés, au mur, ces ca-
lendriers à effeuiller, sur l'un desquels
Sacha Guitry, dans une de '^es 'plus jo-
li'es pièces, trouva l'indication de l'an-
niversaire de la prise de Berg-op-Zooan.
-Mais les dates de ces .anniversaires
sont d'une assez curieuse imprécision,
comme en témoignent trois feuillets ar-
rachés à trois oalendri'ers et qui assi-
gnent trois dates différentes à un .évé-
nement qui ne passa pourtant pas ina-
perçu, puisqu'il s'!aigiii de la mort do
Chateaubriand.
,Suroin -d€ ces- -feuillets, à la' date du
21 février 1848, l'épliéméride annonce :̃
«,MoTf de Chateaubriand, «.uleur- du-
Génie du christianisme.-» M bur l'autre- ,1
c'est, à ila date du 2? juin. q."e no: '̃-
sons '« Murt il>v Chateaubriiin-I.
bre écrivain français. » IVan- \k<^U:-
irne, «'est lo 5 juillet qu'est mort Cha.-
teaubriançn .-inhumé, selon son désir,
dans un îlot désert de la rade de Saint-
Ma;lo. ••
C'est le troisième calendrier qui brûr
i le, comme on diil aux petits jeux. Car
c'est le 4 juillet 1848 que nnourùt Fran-
çois-René vicomte de Chateaubriand.
Vers préférés
Par HENRY BATAILLE °
Ce recueil de quelques-uns des plus beaux
vers d'Henry Bataille n'est pas exactement
une anthologie. C'est l'illustre poète lui-
même qui, dans les dernières semaines de sa
j vie, a choisi les morceaux composant ce beau
livre et lui a donné ce titre Vers préférés.
On y retrouve non seulement les pièces lc5
plus célèbres d'Henry Bataille, mais aussi
d'autres moins connues qu'il aimait particu-
lièrement.
En feuilletant ces pages si riches, on ad-
mire ici, une fois de plus, l'art incomparable
de ce poète-né qui exprima toujours en vers
ou en prose, dans une langue d'une qualité
inouïe, les sentiments les plus aigus et les
idées les plus profondes.
-o-oo-
Cross-counlry..
On a yu, dans la-rubrique des sports,
qu'une .course à pied à mis en présence,
dimanche, dans les bois de Saint-Cloud,
une viuglaine de concurrents dont au-
cun n'a moins de cinquante ans et dont
l'aîné entrera sous peu dans sa soixante-
• douzième année.
L'un de ces intrépides mérite plus spé-
I cialemenl d'être- salué et. d'être félicité
il s'agit de M. fioury, cet attaché de la
questure de la Chambre qui avait été
renversé, i 'an dernier, par une automo-
bile devant, le Palais-Bourbon. Sa, vie fut
en suspens plusieurs semaines. Et, trois
mois durant, M. Goury dut garderie lit.
Faut-il ajouter que dans son amour des
sports, M. Goury place le cross-country
pédestre avant l'automobile V On le con-
çoit sans difficulté. •
Les réunions sportives deviennent de
plus en plus brillances, et nos couturière
en profitent pour présenter leurs 'derniè-
res nouveautés.
Dernièrement, au pesage, c'était un
̃éblouissement do toilettes, où les verts
Londres doniimaienl.
Beaucoup de, ces jolies créations
étaient signées de la, jeune et déjà ̃célè-
hve Maison iMarisse, de la rue do l'Ely-
sée, à l'angle du faubourg Saint-Ilo-
nwé. `
j- -•; Le Masque Fer..
Le procès du patriarche Tikhon retardé
Riga, II avril. La mission des So-
viets à Riga annonce que le procès du
patriarche Tikhon a été retardé pour
quelque temps.
Le patriarche Tikhon serait grave-
ment malade depuis trois jours.
Un raid turc sur Castellorizo
La garnison italienne massacrée ? 3
h'Aycnce Radio communique la note
suivante
Londres, 11 avril. On a reçu ici, ce
soir, une dépêche do Rhodes, via Athè-
nes, d'après laquelle des irrégujliers
turcs auraient effectué un raid sur la
petite île de Castellorizo.
On sait que celle île, attribuée aux
Italiens par tes accords interalliés, n'a
cessé de faire l'objet des revendications
des Turcs, notamment à la conférence
de Lausanne.
Selon ce télégramme, les Turcs au-
raient, massacre la petite garnison ita-
lienne de Castellorizo, fusillé plusieurs
notables grecs et. pris possession de
l'administration civile.
Les autorités ( anglaises ?) de Rhodes
ayant immédiatement envoyé des se-
cours, tous. les' irréguliers turcs au-
raient été faits prisonniers.
Le scandale des carnets médicaux
Arrestation du professeur Cousin
A plusieurs reprises, depuis quelques
semaines, nous avons entretenu nos lec-
leurs de cette affaire de « carnets médi-
caux » qui fait scandale à Marseille.
Déjà, trente-deux arrestations out été
opérées de médecins et personnes con-
nus. Mais, hier, la nouvelle de l 'arres-
tation du docteur Gustave Cousin, offi-
cier de' la Légion d'honneur, ancien mé-
decin inspecteur d'armée, professeur à
l'Ecole de médecine, n'a pas été sans
provoquer la plus gr-ânde-émot-ion.
La justice reproche au professeur Cou-
sin d'avoir favorisé, pour en bénéficier,
les agissements délictueux des trafi-
quants de carnets médicaux. On sait que
le docteur Alfred Cousin, neveu du pro-
fesseur, est depuis .quelque temps inter-
né à la prison Chave pour avoir, dans
une seule année, par le moyen de ce tra-
lic, touché plus de 150,000 francs d'ho-
noraires; Le professeur Cousin est, en
outre, accusé d'avoir frauduleusement
prélevé :'sur les carnets médicaux des
agents et inspecteurs de police mutilés
et réformés des bulletins d'ordonnances
qu'il se serait fait rembourser par l'Etat.
Par de telles manœuvres, il réussirait à
toucher trois fois ses honoraires, d'a-
bord par appointements, car le profes-
seur était., officiellement médecin de la
"police, ensuite par un ou plusieurs bons
do. carnets de police, enfin par un ou plu-
sieurs bons de carnets proprement dils.
Lu bruit court à Marseille que des ar-
vf<< lions aussi surprenantes que celle
̃̃!• fesseur Cousin seraient immi-
PETITS VOYAGES AUTOUR DU MONDE
Le Goût du Toc
FAR SELYSETTE
II y a, dans Paris, presque autant de mar-
chands de perles fausses que de marchands
de perles fines. Ces vendeurs d'illusion,- qui
débitent des copies de colliers réels et des
fac-similés de sautoirs, authentiques, répon-
dent à une nécessité sociale. Jean Rostand
n'a-t'-il pas démontré récemment, en un es-
sai fort spirituel, que la Perle pour le»
gens du monde et le Poulet pour \t\
gens du peuple constituaient, à notra
époque, les marques symboliques de la pros-
périté?
Si la ménagère consciente et organisée
tient à mettre la poule au pot plus souvent
que tous le.« dimanches, la Parisienne élé7
gante considère une jeunesse sans perles corn-,
me un début de vie gâchée. Or, ce n'est 1iu,
bituellement qu'à un âge fort mûr que l'on
hérite des bijoux de famille, et un nouvel
époux n'a souvent pas les moyens de mettra
au cou de sa femme un rang digne de celui
qu'elle veut occuper dans le monde. Pour-
tant, s'il arrive parfois que l'homme fasse
un effort ou une folie pour garnir de
perles un cou légitime, il est infiniment
moins fréquent qu'il aille jusqu'à jeter "un
sautoir de 200.000 francs sur les fraîches
épaules d'une compagne temporaire. De sor-
te que la jeune mariée, forcée de patienter en
matière de bijoux, et la petite courtisane,
obligée de composer grain à grain le collier
de ses rêves, ont recours à la simili-perle
afin d'en imposer à leur entourage. C'est ce
qu'elles appellent sauver les apparences.
La plus célèbre des firmes perlières d'imi-
tation tient boutique, à Paris, rue de la
Paix à Londres, dans Old Bond Street, et
à New-York, sur la Cinquième Avenue*,
Cela prouve qu'il existe, dans ces trois vil-
les, nombre d'acheteuscs résignées à se con-
tenter de la fiction, à défaut de la réalité.
Voici de cela quelques années, d'habiles
faussaires instituèrent le «. rubis reconsti-
tué », en déclarant que ce n'était pas une
pierre fausse, mais une gemme scientifique-
ment reproduite. Comme une'reconstitution
ne vaut pas un original, et vaut surtout infi-
niment moins cher, beaucoup de jolis doigts
s'ornèrent de rouge à prix réduit.
Les alchimistes du moyen âge s'achar-
naient à découvrir la pierre philosophale,
dont ils attendaient la transmutation "clés
plus vils métaux en or pur.' Moins ambi-
tieux, les joailliers contemporains ne sont
plus des chercheurs d'or, mais des siiiiùla-
teurs d'or. Car il. n'est lias, uncieumié rie ̃
condition moyenne qui consente. aitjo;u-
d'hui, à se passer de bijoux. Les.. faciles bé-
néfices d'après-guerre avaient décliàîùe un
formidable appétit de luxe. Lorsque des cir-
constances moins favorables vinrent limiter
toute ambition, l'avidité somptuaire devint,
tout simplement, le goût. du toc.
L'on semble, jusque dans les milieux les
plus modestes, avoir perdu l'habitude de
l'épargne. Le bas de laine se meurt. Il est
remplacé par le bas de soie. Et celui-ci a
bien changé Dans mon enfance, 'il fallait
qu'il fût compact et qu'il pesât nu certain
poids; lorsqu'on le maniait, on voulait en
avoir « plein la main d'une honnête ieni-
fe ». A -présent, la mode est aux mailles
arachnéennes. Pour celles qui midinettes
ou modestes employées ne peuvent pas
s'offrir du 44 fin à trois louis la paire, et'
qui tiennent cependant à exhiber des jam-
bes gainées d'autre chose que de fil, le com-
merce parisien a imaginé les bas de soie ar-
tificielle et de coton mercerisé.
C'est surtout dans le domaine de la four-
rure que s'exerce le principe du camouflage,
Il n'est presque plus une seule toison qui
soit vendue sous son nom d'origine. L'opos-
sum se présente sous forme de skuugs. Le
petit-gris –'lustré et teint en marron •– si-'
mule le kolinsky. Le vison est traité çon zibeline et il existe, à présent, du
« rat. chinchilla ». Enfin, de même '^ue les
chemins de fer comportent trois sortes de
compartiments, les pelletiers nous laissent
le choix entre la loutre de mer (première
classe), la loutre d'Hudson (second ordre) et
la loutre de Colombie (dernier choix).
Le castor a aussi ses dérivés le ragondin
et le nutria. Pourquoi, au lieu -d'intituler
« herminette » ce qui est, tour à tour, de
l'hermine de choux et de l'hermine de'^ja-
reniie, n'inscrit-on pas sur la plaque d'iden-
tité de cette peau de bête à poils blancs
lapin véritable ?
Tout cela me fait penser ai ces façadesindi-
gentes de l'Italie du Nord, que -l'art du
« trompe-l'œil » rehausse de sculptures fic-
tives et de colonnades apocryphes. Eu Rou-
manie également, le besoin de maquiller les
édifices se fait sentir. Les maisons de Buca-
rest, construites en briques, sont recouver-
tes d'un enduit peint qui simule la blan-
cheur des pierres de taille. Vaudrait-il pas
mieux laisser apparentes les briques roses
des parois?
D'ailleurs, même en Occident, les pierres
de taille commencent à être supplantées par
le ciment armé en matière de bâtiments ?t
par le stuc lorsqu'il s'agit de décorations in-
térieure».
Les somptueux revêtements muraux, cise-
lés en plein bois, out fait Qlace, dans les im-
meubles modernes,' à de fausses boiseries.
Des moulures au mètre, clouées à même le
plâtre, forment les panneaux des lambris.
On les enjolive, habituellement, de déplora-
bles ornements, allégoriques en « pâtisse-
rie ». Les cheminées, en simili-marbre, s'or-
tient de motifs en simili-bronze. C'est h(
triomphe du mauvais goût.
Les auteurs dramatiques ont, depuis long-
temps, discerné l'importance sociale de la
vanité. Labiche l'a ridiculisée dans la Pou-
dre aux yeux. M. Maurice Donuay l'a dra-
matisée dans Paraître, qui est la tragédie
de l'orgueil et de la cupidité. Ces années-ci,
nous avons entendu aussi, au théâtre, des piè-
cesjiqui s'appelaient l'Esbrouffe, le Bluff et
VMpate.
Le d,ésir de « paraître explique la vo-
gue insensée des copieuses, ces plagiaires
qui ont pour métier de reproduire les créa-
tions brevetées de la rue de la Faix. Une pe-
tite couturière qui, de sa, propre initiative,
inventerait des toilettes inédites, irait au-
Jeudi'12'jvril 192> W
69me Année SmeSërie No 102
Le Numéro quotidien .'VINGT ÇENJMES EN FRANCE
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de France et d'Algérie
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moajiaïtt des sots, .bravant rlës méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais).
< < >
Sociéiç du "Figaro"
L'Assemblée générale ordinaire des
Actionnaires du Figaro est définitive-
ment fixée à |g. date du lundi 7 mai pro-
chain.
Elle aura lieu à la Salle des Ingénieurs
Civils, 19, rue Blanche, à quinze heures
précises.
ORDRE DU JOUR
Rapport du Conseil d'administration et
des commissaires
Approbation des comptes
Fixation du dividende de l'exercice
1922 ;'•'
Autorisation à donner à des administra-
teurs (art. 25 des statuts)
Ratification de la nomination d'admi-
nistrateurs
Remplacement de deux administrateurs
sortants
Nomination des commissaires aux comp-
tes
Questions diverses.
La date extrême de la réception des
pouvoirs est prorogée jusqu'au 30 avril.
Tous les pouvoirs déjà envoyés sont
valables pour cette Assemblée.
BIBLIOPHILES ?
-==>oc:>
'̃̃̃•̃ ̃ °
Je ne dirai pas que les séances un
peu creuses du congrès des bibliothé-
caires et bibliophiles ont passionné le
public au même degré que la course
des six jours. Néanmoins, les nom-
breux comptes rendus consacrés par
la presse à ce congrès nous montrent t
toute "la place qu'a prise aujourd'hui
dans nos mœurs le goût de- livres, et
donc l'attention que lui doit la chroni-
que.
Avant la guerre, la bibliophilie ne
sévissait que dans une petite élite, dont
la rn-uife •prêtait plutôt à sourire. Au-
jourd'hui, il faut être bien pauvre ou
bien lettré, pour oser avouer qu'on ne
s'intéresse pas aux bouquins rares.
Chez les jeunes mariés, la bibliothèque
si souvent omise dans les installations
de jadis, est devenue un meuble indis-
pensable et de fondation. Et, les vieux
ménages, de leur côté, se sont mis peu à
peu. garnir .ji» livres précieux les
rayeras qui, derrière leurs ventaux ten-
dus de soies complices, ne servaient
guère jusqu'ici que de débarras. Puis
ce sont nos élégantes qui suivent le
mouvement. On ne voit plus qu'elles
chez les libraires comme autrefois chez
les brocanteurs. Et même il n'est pas de
.petite femme un peu huppée qui, tant
par chic que pour impressionner le
client, ne^. veuille avoir sa collection
avec, en vedette, les xviii" les plus
.onéreux ou les originales les plus coû-
teuse. Enfin, cette nomenclature des
intoxiqués serait incomplète si l'on n'y
ajoutait notre ami X. le nouveau ri-
e Le, qui,, -entre une tractation louche
et une visite chez le juge, ne manque ja-
mais de faire son tour chez les. grands
bouquinistes des deux rives.
Dans la, brusque formation de cette
clientèle un peu mêlée', il serait puéril
de nier la part qu'ont eue l'esprit de
^placement ou l'esprit île spéculation:
Pourquoi d'ailleurs s'indigner de leur
extension dans la bibliophilie ? N'ont-
ils pas compté de tout lenips parmi les
stimulants de' nos collectionneurs de
tout ordre ? Le goût de la beauté et le
goût' de lucre peuvent aller 'isolément.,
mais ils ne s'excluent pas toujours et il
arrive qu'ils se renforcenf.Prenez l'ama-
teur le plus délicat emportant tendre-
ment telle statuette ou telle estam-
pe qu'il vient de payer les yeux de la
tète, puis démontrez-lui, preuves en
mains, que son acquisition ne vaut pas
le tiers, voilà un homme désemparé,
dégoûté, désaffectionné de l'objet de
ses convoitises, le cœur plus atteint en-
core que la bourse. Là où il croyait
̃ tenir un trésor, vous lui dévoilez une
« droùille ». Exactement chez lui la
souffrance de Boubouroche qui pleure
bien- moins ses frais pour Adèle que ses
illusions sur cette créature indigne.
• Auprès des nouveaux bibliophiles, il
faut cependant reconnaître que la ques-
tion d'argent a joué un plus grand rôle
qu'auprès de leurs devanciers, puisque
c'est surtout des grandes ventes d'après
g-ueire que datent leurs enrôlements
en masse. Dues, à des, causes multiples
décèsj vie chère,- restriction cles
revenus, krachs divers ces ventes
sensationnelles, avec leurs enchères
formidables, n'avaient pas tardé à atti-
rer les malins. Une valeur qui grimpe
sans cesse et en outre peut servir de'ca-
ehette contre le Use, titre à surveiller, à
• ramasser, à mettre en portefeuille.. Et,
de bouche en bouche, le tuyau faisait
autant de bibliophiles.
Mais, dès lors, le pli était pris, l'exem-
pl»,:donné, -sans qu'on en connût, l'ori-
gine. -Chez l'un, chez l'autre, chez tout
̃ ]e: monde, on voyait soudain des livres.
h- Et -ce- qui n'avait, été, au début, qu'une
opération, a fini par devenir, chez beau-
coup, soit une élégance de règle, soit
une passion sincère.
1 ̃ A
L'accueil fait aux néophytes, inutile
de vous dire s'il fut princier. Pas de
gentillesses, pas d'attentions qu'on
n'ait eues pour eux.
Ils voulaient des livres sur grand pa-
pier. Les éditeurs, qui ne risquaient ces
tirages qu'à dix ou quinze exemplaires,
les 'multiplièrent généreusement par
.centaines. M voulaient comme tous
les enfants des livres à images. Vingt
firmes se créèrent aussitôt pou r, les- fabri-
•quer par grosses. Ils voulaient de vieux
bouquins. Les libraires,' après avoir
vidé tous leurs rayons, n'hésitèrent :pas
à allar l'éveiller dans leurs -'réserves de
vénérables rossignols qui y "sônmieil-
laient depuis un demi-siècle. Ils vou-
laient de riches reliures. Du fond le plus
obscur des magasins, on leur sortit, par
paquets, des invendus ruisselant d'or.
Une bibliothèque juge uri< homme, a-
t-ou dit. Gardez-vous pourtant d'appli-
quer cette maxime au néo-bibliophile. Il a
sacrifié à la bibliophilie. Il est joyeux
de ses sacrifices. Double titre à votre
indulgence.
Quant à X. et ses pareils, peut-être
déliants on leur propre goût, ils ont
adopté une autre méthode. Selon l'axio-
i me qui assure que l'on n'en a. jamais
que pour son argent, ils visent ce qu'ils
appellent le gros gibier, le bouquin hors
de prix, le livre introuvable, c'est-à-dire
qu'on ne trouve que contre monnaie
sonnante..
Signalez-vous à X. dans une vente,
un de ces numéros, ses narines se gon-
flent, son ceil lance des étincelles, et,
d'un ton menaçant, il proclame « lis
ne l'auront pas » Ils, ce sont les con-
currents, la .France, l'Amérique, l'An-
gleterre, l'univers. Et, effectivement, Us
ne l'ont pas, cai\ dût-if y mettre cin-
.quante tonnes de ses morues ou hrijje
barils de ses mislelles, X. ne lâchera
pas le morceau. 'U
Aussi quelle fierté, qu'il est touchant
quand il vous montre, soigneusement
rangés dans sa bibliothèque, tous ces
glorieux. trophées Naturellement, com-
me cela tient le haut de la cote, il a
tapé sur le xviii0 et souvent sans grand
i discernement. Ainsi, certains de ces.ou-
vrages ont été payés le double de leur
valeur. Certains sont des remboitages.
Ses Liaisons dangereuses portent la
mauvaise remarque, il .manque à ses
Chansons de Labo-rde des figures, ses
j Baisers de Dorat ont été lavés. Ou, pre-
nant l'éditeur du fameux Molière pour
l'illustrateur, X. murmurera avec dé-
lices .̃̃̃
Quel talent, ce Bret
Ou' importent ces erreurs et ces vani-
tés ? Ne 'témoignent-elles pas chez X.
.d'un restant d'idéal et, d'un attachement
pour la beauté, peu commun chez les
prévenus ? `t
Sans doute, on ne marque pas partout
la même complaisance pour les nou-
veaux venus dans la bibliophilie. De-ci
de-là, des grognements contre eux s'élè-
vent 'ou des- ncanenreîïls'"59"dess)'ïientî.-
Les vieux .amateurs îriaugf.éënt, erienï'à
la décadence, au gâchis, à l'oppression
de l'or.
Mais c'est il-à mal comprendre révolu-
tion fatale que devait suivre la bi-
bliophilie en paissant d'un, cercle res-
treint aux régions du grand public.
Et pourquoi w'en plaindre ? Tant de
sommes, même mal dispensées, ne cons-
tituent-elles'pas un hommage discret à
l'amour dés livres ? Et ne sont-elles lias-
aussi la preuve évidente que si l'argent
ne fait pas le bonheur, il ne fait pas non
plus une bibliothèque ?
Fernand Vandérem,
Le premierfusil de France
Ceci vous est dédié, ô Ncmrods de sous-
préfeclures, dont les exploits si souvent
coulés entre deux bésigues remplissent
d'une admiration toujours nouvelle les jeu-
nes habitués du Café du Commerce.
Saluez, chasseurs. Hammerless des gen-
tilshommes, lcfuucheux des braconniers,
rendez les honneurs. Voici le premier fusij
de France
Et qui donc oserait contester ce titre à
l'homme qui, en quarante.sept saisons do
chasse, de. 1876 à 1923, a abattu trois cent
seize mille cent soixante pièces ?
Cet homme, c'est le comte Clary, qui vient
d'avoir la coquetterie de publier le tableau,
joliment illustré par Reboussin, de ses qua-
rante-sept campagnes.
Mais qu'on ̃ n'imagine pas; surtout, que
le comte Clary considère comme terminée
sa carrière de grand chasseur devant
l'Eternel quel dommage que l'on ait tant
abusé d'une expression qui aurait dû être
mise en réserve pour lui Le comte Clary,
qui» est jeune encore et qui faliguera des
compagnons plus jeunes que lui, ne songe
pas à prendre sa retraite. Et le perdreau
rouge d'Alphonse Daudet fera bien, cet au-
tomne, de ne pas se lever à portée de son
arme, car il courrait grand risque, le pau-
vre, de ne plus pouvoir faire de confiden-
ces à un conteur.
Ccsl que la liste des pièces de gibier qu'a
pu manquer, dans sa vie, le comte Clary, ne
serait sans doute pas. bien longue. Tandis
que celle de ses victimes, rappelons-le,
comporte 316.160 unités. Et il y a parmi el-
les, un peu de tout.
Nous y trouvons, notamment, 458 che-
vreuils, 242 cerfs et biches, 156 sangliers,
2 daims, 122 chats .'Sauvages, <-l blaireau,
1 renne, 2 loups, 1 aigle le, gibier ordinai-
re, si l'on peut dire, y est représente puii
dés chiffres impressionnants 16.4-02 liè-
vres, 48.555 lapins; 60.216 perdrix êl 112.543
faisans.
Le comte Clary a surtout chassé en Eu-
rope. Son tableau ne • mentionne pas de
grands fauves. Toutefois, on y- rencontre
4-i colins, 18 tinamous, 2 guêpiers, qu'il n'a
certainement pas tués dans la plaine Saint-
Denis. D'uulre part, les grouses abattues
par lui sont au nombre de 5.881 et les per-
drix blanches'. de 218.
Les pièces de gibier d'eau forment un to-
tal de 16.876. Enfin, le reste, qui ne vaut pas
l'honneur d'être nommé et que le comte
Clary désigne 'dédaigneusement, sous le.
nom de « divers. », représente encore un
joli lot de 16.087. pièces".
Mais Tarlarin lui-même n'oserait pas
soutenir- que; parmi ces « divers ->, le comle
Clary ait fait figurer. le gibier que l'hom-
me, aux doubles- niuscles tirait dans la ban-
lieue tarasconnuise;
8 onr~jro~~
IL FAUT QUE TOUT S'EXPLIQUE
Dans une série d'articles, parus, à cette
place, nous avons établi que les intérêts
français et les intérêts anglais étaient en
complète opposition depuis 1918.
Nous avons rappelé le rôle singulier de
M. Lloyd George, s'obstinant à mécon-
naître les droits, de notre pays pour mé-
nager les "intérêts cosmopolites dont il
avait la garde. Nous avons dit comment cet
homme d'Etat avait .su berner, « rouler »
selon l'expression de M. Clemenceau
nos gouvernants depuis l'armistice jus-
qu'au jour où, brusquement, il jeta le mas-
que et nous montra la face d'un germa-
nophile ardent. Tout le monde, en France
comme à l'étranger, connaît les stupé-
fiantes déclarations qu'il a faites et re-
nouvelées. Plein de mansuétude, plein de
sollicitude pour l'Allemagne vaincue, ja-
mais il ne voulut admettre- que le relève-
ment de la France, champ de bataille com-
mun, fût placé, au premier rang des.re-
vendications communes.
Ses successeurs n'ayant pas marqué un
plus vif souci de la gratitude ou de la jus-
tice, nous avons conclu que quatre an-
nées'de patience, c'était assez que la
France, à bout de forces, ne pouvait sup-
porter indéfiniment le jeu des discussions
vaines, alternatives d'espoirs et de décep-
tions qu'après l'abstention de l'Angle-
terre, dès nôtre occupation de la Ruhr,
il valait mieux renoncer à une entente qui
n'existait plus que de nom que la Fran-
ce, enfin, aidée par la généreuse Belgi-
que, approuvée et- •moralement soutenue
par l'Italie, devait faire assurer elle-même
le paiement de ses réparations.
Nos articles, où la vérité s'exprimait
peut-être avec trop de franchise, ont sou-
levé, en Angleterre, de vives protestations;
en France, des protestations. rares et timi-
des mais on n'a pas réfuté un seul de nos
arguments. "r
L'Angleterre nous est apparue comme
barricadée dans un système qu'aucune for-
ce au monde ne lui ferait abandonner
de telle sorte que, si nous voulions à tout
prix un accord avec elle, nous ne pour-
rions l'obtenir qu'en sacrifiant, une fois de
plus, les intérêts de notre pays.
Or, 'à la conférence de janvier dernier,
M. Poincaré a défini le minimum des re-
vendications françaises. Par la voix de son
chef, notre gouvernement a notifié -au
«moiade-tjue,- devant l'intransigeance brj;
tarinîqufi, -la France, approuvée par l'Ita-
lie, aidée par la Belgique, irait .demander
directement à l'Allemagne le règlement de
ses comptes que nous n'admettrions plus
d'intermédiaire, que nous nous passerions
désormais de consulter des alliés qui
avaient délibérément séparé leur cause de
la nôtre.
Le pays avait été favorablement impres-
sionné par ces mâles déclarations on le
sentait rangé tout entier derrière l'homme
qui donnait à ses vœux secrets leur for-
mule. Et cette unanimité française frappa
l'étranger. Notre fermeté nous avait con-
quis la sympathie universelle. On admi-
rait le courage de la France, on applau-
dissait à sa résolution. Qu'elle essayât à
peu près seule, d'imposer à l'Allemagne
les conditions de son relèvement économi-
que, c'était brave qu'elle exigeât d'être
mise sur un pied d'égalité avec son enne-
mie et avec l'Angleterre, c'était juste.
Tout le monde en convenait. Notre cause
gagnait chaque jour du terrain. Bref, la
position de la France était excellente à
tous égards.
Quand soudain cette nouvelle éclate
M. Loucheur, pris.d'un goût subit et vio-
lent pour l'art anglais, a passé le détroit
mais il n'a donné qu'un coup d'oeil aux
musées l'objet de son voyage n'était pas
un objet d'art; cet amateur de peinture dési-
rait surtout entretenir la presse et les hom-
mes d'Etat anglais des projets mêmes, que
l'Angletere n'avait plus à connaître.
Le maximum de fautes était réalisé dans
le minimum de temps. Les démarches de
M. Loucheur ne pouvaient avoir d'autre
effet que de jeter le trouble dans les es-
prits. En Angleterre, en Italie, en Belgi-
que comme en France, on ne comprenait
plus.. Nous n'aurions jamais pensé 'qu'il
existât un Français capable de passer la
mer pour se déclarer l'ami de M. Lloyd
George et pour soumettre ses vues per-
sonnelles à l'homme qui.se dresse depuis
cinq années contre nous, à l'homme dont
l'intransigeance et le parti pris ont main-
tenu la France dans la détresse en dépit de
la Victoire..
Que devenaient, dans cette conjoncture,
les déclarations faites solennellement, au
nom de la France, par le président du Con-
seil. ? -v
Et quel deyaitêtre l'état d'esprit dé -l'Ai-,
lemagne, après les révélations du Daily
Telegraph, sur les démarches de l'étrange;
missionnaire? Rapprochant des graves évé-
nements d'Esseu les ouvertures qu'a fai-,
tea. de sa propre autorité M. Loucheur,
l'Allemagne va croire, ou feindre de croi-
re, que la Fralicè est inquiète,, que l'ave-.
ûir-nous effraye, que nous tâchons d'a-
morcer- un arrangement par des voies in-
directes, enfin que nous provoquons une
intervention.
Sans doute, M. Loucheur a tiré de son
incartade la plus grande somme de publi-
cité. A Londres comme à Paris, les métho-
des modrenes de réclame se prêtent à l'au-
dace des politiciens, qui convoitent trop
avidement le pouvoir.-
Dès l'événement connu, notre premier
mouvement fut de dire ici notre stupeur.
A la réflexion, et pour n'être pas taxé de
parti pris, nous avons préféré attendre les
effets de la manœuvre ils n'étaiént_pas
douteux ils. se manifestent tels qu'on de-
vait les prévoir il nous appartient main-
tenant dé les juger et d'en juger l'auteur.
11 est certain que M. Loucheur a man-
qué de sens politique et de psychologie.
Ou le. sait esclave d'une ambition incon-
tinente mais on lui reconnaît, de l'intelli-
gence il n'a donc pas dû décider de lui-
même l'exploit qui provoque tant de com-
mentaires et qui risquait de briser son
rêve la manœuvre lui a été suggérée.
Nous sommes bien sûrs que M. Pbhlearé
est totalement étranger la suggestion.
Au reste, toute l'affaire porte la marque
d'un homme dont l'erreur paraît 'être la
règle. Des manifestations et des interven-
tions d'un caractère analogue, qui se. sont
produites en différents domaines, au cours
des dernières années, ne laissent aucun
doute sur l'origine de celle-ci. Qu'il s'agis-
se de conduire une action diplomatique,
d'exercer une action personnelle ou de
pousser une créature, les procédés se re-
trouvent identiques, et le. résultat équi-
valent un échec.
Etait-il admissible que des "négociations
d'une telle portée- car iliaut bien dire
les négociations de M. Loucheur fussent
engagées paru h ancien membre du Cabi-
net Clemenceau ? par un de ceux qui ont
le plus; de responsabilités dans la faillite
de la victoire ? par un homme qui n'a ja-
mais paru à son avantage dans les nom-
breuses conférences où, pourtant, ses col-
lègues ne risquaient pas de l'éclipser ?
M. Loucheur a donné sa mesure en plu-
sieurs occasions décisives. Il l'a donnée
dans l'établissement' des fameux contrats
de fourniture qui ont déterminé, pendant
la guerre, sous son ministère, le renchéris-
sement des matériaux destinés à là défense
;natioiiale, et, par voie de conséquence,
grevé la France de nombreux milliards. 11
a donné sa mesure encore dans la recons-
truction des régions dévastées, où l'on
attendait de lui au moins une compétence
professionnelle appelé au ministère en
.qualité de « génial ingénieur », il était
censé spécialiste pour le choix, l'achat et
la répartition de ces matériaux, pour la
bonne organisation du travail et la bonne
administration des crédits au pied du
mur, il s'est révélé incapable. Il nous se-
rait facile d'allonger la liste des. iusuc-
cès
Comment M. Loucheur a-t-il pu en ve-
nir à concevoir l'idée de cette étrange am-
bassade ? S'est-il délivré tout seul ses let-
tres de créance, ou faudrai-il admettre
comme on le murmure dans certains mi-
lieux., parlementaires que le premier
magistrat de la République lui en ait sug-
géré l'initiative ? L'on va même jusqu'à
insinuer que le Chef de l'Etat aurait trouvé
là le moyen de placer rapidement au pou-
voir l'homme qui, par ses multiples
moyens d'action, serait capable d'amener
en- 1924, au Parlement, une majorité do-
cile à satisfaire ses ambitions et ses dé-
sirs, Nous ne saurions croire qu'une telle
hypothèse soit justifiée. Car" s'il en était
ainsi, d'une part le Président de la Ré-' 1
publique aurait singulièrement outrepassé
ses.pouvoirs constitutionnels et, de l'autre,
il serait devenu le collaborateur d'une opé-
ration entre toutes hasardeuse.
Il est clair que M. Loucheur a tenté
trouver dans le voyage à Londres l'occa-
sion de se mettre au premier plan parmi
les candidats éventuels à la présidence du
Conseil. Il s'est trompé.
Quand on a si bien fait ses affaires en
faisant si mal les affaires du pays, on n'est
plus qualifié. Il y a des expériences qui
ne se recommencent pas la France n'en
a plus les moyens.
Pour l'instant, la nécessité d'aboutir
dans la Ruhr, et d'aboutir vite, s'impose
avec plus de force encore qu'a/ant l'inci-
dent Loucheur. Il faut que l'Allemagne
sache, aujourd'hui mieux que jamais, que
1#; résolution de la France n& chancelle
pas, et que sa volonté s'accomplira. I
V. ̃••̃• ̃̃
ECHOS
Le premier bouquet de lilas.
L'un des bouquets les plus précoces,
chaque année, est, à Paris, celui du pont
de l'Europe. Là, dans le triangle formé
par la place, la rue de Petrograd et la
rue de Liège, le vert des jeunes feuilles
du jardin s'agrémente dès maintenant
de grappes mauves.
Dépêchons-nous de les admirer. Dans
quelques jours, il. faudra. attendre douze
'mois pour revoir ce spectacle charmant.
-o..o~b-
.L'Orient, dans les luttes d'intérêts
suscités par les grands financiers d'Eu-
rope, perdrait le charme que nous lui
trouvons si nos poètes et nos lettrés ne
.stimulaient notre admiration pour ces
pays lointains.
u. Xarnile sous les cèdres, le dernier ro-
̃JfXmi d'Henry Bordeaux, de l'Académie
française, dont la parution est annoncée
chez Pion pour le début de mai, serait
un des plus puissants de ces philtres
jd'amour.
Ephémérides.
Dans tous les bureaux et cabinets .de
travail sont accrochés, au mur, ces ca-
lendriers à effeuiller, sur l'un desquels
Sacha Guitry, dans une de '^es 'plus jo-
li'es pièces, trouva l'indication de l'an-
niversaire de la prise de Berg-op-Zooan.
-Mais les dates de ces .anniversaires
sont d'une assez curieuse imprécision,
comme en témoignent trois feuillets ar-
rachés à trois oalendri'ers et qui assi-
gnent trois dates différentes à un .évé-
nement qui ne passa pourtant pas ina-
perçu, puisqu'il s'!aigiii de la mort do
Chateaubriand.
,Suroin -d€ ces- -feuillets, à la' date du
21 février 1848, l'épliéméride annonce :̃
«,MoTf de Chateaubriand, «.uleur- du-
Génie du christianisme.-» M bur l'autre- ,1
c'est, à ila date du 2? juin. q."e no: '̃-
sons '« Murt il>v Chateaubriiin-I.
bre écrivain français. » IVan- \k<^U:-
irne, «'est lo 5 juillet qu'est mort Cha.-
teaubriançn .-inhumé, selon son désir,
dans un îlot désert de la rade de Saint-
Ma;lo. ••
C'est le troisième calendrier qui brûr
i le, comme on diil aux petits jeux. Car
c'est le 4 juillet 1848 que nnourùt Fran-
çois-René vicomte de Chateaubriand.
Vers préférés
Par HENRY BATAILLE °
Ce recueil de quelques-uns des plus beaux
vers d'Henry Bataille n'est pas exactement
une anthologie. C'est l'illustre poète lui-
même qui, dans les dernières semaines de sa
j vie, a choisi les morceaux composant ce beau
livre et lui a donné ce titre Vers préférés.
On y retrouve non seulement les pièces lc5
plus célèbres d'Henry Bataille, mais aussi
d'autres moins connues qu'il aimait particu-
lièrement.
En feuilletant ces pages si riches, on ad-
mire ici, une fois de plus, l'art incomparable
de ce poète-né qui exprima toujours en vers
ou en prose, dans une langue d'une qualité
inouïe, les sentiments les plus aigus et les
idées les plus profondes.
-o-oo-
Cross-counlry..
On a yu, dans la-rubrique des sports,
qu'une .course à pied à mis en présence,
dimanche, dans les bois de Saint-Cloud,
une viuglaine de concurrents dont au-
cun n'a moins de cinquante ans et dont
l'aîné entrera sous peu dans sa soixante-
• douzième année.
L'un de ces intrépides mérite plus spé-
I cialemenl d'être- salué et. d'être félicité
il s'agit de M. fioury, cet attaché de la
questure de la Chambre qui avait été
renversé, i 'an dernier, par une automo-
bile devant, le Palais-Bourbon. Sa, vie fut
en suspens plusieurs semaines. Et, trois
mois durant, M. Goury dut garderie lit.
Faut-il ajouter que dans son amour des
sports, M. Goury place le cross-country
pédestre avant l'automobile V On le con-
çoit sans difficulté. •
Les réunions sportives deviennent de
plus en plus brillances, et nos couturière
en profitent pour présenter leurs 'derniè-
res nouveautés.
Dernièrement, au pesage, c'était un
̃éblouissement do toilettes, où les verts
Londres doniimaienl.
Beaucoup de, ces jolies créations
étaient signées de la, jeune et déjà ̃célè-
hve Maison iMarisse, de la rue do l'Ely-
sée, à l'angle du faubourg Saint-Ilo-
nwé. `
j- -•; Le Masque Fer..
Le procès du patriarche Tikhon retardé
Riga, II avril. La mission des So-
viets à Riga annonce que le procès du
patriarche Tikhon a été retardé pour
quelque temps.
Le patriarche Tikhon serait grave-
ment malade depuis trois jours.
Un raid turc sur Castellorizo
La garnison italienne massacrée ? 3
h'Aycnce Radio communique la note
suivante
Londres, 11 avril. On a reçu ici, ce
soir, une dépêche do Rhodes, via Athè-
nes, d'après laquelle des irrégujliers
turcs auraient effectué un raid sur la
petite île de Castellorizo.
On sait que celle île, attribuée aux
Italiens par tes accords interalliés, n'a
cessé de faire l'objet des revendications
des Turcs, notamment à la conférence
de Lausanne.
Selon ce télégramme, les Turcs au-
raient, massacre la petite garnison ita-
lienne de Castellorizo, fusillé plusieurs
notables grecs et. pris possession de
l'administration civile.
Les autorités ( anglaises ?) de Rhodes
ayant immédiatement envoyé des se-
cours, tous. les' irréguliers turcs au-
raient été faits prisonniers.
Le scandale des carnets médicaux
Arrestation du professeur Cousin
A plusieurs reprises, depuis quelques
semaines, nous avons entretenu nos lec-
leurs de cette affaire de « carnets médi-
caux » qui fait scandale à Marseille.
Déjà, trente-deux arrestations out été
opérées de médecins et personnes con-
nus. Mais, hier, la nouvelle de l 'arres-
tation du docteur Gustave Cousin, offi-
cier de' la Légion d'honneur, ancien mé-
decin inspecteur d'armée, professeur à
l'Ecole de médecine, n'a pas été sans
provoquer la plus gr-ânde-émot-ion.
La justice reproche au professeur Cou-
sin d'avoir favorisé, pour en bénéficier,
les agissements délictueux des trafi-
quants de carnets médicaux. On sait que
le docteur Alfred Cousin, neveu du pro-
fesseur, est depuis .quelque temps inter-
né à la prison Chave pour avoir, dans
une seule année, par le moyen de ce tra-
lic, touché plus de 150,000 francs d'ho-
noraires; Le professeur Cousin est, en
outre, accusé d'avoir frauduleusement
prélevé :'sur les carnets médicaux des
agents et inspecteurs de police mutilés
et réformés des bulletins d'ordonnances
qu'il se serait fait rembourser par l'Etat.
Par de telles manœuvres, il réussirait à
toucher trois fois ses honoraires, d'a-
bord par appointements, car le profes-
seur était., officiellement médecin de la
"police, ensuite par un ou plusieurs bons
do. carnets de police, enfin par un ou plu-
sieurs bons de carnets proprement dils.
Lu bruit court à Marseille que des ar-
vf<< lions aussi surprenantes que celle
̃̃!• fesseur Cousin seraient immi-
PETITS VOYAGES AUTOUR DU MONDE
Le Goût du Toc
FAR SELYSETTE
II y a, dans Paris, presque autant de mar-
chands de perles fausses que de marchands
de perles fines. Ces vendeurs d'illusion,- qui
débitent des copies de colliers réels et des
fac-similés de sautoirs, authentiques, répon-
dent à une nécessité sociale. Jean Rostand
n'a-t'-il pas démontré récemment, en un es-
sai fort spirituel, que la Perle pour le»
gens du monde et le Poulet pour \t\
gens du peuple constituaient, à notra
époque, les marques symboliques de la pros-
périté?
Si la ménagère consciente et organisée
tient à mettre la poule au pot plus souvent
que tous le.« dimanches, la Parisienne élé7
gante considère une jeunesse sans perles corn-,
me un début de vie gâchée. Or, ce n'est 1iu,
bituellement qu'à un âge fort mûr que l'on
hérite des bijoux de famille, et un nouvel
époux n'a souvent pas les moyens de mettra
au cou de sa femme un rang digne de celui
qu'elle veut occuper dans le monde. Pour-
tant, s'il arrive parfois que l'homme fasse
un effort ou une folie pour garnir de
perles un cou légitime, il est infiniment
moins fréquent qu'il aille jusqu'à jeter "un
sautoir de 200.000 francs sur les fraîches
épaules d'une compagne temporaire. De sor-
te que la jeune mariée, forcée de patienter en
matière de bijoux, et la petite courtisane,
obligée de composer grain à grain le collier
de ses rêves, ont recours à la simili-perle
afin d'en imposer à leur entourage. C'est ce
qu'elles appellent sauver les apparences.
La plus célèbre des firmes perlières d'imi-
tation tient boutique, à Paris, rue de la
Paix à Londres, dans Old Bond Street, et
à New-York, sur la Cinquième Avenue*,
Cela prouve qu'il existe, dans ces trois vil-
les, nombre d'acheteuscs résignées à se con-
tenter de la fiction, à défaut de la réalité.
Voici de cela quelques années, d'habiles
faussaires instituèrent le «. rubis reconsti-
tué », en déclarant que ce n'était pas une
pierre fausse, mais une gemme scientifique-
ment reproduite. Comme une'reconstitution
ne vaut pas un original, et vaut surtout infi-
niment moins cher, beaucoup de jolis doigts
s'ornèrent de rouge à prix réduit.
Les alchimistes du moyen âge s'achar-
naient à découvrir la pierre philosophale,
dont ils attendaient la transmutation "clés
plus vils métaux en or pur.' Moins ambi-
tieux, les joailliers contemporains ne sont
plus des chercheurs d'or, mais des siiiiùla-
teurs d'or. Car il. n'est lias, uncieumié rie ̃
condition moyenne qui consente. aitjo;u-
d'hui, à se passer de bijoux. Les.. faciles bé-
néfices d'après-guerre avaient décliàîùe un
formidable appétit de luxe. Lorsque des cir-
constances moins favorables vinrent limiter
toute ambition, l'avidité somptuaire devint,
tout simplement, le goût. du toc.
L'on semble, jusque dans les milieux les
plus modestes, avoir perdu l'habitude de
l'épargne. Le bas de laine se meurt. Il est
remplacé par le bas de soie. Et celui-ci a
bien changé Dans mon enfance, 'il fallait
qu'il fût compact et qu'il pesât nu certain
poids; lorsqu'on le maniait, on voulait en
avoir « plein la main d'une honnête ieni-
fe ». A -présent, la mode est aux mailles
arachnéennes. Pour celles qui midinettes
ou modestes employées ne peuvent pas
s'offrir du 44 fin à trois louis la paire, et'
qui tiennent cependant à exhiber des jam-
bes gainées d'autre chose que de fil, le com-
merce parisien a imaginé les bas de soie ar-
tificielle et de coton mercerisé.
C'est surtout dans le domaine de la four-
rure que s'exerce le principe du camouflage,
Il n'est presque plus une seule toison qui
soit vendue sous son nom d'origine. L'opos-
sum se présente sous forme de skuugs. Le
petit-gris –'lustré et teint en marron •– si-'
mule le kolinsky. Le vison est traité çon zibeline et il existe, à présent, du
« rat. chinchilla ». Enfin, de même '^ue les
chemins de fer comportent trois sortes de
compartiments, les pelletiers nous laissent
le choix entre la loutre de mer (première
classe), la loutre d'Hudson (second ordre) et
la loutre de Colombie (dernier choix).
Le castor a aussi ses dérivés le ragondin
et le nutria. Pourquoi, au lieu -d'intituler
« herminette » ce qui est, tour à tour, de
l'hermine de choux et de l'hermine de'^ja-
reniie, n'inscrit-on pas sur la plaque d'iden-
tité de cette peau de bête à poils blancs
lapin véritable ?
Tout cela me fait penser ai ces façadesindi-
gentes de l'Italie du Nord, que -l'art du
« trompe-l'œil » rehausse de sculptures fic-
tives et de colonnades apocryphes. Eu Rou-
manie également, le besoin de maquiller les
édifices se fait sentir. Les maisons de Buca-
rest, construites en briques, sont recouver-
tes d'un enduit peint qui simule la blan-
cheur des pierres de taille. Vaudrait-il pas
mieux laisser apparentes les briques roses
des parois?
D'ailleurs, même en Occident, les pierres
de taille commencent à être supplantées par
le ciment armé en matière de bâtiments ?t
par le stuc lorsqu'il s'agit de décorations in-
térieure».
Les somptueux revêtements muraux, cise-
lés en plein bois, out fait Qlace, dans les im-
meubles modernes,' à de fausses boiseries.
Des moulures au mètre, clouées à même le
plâtre, forment les panneaux des lambris.
On les enjolive, habituellement, de déplora-
bles ornements, allégoriques en « pâtisse-
rie ». Les cheminées, en simili-marbre, s'or-
tient de motifs en simili-bronze. C'est h(
triomphe du mauvais goût.
Les auteurs dramatiques ont, depuis long-
temps, discerné l'importance sociale de la
vanité. Labiche l'a ridiculisée dans la Pou-
dre aux yeux. M. Maurice Donuay l'a dra-
matisée dans Paraître, qui est la tragédie
de l'orgueil et de la cupidité. Ces années-ci,
nous avons entendu aussi, au théâtre, des piè-
cesjiqui s'appelaient l'Esbrouffe, le Bluff et
VMpate.
Le d,ésir de « paraître explique la vo-
gue insensée des copieuses, ces plagiaires
qui ont pour métier de reproduire les créa-
tions brevetées de la rue de la Faix. Une pe-
tite couturière qui, de sa, propre initiative,
inventerait des toilettes inédites, irait au-
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