Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1919-12-31
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 décembre 1919 31 décembre 1919
Description : 1919/12/31 (Numéro 343). 1919/12/31 (Numéro 343).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Mercredi 31 Décembre 1919
65me Année 3me Série N« 343
Le Numéro quotidien DIX CENTIMES en France –Etranger VINGT CENTIMES
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914)
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« loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mbquarit des sots, bravant les méchants, je me pressa
de rire de tout.,i de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
La in M Théâtre
La fin du théâtre, vous voulez rire?
'Point du tout. Nous n'en sommes sépa-
rés que par l'adoption de la taxe supplé-
mentaire sur nos scènes de comédie et
de musique qui figure parmi les impôts
en préparation. Je sais fort bien que de-
vant l'émotion profonde soulevée par
cette nouvelle, une petite note officielle
a été chargée de nous rassurer; il ne
s'agit, paraît-il, que «d'un simple projet
soumis à l'étude des divers ministères
compétents ». Eh- bien, cela ne me ras-
sure pas du tout. Nous connaissons ces
« simples projets » qui le lendemain de-
.viennent des lois compliquées, établis-
sant des injustices définitives. Le fait
que ce soit l'œuvre de « divers minis-
tères compétents » n'est pas une vo-
lupté. Il> est excellent que les ministères
soient compétents. Mais quand plusieurs
d'entre eux déclarent à.l'avance unir
leurs compétences, il est rare que ce soit
dans un but agréable à la majorité des
citoyens. Sans- quoi chacun desdits mi-
nistères s'empresserait d'être compé-
tent tout seul. `
D'autre part, le ministre des finan-
ces, dans son grand discours d'avant-
Jiier, n'a point précisément apaisé nos
craintes.. M. Lucien Klotz fait allusion,
en effet,. & des « tirs de barrages préma-
turés » déclenchés contre la taxe sur les
spec|aclés. Lorsqu'on parle de tirs de
barrages, c'est généralement que l'offen-
sive est déjà prise. Je sais fort bien qu'il
y a le mot « prématuré », mais il ne me
satisfait pas davantage, « prématuré »
voulant dire « avant maturité » et les
impôts ayant coutume de passer de l'en-
fance à la maturité sans qu'on ait le
temps de s'en apercevoir.
Quel est donc le nouvel impôt, dont
on songerait à frapper nos théâtres? Oh
mon Dieu, c'est fort simple. A la taxe
d'Etat qui varie selon les catégories de
places, au droit des pauvres qui est de
10 0/0, l'Etat ajouterait un autre taux de
15 0/0, ce qui porterait le total à 28 0/0
environ, prélevés non pas sur les béné-
fices, mais sur la recette brute. Ce se-
rait une iniquité envers une industrie
déjà lourdement obérée et, 'qui pis est,
ce serait un crime contre l'art dramati-
que lui-même.
Je sais fort bien que l'on a toujours
considéré le théâtre comme taillable et
corvéable î merci. Pourquoi, en effet,
lui "a- t-oh toujours infligé le droit des
pauvres, alors que le commerce du
champagne, des bijoux ou des parfums
n'a jamais eu ià supporter une charge
analogue? Et pourtant le théâtre fait
'partie de notre patrimoine national, qui
est intéressé à son épanouissement et à
son influence.
̃ 'Porel, qui parlait un langage rempli
d'imprévu et de cordialité, s'écriait à
tout propos « Le droit des pauvres ne
m'en parlez pas c'est la faute de ce
̃cher. bon Molière, qui s'est en allé dans
la gloire en chantant. Tout cela à cause
de ces gentils-capucins, ses voisins, aux-
quels il voulait faire plaisir. » A vrai
dire, « ce cher bon Molière » n'est pas
responsable de cet état de choses, qui
est fort antérieur.
Le droit des pauvres n'était, dans son
principe, que l'indemnité du tort causé à
la classe indigente par les représenta-
tions théâtrales. D'où l'arrêt du Parle-
ment de Paris, du 27 janvier 1541, pres-
crivant aux confrères de la Passion, « à
cause que le peuple sera distrait du ser-
vice divin et que cela diminuera les au-
mônes, de bailler aux pauvres la somme
de mille livres tournois, sauf à ordonner
plus grande-somme ». Il est évident que
l'ordonnance de 1541 prévoyait les exi-
gences de la troisième République. De-
puis ces temps reculés, on ne cessa d'or-
donner « plus grande somme » A chaque
aggravation de l'impôt, on grognait bien
quelque peu; mais le théâtre, bonne
bête, continuait tout de même de trotter.
Il est vrai qu'il trottait parfois sous lui.
II serait infiniment curieux d'étudier
'les répercussions de ces taxes sur notre
.art dramatique qui avait à supporter,
pour son plus grand préjudice, des char-
ges tout à fait injustifiées. Mon ami,
'M. Côuet, le très savant archiviste de la
Comédie-Française, m'en donnait l'autre
jour l'exemple suivant. Le 4 mars 1699,
on jouait Oreste et Pylade, une tragédie
de Lagrange-Chancel, et le Ballet extra-
vagant, une comédie de Palaprat. La
recette atteignit 1,442 livres 15 sols. Le
lendemain, le registre porte « Aujour-
d'hui, il a plu au Roi d'ordonner qu'on
tirerait un sixième en sus de notre re-
cette pour donner aux pauvres de l'hô-
pital général, ce qui a été affiché et
trompeté par toute la ville. » D'où, pour
la représentation du même soir, aug-
ton du prix des places. Or, la re-
cette, ce soir-là, tomba à 379 livres 10
sols. Et que jouait-on ? le Dépit amou-
reux et les Précieuses ridicules. Ce n'é-
tait que Molière.
Depuis lors, les directeurs de spec-
tacles ont donné aux pauvres, sous di-
verses formes, plusieurs milliards. Dans =
le même temps'un grand nombre d'entre
eux faisaient faillite, justifiant ainsi la
boutade du Petit Dictionnaire des cou-
lisses de 1835, qui eut probablement pour
auteur Jacques Arago. « L'administra-
tion des hospices, dit-il, supposée pau-
vre, doit vivre à la charge de l'adminis-
tration théâtrale supposée riche. Mais
si le riche doit aux pauvres, c'est l'Hôtel-
Dieu qui doit aux théâtres et non les
théâtres à l'Hôtel-Dieu. >̃>
De 1835 à nos jours, les charges des*
théâtres ont à peu près sextuplé. La
taxe nouvelle, si elle était votée, les
contraindrait à fermer leurs portes. Re-
marquez bien» en effet, que les 15 0/0
dont il s'agit représentent pour la plu-
part de nos scènes une somme supé-
rieure à celle de leur bénéfice. Que M.
Klotz, pour s'en assurer, envoie ses ins-
pecteurs des finances dans nos divers
théâtres. Ils ne sont pas habitués à aller
dans des endroits aussi amusants. Ce
sera pour eux une distraction, et ils rap-
porteront à leur ministre des chiffres qui
ne manqueront point d'éclairer son es- 1
prit de justice-
Mais ce n'est pas seulement l'indus-
trie théâtrale qui serait condamnée à
mort par le nouvel impôt, ce serait,
plus gravement encore, l'art drama-
tique lui-même. Il est bien entendu
que je ne plaide ici ni la cause des dan-
cings ni celle de toutes les entreprises de
menus plaisirs avec lesquelles la gloire
et l'avenir de la scène française ne sau-
raient avoir aucune espèce de rapport.
Il y a des spectacles qui resteront mal-
gré tout achalandés. Il y avait naguère
dans une grande.Ville du Midi un music-
hall dont le directeur, chaque fois qu'il
voyait ses recettes diminuer, prenait
invariablement la même décision « Ce
soir, disait-il à .son régisseur, vous me,
collerez dans le troisième tableau Cléo-
pâtre,' Laïs et Aspasie. » C'était, si
je puis dire, sa vieille garde. Ces
trois illustres personnes s'accommo-
dant de costumes commençant à peine
et finissant tout de suite, assuraient
immédiatement au spectacle en «oiirs
un rjgain de vogue. De telle -sorte
.que l'ingénieux directeur ne cessait de
répéter « L'antiquité, mes enfants, il
n'y a que ça. » Je ne vois aucun incon-
vénient à ce que les admirateurs de
Cléopâtre, d'Aspasie ou de Laïs acquit-
tent tous lus impôts que l'on voudra.
Ce n'est pas l'exhibitionnisme sous ses
diverses formes qui pâtira, c'est le
théâtre littéraire, c'est le théâtre d'art,
celui qui modestement lié se réclame
que de la beauté, de la grâce et de l'es-
prit.
M. Firmin Gémier a résumé dans une
formule excellente et nul n'était plus
qualifié que lui pour parler d'art désin-
téressé le péril mortel dont le théâtre
est menacé :« Plus vous augmenterez
les impôts sur nos scènes, a-t-il dit, plus
vous abaisserez le théâtre.» C'est une
loi fatale.
Les directeurs ont à faire face à des
exigences sans cesse grandissantes de
tout leur personnel. Depuis la pre-
mière vedette jusqu'à la toile du dé-
cor, depuis la voix de la première chan-
teuse jusqu'à celle du souffleur, tout a
doublé de valeur, tandis que le prix des
places n'a été élevé que d'un tiers et ne
saurait l'être davantage» II n'y a-pas une-
seule industrie, pas un seul commerce
où lerisque soit aussi grand conipàré
aux chances de bénéfices. Ceux qui y
consacrent leur argent et leur intelli-
gence ne sont pas sans audace. S'ils
avaient encore à supporter les charges
nouvelles dont on les menace, ils se-
raient acculés à ce dilemme ou bien
fermer leur salle, ou bien, et je suis
assuré qu'ils n'y consentiraient pas,
se réfugier dans la grivoiserie et dans la
pornographie. Et c'en sera fait de
toutes les belles soirées, de tous les
beaux espoirs, de tous les efforts étran-
gers au mercantilisme. C'en sera fait de
l'art dramatique français.
Or, cet art-là, les détracteurs à la
ligne et les envieux à la petite semaine
ont beau le décrier chaque jour, le
monde en a été et en est resté tribu-
taire. Pendant les cinq années de la
grande guerre, les Empires centraux
eux-mêmes n'ont pu se passer de nos
drames et de nos comédies. Le théâ-
tre demeure pour nous le véhicule d'in-
fluence le plus actif et le plus puissant.
Il semblé qu'au lieu de l'opprimer de la
façon la plus arbitraire, il serait juste
de lui accorder le crédit et les crédits
qu'il mérite. On n'y songe guère. Il y a
peu de jours encore, on refusait à la
Comédie-Française un modeste supplé-
ment de subvention qui lui est indis-
pensable pour pouvoir subsister glo-
rieusement. Et voilà qu'au lieu de cette
assistance, on se prépare à frapper nos
scènes de charges nouvelles et acca-
blantes. Je ne puis croire que nos mi-
nistres et notre Parlement consentent
à une mesure capable de tarir, non pas
une source de profits pour des indivi-
dus, mais une source de gloire pour la
France.
Robert de Fiers.
Autour des traités
«91*.9-
Au Conseil suprême
LA MISE EN VIGUEUR
Le Conseil suprême, aujourd'hui seu-
lement, fixera, après avoir pris connais-
sance du résultat. des conventions entre
MM. von Lersner et Dutasta,- le jour où
le traité pourra être mis en vigueur.
Selon toute probabilité, l'échange des
ratifications aura lieu le 6 ou le 7 jan-
vier, M. Lloyd George devant se trouver
à Paris ces jours-là.
V Agence Réuter, dans une note d'hier
.soir. disait même que « des dispositions
étaient prises à Paris pour le cas où l'on
pourrait déposer, le 5 janvier, les ratifi-
cations du traité ».
Et, en effet, bien que l'on ne puisse
indiquer avec certitude le résultat des
entretiens que M. von Lersner a eus
lundi et mardi avec M. Dutasta, on
peut affirmer que l'on marche assez
rapidement vers un accord.
Ce sont toujours les compensations
au sujet du coulage des navires à
Scapa-Flow qui soulèvent des diffi-
cultés, difficultés dont on peut dire dé-
sormais qu'elles ne sont plus que de
forme.
Les Allemands ont, en effet, uni par
consentir, en principe, à signer le pro-
tocole tel que leur soumettait Je Conseil;
suprême.
De son côté, le Conseil a renouvelé les
assurances déjà données, qu'il se réser-;
vait d'examiner les doléances alleman-
des et que, s'il était prouvé que le chiffre^
de 400,000 tonnes de matériel de port à
livrer dépassât les ressources nautique.
de l'Allemagne ou* risquât de compro-
mettre ses intérêts vitaux économiques,
il était prêt à faire les concessions né-
cessaires. ̃ '̃̃̃
Que demande donc M. de. Lersner?
Simplement ceci. Il voudrait que ces as^
surances verbales fussent consignées
par écrit et annexées au protocole.
On ne paraît pas être éloigné de s'en-
tendre. Il s'agit de trouver une formule,
et on la trouvera.
Commission de transmission des pouvoirs
Les conversations engagées, lundi se
sont poursuivies hier, sous la présidence
du général Le Rond, entre les commis-
saires français, anglais, italien et la dé-
légation allemande que préside M. von
Simson. Les délégués allemands sont,
en dehors du président, MM. Goppert,
comte Lerchenfeld, Lœhrs, Michalis, Ba-
ticher, Schlimpert et Meyer, secrétaire.
La commission a,pris un certain nom-
bre de décisions relatives au transfert
des pouvoirs qui doit s'opérer dans les
zones soumises au plébiscite, les ques-
tions, toutes de détails, ne pourront être
résolues entièrement avant quelques
jours.
̃Le plébiscite en Haute-Sjlèsie
Hieront commencé, sous la présidence
du général Le Rond, assisté de MM. Ren-
nie pour la Grande-Bretagne ct'ï?&¥iiv:
pour l'Italie, les conversations avec la
délégation allemande, présidée par M.
von Simson, pour l'entrée en applica-
tion du traité en ce qui concerne les ter-
ritoires de plébiscite Haute -Silésie,
Allenstein et Marienwerder.
ÉCHOS
\Le prix du mètre.
C'est du mètre de ruban qu'il s'agit,
et du ruban d'actualité le ruban rouge.
Il y a six mois, brusquement, il avait
augmenté de 750/0. Et voici qu'on an-
nonce, pour le 1er janvier, une nouvelle
hausse. En moins d'un an le prix du
mètre aura doublé.
La raison? On ne. saurait la préciser.
C'est la vie, la vie chère.
Le résultat"?. On n'a constaté encore
aucun retrait de candidature consécutif
à cette hausse.
'• L'Bxciïrsion- aux Ruines. '̃
Pous assurer le; confort des touristes
qui vont visiter les ruines du Nord, le
ministre des travaux publics vient de
déposer sur le bureau dela Chambre un
projet de loi dont l'objet est d'organi-
ser les excursions dans les régions libé-
rées.
A cet effet, l'Office National du Tou-
risme serait autorisé à emprunter, jus-
qu'à concurrence de trente millions,
les sommes nécessaires il l'établisse-
ment, « dans la zone des batailles,.de
camps-hôtels et de restaurants », ainsi
qu'à l'établissement « de services auto-
mobiles pour le transport des visiteurs».
Dans le cas où l'Office National de
Tourisme ne ferait pas ses affaires, une
subvention serait inscrite au budget du
ministère des travaux publics'pour lui
venir en aide.
Que diront les théâtres subven-
tionnés ?
La « Ligue française pour la protec-
tion du cheval «'vient d'adresser au
président du Conseil la lettre suivante;:
Monsieur le présj^en^^ij.ÇjonsGil^
Nous lisons dans divers journaux dés ar-
ticles relatifs aux taxes supplémentaires
qui doivent être imposées par M. Klotz, mi-
nistre des finances, à différents spectacles
parmi lesquels iigurent •
Les ralodromes, les combats de côqs, les
courses de taureaux.
Oc, ces spectacles tombent sous le coup de
la loi Grammonl et celle-ci n'est pas abrogée:
II apparaît donc qu'il n'y a pas lieu de les
taxer nouveau puisqu'ils sont interdits.
Nous espérons, monsieur le président du
Conseil, qu'il nous suffira d'appeler votre
attention sur cette interprétation absolument
erronée et contre laquelle, en notre qualité
de Société protectrice, nous protestons avec
la plus graude énergie.
Veuillez agréer, monsieur le président du
Gonseil, etc.
Pour le comte de'Grammont, président,
Un vice-président
̃ /̃ Signé Alphonse Blondel,
'Le trait est imprévu
Marché des métaux.
Les feuilles de Y Agence Economique
et Financière (Direction' Yves-GuyotJ;
sont accompagnées aujourd'hui d'un
Supplément Spécial consacré aux Pers-
pectivesdu Marché des Métaux pour 1920.'
Au congrès des Amicales d'institu-
teurs.
• Deux perles
La. question se pose de savoir si les
Amicales, transformées en syndicats,
s'affilieront ou ne s'affilieront pas à la
C. G. T.
Un délégué de province, qui ne veut
pas de l'affiliation, déclare
Mais enfin, camarades, j'ai derrière
moi plus de 700 instituteurs' qui, à la
presque unanimité, repoussent avec
énergie l'affiliation à la C. G. T.
Une voix proteste
La raison est toujours du côté d'une
petite minorité nous n'avons pas à 1t
tenir compte de l'opinion des imbéciles
Et comme beaucoup d'opposants de-
mandaient qu'on organisât un referen-
dum, l'un des militants, les plus en vue
s'est écrié, furieux
Je, sais bien pourquoi vous insistez
pour Un référendum. c'est qtie vous
savez tjue vous êtes la majorité
Ce qui semble certain, c'est que la
•grande majorité des instituteurs s'est
assagie et refuse de suivre ses meneurs
de naguère. •
_o-oo-o--
Nous recevons l'intéressante lettre que
voici
Monsieur le Masque de Fer,
Il est de fort jolies choses au musée de
Cl un y, mais pourquoi l'administration /se
refuse-t-elle à ce que tout le monde puisse
les admirer? Certaines salles possèdent des
vitrines placées à contre-JQur; à cette époque
de l'année, elles restent obstinément dans
l'ombre tout le jour. Aussi avions-nous cru
naïvement, quelques amis et moi, pouvoir
nous servir de petites lampes électriques de
poche pour percer cette nuit épaisse mais,
un gardien veillait, qui s'approcha et-fort
poliment d'ailleurs nous prévint que le
règlement formel interdisait l'emploi de
lumière quelconque dans les salles du musée.
La raison? 11 l'ignorait. Nous aussi, et
nous continuâmes d'admirer les ténèbres de
confiance.
Veuillez agréer, Monsieur le Masque de Fer,
etc., etc.
La lettre est signée.
0-
Pour les chercheurs d'appartements.
On ne lit pas assez le Journal officiel
de Madagascar. Nous venons de voir,
dans le dernier numéro arrivé à Paris,
qu'il a été procédé, à Saint-André-de-
la-Réunion, à l'adjudication du bail de
l'immeuble situé à Hell-Bourg (Salazie),
ayant servi d'ambulance militaire, avec
toutes les constructions v édifiées. La
mise à prix a ëté de un franc. L'im-
meuble va se transformer en hôtel.
Le bail a une durée de quarante ans.
Un loyer annuel de un franc. Cela
laisse rêveur.
Mais il y a mieux. Il a été adjugé, à
Bevohazo (Madagascar), un lot forestier
de 50 hectares au prix de 17 fr. 50, soit
35 centimes l'hectare.
Dix mille mètres carrés de terrain
boisé pour sept sous.
Qu'en pensent les propriétaires voi-
sins du bois de Boulogne ? 'l
Le Masque de Fer.
le voyage de M. Clemenceau dans le Var
Le programme du voyage de M. Cle-
menceau dans le Var est définitivement
fixé comme suit
Le président du Conseil, accompagné
de MM. Abel et Raymonencq, députés
du Var, quittera Paris ce soir, à 6 heures,
pour se rendre tout d'abord à Dragui-
gnau. Il séjournera toute la journée du
1er janvier dans cette ville.
Le 2 janvier, M. Clemenceau visitera
ion automobile llyères, Fréjus; Saint-
Raphaël et Sa,int.Tropez, où il séjour-
nera.,
Dans l'après-midi, le président du
Conseil se rendra à Grimaut, La Garde,
Le Luc et Brignolles, où il dînera et
couchera.
Le 3 janvier, M. Clemenceau conti-
nuera son voyage en automobile, par
La Farlète, La Crau, où il déjeunera.
Dans la journée, M. Clemenceau s
rendra à Toulon, puis il repartira dans.
la nuit pour Paris, où il arrivera le 4 au
matin.
EN POLOGNE
PRISE DE POSSESSION
.«– •̃•
Bàle, 30 décembre.
MM. Paderewski, Pilsudski, Skulski,
et autres notabilités polonaises arrive-
ront dimanche prochain à Posen, afin
de fêter l'anniversaire de la libération
de cette ville.
On apprend de Berlin que l'ordre d'é-
vacuer la ville a été donnée aux autori-
tés allemandes pour Ie31 décembre.
EN ITALIE
La question dé Fiume au Sénat
•̃•
Il ressort des discours prononcés au
Sénat par M. Scialoja et par M. Nitti
que l'on n'envisage pas l'attribution de
Fiume à l'Italie comme une conséquence
du pacte de Londres, ce qui serait en
effet très peu conforme à l'interpréta-
tion du texte de l'accord, mais que les
revendications italiennes se basent sur
la volonté du peuple de Fiume et sur la
convenance qu'il y a à trouver des com-
pensations pourlesclauses du pacte non
exécutées, notamment celles relatives ai
laDalmatie..
M. Scialoja a parlé incidemment de
l'Adriatique où il veut que l'Italie main-
tienne des défenses, contrairement à
l'avis du Président Wilson, et de la Mé-
diterranée où elle doit sauvegarder ses
intérêts.
.Le gouvernement, dit-il, croit que la dé-
mobilisation des îles et de la mer environ-
nante laisserait sans défense la côte de
l'Adriatique et exposerait la Romagne, les
Marches et les Pouilles aux mêmes attaques
que celles essuyées pendant la guerre. Cet
état de choses n'est pas tolérable. Personne
en Italie ne peut songer à assaillir la côte
opposée, mais l'Italie a besoin de défendre sa
côte, dépourvue de toute défense naturelle.
Quant à la Méditerranée orientale, l'Italie
y a un grand intérêt si elle devait y perdre
toute influence, son sort économique futur
'serait gravement menacé. Le gouvernement
sent toute l'importance dos questions relati-,
ves à la Méditerranée orientale et saura en
défendre les raisons à la Conférence'
La séance s'est terminée par un ordre
du jour de confiance dans le gouverne-
ment qui « saura défendre fortement
tous les droits de l'Italie». Cet ordre du
jour, présenté parM.tïortis,connu pour
son intransigeance sur les revendica-
tions nationales, a été voté par 117 voix;
13 sénateurs l'ont jugé insuffisant, et,
pour ce motif, ont voté contre.
\M. Scialoja est parti, hier soir, pour
Paris.
L'œuvre du temps
Rome, 29 décembre.
Suivant les journaux, le général Cavi-
glia s'est renfïu à Voloska pour conférer
avec 'les représentants de Fiume. Des
officiers et des légionnaires qui aban-
donnent Fiume arrivent quotidienne-
ment à' Trieste;
La minorité qui s'oppose à l'exécution
de l'accord entre conseil national et le
gouvernement italien comprendrait en-
viron quinze cents arditi.
Les conditions sanitaires et alimen-
taires de Fiume sont mauvaises.
Secours américains à l'Allemagne
m-
La Gazelle de Berlin à midi, parlant
des secours que va prochainement en-
voyer en Allemagne l'Office de ravitail-
lement américain, écrit:
Le major américain Goldsmith, .chargé de
l'organisation, s'est assuré des entrepôts à
Hambourg et à Dantzig pour les cargaisons
qui arriver,ont.
L'exécution du plan d'action qui a été éla-
boré ne dépend plus que de l'acceptation par
le gouvernement allemand des conditions
qui sont imposées par l'Amérique.
Les Etats-Unis ont spécifié, en effet, que
ces marchandises seront exonérées de tous
les droits de douane, puisqu'il s'agit exclusi-
vement de dons; ceux-ci, qui ne devront pas
être portés en réduction des rations de vi-
vres journalières, ne pourront non plus être
réquisitionnés par les autorités allemandes.
La misère à Vienne
Bâle, 30 décembre.
Là situation devient de jour en jour
plus critique à Vienne, par suite du
froid rigoureux et surtout du manque
presque total de ravitaillement en vi-
vres et en charbon. Contrairement à ce
qui a été annoncé, il est peu probable
que la circulation sur les chemins de
fer puisse reprendre après le 2 janvier.
La neige qui tombe depuis deux jours
sans interruption contribue encore à
accroître la. crise des transports. Les
autorités ont lancé des appels pressants
aux chômeurs en vue du déblaiement
'des voies ferrées; ces appels n'ont pas
eu grand succès, et il semble que les
soixante mille « saris travail » de la Ca-
pitale autrichienne soient occupés à
achever le déboisement de la « Wiener-
wald » déjà saccagé par les Viennois qui
veulent suppléer au charbon par le
bois.
Le Nouvel 1 Emprunt
^.r?4G~
4 "Le'pTOjet'd'emprùntvpfcé lundi par' la
"Chambré a été dès hier soir ratifié par
le Sénat. Sauf le tableau d'amortisse-
ment et le prix d'émission, qui sera,
suivant l'usage, fixé par le ministre au
dernier moment prix qui, du reste,
ne .Sera guère éloigné du pair nous
connaissons maintenant les modalités
de notre prochaine grande opération de
crédit.
Ce sera un 5 0/0 d'un montant illimité,
exempt d'impôts, comme les précédents,
et amortissable par tirages en GO ans,
avec 50 0/0 de prime. Ceci revient à
dire que le porteur recevra, moyennant
le versement de 100 francs (environ),
un titre de 150 francs, remboursable
par tirages et muni d'un coupon annuel
de 5 0/0.
Nous avonssouyent exposé ici les in-
convénients des émissions à lots lors-
qu'il s'agit d'emprunts nationaux. Il
faut louer M. Klotz d'avoir écarté les
projets de ce genre. D'autre part, le
succès remporté par l'emprunt amortis-
sable du Crédit national ne pouvait
manquer de guider son choix. Les obli-
gâtions du Crédit national sont amor-
tissables avec 20 0/0 de prime seulement,
mais elles ont, en outre, l'attrait des
•lots. Pour compenser l'absence des lots,
on a cru devoir porter a 50 0/0 la prime
de remboursement de l'emprunt na-
tional.
Un pareil taux constitue un avantage
considérable, et les Sociétés à porte-
feuille, les Compagnies d'assurances
qui sont spécialisées dans ces matières
n'ont pas besoin qu'on y insiste. Elles
ne manqueront pas de souscrire large-
ment ces nouvelles rentes.
En ce qui concerne les petits porteurs,
il y aura lieu, particulièrement à la cam-
pagne, de faire un effort pour vulgariser
les notions relatives' à l'amortissement.
Rappelons-nous les difficultés rencon-
trées à ses débuts par le 3 0/0 amortis-
sable créé en 1878 par Léon Say. En
réalité, tout porteur de rentes françaises
aura intérêt pour diversifier son porte-
feuille à y faire entrer une proportion
importante du nouvel emprunt. Il faut
d'ailleurs souligner en passant l'avantage
conféré aux porteurs de rentes anciennes
en leur permettant de s'acquitter de leur
souscription en y affectant le montant
des coupons à échoir d'ici au 31 mars
1921, c'est-à-dire un an d'avance.
Ajoutons qu'un type aussi différent ne
fera pas concurrence aux Rentes; fran-
çaises déjà existantes, ce qui est encore
un argument en sa faveur.
On peut espérer enfin que cet emprunt
attirera chez nous un montant considé-
rable de capitaux étrangers. Pour moins
de 10 dollars, un Américain pourra
acheter un titre 5 0/0 portant la signa-
ture de l'Etat, et remboursable à 150
francs. Dans l'esprit de ceux qui con-
naissent la France et ses facultés de ré-
cupération, il ne peut y avoir de doute
que le franc regagne le pair très rapide-
ment. Les 10 dollars placés en France
aujourd'hui seront donc remboursés par
30 dollars. Une campagne de. publicité
vigoureuse aux Etats-Unis et dans les
pays neutres, des commissions substan-
tielles accordées aux banques étrangè-
gères devraient nous fournir du change
par centaines de millions peut-être
par milliards. L'Angleterre même de-
vrait, semble-t-il, s'intéresser à cette
opération sans attendre l'emprunt exté-
rieur auquel M. Klotz a fait allusion et
qu'on se propose de réaliser à Londres
au mois detnars.
AU SENAT
Vote des douzièmes v
et de l'Emprunt
»t*
Le Sénat à discuté' hier les crédits
provisoires du premier trimestre 1920.
M. Milliès-Lacroix, au nom de la com-
mission des finances, a conclu à une ré-
duction globale de cent millions sur
l'ensemble des douzièmes en discussion.
M. Ribot est intervenu.
L'ancien président du Conseil déclare
qu'il est urgent de mettre fin aux pro-
digalités, et il évalue à une vingtaine
de milliards le montant du budget né-'
cessaire pour 1920.
M. Ribot voudrait qu'avant d'établir
des impôts nouveaux, on perçût mieux'
les anciens.
M. Ribot. J'ajoute qu'avant de créer de'1
nouveaux impôts, une besogne plus urgente'
s'impose c'est de percevoir les impôts. exis-
tants. Cela on ne le fait. pas. En ce qui con-
cerne notamment l'impôt sur le revenu, c'est
un vrai scandale. (Très bien très bien !)
'Comme l'a dit un député avant-hier, on
voudrait préparer la faillite de l'impôt sur le
revenu qu'on n'agirait pas -.autrement 1
Quelle que soit l'origine de leurs revenus,
tous ceux q ui peuvent payer doivent le faii-e
ils doivent même s'offrir à payer c'est là, de
leur part, du simple patriotisme. (Vifs ap-'
plaudissements.)
Puis, il pose la question d'une garan-
tie de la dette allemande par tous les
Alliés.
M. le président du Conseil. Elle ne
peut être abordée actuellement, étant donné'
la situation à Washington.
M. Ribot. Elle aurait dû être abordées'
plus tôt.
M.le président du Conseil.- Savez-voue
si elle ne l'a pas été ? '?
M. Ribot.- Alors, elle n'a pas été résolue
à notre satisfaction.
La partie ne doit pas être abandonnée.
J'espère que quand nous aurons remis de
l'ordre dans nos finances, nos alliés conseil-'
tiront à nous aider, à nous secourir, où
plutôt à prendre leurs charges de la défense
de la cause commune. (Très bien !)
Passant à l'examen de l'emprunt, M.
Ribot ne doute pas de son succès et
conclut en exprimant, à la fois, sa
confiance dans le gouvernement et dans
le pays.
M. Klotz lui succède à la tribune.
Le ministre des finances adhère à la
réduction de cent millions et se montre
partisan, de comprimer, les dépenses-.
exceptionnelles. ••
M. le président du Conseil. Le budget
de la guerre a été réduit de 1,300 millions.
Nous sommes donc de bons collaborateurs.
(Sourires.)
M. Klotz. poursuit en déclarant que le
pays ne pouvait pas ne point s'attendre
à payer de lourds impôts.
M. Klotz. On nous a parlé dit concourt;
dos alliés. Ils nous déclarent que la France
doit d'abord s'aider elle-même.
M. Touron. Ne laissez pas croire que
le contribuable français n'a rien fait..
M. le président du Conseil. Les An-
glais disent qu'ils paient le double d'impôts
des Français.
M. Klotz. II a été dit, dans un but
politique, que nous n'avions pas fait le de-
voir fiscal nécessaire j'ai protesté contre
cette légende et j'ai montré que depuis 1916
nous avions voté plus de 3,500 millions
d'impôts nouveaux.
On a peut-être trop attendu pour établir
ces impôts nouveaux. (Mouvements divers.)
Mais il ne faut pas oublier que nous sommes
entrés en guerre avec une double crise,
crise de budget et crise de trésorerie. D'au-
tre part, on pensait que la guerre serait
courte.
M. Ribot. La vérité est qu'on n'était
pas d'accord sur la nature des impôts à
établir.
M. le président du Conseil, ̃– II fallait
imposer l'accord. Le gouvernement n'avait
qu'à gouverner.
Le gouvernement, dit M. Klotz, ap-
portera en janvier tous les projets à
voter.
La discussion générale est close. Sur
une question de M. Strauys, M. Abrami
promet d'activer la liquidation des pen-
sions militaires.
Les douzièmes sont adoptés à l'unani-
mité de 205 votants.
VOTE DE L'EMPRUNT
Le projet d'emprunt ne soulève en-
suite aucune objection.
M. Klotz remercie le Sénat de -la
promptitude qu'il a bien voulu, mettre
à rendre définitive l'adoption du projet.
« Le succès de l'emprunt, déclare le
ministre, très applaudi, montrera une
fois de plus que la France a pleine con-
fiance dans ses destinées. »
Séance aujourd'hui.
A LA CHAMBRE
Les Tarifs de Gnemins ne fer
L'orientation économique de la nou-
velle Chambre apparaît très nettement
au cours de ces discussions successives
où ne sont qu'effleurées les grandes
affaires du pays.
Elle s'oppose avec une force singu-
lière à toutes les tendances de celle qui
l'a précédée.
Mue par l'action socialiste, jugulée par
des interventions incessantes et impé-
rieuses, la Chambre de 1914 se lançait
éperdument dans l'étatisme que la
guerre magnifiait en quelque sorte, par
la nécessité même où la nation se trou-
vait de concentrer toutes ses forces,
toutes ses énergies vitales dans l'Etat.
Peu à peu l'individu se sentait absorbé,
broyé par cette mécanique affreuse où
se réduisent toutes les volontés.
La Chambre nouvelle représente au,
très large sens du terme une réaction'
formelle contre cette tendance. Sa vo-`
lonté,:qui s'affirme, est de dégager de
65me Année 3me Série N« 343
Le Numéro quotidien DIX CENTIMES en France –Etranger VINGT CENTIMES
Gaston CALMETTE
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« loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mbquarit des sots, bravant les méchants, je me pressa
de rire de tout.,i de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
La in M Théâtre
La fin du théâtre, vous voulez rire?
'Point du tout. Nous n'en sommes sépa-
rés que par l'adoption de la taxe supplé-
mentaire sur nos scènes de comédie et
de musique qui figure parmi les impôts
en préparation. Je sais fort bien que de-
vant l'émotion profonde soulevée par
cette nouvelle, une petite note officielle
a été chargée de nous rassurer; il ne
s'agit, paraît-il, que «d'un simple projet
soumis à l'étude des divers ministères
compétents ». Eh- bien, cela ne me ras-
sure pas du tout. Nous connaissons ces
« simples projets » qui le lendemain de-
.viennent des lois compliquées, établis-
sant des injustices définitives. Le fait
que ce soit l'œuvre de « divers minis-
tères compétents » n'est pas une vo-
lupté. Il> est excellent que les ministères
soient compétents. Mais quand plusieurs
d'entre eux déclarent à.l'avance unir
leurs compétences, il est rare que ce soit
dans un but agréable à la majorité des
citoyens. Sans- quoi chacun desdits mi-
nistères s'empresserait d'être compé-
tent tout seul. `
D'autre part, le ministre des finan-
ces, dans son grand discours d'avant-
Jiier, n'a point précisément apaisé nos
craintes.. M. Lucien Klotz fait allusion,
en effet,. & des « tirs de barrages préma-
turés » déclenchés contre la taxe sur les
spec|aclés. Lorsqu'on parle de tirs de
barrages, c'est généralement que l'offen-
sive est déjà prise. Je sais fort bien qu'il
y a le mot « prématuré », mais il ne me
satisfait pas davantage, « prématuré »
voulant dire « avant maturité » et les
impôts ayant coutume de passer de l'en-
fance à la maturité sans qu'on ait le
temps de s'en apercevoir.
Quel est donc le nouvel impôt, dont
on songerait à frapper nos théâtres? Oh
mon Dieu, c'est fort simple. A la taxe
d'Etat qui varie selon les catégories de
places, au droit des pauvres qui est de
10 0/0, l'Etat ajouterait un autre taux de
15 0/0, ce qui porterait le total à 28 0/0
environ, prélevés non pas sur les béné-
fices, mais sur la recette brute. Ce se-
rait une iniquité envers une industrie
déjà lourdement obérée et, 'qui pis est,
ce serait un crime contre l'art dramati-
que lui-même.
Je sais fort bien que l'on a toujours
considéré le théâtre comme taillable et
corvéable î merci. Pourquoi, en effet,
lui "a- t-oh toujours infligé le droit des
pauvres, alors que le commerce du
champagne, des bijoux ou des parfums
n'a jamais eu ià supporter une charge
analogue? Et pourtant le théâtre fait
'partie de notre patrimoine national, qui
est intéressé à son épanouissement et à
son influence.
̃ 'Porel, qui parlait un langage rempli
d'imprévu et de cordialité, s'écriait à
tout propos « Le droit des pauvres ne
m'en parlez pas c'est la faute de ce
̃cher. bon Molière, qui s'est en allé dans
la gloire en chantant. Tout cela à cause
de ces gentils-capucins, ses voisins, aux-
quels il voulait faire plaisir. » A vrai
dire, « ce cher bon Molière » n'est pas
responsable de cet état de choses, qui
est fort antérieur.
Le droit des pauvres n'était, dans son
principe, que l'indemnité du tort causé à
la classe indigente par les représenta-
tions théâtrales. D'où l'arrêt du Parle-
ment de Paris, du 27 janvier 1541, pres-
crivant aux confrères de la Passion, « à
cause que le peuple sera distrait du ser-
vice divin et que cela diminuera les au-
mônes, de bailler aux pauvres la somme
de mille livres tournois, sauf à ordonner
plus grande-somme ». Il est évident que
l'ordonnance de 1541 prévoyait les exi-
gences de la troisième République. De-
puis ces temps reculés, on ne cessa d'or-
donner « plus grande somme » A chaque
aggravation de l'impôt, on grognait bien
quelque peu; mais le théâtre, bonne
bête, continuait tout de même de trotter.
Il est vrai qu'il trottait parfois sous lui.
II serait infiniment curieux d'étudier
'les répercussions de ces taxes sur notre
.art dramatique qui avait à supporter,
pour son plus grand préjudice, des char-
ges tout à fait injustifiées. Mon ami,
'M. Côuet, le très savant archiviste de la
Comédie-Française, m'en donnait l'autre
jour l'exemple suivant. Le 4 mars 1699,
on jouait Oreste et Pylade, une tragédie
de Lagrange-Chancel, et le Ballet extra-
vagant, une comédie de Palaprat. La
recette atteignit 1,442 livres 15 sols. Le
lendemain, le registre porte « Aujour-
d'hui, il a plu au Roi d'ordonner qu'on
tirerait un sixième en sus de notre re-
cette pour donner aux pauvres de l'hô-
pital général, ce qui a été affiché et
trompeté par toute la ville. » D'où, pour
la représentation du même soir, aug-
ton du prix des places. Or, la re-
cette, ce soir-là, tomba à 379 livres 10
sols. Et que jouait-on ? le Dépit amou-
reux et les Précieuses ridicules. Ce n'é-
tait que Molière.
Depuis lors, les directeurs de spec-
tacles ont donné aux pauvres, sous di-
verses formes, plusieurs milliards. Dans =
le même temps'un grand nombre d'entre
eux faisaient faillite, justifiant ainsi la
boutade du Petit Dictionnaire des cou-
lisses de 1835, qui eut probablement pour
auteur Jacques Arago. « L'administra-
tion des hospices, dit-il, supposée pau-
vre, doit vivre à la charge de l'adminis-
tration théâtrale supposée riche. Mais
si le riche doit aux pauvres, c'est l'Hôtel-
Dieu qui doit aux théâtres et non les
théâtres à l'Hôtel-Dieu. >̃>
De 1835 à nos jours, les charges des*
théâtres ont à peu près sextuplé. La
taxe nouvelle, si elle était votée, les
contraindrait à fermer leurs portes. Re-
marquez bien» en effet, que les 15 0/0
dont il s'agit représentent pour la plu-
part de nos scènes une somme supé-
rieure à celle de leur bénéfice. Que M.
Klotz, pour s'en assurer, envoie ses ins-
pecteurs des finances dans nos divers
théâtres. Ils ne sont pas habitués à aller
dans des endroits aussi amusants. Ce
sera pour eux une distraction, et ils rap-
porteront à leur ministre des chiffres qui
ne manqueront point d'éclairer son es- 1
prit de justice-
Mais ce n'est pas seulement l'indus-
trie théâtrale qui serait condamnée à
mort par le nouvel impôt, ce serait,
plus gravement encore, l'art drama-
tique lui-même. Il est bien entendu
que je ne plaide ici ni la cause des dan-
cings ni celle de toutes les entreprises de
menus plaisirs avec lesquelles la gloire
et l'avenir de la scène française ne sau-
raient avoir aucune espèce de rapport.
Il y a des spectacles qui resteront mal-
gré tout achalandés. Il y avait naguère
dans une grande.Ville du Midi un music-
hall dont le directeur, chaque fois qu'il
voyait ses recettes diminuer, prenait
invariablement la même décision « Ce
soir, disait-il à .son régisseur, vous me,
collerez dans le troisième tableau Cléo-
pâtre,' Laïs et Aspasie. » C'était, si
je puis dire, sa vieille garde. Ces
trois illustres personnes s'accommo-
dant de costumes commençant à peine
et finissant tout de suite, assuraient
immédiatement au spectacle en «oiirs
un rjgain de vogue. De telle -sorte
.que l'ingénieux directeur ne cessait de
répéter « L'antiquité, mes enfants, il
n'y a que ça. » Je ne vois aucun incon-
vénient à ce que les admirateurs de
Cléopâtre, d'Aspasie ou de Laïs acquit-
tent tous lus impôts que l'on voudra.
Ce n'est pas l'exhibitionnisme sous ses
diverses formes qui pâtira, c'est le
théâtre littéraire, c'est le théâtre d'art,
celui qui modestement lié se réclame
que de la beauté, de la grâce et de l'es-
prit.
M. Firmin Gémier a résumé dans une
formule excellente et nul n'était plus
qualifié que lui pour parler d'art désin-
téressé le péril mortel dont le théâtre
est menacé :« Plus vous augmenterez
les impôts sur nos scènes, a-t-il dit, plus
vous abaisserez le théâtre.» C'est une
loi fatale.
Les directeurs ont à faire face à des
exigences sans cesse grandissantes de
tout leur personnel. Depuis la pre-
mière vedette jusqu'à la toile du dé-
cor, depuis la voix de la première chan-
teuse jusqu'à celle du souffleur, tout a
doublé de valeur, tandis que le prix des
places n'a été élevé que d'un tiers et ne
saurait l'être davantage» II n'y a-pas une-
seule industrie, pas un seul commerce
où lerisque soit aussi grand conipàré
aux chances de bénéfices. Ceux qui y
consacrent leur argent et leur intelli-
gence ne sont pas sans audace. S'ils
avaient encore à supporter les charges
nouvelles dont on les menace, ils se-
raient acculés à ce dilemme ou bien
fermer leur salle, ou bien, et je suis
assuré qu'ils n'y consentiraient pas,
se réfugier dans la grivoiserie et dans la
pornographie. Et c'en sera fait de
toutes les belles soirées, de tous les
beaux espoirs, de tous les efforts étran-
gers au mercantilisme. C'en sera fait de
l'art dramatique français.
Or, cet art-là, les détracteurs à la
ligne et les envieux à la petite semaine
ont beau le décrier chaque jour, le
monde en a été et en est resté tribu-
taire. Pendant les cinq années de la
grande guerre, les Empires centraux
eux-mêmes n'ont pu se passer de nos
drames et de nos comédies. Le théâ-
tre demeure pour nous le véhicule d'in-
fluence le plus actif et le plus puissant.
Il semblé qu'au lieu de l'opprimer de la
façon la plus arbitraire, il serait juste
de lui accorder le crédit et les crédits
qu'il mérite. On n'y songe guère. Il y a
peu de jours encore, on refusait à la
Comédie-Française un modeste supplé-
ment de subvention qui lui est indis-
pensable pour pouvoir subsister glo-
rieusement. Et voilà qu'au lieu de cette
assistance, on se prépare à frapper nos
scènes de charges nouvelles et acca-
blantes. Je ne puis croire que nos mi-
nistres et notre Parlement consentent
à une mesure capable de tarir, non pas
une source de profits pour des indivi-
dus, mais une source de gloire pour la
France.
Robert de Fiers.
Autour des traités
«91*.9-
Au Conseil suprême
LA MISE EN VIGUEUR
Le Conseil suprême, aujourd'hui seu-
lement, fixera, après avoir pris connais-
sance du résultat. des conventions entre
MM. von Lersner et Dutasta,- le jour où
le traité pourra être mis en vigueur.
Selon toute probabilité, l'échange des
ratifications aura lieu le 6 ou le 7 jan-
vier, M. Lloyd George devant se trouver
à Paris ces jours-là.
V Agence Réuter, dans une note d'hier
.soir. disait même que « des dispositions
étaient prises à Paris pour le cas où l'on
pourrait déposer, le 5 janvier, les ratifi-
cations du traité ».
Et, en effet, bien que l'on ne puisse
indiquer avec certitude le résultat des
entretiens que M. von Lersner a eus
lundi et mardi avec M. Dutasta, on
peut affirmer que l'on marche assez
rapidement vers un accord.
Ce sont toujours les compensations
au sujet du coulage des navires à
Scapa-Flow qui soulèvent des diffi-
cultés, difficultés dont on peut dire dé-
sormais qu'elles ne sont plus que de
forme.
Les Allemands ont, en effet, uni par
consentir, en principe, à signer le pro-
tocole tel que leur soumettait Je Conseil;
suprême.
De son côté, le Conseil a renouvelé les
assurances déjà données, qu'il se réser-;
vait d'examiner les doléances alleman-
des et que, s'il était prouvé que le chiffre^
de 400,000 tonnes de matériel de port à
livrer dépassât les ressources nautique.
de l'Allemagne ou* risquât de compro-
mettre ses intérêts vitaux économiques,
il était prêt à faire les concessions né-
cessaires. ̃ '̃̃̃
Que demande donc M. de. Lersner?
Simplement ceci. Il voudrait que ces as^
surances verbales fussent consignées
par écrit et annexées au protocole.
On ne paraît pas être éloigné de s'en-
tendre. Il s'agit de trouver une formule,
et on la trouvera.
Commission de transmission des pouvoirs
Les conversations engagées, lundi se
sont poursuivies hier, sous la présidence
du général Le Rond, entre les commis-
saires français, anglais, italien et la dé-
légation allemande que préside M. von
Simson. Les délégués allemands sont,
en dehors du président, MM. Goppert,
comte Lerchenfeld, Lœhrs, Michalis, Ba-
ticher, Schlimpert et Meyer, secrétaire.
La commission a,pris un certain nom-
bre de décisions relatives au transfert
des pouvoirs qui doit s'opérer dans les
zones soumises au plébiscite, les ques-
tions, toutes de détails, ne pourront être
résolues entièrement avant quelques
jours.
̃Le plébiscite en Haute-Sjlèsie
Hieront commencé, sous la présidence
du général Le Rond, assisté de MM. Ren-
nie pour la Grande-Bretagne ct'ï?&¥iiv:
pour l'Italie, les conversations avec la
délégation allemande, présidée par M.
von Simson, pour l'entrée en applica-
tion du traité en ce qui concerne les ter-
ritoires de plébiscite Haute -Silésie,
Allenstein et Marienwerder.
ÉCHOS
\Le prix du mètre.
C'est du mètre de ruban qu'il s'agit,
et du ruban d'actualité le ruban rouge.
Il y a six mois, brusquement, il avait
augmenté de 750/0. Et voici qu'on an-
nonce, pour le 1er janvier, une nouvelle
hausse. En moins d'un an le prix du
mètre aura doublé.
La raison? On ne. saurait la préciser.
C'est la vie, la vie chère.
Le résultat"?. On n'a constaté encore
aucun retrait de candidature consécutif
à cette hausse.
'• L'Bxciïrsion- aux Ruines. '̃
Pous assurer le; confort des touristes
qui vont visiter les ruines du Nord, le
ministre des travaux publics vient de
déposer sur le bureau dela Chambre un
projet de loi dont l'objet est d'organi-
ser les excursions dans les régions libé-
rées.
A cet effet, l'Office National du Tou-
risme serait autorisé à emprunter, jus-
qu'à concurrence de trente millions,
les sommes nécessaires il l'établisse-
ment, « dans la zone des batailles,.de
camps-hôtels et de restaurants », ainsi
qu'à l'établissement « de services auto-
mobiles pour le transport des visiteurs».
Dans le cas où l'Office National de
Tourisme ne ferait pas ses affaires, une
subvention serait inscrite au budget du
ministère des travaux publics'pour lui
venir en aide.
Que diront les théâtres subven-
tionnés ?
La « Ligue française pour la protec-
tion du cheval «'vient d'adresser au
président du Conseil la lettre suivante;:
Monsieur le présj^en^^ij.ÇjonsGil^
Nous lisons dans divers journaux dés ar-
ticles relatifs aux taxes supplémentaires
qui doivent être imposées par M. Klotz, mi-
nistre des finances, à différents spectacles
parmi lesquels iigurent •
Les ralodromes, les combats de côqs, les
courses de taureaux.
Oc, ces spectacles tombent sous le coup de
la loi Grammonl et celle-ci n'est pas abrogée:
II apparaît donc qu'il n'y a pas lieu de les
taxer nouveau puisqu'ils sont interdits.
Nous espérons, monsieur le président du
Conseil, qu'il nous suffira d'appeler votre
attention sur cette interprétation absolument
erronée et contre laquelle, en notre qualité
de Société protectrice, nous protestons avec
la plus graude énergie.
Veuillez agréer, monsieur le président du
Gonseil, etc.
Pour le comte de'Grammont, président,
Un vice-président
̃ /̃ Signé Alphonse Blondel,
'Le trait est imprévu
Marché des métaux.
Les feuilles de Y Agence Economique
et Financière (Direction' Yves-GuyotJ;
sont accompagnées aujourd'hui d'un
Supplément Spécial consacré aux Pers-
pectivesdu Marché des Métaux pour 1920.'
Au congrès des Amicales d'institu-
teurs.
• Deux perles
La. question se pose de savoir si les
Amicales, transformées en syndicats,
s'affilieront ou ne s'affilieront pas à la
C. G. T.
Un délégué de province, qui ne veut
pas de l'affiliation, déclare
Mais enfin, camarades, j'ai derrière
moi plus de 700 instituteurs' qui, à la
presque unanimité, repoussent avec
énergie l'affiliation à la C. G. T.
Une voix proteste
La raison est toujours du côté d'une
petite minorité nous n'avons pas à 1t
tenir compte de l'opinion des imbéciles
Et comme beaucoup d'opposants de-
mandaient qu'on organisât un referen-
dum, l'un des militants, les plus en vue
s'est écrié, furieux
Je, sais bien pourquoi vous insistez
pour Un référendum. c'est qtie vous
savez tjue vous êtes la majorité
Ce qui semble certain, c'est que la
•grande majorité des instituteurs s'est
assagie et refuse de suivre ses meneurs
de naguère. •
_o-oo-o--
Nous recevons l'intéressante lettre que
voici
Monsieur le Masque de Fer,
Il est de fort jolies choses au musée de
Cl un y, mais pourquoi l'administration /se
refuse-t-elle à ce que tout le monde puisse
les admirer? Certaines salles possèdent des
vitrines placées à contre-JQur; à cette époque
de l'année, elles restent obstinément dans
l'ombre tout le jour. Aussi avions-nous cru
naïvement, quelques amis et moi, pouvoir
nous servir de petites lampes électriques de
poche pour percer cette nuit épaisse mais,
un gardien veillait, qui s'approcha et-fort
poliment d'ailleurs nous prévint que le
règlement formel interdisait l'emploi de
lumière quelconque dans les salles du musée.
La raison? 11 l'ignorait. Nous aussi, et
nous continuâmes d'admirer les ténèbres de
confiance.
Veuillez agréer, Monsieur le Masque de Fer,
etc., etc.
La lettre est signée.
0-
Pour les chercheurs d'appartements.
On ne lit pas assez le Journal officiel
de Madagascar. Nous venons de voir,
dans le dernier numéro arrivé à Paris,
qu'il a été procédé, à Saint-André-de-
la-Réunion, à l'adjudication du bail de
l'immeuble situé à Hell-Bourg (Salazie),
ayant servi d'ambulance militaire, avec
toutes les constructions v édifiées. La
mise à prix a ëté de un franc. L'im-
meuble va se transformer en hôtel.
Le bail a une durée de quarante ans.
Un loyer annuel de un franc. Cela
laisse rêveur.
Mais il y a mieux. Il a été adjugé, à
Bevohazo (Madagascar), un lot forestier
de 50 hectares au prix de 17 fr. 50, soit
35 centimes l'hectare.
Dix mille mètres carrés de terrain
boisé pour sept sous.
Qu'en pensent les propriétaires voi-
sins du bois de Boulogne ? 'l
Le Masque de Fer.
le voyage de M. Clemenceau dans le Var
Le programme du voyage de M. Cle-
menceau dans le Var est définitivement
fixé comme suit
Le président du Conseil, accompagné
de MM. Abel et Raymonencq, députés
du Var, quittera Paris ce soir, à 6 heures,
pour se rendre tout d'abord à Dragui-
gnau. Il séjournera toute la journée du
1er janvier dans cette ville.
Le 2 janvier, M. Clemenceau visitera
ion automobile llyères, Fréjus; Saint-
Raphaël et Sa,int.Tropez, où il séjour-
nera.,
Dans l'après-midi, le président du
Conseil se rendra à Grimaut, La Garde,
Le Luc et Brignolles, où il dînera et
couchera.
Le 3 janvier, M. Clemenceau conti-
nuera son voyage en automobile, par
La Farlète, La Crau, où il déjeunera.
Dans la journée, M. Clemenceau s
rendra à Toulon, puis il repartira dans.
la nuit pour Paris, où il arrivera le 4 au
matin.
EN POLOGNE
PRISE DE POSSESSION
.«– •̃•
Bàle, 30 décembre.
MM. Paderewski, Pilsudski, Skulski,
et autres notabilités polonaises arrive-
ront dimanche prochain à Posen, afin
de fêter l'anniversaire de la libération
de cette ville.
On apprend de Berlin que l'ordre d'é-
vacuer la ville a été donnée aux autori-
tés allemandes pour Ie31 décembre.
EN ITALIE
La question dé Fiume au Sénat
•̃•
Il ressort des discours prononcés au
Sénat par M. Scialoja et par M. Nitti
que l'on n'envisage pas l'attribution de
Fiume à l'Italie comme une conséquence
du pacte de Londres, ce qui serait en
effet très peu conforme à l'interpréta-
tion du texte de l'accord, mais que les
revendications italiennes se basent sur
la volonté du peuple de Fiume et sur la
convenance qu'il y a à trouver des com-
pensations pourlesclauses du pacte non
exécutées, notamment celles relatives ai
laDalmatie..
M. Scialoja a parlé incidemment de
l'Adriatique où il veut que l'Italie main-
tienne des défenses, contrairement à
l'avis du Président Wilson, et de la Mé-
diterranée où elle doit sauvegarder ses
intérêts.
.Le gouvernement, dit-il, croit que la dé-
mobilisation des îles et de la mer environ-
nante laisserait sans défense la côte de
l'Adriatique et exposerait la Romagne, les
Marches et les Pouilles aux mêmes attaques
que celles essuyées pendant la guerre. Cet
état de choses n'est pas tolérable. Personne
en Italie ne peut songer à assaillir la côte
opposée, mais l'Italie a besoin de défendre sa
côte, dépourvue de toute défense naturelle.
Quant à la Méditerranée orientale, l'Italie
y a un grand intérêt si elle devait y perdre
toute influence, son sort économique futur
'serait gravement menacé. Le gouvernement
sent toute l'importance dos questions relati-,
ves à la Méditerranée orientale et saura en
défendre les raisons à la Conférence'
La séance s'est terminée par un ordre
du jour de confiance dans le gouverne-
ment qui « saura défendre fortement
tous les droits de l'Italie». Cet ordre du
jour, présenté parM.tïortis,connu pour
son intransigeance sur les revendica-
tions nationales, a été voté par 117 voix;
13 sénateurs l'ont jugé insuffisant, et,
pour ce motif, ont voté contre.
\M. Scialoja est parti, hier soir, pour
Paris.
L'œuvre du temps
Rome, 29 décembre.
Suivant les journaux, le général Cavi-
glia s'est renfïu à Voloska pour conférer
avec 'les représentants de Fiume. Des
officiers et des légionnaires qui aban-
donnent Fiume arrivent quotidienne-
ment à' Trieste;
La minorité qui s'oppose à l'exécution
de l'accord entre conseil national et le
gouvernement italien comprendrait en-
viron quinze cents arditi.
Les conditions sanitaires et alimen-
taires de Fiume sont mauvaises.
Secours américains à l'Allemagne
m-
La Gazelle de Berlin à midi, parlant
des secours que va prochainement en-
voyer en Allemagne l'Office de ravitail-
lement américain, écrit:
Le major américain Goldsmith, .chargé de
l'organisation, s'est assuré des entrepôts à
Hambourg et à Dantzig pour les cargaisons
qui arriver,ont.
L'exécution du plan d'action qui a été éla-
boré ne dépend plus que de l'acceptation par
le gouvernement allemand des conditions
qui sont imposées par l'Amérique.
Les Etats-Unis ont spécifié, en effet, que
ces marchandises seront exonérées de tous
les droits de douane, puisqu'il s'agit exclusi-
vement de dons; ceux-ci, qui ne devront pas
être portés en réduction des rations de vi-
vres journalières, ne pourront non plus être
réquisitionnés par les autorités allemandes.
La misère à Vienne
Bâle, 30 décembre.
Là situation devient de jour en jour
plus critique à Vienne, par suite du
froid rigoureux et surtout du manque
presque total de ravitaillement en vi-
vres et en charbon. Contrairement à ce
qui a été annoncé, il est peu probable
que la circulation sur les chemins de
fer puisse reprendre après le 2 janvier.
La neige qui tombe depuis deux jours
sans interruption contribue encore à
accroître la. crise des transports. Les
autorités ont lancé des appels pressants
aux chômeurs en vue du déblaiement
'des voies ferrées; ces appels n'ont pas
eu grand succès, et il semble que les
soixante mille « saris travail » de la Ca-
pitale autrichienne soient occupés à
achever le déboisement de la « Wiener-
wald » déjà saccagé par les Viennois qui
veulent suppléer au charbon par le
bois.
Le Nouvel 1 Emprunt
^.r?4G~
4 "Le'pTOjet'd'emprùntvpfcé lundi par' la
"Chambré a été dès hier soir ratifié par
le Sénat. Sauf le tableau d'amortisse-
ment et le prix d'émission, qui sera,
suivant l'usage, fixé par le ministre au
dernier moment prix qui, du reste,
ne .Sera guère éloigné du pair nous
connaissons maintenant les modalités
de notre prochaine grande opération de
crédit.
Ce sera un 5 0/0 d'un montant illimité,
exempt d'impôts, comme les précédents,
et amortissable par tirages en GO ans,
avec 50 0/0 de prime. Ceci revient à
dire que le porteur recevra, moyennant
le versement de 100 francs (environ),
un titre de 150 francs, remboursable
par tirages et muni d'un coupon annuel
de 5 0/0.
Nous avonssouyent exposé ici les in-
convénients des émissions à lots lors-
qu'il s'agit d'emprunts nationaux. Il
faut louer M. Klotz d'avoir écarté les
projets de ce genre. D'autre part, le
succès remporté par l'emprunt amortis-
sable du Crédit national ne pouvait
manquer de guider son choix. Les obli-
gâtions du Crédit national sont amor-
tissables avec 20 0/0 de prime seulement,
mais elles ont, en outre, l'attrait des
•lots. Pour compenser l'absence des lots,
on a cru devoir porter a 50 0/0 la prime
de remboursement de l'emprunt na-
tional.
Un pareil taux constitue un avantage
considérable, et les Sociétés à porte-
feuille, les Compagnies d'assurances
qui sont spécialisées dans ces matières
n'ont pas besoin qu'on y insiste. Elles
ne manqueront pas de souscrire large-
ment ces nouvelles rentes.
En ce qui concerne les petits porteurs,
il y aura lieu, particulièrement à la cam-
pagne, de faire un effort pour vulgariser
les notions relatives' à l'amortissement.
Rappelons-nous les difficultés rencon-
trées à ses débuts par le 3 0/0 amortis-
sable créé en 1878 par Léon Say. En
réalité, tout porteur de rentes françaises
aura intérêt pour diversifier son porte-
feuille à y faire entrer une proportion
importante du nouvel emprunt. Il faut
d'ailleurs souligner en passant l'avantage
conféré aux porteurs de rentes anciennes
en leur permettant de s'acquitter de leur
souscription en y affectant le montant
des coupons à échoir d'ici au 31 mars
1921, c'est-à-dire un an d'avance.
Ajoutons qu'un type aussi différent ne
fera pas concurrence aux Rentes; fran-
çaises déjà existantes, ce qui est encore
un argument en sa faveur.
On peut espérer enfin que cet emprunt
attirera chez nous un montant considé-
rable de capitaux étrangers. Pour moins
de 10 dollars, un Américain pourra
acheter un titre 5 0/0 portant la signa-
ture de l'Etat, et remboursable à 150
francs. Dans l'esprit de ceux qui con-
naissent la France et ses facultés de ré-
cupération, il ne peut y avoir de doute
que le franc regagne le pair très rapide-
ment. Les 10 dollars placés en France
aujourd'hui seront donc remboursés par
30 dollars. Une campagne de. publicité
vigoureuse aux Etats-Unis et dans les
pays neutres, des commissions substan-
tielles accordées aux banques étrangè-
gères devraient nous fournir du change
par centaines de millions peut-être
par milliards. L'Angleterre même de-
vrait, semble-t-il, s'intéresser à cette
opération sans attendre l'emprunt exté-
rieur auquel M. Klotz a fait allusion et
qu'on se propose de réaliser à Londres
au mois detnars.
AU SENAT
Vote des douzièmes v
et de l'Emprunt
»t*
Le Sénat à discuté' hier les crédits
provisoires du premier trimestre 1920.
M. Milliès-Lacroix, au nom de la com-
mission des finances, a conclu à une ré-
duction globale de cent millions sur
l'ensemble des douzièmes en discussion.
M. Ribot est intervenu.
L'ancien président du Conseil déclare
qu'il est urgent de mettre fin aux pro-
digalités, et il évalue à une vingtaine
de milliards le montant du budget né-'
cessaire pour 1920.
M. Ribot voudrait qu'avant d'établir
des impôts nouveaux, on perçût mieux'
les anciens.
M. Ribot. J'ajoute qu'avant de créer de'1
nouveaux impôts, une besogne plus urgente'
s'impose c'est de percevoir les impôts. exis-
tants. Cela on ne le fait. pas. En ce qui con-
cerne notamment l'impôt sur le revenu, c'est
un vrai scandale. (Très bien très bien !)
'Comme l'a dit un député avant-hier, on
voudrait préparer la faillite de l'impôt sur le
revenu qu'on n'agirait pas -.autrement 1
Quelle que soit l'origine de leurs revenus,
tous ceux q ui peuvent payer doivent le faii-e
ils doivent même s'offrir à payer c'est là, de
leur part, du simple patriotisme. (Vifs ap-'
plaudissements.)
Puis, il pose la question d'une garan-
tie de la dette allemande par tous les
Alliés.
M. le président du Conseil. Elle ne
peut être abordée actuellement, étant donné'
la situation à Washington.
M. Ribot. Elle aurait dû être abordées'
plus tôt.
M.le président du Conseil.- Savez-voue
si elle ne l'a pas été ? '?
M. Ribot.- Alors, elle n'a pas été résolue
à notre satisfaction.
La partie ne doit pas être abandonnée.
J'espère que quand nous aurons remis de
l'ordre dans nos finances, nos alliés conseil-'
tiront à nous aider, à nous secourir, où
plutôt à prendre leurs charges de la défense
de la cause commune. (Très bien !)
Passant à l'examen de l'emprunt, M.
Ribot ne doute pas de son succès et
conclut en exprimant, à la fois, sa
confiance dans le gouvernement et dans
le pays.
M. Klotz lui succède à la tribune.
Le ministre des finances adhère à la
réduction de cent millions et se montre
partisan, de comprimer, les dépenses-.
exceptionnelles. ••
M. le président du Conseil. Le budget
de la guerre a été réduit de 1,300 millions.
Nous sommes donc de bons collaborateurs.
(Sourires.)
M. Klotz. poursuit en déclarant que le
pays ne pouvait pas ne point s'attendre
à payer de lourds impôts.
M. Klotz. On nous a parlé dit concourt;
dos alliés. Ils nous déclarent que la France
doit d'abord s'aider elle-même.
M. Touron. Ne laissez pas croire que
le contribuable français n'a rien fait..
M. le président du Conseil. Les An-
glais disent qu'ils paient le double d'impôts
des Français.
M. Klotz. II a été dit, dans un but
politique, que nous n'avions pas fait le de-
voir fiscal nécessaire j'ai protesté contre
cette légende et j'ai montré que depuis 1916
nous avions voté plus de 3,500 millions
d'impôts nouveaux.
On a peut-être trop attendu pour établir
ces impôts nouveaux. (Mouvements divers.)
Mais il ne faut pas oublier que nous sommes
entrés en guerre avec une double crise,
crise de budget et crise de trésorerie. D'au-
tre part, on pensait que la guerre serait
courte.
M. Ribot. La vérité est qu'on n'était
pas d'accord sur la nature des impôts à
établir.
M. le président du Conseil, ̃– II fallait
imposer l'accord. Le gouvernement n'avait
qu'à gouverner.
Le gouvernement, dit M. Klotz, ap-
portera en janvier tous les projets à
voter.
La discussion générale est close. Sur
une question de M. Strauys, M. Abrami
promet d'activer la liquidation des pen-
sions militaires.
Les douzièmes sont adoptés à l'unani-
mité de 205 votants.
VOTE DE L'EMPRUNT
Le projet d'emprunt ne soulève en-
suite aucune objection.
M. Klotz remercie le Sénat de -la
promptitude qu'il a bien voulu, mettre
à rendre définitive l'adoption du projet.
« Le succès de l'emprunt, déclare le
ministre, très applaudi, montrera une
fois de plus que la France a pleine con-
fiance dans ses destinées. »
Séance aujourd'hui.
A LA CHAMBRE
Les Tarifs de Gnemins ne fer
L'orientation économique de la nou-
velle Chambre apparaît très nettement
au cours de ces discussions successives
où ne sont qu'effleurées les grandes
affaires du pays.
Elle s'oppose avec une force singu-
lière à toutes les tendances de celle qui
l'a précédée.
Mue par l'action socialiste, jugulée par
des interventions incessantes et impé-
rieuses, la Chambre de 1914 se lançait
éperdument dans l'étatisme que la
guerre magnifiait en quelque sorte, par
la nécessité même où la nation se trou-
vait de concentrer toutes ses forces,
toutes ses énergies vitales dans l'Etat.
Peu à peu l'individu se sentait absorbé,
broyé par cette mécanique affreuse où
se réduisent toutes les volontés.
La Chambre nouvelle représente au,
très large sens du terme une réaction'
formelle contre cette tendance. Sa vo-`
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