Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1920-01-20
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 janvier 1920 20 janvier 1920
Description : 1920/01/20 (Numéro 20). 1920/01/20 (Numéro 20).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Le Numéro quotidien DIX CENTIMES en France –Etranger VINGT CENTIMES
Mardi 20 Janvier 1920
66me Année 3me Série N° 20
H. DE VILLEMESSANT
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à la Société fîl0 des Annonces, 8, place de la Course
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moqujant des sots, bravant les méchants, je me pressa
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
Le Cabinet Millerand
O^ Quelques parlementaires se ratta-
chant à l'ancien ordre de choses ne
dissimulent point leur stupeur de voir,
idans le cabinet Millerand, un financier
professionnel aux Finances, à l'Agricul-
ture un ingénieur agronome et un pré-
sident de Çhambre de commerce au
'Commerce, sans compter un marchand
de charbon au Ravitaillement. Le public
ne partagera pas cette surprise, et je ne
'pense même pas qu'il soit autrement
choqué que deux sur quatre de ces minis-
tres nouveaux n'appartiennent point au
Parlement. Nous sommes convaincus
aussi que l'a Chambre des députés ac-
cueillera avec faveur cette hardie tenta-
tive qui suffirait déjà à montrer ce qu'il
y a de neuf et de fort dans la pensée de
M. Millerand, et ce qu'on peut attendre
de ce puissant caractère. Beaucoup de
députés n'ont-ils pas été élus d'ailleurs
sur, ce programme la compétence au
pouvoir? Ici donc l'accord est complet
fvec les indications du suffrage uni-
ersel.
l\ ne l'est pas moins avec les ̃nécessi-
tés profondes de la situation. De quelque
côté qu'on l'examine, elle apparaît, en
slïet, comme tellement sérieuse et com-
plexe, qu'elle ne peut plus être traitée
que par des mains exercées, par l'expé-
rience et le savoir, et en dehors sur-
tout de toute agitation politique. En ce
qui concerne, parexemple, l'Agriculture,
les Finances et le Commerce, l'opinion
publique et le Parlement ne ménage-
ront pas la confiance aux hommes qui
vont se mesurer à de redoutables pro-
blèmes. On les suivra d'un œil atten-
tif, avec cette gravité d'un ton si parti-
culier qui s'est introduite, par la guerre,
dans l'esprit français.
Des personnes plus au courant que
nous montrent une rare estime pour
M. François-Marsal, pour M. Isaac, pour
M. Ricard. Ces noms vont se trouver
demain en pleine lumière. Tout ce qu'on
en dit semble nous garantir leur valeur,
leur patriotisme, leur dévouement aux
affaires de la France. Ce qui frappe,
avant l'épreuve, dans l'avènement de
persormaUtés pareilles, c'est bien la dé-
cfsT6nyTfê~d^sintéressement, la volonté
de bien faire. Ces hommes marquent le
cabinet Millerand et attirent vers lui
l'opinion. 1
La portion purement politique de ce
cabinet est moins importante pour le
moment. Elle ne prendra son véritable
aspect que dans le contact avec la
Chambre. Elle se résume, en attendant,
dans la vigoureuse figure du président
du Conseil, où se lisent l'obstination et
l'intelligence, celle-ci donnant à l'autre
̃l'élan et l'aisance de l'action. Il n'y a
pas, en outre, de personnage plus re-
présentatif que M. Millerand des idées
d'apaisement et d'union et du principe
d'elïort commun dont les élections der-
nières ont fait le programme du pays.
(La nomination de M. Steeg garde évi-
demment les traces d'une revanche ré-
cente,» mais elle n'est qu'un épisode de
la combinaison.) Le grand mot de Cle-
menceau « La France à refaire », c'est
à M. Millerand, aujourd'hui, de le tra-
duire en réalités.
« La France a refaire » comporte
îa^K'France à défendre ». Or, une nation
nt'sn défend pas avec des phrases et de
lamoralité.EUe se défend avec des armes
et' la. surveillance de l'ennemi: C'est
pourquoi le choix du ministre. de la
gw-rre préoccupait le public. Il fallait
un iïomine pour qui la menace alle-
mande fût quelque chose de concret et
hûfi une abstraction vague. M.André
Lefèvre paraît être exactement cet
homme-là.
On peut résumer ces diverses obser-
vations sur le cabinet Millerand en une
seule formule: il est un gouvernement
dé travail. Par là, il correspond parfai-
tement au désir de la Chambre, sou-
ve'nt exprimé par ses jeunes représen-
tants. 11 n'est pas un gouvernement de
parti et de' couloirs. La hauteur où le
place la tâche si, hardiment entreprise
le met au-dessus des pièges. Il a le droit
de,, dédaigner les embûches- C'eût été
une faiblesse devant l'ancienne Cham-
bre; ce sera une force devant celle-ci,
si elle ne veut point se démentir et jre-
nier ses origines.
Alfred Capus,
de l'Académie française.
Le nouveau ministère
>̃•
Le ministère Millerand est constitué
En vingt-quatre heures l'ancien ministre
de la guerre a réalisé une combinaison
qui est diversement appréciée, mais ac-
cueillie avec une grande sympathie.
C'est ce 'matin, a onze heures, que M.
Millerand présentera, à M. Raymond
Pojncaré. d'abord, et à M. Paul Descha-
nel, ensuite, ses collaborateurs. Les dé-
crets nommant les nouveaux ministres
et' sous secrétaires d'Etat paraîtront
mercredi matin à l'Officiel.
Dans l'aprës-midi, les ministres tien-
dront un premier conseil de cabinet au
ministère des affaires étrangères pour
arrêter les termes de la déclaration mi-
nistérielle.. ̃ ..•
Enfin, jeudi, dans l'après-midi, le
cabinet se présentera devant les Cham-
bres. ̃ ̃
Voici les noms des nouveaux minis-
tres 1
PrésîdenceduConseil MM.
affaires étrangères- Alexandre Millerand,
dénutâ.
Guerre André Lefèvre, député.
Marine Landry, député.
JttSliCe. Gustave LHOPITEAU
sénateur.
Finances Marsal (non parlementaire).
Intérieur Steeg, sénateur.
Commerce ISAAC, député.
Agriculture Henri Ricard, ingénieur
agronome (non parlementaire).
Travaux publics et
transports Le Trocquer, député.
Colonie^ Albert Sarraut, député.
Instruction publique
et btaux-arts André Honnorat, député.
7!'«UH!/ JOURDAIN, député.
Hygiène sociale. J.-L. BRETON, députi.
Régions libérées. ûgier, secrétaire général des
régions libérées (non parlent.). ).
Pensions, Primes et
Allocations Maginot, député.
Sont nommés sous-secrétaires d'Etat
PrésidenccduConseil Reibel, député.
Intérieur Robert David, député.'
Finances E. BpoussE, n~M.
Ravitaillement. R. Thoumyre, député.
Ports et marine mar-
chande. Paul Bignon, député. y
Forces hydrauliques Borrel, député,
Postes el'lélégraphes L. Deschamps, député*
Agriculture Queuille, député.
Aéronautique et
transports aériens. P.-E. Flandin, député.
Enseignement pro-
fessionnel Coupât, (non parlementaire).
Le nouveau cabinet comprend donc
quinze ministres et dix sous-secrétaires
d'Etat.
On remarquera que l'organisation d'un
certain nombre de ministères est modi-
fiée de façon à grouper plus directe-
jnent des administrations connexes. M.
Millerand a estimé, en effet, qu'una
coordination plus grande devait être
réalisée. Il supprime le ministère de
la reconstitution nationale et complète
celui des travaux publics en y ratta-
chant quatre sous-secrétariats d'Etat
les postes et télégraphes dis trai ts du com-
merce, les transports maritimes, les
forces hydrauliques, l'aéronautique et
les transports 'aériens. Ces deux der-
niers sous-secrétariats sont de création
nouvelle. ''̃'̃.̃
D'autre part, le sous-secrétariat du ra-
vitaillement est détaché de l'agriculture
et rattaché au commerce et le service
de renseignement technique passe du
commerce à l'instruction publique.
Enliu, deux-nouveaux ministères sont,
créés celui de l'hygiène sociale et des
pensions. Le ministère de l'hygiène so-
ciale absorbe les services de l'hygiène et
de l'assistance publique, que l'on enlève
à l'intérieur, et les services de la niu-
tualité et de l'assurance que l'on distrait
du travail. •̃•
LA COMPOSITION DU MINISTÈRE
Le nouveau ministère comprend qua-
tre membres ou sous-secrétaires d'Etat
qui n'appartiennent pas au Parlement
MM. François-Marsal, ministre des fi-
nances, Henri Ricard, spécialiste bien
connu, ingénieur agronome, ministre
de l'agriculture; Ogier, ancien directeur
général au ministère de l'intérieur, puis
préfet de la Meuse, pendant le début de
la période de reconstitution, puis secré-
taire général du ministère des régions
libérées, dont il prend aujourd'hui le
portefeuille Coupat, ancien secrétaire
général de la Fédération des ouvriers
mécaniciens, membre du Conseil supé-
rieur du travail.
Tous les autres membres du cabinet
appartiennent au Parlement, soit dix-
huit députés et deux sénateurs.
Sur les dix-huit députés, treize dépu-
tés faisaient partie de la précédente lé-
gislature MM. Millerand, André Le-
fèvre, Landry, A. Sarraut, Honnorat,
J.-L. Breton, Brousse, Bignon, Borrel,
L. Deschamps, Queuille, P. E. Flandin
et Maginot.
Les cinq autres ont été nommés au
dernier scrutin du 10 novembre 1919; ce
sont MM. Le Troquer, Isaac, Jourdain,
Reibel et Thoumyi-c.
Un ministre, M. Jourdain, et un sous-
secrétaire d'Etat, M. L. Deschamps, fai-
saient partie du cabinet Clemenceau.
Enfin deux sénateurs, MM. Lhopiteau
et Steeg, entrent dans la combinaison.
Au point de vue politique, et si l'on
s'en tient aux classifications d'avant-
guerre ce qui est, disons-le, purement
arbitraire le ministère Millerand
compte quatre membres appartenant au
groupe des républicains- socialistes
MM. Millerand, Lelevre, Landry et
J.-L. Breton; cinq radicaux: MM. Lho-
piteau, Honnorat, Le Troquer, L. Des-
champs et Queuille; deux radicaux-
socialistes MM. Steeg et Sarraut; deux
progressistes ou membres de l'entente
démocratique: MM. Isaac et Thoumyre;
sept républicains de_gaucbe MM. Jour-
dain, Reibel, Robert David, P.-E. Flan-
din, Hignon, Emmanuel Brousse et
Maginot.
Enfin, M. Marsal, le nouveau minis-
tre des finances, bien que n'appartenant
pas au Parlement, présidait l'Union du
commerce et de l'industrie, qui est un
groupement républicain modéré.
Telle est la composition politique du
cabinet. Elle s'efforce de grouper l'en-
semble des éléments dont le Bloc natio-
nal, qui triompha aux élections derniè-
res, est composé.
LES DÉMARCHES DE M. MILLERAND
Nous avons indiqué ce qui était de
l'intérêt le plus immédiat, la composi-
tion du ministère. Disons rapidement
comment il fut élaboré.
M. Millerand eut, au cours de la nuit
dernière, de nombreux entretiens. Il
offrit d'abord, comme nous l'avons dit,
à M. Raoul Péret le portefeuille de
la guerre. 'Mais M. Raoul Péret, qui avait
réservé sa réponse, fit connaître hier
matin à M. Millerand qu'il ne pouvait
accepter son offre.
M. Millerand qui avait offert à M. Ân"
dré Lefèvre le portefeuille des travaux
publics, refusé par le rapporteur de la
commission des crédits, lui demanda s'il
accepterait en échange le ministère de
la guerre. •̃.
M. André Lefèvre, que les questions
militaires ont toujours préoccupé et qui
joua, au cours de la discussion de la loi
de trois ans, un rôle prépondérant, ac-
cepta cette lourde tâche. Ainsi l'un des
plus importants portefeuilles était
pourvu.
M. Millerand sollicita également le
concours de M. René Viviani, mais l'an-
cien président du Conseil lui déclara
qu'il était, en ce moment, résolu a ne
pas faire partie du gouvernement. Ln
revanche, il assura M. Millerand de son
plus cordial concours.
Le ministère des régions libérées solli-
citait surtout l'attention de M. Mille-
rand.
Sachant avec quelle ardeur M. André
Tardieu s'occupait de sa tâche, et avec
quel soin il tentait de coordonner des
efforts par trop dispersés, il lui demanda
de conserver un département où il de-
vait rendre de siéminents services.
Mais M. André Tardieu ne put accep-
ter son offre. Il répondit à M. Millerand
qu'en toute autre circonstance il aurait.
été heureux de devenir son collabora-'
teur.Mais, estimant que les événements
de ces derniers jours indiquaient de la
part des Chambres un appel à des hom-
mes nouveaux, il ne pouvait pas accepter.
M. Millerand insista, mais dans la
matinée d'hier, M. Tardieu, en lui re-
nouvelant ses remerciements, l'infdr-
mait qu'il maintenait sa décision. j?
C'est alors que M. Millérànd, qui sa-
vait quel concours précieux prêtait M-
Ogier à M. Tardieu, fit appel au secré-
taire général des régions libérées, qui
accepta son 'offre..
M. Millerand eut diverses conversa-
tions directes ou téléphoniques avec les
autres hommes politiques od les techni-
ciens auxquels il faisait appel, et à midi,
il pouvait se rendre à l'Elysée et annonr
cer a M. Poincaré qu'il acceptait ofli;
ciellement la mission de constituer le
nouveau ministère.
M. Millerand se rendit ensuite au Pa-,
lais-Bourbon pour mettre M. Paul Des-
chanel au courant de la situation.
Enfin, vers quatre heures de l'après-
midi, après quelques démarches entre-
prises auprès de M. Doumergue pour lui
offrir le portefeuille de l'intérieur, que
lc.séuuteur du Gard refusait, on aiinoa-;
çait que M. Steeg acceptait ce ministère'
et que le cabinet était peu près cons^
tituë..
Nous disons à peu près, car à ce mo-
ment, il était question de créer un nou-
veau ministère, celui des pensions, que
M. Millerand voulait offrir à un séna-
teur.
On créait, enfin, pour calmer certains
mécontentements qui se manifestaient
dans des groupes du centre, un sous-
secrétariat à l'intérieur, que l'on offrait
à M. Robert David.
Dans la soirée, on apprenait que M.
Millerand, renonçant à prendre au Sé-
nat un nouveau ministre, avait demandé
à M. Maginot d'accepter le portefeuille
des pensions, primes et allocations. Le
député de la Meuse 'faisait peu après
connaître sa réponse qui était affirma-
tive.
Ainsi, le cabinet Millerand était au
complet.
Auguste Avril.
Les problèmes
de politique étrangère
Au moment où la direction de nos
affaires extérieures passe en de nouvelles
mains, il est intéressant et utile de
marquer brièvement les principaux pro-
blèmes sur lesquels vont devoir se por-
ter l'attention et les efforts de nos nou-
veaux gouvernants.
Le plus important, le plus grave et
aussi le plus difficile de tous, c'est in-
contestablement l'application du traité
de Versailles. Ce traité, on l'a dit bien
des fois, vaudra surtout par son exécu-
tion. Ses imperfections et ses lacunes
pourront-ellesêtre corrigées dans la pra-
tique? C'est une question de surveillance
incessante et minutieuse, de ténacité, de
précautions. Le moindre relâchement à
cet égard, dans l'ordre économique aussi
bien que militaire, peut avoir les consé-
quences les plus désastreuses et risque
de nous coûter très cher. L'Allemagne
ne manquerait pas d'en protlter pour
violer tous les engagements qu'elle a
pris. Le principal rôle doit être tenu
par la Commission des réparations que
le traité a instituée. Le délégué de la
France qui en sera le président n'a pas
encore été désigné. Divers noms ont
déjà été prononcés. Souhaitons ardem-
ment que le choix du nouveau gouver-
nement se porte sur un homme d'Etat
possédant toutes les qualités requises.
Car il n'est pas, à l'heure actuelle, de
poste plus important et aussi plus diffi-
cile à remplir que celui-là!
En ce qui concerne le problème de
l'Adriatique, le Conseil suprême attend
la réponse des Yougo-Slaves à la propo-
sition transactionnelle qui leur a été
remise. Les Italiens sont allés aussi
loin que possible dans la voie des conces-
sions. M. Nitti a fait preuve à ce sujet
d'une grande largeur de vues et d'un
esprit on ne peut plus conciliant. Si les
dirigeants de Belgrade se niontrent in-
transigeants, et si, par suite de leur
intransigeance, cet essai de compromis
venait à échouer, toute la-responsabilité
de cet échec retomberait sur eux.
En Russie, le succès des armées bol-
cheviques sur leurs adversaires, Kolt-
chak en Sibérie, Denikine dans le Sud,
est à peu près complet. La situation de
Koltchàk notamment apparaît entière-
l ment désespérée. C'est là un fait dont
•rt',1 est bien difficile, qu'on le veuille ou
1 non, de ne point' tenir" compte. La.
décision prise ces jours-ci par les Alliés
de lever le blocus répond, dans une
large mesure, à cet état de choses nou-
veau. On nous dit, il est vrai, que lefait
de commercer avec les coopératives rus-
ses n'implique d'aucune manière pour
nous la reconnaissance du gouvernement t
bolchevique. Mais il est bien évident que
ces coopératives n'existent et ne fonc-
tionnent qu'avec l'assentiment de Lé-
nine. Et si Anglais et Français entrent
maintenant en rapports d'affaires avec
elles, iis se trouveront ainsi en relation
avec des représentants plus ou moins
directs du pouvoir maximaliste.
Le problème russe est un de ceux à
propos desquels les Alliés ont, depuis
l'armistice, accumulé le plus d'incohé-
rences. Il est grand temps de savoir ce
que l'on veut et où l'on va!
Nous avons le ferme espoir que 1\1.
Millerand, le nouveau ministre des af-
faires étrangères, fera rapidement sentir,
au quai d'Orsay, ses grandes qualités
d'énergie, de décision et de clarté. Les
responsabilités, si lourdes soient-elles,
ne l'effraient point, il l'a prouvé à
maintes reprises. Il prend, dans des cir-
constances particulièrement difficiles,
la direction d'un ministère dont l'orga-
nisation et l'économie intérieure seront
presque entièrement à refaire. Il se heur-
tera, s'il veut le réformer,- à des obs,ta-
cles considérables. Nous sommes con-
vaincu qu'il saura les surmonter. C'est
le plus grand,,le plus signalé service
qu'il pourrait rendre à son pays
Raymond Recouly.
..1 AUX FINANCES
la personne et les idées
de M. François-Marsai
Le bruit courait depuis hier qu'on
ferait appel un technicien pour le mi-
nistère des finances et on avait aussitôt
prononcé le nom de M. Raval, le très
distingué président de la Banque natio-
nale de crédit. C'est sur un autre techni-
cien de grande valeur, M. François-
Marsal, que s'csl porté le choix de M.
Millerand.
Le nouveau ministre des finances est
né en 1874. Il entre ddnc dans sa qua-
xanle-sixiètnc année. Ancien élève .dcf.
"Saint-Cyr et de l'Ecole de guerre, il fut"'
attaché comme officier d'ordonnance
à M. Paul Doumer, au gouvernement de
rindo-Chine. II est père de cinq enfants
et peut-être faut-il voir là une des rai-
sons qui lui firent donner sa démission
en 1905, pour se consacrer à là banque.
En 1907, il entra à la Banque Privée,
dont il était devenu directeur général en
1914., Mobilisé comme capitaine de
chasseurs à pied, il lit partie successi-
vement du G. Q. G., de l'état-major du
général de Castelnau et du cabinet du
ministre de la guerre avec M. Clemen-
ceau.
Il vient d'être nommé, ily a quelques
semaines, administrateur de la Banque
de l'Union parisienne.
Au cours de sa brillante carrière, M.
François-Marsal ne s'est fait que des
«j,mis et n'a connu que des succès..
I II a eu l'occasion d'étudier les grands
problèmes financiers du point de vue de
l'Etat, et il a, d'autre part, eu à gérer
de gros intérêts particuliers. 11 est donc
passé successivement des deux côtés de
la barricade et il estime qu'ils ne sont
pas irréconciliables.
C'est un travailleur acharné, un es-
prit lucide, un honnête homme et un
homme de bonne foi animé d'un cou-
rage tranquille et qui sait où il va.
Pour connaître ses idées, il suffit de
relire les articles si remarqués publiés
par Custos dans l'Echo de Paris.
En voici la conclusion en ce qui con-
cerne le programme fiscal
Nous désirons, nous voulons de toutes nos
forces la construction d'un nouvel éditice
fiscal qui réponde aux qualités de clarté de
notre race, qui alimente le budget sans se-
mer la discorde et l'envie entre les citoyens,
qui permette enfin a la France de faire hon-
neur à sa signature.
Le système actuel, agrémente surtout des
importations étrangères qui font alourdi et
compliqué depuis quelques années, ne ré-
pond plus aux nécessités que la guerre nous
a léguées. Il est fait de pièces et de mor-
ceaux: il est un labyrinthe où les techni-
ciens eux-mêmes se perdent. Construit pour
alimenter vaille que vaille des budgets de 4
à 5 milliards, il no saurait se prêter au
ionctio'anemont de budgets do 20 à 23 mil-
liards. Enfin, il est uniquement basé sur des
idées de fiscalité et nous voulons un code
fiscal basé' sur un programme économique.
Etablir des impôts sous la. seule pression
des besoins de la Trésorerie, créer des taxes
sous l'inspiration des courants d'opinion,
c'est aller à l'encontre des intérêts natio-
naux, compliquer les rouages, susciter des 1
répercussions, dont le moins qu'on puisse
dire, c'est qu'elles sont aussi funestes qu'im-
prévues.
Le ministre des finances, dans notre concep-
lion, dépend de ses collègues des départe-
ments ministériels productifs. C'est à ceux- 1
ci de définir les buts; au ministre des lïnan- j
ces, puis au Parlement de modeler la tisca-
lité" sur la conception économique et (le
trouver lçs impôts qui apportent le mini-
mum d'entraves à l'épanouissement de la
production, à la bonne exécution des trans-
ports. à l'expansion de nos exportations, à
la conquête des marchés extérieurs.
Il faut arrêter une codification fiscale
claire, souple, productive, respectueuse des
initiatives et des libertés du citoyen, sou-
cieuse même de ses scrupules ou de ses pré-
jugés. La iiscalité n'est pas un dogme ni un
instrument de luttes politiques ou sociales,
c'est un outil chirurgical dont l'intervention
n'est juetitîée que par la dure nécessité d'am-
puter le patient.
Si nous voulons éviter bien des erreurs,
.bien des haines, il faut faire l'éducation du
pquple, il faut lui parler nettement un lan-
gage il comprenne, il faut que chaque
Lcitoyen aperçoive aisément, non seulement
ree qu'il paye, mais aussi ce que paye le voi-
sin, pourquoi il paye ceci et pourquoi le voi-
sin paye cela.
Le système fiscal que .nous préconisons,
permet au Parlement de définir sans ambages
devant le pays les charges de chacun. Le
chiffre total des dépenses inéluctables ayant
été discuté et arrêté, les élus du peuple de-
vront fixer le pourcentage de ces dépenses à
fournir par des prélèvements sur les revenus,
sur tous les revenus, mais sur les revenus
réels.
Puis revenus et salaires se trouveront
frappés au moment et dans la mesure où ils
s'emploieront en acquisitions, en jouissances.
Véritable impôt de solidarité sociale, ce pré-
lèvement constituera clairement l'indemnité
payée au profit de la collectivité par qui-
conque veut acquérir ce qu'a produit le tra-
vail d'autrui.
Un résumé de toute notre codification peut
aisément être mis en tableau. C'est ce même
tableau qui, complété par l'inscription des
pourcentages votés par le Parlement, pour-
rait, chaque année, affiché dans toutes les
communes do France, instruire tous les ci-
toyens de leurs devoirs et des charges qui
pèsent sur eux et sur leurs voisins.
LE TOTAL DES DÉPENSES VOTEES
PAR LE PARLEMENT ETANT REPRÉSENTÉ PAR 100
L'impôt sur les revenus doit fournir 0/0
de ce total.
Les revenus de la terre doivent fournir
0/0 du total des dépenses par un pré-
lèvement de 0/0 sûr ces revenus.
Les revenus de la propriété bâtie doivent
fournir .0/0 du total des dépenses par
un prélèvement de 0/0 sur ces revenus.
Les revenus des valeurs mobilières fran-
çaises doivent fournir 0,'0 du total des
dépenses
Rentes françaises, modalités spéciales.
Villes, Crédit foncier, titres' garantis par
l'Etat, prélèvement de 0/0 du revenu.
Valoui-s industrielles, prélèvement de 0/0
du revenu.
Les -revenus des valeurs mobilières étran-
gères doivent fournir 0/0 du total des
dépenses
Fonds d'Etat, prélèvement de 0/0 du re-
venu.
Provinces, villes, titres garantis, prélève-
ment de ..0/0 du revenu.
Valeurs industrielles, prélèvement do 0/0
du. revenu.
L'impôt sur l'emploi des revenus et des sa-
laires doit fournir 0/0 de ce total.
Les impôts douaniers doivent fournir 0/0
du total des dépenses.
Les monopoles doivent fournir -.0/0 du to-
tal des dépenses.
Les redevances pour concessions doivent
fournir 0/0 du. total des dépenses.
L'impôt commercial doit fournir ..0/0 du
total.des dépenses.
L'impôt sur le capital doit fournir de
ce total.
Naturalisation des titres de propriété à
l'étranger
Terres 0/0 du capital.
Propriétés bâties 0/0 du capital.
Valeurs mobilières < 0/0 du capital. ̃-
entes et cessions à titre onéreux en Franco
et à l'étranger. droit de 0/0 du capital.
Dons et legs à litre gratuit tarif progressif
quant au montant du capital et dégressif
quant au nombre des enfants.
Telles étaient les idées du banquier
très estimé qui devient notre ministre
des finances, à- la veille de son entrée
rue de Rivoli. Elles permettent de se
rendre compte du futur programme
fiscal du cabinet Millerand.
LES MINISTRES
'-f-
Notes biographiques
M. MILLERAND
La personnalité de M. Millerand est
trop marquée pour que nous entrepre-
nions de refaire une biographie qui est
dans tous les esprits. Nous rappellerons
seulement les principales étapes de sa
carrière politique.
Né en 1859, avocat, il entre à la Justice
vers 1882. Elu en 1885, réélu en 1889, il
entre en 1899 comme ministre du com-
merce dans le cabinet présidé par Wal-
dcck-Rousseau. En 1909, il est ministre
des travaux publics, organise les che-
mins de fer de l'Etat; et en 1912 il prend,
dans le ministère Poincaré, le porte-
feuille de la guerre qu'il conserve jus-
qu'en 1913.
A la déclaration de guerre, le 3 août
191-i, M. Millerand fut appelé à la pré-
sidence do la sous-commission du ravi-
taillement au ministère de la guerre le
2d août 191-i, il acceptait le portefeuille
de ce ministère et faisait appel à M.
Albert Thomas pour le seconder dans la
direction des munitions. Il quittait le
ministère de la guerre après la démis-
sion, en 1915, du ministère Viviani. A
l'armistiée, le gouvernement faisait ap-
peL à M. Millerand pour prendre en
main, comme commissaire général de
la République à Strasbourg, l'adminis-
tration de l'Alsace et de la Lorraine.
M- Millerand a été élu, en 1917, mem-
bre de l'Académie des .sciences morales
et politiques.
M. André LEfÉVRE
Ingénieur des poudres, le nouveau
ministre de la guerre est né à Paris, le
17 juin 1869. <
Elu conseiller municipal du quartier
de la Sorbonne en 1895, il échoua en
1900 et fut réélu en 1904. Vice-président
et président du Conseil municipal de
Paris, il joua dans cette assemblée un
rôle considérable.
Rapporteur général du budget, il traita
les questions financières intéressant la
Ville avec une compétence particulière.
Entre temps il collaborait à divers jour-
naux parisiens et au Petit Provençal.
Elu député en 19iO, à Aix-en-Provence,
il devait devenir la même année sous-
secrétaire d'Etat aux finances.
En 1911 2VI. André Lefèvre prit une part
importante dans les débats parlemen-
taires provoqués par l'explosion de la
Liberté, en rade de Toulon. Deux ans
plus tard, il dénonça, dans un discours
qui eut un grand retentissement, la
guerre, qu'il considérait, avec raison,
comme inévitable et prochaine.
Pendant la durée des hostilités, il fut
affecté au'service des poudres et rendit
des services signalés à la pyrotechnie
de Chelles et à celle de Bourges. On lui
doit de nombreuses études sur nos ex-
plosifs, sur les fusées d'obus, sur la
portée du 75. C'est kii qui fournit a la
marine les plans des obus de 7a et de-99
qui servirent à la chasse des sous-tna-
rins.
Au moment de la discussion du traité
de paix, il prononça, un discours très
écouté sur la nécessité de désarmer plus
efficacement l'Allemagne. Il présenta
une motion additionnelle au traité dans
ce but.
Depuis, il n'a cessé d'attirer l'atten-
tion du Parlement sur les armements
clandestins de l'Allemagne.
Vice-président de la Chambre. Rap-
porteur général de la commission des
crédits.
M. LANDRY
Député de la Corse. Né à Ajaccio en
187 i Ancien élève de l'Ecole normale
supérieure; docteur es lettres, profes-
seur agrégé de l'Université; directeur
d'études à l'Ecole pratique des hautes-
études.
Elu pour la première fois en 1910 par
l'arrondissement de Calvi. Réélu en
1914 et en 1919.
Auteur de différents ouvrages sur la
propriété individuelle, le capital, les
mutations des monnaies, il appartient, à
la Chambre, aux commissions du com-,
merce et de l'industrie et de la législa-
tion fiscale. Il entre dans le ministère1
comme ministre de la; marine.
Radical-socialiste.
M. LHOPITEAU
Le nouveau garde des sceaux, avant
d'entrer dans la vie politique, a porté la
robe. Avoué, puis avocat, il fut élu dé-
puté, pour la première fois, en 1893, par
la lro circonscription de Chartres.
Comme M. Paul Dcschanel, M. Lhopi-
teau représente, en effet, au Parlement,
le département d'Eure-et-Loir.
Devenu sénateur en 1912, il fut réélu
le ii janvier dernier. Il a cinquante-
neuf ans.
Il a publié en 1906, sous ce titre Les
Eglises et l'Etat, un commentaire pra- •
tique de la loi de séparation.
M. Lhopiteau était membre de la com-
mission permanente du Comité consul-
tatif des chemins de, fier.
Il est inscrit au groupe de la gauche
démocratique.
M. STEEG
M. Steeg n'est pas un nouveau venu,
place Beauvau. Deux fois déjà il fut
ministre de l'intérieur, dans le cabinet'
Poincaré, en 1912, puis en 1917 dans le
cabinet Painlevé. Auparavant, il avait
été ministre de l'instruction publique
dans-les cabinets Monis, Caillàux. et
Briand.
Député puis sénateur de la Seine,
qu'il représente au Parlement depuis
quinze ans, M. Steeg -est né à Libourno
(Gironde) en 180S.
Avocat, lauréat de la Faculté de droit
de Paris, il enseigna d'abord la philo-
sophie dans plusieurs lycées et collèges,
puis se tourna vers le journalisme. 'Il
collabora à plusieurs journaux du Sud-
Ouesl.|
Radical-socialiste, il fut vicc-presb-
dent du Comité exécutif de la rue de
Valois.
M. RICARD
Un technicien. Ministre de l'agricul-
ture, il est ingénieur agronome, ancien
élève de l'Institut agronomique.
Il a quarante ans. Mobilisé au début
de la guerre, il fut réformé pour uno
affection des yeux peu de temps après.
Le général Gallieni, qui connaissait sa,
compétence en matière d'agriculture, les
chargea de diriger sur les travaux agri-
coles les chômeurs et les réfugiés.
Pendant toute la durée de la guerre,
M.Ricard n'a cessé de prêter un concours
précieux aux ministres qui se sont suc-
cédé rue de Varenne. Il fut envoyé par
M. Clémentel et M. Borct en Irlande et
en Portugal, comme dhef de l'immigra-
tion ainsi que du service de la main-
d'œuvre agricole. Il s'acquitta de sa mis-'
sion d'une façon qui lui valut d'ètro
nommé chevalier do la Légion d'hon-
neur.
M. Fernand David l'appela au conseil
supérieur de' l'agriculture.
M. Ricard est l'auteur d'ouvrages d'a-
griculture très apprécies l'Appel à la
terre, Au pays landais, une étude de la
question forestière qui fut couronnée
par l'Académie française et l'Académie
d'agriculture.
Secrétaire général de la Confédération
nationale des associations agricoles, il a
pris une' part active aux travaux des
mutualités agricoles;, à l'organisation
des syndicats d'assurances et de crédit.
Détail à noter adversaire déclaré des
méthodes bureaucratiques.
M. ISAAC
Au ministère du commerce, il va re-r
présenter. le commerce et l'industrie.
Grand industriel de la région lyon-
naise, il appartient à une très ancienne
famille du Rhône.
Ancien' président de la chambre do
commerce do Lyon, il eu est président
honoraire.
Le 16 novembre, il fut élu le premier
de la liste progressiste.
Il prononça, au moment de la discus-
sion du relèvement des tarifs des che-
mins de fer, un discours qui produisit
une très forte impression surlaChambre.
M. LE TROQUER j
L'un des deux collaborateurs de M.
Clemenceau auquel M. Millerand ait fait
appel.
Elu pour la première fois député le
16 novembre, M. Le Troquer, en deux
mois, sera devenu ministre.
Agé de quarante-deux ans, il a passé
par l'Ecole polytechnique. Directeur
technique, en 1911, dans ce ministère
des travaux publics dont il est aujour-<
d'hui le titulaire. Chef de cabinet de M.
Puech.de M. Charles Dumont, de M. AuT
gagneur, il suivit ce dernier aux minis-
tères de l'instruction publique et de la
marine.
Chargé, pendant la guerre, de la di-
Mardi 20 Janvier 1920
66me Année 3me Série N° 20
H. DE VILLEMESSANT
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Les Annonces et Réclames sont également reçues
à la Société fîl0 des Annonces, 8, place de la Course
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moqujant des sots, bravant les méchants, je me pressa
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
Le Cabinet Millerand
O^ Quelques parlementaires se ratta-
chant à l'ancien ordre de choses ne
dissimulent point leur stupeur de voir,
idans le cabinet Millerand, un financier
professionnel aux Finances, à l'Agricul-
ture un ingénieur agronome et un pré-
sident de Çhambre de commerce au
'Commerce, sans compter un marchand
de charbon au Ravitaillement. Le public
ne partagera pas cette surprise, et je ne
'pense même pas qu'il soit autrement
choqué que deux sur quatre de ces minis-
tres nouveaux n'appartiennent point au
Parlement. Nous sommes convaincus
aussi que l'a Chambre des députés ac-
cueillera avec faveur cette hardie tenta-
tive qui suffirait déjà à montrer ce qu'il
y a de neuf et de fort dans la pensée de
M. Millerand, et ce qu'on peut attendre
de ce puissant caractère. Beaucoup de
députés n'ont-ils pas été élus d'ailleurs
sur, ce programme la compétence au
pouvoir? Ici donc l'accord est complet
fvec les indications du suffrage uni-
ersel.
l\ ne l'est pas moins avec les ̃nécessi-
tés profondes de la situation. De quelque
côté qu'on l'examine, elle apparaît, en
slïet, comme tellement sérieuse et com-
plexe, qu'elle ne peut plus être traitée
que par des mains exercées, par l'expé-
rience et le savoir, et en dehors sur-
tout de toute agitation politique. En ce
qui concerne, parexemple, l'Agriculture,
les Finances et le Commerce, l'opinion
publique et le Parlement ne ménage-
ront pas la confiance aux hommes qui
vont se mesurer à de redoutables pro-
blèmes. On les suivra d'un œil atten-
tif, avec cette gravité d'un ton si parti-
culier qui s'est introduite, par la guerre,
dans l'esprit français.
Des personnes plus au courant que
nous montrent une rare estime pour
M. François-Marsal, pour M. Isaac, pour
M. Ricard. Ces noms vont se trouver
demain en pleine lumière. Tout ce qu'on
en dit semble nous garantir leur valeur,
leur patriotisme, leur dévouement aux
affaires de la France. Ce qui frappe,
avant l'épreuve, dans l'avènement de
persormaUtés pareilles, c'est bien la dé-
cfsT6nyTfê~d^sintéressement, la volonté
de bien faire. Ces hommes marquent le
cabinet Millerand et attirent vers lui
l'opinion. 1
La portion purement politique de ce
cabinet est moins importante pour le
moment. Elle ne prendra son véritable
aspect que dans le contact avec la
Chambre. Elle se résume, en attendant,
dans la vigoureuse figure du président
du Conseil, où se lisent l'obstination et
l'intelligence, celle-ci donnant à l'autre
̃l'élan et l'aisance de l'action. Il n'y a
pas, en outre, de personnage plus re-
présentatif que M. Millerand des idées
d'apaisement et d'union et du principe
d'elïort commun dont les élections der-
nières ont fait le programme du pays.
(La nomination de M. Steeg garde évi-
demment les traces d'une revanche ré-
cente,» mais elle n'est qu'un épisode de
la combinaison.) Le grand mot de Cle-
menceau « La France à refaire », c'est
à M. Millerand, aujourd'hui, de le tra-
duire en réalités.
« La France a refaire » comporte
îa^K'France à défendre ». Or, une nation
nt'sn défend pas avec des phrases et de
lamoralité.EUe se défend avec des armes
et' la. surveillance de l'ennemi: C'est
pourquoi le choix du ministre. de la
gw-rre préoccupait le public. Il fallait
un iïomine pour qui la menace alle-
mande fût quelque chose de concret et
hûfi une abstraction vague. M.André
Lefèvre paraît être exactement cet
homme-là.
On peut résumer ces diverses obser-
vations sur le cabinet Millerand en une
seule formule: il est un gouvernement
dé travail. Par là, il correspond parfai-
tement au désir de la Chambre, sou-
ve'nt exprimé par ses jeunes représen-
tants. 11 n'est pas un gouvernement de
parti et de' couloirs. La hauteur où le
place la tâche si, hardiment entreprise
le met au-dessus des pièges. Il a le droit
de,, dédaigner les embûches- C'eût été
une faiblesse devant l'ancienne Cham-
bre; ce sera une force devant celle-ci,
si elle ne veut point se démentir et jre-
nier ses origines.
Alfred Capus,
de l'Académie française.
Le nouveau ministère
>̃•
Le ministère Millerand est constitué
En vingt-quatre heures l'ancien ministre
de la guerre a réalisé une combinaison
qui est diversement appréciée, mais ac-
cueillie avec une grande sympathie.
C'est ce 'matin, a onze heures, que M.
Millerand présentera, à M. Raymond
Pojncaré. d'abord, et à M. Paul Descha-
nel, ensuite, ses collaborateurs. Les dé-
crets nommant les nouveaux ministres
et' sous secrétaires d'Etat paraîtront
mercredi matin à l'Officiel.
Dans l'aprës-midi, les ministres tien-
dront un premier conseil de cabinet au
ministère des affaires étrangères pour
arrêter les termes de la déclaration mi-
nistérielle.. ̃ ..•
Enfin, jeudi, dans l'après-midi, le
cabinet se présentera devant les Cham-
bres. ̃ ̃
Voici les noms des nouveaux minis-
tres 1
PrésîdenceduConseil MM.
affaires étrangères- Alexandre Millerand,
dénutâ.
Guerre André Lefèvre, député.
Marine Landry, député.
JttSliCe. Gustave LHOPITEAU
sénateur.
Finances Marsal (non parlementaire).
Intérieur Steeg, sénateur.
Commerce ISAAC, député.
Agriculture Henri Ricard, ingénieur
agronome (non parlementaire).
Travaux publics et
transports Le Trocquer, député.
Colonie^ Albert Sarraut, député.
Instruction publique
et btaux-arts André Honnorat, député.
7!'«UH!/ JOURDAIN, député.
Hygiène sociale. J.-L. BRETON, députi.
Régions libérées. ûgier, secrétaire général des
régions libérées (non parlent.). ).
Pensions, Primes et
Allocations Maginot, député.
Sont nommés sous-secrétaires d'Etat
PrésidenccduConseil Reibel, député.
Intérieur Robert David, député.'
Finances E. BpoussE, n~M.
Ravitaillement. R. Thoumyre, député.
Ports et marine mar-
chande. Paul Bignon, député. y
Forces hydrauliques Borrel, député,
Postes el'lélégraphes L. Deschamps, député*
Agriculture Queuille, député.
Aéronautique et
transports aériens. P.-E. Flandin, député.
Enseignement pro-
fessionnel Coupât, (non parlementaire).
Le nouveau cabinet comprend donc
quinze ministres et dix sous-secrétaires
d'Etat.
On remarquera que l'organisation d'un
certain nombre de ministères est modi-
fiée de façon à grouper plus directe-
jnent des administrations connexes. M.
Millerand a estimé, en effet, qu'una
coordination plus grande devait être
réalisée. Il supprime le ministère de
la reconstitution nationale et complète
celui des travaux publics en y ratta-
chant quatre sous-secrétariats d'Etat
les postes et télégraphes dis trai ts du com-
merce, les transports maritimes, les
forces hydrauliques, l'aéronautique et
les transports 'aériens. Ces deux der-
niers sous-secrétariats sont de création
nouvelle. ''̃'̃.̃
D'autre part, le sous-secrétariat du ra-
vitaillement est détaché de l'agriculture
et rattaché au commerce et le service
de renseignement technique passe du
commerce à l'instruction publique.
Enliu, deux-nouveaux ministères sont,
créés celui de l'hygiène sociale et des
pensions. Le ministère de l'hygiène so-
ciale absorbe les services de l'hygiène et
de l'assistance publique, que l'on enlève
à l'intérieur, et les services de la niu-
tualité et de l'assurance que l'on distrait
du travail. •̃•
LA COMPOSITION DU MINISTÈRE
Le nouveau ministère comprend qua-
tre membres ou sous-secrétaires d'Etat
qui n'appartiennent pas au Parlement
MM. François-Marsal, ministre des fi-
nances, Henri Ricard, spécialiste bien
connu, ingénieur agronome, ministre
de l'agriculture; Ogier, ancien directeur
général au ministère de l'intérieur, puis
préfet de la Meuse, pendant le début de
la période de reconstitution, puis secré-
taire général du ministère des régions
libérées, dont il prend aujourd'hui le
portefeuille Coupat, ancien secrétaire
général de la Fédération des ouvriers
mécaniciens, membre du Conseil supé-
rieur du travail.
Tous les autres membres du cabinet
appartiennent au Parlement, soit dix-
huit députés et deux sénateurs.
Sur les dix-huit députés, treize dépu-
tés faisaient partie de la précédente lé-
gislature MM. Millerand, André Le-
fèvre, Landry, A. Sarraut, Honnorat,
J.-L. Breton, Brousse, Bignon, Borrel,
L. Deschamps, Queuille, P. E. Flandin
et Maginot.
Les cinq autres ont été nommés au
dernier scrutin du 10 novembre 1919; ce
sont MM. Le Troquer, Isaac, Jourdain,
Reibel et Thoumyi-c.
Un ministre, M. Jourdain, et un sous-
secrétaire d'Etat, M. L. Deschamps, fai-
saient partie du cabinet Clemenceau.
Enfin deux sénateurs, MM. Lhopiteau
et Steeg, entrent dans la combinaison.
Au point de vue politique, et si l'on
s'en tient aux classifications d'avant-
guerre ce qui est, disons-le, purement
arbitraire le ministère Millerand
compte quatre membres appartenant au
groupe des républicains- socialistes
MM. Millerand, Lelevre, Landry et
J.-L. Breton; cinq radicaux: MM. Lho-
piteau, Honnorat, Le Troquer, L. Des-
champs et Queuille; deux radicaux-
socialistes MM. Steeg et Sarraut; deux
progressistes ou membres de l'entente
démocratique: MM. Isaac et Thoumyre;
sept républicains de_gaucbe MM. Jour-
dain, Reibel, Robert David, P.-E. Flan-
din, Hignon, Emmanuel Brousse et
Maginot.
Enfin, M. Marsal, le nouveau minis-
tre des finances, bien que n'appartenant
pas au Parlement, présidait l'Union du
commerce et de l'industrie, qui est un
groupement républicain modéré.
Telle est la composition politique du
cabinet. Elle s'efforce de grouper l'en-
semble des éléments dont le Bloc natio-
nal, qui triompha aux élections derniè-
res, est composé.
LES DÉMARCHES DE M. MILLERAND
Nous avons indiqué ce qui était de
l'intérêt le plus immédiat, la composi-
tion du ministère. Disons rapidement
comment il fut élaboré.
M. Millerand eut, au cours de la nuit
dernière, de nombreux entretiens. Il
offrit d'abord, comme nous l'avons dit,
à M. Raoul Péret le portefeuille de
la guerre. 'Mais M. Raoul Péret, qui avait
réservé sa réponse, fit connaître hier
matin à M. Millerand qu'il ne pouvait
accepter son offre.
M. Millerand qui avait offert à M. Ân"
dré Lefèvre le portefeuille des travaux
publics, refusé par le rapporteur de la
commission des crédits, lui demanda s'il
accepterait en échange le ministère de
la guerre. •̃.
M. André Lefèvre, que les questions
militaires ont toujours préoccupé et qui
joua, au cours de la discussion de la loi
de trois ans, un rôle prépondérant, ac-
cepta cette lourde tâche. Ainsi l'un des
plus importants portefeuilles était
pourvu.
M. Millerand sollicita également le
concours de M. René Viviani, mais l'an-
cien président du Conseil lui déclara
qu'il était, en ce moment, résolu a ne
pas faire partie du gouvernement. Ln
revanche, il assura M. Millerand de son
plus cordial concours.
Le ministère des régions libérées solli-
citait surtout l'attention de M. Mille-
rand.
Sachant avec quelle ardeur M. André
Tardieu s'occupait de sa tâche, et avec
quel soin il tentait de coordonner des
efforts par trop dispersés, il lui demanda
de conserver un département où il de-
vait rendre de siéminents services.
Mais M. André Tardieu ne put accep-
ter son offre. Il répondit à M. Millerand
qu'en toute autre circonstance il aurait.
été heureux de devenir son collabora-'
teur.Mais, estimant que les événements
de ces derniers jours indiquaient de la
part des Chambres un appel à des hom-
mes nouveaux, il ne pouvait pas accepter.
M. Millerand insista, mais dans la
matinée d'hier, M. Tardieu, en lui re-
nouvelant ses remerciements, l'infdr-
mait qu'il maintenait sa décision. j?
C'est alors que M. Millérànd, qui sa-
vait quel concours précieux prêtait M-
Ogier à M. Tardieu, fit appel au secré-
taire général des régions libérées, qui
accepta son 'offre..
M. Millerand eut diverses conversa-
tions directes ou téléphoniques avec les
autres hommes politiques od les techni-
ciens auxquels il faisait appel, et à midi,
il pouvait se rendre à l'Elysée et annonr
cer a M. Poincaré qu'il acceptait ofli;
ciellement la mission de constituer le
nouveau ministère.
M. Millerand se rendit ensuite au Pa-,
lais-Bourbon pour mettre M. Paul Des-
chanel au courant de la situation.
Enfin, vers quatre heures de l'après-
midi, après quelques démarches entre-
prises auprès de M. Doumergue pour lui
offrir le portefeuille de l'intérieur, que
lc.séuuteur du Gard refusait, on aiinoa-;
çait que M. Steeg acceptait ce ministère'
et que le cabinet était peu près cons^
tituë..
Nous disons à peu près, car à ce mo-
ment, il était question de créer un nou-
veau ministère, celui des pensions, que
M. Millerand voulait offrir à un séna-
teur.
On créait, enfin, pour calmer certains
mécontentements qui se manifestaient
dans des groupes du centre, un sous-
secrétariat à l'intérieur, que l'on offrait
à M. Robert David.
Dans la soirée, on apprenait que M.
Millerand, renonçant à prendre au Sé-
nat un nouveau ministre, avait demandé
à M. Maginot d'accepter le portefeuille
des pensions, primes et allocations. Le
député de la Meuse 'faisait peu après
connaître sa réponse qui était affirma-
tive.
Ainsi, le cabinet Millerand était au
complet.
Auguste Avril.
Les problèmes
de politique étrangère
Au moment où la direction de nos
affaires extérieures passe en de nouvelles
mains, il est intéressant et utile de
marquer brièvement les principaux pro-
blèmes sur lesquels vont devoir se por-
ter l'attention et les efforts de nos nou-
veaux gouvernants.
Le plus important, le plus grave et
aussi le plus difficile de tous, c'est in-
contestablement l'application du traité
de Versailles. Ce traité, on l'a dit bien
des fois, vaudra surtout par son exécu-
tion. Ses imperfections et ses lacunes
pourront-ellesêtre corrigées dans la pra-
tique? C'est une question de surveillance
incessante et minutieuse, de ténacité, de
précautions. Le moindre relâchement à
cet égard, dans l'ordre économique aussi
bien que militaire, peut avoir les consé-
quences les plus désastreuses et risque
de nous coûter très cher. L'Allemagne
ne manquerait pas d'en protlter pour
violer tous les engagements qu'elle a
pris. Le principal rôle doit être tenu
par la Commission des réparations que
le traité a instituée. Le délégué de la
France qui en sera le président n'a pas
encore été désigné. Divers noms ont
déjà été prononcés. Souhaitons ardem-
ment que le choix du nouveau gouver-
nement se porte sur un homme d'Etat
possédant toutes les qualités requises.
Car il n'est pas, à l'heure actuelle, de
poste plus important et aussi plus diffi-
cile à remplir que celui-là!
En ce qui concerne le problème de
l'Adriatique, le Conseil suprême attend
la réponse des Yougo-Slaves à la propo-
sition transactionnelle qui leur a été
remise. Les Italiens sont allés aussi
loin que possible dans la voie des conces-
sions. M. Nitti a fait preuve à ce sujet
d'une grande largeur de vues et d'un
esprit on ne peut plus conciliant. Si les
dirigeants de Belgrade se niontrent in-
transigeants, et si, par suite de leur
intransigeance, cet essai de compromis
venait à échouer, toute la-responsabilité
de cet échec retomberait sur eux.
En Russie, le succès des armées bol-
cheviques sur leurs adversaires, Kolt-
chak en Sibérie, Denikine dans le Sud,
est à peu près complet. La situation de
Koltchàk notamment apparaît entière-
l ment désespérée. C'est là un fait dont
•rt',1 est bien difficile, qu'on le veuille ou
1 non, de ne point' tenir" compte. La.
décision prise ces jours-ci par les Alliés
de lever le blocus répond, dans une
large mesure, à cet état de choses nou-
veau. On nous dit, il est vrai, que lefait
de commercer avec les coopératives rus-
ses n'implique d'aucune manière pour
nous la reconnaissance du gouvernement t
bolchevique. Mais il est bien évident que
ces coopératives n'existent et ne fonc-
tionnent qu'avec l'assentiment de Lé-
nine. Et si Anglais et Français entrent
maintenant en rapports d'affaires avec
elles, iis se trouveront ainsi en relation
avec des représentants plus ou moins
directs du pouvoir maximaliste.
Le problème russe est un de ceux à
propos desquels les Alliés ont, depuis
l'armistice, accumulé le plus d'incohé-
rences. Il est grand temps de savoir ce
que l'on veut et où l'on va!
Nous avons le ferme espoir que 1\1.
Millerand, le nouveau ministre des af-
faires étrangères, fera rapidement sentir,
au quai d'Orsay, ses grandes qualités
d'énergie, de décision et de clarté. Les
responsabilités, si lourdes soient-elles,
ne l'effraient point, il l'a prouvé à
maintes reprises. Il prend, dans des cir-
constances particulièrement difficiles,
la direction d'un ministère dont l'orga-
nisation et l'économie intérieure seront
presque entièrement à refaire. Il se heur-
tera, s'il veut le réformer,- à des obs,ta-
cles considérables. Nous sommes con-
vaincu qu'il saura les surmonter. C'est
le plus grand,,le plus signalé service
qu'il pourrait rendre à son pays
Raymond Recouly.
..1 AUX FINANCES
la personne et les idées
de M. François-Marsai
Le bruit courait depuis hier qu'on
ferait appel un technicien pour le mi-
nistère des finances et on avait aussitôt
prononcé le nom de M. Raval, le très
distingué président de la Banque natio-
nale de crédit. C'est sur un autre techni-
cien de grande valeur, M. François-
Marsal, que s'csl porté le choix de M.
Millerand.
Le nouveau ministre des finances est
né en 1874. Il entre ddnc dans sa qua-
xanle-sixiètnc année. Ancien élève .dcf.
"Saint-Cyr et de l'Ecole de guerre, il fut"'
attaché comme officier d'ordonnance
à M. Paul Doumer, au gouvernement de
rindo-Chine. II est père de cinq enfants
et peut-être faut-il voir là une des rai-
sons qui lui firent donner sa démission
en 1905, pour se consacrer à là banque.
En 1907, il entra à la Banque Privée,
dont il était devenu directeur général en
1914., Mobilisé comme capitaine de
chasseurs à pied, il lit partie successi-
vement du G. Q. G., de l'état-major du
général de Castelnau et du cabinet du
ministre de la guerre avec M. Clemen-
ceau.
Il vient d'être nommé, ily a quelques
semaines, administrateur de la Banque
de l'Union parisienne.
Au cours de sa brillante carrière, M.
François-Marsal ne s'est fait que des
«j,mis et n'a connu que des succès..
I II a eu l'occasion d'étudier les grands
problèmes financiers du point de vue de
l'Etat, et il a, d'autre part, eu à gérer
de gros intérêts particuliers. 11 est donc
passé successivement des deux côtés de
la barricade et il estime qu'ils ne sont
pas irréconciliables.
C'est un travailleur acharné, un es-
prit lucide, un honnête homme et un
homme de bonne foi animé d'un cou-
rage tranquille et qui sait où il va.
Pour connaître ses idées, il suffit de
relire les articles si remarqués publiés
par Custos dans l'Echo de Paris.
En voici la conclusion en ce qui con-
cerne le programme fiscal
Nous désirons, nous voulons de toutes nos
forces la construction d'un nouvel éditice
fiscal qui réponde aux qualités de clarté de
notre race, qui alimente le budget sans se-
mer la discorde et l'envie entre les citoyens,
qui permette enfin a la France de faire hon-
neur à sa signature.
Le système actuel, agrémente surtout des
importations étrangères qui font alourdi et
compliqué depuis quelques années, ne ré-
pond plus aux nécessités que la guerre nous
a léguées. Il est fait de pièces et de mor-
ceaux: il est un labyrinthe où les techni-
ciens eux-mêmes se perdent. Construit pour
alimenter vaille que vaille des budgets de 4
à 5 milliards, il no saurait se prêter au
ionctio'anemont de budgets do 20 à 23 mil-
liards. Enfin, il est uniquement basé sur des
idées de fiscalité et nous voulons un code
fiscal basé' sur un programme économique.
Etablir des impôts sous la. seule pression
des besoins de la Trésorerie, créer des taxes
sous l'inspiration des courants d'opinion,
c'est aller à l'encontre des intérêts natio-
naux, compliquer les rouages, susciter des 1
répercussions, dont le moins qu'on puisse
dire, c'est qu'elles sont aussi funestes qu'im-
prévues.
Le ministre des finances, dans notre concep-
lion, dépend de ses collègues des départe-
ments ministériels productifs. C'est à ceux- 1
ci de définir les buts; au ministre des lïnan- j
ces, puis au Parlement de modeler la tisca-
lité" sur la conception économique et (le
trouver lçs impôts qui apportent le mini-
mum d'entraves à l'épanouissement de la
production, à la bonne exécution des trans-
ports. à l'expansion de nos exportations, à
la conquête des marchés extérieurs.
Il faut arrêter une codification fiscale
claire, souple, productive, respectueuse des
initiatives et des libertés du citoyen, sou-
cieuse même de ses scrupules ou de ses pré-
jugés. La iiscalité n'est pas un dogme ni un
instrument de luttes politiques ou sociales,
c'est un outil chirurgical dont l'intervention
n'est juetitîée que par la dure nécessité d'am-
puter le patient.
Si nous voulons éviter bien des erreurs,
.bien des haines, il faut faire l'éducation du
pquple, il faut lui parler nettement un lan-
gage il comprenne, il faut que chaque
Lcitoyen aperçoive aisément, non seulement
ree qu'il paye, mais aussi ce que paye le voi-
sin, pourquoi il paye ceci et pourquoi le voi-
sin paye cela.
Le système fiscal que .nous préconisons,
permet au Parlement de définir sans ambages
devant le pays les charges de chacun. Le
chiffre total des dépenses inéluctables ayant
été discuté et arrêté, les élus du peuple de-
vront fixer le pourcentage de ces dépenses à
fournir par des prélèvements sur les revenus,
sur tous les revenus, mais sur les revenus
réels.
Puis revenus et salaires se trouveront
frappés au moment et dans la mesure où ils
s'emploieront en acquisitions, en jouissances.
Véritable impôt de solidarité sociale, ce pré-
lèvement constituera clairement l'indemnité
payée au profit de la collectivité par qui-
conque veut acquérir ce qu'a produit le tra-
vail d'autrui.
Un résumé de toute notre codification peut
aisément être mis en tableau. C'est ce même
tableau qui, complété par l'inscription des
pourcentages votés par le Parlement, pour-
rait, chaque année, affiché dans toutes les
communes do France, instruire tous les ci-
toyens de leurs devoirs et des charges qui
pèsent sur eux et sur leurs voisins.
LE TOTAL DES DÉPENSES VOTEES
PAR LE PARLEMENT ETANT REPRÉSENTÉ PAR 100
L'impôt sur les revenus doit fournir 0/0
de ce total.
Les revenus de la terre doivent fournir
0/0 du total des dépenses par un pré-
lèvement de 0/0 sûr ces revenus.
Les revenus de la propriété bâtie doivent
fournir .0/0 du total des dépenses par
un prélèvement de 0/0 sur ces revenus.
Les revenus des valeurs mobilières fran-
çaises doivent fournir 0,'0 du total des
dépenses
Rentes françaises, modalités spéciales.
Villes, Crédit foncier, titres' garantis par
l'Etat, prélèvement de 0/0 du revenu.
Valoui-s industrielles, prélèvement de 0/0
du revenu.
Les -revenus des valeurs mobilières étran-
gères doivent fournir 0/0 du total des
dépenses
Fonds d'Etat, prélèvement de 0/0 du re-
venu.
Provinces, villes, titres garantis, prélève-
ment de ..0/0 du revenu.
Valeurs industrielles, prélèvement do 0/0
du. revenu.
L'impôt sur l'emploi des revenus et des sa-
laires doit fournir 0/0 de ce total.
Les impôts douaniers doivent fournir 0/0
du total des dépenses.
Les monopoles doivent fournir -.0/0 du to-
tal des dépenses.
Les redevances pour concessions doivent
fournir 0/0 du. total des dépenses.
L'impôt commercial doit fournir ..0/0 du
total.des dépenses.
L'impôt sur le capital doit fournir de
ce total.
Naturalisation des titres de propriété à
l'étranger
Terres 0/0 du capital.
Propriétés bâties 0/0 du capital.
Valeurs mobilières < 0/0 du capital. ̃-
entes et cessions à titre onéreux en Franco
et à l'étranger. droit de 0/0 du capital.
Dons et legs à litre gratuit tarif progressif
quant au montant du capital et dégressif
quant au nombre des enfants.
Telles étaient les idées du banquier
très estimé qui devient notre ministre
des finances, à- la veille de son entrée
rue de Rivoli. Elles permettent de se
rendre compte du futur programme
fiscal du cabinet Millerand.
LES MINISTRES
'-f-
Notes biographiques
M. MILLERAND
La personnalité de M. Millerand est
trop marquée pour que nous entrepre-
nions de refaire une biographie qui est
dans tous les esprits. Nous rappellerons
seulement les principales étapes de sa
carrière politique.
Né en 1859, avocat, il entre à la Justice
vers 1882. Elu en 1885, réélu en 1889, il
entre en 1899 comme ministre du com-
merce dans le cabinet présidé par Wal-
dcck-Rousseau. En 1909, il est ministre
des travaux publics, organise les che-
mins de fer de l'Etat; et en 1912 il prend,
dans le ministère Poincaré, le porte-
feuille de la guerre qu'il conserve jus-
qu'en 1913.
A la déclaration de guerre, le 3 août
191-i, M. Millerand fut appelé à la pré-
sidence do la sous-commission du ravi-
taillement au ministère de la guerre le
2d août 191-i, il acceptait le portefeuille
de ce ministère et faisait appel à M.
Albert Thomas pour le seconder dans la
direction des munitions. Il quittait le
ministère de la guerre après la démis-
sion, en 1915, du ministère Viviani. A
l'armistiée, le gouvernement faisait ap-
peL à M. Millerand pour prendre en
main, comme commissaire général de
la République à Strasbourg, l'adminis-
tration de l'Alsace et de la Lorraine.
M- Millerand a été élu, en 1917, mem-
bre de l'Académie des .sciences morales
et politiques.
M. André LEfÉVRE
Ingénieur des poudres, le nouveau
ministre de la guerre est né à Paris, le
17 juin 1869. <
Elu conseiller municipal du quartier
de la Sorbonne en 1895, il échoua en
1900 et fut réélu en 1904. Vice-président
et président du Conseil municipal de
Paris, il joua dans cette assemblée un
rôle considérable.
Rapporteur général du budget, il traita
les questions financières intéressant la
Ville avec une compétence particulière.
Entre temps il collaborait à divers jour-
naux parisiens et au Petit Provençal.
Elu député en 19iO, à Aix-en-Provence,
il devait devenir la même année sous-
secrétaire d'Etat aux finances.
En 1911 2VI. André Lefèvre prit une part
importante dans les débats parlemen-
taires provoqués par l'explosion de la
Liberté, en rade de Toulon. Deux ans
plus tard, il dénonça, dans un discours
qui eut un grand retentissement, la
guerre, qu'il considérait, avec raison,
comme inévitable et prochaine.
Pendant la durée des hostilités, il fut
affecté au'service des poudres et rendit
des services signalés à la pyrotechnie
de Chelles et à celle de Bourges. On lui
doit de nombreuses études sur nos ex-
plosifs, sur les fusées d'obus, sur la
portée du 75. C'est kii qui fournit a la
marine les plans des obus de 7a et de-99
qui servirent à la chasse des sous-tna-
rins.
Au moment de la discussion du traité
de paix, il prononça, un discours très
écouté sur la nécessité de désarmer plus
efficacement l'Allemagne. Il présenta
une motion additionnelle au traité dans
ce but.
Depuis, il n'a cessé d'attirer l'atten-
tion du Parlement sur les armements
clandestins de l'Allemagne.
Vice-président de la Chambre. Rap-
porteur général de la commission des
crédits.
M. LANDRY
Député de la Corse. Né à Ajaccio en
187 i Ancien élève de l'Ecole normale
supérieure; docteur es lettres, profes-
seur agrégé de l'Université; directeur
d'études à l'Ecole pratique des hautes-
études.
Elu pour la première fois en 1910 par
l'arrondissement de Calvi. Réélu en
1914 et en 1919.
Auteur de différents ouvrages sur la
propriété individuelle, le capital, les
mutations des monnaies, il appartient, à
la Chambre, aux commissions du com-,
merce et de l'industrie et de la législa-
tion fiscale. Il entre dans le ministère1
comme ministre de la; marine.
Radical-socialiste.
M. LHOPITEAU
Le nouveau garde des sceaux, avant
d'entrer dans la vie politique, a porté la
robe. Avoué, puis avocat, il fut élu dé-
puté, pour la première fois, en 1893, par
la lro circonscription de Chartres.
Comme M. Paul Dcschanel, M. Lhopi-
teau représente, en effet, au Parlement,
le département d'Eure-et-Loir.
Devenu sénateur en 1912, il fut réélu
le ii janvier dernier. Il a cinquante-
neuf ans.
Il a publié en 1906, sous ce titre Les
Eglises et l'Etat, un commentaire pra- •
tique de la loi de séparation.
M. Lhopiteau était membre de la com-
mission permanente du Comité consul-
tatif des chemins de, fier.
Il est inscrit au groupe de la gauche
démocratique.
M. STEEG
M. Steeg n'est pas un nouveau venu,
place Beauvau. Deux fois déjà il fut
ministre de l'intérieur, dans le cabinet'
Poincaré, en 1912, puis en 1917 dans le
cabinet Painlevé. Auparavant, il avait
été ministre de l'instruction publique
dans-les cabinets Monis, Caillàux. et
Briand.
Député puis sénateur de la Seine,
qu'il représente au Parlement depuis
quinze ans, M. Steeg -est né à Libourno
(Gironde) en 180S.
Avocat, lauréat de la Faculté de droit
de Paris, il enseigna d'abord la philo-
sophie dans plusieurs lycées et collèges,
puis se tourna vers le journalisme. 'Il
collabora à plusieurs journaux du Sud-
Ouesl.|
Radical-socialiste, il fut vicc-presb-
dent du Comité exécutif de la rue de
Valois.
M. RICARD
Un technicien. Ministre de l'agricul-
ture, il est ingénieur agronome, ancien
élève de l'Institut agronomique.
Il a quarante ans. Mobilisé au début
de la guerre, il fut réformé pour uno
affection des yeux peu de temps après.
Le général Gallieni, qui connaissait sa,
compétence en matière d'agriculture, les
chargea de diriger sur les travaux agri-
coles les chômeurs et les réfugiés.
Pendant toute la durée de la guerre,
M.Ricard n'a cessé de prêter un concours
précieux aux ministres qui se sont suc-
cédé rue de Varenne. Il fut envoyé par
M. Clémentel et M. Borct en Irlande et
en Portugal, comme dhef de l'immigra-
tion ainsi que du service de la main-
d'œuvre agricole. Il s'acquitta de sa mis-'
sion d'une façon qui lui valut d'ètro
nommé chevalier do la Légion d'hon-
neur.
M. Fernand David l'appela au conseil
supérieur de' l'agriculture.
M. Ricard est l'auteur d'ouvrages d'a-
griculture très apprécies l'Appel à la
terre, Au pays landais, une étude de la
question forestière qui fut couronnée
par l'Académie française et l'Académie
d'agriculture.
Secrétaire général de la Confédération
nationale des associations agricoles, il a
pris une' part active aux travaux des
mutualités agricoles;, à l'organisation
des syndicats d'assurances et de crédit.
Détail à noter adversaire déclaré des
méthodes bureaucratiques.
M. ISAAC
Au ministère du commerce, il va re-r
présenter. le commerce et l'industrie.
Grand industriel de la région lyon-
naise, il appartient à une très ancienne
famille du Rhône.
Ancien' président de la chambre do
commerce do Lyon, il eu est président
honoraire.
Le 16 novembre, il fut élu le premier
de la liste progressiste.
Il prononça, au moment de la discus-
sion du relèvement des tarifs des che-
mins de fer, un discours qui produisit
une très forte impression surlaChambre.
M. LE TROQUER j
L'un des deux collaborateurs de M.
Clemenceau auquel M. Millerand ait fait
appel.
Elu pour la première fois député le
16 novembre, M. Le Troquer, en deux
mois, sera devenu ministre.
Agé de quarante-deux ans, il a passé
par l'Ecole polytechnique. Directeur
technique, en 1911, dans ce ministère
des travaux publics dont il est aujour-<
d'hui le titulaire. Chef de cabinet de M.
Puech.de M. Charles Dumont, de M. AuT
gagneur, il suivit ce dernier aux minis-
tères de l'instruction publique et de la
marine.
Chargé, pendant la guerre, de la di-
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